Un premier coup d’œil aux thèses fondamentales du deuxième Manifeste convivialiste suffit pour constater l’affinité, ou du moins la convergence, avec les concepts et les propositions de la pensée féministe. Dans les deux cas, il s’agit de perspectives radicales qui partent d’un regard critique et déconstructeur sur la civilisation occidentale et moderne et ses pathologies, pour ensuite dessiner des scénarios alternatifs et tracer, comme le dit le Second Manifeste, « les contours d’un autre monde possible », auquel fait écho une expression heureuse de Lea Melandri dans laquelle elle résume l’objectif du mouvement des femmes : « Modification du moi et modification du monde. » Ce n’est pas une mince affaire, surtout aujourd’hui, dans un monde global qui non seulement semble avoir perdu, avec la chute du mythe du progrès, toute foi dans la possibilité du meilleur, mais qui est traversé par des dynamiques régressives, qui semblent ébranler les conquêtes que nous pensions avoir acquises, de la démocratie à l’égalité des chances, de la liberté au droit au futur.
La convergence entre le convivialisme et le féminisme semble également résister à d’autres différenciations au sein même du concept de féminisme : s’il est vrai qu’il n’y a pas un seul féminisme mais qu’il existe de nombreuses voies, même très différentes les unes des autres, il est également vrai que dans chacune de ces voies nous pouvons identifier des thèmes et des problèmes communs avec le convivialisme. Il suffit d’entrer dans le diagnostic et de partir de ce qui est le problème fondamental et central dénoncé par l…