CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1La libéralisation des systèmes bancaires a fait l’objet d’un large spectre d’études au cours de ces dernières années, que l’objectif soit d’évaluer sa contribution au développement économique ou à la transmission de la politique monétaire, d’analyser les mécanismes de dissémination des crises financières ou encore de mesurer la performance des établissements et leur résilience en période de crise. Beaucoup de ces études ont un caractère transnational, d’autres privilégient une approche approfondie par pays. L’un des débats nés de la libéralisation des marchés bancaires porte sur l’ouverture du capital à différentes catégories d’investisseurs, avec un accent particulier mis sur la domination de l’actionnariat étranger. Les avantages de cette ouverture relèvent en partie d’une argumentation autour du renforcement de la concurrence, mais aussi des spécificités des apports des nouveaux entrants : amélioration de la qualité des services financiers, nouvelles pratiques, instauration d’un cadre juridique et réglementaire conforme aux normes internationales (Gelb et Sagari [1990] ; Levine [1996] ; De Boissieu, Henriot et Rol [1998])... Cependant, il a aussi été observé qu’il peut résulter de cette ouverture des coûts supplémentaires pour les établissements domestiques, qui doivent rivaliser avec de grandes banques internationales profitant souvent d’une meilleure réputation. Par ailleurs, l’entrée des banques étrangères pourrait bénéficier principalement aux grandes entreprises (Stiglitz [1993]), les petites et moyennes entreprises étant victimes d’un « effet d’écrémage » (Gormley [2010]), notamment sur les marchés émergents (Sengupta [2007]).

2Au-delà des conséquences macroéconomiques, l’ouverture du capital interroge sur les spécificités des business models des établissements et sur leur performance. Toutes les études ne convergent pas, notamment lorsque l’on opère une distinction par zones géographiques. Ainsi, alors que Berger et al. [2000] trouvent que les banques domestiques affichent une meilleure performance que les banques étrangères sur les marchés relativement matures des grands pays occidentaux, des résultats contraires sont obtenus dans les pays en transition (par exemple Bonin, Hasan et Wachtel [2005], Weill [2006] et Chen et al. [2017]). Si ces derniers pays ont fait l’objet d’un grand nombre d’études, c’est parce que la structure de leur marché a été profondément bouleversée ces dernières années par les crises financières et par l’évolution des phases de déréglementation/re-réglementation. Les événements se sont succédé à un rythme élevé, rendant difficile l’évaluation des conséquences de chaque choc. De ce point de vue, certains pays ont connu en quelques années trois évolutions rapprochées : l’ouverture de leur marché bancaire pour davantage de concurrence, les conséquences de la crise financière internationale et une politique forte de réglementation prudentielle.

3Tel est le cas de la plupart des pays de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MOAN), jeunes nations qui n’ont une monnaie nationale et un système de banque centrale que depuis les années 1950 ou 1960. Après une période de nationalisation et de réglementation du secteur bancaire, une grande partie de ces pays ont, à partir des années 1990, opté pour une modernisation de leurs marchés bancaires et financiers. Dans cette perspective, des programmes d’ajustements structurels recommandés par les institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale ont été appliqués. Ces programmes s’articulaient principalement autour de mesures de libéralisation financière, d’ouverture sur l’extérieur et de réformes des politiques monétaires. Beaucoup de ces pays ont dans le même temps subi des chocs politiques de grande ampleur, rendant difficile toute analyse longitudinale ou étude d’impact. La Jordanie échappe à cette règle : ce pays est à la fois représentatif de ces évolutions du système bancaire, mais il apparaît également singulier au Proche-Orient puisqu’il a pu profiter pendant plusieurs années d’une stabilité politique, génératrice d’activité économique, dans une région fortement imprégnée d’instabilité. Il s’agit en ce sens d’un pays propice à une exploration des bouleversements du système bancaire, ou encore des conséquences de la crise économique et financière sur le secteur bancaire des pays émergents.

4La Jordanie apparaît aujourd’hui comme un pays économiquement ouvert. Son indice de globalisation économique KOF « Actual Economic Flows » dépasse celui de la plupart des pays de la région MOAN (73,7 contre une moyenne de 52,4 pour ces pays en 2014). Son système financier a bénéficié de réformes structurelles assurant un cadre réglementaire conforme aux normes internationales et permettant en conséquence d’attirer les investisseurs étrangers, notamment des pays voisins [1]. Ses banques ont été entièrement privatisées et ouvertes à l’actionnariat à la fois domestique et étranger. Provenant principalement du Qatar, de l’Arabie saoudite et du Bahreïn, la participation étrangère au secteur bancaire n’a cessé de s’élever. Plus de la moitié du capital des banques domestiques cotées est aujourd’hui possédé par des investisseurs étrangers. En parallèle à ce mouvement d’ouverture, la Banque centrale de Jordanie a mené une politique rigoureuse en matière de réglementation prudentielle. Fortement inspirés des normes préconisées par le Comité de Bâle, les ratios prudentiels ont parfois été poussés au-delà des standards internationaux.

5Dans ce cadre, une comparaison multidimensionnelle entre les banques domestiques et celles dont l’actionnariat étranger est majoritaire fait l’objet de cette étude. La littérature théorique et empirique analyse généralement les effets de l’ouverture du marché bancaire en se concentrant sur des comparaisons de performance ou de risque entre trois types d’actionnariat dominant : public, privé et étranger (Bonin, Hasan et Wachtel [2005] ; Berger et al. [2005] ; Weill [2002], [2003] et [2006] ; Claessens et Van Horen [2014] ; Barry [2016]). Notre étude s’en distingue sur plusieurs points. D’abord, au-delà des indicateurs usuels de prise de risque et de couverture, nous tentons d’affiner l’analyse du comportement des établissements en matière de normes prudentielles de solvabilité. Leur respect à différents niveaux par les banques s’avère être un facteur discriminant et un marqueur de leur prudence. Ensuite, alors que les mesures de performance portent généralement sur des éléments comptables, nous concentrer sur des établissements cotés autorise à s’intéresser à la valeur de marché de la banque à travers le ratio Q de Tobin. Enfin, nous cherchons à affiner ces analyses en distinguant les établissements étrangers selon leur taille, critère aujourd’hui moins sensible dans les économies développées mais qui demeure important dans les pays émergents. Finalement, la question soulevée est de savoir si les mesures de performance, de risque et de stabilité des banques domestiques jordaniennes sont significativement différentes de celles détenues majoritairement par les actionnaires étrangers.

6La première section est consacrée à la présentation des spécificités du système bancaire jordanien et à celle de l’évolution de l’actionnariat de ses banques. Avec une proportion d’actionnaires étrangers dépassant 55 % en 2015, la politique d’ouverture adoptée par les autorités jordaniennes a porté ses fruits. La deuxième section rappelle les principaux résultats obtenus dans l’étude de la présence étrangère sur les marchés bancaires. Cette revue de littérature sert de fondement à notre analyse, dans la troisième section, des conséquences de l’origine de la propriété sur la performance, le risque et la stabilité bancaire en Jordanie. Nous montrons, à travers une analyse économétrique dichotomique des établissements, menée sur la période 2005-2015, que la répartition du capital n’est neutre sur aucun de ces critères. Les conclusions peuvent être affinées en discriminant selon la taille des établissements à capital détenu majoritairement par des actionnaires étrangers.

L’ouverture du système bancaire jordanien

7À partir des années 1990, le système bancaire jordanien a connu une profonde mutation sur les plans capitalistique, concurrentiel et réglementaire. Notamment, à la suite de la crise de 1989-1991 (Valencia et Laeven [2012]), la Jordanie a adopté une politique de privatisation et de libéralisation en vue d’améliorer l’efficacité du système bancaire et d’attirer des capitaux pour assurer le financement de son développement (Maghyereh [2004]). De nombreuses mesures ont été adoptées en ce sens : libéralisation des taux d’intérêt, suppression des restrictions sur les devises, disparition de privilèges bancaires, conformité aux normes internationales… Le système bancaire a été entièrement privatisé et ouvert à l’actionnariat de masse, domestique et étranger. Au cours des dix dernières années, six banques régionales ont reçu l’agrément d’installation, portant à dix les filiales de banques étrangères sur un total de vingt-six établissements enregistrés. Parmi ces derniers, quinze sont aujourd’hui cotés à la bourse d’Amman, dont deux relèvent de la finance islamique (Jordan Islamic Bank et Jordan Dubai Islamic Bank).

8L’ouverture internationale du capital des banques est significative. Globalement, sur 2005-2015, le poids de l’actionnariat étranger au sein des quatorze établissements étudiés [2] progresse, particulièrement en début de période (graphique 1). Il devient majoritaire dès 2007 pour atteindre 56 % en 2015. À cette date, l’actionnariat étranger est supérieur à 50 % dans six établissements. Seules deux banques enregistrent une proportion inférieure à 25 % (Bank of Jordan et Jordan Ahli Bank, toutes deux à 21 %) contre six en 2005. Or, cette présence étrangère prend avant tout la forme d’un actionnariat régional (pays MOAN). En 2015, la part hors MOAN parmi l’actionnariat étranger est toujours minoritaire (de 0 à 41 %). Seules la Capital Bank of Jordan et la Bank al Etihad ont un actionnariat extrarégional significatif. Deux établissements se distinguent particulièrement, à la fois par leur actionnariat étranger massif (89 % en 2015) et régional à près de 100 % : l’Arab Banking Corporation et la Société Générale de Banque Jordanie. Ce point importe dans la mesure où une certaine hétérogénéité en matière d’offre de crédit dans le pays d’accueil peut apparaître selon le pays d’origine de l’établissement (Claessens et Van Horen [2014] ; Choi, Guttierrez et Martinez Peria [2016]), et que des résultats contrastés en termes de performance sont relevés, avec une prime à une régulation identique, à une même langue, mais pas forcément à la proximité géographique (Claessens et Van Horen [2012]).

Graphique 1

L’actionnariat étranger des banques jordaniennes cotées (moyenne pondérée en pourcentage du flottant – %, éch. droite – et classification – nombre, éch. gauche)

Graphique 1

L’actionnariat étranger des banques jordaniennes cotées (moyenne pondérée en pourcentage du flottant – %, éch. droite – et classification – nombre, éch. gauche)

Source : Calcul des auteurs d’après l’Amman Stock Exchange.

9Le développement du système bancaire s’est traduit par une progression du maillage territorial, le nombre d’agences passant de 462 en 2000 à 744 en 2016. En termes de volume d’activité, le dynamisme se concrétise par une forte augmentation des dépôts, conséquence pour une part du développement parallèle de l’offre de crédits domestiques jusqu’à la fin de l’année 2008 (graphique 2). Un découplage apparaît cependant en 2009, en raison du ralentissement de l’activité de crédit, sans conséquence visible sur la courbe des dépôts.

Graphique 2

Encours des crédits/dépôts (millions de dinars jordaniens)

Graphique 2

Encours des crédits/dépôts (millions de dinars jordaniens)

Source : Banque centrale de Jordanie.

10Au sein des pays de la région MOAN, le dynamisme jordanien est notable. Le stock de crédits des banques jordaniennes est près de deux fois supérieures à celui enregistré dans la zone (graphique 3). Or, en matière de crédit au secteur privé, il s’agit d’une activité presque exclusivement domestique. À la veille de la crise mondiale (2006), le poids des non-résidents dans le portefeuille de crédits au secteur privé atteignait à peine 3,2 %. Plus généralement d’ailleurs, en dépit de l’ouverture internationale évoquée plus haut, le financement de l’économie nationale est demeuré l’activité essentielle des banques, la part des actifs étrangers dans le total du bilan ne dépassant pas 30 % depuis 2000 et fléchissant singulièrement après la crise (graphique 4). Parmi ceux-ci, les créances interbancaires internationales connaissent une évolution proche. Ainsi, l’exposition potentielle aux conséquences d’une crise internationale demeure-t-elle limitée.

Graphique 3

Encours des crédits rapporté au PIB (%)

Graphique 3

Encours des crédits rapporté au PIB (%)

Source : Banque centrale de Jordanie et Banque mondiale.
Graphique 4

Part des actifs étrangers et des créances interbancaires internationales (% de l’actif)

Graphique 4

Part des actifs étrangers et des créances interbancaires internationales (% de l’actif)

Source : Banque centrale de Jordanie et Banque mondiale.

11D’un point de vue concurrentiel, en dépit de cette ouverture et d’une volonté politique affichée, la part de marché additionnée des trois plus grandes banques (Arab Bank, Housing Bank for Trade and Finance, Jordan Ahli Bank) était encore en début de période de 70 %. Le niveau de l’indice de Herfindhal [3] confirme cette forte concentration à l’échelle des standards régionaux (tableau 1).

Tableau 1

Concentration du marché bancaire jordanien (2006-2007)

PaysPart de marché des trois principales banquesIndice de Herfindahl (relatif aux actifs)
Jordanie70 %3 330
Égypte53 %1 335
Liban44 %938
Maroc65 %1 915
Tunisie42 %958

Concentration du marché bancaire jordanien (2006-2007)

Source : Bankscope.

12Enfin, sur un plan réglementaire, la Banque centrale de Jordanie (CBJ), créée en 1964, a privilégié un mode de régulation prudentielle inspiré des accords de Bâle qui repose sur le contrôle interne des établissements. Elle a cependant poussé les normes au-delà des standards internationaux. Ainsi, s’inspirant des recommandations de Bâle I, elle impose dès 1993 le respect d’un ratio minimum de solvabilité (fonds propres / actifs pondérés des risques) de 10 % (relevé à 12 % en 1997), supérieur aux 8 % recommandés alors. De même, le ratio de levier (fonds propres Tier 1 / total du bilan) est-il fixé en 2003 à 6 %, soit deux fois le niveau recommandé par le Comité dans le dernier accord. En 2007, dans le but d’assurer la résistance des établissements bancaires aux chocs, la CBJ prend la décision d’imposer un ratio de liquidité (actifs liquides / passif de court terme) de 100 % pour les actifs en devises, et de 70 % pour ceux libellés en dinars jordaniens.

13Ces exigences en matière de ratios prudentiels ont été largement respectées par les banques jordaniennes. Ainsi, selon les données de la CBJ et en moyenne sur notre période d’étude, le ratio de solvabilité s’élève-t-il à 19,24 %. Celui de levier représente plus du double des exigences, à 12,76 %, et celui de liquidité atteint 156,3 %. Au total, il apparaît que les banques jordaniennes ont, dans l’ensemble, fait preuve d’une grande prudence.

Revue de la littérature

14Initié à la fin des années 1970, le mouvement de libéralisation financière a conduit les systèmes bancaires et financiers à des changements profonds. Chronologiquement, la libéralisation est apparue aux États-Unis, avant de gagner les autres économies développées dans les années 1980, puis les économies émergentes au cours de la décennie suivante (De Boissieu et Couppey-Soubeyran [2013]), dont la Jordanie. La littérature sur l’économie bancaire a ainsi souvent traité conjointement deux problématiques en découlant, qui sont associées à l’évolution de l’actionnariat : en comparant banques publiques et banques privées et en étudiant la transition d’un système à l’autre ; en analysant les conséquences de l’évolution de l’actionnariat, notamment lors de son internationalisation. Dans ce cadre, les questions de performance et de risque bancaire ont fait l’objet d’un large spectre d’études. Globalement, l’évaluation de ces deux critères prend des formes distinctes selon l’objectif poursuivi, avec des indicateurs purement comptables (rentabilité des actifs, crédits improductifs, provisions pour prêts douteux…), d’autres de nature paramétrique (efficience des coûts et efficience des profits) ou non paramétrique (analyse d’enveloppement des données DEA).

15De nombreuses études abordent tout d’abord les avantages de la privatisation des établissements bancaires en insistant sur la sous-performance des banques publiques (Megginson [2005]). Pour l’expliquer, Berger et al. [2005] observent que les banques publiques encourent des risques plus importants que les banques privées, que ces dernières soient possédées majoritairement par des investisseurs locaux ou étrangers. Cette prise de risque ne serait pas payante, puisque Dimova [2006] impute la mauvaise performance des établissements publics à la forte proportion de prêts impayés dans leur portefeuille de crédit. Plus récemment, Barry [2016] montre qu’entre 1999 et 2004 les banques publiques asiatiques ont été moins efficientes que les banques privées.

16Pour ce qui relève de l’internationalisation de l’actionnariat, sur un plan macro- économique, Levine [1996] met en exergue le rôle positif que jouent les banques étrangères dans la mesure où en développant la concurrence, elles favorisent la baisse des prix des services financiers offerts par les banques domestiques, mais aussi provoquent une amélioration qualitative de ces services. Il ajoute que l’arrivée espérée des banques étrangères incite les autorités publiques à adopter un cadre juridique et réglementaire plus approprié, améliorant ainsi l’accès au capital international. Clarke, Crivelli et Cull [2004] insistent sur l’importance de l’entrée des banques étrangères dans les pays en transition, qui permet de faciliter l’accès au crédit des PME. Pourtant, selon Claessens et Van Horen [2014], les banques étrangères peuvent avoir au contraire un impact négatif sur le crédit dans l’un des scénarios suivants : 1) dans les pays à faible revenu, 2) dans ceux où leur part de marché est limitée, 3) si l’exécution des contrats est coûteuse avec une forte opacité informationnelle, et 4) lorsqu’elles viennent de pays lointains. Adams-Kane, Caballero et Lim [2017] ont notamment observé des comportements différenciés des banques étrangères en matière de crédit durant les crises.

17Sur un plan microéconomique, à travers des comparaisons selon l’actionnariat des établissements, Claessens, Demirgüç-Kunt et Huizinga [2000] analysent les résultats des banques étrangères dans quatre-vingts pays sur une période allant de 1988 à 1995. Celles-ci se distinguent des banques domestiques par une meilleure performance dans les pays en développement, peut-être due à l’emploi d’une technologie supérieure, à un accès facilité aux marchés (Berger et al. [2005])… C’est aussi le résultat auquel aboutissent Shaban et James [2017] sur données indonésiennes, en précisant que les banques domestiques ont tendance à être plus exposées aux risques que les banques étrangères. En complément de la surperformance, en étudiant les marchés polonais et tchèque, Weill [2006] trouve que les banques à propriété étrangère offrent une meilleure efficience que les banques domestiques. En revanche, le résultat semble être inversé dans les pays développés (Berger et al. [2000] ; Claessens, Demirgüç-Kunt et Huizinga [2000]).

18Compte tenu de la dynamique du processus de libéralisation, il est fréquent que les études portent conjointement sur la privatisation des établissements et sur leur nouvelle structure capitalistique. Berger et al. [2005] s’intéressent au marché argentin dans les années 1990. Ils analysent à la fois la privatisation des banques et leur mode de gouvernance. Ils montrent principalement qu’une gouvernance « standard » (maximisation des profits des actionnaires) ne s’applique pas pour les banques étrangères ou publiques, la stratégie des premières visant plutôt à la maximisation de la valeur à l’échelle internationale, et non à celle d’une seule filiale. Sur un large échantillon, Bonin, Hasan et Wachtel [2005] analysent les déterminants de la performance des banques des économies en transition selon l’actionnariat dominant (étranger, public, domestique). Ils observent que les établissements étrangers sont les plus rentables et offrent un meilleur service financier. Ils ajoutent que la privatisation des banques publiques n’est pas suffisante en soi pour améliorer les résultats, les banques les plus performantes étant celles ayant été privatisées au début du processus de libéralisation du marché.

19Observons enfin que malgré l’évolution de la réglementation prudentielle et son adoption différenciée selon les pays, à notre connaissance rares sont les études qui s’intéressent aux liens entre présence étrangère dans le capital des établissements et respect des normes en vigueur.

Méthodologie

20L’objectif étant d’analyser les conséquences du développement de l’actionnariat étranger sur les caractéristiques du système bancaire jordanien, nous étendons cette étude à un large spectre d’indicateurs. Nous utilisons pour cela des données bancaires annuelles extraites de la base Bankscope et du site de l’Amman Stock Exchange. L’échantillon des banques est constitué des établissements cotés observés durant onze ans, soit de 2005 à 2015 (annexe I). Il s’agit de huit banques domestiques, quatre banques étrangères et deux banques qui passent d’une propriété domestique à étrangère durant la période étudiée [4]. La définition d’une banque étrangère est fondée sur le fait que la majorité des actions est possédée par des agents non résidents ou qu’une entreprise étrangère est le premier actionnaire depuis au moins deux ans [5]. Le choix de se concentrer sur les établissements cotés est lié à trois raisons : 1) en 2015, la part de marché des banques de notre échantillon est de 94,08 % [6] ; 2) aucune banque non cotée ne possédant une taille importante, leur prise en compte pourrait introduire un biais dans les résultats des estimations ; 3) toutes les banques retenues effectuent des activités de prêts et de dépôts, ce qui n’est pas le cas de certains établissements non cotés, d’où un risque de biais d’hétérogénéité.

21Nous procédons à une série de régressions portant sur plusieurs mesures de performance, de risque et de stabilité bancaire. Nous mesurons tout d’abord la performance des banques à travers trois indicateurs. Le ratio de rentabilité économique (ROA) est une mesure de performance largement utilisée dans la littérature (Berger et al. [2005] ; Bonin, Hasan et Wachtel [2005] ; Beck, Demirgüç-Kunt et Merrouche [2013] ; Anginer et Demirgüç-Kunt [2014]). Il est obtenu en rapportant le revenu net au total d’actifs moyen. Le ratio Q de Tobin (QTobin) est un indicateur moins systématique. Il est à la fois lié au coût du capital (son numérateur est observé au travers des cours boursiers et de la valeur de la dette) et à la profitabilité, puisqu’il reflète la valorisation sur le marché d’une unité de capital installée (Reiffers [1995]). Ainsi, ce coefficient est une mesure alternative intéressante de la performance de la firme, évaluée non par les seuls ratios instantanés internes, mais par le marché à travers les anticipations. Nous retenons un calcul standard de ce coefficient, avec au numérateur la valeur de marché de la banque et au dénominateur la valeur comptable du capital en place à la fin de l’exercice. Nous calculons le QTobin annuel de chaque banque à partir des cotations relevées sur le Amman Stock Exchange et des valeurs comptables. Nous retenons enfin comme troisième mesure de performance un indicateur d’efficience (Eff) [7], le ratio coûts sur revenus qui se calcule en rapportant les charges d’exploitation au résultat d’exploitation. Une valeur faible de ce ratio indique un bon niveau d’efficacité de la banque (Beck, Demirgüç-Kunt et Merrouche [2013] ; Bitar, Saad et Benlemlih [2016]).

22Pour ce qui concerne les variables caractérisant le risque pris par la banque, nous nous focalisons sur le risque de crédit, élément fondateur du premier pilier de l’accord de Bâle II portant sur l’exigence des fonds propres [8]. À l’instar de plusieurs études récentes, nous retenons le taux de crédits impayés (CI) et le taux de réserves de crédit (RC). La première variable se calcule en rapportant les crédits impayés au total des crédits. Elle reflète la capacité de l’établissement à gérer son portefeuille (Berger et al. [2005] ; Beck, Demirgüç-Kunt et Merrouche [2013]). Une valeur élevée des crédits impayés révèle ainsi un fort niveau de défaut, synonyme de dégradation du portefeuille. Il traduit le risque pris, sanctionné par le fait que la banque ne perçoit pas tout ou partie des sommes dues au titre des engagements souscrits. Sont ici concernés les engagements dont l’arriéré de la contrepartie sur le crédit dépasse 90 jours (CBJ). Quant à la variable RC, qui est obtenue en rapportant les réserves dédiées aux crédits douteux au total des crédits consentis (Beck, Demirgüç-Kunt et Merrouche [2013] ; Bitar, Saad et Benlemlih [2016]), son interprétation est plurielle. Certes, on peut considérer qu’elle mesure également la qualité du portefeuille à l’actif de la banque, mais elle traduit plus subtilement à la fois la perception du risque par l’établissement et l’ampleur de sa réaction dans la constitution des réserves. Ainsi, une valeur élevée peut révéler la qualité médiocre du portefeuille de crédit ou une protection plus forte contre le risque.

23Comme précisé ci-avant, un des apports de notre étude est de tester l’hypothèse d’un comportement différencié entre banques sous contrôle capitalistique étranger ou domestique en matière de respect des normes prudentielles. Pour ces variables de stabilité, nous nous concentrons sur deux ratios clés reflétant la solvabilité de la banque et, sur un plan macroéconomique, la stabilité du système bancaire. Ces ratios sont mesurés conformément aux normes bâloises. Le premier est le ratio de solvabilité total (RSol), dont le numérateur est constitué des fonds propres requis par la banque et le dénominateur des actifs pondérés des risques. Quant au second, il s’agit du ratio de capital de première catégorie (Tier1) qui se distingue du précédent par son numérateur : les fonds propres de première catégorie représentant la partie la plus solide des capitaux bancaires (Demirgüç-Kunt, Detragiache et Merrouche [2013] ; Anginer et Demirgüç-Kunt [2014]).

24Pour ce qui concerne les variables explicatives, la première d’entre elles présente simplement l’origine de la propriété des établissements bancaires (BE). Cette variable prend la valeur 1 si la banque est étrangère, 0 sinon. Sa dimension binaire traduit mieux l’impact potentiel d’un actionnariat à dominante étrangère sur la gouvernance et la performance qu’une variable continue comme le poids des actionnaires étrangers. Les études précitées portant sur les marchés émergents nous conduisent à anticiper une influence positive de la variable BE sur les indicateurs de performance mais négative pour ceux du risque.

25Au-delà, afin de capter des différences entre établissements non dépendantes de l’origine de la propriété, le modèle est complété par des variables de contrôle. Le poids très important des trois grandes banques sur le marché justifie la présence de la variable Taille, estimée par le logarithme du total d’actifs (Bonin, Hasan et Wachtel [2005] ; Berger et al. [2005] ; Beck, Demirgüç-Kunt et Merrouche [2013]). En effet, même si la littérature empirique est peu conclusive sur le sujet (Noulas [1999] ; Peters, Raad et Sinkey [2004] ; Gohar et Shoaib [2011]), au-delà des économies d’échelle, des comportements opportunistes peuvent apparaître chez les plus grands établissements en raison de – ou grâce à – leur dimension systémique. Nous tenons également compte des disparités liées aux structures d’activité des banques, à travers deux indicateurs : le premier traduit la diversification fonctionnelle (DF) et correspond à la part des revenus provenant d’activités ne rapportant pas d’intérêts (gestion des comptes, émission des chèques, virements…) dans le total des revenus ; le second caractérise usuellement le business model adopté par la banque : il s’agit du ratio (CD) entre les prêts consentis et l’ensemble des dépôts (Beck, Demirgüç-Kunt et Merrouche [2013]). Si la valeur est inférieure à l’unité, la banque s’appuie sur les dépôts de ses clients pour octroyer des prêts ; si elle est supérieure, la banque ne compte plus uniquement sur les seules ressources collectées auprès de ses clients et a emprunté une partie des ressources qu’elle prête. En cas de ratio CD très élevé, une banque risque de ne pas posséder suffisamment de liquidités pour faire face à une crise de grande ampleur.

26Enfin, il convient de prendre en compte la dimension temporelle, la période ayant notamment été marquée par la crise économique et financière internationale. Nous introduisons ainsi pour toutes les années (sauf une) des dummy temporelles (Tn). Pour identifier les éventuelles conséquences de la crise, notre attention se portera sur les années 2007, 2008 et 2009 correspondant respectivement aux {T3, T4 et T5}.

27La majorité du capital (domestique/étranger) n’ayant changé que pour deux banques de l’échantillon durant la période analysée, nous utilisons la méthode des moindres carrés ordinaires pour l’étude en données de panel plutôt que les modèles dynamiques. Celle-ci se déroule en deux étapes : la première consiste à rechercher si la structure capitalistique influence la performance, le risque et la stabilité des établissements. Au-delà de l’intégration de la variable BE, nous utilisons les variables de contrôle définies précédemment (Taille, DF, CD, Tn). Cela permet de capter les différences structurelles entre les établissements qui ne sont pas liées à l’origine de la propriété. Le modèle se présente ainsi comme suit :

29avec n = 1, 2, …, 10 et εi les résidus.

30Nous inspirant principalement des études empiriques de Beck, Demirgüç-Kunt et Merrouche [2013] et de Anginer et Demirgüç-Kunt [2014], nous associons dans la deuxième étape la variable Taille à la variable BE. Pour économiser des degrés de liberté et accroître en conséquence la puissance des tests, nous recourons à la méthode dite « du général au particulier » définie par Hendry [1995]. La combinaison de ces deux variables permet d’affiner les réponses à notre problématique. Cette modélisation permet d’apprécier si l’impact de la propriété des banques sur la performance, le risque et la stabilité diffère en fonction de la taille des établissements. La surperformance et la moindre prise de risque des banques étrangères attendues pourraient ainsi se révéler non homogènes selon leur taille. Dans cette perspective, trois catégories de banques sont distinguées : les banques de petite taille « TQ1 » dont le total d’actif est inférieur au 1er quartile, les banques de grande taille « TQ3 » dont le total dépasse le 3e quartile et les banques de taille moyenne « TQ2 » regroupant les deux quartiles intermédiaires. Ainsi, trois variables indicatrices sont définies : la variable BE*TQ1 prend la valeur 0 si la taille de la banque dépasse le 1er quartile. Sinon, sa valeur est égale à l’unité quand la banque est étrangère, 0 sinon. Nous calculons les valeurs de BE*TQ2 et BE*TQ3 selon les mêmes modalités. Le modèle prend alors la forme suivante :

32Le tableau 2 présente des statistiques descriptives de l’ensemble des variables employées dans le modèle. Pour les mesures de performance bancaire, notons tout d’abord que les valeurs de la variable QTobin sont assez concentrées et rarement inférieures à l’unité. La moyenne de 1,07 signifie que les perspectives de profit sont favorables. Le ROA est plus dispersé avec une valeur minimale négative, qui traduit la perte de la banque domestique Jordan Commercial Bank enregistrée en 2011. L’efficacité des banques mesurée par Eff varie fortement entre les établissements, le point bas étant observé pour la banque étrangère Invest Bank en 2005 (13,38). Pour ce qui touche à l’exposition au risque crédit et aux réserves liées, de nettes différences apparaissent également. De remarquables performances du portefeuille de crédit sont parfois relevées (valeur minimale de CI de 0,3 pour la banque étrangère Jordan Kuwait Bank en 2007) et l’étendue des réserves (RC) confirme cette différenciation, sans que la corrélation ne soit systématique. Enfin, l’analyse des variables de stabilité met en exergue la solidité financière des banques de notre échantillon. Certes, l’imposition d’un ratio de levier (fonds propres de première catégorie / total d’actifs) de 6 % depuis 2003 et d’un ratio de solvabilité (fonds propres / actifs pondérés des risques) de 12 % depuis 1997 justifie des niveaux élevés. Mais le fait remarquable réside dans les fortes valeurs moyennes de Rsol et Tier1, et plus encore dans les valeurs maximum parfois atteintes (jusqu’à respectivement 36,71 % et 36,07 %). Observons aussi que les valeurs de Tier1 demeurent très proches de celles de Rsol, soulignant en conséquence la bonne qualité des fonds propres [9] (Demirgüç-Kunt, Detragiache et Merrouche [2013] ; Anginer et Demirgüç-Kunt [2014]).

Tableau 2

Statistiques descriptives[10]

Tableau 2
Variable Moyenne Médiane Minimum Maximum Écart type N Q 1,07 1,03 0,94 1,55 0,11 154 ROA 1,55 1,49 – 0,17 5,8 0,74 154 Eff 45,52 44,4 13,38 69,54 9,93 150 CI 8,56 7,23 0,3 26,46 5,75 154 RC 4,94 4,44 0,47 20,33 2,91 150 Rsol 18,56 17,28 10,68 36,71 5,08 154 Tier1 17,81 16,47 10,68 36,07 5,07 154 Taille 7,4 7,36 5,09 10,16 1,02 154 DF 30,22 27,75 14,38 75,25 10,01 150 CD 0,7 0,69 0,42 1,22 0,15 150

Statistiques descriptives[10]

Source : Calculs des auteurs.

33Pour ce qui concerne les variables de contrôle, au-delà des différentiels de taille que nous avons déjà révélés, des business models distincts apparaissent. Tel est le cas lorsque l’on observe l’origine des ressources couvrant les prêts. Certaines banques font appel aux marchés (Jordan Kuwait Bank en 2012, Capital Bank of Jordan en 2008 et Société Générale de Banque Jordanie durant la période 2007-2009), alors que d’autres ont un ratio très inférieur à l’unité, telle Invest Bank en 2005 (0,42). Notons d’ailleurs qu’en ayant la valeur la plus élevée des revenus hors intérêts (DF) pour la même année, cette banque semble avoir focalisé sa politique sur les activités autres que les crédits.

Résultats

34Les résultats des estimations de l’équation 1 sont présentés dans le tableau 3. Ils indiquent incontestablement que l’origine de la propriété des banques de notre échantillon n’est neutre ni sur leur comportement en matière de ratios prudentiels, ni sur leur offre de crédit, ni enfin sur leur performance, quels que soient les indicateurs retenus. Précisément, nous constatons une surperformance des banques étrangères sur les banques domestiques, que l’on se réfère aux indicateurs hors marché (ROA et Eff) ou à l’indice QTobin. Le signe négatif de BE dans l’estimation de Eff montre la plus grande efficience des banques étrangères. Ces résultats portant sur la performance sont en concordance avec ceux déjà obtenus par Claessens, Demirgüç-Kunt et Huizinga [2000] dans les pays en développement. Une explication partielle à ce phénomène peut être trouvée dans une meilleure qualité du portefeuille de crédits. Nos estimations montrent en effet que les banques étrangères ont un ratio CI inférieur de 1,79 point à celui des banques domestiques. Ce résultat corrobore ceux obtenus récemment par Tacneng [2015], selon lesquels les banques détenues majoritairement par des étrangers ont tendance à maintenir une politique de crédit prudente et à accroître le contrôle exercé sur les prêts consentis afin d’améliorer la qualité de leurs actifs. On y trouve un prolongement dans la protection que doivent mettre en œuvre les établissements (RC), les banques étrangères constituant des réserves moins élevées pour les crédits douteux.

Tableau 3

Résultats des estimations – Modèle 1

Tableau 3
Performance Risque Stabilité Variables QTobin Eff ROA CI RC Rsol Tier1 Constant 0,807 *** 75,795*** − 0,938 ** 1,844 4,509 37,407 *** 36,962*** 13,6 8,254 2,159 0,477 1,184 10,15 10,83 BE 0,023 *** − 5,960*** 0,210 *** − 1,787*** − 1,637 ** 5,342*** 5,380 *** 2,728 4,573 2,897 3,134 2,104 8,673 9,534 Taille 0,022 *** − 1,937*** 0,108*** − 0,282 0,056 − 2,318 *** − 2,370 *** 3,848 2,697 3,009 0,914 0,23 7,827 8,776 DF – 0,0007 − 0,253** 0,015 *** 0,251 *** 0,101*** 0,001 0,005 1,488 2,33 3,809 4,88 4,3 0,033 0,161 CD 0,043 − 4,428 1,183 *** 2,658 − 2,833 − 5,731 ** − 5,339** 1,27 0,757 4,984 1,032 1,019 2,441 2,363 Crise07 0,147 *** − 2,485 0,319* − 2,301* − 0,057 2,891 2,615 8,141 0,721 1,862 1,851 0,048 1,086 0,939 Crise08 0,081 *** − 1,381 0,336*** − 1,945* − 0,697 1,088 0,812 4,486 0,404 2,838 1,966 0,929 0,55 0,438 Crise09 0,039 *** − 2,425 0,066 0,396 − 0,307 0,377 0,221 2,742 0,676 0,445 0,306 0,454 0,223 0,133 Observations 150 150 150 150 150 150 150 R² ajusté 0,79 0,18 0,39 0,32 0,18 0,4 0,43 H.Cor. H.Cor. H.Cor. H.Cor. H.Cor. H.Cor.

Résultats des estimations – Modèle 1

Notes : *, ** et *** indiquent la significativité à 10 %, 5 % et 1 % respectivement. H.Cor. : les écarts types sont corrigés en utilisant la matrice de White pour traiter le problème d’hétéroscédasticité. À l’exception de t3, t4 et t5, les résultats des variables temporelles ne sont pas affichés. L’intégration des valeurs retardées des variables explicatives ne change pas significativement les résultats, indiquant ainsi l’absence d’un éventuel biais d’endogénéité.

35Par ailleurs, l’analyse des résultats liés aux ratios de solvabilité Rsol et Tier1 permet de trancher sur la question de la stabilité des banques en fonction de l’origine de l’actionnariat. La propriété étrangère des banques jordaniennes a permis une augmentation significative des ratios prudentiels de solvabilité, qu’il s’agisse du ratio de capital total ou du ratio de capital de première catégorie. Ainsi, les banques contrôlées par des étrangers mènent une politique particulièrement prudente en matière de solvabilité. Cela ne révèle en aucun cas une quelconque faiblesse des fonds propres des établissements domestiques, puisqu’ils respectent les normes en cours, mais un excédent des banques étrangères. Or, rappelons que cet actionnariat étranger est avant tout régional et que la plupart des autorités de régulation prudentielle des pays de la région MOAN ont opté pour des règles renforcées par rapport aux normes internationales [11].

36En complément de ces informations centrales sur la propriété, ces premières estimations révèlent également un effet taille : les grands établissements constituent relativement moins de fonds propres et affichent une meilleure efficience et de meilleures performances boursières, signe probable de l’existence d’économies d’échelles, d’un meilleur process ou d’une meilleure diversification des risques. Ces résultats pourraient également révéler un problème d’aléa moral lié au too big to fail. Mais les ratios prudentiels de solvabilité, largement supérieurs à ceux imposés par les autorités bancaires, conduisent à réfuter cette hypothèse. Par ailleurs, les banques capables de diversifier leurs sources de revenus (DF) affichent une meilleure performance, que celle-ci soit mesurée par l’indicateur de profitabilité ROA ou l’efficience de l’établissement. Elles détiennent pourtant un portefeuille de crédit de moindre qualité. Enfin, la capacité d’aller chercher des ressources au-delà des dépôts de la clientèle procure un supplément de ROA. Un tel business model, qui peut être considéré comme une prise de risque plus forte en cas de crise, est adopté par des établissements avec des ratios de solvabilité faibles.

37L’analyse de la dimension longitudinale permet d’observer les éventuelles conséquences de la crise économique et financière internationale sur la santé financière des établissements étudiés. En l’occurrence, les signes positifs et significatifs dans l’équation du Q de Tobin et, dans une moindre mesure, dans celle du ROA, semblent confirmer l’hypothèse selon laquelle les banques jordaniennes ont traversé la crise sans choc brutal. La réduction des créances interbancaires internationales (cf. graphique 4) et la concentration du portefeuille de crédit sur des agents résidents ont probablement protégé le système bancaire jordanien. Cependant, les marchés financiers étant interconnectés, la dynamique positive sur le Q de Tobin s’estompe progressivement.

38Nous construisons dans le second modèle des interactions entre les variables BE et Taille (tableau 4). L’objectif est d’affiner l’analyse par l’étude de l’impact de la propriété étrangère sur les endogènes en fonction de la dimension de la banque. Pour ce qui relève des mesures de performance, si l’on se concentre sur la valeur de marché (QTobin), l’effet annoncé d’une profitabilité relativement élevée des banques étrangères se concentre en réalité sur les banques étrangères de grande taille (Housing Bank for Trade & Finance, Arab Bank, Jordan Islamic Bank et Jordan Kuwait Bank pour ces dernières [12]). Ce constat est étendu aux banques de taille moyenne pour l’efficacité (Eff) et la performance comptable (ROA). À l’inverse, observons que les petites banques étrangères (Société Générale de Banque Jordanie et Arab Banking Corporation) présentent un ratio (Eff) supérieur à celui des établissements domestiques.

Tableau 4

Résultats des estimations – Modèle 2

Tableau 4
Performance Risque Stabilité Variables QTobin Eff ROA CI RC Rsol Tier1 Constant 1,021*** 65,881*** 0,445 5,070 5,562*** 17,167*** 16,493*** 35,94 13,83 1,473 1,560 3,402 6,177 5,990 BE*TQ1 − 0,017 5,916*** 0,013 2,041 − 0,952 9,332*** 9,633*** 0,839 2,891 0,112 1,392 1,291 7,440 7,752 BE*TQ2 0,006 − 9,115*** 0,318*** − 4,501*** − 2,710*** 2,446* 2,465* 0,721 6,270 2,967 3,041 3,638 1,932 1,965 BE*TQ3 0,069*** − 8,984*** 0,206** − 3,487*** − 1,469** 2,107** 2,619*** 4,747 6,786 2,261 3,076 2,575 2,173 2,726 DF − 0,001** − 0,304*** 0,004 0,175*** 0,070** 0,022 0,0247 2,244 3,386 0,913 2,844 2,263 0,434 0,471 CD − 0,019 − 5,898 0,681*** − 1,586 − 3,416** − 1,411 − 1,432 0,667 1,283 2,679 0,499 2,139 0,519 0,532 Observations 150 150 150 150 150 150 150 R² ajusté 0,80 0,42 0,25 0,19 0,19 0,26 0,28 H.Cor. H.Cor.

Résultats des estimations – Modèle 2

Notes : *, ** et *** indiquent la significativité à 10 %, 5 % et 1 % respectivement. H.Cor. : les écarts types sont corrigés en utilisant la matrice de White pour traiter le problème d’hétéroscédasticité. Les résultats des variables temporelles ne sont pas affichés.

39Pour les mesures de risque, les résultats du modèle 2 confirment ceux obtenus précédemment quant à la qualité du portefeuille de crédit des banques étrangères, là encore à l’exclusion des plus petites d’entre elles. Notons aussi que pour cette variable CI, les banques étrangères de taille moyenne présentent un coefficient supérieur à celui des établissements étrangers plus grands. Cela pourrait s’expliquer par la capacité des grandes banques à absorber des risques plus importants que les autres établissements en visant une plus grande dilution des risques (Bertay, Demirgüç-Kunt et Huizinga [2013]). Enfin, pour ce qui concerne les mesures de stabilité, les résultats des modèles 1 et 2 mettant en exergue l’effet positif de la propriété étrangère des banques sur le niveau des ratios est confirmé, quelle que soit la taille et quel que soit le ratio prudentiel considéré. Mais l’effet le plus massif apparaît pour les petites banques étrangères, particulièrement prudentes comparativement aux établissements domestiques. Une telle surabondance de fonds propres pour ces petites banques pourrait être une cause de leur mauvaise efficience relative.

Conclusion

40La participation étrangère au capital des banques jordaniennes a considérablement augmenté au cours de ces deux dernières décennies. Nous avons analysé dans cet article l’impact de l’origine de la propriété des établissements bancaires cotés sur leur performance, sur la qualité de leur portefeuille de crédit et, enfin, sur leur respect des normes réglementaires prudentielles en matière de solvabilité, durant la période 2005-2015. Pour ce faire, plusieurs mesures ont été utilisées afin de donner plus de robustesse aux résultats. Ces derniers apportent ainsi des éléments en faveur d’une influence positive des banques étrangères sur les différentes variables endogènes employées dans cette étude. Plus précisément, nous montrons une surperformance des banques étrangères par rapport aux banques domestiques, que l’on se réfère à la rentabilité des actifs ou à l’efficience comptable, ce qui conforte des résultats obtenus dans d’autres pays en transition (notamment Claessens, Demirgüç-Kunt et Huizinga [2000]). En complément, nous montrons que cette surperformance est également avalisée par les acteurs de marché à travers les valeurs du ratio Q de Tobin. De surcroît, les banques détenues majoritairement par des étrangers se caractérisent par une meilleure gestion des risques liés au crédit, et présentent ainsi un portefeuille de meilleure qualité. Enfin, alors que cette question n’a guère été traitée par des travaux préalables, il apparaît que les banques étrangères adoptent une politique particulièrement rigoureuse en matière de solvabilité. Notons cependant qu’un tel résultat devra faire l’objet de vérifications dans d’autres zones géographiques puisqu’en l’occurrence la participation étrangère dans les banques jordaniennes provient principalement des pays de la région MOAN, où les ratios prudentiels internationaux sont traditionnellement élevés. Toutes ces conclusions résistent à la prise en compte de la récente crise économique et financière internationale de 2007-2008.

41Pour aller plus en profondeur dans l’analyse, nous développons une approche méthodologique incluant des interactions entre l’actionnariat étranger et la taille de l’établissement. Trois résultats complémentaires importants en découlent. Premièrement, les petites banques à propriété étrangère sont moins efficientes que les autres établissements étrangers, mais aussi que les banques domestiques. Ensuite, les banques étrangères de taille moyenne semblent détenir un portefeuille de crédit plus performant que celui des établissements étrangers les plus grands. Enfin, même si globalement la présence majoritaire d’un actionnariat étranger correspond à plus de stabilité bancaire, l’effet le plus marquant concerne les petites banques étrangères. Leur grande prudence leur permet potentiellement d’augmenter leur probabilité de survie en période de tension (Berger et Bouwman [2013]). Ainsi, au-delà des spécificités du marché jordanien, notre étude met en évidence l’importance de la prise en compte de la taille des établissements détenus par des investisseurs internationaux. Ce résultat propose une extension de la littérature existante sur la question de l’actionnariat étranger.

Nous remercions les deux rapporteurs de la Revue économique pour leurs commentaires utiles et constructifs.
Annexes

I – Liste des établissements étudiés

42Arab Bank PLC, Housing Bank for Trade & Finance, Jordan Ahli Bank, Bank of Jordan, Cairo Amman Bank, Bank al Etihad, Capital Bank of Jordan, Arab Jordan Investment Bank, Jordan Islamic Bank, Jordan Kuwait Bank, Arab Banking Corporation, Invest Bank, Société Générale de Banque Jordanie, et Jordan Commercial Bank.

II – Matrice des corrélations

tableau im10
BE Taille DF CD BE*TQ1 BE*TQ2 BE*TQ3 1,00 0,248** – 0,102 – 0,009 0,409** 0,423** 0,591** BE 1,00 – 0,317** – 0,354** – 0,467** – 0,037 0,698** Taille 1,00 – 0,149 0,134 – 0,026 – 0,210** DF 1,00 0,283** – 0,038 – 0,201* CD 1,00 – 0,120 – 0,167* BE*TQ1 1,00 – 0,173* BE*TQ2 1,00 BE*TQ3
Notes : 5 % valeur critique (bilatéral) = 0,1603 pour n = 150. * La corrélation est significative au niveau 0,05. ** La corrélation est significative au niveau 0,01.

Notes

  • [1]
    La loi n° 23 de 1997 consiste à dissocier les autorités de contrôle des autorités d’exécution de l’Amman Financial Market, et la loi bancaire de 2000 régule notamment les opérations bancaires traditionnelles, le secret bancaire et l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché.
  • [2]
    Des quinze banques cotées, nous retirons la Jordan Dubai Islamic Bank, en phase de restructuration durant cette période.
  • [3]
    L’indice de Herfindahl fournit une mesure de la concentration du marché. Une valeur supérieure à 2 000 rend compte d’un marché considéré comme concentré.
  • [4]
    Toutes les banques définies comme étrangères le demeurent jusqu’à la fin de la période d’analyse.
  • [5]
    Seuls les placements stratégiques avec une influence notable sont pris en compte (entre 20 % et 50 %).
  • [6]
    Pourcentage du total des actifs bancaires.
  • [7]
    Au regard de la taille de l’échantillon (quatorze banques par an), nous utilisons l’efficience comptable plutôt que l’efficience technique DEA, souvent employée dans les études transnationales des pays émergents. Cela s’explique par la nécessité d’avoir un nombre élevé d’observations pour la fiabilité des résultats (Weill [2006]).
  • [8]
    Nous limitons l’analyse des risques bancaires au risque de crédit car les données sur les autres risques réglementaires (risque de marché, risque opérationnel) ne sont pas disponibles.
  • [9]
    La valeur des fonds propres Tier 2 proportionnellement faible signifie que les banques évitent l’utilisation du capital hybride et des instruments de dette subordonnée.
  • [10]
    La matrice de corrélation des variables explicatives est présentée en annexe II.
  • [11]
    La moyenne du ratio de solvabilité dans la région MOAN est de 20,26 sur la période 1999-2013 (Bitar, Saad et Benlemlih [2016]).
  • [12]
    Seule la Housing Bank for Trade & Finance est « grande » selon nos critères dès le début de la période.
Français

En ouvrant son marché bancaire à l’international au milieu des années 1990, la Jordanie a autorisé une remise en cause du modèle existant et la montée d’un actionnariat étranger. Cette étude a pour objectif d’analyser l’impact de l’origine de la propriété des banques cotées durant la période 2005-2015 sur leur performance, leur exposition au risque de crédit et la constitution de fonds propres. Nous montrons qu’un actionnariat étranger dominant est fortement discriminant sur ces trois critères : ratios de solvabilité élevés, qualité supérieure du portefeuille de crédit, meilleure performance que les banques domestiques. Une analyse plus détaillée relative à la taille des banques étrangères permet d’observer que les plus petites d’entre elles se distinguent par une surabondance de fonds propres et par une faible efficience. Nous mettons ainsi en exergue l’intérêt de la prise en compte de cette dimension dans l’analyse de la propriété des banques.
Classification JEL : G21, G32, G38.

Mots-clés

  • performance bancaire
  • structure actionnariale
  • risques bancaires

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Bruno Séjourné
GRANEM – Université d’Angers, Faculté de droit, d’économie et de gestion. Correspondance : 13 allée François Mitterrand, BP 13633, 49036 Angers Cedex 01, France.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 08/04/2019
https://doi.org/10.3917/reco.pr2.0130
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