Susan Strange n’a jamais promu de théorie globale de l’économie politique. L’originalité de son approche, qui fait que ses textes sont encore si pertinents aujourd’hui, dix ans après sa disparition, réside dans la manière dont elle diagnostique les facteurs d’instabilité à l’échelle mondiale en intégrant préoccupation environnementale, instabilité sociale et montée en puissance, à côté des États, des acteurs transnationaux privés.
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Qui détient le pouvoir dans l’économie mondiale ? Les banques ? Le G20 ? La Chine ? Google ? Telle est la question principale qui motivait les travaux de la chercheuse britannique Susan Strange (1923-1998). Mêlant l’économie, la science politique et l’histoire longue – elle n’a cessé de dénoncer avec force, dès ses premiers travaux, l’inculture économique des spécialistes des relations internationales ainsi que la naïveté et l’inculture politique des économistes – elle a cherché à bâtir les outils permettant d’analyser les rapports de force politiques influençant la mondialisation, créant de ce fait à partir du début des années 1970 une nouvelle discipline, l’économie politique internationale.
Cette approche a connu trois évolutions divergentes. Pour la branche américaine, les États ont toujours été et restent les acteurs dominants de l’économie mondiale. Ils exercent un pouvoir dit « relationnel », car il s’exprime dans un affrontement direct entre les acteurs. Il est déterminé par la mesure de leurs ressources matérielles (population, territoire, capacités militaires…) et repose d’abord sur la force. Pour la branche canadienne, la mondialisation est le résultat des décisions d’une classe dirigeante transnationale alliant les hauts responsables des États et du secteur privé. Cette classe dirigeante contrôle les rapports de production et l’État et impose à l’ensemble du monde un « néolibéralisme disciplinaire », un ordre global fondé sur la primauté des relations de marché imposées dans toutes les formes de relations sociales…
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[*]
Rédacteur en chef adjoint d’Alternatives Économiques, rédacteur en chef de la revue L’Économie politique. Il tient un blog de décryptage de la mondialisation sur http://alternatives-economiques.fr/blogs/chavagneux/. Il a récemment publié Une brève histoire des crises financières ; des tulipes aux subprimes, Paris, La Découverte, 2011.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/08/2012
- https://doi.org/10.3917/espri.1112.0049
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