Comme cela arrive fréquemment en sciences de l’éducation et de la formation (SEF), la notion de « terrain » est employée dans les domaines de la recherche aussi bien que dans ceux de l’intervention, en produisant une apparente proximité susceptible de laisser croire à l’évidence de leur recouvrement. Or, la difficulté à interroger les allant-de-soi d’une activité maîtrisée en recherche ou en intervention, à propos de réalités pourtant dissemblables, conduit à nombre de malentendus qui font régulièrement obstacle à des coopérations sereines. Si, en recherche, ce terme désigne habituellement le lieu et/ou l’objet d’une enquête empirique en soustendant un positionnement épistémo-théorique et des méthodes d’enquêtes, dans les champs de pratiques, il permet généralement aux acteurs d’exprimer leur attachement à l’importance de l’action dans la construction de leur expérience (elle aussi empirique, mais selon une toute autre acception). La notion de « terrain » est donc particulièrement représentative de ces termes apparemment communs dont l’emploi renvoie pourtant à des différences de sens déterminantes en termes de conceptions, pratiques, productions, systèmes de reconnaissance, formes identitaires, etc. cette contribution a pour but d’expliciter de manière synthétique les diverses délimitations accordées à ce terme selon l’inscription du discours dans chaque domaine d’activité. Il s’agit ainsi de repérer les risques d’une naturalisation de la notion et les questionnements propices à une activité réflexive d’ajustement de la pensée et de l’action, quelles que soient les finalités poursuivies…