La pandémie de Covid-19, comme d’autres risques sanitaires ou événements qui dérèglent brutalement le fonctionnement ordinaire de nos sociétés, joue un rôle de catalyseur des transformations sociales. Elle nous fait prendre conscience de ce qui n’était encore pour beaucoup qu’une impression latente et diffuse, et mobilisant nos peurs et nos angoisses, elle nous « invite » à des choix déchirants, mais qu’en partie les circonstances ont déjà réglés.
Nous croyions être à l’image de ce que nos modes de pensée et les medias nous rapportaient. Nous avions déjà basculé dans un au-delà que nous révèle la force des mesures prises pour nous faire passer l’épreuve de la pandémie. Ces mesures sont d’abord justifiées par une urgence, d’autant plus réelle que nous nous étions mal préparés à faire face(1). Mais, au fur et à mesure où nous faisons connaissance avec le virus tel qu’il est, nous nous installons dans l’urgence, la variabilité étant uniquement celle des actions que l’autorité publique prend pour s’adapter à l’évolution de la pandémie. C’est la politique de « la résilience », une manière de trouver des biais pour déjouer un virus qui est toujours présent et auquel d’autres succèderont. Et, cette adaptation des gouvernants à une flexible politique et des citoyens à une intériorisation subjective de la réalité pandémique pourrait, si elle perdurait dans le temps de l’épidémie, être la clé d’une possible réussite de la politique sanitaire de pays européens comme l’Italie, voire… la France…