CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Dans un contexte d’urbanisation croissante au niveau mondial, les villes du Sud se transforment rapidement. Les espaces urbains s’étendent au détriment des terres agricoles ou ne leur donnent qu’un statut de réserves foncières (Seto et al., 2012 ; Denis, 2015). Pourtant, au centre et en périphérie des villes, les agricultures ne sont pas uniquement en compétition avec les espaces urbains (Moustier, Danso, 2006). Elles contribuent à la vie des villes en termes de productions alimentaires, d’emplois et de revenus générés, de recyclage de déchets ou de services écosystémiques (Drechsel, Dongus, 2010 ; Hamilton et al., 2014). Ces agricultures se transforment, se diversifient, s’adaptent et résistent (Mougot, 2006 ; Inwood, Sharp, 2012 ; Robineau, Dugué, 2018).

2Cet article traite des conditions du maintien des espaces agricoles au sein de l’aire urbaine d’Antananarivo, capitale de Madagascar. Située sur un plateau d’altitude, Antananarivo est composée de collines successives, enserrée entre trois rivières et située au sein d’une grande plaine alluviale. Depuis le xviie siècle, l’habitat, comme l’ensemble des espaces bâtis dans cette région des Hautes Terres, s’est développé sur les collines (Ramamonjisoa, 1983). Au fil des siècles, les zones marécageuses et les bas-fonds ont été aménagés pour l’agriculture. Actuellement, les espaces cultivés au sein et en périphérie d’Antananarivo occupent toujours les plaines et les bas-fonds (maraîchage et riziculture irriguée), mais aussi les collines [1] (cultures pluviales).

3Dans les années 2000, les différents rôles qu’assure l’agriculture pour la ville ont été mis en exergue par la recherche (projets ADURAA et QUALISANN : e.g. Aubry et al., 2012 ; Dabat et al., 2006 ; Ramamonjisoa et al., 2007). Par sa localisation dans les zones basses, l’agriculture contribue à la résilience de la ville face aux fréquentes inondations (Aubry et al., 2012). Elle garantit également une part importante de l’approvisionnement alimentaire pour les ménages producteurs, mais aussi pour l’ensemble des citadins. En 2006, l’agriculture de l’aire urbaine d’Antananarivo fournit aux habitants 85 % des tomates, 95 % du cresson et même 15 % du riz (Aubry et al., 2007). À la même date, elle offre emplois et rémunération pour près de 40 % des ménages, avec de profondes différences selon les communes, entre 18 % à 75 % des ménages (Dabat et al., 2006). Grâce à un dialogue étroit entre aménageurs et chercheurs, l’agriculture d’Antananarivo, au-delà de sa fonction identitaire (Ramamonjisoa, 1978 ; Fournet-Guérin, 2007), est reconnue pour ses rôles actuels et futurs dans le développement du territoire (Aubry et al., 2012). Elle est prise en compte dans le plan d’urbanisme (Ministère de l’Aménagement du territoire, 2004), et donne lieu au montage de projets de développement [2].

4Une quinzaine d’années plus tard, à l’heure des réflexions sur le plan d’urbanisme de l’agglomération du Grand Tana (38 communes au total), la place de l’agriculture est à nouveau posée. L’aire urbaine, qui inclut la commune urbaine d’Antananarivo et ses communes périphériques, situées dans un rayon de 25 kilomètres, connaît des changements importants. La population de l’aire urbaine est évaluée à environ 3,1 millions d’habitants dont près de la moitié serait concentrée dans la commune urbaine d’Antananarivo. La croissance démographique annuelle est estimée à 5 % (United Nations, 2018).

5Les besoins en bâti augmentent de façon nette et se traduisent par la multiplication de nouveaux bâtiments ou de constructions précaires dans la ville et dans sa périphérie. Les projets d’infrastructures routières dans les bas-fonds sont remis à l’ordre du jour pour désengorger les axes de circulation.

6Dans ce contexte, la question est double. La première concerne l’évolution de l’emprise des terres agricoles et des pratiques agricoles face à la croissance urbaine : y a-t-il une disparition des espaces agricoles ou plutôt une reconfiguration des espaces agricoles – à travers l’intensification des pratiques, voire l’extension des cultures ? Pour traiter cette question, notre recherche apporte des contributions méthodologiques nouvelles aux travaux sur les systèmes agri-urbains (Soulard, 2014). En particulier, elle étudie la dimension spatiale et temporelle du système agri-urbain en s’appuyant sur une démarche d’analyse paysagère développée par Jean-Pierre Deffontaines et Pascal Thinon en milieu rural (2001, 2008), puis adaptée par Esther Sanz Sanz et al. (2017) en milieu péri-urbain. De façon nouvelle, la recherche couple des données quantitatives (imagerie spatiale associée à des descriptions par relevés de points sur terrain) et des données qualitatives (entretiens qualitatifs approfondis, transects et observations de terrains sur plus de deux ans). Le travail d’allers retours entre terrains et analyse d’images a d’abord permis de qualifier des unités agri-urbaines (uau), définies comme des entités paysagères et fonctionnelles traduisant des interactions spécifiques entre agricole et urbain. Il a ensuite conduit à l’analyse, au sein de chaque unité agri-urbaine, des dynamiques de diminution, de maintien ou d’extension des espaces cultivés, accompagnées – ou non-d’évolution des pratiques agricoles.

7La seconde question porte sur les facteurs expliquant les évolutions de l’emprise spatiale : comment et pourquoi les unités agri-urbaines évoluent-elles ? Des unités de même type évoluent-elles systématiquement de la même façon ? La recherche se fonde ici sur des enquêtes qualitatives et de l’observation participante (sur terrain et dans le cadre de réunions relatives aux documents d’urbanisme).

8La première partie de l’article présente la méthodologie construite dans le cadre d’une recherche doctorale insérée dans un projet plus large sur l’agriculture dans l’aire urbaine d’Antananarivo [3]. S’inscrivant dans la continuité des travaux menés par Christine Aubry et al. (2012), Marie-Hélène Dabat et al. (2006), la deuxième partie actualise et fournit de nouvelles données sur les rôles joués par l’agriculture. Elle démontre l’ampleur de l’emprise agricole au sein de l’aire urbaine d’Antananarivo qui, en 2017, concerne encore plus de 50 % des usages du sol. L’agriculture constitue une activité économique clé pour près d’un ménage sur quatre.

9S’appuyant sur la caractérisation de la diversité des exploitations dans l’aire urbaine (N’Dienor, Aubry, 2004 ; Ramamonjisoa et al., 2007), la troisième partie spécifie les rapports entre agriculture et urbain et s’intéresse à la transcription de ces rapports dans l’espace en différenciant et localisant trois unités agri-urbaines. La quatrième partie retrace l’évolution des superficies cultivées au sein des différentes unités agri-urbaines et analyse les différents facteurs d’évolution. La conclusion rappelle les apports de cette recherche en termes de connaissance et de méthodologie, puis, débat des possibilités qu’ont les acteurs d’agir ou non sur ces dynamiques d’évolution des terres agricoles.

Démarche et méthodologie

10L’agriculture urbaine est définie ici par les rapports réciproques qu’elle entretient avec la ville (Fleury, Donadieu, 1997). Elle intègre des formes d’agriculture localisées à la fois au sein du tissu urbain et en périphérie du tissu urbain.

11La recherche étant menée en interaction avec les décideurs publics en charge de l’aménagement du territoire et les opérateurs de développement, l’analyse a été conduite à l’échelle de l’aire urbaine d’Antananarivo, constituée de la commune urbaine d’Antananarivo et de ses 37 communes périphériques (fig. 1). La zone d’étude est ainsi formée d’un centre-ville dense en bâti et d’une aire sous influence urbaine située dans un rayon de 25 kilomètres maximum autour du centre-ville. La délimitation de la zone d’étude correspond à une entité politique mais elle fait également sens d’un point de vue analytique. Au sein de la zone d’étude, les relations fonctionnelles entre espaces urbains et agricoles sont plus denses qu’au-delà et, la densité de population, supérieure à 250 habitants par kilomètre carré, est plus élevée que celle des communes situées hors de l’aire urbaine.

Fig. 1

Localisation de l’aire urbaine d’Antananarivo (le Grand Tana) constituée de la commune urbaine d’Antananarivo et des trente-sept communes associées

Fig. 1

Localisation de l’aire urbaine d’Antananarivo (le Grand Tana) constituée de la commune urbaine d’Antananarivo et des trente-sept communes associées

12L’analyse est diachronique et s’attache aux évolutions sur une période de quinze années, de 2003 à 2017. Le choix de l’année 2003 est d’abord lié à la disponibilité à partir de cette date, de données satellites présentant une résolution plus fine et permettant d’extraire les éléments recherchés (bâti, parcelles agricoles, etc.). Ce choix de l’année de 2003 est aussi pertinent pour l’analyse : 2002-2003 est une période charnière du point de vue institutionnel, marquée par un changement de gouvernement et des réorientations politiques majeures. Enfin, 2003 est la date du début des précédents projets de recherche sur l’agriculture urbaine.

13La démarche de caractérisation de l’agriculture urbaine et de ses facteurs d’évolution s’est construite en quatre étapes.

14La première étape a consisté en la localisation et l’estimation, dans l’aire urbaine d’Antananarivo, en 2017, des superficies bâties, des superficies cultivées et des autres espaces dont certains sont agricoles (pâturages, boisement) et d’autres naturels [4]. La difficulté d’identifier par télédétection certains espaces tels que les pâturages amène à établir cette distinction entre espaces cultivés et autres espaces agricoles.

15Inspirée des travaux de Jean-Pierre Deffontaines et Pascal Thinon (2001, 2008) et de Sylvie Lardon (2012), la deuxième étape a permis l’identification de trois unités agri-urbaines (uau). Ces unités agri-urbaines sont caractéristiques d’un type d’association entre agriculture et urbain, associations faisant sens sur le plan agronomique et paysager. Ces unités agri-urbaines, dans la lignée des travaux de Esther Sanz Sanz et al., en 2017 conduits en France, ont été délimitées au sein de l’aire urbaine.

16La troisième étape s’est concentrée sur l’analyse de l’évolution de l’emprise agricole au sein de chaque unité agri-urbaine grâce à une étude diachronique des images satellitaires (2003-2017) couplée à des enquêtes au sein de quelques fokontany représentatifs [5]. La dernière étape a consisté en l’identification des facteurs de changements des usages agricoles des sols et de leur combinaison dans le temps et dans l’espace (Lambin et al., 2001 ; Lambin, Meyfroidt, 2010). Elle constate et explique comment et pourquoi une même unité agri-urbaine peut connaitre des dynamiques d’évolution différente en termes d’occupation du sol.

17Toutes les étapes ont donné lieu à une production de données dans les 38 communes du Grand Tana. Les étapes 1 et 3 se sont basées sur :

  • l’observation et l’analyse d’images satellitaires de 2002, 2003 et 2017 (Images Google Earth, spot 6 et Pléiade),
  • la lecture in situ du paysage et le relevé de 3 068 points gps représentatifs des types d’occupation du sol.

18Les étapes 2 à 4 se sont appuyées sur :

  • les résultats de l’analyse spatiale,
  • la collecte et la production de données statistiques (compilation de données relevées dans chacune des 38 communes et des circonscriptions agricoles),
  • la réalisation de 195 entretiens : auprès de ménages agricoles (135), d’autorités locales (45) et d’autres acteurs de l’urbain (15) (institutionnels, projets de développement, bailleurs, etc.)
  • la triangulation et le recoupement entre ces différentes données.

19Chaque entretien de type semi-directif, réalisé en malgache, puis traduit et retranscrit, a été analysé selon une grille d’analyse abordant les éléments suivants :

  • pour les ménages agricoles : trajectoire de l’exploitation du point de vue agronomique, foncier et socio-économique ;
  • pour les autorités locales et autres acteurs de l’urbain : trajectoire du territoire concerné du point de vue de spatial (évolution de l’occupation du sol), agronomique, foncier et socio-économique.

20Dans ce dernier cas, des images satellitaires ont été utilisées comme support de discussions. Les résultats intermédiaires de la recherche ont alimenté la réflexion pour les nouvelles politiques urbaines en cours de définition tels que le plan d’urbanisme directeur et le schéma directeur d’urbanisme de la ville d’Antananarivo qui s’inscrivent dans le projet du Grand Tana.

21Les données de population mobilisées à l’échelle de l’aire urbaine d’Antananarivo sont issues de l’Institut national de la statistique malgache (Instat) qui s’appuie sur les derniers recensements de population (réalisés en 1975 et 1993). Ces recensements sont anciens et les données fournies sont estimées sans grande garantie de qualité et de précision. Ces données ont donc été couplées à des informations produites à l’échelle des fokontany et des communes (monographie communale, liste électorale) ou à des estimations calculées par les auteurs (densité de population, densité du bâti).

Une capitale encore fortement agricole

22Considéré comme mégapole, Antananarivo est une grande ville africaine en pleine expansion. Depuis sa création au xviie siècle, la capitale s’est progressivement étendue sur les communes périphériques (Ramamonjisoa, 1983). En 2018, le taux de croissance annuel de la population urbaine est estimé à 5 %, classant Antananarivo parmi les cinq premières capitales africaines en termes de croissance démographique (United Nations, 2018). L’agglomération du Grand Tana, retenue ici comme l’aire urbaine, compterait, selon les estimations, environ 3,1 millions d’habitants (United Nations, 2018) dont près de la moitié serait concentrée dans la commune urbaine d’Antananarivo.

23L’analyse des images satellites et la production d’une carte d’occupation du sol (Dupuy et al., 2019 – Carte des espaces agricoles de l’aire urbaine d’Antananarivo [6]) ont fourni des estimations des superficies et de la population agricole. Ce sont des données significatives dans un environnement où le dernier recensement de la population a plus de 25 ans et où le dernier recensement agricole a plus de quinze ans. Les données démontrent qu’en 2017, l’agriculture est toujours au cœur du système urbain à la fois en termes spatial, alimentaire et économique (fig. 2).

Fig. 2

Localisation des espaces urbains et agricoles dans l’aire urbaine d’Antananarivo

Fig. 2

Localisation des espaces urbains et agricoles dans l’aire urbaine d’Antananarivo

24Dans la commune urbaine d’Antananarivo constituant une grande partie de la zone densément peuplée du centre-ville, les superficies cultivées représentent encore plus de 35 % de la superficie totale malgré une densité de population élevée (densité brute supérieure à 17 000 habitants par kilomètre carré). Les terres cultivées sont imbriquées dans le tissu urbain. À l’échelle de l’ensemble de l’aire urbaine, les superficies cultivées couvrent 45 % du territoire. Ceci est important dans l’absolu, mais également en relatif. Ce taux de couverture agricole est deux à trois fois plus élevé que celui présent dans le reste de la région Analamanga [7]. L’aire urbaine (rayon de 15 à 25 kilomètres autour du centre) est ainsi un pôle agricole beaucoup plus cultivé que ne le sont les territoires plus éloignés.

25En termes d’approvisionnement alimentaire, la recherche a permis d’estimer les superficies dédiées aux différentes productions : environ 1000 hectares sont dédiés aux cressonnières (cultivées jusqu’à sept cycles par an), 23 500 hectares aux rizières et 9300 hectares au maraichage, à l’arboriculture et aux cultures pluviales. Ces résultats permettent d’avancer, via le rendement moyen par unité de surface et la consommation moyenne de riz par habitant, que la production agricole de la zone étudiée couvre près de 20 % des besoins en riz de la population de l’aire urbaine d’Antananarivo.

26En termes d’activités et d’emplois, la recherche permet d’estimer le nombre de ménages agricoles présents au sein de l’aire urbaine d’Antananarivo, précisant et actualisant ainsi les données issues du dernier recensement agricole, datant de 2010 et réalisé à l’échelle de la Région et les données issues des travaux de recherche réalisés dans les années 2000. En utilisant les superficies moyennes cultivées [8] et en reprenant les superficies cultivées identifiées par imagerie satellite, plus de 124000 ménages auraient une activité agricole, soit 20 % des ménages de l’aire urbaine.

Différencier et qualifier les formes d’agriculture urbaine

27L’analyse des caractéristiques physionomiques et géographiques de l’agricole et de l’urbain dans l’aire urbaine d’Antananarivo permet de distinguer trois unités agri-urbaines, formant chacune un système intégré basé sur un système de production agricole dominant, un type principal de bâti et des relations agriculture-urbain spécifiques.

28La localisation de ces trois unités agri-urbaines est présentée sur la figure 3.

Fig. 3

Localisation des unités agri-urbaines dans l’aire urbaine d’Antananarivo

Fig. 3

Localisation des unités agri-urbaines dans l’aire urbaine d’Antananarivo

Unité agri-urbaine 1 : les cressonnières enclavées dans les bas-fonds du centre-ville

29Les uau1 sont situées au sein des zones les plus densément bâties. Au sein de ces unités, le bâti, traditionnellement situé sur les hauteurs et les flancs de collines, a progressivement colonisé les parties basses par des constructions en dur et des maisonnettes en bois et en tôle. La pression urbaine (entre 25000 et 45000 habitants par kilomètre carré) y est actuellement très forte, en lien avec la petite taille des bâtiments au sol, inférieure à 40 mètres carrés en moyenne et le nombre élevé d’habitants par maison. Les maisonnettes situées au plus proche des bas-fonds, soumises à des inondations durant deux à trois mois de l’année, abritent généralement des populations à faibles revenus.

30Les espaces cultivés sont d’anciens marécages, progressivement mis en valeur à partir des années 1930 pour y produire du riz et, à l’initiative des migrants betsileo [9], du cresson. Situés dans les bas-fonds et totalement entourés par un bâti très dense, ils sont enclavés et accessibles uniquement à pied (photo 1).

Photo 1

Cressonnières enclavées dans les bas-fonds du centre-ville, enserrées par un habitat de forte densité

Photo 1

Cressonnières enclavées dans les bas-fonds du centre-ville, enserrées par un habitat de forte densité

31Les parcelles agricoles, de petite taille (entre 0,5 et 4 ares) sont dédiées quasi exclusivement au cresson avec plusieurs cycles par an. L’irrigation s’effectue grâce aux rigoles et aux canaux à ciel ouvert dédiés aux eaux usées. La maîtrise de l’eau y est généralement limitée (sauf par des prises d’eau sur les canaux d’évacuation des eaux usées). Les terres agricoles appartiennent à des familles originaires d’Antananarivo qui résident dans d’autres quartiers et généralement dans des parties plus hautes de la ville (Andriamalala, 2006). Les terres sont, dans la plupart des cas, cédées en location à des migrants betsileo, généralement pluriactifs (mécanicien, chauffeur, etc.), de la même famille ou des mêmes villages que les premiers aménageurs.

32Dans cette unité agri-urbaine, les flux de produits et de services entre les espaces agricoles et urbains sont intenses. En l’absence d’un système fonctionnel d’assainissement des eaux usées et d’évacuation des eaux de pluie, les cressonnières absorbent et canalisent les eaux de la ville. Ceci minimise les risques d’inondation du bâti dans ces zones basses et augmente, via les apports en matière organique, les rendements du cresson – mais pose a contrario des questions majeures de qualité sanitaire des produits (Dabat et al., 2010). Le cresson vendu en bordure de champ ou dans les marchés de la capitale participe aux revenus des producteurs et à l’approvisionnement alimentaire urbain tandis que les résidus de culture servent d’aliments aux élevages urbains de proximité (porcs et poulets).

Unité agri-urbaine 2 (uau2) : les plaines rizicoles entre canaux, fleuves et espaces bâtis

33L’uau2 est composé de l’ensemble des plaines accolées aux espaces densément bâtis. L’aménagement de ces plaines a rythmé l’histoire et marqué l’identité de la ville depuis le xvie siècle (Ramamonjisoa, 1978). Les premières digues ont été construites pour permettre l’irrigation des rizières et la protection de la ville contre les crues des trois rivières qui traversent l’aire urbaine. Depuis, divers aménagements, infrastructures et remblayages massifs ont modifié le régime hydraulique et permis le développement de l’habitat mais aussi de zones industrielles et commerciales (quartiers d’Analakely, cités des 67 hectares, cité administrative d’Anosy, etc.). En parallèle de ces actions planifiées, en particulier à l’ouest du centre-ville, l’habitat précaire s’étend dans ces zones pourtant soumises au risque d’inondation. En témoigne l’augmentation rapide de la densité urbaine multipliée par cinq pour certaines zones entre 2003 et 2017.

34Les parcelles agricoles, de 5 à 20 ares, sont majoritairement cultivées en riz. Elles sont irriguées grâce à un réseau de digues et de canaux plus ou moins bien entretenus, géré par des associations d’usagers de l’eau en lien avec un établissement public. Les terres, gérées en indivision [10], appartiennent à des familles originaires d’Antananarivo et sont exploitées par un ou plusieurs membres résidant à proximité directe (photo 2). Ces exploitants agricoles, tous pluriactifs, combinent faire-valoir direct et indirect pour augmenter les superficies cultivées et valorisent les canaux et les périodes d’immersion des parcelles avec du petit élevage (canards notamment).

Photo 2

La plaine rizicole entre canaux, fleuves et espaces bâtis

Photo 2

La plaine rizicole entre canaux, fleuves et espaces bâtis

Cliché de L. Defrise, 2018.

35Lors de la saison des pluies et des crues, la plaine agricole – ici l’uau2 – joue un rôle crucial de bassin tampon pour absorber les inondations (Aubry et al., 2012). Elle reçoit aussi les eaux usées de la ville qui fertilisent le riz, dans des concentrations parfois tellement élevées que les rendements en sont affectés à la baisse. La plaine agricole participe aussi à l’approvisionnement de la ville et des ménages producteurs en couvrant jusqu’à 100 % de leurs besoins annuels en riz. Elle offre en outre des ressources à des familles démunies qui y collectent poissons, crustacés et jacinthes d’eau, ces dernières étant utilisées comme fourrage. L’agriculture fournit également du travail à des journaliers, issus de la ville et parfois des campagnes voisines. Mais les relations entre usage agricole et usage urbain ne sont pas uniquement complémentaires. L’expansion urbaine pèse sur la disponibilité en terres et en eau du fait de nouvelles constructions et des axes de communication, mais aussi par le prélèvement de matériaux destinés à la construction : terres argileuses pour les briques et sable pour le ciment.

Unité agri-urbaine 3 (uau3) : les espaces de polyculture péri-urbains

36Située à la périphérie de l’aire urbaine, cette unité présente un paysage et des caractéristiques similaires en de nombreux points au monde rural. Les cultures s’échelonnent selon la toposéquence : riziculture dans les bas-fonds, maraîchage en bas de pente, culture pluviale et zones de pâturages sur les hauts de pente. À la différence des paysages ruraux plus éloignés de la ville, le maraîchage et l’arboriculture occupent des superficies importantes, bien que les exploitations et les parcelles soient de très petite taille : les exploitations sont de 0,35 hectare en moyenne, les rizières de 5 à 20 ares et les parcelles maraîchères et/ou arboricoles de 0,5 à 2 ares. Une partie des parcelles sont irriguées, notamment celles situées dans les bas-fonds, par le biais d’un réseau de digues et de canaux (photo 3).

Photo 3

Combinaison de cultures selon la toposéquence dans les espaces de polyculture péri-urbain

Photo 3

Combinaison de cultures selon la toposéquence dans les espaces de polyculture péri-urbain

Cliché de L. Defrise, 2018.

37L’habitat, reconnaissable à ses briques de terre rouge issues des bas-fonds voisins, est situé en hauteur sur les collines, groupé en masse ou organisé linéairement le long des axes de communication. Il occupe peu d’espace par rapport aux superficies cultivées. La densité de population est plus faible qu’au centre (entre 300 à 1000 habitants par kilomètre carré) mais supérieure à celle de nombreuses communes rurales de la région Analamanga, estimée à 223 habitants par kilomètre carré (photo 4). Le taux de croissance annuel de la population est contrasté : peu élevé pour les communes les plus excentrées, il atteint des valeurs supérieures à 8 % pour certaines communes situées le long des axes de communication ralliant le centre-ville.

Photo 4

Habitat caractéristique des Hautes terres malgaches

Photo 4

Habitat caractéristique des Hautes terres malgaches

Cliché de L. Defrise, 2018.

38Les ménages agricoles sont pluriactifs (agriculture, élevage, activité artisanale, emplois informels péri-urbains ou urbains), comme la plupart des ménages du pays, mais la proximité de la capitale facilite la combinaison et la plasticité des activités au fil de l’année. L’accès au foncier agricole repose sur une combinaison de faire valoir-direct (terres obtenues par héritage, achat et, plus rarement, défriches) et indirect (location, métayage ou gardiennage de terres appartenant à des familles nobles).

39Les flux au sein de l’unité agri-urbaine sont intenses en termes d’approvisionnement alimentaire et d’emploi. L’agriculture, en particulier le maraîchage, répond à la demande croissante de la ville dans un contexte marqué par des contraintes de transport aigues (faible nombre et très mauvais état des pistes ; chaîne du froid trop rare et trop coûteuse). Comme quelques années auparavant (Dabat et al., 2006), les activités maraîchères de l’uau3 contribuent à la majeure partie de l’approvisionnement de la capitale en produits tels que les tomates ou les légumes feuilles (feuilles de patates douces, de petsaï, etc). Au sein de l’uau3, l’agriculture occupe jusqu’à 80 % des habitants et génère des activités en aval et en amont (vendeurs d’intrants, intermédiaires, transporteurs, revendeurs, etc.). La compétition entre usage agricole et bâti, encore marginale, s’intensifie aux abords des axes de communication où des urbains achètent des parcelles de tailles variées pour y développer de l’habitat particulier, des lotissements ou des centres de loisirs.

40Au sein de cette uau3, sont également présents des élevages intensifs ayant une faible emprise spatiale mais caractéristiques des évolutions récentes de cette unité. La majorité des producteurs agricoles combinent l’agriculture à l’élevage de quelques têtes de poulets et de zébus. Pour répondre à une demande urbaine croissante, certains ménages développent des élevages spécialisés dans la production de viande (poulet de chair, porc), de lait (vache laitière) ou d’œufs (poules pondeuses). En fonction de leur capacité d’investissement, les ménages ont des élevages de volailles de taille extrêmement variée, allant de 50 à 10 000 têtes de poulets et de 1 à 8 porcs ou vaches laitières. L’aire urbaine d’Antananarivo concentrerait ainsi 80 % du cheptel national avicole (Gama consult, 2004).

41Conduits au sein même des maisons (une pièce, sur les deux ou trois que comporte l’habitation, y est dédiée) ou dans des bâtiments spécifiques, les élevages sont semi-intensifs ou intensifs (confinement des animaux, alimentation à base de provende industrielle et de compléments vitaminés, usages d’antibiotiques en cas de risque ou suspicion de maladie).

42Ces activités d’élevage sont appréciées par les agriculteurs en termes de revenus, de trésorerie et de facilité d’écoulement des produits (lait, œuf, viande) et sous-produits (fiente pour intrants agricoles).

Facteurs d’évolution de l’emprise agricole

43L’analyse diachronique des images satellitaires entre 2003 et 2017 révèle trois dynamiques d’évolution de l’emprise agricole dans l’aire urbaine d’Antananarivo. Les terres cultivées disparaissent face à l’avancée du bâti (en rouge sur la figure 4), se maintiennent (en vert) mais s’étendent au contraire à d’autres endroits (en bleu). La fiabilité de l’analyse spatiale est bonne pour l’extension du bâti et les zones de maintien de l’agricole (indice kappa > à 80 %), mais n’est que partielle pour les zones d’extension de l’agricole (indice kappa < 30 %). Ce sont la photo-interprétation et le traitement des enquêtes qui ont permis de vérifier et valider ces données sur des zones tests.

Fig. 4

Dynamiques de disparition, de maintien et d’extension des espaces cultivés dans l’aire urbaine d’Antananarivo

Fig. 4

Dynamiques de disparition, de maintien et d’extension des espaces cultivés dans l’aire urbaine d’Antananarivo

44Ces évolutions se matérialisent différemment selon les unités agri-urbaines. Au sein de l’uau1, les terres cultivées disparaissent face au bâti, mais à un rythme relativement lent au regard de leur situation en plein cœur du centre-ville. Au sein des plaines de l’uau2, les espaces cultivés accolés aux espaces bâtis peuvent soit se maintenir, soit régresser de façon extrêmement rapide. Enfin, au sein de l’uau3, l’extension du bâti, concentré en bord de routes et de pistes, se fait parallèlement à celle des superficies cultivées sur les versants des collines. Pour étudier de manière détaillée quels sont les facteurs conduisant à l’évolution contrastée des uau, trois études de cas ont été conduites au sein de chaque uau à l’échelle de fokontany. Sur les neuf études de cas conduites dans la recherche, quatre sont présentées ici (fig. 3).

45La conversion des terres agricoles en terres bâties se fait généralement quand la demande en terre urbanisable devient plus élevée et que le prix du foncier est suffisamment élevé pour que les agriculteurs se défassent de leur patrimoine productif. À Antananarivo, un plan d’urbanisme directeur (PUDi opposable aux tiers) indique les zones à bâtir ou à maintenir en usages agricoles. Réalisé en 2004, mais non accompagné de plans d’urbanisme de détail, l’identification, à l’échelle locale, des limites des zones à l’échelle locale est difficile et le plan d’urbanisme directeur est peu connu des acteurs locaux. La seule mesure légale largement connue est l’interdiction de remblayer dans les zones basses de l’ultra-centre, mais elle est peu respectée, faute de contrôle et de sanction effectifs. La première étude de cas au sein de l’uau2 illustre la disparition rapide de l’agriculture via ce développement du marché foncier pour l’urbain.

Disparition de l’emprise agricole au sein des plaines de l’uau2

46Le fokontany d’Andavamamba Ambilanibe se situe dans une zone basse à l’ouest du centre-ville d’Antananarivo. La croissance de la population y est rapide et entretenue par l’arrivée de migrants de différentes régions du pays attirés par le pôle d’activités urbain. En quatorze ans, l’ancienne plaine rizicole marquée de quelques noyaux d’habitation est devenue un paysage urbain caractérisé par des ruelles étroites et par une très forte densité de population (> 500 habitants par hectare)(photos 5 et 6). Face à une forte demande en logement et une augmentation des prix du foncier [11], parfois sous le jeu de pressions et d’intimidations, les terres agricoles ont été vendues à des particuliers ou des entrepreneurs. Ces derniers ont construit, notamment pour la mise en location, des logements de qualité variable (en dur mais surtout en bois et en tôle), sur des remblais artisanaux (sable, déchets, tout venant) sans se préoccuper des interdictions. Autorités locales, mais aussi résidents et propriétaires de maisons, ne s’y sont pas opposées. L’urbanisation s’est faite malgré l’inondation annuelle et les habitants ont dû s’y adapter : les canaux d’irrigation sont devenus des canaux d’assainissement à ciel ouvert, les ruelles empruntent des passerelles pour traverser les friches devenues des bassins et des maisons sont sur pilotis.

Photos 5 et 6

Fokontany Andavamamba Ambilanibe en 2002 à gauche, et en 2017 à droite

Photos 5 et 6

Fokontany Andavamamba Ambilanibe en 2002 à gauche, et en 2017 à droite

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47Cependant la conversion de l’agricole en bâti ne résulte pas seulement de la demande urbaine. Le déclin de l’agriculture a aussi été provoqué par la difficulté croissante à cultiver. Le régime hydraulique de la zone a été bouleversé depuis l’aménagement, par l’État, de digues de protection dans les années 1990 et le remblayage progressif des terrains. La culture du riz, désormais incertaine, a été progressivement abandonnée. L’agriculture est devenue marginale en termes de superficie mais a pris des formes innovantes. Quelques habitants utilisent les anciennes rizières inondées pour y faire de l’élevage (poissons, oies, poulets ou canards) ou y collecter des jacinthes d’eau pour alimenter le bétail.

Le maintien de l’emprise agricole au sein du bas fond enclavé (uau1)

48La demande en terre à bâtir et les niveaux de prix au mètre carré sont, en effet, insuffisants pour expliquer la diversité d’évolution du foncier agricole. En témoigne le cas des cressonnières de Besarety. Dans ce fokontany caractéristique de l’uau1, la disparition de l’agriculture est relativement lente, malgré les niveaux de prix élevés du foncier [12] et le fort besoin en bâti dans ce quartier où densité et taux de croissance démographiques sont élevés (densité estimée à 420 habitants par hectare et croissance à 4 % par an)(photos 7 et 8). Cette résistance de l’agriculture est principalement expliquée par la faible accessibilité des terres agricoles (absence de voie carrossable) et la topographie du quartier. Les bas-fonds accueillant les cressonnières sont très encaissés, régulièrement inondés et très coûteux à remblayer. Une des rares constructions récentes, un petit centre commercial, a été édifiée sur une parcelle mitoyenne à la route et à la suite d’aménagements conséquents financés par un investisseur. La résistance de l’agriculture ne découle pas de mobilisations collectives spécifiques. Le chef de fokontany et les résidents déconseillent aux propriétaires de remblayer pour éviter le débordement des canaux d’eaux usées, mais cela ne change pas les pratiques. Le maintien de l’agriculture ne résulte pas non plus d’un positionnement proactif des propriétaires fonciers. Ces derniers, résidant rarement dans le quartier, louent les terres aux producteurs de cresson. La location de la terre est une source de revenus limitée mais régulière [13] et elle permet d’éviter les éventuels débats et conflits que soulèverait la vente du terrain dans des contextes de gestion patrimoniale en indivision [14]. La cession en location permet aussi de marquer l’occupation du terrain pour éviter des appropriations opportunistes. Enfin elle valorise le terrain a minima en attendant des opportunités plus rémunératrices et, en particulier, la concrétisation d’un projet d’axe routier, projet annoncé plusieurs fois en trente ans mais jamais réalisé.

Photos 7 et 8

Fokontany Ambolokandrina en 2002 à gauche, et en 2017 à droite

Photos 7 et 8

Fokontany Ambolokandrina en 2002 à gauche, et en 2017 à droite

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Le maintien de l’emprise agricole au sein des plaines rizicoles (uau2)

49Dans d’autres situations, l’agriculture peut également résister par la volonté des producteurs agricoles et la situation juridique complexe du terroir. C’est le cas de la plaine rizicole de Ambolokandrina (uau2). Cette plaine, enserrée par un bâti densément peuplé, n’a pas été urbanisée malgré les forts besoins en logement et la croissance rapide de la population (photos 9 et 10). Les terres agricoles, irriguées par des canaux entretenus par la population produisent riz, maraichage et cultures vivrières (manioc et taro). Elles sont la source principale de revenus d’environ 30 % des ménages du fokontany. La résistance de l’agriculture est expliquée, en sus de la topographie et de la faible accessibilité, par la mobilisation locale. Les habitants qui cultivent, depuis plus de 40 ans, cette plaine sont en conflit depuis 2016 avec une société qui détient un titre ancien sur une grande portion du terrain. Réunis en association, ils maintiennent l’usage agricole pour subvenir à leurs besoins, mais également pour renforcer leur plaidoyer et leurs actions juridiques visant à confirmer leur propriété via la prescription acquisitive.

Photos 9 et 10

Fokontany Ambolokandrina en 2002 à gauche, et en 2017 à droite

Photos 9 et 10

Fokontany Ambolokandrina en 2002 à gauche, et en 2017 à droite

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50Cette résistance de l’agriculture dans l’espace urbain cache des recompositions rapides et profondes des systèmes de production au contact de la ville. La pollution par les eaux usées a contribué à la baisse des rendements du riz mais a rendu a contrario la zone propice à la culture de cresson. Face à la réduction des terres agricoles ou à la compétition croissante pour y accéder au sein de l’uau1, les producteurs de cresson sollicitent de plus en plus les agriculteurs de l’uau2 pour louer leurs parcelles entre deux saisons de riz. L’organisation agricole tend donc à se rapprocher de celle de l’uau1 (cressonnières enclavée dans les bas-fonds).

L’extension de l’emprise agricole au sein de l’uau3

51Enfin, le développement de l’urbain ne se fait pas systématiquement au détriment des terres agricoles cultivées. Le cas des systèmes de polyculture-élevage de Ambohidehilahy (commune Ambohimangakely, uau3), situé à neuf kilomètres à l’est du centre-ville et en bordure de la route nationale RN2, illustre même les dynamiques concomitantes, et non concurrentes, d’urbanisation et d’extension des superficies cultivées. Ces nouveaux espaces cultivés occupent les pentes des collines (tanety), terres au couvert herbacé de qualité médiocre consacrées au pâturage extensif pour les bovins ou, par endroit, à la plantation d’espèces ligneuses (photos 11 et 12). Le développement du bâti est le fait des familles résidentes pour loger leurs enfants mais aussi des néo-ruraux, attirés par l’accessibilité de la zone et par l’existence, dans quelques cas, des réseaux d’eau et d’électricité (réseaux encore peu développés dans les communes périphériques) et le faible prix des terrains par rapport au centre-ville (70 000 ariary par mètre carré).

Photos 11 et 12

Fokontany Ambohidehilahy en 2002 à gauche, et en 2017 à droite

Photos 11 et 12

Fokontany Ambohidehilahy en 2002 à gauche, et en 2017 à droite

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52L’agriculture constitue la principale source de revenus pour plus de la moitié des ménages du fokontany, les produits agricoles étant écoulés sur les marchés de la capitale. L’extension des terres agricoles et l’intensification des systèmes de production agricole (cultures de contre saison) et d’élevage (aviculture) sont motivées par les faibles opportunités d’emploi dans les autres secteurs pour les ménages et leurs enfants, ainsi que par le besoin en davantage de terres agricoles pour maintenir la rentabilité des exploitations.

Conclusion

53Dans l’objectif d’analyser les dynamiques et les déterminants de l’évolution de l’emprise agricole dans l’aire urbaine d’Antananarivo, dénommée localement « Grand Tana », cet article a proposé une lecture paysagère originale couplant analyse spatiale et temporelle de l’évolution des usages agricoles (Deffontaines et al., 2008, Sanz Sanz et al., 2017) et analyse des interactions entre espaces agricoles et urbains (Soulard, 2014).

54Grâce à la combinaison de modes de production de données (entretiens qualitatifs, visites de terrain et analyse d’images satellites), la recherche a qualifié et quantifié les dynamiques respectives de l’urbain et l’agricole au sein du Grand Tana. L’emprise urbaine est passée de 58 kilomètres carrés à 90 kilomètres carrés entre 2003 et 2017, soit une moyenne de 200 nouveaux hectares bâtis par an correspondant à un taux d’accroissement annuel de 3,2 %. La ville et sa périphérie restent cependant encore agricoles, davantage que ne l’est le reste de la région : en 2017, les surfaces cultivées occupent près de 50 % de l’espace, soit deux à trois fois plus que l’emprise agricole moyenne des territoires voisins. L’emprise des terres cultivées aurait augmenté, selon des premières estimations, d’une vingtaine d’hectares par an, ce qui correspond à un taux d’accroissement annuel de 0,1 % [15]. À l’échelle de l’aire urbaine, l’urbanisation s’étend plus rapidement que les superficies cultivées, mais espaces bâti et cultivé peuvent progresser sans forcément être dans une relation de concurrence.

55La recherche a ainsi permis de souligner que l’agriculture ne fait pas que disparaître face à l’urbain. L’agriculture évolue de façon contrastée selon les différentes unités agri-urbaines. Les superficies cultivées disparaissent au profit de l’urbain, se maintiennent ou s’étendent et les pratiques agricoles se renouvellent et s’intensifient. À l’échelle des neuf zones d’étude, le taux de croissance annuel des superficies agricoles est de -0,4 % pour l’uau1, de -0,6 % pour l’uau2 et de +0,6 % pour l’uau3.

56Tout d’abord, l’espace agricole ancien disparaît devant la pression du bâti dans les espaces densément peuplés. Au sein de l’uau1, ce recul est cependant moins rapide qu’envisagé. Au taux moyen actuel de perte des superficies agricoles par an dans la commune urbaine d’Antananarivo (80 hectares par an en moyenne entre 2003 et 2016), il faudrait 80 ans pour que toutes les terres agricoles de la commune disparaissent. Ce recul spatial très lent s’explique par les risques d’inondation liés à la topographie, la faible accessibilité des parcelles et la gestion foncière en indivision. Ce recul spatial des terres cultivées s’accompagne par ailleurs d’un renouvellement des formes d’agriculture intra-urbaines telles que le développement de la pisciculture dans les friches ou le petit élevage avicole, stimulées par les opportunités offertes par la ville.

57Dans les plaines agricoles en contact direct avec le front urbain (uau2), les évolutions sont contrastées. Du fait de la topographie et de l’organisation des parcelles rendant difficile l’urbanisation (risque d’inondation, absence de voies carrossables) et de la place clé qu’occupe l’agriculture pour les ménages, l’espace cultivé se maintient dans certaines zones, souvent associé à une intensification des pratiques agricoles (passage du riz cultivé une fois par an à des cultures maraîchères produites en continu sur l’année ; associations riz-pisciculture-élevage de canard…). Ailleurs, l’espace cultivé disparaît quand de nouvelles infrastructures routières transforment le régime hydraulique local, lèvent les contraintes d’accessibilité et confèrent aux terres une valeur économique supérieure.

58Enfin, dans l’aire urbaine moins densément peuplée (uau3), même si le bâti progresse, l’espace cultivé agricole s’étend aussi, tiré par la demande croissante en produits alimentaires et le manque d’alternatives en emploi dans les autres secteurs. Bâti et cultures gagnent sur des terres auparavant réservées aux pâturages. L’urbain gagne ainsi sur l’agricole au sens large mais rarement sur les terres cultivées.

59Le cas d’Antananarivo rappelle que le système urbain a pour dynamique spécifique de produire une intensification des pratiques agricoles (Chaléard, 1996, 2014). Ce cas permet aussi de montrer que le système urbain peut également générer une extension des surfaces cultivées de façon concomitante, et non concurrentielle, du fait de l’existence de friches ou de pâturages.

60Au-delà de la topographie, de la démographie ou des nouvelles infrastructures, le rôle combiné de multiples acteurs joue sur l’évolution du système agri-urbain et le maintien de l’agriculture. Ce maintien résulte de l’intérêt des ménages pour garder et investir une activité garante d’un minimum de sécurité alimentaire et économique, activité compatible avec d’autres et ayant un poids identitaire fort (entretenir la terre des ancêtres, produire son propre riz, etc.). Dans un contexte urbain très contraignant et dans des contextes de crises économiques répétées, ce maintien reste possible grâce à deux leviers d’action : l’innovation technique (investissement dans le petit élevage, diversification ajustée à la demande urbaine, valorisation des déchets urbains, etc.) et la fabrique d’arrangements – individuels ou collectifs et souvent informels – pour sécuriser l’accès aux ressources cruciales que sont la terre et l’eau.

61Le maintien de l’agriculture résulte aussi d’actions d’individuelles (maintenir sa rizière) et d’actions collectives. Ces dernières se forment notamment en cas de changement brusque de l’environnement (menace d’accaparement de grandes superficies par des élites urbaines, remblais individuels, infrastructures routières). Elles associent habitants et autorités locales et ont pour objectifs à la fois le maintien des populations à faibles revenus et la défense de l’agriculture. Ces mobilisations soulignent les diverses formes d’action publique à considérer dans la gouvernance des territoires [16].

62Ainsi, le maintien de l’agriculture dépend d’un dialogue politique et de concertations à différentes échelles territoriales. Dans le plan d’urbanisme de la ville réalisé en 2004, l’agriculture était reconnue pour ses fonctions environnementales et économiques et, à ce titre, protégée au sein de zones vertes interdites aux remblais. Faute de moyens et d’intérêt fort de la majorité des services publics et des autorités locales, cette forme de régulation a été peu effective. Dans les réflexions autour du nouveau plan d’urbanisme, les espaces agricoles constituent surtout des réserves foncières clés pour la construction de lotissements, parfois sur des superficies conséquentes, et l’ouverture d’axes routiers (un projet concerne d’ailleurs la plaine d’Ambolokandrina – uau2 où l’agriculture se maintient). Or ces espaces agricoles assurent des fonctions économiques, sociales et hydrauliques clés (protection contre les inondations, approvisionnement alimentaire, filet de sécurité économique) dont le maintien ou l’abandon méritent d’être débattus. La cartographie des formes et des enjeux de l’agriculture urbaine, exercice réalisé dans cette recherche, offre des pistes pour alimenter de façon pratique et constructive les débats de politique urbaine en cours.

Notes

  • [1]
    Les espaces dédiés à l’élevage ou au reboisement sont également sur les terres de collines.
  • [2]
    Montage en 2014 du programme ASA – Appui à l’agro-sylviculture autour d’Antananarivo financé par l’Union européenne et l’Agence française de développement, et en 2011 du projet AULNA – projet d’agriculture urbaine low space no space financé par la région Île-de-France.
  • [3]
    Projet Legende financé par l’Inra et le Cirad dans le cadre du métaprogramme GloFoodS.
  • [4]
    Approche non décrite ici mais qui fait l’objet d’une publication en cours : « Land cover classification in complex and fragmented agrourban landscapes of the Malagasy capital Antananarivo » par Dupuy S., Defrise L., Lebourgeois V. et Gaetano R.
  • [5]
    Le fokontany est la plus petite unité administrative à Madagascar et constitue l’entité politique de proximité pour les sociétés locales.
  • [6]
  • [7]
    Ces chiffres sont issus de l’analyse d’occupation du sol réalisée par Valentine Lebourgeois (Umr Tetis, Cirad), en 2016, dans le cadre du projet Sen2Agri.
  • [8]
    Les superficies moyennes cultivées sont celles retenues sur la base d’une enquête quantitative réalisée auprès de 600 ménages : elles sont de 0,04 hectare pour les exploitations productrices de cresson, et de 0,34 hectare pour les exploitations couplant riz, maraîchage, arboriculture et cultures pluviales.
  • [9]
    Originaires de la région rurale du Vakinankaratra, située au Sud de la capitale.
  • [10]
    Comme pour les cressonnières de l’uau1, ces parcelles, titrées ou cadastrées par le passé sont généralement encore inscrites au nom des ascendants (de une à trois générations).
  • [11]
    Pour les terrains en bord de route, la fourchette de prix dépend du type de remblais à faire et des documents légaux fonciers associés au terrain. Elle est comprise entre 150 000 et 350000 ariary par mètre carré (respectivement 37 euros et 87 euros au mètre carré), environ deux à cinq fois plus chers que les terrains en bord de route en périurbain (et sachant que le salaire minimum mensuel légal est d’environ 30 euros).
  • [12]
    Pour les terrains inondables situés en bord de route, la fourchette est comprise entre 200 000 et 400 000 ariary par mètre carré (respectivement 50 euros et 100 euros au mètre carré) – contre 500 000 ariary par mètre carré pour les terrains situés en bord de route dans les zones non inondables (tel que le by pass) – et 1000 000 ariary par mètre carré pour les rares terres disponibles dans les quartiers chics de la ville connectés à l’eau et à l’électricité.
  • [13]
    Le loyer est à hauteur de 5000 ariary par mètre carré et par an contre des prix de vente allant de 80 000 à 400 000 ariary par mètre carré.
  • [14]
    Les terres agricoles appartiennent dans la plupart des cas à des familles originaires d’Antananarivo. Les terres ont pu être enregistrées légalement il y a plusieurs décennies au nom de l’ascendant commun. Les ayants-droit peuvent ainsi être nombreux pour des parcelles de petites superficies. Nous remercions le lecteur anonyme pour avoir souligné de façon pertinente que le rôle de l’indivision dans la trajectoire d’évolution ou de maintien des usages des terres doit être approfondi.
  • [15]
    Ce taux de croissance annuel des superficies agricoles a été calculé pour chacune des neuf zones d’étude, à partir de l’analyse spatiale corrigée par la photo-interprétation, puis extrapolé à l’ensemble de l’aire urbaine.
  • [16]
    Le rôle des mobilisations collectives et plus largement de l’action publique dans le maintien des espaces cultivés en ville fait l’objet d’un autre pan de la recherche en cours.
Français

Cet article analyse l’emprise spatiale de l’agriculture à Antananarivo. Selon les unités paysagères (unités agri-urbaines), les superficies cultivées disparaissent, se maintiennent ou s’étendent. Dans le centre-ville, les terres cultivées diminuent mais à un rythme plus lent qu’habituellement estimé. Dans les plaines agricoles du front urbain, l’évolution de l’emprise agricole est liée aux infrastructures. Enfin, dans l’aire urbaine moins densément peuplée, le bâti et l’espace cultivé s’étendent aux dépens des pâturages. Le système urbain produit une intensification des pratiques agricoles. La cartographie de l’agriculture urbaine alimente de façon pratique les débats de politique urbaine.

  • agriculture urbaine
  • analyse spatiale
  • Antananarivo
  • foncier
  • Madagascar
  • planification urbaine

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Laurence Defrise
Cirad Umr Tetis
101 Antananarivo, Madagascar
Perrine Burnod
Cirad Umr Tetis
c/o Observatoire du foncier Madagascar
101 Antananarivo, Madagascar
Jean-Philippe Tonneau
Cirad Umr Tetis
Valérie Andriamanga
Cirad
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Mis en ligne sur Cairn.info le 03/06/2020
https://doi.org/10.3917/eg.483.0263
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