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Christian Byk : Pourquoi parlez-vous (page 18) d’ « une pandémie d’un autre temps » ? Chaque épidémie ne vient-elle pas en son temps lorsque les conditions d’un nouvel équilibre pathogène sont réunies ?Emmanuel Hirsch : Nos sociétés modernes, celles de l’intelligence artificielle et des technologies innovantes ne pensaient pas être confrontées aux défis d’une pandémie qui stupéfait et fige aujourd’hui l’ensemble des populations du monde. D’autres crises sanitaires comme le SRAS en 2003 n’ont pas eu de telles conséquences. Si l’on évoque les années sida, assez rapidement la prévention a permis de limiter les contaminations, et des mesures de santé publique liées au développement de thérapeutiques efficace vers 1996 ont fait du sida une maladie chronique. Il n’en demeure pas moins que plus de 700 000 personnes meurent encore chaque année des suites du sida dans les pays dépourvus de système de santé efficaces. Nous n’étions certainement pas prêts à envisager la nature du risque sanitaire d’ampleur qui nous surprend et nous déroute, alors que l’environnement est pourtant menaçant avec notamment les menaces nucléaires, radiologique, bactériologiques et chimiques (NRBC). Cette pandémie est d’un autre temps dès lors qu’actuellement les mesures prescrites pour tenter de limiter son extension renvoient aux représentations des grandes épidémies, aux peurs, aux visions de la mort massive accompagnées d’un renoncement aux rites du départ, à l’enfermement lorsque le confinement est imposé et à l’acceptation des contraintes qui déterminent les choix politiques…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/02/2021
- https://doi.org/10.3917/dsso.071.0105
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