Cet article revient sur les notions d’e-exclusion et d’illectronisme qui traversent la littérature dédiée à la fracture numérique. Aussi intéressantes soient-elles, ces notions accordent peu d’importance aux processus de socialisation des usagers de l’informatique connectée, processus qui configurent pourtant leurs pratiques numériques. Le concept de capital numérique, plus à même de prendre en compte l’épaisseur sociale des cadres d’usage, permet de mieux considérer les liens entre pratiques numériques et dynamiques de socialisation. Pour mettre complètement en regard ces deux aspects, il est utile de travailler une problématisation des usages sociaux du numérique attentive aux dispositions des usagers. Elle favorise la saisie des usages de l’informatique connectée au croisement des propriétés sociales des acteurs, des situations et des technologies.
Article
Une partie des travaux qui portent sur la fracture ou le fossé numériques souffre paradoxalement d’une carence dans la théorisation des inégalités sociales (van Dijk 2005, Granjon et al. 2009). Largement conduites par une recherche administrée, les enquêtes à destination des décideurs s’appuient sur un utilitarisme dont l’impératif opératoire tient lieu de nouvel arbitre social. Essentiellement quantitatives, elles montrent, sans surprise, que les critères discriminants quant à l’accès et à l’usage aux/des technologies numériques d’information et de communication (TNIC) relèvent structurellement de variables telles que la profession exercée, le rang de certification scolaire, les revenus, l’âge, l’origine ethnique ou la taille de l’agglomération fréquentée. Pour autant, la fracture numérique semble ne devoir se conjuguer qu’au singulier, limitant la possibilité même de penser la nature sociale des inégalités relevées. Aussi les processus de diffusion et d’adoption de l’informatique connectée, taux de pénétration à l’appui, bénéficient-ils irrémédiablement des logiques de marché (par une extension de la concurrence et un abaissement des coûts) et des politiques publiques (qui les complètent sans s’y substituer). Dès la fin des années 1990, les degrés d’équipement et de consommation n’ont cessé de croître. Même si des écarts de taux d’équipement persistent, les évolutions statistiques sont utilisées pour valider l’hypothèse d’une forme de moyennisation de la société digitale et la nécessité de lutter contre ce qui est présenté comme une nouvelle forme d’inégalité…
Résumé
Plan
Auteur
Université Paris 8
2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis
- Mis en ligne sur Cairn.info le 25/02/2022
- https://doi.org/10.3917/es.047.0081
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