CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1La découverte, dans les années 1970, des succès inattendus et spectaculaires en termes de croissance, d’emploi et d’exportation de la mosaïque de micro-systèmes productifs de la « Troisième Italie » est à l’origine de la réhabilitation du concept de district industriel et de l’essor des recherches consacrées aux territoires productifs dont le développement s’explique moins par leur dotation initiale en facteurs de production que par les avantages qu’ils tirent de la concentration géographique des activités [1].

2Les recherches les plus nombreuses concernent bien sûr l’Italie, mais elles connaissent aussi un réel succès hors de la péninsule, même si le concept de district y rencontre la concurrence de concepts alternatifs. Par ailleurs, la question de la « localisation de l’industrie » (A. Marshall) a suscité un large débat international qui dépasse les frontières des cercles académiques car le concept de district sert désormais de fondement aux politiques de développement local, si bien que l’enchevêtrement entre enjeux scientifiques et politiques est particulièrement serré.

3L’étude des districts a d’abord été le monopole des sociologues et des économistes qui en ont donné des descriptions très stylisées, avant que dans les années 1990 les historiens ne s’y intéressent à leur tour, car le concept de district fournit les ressources théoriques pour penser les phénomènes d’agglomération des activités industrielles [2]. Aujourd’hui, la littérature sur les districts, du reste essentiellement monographique, est si abondante qu’elle défie l’analyse. Cependant, on ne peut qu’être perplexe devant le mélange de forces et de faiblesses d’une approche à la fois foisonnante, fragmentaire, floue et souvent répétitive, où l’analyse historique n’a pas encore réellement trouvé toute sa place car le passage du concept à l’histoire soulève de nombreux problèmes à la fois théoriques, méthodologiques et empiriques.

4C’est pourquoi il importe, d’une part, d’expliciter et de clarifier le contenu même du concept de district en retraçant l’histoire de son élaboration et de sa diffusion, et, de l’autre, de réfléchir sur l’intérêt de ce concept pour la recherche historique en faisant le point sur les acquis, les questions ouvertes et les problèmes de méthode.

Genèse et diffusion du concept de district industriel

De la Troisième Italie au district industriel

5C’est A. Bagnasco qui, le premier, a attiré l’attention en 1977 sur l’originalité du modèle d’industrialisation diffuse caractéristique de la « Troisième Italie » [3]. Ces régions « intermédiaires », situées entre le triangle industriel du Nord-Ouest et le Mezzogiorno (Marches, Ombrie, Toscane, Émilie, Vénitie), sont spécialisées dans des activités traditionnelles (habillement, chaussure, cuir, meuble…) ou plus modernes (petite mécanique, électrotechnique…) dont le procès de production peut être aisément décomposé. Selon Bagnasco, leur développement repose sur de petites entreprises caractérisées par une faible intensité en capital, une productivité du travail assez basse et une main-d’œuvre moins chère que dans le Nord-Ouest. En soulignant que leur succès est le résultat d’une voie spécifique de développement qui s’appuie sur la diffusion du « travail autonome » et de la petite entreprise, il renverse l’approche traditionnelle qui y voyait autant de symptômes d’un développement pathologique, mais sans idéaliser pour autant la dynamique de développement de ces régions qu’il explique par la position « périphérique » de l’Italie dans la division internationale du travail et de la Troisième Italie par rapport au Nord-Ouest.

6À la suite de ce livre, de nombreux chercheurs se sont tournés vers l’étude de ces systèmes productifs localisés et des conditions historiques de leur formation [4], mais leurs travaux étaient dépourvus d’unité conceptuelle car, pour définir les formes d’industrialisation différentes du modèle dominant organisé autour de la grande entreprise, on parlait alors indifféremment d’« industrialisation diffuse », de « systèmes de pme », d’« économie périphérique » ou de « décentralisation productive ». C’est la « redécouverte » en 1979 par G. Becattini, économiste connu pour ses travaux sur l’industrialisation de la Toscane [5], du concept marshallien de district industriel qui a permis d’unifier progressivement ce champ de recherche très hétérogène situé à cheval sur l’économie, la sociologie et la géographie régionale. A. Marshall ne montrait-il pas que la grande industrie peut coexister avec des concentrations de petites entreprises spécialisées dont l’efficacité s’explique par les économies externes dont elles bénéficient collectivement [6] ? Dans un article significativement intitulé « Du secteur au district industriel », Becattini soulignait la nécessité de substituer le district au secteur comme « unité appropriée de recherche et d’intervention » et signalait l’importance, à cette échelle, des économies externes et du sens de l’appartenance [7].

7Si on synthétise les résultats des travaux sur les districts, on obtient une description standard qui associe les traits suivants : un territoire organisé autour d’une petite ville, la spécialisation dans la fabrication d’un produit spécifique exigeant la mise en œuvre de savoir-faire accumulés localement, l’agglomération de nombreuses pme spécialisées liées entre elles par des rapports de concurrence et de coopération, l’importance des économies externes permises par la proximité géographique et l’homogénéité socioculturelle du territoire, une atmosphère favorable à l’apprentissage et à l’innovation, un marché du travail segmenté et très flexible, un fort consensus social, des institutions collectives et un vigoureux sentiment d’appartenance à la communauté locale.

8C’est encore Becattini qui proposa une définition unificatrice du district, mûrie dans les travaux réalisés au cours des années 1980 [8], dont on trouve la forme la plus élaborée dans son article-manifeste de 1989 « Réflexions sur le district industriel marshallien comme concept socio-économique » où, s’appuyant sur l’exemple du centre lainier de Prato en Toscane, il le définit comme

9

« une entité socio-territoriale caractérisée par l’association active, dans une aire territoriale circonscrite et historiquement déterminée, d’une communauté de personnes et d’une population d’entreprises industrielles. Dans le district, à la différence de ce qui se produit dans d’autres milieux, par exemple la ville manufacturière, la communauté et les entreprises tendent, pour ainsi dire, à s’interpénétrer [9] ».

10Cette définition fait de l’osmose entre le système des entreprises et la communauté locale le cœur du fonctionnement et de la dynamique du district. Autrement dit, de purement économique chez Marshall, le concept de district est devenu, avec Becattini, « socio-économique ».

Un concept en quête d’auteur

11Becattini s’est efforcé d’imposer l’idée que le concept de district industriel formulé en Italie à la fin des années 1970 et au début des années 1980 est une « redécouverte » et un « approfondissement » du concept marshallien de district et qu’il y a entre eux une identité substantielle [10]. Cependant, à lire Marshall à la lumière de Becattini, on prête au premier des idées qui lui étaient foncièrement étrangères. Ce qui, paradoxalement, a pour conséquence de minorer l’apport de l’école italienne, mais la recherche de la légitimité était sans doute à ce prix.

12C’est dans le chapitre X de ses Principes d’économie politique que Marshall analyse le phénomène de « localisation de l’industrie », c’est-à-dire « la concentration d’un grand nombre de petites entreprises dans certaines localités » [11]. La structure économique qu’il décrit présente un ensemble de traits étroitement articulés : l’agglomération de l’industrie sur un territoire géographiquement délimité, la spécialisation de l’industrie dans une seule production, le rassemblement d’un grand nombre d’entreprises de petite taille spécialisées dans une phase (ou un petit nombre de phases) de la fabrication du produit, le développement d’activités industrielles et commerciales auxiliaires, une atmosphère industrielle favorable à l’apprentissage et à l’innovation, et un réservoir de main-d’œuvre qualifiée et mobile.

13Marshall explique l’agglomération initiale des activités économiques par la présence d’avantages comparatifs – ressources naturelles, facilités de communication ou protection d’une cour princière – mais « lorsqu’une industrie a ainsi choisi une localité, elle a des chances d’y rester longtemps, tant sont grands les avantages que présente pour les gens adonnés à la même industrie qualifiée, le fait d’être près les uns des autres [12] ». Autrement dit, la pérennité de la concentration géographique de l’industrie dans un site donné dépend des économies externes dont, avec le temps, elle bénéficie et qui induisent un processus cumulatif de renforcement de la dynamique territoriale. La grande originalité de Marshall est, en effet, de distinguer les économies internes « qui tiennent aux ressources des entreprises individuelles, à leur organisation et à l’excellence de leur direction » des économies externes qui « tiennent au développement général de l’industrie [13] ». La concentration géographique permet de bénéficier d’une variété particulière d’économies externes : celles générées par l’agglomération des activités économiques. En effet, les entreprises d’un district industriel tirent avantage d’avoir accès à des biens intermédiaires et des services spécialisés à moindre coût, à une main-d’œuvre spécialisée et qualifiée, et à un réservoir de connaissances techniques communes reposant sur l’apprentissage collectif et le partage des informations. C’est dire que la dynamique du district marshallien repose moins sur les avantages initialement donnés que sur ceux créés au fil du temps. Par ailleurs, contrairement aux réinterprétations récentes, le fonctionnement du district marshallien ne dépend pas de la confiance et de la coopération entre les entreprises mais des mécanismes du marché car il est « hautement concurrentiel dans le sens néo-classique du mot [14] ».

14La reconnaissance des avantages de la concentration géographique d’un grand nombre de petites entreprises spécialisées n’entraîne chez Marshall aucune fétichisation du district. En effet, un district dominé par une seule industrie « offre quelques inconvénients » puisqu’il ne peut fournir du travail à toute la population et subit forcément les variations du marché sans pouvoir les compenser. Au contraire, dans les grandes villes manufacturières, « les avantages qu’offre la variété d’occupations se combinent avec ceux de la localisation de l’industrie ». De plus, les avantages nés de l’agglomération ne compensent pas toujours les handicaps dont souffrent les petites entreprises en raison de leur taille car il arrive que leur production ne soit pas suffisante pour justifier l’emploi de machines coûteuses et variées, ce qui les oblige à « faire beaucoup de choses à la main ou avec des machines imparfaites ». En outre, un district peut disparaître lorsque la concentration se développe car elle comporte inévitablement un risque de « desserrement des liens » avec le territoire. Enfin, avec les progrès des moyens de communication et d’échange, les économies externes voient leur importance diminuer au profit des économies internes ou bien « deviennent nationales ou même internationales plutôt que locales », ce qui tend à réduire la portée du phénomène de « localisation de l’industrie » [15]. Au total, ce qui fait l’intérêt de l’analyse de Marshall, c’est qu’il raisonne moins en termes de modèle que de dynamique.

15Marshall et Becattini ont bien en commun l’idée que la concentration d’un grand nombre de petites entreprises spécialisées sur un même territoire génère des économies d’agglomération, mais l’idée d’osmose entre le système des entreprises et la communauté locale est tout à fait étrangère au premier. En effet, alors que Marshall limite son analyse au seul système des entreprises, l’économiste italien explique son fonctionnement et sa dynamique par les caractéristiques de la communauté locale. La notion d’« atmosphère industrielle » est au centre de ce glissement : alors que, chez Marshall, elle désigne exclusivement l’accumulation locale de savoir-faire, Becattini lui donne un contenu social et l’interprète, à la fois, comme l’ensemble des conditions qui fondent la cohésion sociale et la communauté de valeurs de la population locale et comme l’ensemble des relations entre tous les acteurs du territoire qui rendent possible l’apprentissage collectif [16].

16Du reste, après près avoir longtemps identifié le district à l’italienne au district marshallien, Becattini a fini par affirmer qu’il se distingue par un type particulier d’économies externes :

17

« La source des avantages compétitifs spécifiques (du district) est profondément enracinée dans le rapport unique de symbiose entre l’appareil productif, dont la population des entreprises forme le cœur, et la société locale dans toutes ses composantes. Les économies externes qui donnent au district l’avantage compétitif qui lui est propre, sont dues aux processus autoéducateurs de la communauté, qui ajustent comportements, institutions, connaissances et valeurs, aux exigences émergentes du marché des produits du district, tout en respectant cependant une certaine continuité avec la conception locale traditionnelle de ce qui est socialement juste et équitable [17]. »

Le paradigme du district industriel : cristallisation et diffusion

18En Italie même, la reconnaissance de l’importance des districts industriels pour le développement économique de la péninsule n’a été ni immédiate ni générale car elle s’est heurtée à une série d’obstacles solidement enracinés dans la théorie économique dominante : l’idée que la petite entreprise est condamnée à disparaître, l’indifférence à l’égard des aspects territoriaux du développement économique et le refus de donner de l’épaisseur sociale à l’analyse. Cependant, le contraste entre les succès éclatants des districts et les difficultés des grandes entreprises du triangle industriel, le soutien des institutions locales et professionnelles qui y trouvaient la justification de la voie de développement choisie et l’influence des travaux étrangers voyant dans la concentration géographique de l’industrie une source d’avantages concurrentiels [18], ont favorisé la formation et la diffusion du « paradigme [19] » autour duquel s’est constituée une communauté de recherche qui réunit des spécialistes de diverses disciplines – économie, sociologie, géographie régionale, sciences politiques, gestion et histoire –, dispose depuis 1994 de sa propre revue (Sviluppo locale) et a élaboré, à travers d’innombrables colloques et ouvrages collectifs, un fonds commun d’idées générales, d’hypothèses et d’exemples canoniques que diffusent les manuels. Néanmoins, en raison de la variété des approches disciplinaires et du croisement avec les apports d’autres écoles – le postfordisme de Piore et Sabel, l’école californienne de géographie de Scott, l’économie des coûts de transaction de Williamson, les milieux innovateurs de Aydalot, les systèmes productifs localisés de Courlet –, ce processus de convergence n’a pas abouti à une unité complète, si bien que les justifications théoriques mobilisées ne sont que faiblement cohérentes.

19Parallèlement, l’idée de modèle unique s’est imposée tant en Italie qu’à l’extérieur de la péninsule. Le souci de dégager les conditions de possibilité et la spécificité du phénomène a conduit à privilégier ses caractéristiques générales et sa cohérence au détriment des formes concrètes, très diverses, qu’il a prises dans l’espace et le temps [20]. Cette tendance culmine avec G. Fuà qui n’hésite pas à parler du « modèle nec » (Nord-Est-Centre) défini comme un modèle d’industrialisation bien adapté à un pays au « développement économique récent », fondé sur « un système de petites entreprises » et ayant « la capacité à valoriser les ressources locales (…) sans rupture par rapport à ses racines historiques » [21]. Les études qui ont suivi ont donné du phénomène une représentation très stylisée qui met fortement l’accent sur son unité et son homogénéité [22] et ignore la possibilité des crises, des bifurcations et des échecs. Enfin, à force de décrire les districts comme un modèle productif radicalement opposé au monde de la production de masse, hiérarchisé, rigide et standardisé, on a fini par en pousser très loin l’idéalisation. C’est ainsi que Becattini voit dans les districts industriels « un mode de production distinct du capitalisme ordinaire, et non un simple épisode de celui-ci [23] », et prétend qu’il est à la fois économiquement plus efficace, socialement plus juste, politiquement plus démocratique et plus respectueux de l’environnement [24] !

20Hors de la péninsule, les districts italiens sont devenus un modèle de référence commode : c’est que c’était à la fois un moyen pour échapper aux paradigmes dominants et un gage de scientificité. D’où l’insistance là encore sur l’unicité du modèle. En France, par exemple, n’a-t-on pas identifié « les systèmes industriels localisés issus de l’industrialisation diffuse » (Cholet, Oyonnax…) aux districts italiens en se référant à l’œuvre de Becattini [25] ? Par ailleurs, la focalisation sur les districts italiens a été justifiée en y voyant l’idéal-type du district par rapport auquel les districts repérés ailleurs ne représenteraient que des « variations de degré » ou des « différences de détails » [26].

21La promotion du district industriel à l’italienne comme modèle unique doit beaucoup au « paradigme de la spécialisation flexible » popularisé par M. Piore et C. Sabel qui ont interprété le succès des districts comme la conséquence du passage d’un mode d’accumulation à un autre [27]. La crise du fordisme qui se noue dans les années 1970 aurait provoqué la substitution d’un modèle de développement économique fondé sur la grande entreprise et la production de masse à un autre basé sur la petite entreprise et la spécialisation flexible, dont le district serait la forme spatiale [28]. Quoique les critiques n’aient pas manqué pour rappeler que la sortie de la crise du fordisme ne se réduit pas à l’avènement des districts et que les grandes entreprises globalisées se portent bien [29], cette interprétation a connu un grand succès auquel la polysémie de la notion de flexibilité n’a sans doute pas peu contribué [30]. Ajoutant encore à la confusion, Becattini n’a-t-il pas prétendu que les districts italiens « étaient déjà postfordistes sans le savoir [31] » ?

22En s’étendant hors d’Italie à partir du milieu des années 1980, les recherches sur les systèmes territorialisés de production ont permis d’identifier sur tous les continents des formes comparables ou proches des districts [32]. Toutefois, elles apparaissent tiraillées entre la fascination pour le modèle italien et la volonté de mettre en relief ce qui fait la spécificité de chaque cas étudié. D’où la floraison de concepts mal différenciés et concurrents – système territorial de production, système productif localisé (ou local), région intelligente (ou apprenante), milieu innovateur, cluster, système industriel local, sanchi, pôle industriel de développement, district technologique… – qui traduit l’insatisfaction à l’égard d’un modèle italien trop étroit pour subsumer l’ensemble des cas mis à jour.

Pour une appropriation critique du concept de district

23L’examen critique des travaux sur les systèmes territoriaux de production, tant en Italie que dans d’autres pays, soulève de très nombreuses questions par rapport au modèle canonique que l’on doit aux districtologues italiens. D’une part, nombre d’hypothèses essentielles sur l’organisation et le fonctionnement des districts n’ont pas fait l’objet d’une vérification empirique approfondie [33]. D’autre part, les évolutions récentes des districts suggèrent de nouvelles questions qui engagent à remettre en cause, au moins en partie, les analyses antérieures. Enfin, le progrès de la recherche dépend aussi d’une réflexion sur les méthodes utilisées qui sont bien loin d’être toujours les plus fécondes.

Concepts et typologies

24La première difficulté vient de ce que aucune définition n’est acceptée unanimement. En effet, le modèle becattinien, longtemps dominant, apparaît aujourd’hui trop étroit et trop rigide, et est concurrencé par des concepts alternatifs qui prétendent le corriger ou le compléter, voire le remplacer.

25Malgré les affirmations répétées de Becattini et de ses disciples, l’unicité des districts italiens est douteuse car il existe entre eux des différences significatives en ce qui concerne la localisation, les conditions de formation, la structure interne, la logique de fonctionnement et la trajectoire de développement. Si bien que, en privilégiant la petite ville, une structure sociale dominée par les artisans et les petits entrepreneurs, les petites entreprises et les connaissances tacites, le modèle simplifie exagérément la réalité. Par ailleurs, la prétention à l’universalité d’un modèle, qui est très étroitement lié à l’histoire italienne [34], est tout aussi contestable car, dans chaque pays, les caractéristiques des districts dépendent du niveau d’industrialisation, de la place dans la division internationale du travail [35] et de la structuration du système économique et politique national [36].

26C’est pourquoi on commettrait une erreur à vouloir retrouver à tout prix dans chaque cas étudié les caractéristiques du district becattinien car la réalité, y compris italienne, est infiniment plus complexe et diverse. Au contraire, nous avons besoin d’analyses riches en détail qui cherchent à pénétrer dans l’organisation, le fonctionnement et l’histoire de chaque système territorialisé de production afin d’en mettre en relief la spécificité. Toutefois, il serait peu fécond de se contenter d’accumuler les monographies au risque d’hypostasier les particularités de chaque système local et de donner à croire qu’il y a autant d’espèces que de cas. Aussi l’approche comparative est-elle indispensable car elle seule permet de construire des typologies fines, étant entendu que, dans la réalité, les formes hybrides ne sont pas rares et que, pour survivre, un district peut se transformer d’une configuration en une autre.

27La littérature propose aujourd’hui plusieurs typologies. Becattini distingue deux variétés de spl : le district industriel et le pôle industriel, et deux types de district : le district marshallien et le district industriel italien [37]. M. Bellandi et F. Sforzi identifient cinq formes de « systèmes locaux » : le pôle industriel, le système local dépendant, le système rural local, le système métropolitain et le district industriel [38]. C. Courlet définit quatre variétés de spl : le district industriel dont l’Italie offre le modèle classique, le district technologique, les grappes de pme en émergence et les systèmes de pme organisés autour de firmes pivots [39]. M. Perry recense quatre types de districts : marshallien ; à l’italienne dont Prato est l’archétype ; ceux qui, à l’instar de la Silicon Valley, associent réseau d’entreprises marshallien et réseau d’investisseurs apportant le capital-risque ; et des districts organisés autour d’une ou plusieurs grandes firmes pour qui travaillent fournisseurs et sous-traitants [40]. A. Markussen distingue le district industriel marshallien, dont le district à l’italienne serait une variante ; le district rayonnant (hub-and-spoke district) dominé par une ou plusieurs firmes intégrées entourées par leurs fournisseurs ; la plateforme industrielle satellite regroupant des entreprises dépendant de grandes firmes extérieures ; et le district industriel dépendant de l’État [41]. Enfin, pour sa part, J. Zeitlin ne propose pas de typologie mais suggère de revenir à la définition marshallienne par rapport à laquelle il s’agirait de mesurer les écarts [42]. La diversité de ces solutions est une invitation à soumettre leurs fondements à un examen critique approfondi et à éprouver leur capacité à guider la recherche en les confrontant à la réalité empirique.

Les districts ont une histoire

28À force de décrire les districts en termes de modèle, on oublie trop souvent qu’ils ont une histoire : ils naissent, vivent, meurent et, éventuellement, renaissent. Au demeurant, n’est-il pas significatif que, dans une histoire du capitalisme italien contemporain, le chapitre consacré aux districts ne dise à peu près rien de leur histoire [43] ?

29La pente dominante de la littérature est d’expliquer l’émergence des districts à partir de processus très anciens. Pour G. L. Fontana, il n’y a pas de solution de continuité entre la situation actuelle et l’« arrière-fond » historique, si bien que l’historien a pour tâche de faire ressortir les « facteurs de longue durée » susceptibles de l’expliquer puisque l’histoire récente ne serait que le développement d’un « code génétique » [44]. Bien plus, selon A. Guenzi « le moment de la formation (des districts) a certainement moins d’importance que le processus de formation (souvent de moyenne ou de longue durée) de leurs préconditions » [45] ! Le thème des préconditions qui court comme un leitmotiv à travers toute la littérature a trouvé chez Becattini sa formulation la plus radicale :

30

« Peut-être la naissance des districts pourrait-elle se présenter comme une renaissance. Il y a en fait le soupçon que, en développant et en adoptant des institutions qui remontent à l’époque des Communes, de nombreux producteurs de nos États régionaux ont découvert, jusque dans l’Ancien Régime, des formes d’organisation de la production et de la communauté ainsi que de régulation des rapports d’échange internes qui anticipent certains aspects de la formule des districts. Deux exemples : la manufacture dispersée de Datini à Prato et le district de la soie de Bologne au xvie siècle pourraient être à l’origine des plus récents développements des districts. Quelque chose de ces expériences, apparemment balayées par la révolution industrielle, pourrait s’être conservé – en hibernation dans la mémoire de ces communautés industrielles – jusqu’à la saison des districts [46] ».

31Inutile de dire que, sur de telles bases, il n’y a pas d’histoire possible. Dans son Apologie pour l’histoire, M. Bloch a critiqué avec beaucoup de verve la « hantise des origines » qui amène à confondre la recherche des commencements avec celle des causes et, en déroulant le fil d’une tradition dont on est bien en peine d’expliquer le maintien, une filiation avec une explication, en oubliant ce principe fondamental que « jamais un phénomène historique ne s’explique pleinement en dehors de l’étude de son moment [47] ». Sans doute des éléments hérités d’un passé plus ou moins lointain sont-ils susceptibles d’être réactivés et transformés par les nécessités du présent, mais ce sont ces nécessités et les forces qui les portent qui doivent d’abord retenir l’attention. Est-il vraiment nécessaire de rappeler que, à Prato comme ailleurs, le petit patron d’aujourd’hui n’est nullement l’héritier du tisserand du xiiie siècle ? C’est ainsi, par exemple, que dans les zones de décentralisation productive nées de la désintégration des grandes entreprises, ce n’est pas le souvenir des traditions artisanales remontant au Moyen Âge qui explique la formation de systèmes de petites entreprises mais la volonté des grandes entreprises d’obtenir une plus grande flexibilité et d’alléger leurs coûts en développant une sous-traitance dont elles comptaient bien garder le contrôle, et la fuite devant l’usine et le travail taylorisé d’ouvriers qui voyaient dans le « travail autonome » une forme d’émancipation [48]. C’est dire, de manière plus générale, que pour rendre compte de l’émergence des districts, il est indispensable de montrer comment la configuration productive antérieure s’est transformée en une nouvelle, ce qui conduit à s’intéresser au moment où naît le nouveau, aux acteurs qui ont été les promoteurs et aux événements déclencheurs.

32Par ailleurs, la phase actuelle de l’histoire des districts mérite également de retenir l’attention. Un district n’est pas un système clos mais évolue en interaction avec l’économie mondiale. Avec la globalisation qui exerce de fortes pressions sur les districts, on voit se développer de nouvelles tendances qui sont susceptibles de remettre en cause les bases sur lesquelles ils se sont construits : d’une part, des multinationales étrangères y implantent des filiales ou prennent le contrôle d’entreprises locales pour profiter des dynamiques endogènes ; d’autre part, alors que s’aiguise la concurrence des pays à bas salaires, un nombre croissant d’entreprises y délocalisent leur production [49]. Face à ces évolutions qui comportent un risque d’affaiblissement ou de dissolution des districts par desserrement des liens entre les entreprises et le territoire, on ne peut se contenter d’affirmer que les districts évoluent et s’adaptent. Au contraire, il faut s’interroger sur les transformations qu’elles entraînent dans leur organisation, leur fonctionnement et leur trajectoire de développement.

Le rôle de l’État national et des politiques publiques

33La littérature sur les districts, notamment italiens, a trop tendance à exagérer leur autonomie pour n’y voir que le résultat de la rencontre de dynamiques locales et d’un contexte global, comme si leur développement pouvait être dissocié de la structuration du système économique et politique national.

34Il serait excessif d’affirmer que leur croissance a été décrite comme si elle s’effectuait hors de tout cadre institutionnel car on a peu à peu découvert le rôle des institutions intermédiaires [50], mais en revanche on a très largement sous-estimé celui de l’État central. L. Weiss a, la première, souligné le rôle joué par l’État italien dominé par une démocratie chrétienne dont le programme faisait une place centrale à la petite entreprise afin de lutter contre le sous-emploi et les tensions sociales : le statut de l’artisan et une politique de crédit favorable aux petites entreprises ont contribué au développement de ce microcapitalisme qui, plus que la grande entreprise soutenue par l’État, serait la véritable spécificité italienne [51]. Ce que confirme l’analyse de A. Arrighetti et G. Seravalli sur le « dualisme dimensionnel » de l’industrie italienne : les entreprises de moins de 100 salariés ont reçu une part plus importante de l’aide publique que les plus grandes alors que, simultanément, elles subissaient une pression fiscale beaucoup moins forte [52].

35Les facteurs institutionnels ont également joué un rôle important dans le déclin des districts. Au Royaume-Uni, où ils étaient très nombreux, ils se sont désintégrés et ont disparu entre 1940 et 1970. J. Zeitlin explique cette évolution par la concentration des entreprises encouragée par l’État afin de moderniser l’industrie nationale, la centralisation du système bancaire qui a gêné l’investissement au niveau local, la réduction de l’autonomie des autorités locales et la tendance des syndicats ouvriers à préférer les solutions collectives à la recherche de l’autonomie individuelle [53]. L’évolution française n’est pas très différente. Pendant les Trente Glorieuses, l’État a favorisé la concentration pour faire émerger des « champions nationaux » et a développé une politique volontariste de répartition des activités sur le territoire. La mise en place de ce modèle de développement concentré a laminé les systèmes locaux d’entreprises qui demeuraient nombreux et vivaces dans les régions d’ancienne industrialisation [54]. L’adhésion au modèle de la grande entreprise a continué à faire sentir ses effets bien au-delà des années 1970 comme le montre l’évolution du spl horloger franc-comtois. Imposé par les pouvoirs publics et finalement accepté par les horlogers parce que jugé plus efficace, ce modèle d’organisation a débouché sur des tentatives successives de constitution d’une entreprise leader qui ont aiguisé la concurrence interne, affaibli la capacité à participer à des projets collectifs et généré des effets de domination qui ont favorisé la concurrence suisse [55].

Les entrepreneurs des districts : généalogie et radioscopie

36De nombreux auteurs analysent l’émergence des districts comme le résultat d’une « explosion d’entrepreneurship » qui verrait des travailleurs dépendants ou des métayers se transformer en petits entrepreneurs, et font du cas de Prato qui est censé représenter cette situation un véritable idéal-type. Or, de nombreuses études font apparaître que le rôle des métayers dans la naissance des districts a été très surestimé et que ceux-ci sont susceptibles de se développer à partir de conditions très différentes.

37En Italie même, elles sont d’une grande diversité : métamorphose de la protoindustrie urbaine comme dans les Marches [56], développement par scissiparité et essaimage comme à Mirandola [57], décentralisation des grandes entreprises comme à Prato… Aussi est-ce une erreur que de vouloir les faire entrer de force dans un moule unique. De plus, trop d’études consacrées à l’émergence des districts se complaisent dans une sorte d’abstraction sociologique là où on aurait besoin d’une analyse fine des parcours de mobilité sociale s’appuyant sur l’exploitation systématique de sources sérielles complétées, pour la période récente, par des enquêtes menées auprès des acteurs. Ce qui permettrait de répondre de manière précise et convaincante à la question des origines géographiques et socio-professionnelles des entrepreneurs des districts. Il ne suffit pas en effet de constater que la zone d’extension de l’industrialisation diffuse et celle du métayage coïncident largement en Italie pour affirmer que les entrepreneurs des districts sont sortis des rangs des métayers. Au contraire, toutes les études sérieuses montrent bien qu’ils sont presque toujours d’origine urbaine (ouvriers, employés, artisans, techniciens…), alors que, pour leur part, les anciens métayers ont majoritairement grossi les rangs des ouvriers [58]. Bien plus, la question des origines des entrepreneurs demande à être traitée historiquement, c’est-à-dire en tenant compte de la succession des générations du patronat et des phases de développement des districts. Une telle approche amène à remettre en cause l’idée largement répandue que le district se renouvelle sans cesse grâce à une très forte mobilité sociale [59]. L’exemple de Prato montre précisément le contraire. Passé la phase d’ouverture qui a correspondu à la politique de décentralisation des grands établissements lainiers qui, après la crise du début des années 1950, ont aidé leurs ouvriers à se mettre à leur compte, les possibilités d’ascension sociale se sont considérablement réduites : les ouvriers ont été progressivement remplacés par des employés et des artisans urbains et, aujourd’hui, la majorité des entrepreneurs sont des héritiers [60].

38De surcroît, le cas italien ne représente qu’un cas particulier d’encastrement du système des entreprises, les districts étant susceptibles de se développer à partir de matrices bien différentes : minorités ethniques ou religieuses (Quakers de Darlington) [61], colonies d’immigrants (Blumenau au Brésil) [62] ou de migrants (Gamarra au Pérou) [63], corporations d’artisans (ganterie de Worcester) [64], communautés d’affaires (district cotonnier de Manchester, industrie lainière de Roubaix-Tourcoing) [65], communautés d’ingénieurs (Sillicon Valley ou Toulouse) [66]… C’est dire que, d’un district à l’autre, les réseaux sociaux dans lesquels sont ancrées les entreprises sont profondément différents. Ce qui ne peut manquer d’influencer le mode d’articulation du social et de l’économique qui caractérise un district comme son organisation et son fonctionnement mêmes.

39Enfin, le monde des entrepreneurs des districts est mal connu. Pour deux raisons : d’une part, en attribuant le succès du district à des valeurs culturelles diffuses dans la société, on élimine de l’explication la figure même de l’entrepreneur et on dépersonnalise l’histoire des entreprises ; de l’autre, et toujours en vertu de ces mêmes valeurs partagées, les relations entre les entrepreneurs sont supposées solidaires et coopératives sans qu’il y ait même besoin de les analyser. Deux approches s’offrent à nous pour sortir de l’ignorance : la prosopographie et l’analyse de réseaux. En reconstituant les trajectoires personnelles et professionnelles des entrepreneurs à partir de quelques grandes variables, une étude prosopographique permettrait, comme dans le cas de Cholet, de dessiner un portrait de groupe sans pour autant effacer la diversité des profils [67]. Par ailleurs, une approche en termes de réseaux sociaux ferait émerger la trame de l’ensemble des interconnexions qui structure le monde patronal avec ses sous-groupes, ses tensions et ses alliances, et serait susceptible d’expliquer comment les mécanismes d’agrégation sociale sous-tendent les relations de concurrence et de coopération entre les entreprises [68].

Les entreprises : structures, relations, financement

40La définition du district industriel comme agglomération de petites entreprises n’est pas généralisable à l’ensemble des systèmes productifs localisés. Sans même parler des districts rayonnants [69] et des districts technologiques [70], les études empiriques disponibles nous font en effet découvrir des systèmes d’entreprises beaucoup plus complexes et différenciés que ne le suggèrent les analyses de Becattini. C’est ainsi qu’une étude récente qui distingue en Italie trois types de district selon la taille des entreprises, oppose la Toscane où dominent les districts de petites entreprises à la Vénitie où l’emportent les districts d’entreprises moyennes ou grandes [71]. Du reste, même à l’intérieur des districts de petites entreprises, les grandes occupent une place significative. C’est le cas à Prato qui associe « deux modèles d’organisation distincts » : celui de la spécialisation des entreprises par phases de production et celui du cycle intégré dans des entreprises moyennes et grandes [72]. On retrouve ce dualisme structurel à Tuttlingen, district allemand spécialisé dans la fabrication d’instruments de chirurgie, où les entreprises de plus de 100 salariés sont minoritaires (8 sur 483) mais occupent une position dominante en termes d’emplois (64,3 % des effectifs) [73]. La reconnaissance de la place de la grande entreprise dans la vie des districts doit donc aller bien au-delà de la phase initiale de l’histoire du district où on lui reconnaît volontiers un rôle d’incubateur [74]. On peut faire l’hypothèse, pour expliquer cette situation, que ce sont les activités à forte intensité en capital et où les économies d’échelle sont significatives qui sont concentrées dans de grandes entreprises, quand les autres activités sont fractionnées de façon à minimiser l’investissement par tête [75].

41Il ne suffit pas de décrire la distribution des entreprises par classes de taille ; il faut encore étudier les rapports existant entre elles de façon à dégager des configurations productives spécifiques car, au cours de l’histoire d’un district, les structures des entreprises et les rapports qu’elles ont entre elles ne sont pas immuables. C’est ce que montre l’histoire du district lainier d’Elbeuf où les transformations du système des entreprises ont été commandées par l’évolution des techniques, des produits et des marchés, mais aussi des stratégies des entreprises [76]. Du reste, en Italie même, avec l’accentuation depuis le début des années 1990 de la concurrence des pays à bas salaires, on observe des phénomènes de différenciation et de concentration : des structures hiérarchiques (holdings, groupes, réseaux d’entreprises) se forment autour d’entreprises moyennes ou grandes nées du tissu de pme[77] qui jouent de plus en plus le rôle de chef de file du district tout en étendant leur influence à l’extérieur [78].

42Les rapports entre les entreprises sont généralement définis comme un mélange inédit de concurrence et de coopération. C’est là les simplifier exagérément car, dans la réalité, ils vont de la coopération à l’autarcie, avec toutes les nuances intermédiaires. La coopération n’est pas présente partout comme le rappelle le cas de la Route 128 où on a affaire à un tissu d’entreprises « autarciques » [79]. Les relations interentreprises peuvent aussi être faiblement coopératives : dans l’horlogerie franc-comtoise, entre 1960 et 1990, les plaintes au sujet des transactions sont nombreuses et récurrentes [80]. Enfin, même lorsqu’il y a coopération, les relations ne sont pas forcément « symétriques » ou « réciproques », car les districts sont formés d’une myriade d’agents économiques absolument inégaux. Aussi ne peut-on échapper aux stéréotypes qu’à la condition de décrire concrètement les rapports inter-entreprises (structure de la division du travail, distribution des entreprises, rapports entre donneurs d’ordre et fournisseurs, durée et forme des contrats, modalités de fixation des prix, rôle du sous-traitant dans la conception du produit, processus de circulation de l’information…). Ce qui, bien sûr, suppose aussi que l’on analyse en profondeur les conventions qui organisent la coordination de la production [81].

43Alors qu’on a longtemps fait jouer un rôle quasi exclusif à l’épargne familiale et à l’autofinancement dans le financement des entreprises des districts, des études récentes ont mis en évidence, en Italie, le rôle essentiel que les banques locales ont joué dans l’organisation et le fonctionnement des systèmes productifs localisés en soutenant le développement des entreprises par des facilités de crédit et en contribuant au maintien d’un climat de confiance entre les acteurs en garantissant leurs plans d’investissement et en surveillant la situation financière du district [82]. Des travaux sur Fougères [83] ou Cholet [84] sont parvenus à des conclusions très proches pour l’entre-deux-guerres. À l’inverse, dans la France d’après 1945, les districts semblent avoir souffert du décrochage des banques locales qui n’avaient plus les moyens de financer leur développement [85].

Les formes du marché et les structures des districts

44Certes, dans le cas de Prato, on a mis en évidence l’influence des donneurs d’ordre dans l’organisation de la production et de la distribution [86], mais les travaux qui abordent les districts sous l’angle du marché et s’interrogent sur l’influence de ses formes successives sur leurs structures, sont trop rares. Il existe cependant quelques études très démonstratives. Dans le district horloger suisse, l’organisation corporatiste (1890-1930) puis la cartellisation (1930-1970) ont renforcé les liens d’interdépendance entre fabricants de montre et sous-traitants, avant que la libéralisation du marché (depuis 1970) n’entraîne la délocalisation de la fabrication des boîtes et ne favorise la formation de quelques grands groupes intégrés positionnés dans le haut de gamme [87]. Dans le district de la chaussure de Brenta, deux chaînes de valeur coexistent : l’une dominée par les grands groupes de luxe internationaux qui ont transformé leurs fournisseurs en sous-traitants, et l’autre par les centrales d’achat allemandes qui opèrent avec les producteurs dans des conditions de marché ordinaires pour approvisionner les magasins indépendants en chaussures de bonne qualité. Les premiers ont été dépossédés des fonctions de conception, de marketing et de vente mais ont une rentabilité élevée, quand les seconds ont conservé toute leur autonomie mais travaillent sur un marché très concurrentiel où la profitabilité est plus restreinte [88]. Bien plus, l’étude du district napolitain du cuir montre que les entreprises s’inscrivent dans une chaîne plus longue encore qui va des grandes marques de luxe internationales aux petits ateliers du centre historique de Naples en passant par les fabricants de la Troisième Italie qui sous-traitent une partie croissante de la production dans le Sud afin de comprimer leurs coûts pour répondre aux exigences de plus en plus contraignantes des donneurs d’ordre [89]. C’est dire que les rapports du district avec l’extérieur et ses conditions mêmes d’activité dépendent certes des choix des entreprises qui le composent mais aussi de la structure du marché et de la stratégie des grands acheteurs dont le rôle augmente d’ailleurs avec la globalisation [90].

Gestion et performances des entreprises

45À force d’insister sur la spécificité des entreprises des districts [91], on finit par oublier qu’on ne peut comprendre les succès (et les échecs) des districts qu’à la condition d’étudier concrètement leur gestion et leurs résultats. Ce qui suppose, bien sûr, qu’on se rappelle qu’elles sont des entreprises comme les autres et donc justiciables des méthodes classiques de l’histoire des entreprises.

46Or, pour un historien des entreprises, la lecture des travaux – notamment italiens – sur les districts est tout à fait déconcertante car ils ne procurent guère de données sur l’activité des entreprises, la structure des bilans et les prix de revient. Or, comment évaluer la compétitivité des entreprises des districts sans mesurer le coût effectif du travail ? Comment comprendre le financement des entreprises si on ne sait rien de l’origine de leurs ressources ni de la nature de leurs investissements ? Comment apprécier leur politique commerciale si on ignore les qualités produites, les prix pratiqués et les marchés visés ? En somme, il est temps que l’étude des districts intègre les méthodes de l’histoire des entreprises, à commencer par l’analyse comptable. Du reste, c’est la seule voie pour cesser d’idéaliser les entreprises des districts dont l’histoire n’est pas faite seulement d’efficacité et de confiance, mais aussi de travail à domicile, de surexploitation, de bas salaires, de retard technique et de peu de coopération [92].

La société des districts : une communauté homogène ?

47Paradoxalement, alors qu’elle affirme que la communauté locale est au cœur du fonctionnement des districts, la littérature ne nous apprend pas grand-chose sur « le contenu des relations sociales et les mécanismes par lesquels les structures sociales déterminent et facilitent l’action économique » [93]. Le plus souvent, en effet, elle se contente de la répétition des hypothèses paradigmatiques qui définissent les districts comme socialement et culturellement homogènes. Non seulement cette description idéalise la phase de naissance des districts toscans où la mobilité sociale et l’incertitude des statuts étaient très marquées et où, en conséquence, les tensions sociales ont pris des formes spécifiques, mais, de plus, elle ignore la diversité des structures sociales des districts et leurs métamorphoses au fil du temps. En effet, la croissance des districts entraîne forcément de profondes modifications dans leurs structures sociales, si bien que des tensions nouvelles apparaissent qui peuvent s’analyser comme une rupture de l’unité primitive entre ouvriers et patrons [94]. En définitive, la connaissance de ces formations sociales complexes et de leur influence sur le système des entreprises passe nécessairement par l’analyse des hiérarchies, des dépendances, des tensions et des conflits entre les groupes qui les composent.

48Quant aux « valeurs partagées » (travail, famille, solidarité), on ne trouve également que généralités vagues et passe-partout. Or ces « variables invisibles » méritent mieux. Leur étude peut emprunter des voies différentes : l’analyse de la construction des identités collectives en scrutant les signes qui les marquent ; l’identification du « collective programming of mind » de la population d’un district en construisant les indicateurs quantitatifs permettant de mesurer la distance culturelle entre elle et la société globale [95] ; ou encore la reconstitution de la « conscience de place » que certains auteurs analysent comme indissociable de la vie d’un district [96]. En tout cas, il faut cesser de considérer la culture comme un donné dont on identifie les attributs pour analyser le jeu des interactions qui la produisent. Ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra se faire une idée claire du rôle réel qu’elle joue dans le fonctionnement des districts.

Confiance et institutions

49On voit généralement dans la confiance le produit de l’homogénéité sociale et culturelle de la communauté locale et le lubrifiant des relations interentreprises. Or, nombre d’études montrent que les « sanctions morales » ne suffisent pas à décourager les comportements opportunistes et que seules des institutions collectives ad hoc sont capables de faire respecter par tous les règles du jeu. C’est que la loyauté, l’honnêteté et la confiance sont en permanence menacées par l’opportunisme des acteurs [97]. L’origine de cette menace se trouve peut-être du côté des structures des entreprises. Dans le spl horloger franc-comtois, par exemple, les défauts de coordination renvoient à l’insuffisance des compétences des entreprises en matière d’organisation et de communication [98]. Dans le district de la bijouterie de Providence (États-Unis), l’incapacité à contrôler et à juguler une concurrence exacerbée entre les acteurs s’explique par la coexistence de petites et de grandes entreprises et l’opposition entre industriels et négociants [99]. Par ailleurs, la création d’institutions n’est pas le produit spontané, en quelque sorte automatique, de la culture commune, même si ce terreau semble indispensable, mais au contraire le résultat d’un choix stratégique des acteurs et n’est guère concevable sans l’action de personnages clés qui assument le rôle de leaders [100]. De plus, les institutions sont d’une diversité beaucoup plus grande que ne le donne à penser la littérature et n’échappent pas non plus aux contradictions et aux conflits [101].

L’atmosphère industrielle

50Becattini soutient que les districts se développent en mobilisant des connaissances tacites accumulées dans le territoire plutôt que des connaissances codifiées. Or, cette analyse est simplificatrice. D’abord sur le plan conceptuel. En effet, la connaissance est un processus complexe où on peut distinguer la connaissance interne tacite, générée par le learning by doing, qui est le fruit de la spécialisation ancienne des entreprises ; la connaissance externe tacite qui provient des échanges continuels d’informations entre les entreprises que favorise leur encastrement dans les réseaux sociaux du territoire ; la connaissance interne codifiée, représentée par l’activité de R-D des entreprises ; et la connaissance externe codifiée qui est issue de la collaboration entre les entreprises, les laboratoires de recherche et les universités [102].

51On constate les mêmes simplifications au niveau empirique. Même si on se limite aux seuls districts spécialisés dans les activités traditionnelles, leur développement ne mobilise pas seulement les connaissances tacites. Dans nombre de cas, la prise de conscience de l’insuffisance de l’expérience productive accumulée dans le territoire a conduit à la création d’écoles techniques associant théorie et pratique, que l’enseignement fût destiné aux ouvriers [103] ou aux futurs patrons [104]. En somme, la poursuite de l’expansion dépendait de la capacité à s’approprier des connaissances codifiées et à se libérer des routines locales. Au contraire, là où comme dans les districts italiens, on survalorise le rôle de la connaissance tacite et de l’apprentissage local, cela conduit à privilégier l’amélioration des produits et/ou des procédés au détriment de transformations technologiques plus profondes [105]. Ce qui pourrait expliquer les difficultés actuelles du modèle italien fondé sur la production et l’exportation de biens traditionnels à faible contenu technologique et l’importation de produits à haute valeur ajoutée [106].

52Plus généralement, on relativise aujourd’hui l’impact de la proximité sur l’innovation car trop de proximité peut freiner ou bloquer l’innovation en raison de l’absence d’idées nouvelles et contradictoires, ce qui fait l’importance des réseaux qui relient les districts au monde extérieur [107]. Il convient également de réévaluer l’importance des phénomènes de mobilité et des acteurs d’origine non locale dans le développement des districts car beaucoup d’histoires de systèmes productifs locaux soulignent qu’ils ont joué un rôle clé dans la naissance ou la réorientation d’un district en introduisant des idées et des pratiques nouvelles. Cela vaut d’ailleurs aussi bien pour le xixe siècle que pour la période actuelle [108].

Conclusion

53Quoique forcément incomplet, ce panorama appelle trois remarques.

54Malgré le plaidoyer répété de Becattini en faveur d’une « grande alliance » interdisciplinaire, les recherches sur les districts demeurent fragmentaires, ne s’interfécondent guère et continuent de souffrir d’apesanteur historique. L’apport de l’histoire est pourtant indispensable car, seule, elle est capable d’appréhender un district comme un « fait social total » liant organiquement aspects techniques, économiques, sociaux, culturels et politiques, et d’en suivre le développement pour en dégager les transformations et les configurations successives.

55Cependant, l’histoire des districts ne peut progresser qu’à la condition d’associer étroitement réflexion conceptuelle et enquête empirique, en mettant l’accent sur la démarche comparative et typologique. Ce n’est que sur cette base que le concept de district pourra être élargi et assoupli afin de rendre compte de la diversité des formes historiquement existantes [109].

56Enfin, on aurait tort d’isoler l’histoire des districts de celle du vaste mouvement d’industrialisation car ils n’en représentent qu’un moment. Il ne s’agit pas, bien sûr, de renoncer aux questions nouvelles soulevées par les districtologues car, en rejetant l’idée que l’industrialisation suit une voie unique, ils ont contribué à en renouveler l’histoire. Toutefois, il serait peu judicieux de se priver des apports de l’historiographie de la révolution industrielle qui a déjà été confrontée aux questions sur lesquelles bute aujourd’hui l’étude des districts. À l’inverse, il serait profitable de relire le passé des districts à la lumière des évolutions récentes qui ont porté au jour des problèmes auxquels les chercheurs n’avaient d’abord guère été attentifs et qui sont susceptibles de renouveler les questionnements.

Notes

  • [*]
    Ufr slhs, Université de Franche-Comté, 30, rue Mégevand 25000 Besançon. Courriel : jcdaumas@club-internet.fr
  • [1]
    Sur le contexte, cf. P. Sabbatucci Severini, Continuità e mutamento. Studi sull’ economia marchigiana tra Ottocento e Novocento, Ancone, Quaderni monografici di « Proposte e ricerche », n° 21, 1996, p. 57-63, et D. Rivière, L’Italie. Des régions à l’Europe, Paris, A. Colin, 2004, p. 18-30.
  • [2]
    A. Dewerpe, « Les systèmes industriels localisés dans l’industrie française », dans B. Ganne, Développement local et ensembles de pme, Document glysi n° 6/1992, p. 17-60 ; G. L. Fontanna (dir.), Le vie dell’industrializzazione europea. Sistemi a confronto, Bologne, Il Mulino, 1997.
  • [3]
    A. Bagnasco, Tre Italia. La problematica territoriale dello sviluppo italiano, Bologne, Il Mulino, 1977.
  • [4]
    Voir la bibliographie dans G. Fuà, C. Zacchia (dir.), Industrializzazione senza fratture, Bologne, Il Mulino, 1983, p. 273-334 ; G. Garofoli, « Lo sviluppo delle aere periferiche nell’economia italiana degli anni settanta », L’industria, 3, 1981, et « Sviluppo regionale e restrutturazione industriale : il modelo italiano degli anni 70 », L’industria, 6, 1983.
  • [5]
    G. Becattini, L’industrializzazione leggera della Toscana, Milan, Franco Angeli, 1999.
  • [6]
    A. Marshall, Principes d’économie politique [1890], Paris, Giard et Brière, 1906, et L’industrie et le commerce [1919], Paris, M. Giard, 1934.
  • [7]
    G. Becattini, « Dal settore industriale al distretto industriale : alla ricerca dell’unità d’indagine della economia industriale », Revista di economia e politica industriale, 1, 1979.
  • [8]
    G. Becattini, Mercato e forze locali : il distretto industriale, Bologne, Il Mulino, 1987.
  • [9]
    G. Becattini, « Riflessioni sul distretto industriale marshalliano come conceto socio-economico », Stato e Mercato, avril 1989, p. 111-128.
  • [10]
    G. Becattini, « Il distretto industriale marshalliano : cronica di un ritrovamento », dans G. Becattini (ed.), Mercato e forze locali, op. cit., p. 7-34 ; M. Bellandi, « La formulazione originaria » [1982], dans G. Becattini, Mercato e forze locali, op. cit., p. 49-68 ; M. Tinacci Mosello, « Economie d’agglomerazione e sviluppo economico », ibid., p. 93-116.
  • [11]
    A. Marshall, Principes…, op. cit., p. 459.
  • [12]
    A. Marshall, Principes…, op. cit., p. 465.
  • [13]
    A. Marshall, Principes…, op. cit., p. 459.
  • [14]
    R.N. Langlois, P.L. Robertson, Firms, Markets and Economic Change: A Dynamic Theory of Business Institutions, New York, Routledge, 1995, p. 125.
  • [15]
    A. Marshall, Principes…, op. cit., p. 467-468, 475-476, 468, et L’industrie et le commerce, op. cit., p. 449 et 260-261.
  • [16]
    F. Iraldo, Ambiente, impresa e distretti industriali, Milan, Franco Angeli, 2002, p. 55.
  • [17]
    G. Becattini, Dal distretto industriale allo sviluppo locale, Turin, Bollati Boringhieri, 2000, p. 251.
  • [18]
    M. Porter, L’avantage concurrentiel des nations [1990], Paris, InterEditions, 1993.
  • [19]
    C. Belfanti, T. Maccabelli (dir.), Un paradigma per i distretti industriali. Radichi storiche, attualità e sfide future, Brescia, Grafo, 1997. Pour une bonne présentation des recherches italiennes, cf. G. Conti, R. Giannetti, « pme et réseaux d’entreprises en Italie au xxe siècle », Entreprises et Histoire, 28, décembre 2001, p. 20-36.
  • [20]
    B. Ganne, « pme et districts industriels : quelques réflexions critiques à propos du “modèle italien” », Revue internationale pme, 2 (2-3), 1989, p. 276-277.
  • [21]
    G. Fuà, « Les voies diverses du développement en Europe », Annales esc, mai-juin 1985, 3, p. 579-603.
  • [22]
    E. Ciciotti, Competitività e territorio. L’economia regionale nei paesi industrializzati, Rome, Carocci, 1998 ; A. Saba, Il modelo italiano. La specializzazione flessible e i distretti industriali, Milan, Franco Angeli, 1997.
  • [23]
    G. Becattini, Dal distretto industriale…, op. cit., p. 211.
  • [24]
    G. Becattini, Distretti industriali e made in Italy, Turin, Bollati Boringhieri, 1998, p. 38, 88-90 et 98.
  • [25]
    C. Courlet, B. Pecqueur, « Les systèmes industriels localisés en France : un nouveau modèle de développement », dans G. Benko, A. Lipietz (dir.), Les régions qui gagnent. Districts et réseaux : les nouveaux paradigmes de la géographie économique, Paris, puf, 1992, p. 81-102.
  • [26]
    F. Pyke, W. Sengenberger, « Introduction », p. 1-5, dans F. Pyke, G. Becattini, W. Sengenberger, Industrial districts and inter-firm cooperation in Italy, Genève, iils, 1990.
  • [27]
    M. Piore, C. Sabel, Les chemins de la prospérité. De la production de masse à la spécialisation souple [1984], Paris, Hachette, 1989. Sur cette question, cf. C. Sabel, J. Zeitlin, « Historical Alternatives to Mass Production : Politics, Markets and Technology in Nineteenth Century Industrialization », Past and Present, 208, août 1985, p. 133-176 ; P. Hirst, J. Zeitlin, « Flexible specialisation versus post-Fordism: theory, evidence and policy implications », Economy and Society, 20 (1), février 1991, p. 1-56 ; C. Sabel, J. Zeitlin, World of Possibilities. Flexibility and Mass Production in Western Industrialization, Cambridge, Cambridge University Press, 1997.
  • [28]
    Sur la convergence entre l’école italienne et le courant incarné par Piore et Sabel, cf. les articles réunis dans F. Pyke, G. Becattini, W. Sengerberger, industrial districts and inter-firm cooperation in Italy, op. cit.
  • [29]
    Cf. dans G. Benko, A. Lipietz, Les régions qui gagnent, op. cit. : A. Amin, K. Robins, « Le retour des économies régionales ? La géographie mythique de l’accumulation flexible », p. 123-162 ; F. Martinelli, E. Schoenberger, « Les oligopoles se portent bien, merci ! », p. 163-188 ; et R. Boyer, « Les alternatives au fordisme des années 1980 au xxe siècle », p. 189-223. Voir aussi B. Harrison, Lean and Mean, The Changing Landscape of corporate Power in the Age of Flexibility, New York, Basic Books, 1994 ; A. Amin, K. Robins, « Industrial districts and regional development: limits and possibilities », dans F. Pyke, G. Becattini, W. Sengenberger, industrial districts and inter-firm cooperation in Italy, op. cit., p. 185-219 ; R. Boyer, J.-C. Durand, L’après-fordisme, Paris, Syros, 1993.
  • [30]
    C. Romani, « La flexibilité en Italie : les termes du débat », dans M. Maruani, E. Reynaud, C. Romani (dir.), La flexibilité en Italie, Paris, Syros, 1989, p. 17-32.
  • [31]
    G. Becattini, Dal distretto industriale…, op. cit., p. 29.
  • [32]
    F. Pyke, W. Sengenberger (eds), Industrial Districts and Local Economic Regeneration, Genève, iils, 1992 ; A. Bagnasco, C. Sable, Small and Medium-size Enterprises, Londres, Pinter, 1995 ; F. Cossentino, F. Pyke, W. Sengenberger, Local and regional response to global pressure: The case of Italy and its industrial districts, Genève, iils, 1996.
  • [33]
    J.-C. Daumas, « Districts industriels : un concept en quête d’histoire », 19/20. Bulletin du Centre d’histoire contemporaine de l’ufc, 2000, 4, p. 125-136 ; M. Lescure, « Introduction générale », dans J.-F. Eck, M. Lescure (dir.), Villes et districts industriels en Europe occidentale, xviie-xxe siècles, Tours, Publication de l’Université François Rabelais, p. 7-12.
  • [34]
    J. Zeitlin, « Industrial district and local economic regeneration: Overview and Comment », dans F. Pyke, W. Sengenberger, Industrial districts and inter-firm cooperation in Italy, op. cit., p. 284-285.
  • [35]
    G. Fuà, « Les voies diverses… », art. cit., p. 589 et sq.
  • [36]
    B. Ganne, « Place et évolution des systèmes industriels locaux en France. Économie politique d’une transformation », dans G. Benko, A. Lipietz (dir.), Les régions qui gagnent, op. cit., p. 315-346, et « France : Behind Small and medium size Enterprises Lies the State », dans A. Bagnasco, C. Sabel (eds), Small firms in Europe, Londres, Pinter, 1995.
  • [37]
    G. Becattini, « Système local et marché global. Le district industriel » [1993], dans A. Rallet, A. Torre (dir.), Économie industrielle et économie spatiale, Paris, Economica, 1995, p. 177.
  • [38]
    M. Bellandi, F. Sforzi, « The multiple paths of local development », dans G. Becattini, M. Bellandi, G. Dei Ottati, F. Sforzi, From Industrial Districts to Local Development. An Itinerary of Research, Cheltenham, Edward Elgar, 2003, p. 218-223.
  • [39]
    C. Courlet, « Les systèmes productifs locaux : de la définition au modèle », dans datar, Réseaux d’entreprises et territoires. Regards sur les systèmes productifs locaux, Paris, La Documentation française, 2001, p. 30-31.
  • [40]
    M. Perry, Small Firms and Network Économies, Londres et New York, Routledge, 1999.
  • [41]
    A. Markusen, « Des lieux-aimants dans un espace mouvant : une typologie des districts industriels », dans G. Benko, A. Lipietz, La richesse des régions, op. cit., p. 85-119, et « Sticky places in slippery space: a typology of industrial districts », Economic Geography, 72 (3), 1996, p. 293-313.
  • [42]
    J. Zeitlin, « Industrial district and local economic regeneration… », dans F. Pyke, W. Sengenberger, Industrial districts and inter-firm cooperation in Italy, op. cit., p. 284-285.
  • [43]
    A. Arrighetti, G. Seravalli, « Istituzioni e dualismo dimensionale dell’industria italiana », dans F. Barca (dir.), Storia del capitalismo italiano dal doppoguerra a oggi, Rome, Progetti Donzelli, 1997, p. 335-388.
  • [44]
    G. L. Fontana, « Formation et évolutions des districts industriels du Nord-Est de l’Italie (xvie-xxe siècles) », dans R. Leboutte, J.-P. Lehners (dir.), Formation et mutations des bassins industriels eu Europe, Luxembourg, Cahiers d’histoire, 1997, p. 55-56 et 85.
  • [45]
    A. Guenzi, « La storia economica e i distretti industriali marshalliani : qualche considerazione su approchi e risultati », dans M. Belfanti, T. Maccabelli, Un paradigma…, op. cit., p. 27.
  • [46]
    G. Becattini, Distretti industriali…, op. cit., p. 122-123.
  • [47]
    M. Bloch, Apologie pour l’histoire, Paris, Armand Colin, 2004, p. 53-57.
  • [48]
    M. Lazzarato, Y. Moulier-Boutang, A. Negri, G. Santilli, Des entreprises pas comme les autres, Paris, Publisud, 1993, p. 44-49.
  • [49]
    A. Cavalieri (dir.), L’internazionalizzazione del processo produttivo nei sistemi locali di piccola impresa in Toscana, Milan, Franco Angeli, 1995.
  • [50]
    C. Trigilia, Grandi partiti e piccole imprese. Comunisti e democristiani nelle regioni a economia diffusa, Milan, Il Mulino, 1986 ; A. Arrighetti, G. Seravalli (dir.), Istituzioni intermedie e sviluppo locale, Rome, Donzelli Editore, 1999.
  • [51]
    L. Weiss, Creating Capitalism. The State and Small Business since 1945, Oxford, Blackwell, 1988.
  • [52]
    A. Arrighetti, G. Seravalli, Istituzioni intermedia e stiluppo locale, op. cit.
  • [53]
    J. Zeitlin, « Why Are There no Industrial Districts in the United Kingdom ? », dans A. Bagnasco, C. Sabel, Small firms in Europe, op. cit., p. 98-114.
  • [54]
    B. Ganne, « Place et évolution… », dans G. Benko, A. Lipietz, Les régions qui gagnent, op. cit., p. 333-337.
  • [55]
    E. Ternant, La dynamique longue d’un système productif localisé : l’industrie de la montre en Franche-Comté, thèse, Grenoble 2, 2004.
  • [56]
    L. Cigognetti, M. Pezzini, « Dalle paglie alle maglie. Carpi : la nascita di un sistema produttivo », dans P. P. D’Attore, V. Zamagni (dir.), Distretti, imprese, classe operaia. L’industrializzazione dell’ Emiglia-Romagna, Milan, Franco Angeli, 1992, p. 157-190.
  • [57]
    A. Baroncelli, « La dualité organisationnelle des entreprises d’un district industriel : le cas du biomédical de Mirandola », dans P. Bardelli, T. Froehlicher, S. Vendemini (dir.), La métamorphose des organisations, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1999, p. 145-176.
  • [58]
    B. Staufer, Études de la transition d’une société paysanne de l’Émilie, basée sur le métayage et la propriété parcellaire, au capitalisme industriel à la suite de l’implantation de l’industrie des carreaux de céramique, Paris, thèse, ehess, 1998 ; P. Sabbatucci Severini, Continuità e mutamento. Studi sull’ economia marchigiana tra Ottocento e Novocento, op. cit. ; W. Tousijn, « Imprenditorialità e struttura di classe in una regione ad economia periferica », Quaderni di sociologia, 1, 1980-1981, p. 104-110 ; sur Prato, G. Dei Ottati, Tra mercato e comunità : aspetti concettuali e ricerche empiriche sul distretto industriale, Milan, Franco Angeli, 1995, p. 136-148, dont l’analyse rectifie Becattini sur ce point.
  • [59]
    G. Becattini, Dal distretto industriale…, op. cit., p. 53-54.
  • [60]
    E. Ritaine, « Prato ou l’exaspération de la diffusion industrielle », Sociologie du travail, 2, 1987, p. 151-152.
  • [61]
    G. Cookson, « Quaker networks and the industrial development of Darlington, 1780-1870 », dans J. F. Wilson, A. Popp (dir.), Industrial Clusters and Regional Business Networks, 1750-1970, Aldershot, Ashgate, 2003, p. 155-173.
  • [62]
    C. Raud, « L’industrialisation diffuse dans les pays en développement. Une analyse à partir du cas brésilien », dans G. Benko, A. Lipietz (dir.), La richesse des régions. La nouvelle géographie socio-économique, Paris, puf, 2000, p. 249-269.
  • [63]
    C. Cacérés-Dutertre, « Un district vigoureux dans une économie en détresse : le miracle Gamarra », dans G. Benko, A. Lipietz, La richesse des régions, op. cit., p. 293-328.
  • [64]
    R. Coopey, « The British glove industry, 1750-1970: The advantages and the vulnerability of a regional industry », dans John F. Wilson, Andrew Popp, Industrial Clusters and Regional Business Networks, 1750-1970, op. cit., p. 174-191 ; J.-C. Daumas, Les territoires de la laine, Histoire de l’industrie lainière en France au xixe siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2004.
  • [65]
    J. F. Wilson, J. Singleton, « The Manchester industrial district, 1750-1939: Clustering, networking and performance », dans J. F. Wilson, A. Popp, Industrial Clusters and Regional Business Networks, 1750-1970, op. cit, p. 44-67.
  • [66]
    A. L. Saxenian, Regional Advantage: Culture and Competition in Silicon Valley and Route 128, Harvard, Harvard University Press, 1994 ; M. Ferrary, « Pour une théorie de l’échange dans les réseaux sociaux. Un essai sur le don dans les réseaux industriels de la Silicon Valley », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 111, juillet-décembre 2001, p. 261-290 ; G. Jalabert, Toulouse, métropole incomplète, Paris, Anthropos, 1995.
  • [67]
    B. Raveleau, « Le métier de patron : du miracle au défi entrepreneurial vendéen », dans F. Piotet, La révolution des métiers, Paris, puf, 2002, p. 249-288.
  • [68]
    P.-P. Zalio, Grandes familles de Marseille au xxe siècle, Paris, Belin, 1999, et « Territoires et activités économiques. Une approche de la sociologie des entrepreneurs », Genèses, 56, septembre 2004, p. 4-27.
  • [69]
    J.-C. Daumas, « Entreprises et territoires : réflexions à partir du cas jurassien », dans J.-C. Daumas (dir.), Les systèmes productifs dans l’Arc jurassien. Acteurs, pratiques et territoires (xixe-xxe siècles), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2004 ; R. Bianchi, A. Enrietti, « Le district technologique de l’automobile en Piémont », Revue internationale pme, 14 (1), 2001, p. 9-35.
  • [70]
    G.M.P. Swann, M. Prevezer, D. Stout, The dynamics of industrial clustering. International Comparaisons in Computing and Biotechnology, Oxford, Oxford University Press, 1998 ; S. Torrisi, Imprenditorialità e distretti ad alta technologia, Milan, Franco Angeli, 2002.
  • [71]
    L. Burroni, « Mutamenti nell’organizzazione produttiva della Terza Italia. Una comparazione tra Veneto e Toscana », Sviluppo locale, 6 (11), 1999, p. 33-67.
  • [72]
    G. Becattini (dir.), Prato storia di una città. Il distretto industriale [1943-1993], Florence, Le Monnier, 1997, p. 243 ; E. Ritaine, « Prato ou l’exaspération de la diffusion industrielle », art. cit., p. 145.
  • [73]
    G. Halder, « Local upgrading strategies in response to global challenges: the surgical instrument cluster of Tuttlingen », dans H. Schmitz, Local Enterprises in the Global Economy, Cheltenham, Edward Elgar, 2004, p. 200-232.
  • [74]
    G. Solinas, « Competenze, grandi imprese e distretti industriali. Il caso di Magnetti Marelli », Rivista di storia economica, 1, 1993, p. 79-111.
  • [75]
    P. P. d’Attore, V. Zamagni, Distretti, imprese, classe operaia. L’industrializzazione dell’ Emiglia-Romagna, op. cit., p. 364.
  • [76]
    J.-C. Daumas, « La draperie elbeuvienne à l’époque contemporaine [1870-1975] : territoire, structures des entreprises et coordination de la production », dans J.-F. Eck, M. Lescure, Villes et districts industriels en Europe occidentale, xviie-xxe siècles, op. cit., p. 307-320.
  • [77]
    N. Crepax, Storia dell’industria italiana. Uomini, imprese e prodotori, Bologne, Il Mulino, 2002, p. 341-352.
  • [78]
    Unioncamere, Imprese e istituzioni nei distreti industriale che cambiano, Milan, Franco Angelli, 1995 ; C. Bruno, Dal decentramento produttivo alle reti tra imprese, Milan, Franco Angeli, 1998.
  • [79]
    A. L. Saxenian, Regional advantage, op. cit.
  • [80]
    E. Ternant, La dynamique longue d’un système productif localisé : l’industrie de la montre en Franche-Comté, op. cit.
  • [81]
    R. Salais, M. Storper, Les mondes de production. Enquête sur l’identité économique de la France, Paris, Ed. de l’ehess, 1993.
  • [82]
    F. Cesarini, G. Ferri, M. Giardino (dir.), Credito e sviluppo. Banche locali e imprese minori, Bologne, Il Mulino, 1997 ; G. Conti, G. Ferri, « Banche locali e sviluppo economico decentrato », dans F. Barca, Storia del capitalismo italiano dal doppoguerra a oggi, op. cit., p. 429-465 ; P. Alessandrini (dir.), La banca in un sistema locale di piccolo e medie imprese, Bologne, Il Mulino, 1994.
  • [83]
    F. Le Bot, « Les ressorts du district fougerais de la chaussure, xixe-xxe », dans M. Lescure (dir.), La mobilisation du territoire. Les districts industriels en Europe occidentale, Paris, cheff, à paraître.
  • [84]
    M. Lescure, « Entre ville et campagne : l’organisation bancaire des districts industriels. L’exemple du Choletais [1900-1950] », dans J.-F. Eck, M. Lescure, Villes et districts industriels en Europe occidentale, xviie-xxe siècles, op. cit., p. 81-104.
  • [85]
    M. Lescure, « Banques locales et financement des districts industriels en France après 1945 », dans J.-C. Daumas, P. Lamard, L. Tissot (dir.), Les territoires de l’industrie en Europe [1750-2000]. Développement, financement et réseaux, Actes du colloque de Neuchâtel, 2006, à paraître aux Éditions Alphil.
  • [86]
    G. Dei Ottati, Tra mercato e comunità, op. cit.
  • [87]
    P.-Y. Donzé, « Le district industriel horloger suisse de la cartellisation à la globalisation. L’exemple de l’industrie de la boîte de montre au cours du xxe siècle », dans J.-C. Daumas, P. Lamard, L. Tissot, Actes du colloque de Neuchâtel, op. cit.
  • [88]
    R. Rabelloti, « How globalization affects Italian districts: the case of Brenta », dans H. Schmitz, Local Enterprises in the Global Economy, op. cit., p. 140-173.
  • [89]
    P. Froment, « Le remodelage du district du cuir à Naples : entre ancrage territorial et économie mondialisée », dans J.-C. Daumas, P. Lamard, L. Tissot, Actes du colloque de Neuchâtel, op. cit.
  • [90]
    H. Schmitz, P. Knorringa, « Learning from the global buyers », Journal of Development Studies, 37 (2), 2000, p. 177-205.
  • [91]
    S. Brusco, S. Paba, « Per una storia dei distretti industriali italiani dal secondo dopoguerra agli anni novanta », dans F. Barca, Storia del capitalismo italiano dal doppoguerra a oggi, op. cit., p. 306-320.
  • [92]
    A. Colli, I volti di Proteo. Storia della piccola imprese in Italia nel Novocento, Turin, Boringhieri Bollati, 2002.
  • [93]
    U. Staber, « The Social Embededness of Industrial District Networks », dans U. Staber, N. Schaeffer et B. Sharma (eds), Regional Business Networks: Prospects for Prosperity, New York, De Gruyter, 1996, p. 157.
  • [94]
    P. Judet, Horlogeries et horlogers du Faucigny [1849-1934]. Les métamorphoses d’une identité sociale et politique, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2004.
  • [95]
    G. Hofstede, Culture’s Consequences: International Differences in Work related Values, Beverly Hills, Sage Publications, 1980.
  • [96]
    J.-M. Olivier, « La conscience de place : l’apport des historiens », dans P. Guillaume (dir.), Les solidarités, t. 2, Du terroir à l’État, Pessac, msh d’Aquitaine, 2003, p. 239-303.
  • [97]
    F. Carnevali, « Crooks, Thieves and Receivers: Transaction Costs in Nineteenth-Century Industrial Birmingham », Economic History Review, 62/3, 2004, p. 533-550.
  • [98]
    E. Ternant, La dynamique longue d’un système productif localisé : l’industrie de la montre en Franche-Comté, op. cit.
  • [99]
    F. Carnevali, « Knowledge and trust: the regulation of cooperation in industrial districts, Birmingham (uk) and Providence (usa) », dans J.-C. Daumas, P. Lamard, L. Tissot, Actes du colloque de Besançon, op. cit.
  • [100]
    J.-C. Daumas, Les Territoires de la laine, op. cit., p. 132-137.
  • [101]
    A. Florida, L. Parri, F. Quaglia, Regolazione sociale ed economia locali : attori, strategie, risorse. Il caso dei distretti conciari, Milan, Franco Angeli, 1994.
  • [102]
    B. Ancori, A. Bureth, P. Cohendet, « The economics of knowledge: the debate about codification and tacit knowledge », Industrial and Corporate Change, n° 2, 2000, p. 255-287, et P. Cohendet, E. Steinmuller, « The codification of knowledge: a conceptual and empirical exploration », art. cit., p. 195-253.En ligne
  • [103]
    P. Marchand, « La qualification en débat parmi les responsables politiques, économiques et éducatifs du Nord [1860-1940] », dans G. Gayot, P. Minard (dir.), Les ouvriers qualifiés de l’industrie (xvie-xxe), Revue du Nord, hs, n° 15, 2001, p. 137-146 ; Y. Lequin, « L’apprentissage en France au xixe siècle : rupture ou continuité ? », Formation-Emploi, octobre 1989, n° 27-28, p. 1-13 ; et sur l’exemple des écoles d’horlogerie de Cluses, P. Judet, Horlogeries et horlogers du Faucigny [1849-1934]. Les métamorphoses d’une identité sociale et politique, op. cit, p. 50-61, ou de Porrentruy, P.-Y. Donzé, Formation professionnelle et développement industriel dans le district de Porrentruy aux xixe et xxe siècles, Delémont, Ed. Alphil, 2005.
  • [104]
    J.-C. Daumas, Les territoires de la laine, op. cit, p. 250-260.
  • [105]
    F. Iraldo, Ambiente, impresa e distretti industriali, op. cit., p. 112-118.
  • [106]
    A. Diena, « La fin du miracle italien », Le Monde, 20 septembre 2005.
  • [107]
    C. Hussler, Espaces, externalités de connaissance et innovation : éclairages théoriques et empiriques, thèse, Université L. Pasteur, Strasbourg, 2004, p. 51-57.
  • [108]
    CI. Brelot, « Prosopographie des horlogers suisses à Besançon [1793-1814], dans J.-L. Mayaud, P. Henry (dir.), Horlogeries. Le temps de l’histoire, Besançon, alub, 1995, p. 115-130 ; S. Vaillant-Gabet, « Le district lainier de Verviers au xixe siècle : ressorts et étapes d’une croissance », et S. Daviet, « Réévaluer les déterminants locaux des territoires », dans J.-C. Daumas, P. Lamard, L. Tissot, Actes du colloque de Neuchâtel, op. cit.
  • [109]
    J. Zeitlin, « Industrial districts and local economic regeneration… », art. cit., p. 284-285.
Français

Résumé

Durant les années 1970, la découverte de la Troisième Italie conduit à une réhabilitation du concept marshallien de district industriel et à un grand nombre d’études sur le système productif, dont le développement peut le mieux s’expliquer par la concentration géographique des activités. En premier lieu d’une problématique concernant exclusivement sociologues et économistes, la question des districts industriels est devenue un sujet de préoccupation des autres sciences sociales, parmi lesquelles l’Histoire. Cependant, en dépit du caractère prometteur et stimulant que cette approche peut avoir, elle demeure incomplète et floue. L’Histoire n’a pas été capable de jouer son rôle à part entière parce que l’application du concept à l’histoire soulève nombre de questions théoriques, méthodologiques et empiriques. Il est nécessaire de clarifier les contenus du concept, de décrire comment il a été élaboré, comment il s’est diffusé, et de mesurer son utilité pour la recherche historique.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/02/2007
https://doi.org/10.3917/reco.581.0131
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po © Presses de Sciences Po. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...