CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Saint-Simon et Voltaire sont les deux historiens majeurs de Louis XIV, ceux qui ont traversé le temps et continueront à le traverser, laissant loin derrière eux les historiens d’hier, d’aujourd’hui et de demain les mieux informés, les plus intelligents, les plus scrupuleux, les plus décidés à entretenir, à nuancer ou à démolir le mythe, et qui pourtant seront toujours dépassés un jour ou l’autre, alors que Saint-Simon et Voltaire ne le seront jamais. Historien, Voltaire, qui s’est voulu l’agent d’une véritable révolution historiographique, l’est évidemment. Historien, Saint-Simon, qui ne cesse de proclamer que ses Mémoires sont une œuvre d’histoire, et les range dans le domaine de ce que son époque appelle « histoire particulière », l’est aussi, si toute­fois écrire l’histoire cela peut être « mettre son lecteur au milieu des acteurs de tout ce qu’il raconte, de sorte qu’il croie moins lire une histoire ou des mémoires, qu’être lui-même dans le secret de tout ce qui lui est représenté, et spectateur de tout ce qui est raconté » [1]. D’une certaine manière, leurs œuvres nous proposent aussi deux Louis XIV dont nous ne sommes pas débarrassés. Leur dialogue en grande partie involontaire [2] continue à être le nôtre, et alors que les apôtres du règne continuent à trouver beaucoup d’arguments chez Voltaire, ceux qui cherchent à en donner une image plus réservée voire négative puisent tout aussi souvent leur matière première chez Saint-Simon. Pendant cette année 2015, à l’occasion du tricentenaire de la mort Louis XIV, il y aura eu bien des polémiques et des jugements différents sur la personne et sur le règne de Louis XIV. Sont-ils vraiment sortis du débat qu’on peut penser à partir d’une lecture comparée de Voltaire et de Saint-Simon, qui ont toujours été, et seront toujours, les deux voix qui comptent sur Louis XIV ? Cela reste à montrer.

2 D’un côté, celui de Voltaire, un roi monumentalisé et stylisé, représenté le plus souvent de profil dans une prose d’une noble sobriété qui, dédaigneuse des détails, ou soucieuse de les intégrer à une vision d’ensemble, fait du roi la métonymie de son règne. Le rythme relativement monotone du Siècle de Louis XIV, sa manière de réduire les événements à leurs grandes lignes et de soumettre l’anecdote à un regard surplombant, son refus de flatter le goût des lecteurs pour les beaux portraits, les conversations reconstituées ou les mots d’esprit faciles, tout cela fait rentrer Louis XIV dans une fresque qui n’est pas indigne de celles qui reconstituent pour l’éternité les grandes heures du règne de Jayavarman VII sur les murs d’Angkor. Voici le plus parfait exemple jamais produit par un être humain, peut-être, de ce que Nietzsche, dans la seconde de ses Considérations inactuelles, appelle histoire-monument : il s’agit en l’occurrence de construire, non la personne singulière de Louis XIV, mais son règne tout entier, en modèle pour l’histoire à venir de l’humanité, en preuve décisive que le monde humain n’a pas forcément le visage de la violence et de la barbarie, que les fanatiques d’hier et d’aujourd’hui n’auront pas toujours le dernier mot, qu’une grandeur qui n’est pas un vain mot vient opposer sa forme à l’informe, sa majesté au chaos de l’histoire. Voici un roi qui ne peut pas mourir, ou qui ne peut mourir qu’en parachevant sa statue à coups de paroles d’une telle dignité qu’en elles se condense, comme un rêve de pierre, le classicisme qui pour Voltaire représente précisément la victoire (toujours provisoire) des formes sur le mal.

3 D’un autre côté, celui de Saint-Simon – et il faut se souvenir que les périodes de rédaction des Mémoires et du Siècle de Louis XIV sont exactement contemporaines – un roi, comme le dit Claire Quaglia dans son article, saisi à vif, et dont la vérité éclate, non dans la tentative de résorber toute subjectivité dans une construction monumentale, mais dans le faisceau de sentiments contradictoires, tous prodigieusement intenses et passionnés, à travers lesquels il est appréhendé. Un roi de chair, détesté et adoré, méprisé et admiré, attaqué et défendu. Un roi « uniquement per­sonnel [3] » qui ose accorder aux enfants de sa personne les droits qui sont dus aux enfants de la royauté, mais qui, au moment même où il montre son égoïsme et sa dureté dans la célèbre scène du bassin des carpes de la chronique de 1708, parvient dans l’écriture de Saint-Simon, qui prétend pourtant faire son procès, à une forme de majestueuse et écrasante force de présence. « Je vois encore la scène [4] », écrit Saint-Simon. Cela pourrait être un simple cliché de l’écriture de la mémoire, bon à jeter dans le mouroir des topoï : mais c’est la vérité toute nue d’une écriture qui nie de toutes ses forces l’écart entre présent et passé, et ressuscite effectivement un monde disparu, tout simplement parce que sa disparition n’a pas eu lieu pour elle. Les sentiments, les affects de Saint-Simon sont intacts au moment de l’écriture, et c’est à travers leur prisme que Louis XIV perce le papier. Et alors que le roi de Voltaire est enveloppé dans une signification grandiose, celui de Saint-Simon refuse d’une certaine manière, tant le sens est débordé de tous côtés par l’émotion et par le vivant, de faire sens. Sa mort en particulier ne referme rien, ne conclut rien, ne parachève rien. Elle ouvre une blessure béante et pose une question éternellement suspendue. Déchiré entre ses griefs et une espèce d’adoration malgré tout pour le monarque qu’il ne cherche même pas à dissimuler, Saint-Simon, pris dans une tempête de sentiments opposés, tous également sincères et exaltés, transforme son récit de la mort de Louis XIV en ce que j’avais autrefois appelé un « bateau ivre [5] ». La mort de Louis XIV, le 1er septembre 1715, transformée à la fois en chef-d’œuvre classique et en objet d’histoire par Voltaire, investit le texte de Saint-Simon de cris d’indignation, de pitié et d’épouvante, dans la réitération obsédante d’un éternel présent.

4 1715. Cette date structure notre imaginaire historique bien plus profondément que celle, purement technique et calendaire, de 1700. Elle représente la fin de notre dix-septième siècle mental, le règne interminable de Louis XIV ayant « mordu » sur le dix-huitième siècle officiel du calendrier au point de lui voler quinze ans d’existence symbolique. Et depuis trois siècles tout a été dit, et le reste, sur le sens de ce moment qui en lui-même semble n’avoir pourtant que peu de sens – qui ne sait que les rois, comme les autres hommes, sont mortels ? – et qui pourtant est inlassablement interprété et réinterprété. Pour Saint-Simon, il y a continuité dans le fond, car la politique d’abaissement des élites aristocratiques et de désorganisation de la hiérarchie, entamée par Louis XIV, est poursuivie et aggravée par la Régence et par Louis XV ; mais il y a discontinuité dans la forme, car la monarchie louis-quatorzienne avait réussi à maintenir sa dignité dans la majestueuse incarnation de la fonction royale par Louis XIV et dans la régularité magnifique de sa mécanique, et voilà ce qui sera définitivement perdu et sur quoi le mémorialiste verse des larmes de sang. Pour Voltaire, il y a à la fois continuité relative de l’éclat des arts et des lettres et risque de déchéance, la période classique lui apparaissant comme un âge d’or qu’il est difficile voire impossible de faire durer. Un nom dans l’imaginaire de Voltaire résume d’ailleurs plus que nul autre cette perfection qui caractérise l’époque Louis XIV, c’est comme on sait celui de Racine : au-dessus de tout ce que l’époque a produit de plus grand, Voltaire place la tragédie classique, et en ce genre Racine est le suprême accomplissement. Caricaturons à peine et disons que Louis XIV, c’est celui pour Voltaire qui a rendu possible Racine, et fait de Racine le signe le plus éclatant d’un monde tendant vers la perfection. Avant, le classicisme, après, les Lumières, c’est du moins ainsi que la mort de Louis XIV a découpé à la hache deux moments majeurs de notre littérature, dont l’identité semble résister à toutes les tentatives des chercheurs pour nuancer ou plus brutalement refuser cette opposition. Cette césure est forcément pour une part imaginaire, de cette espèce d’imaginaire sans lequel aucune structuration du temps historique et à la limite aucune mémoire ne sont possibles. Mais en ce genre comme en tous les genres, les repères, s’ils sont nécessaires, doivent être toujours mis en question. Emmanuel Bury a donc raison de se demander, à partir du constat que la date de 1715 a représenté un élément organisateur essentiel des histoires de la littérature, si la mort de Louis XIV a effectivement représenté un « événement pour la littérature ». Sa contribution vise à revenir sur cette perspective, en tentant de voir si la mort du monarque a été réellement une borne miliaire pour l’évolution de la littérature, et s’il est justifié d’en faire un repère majeur dans le champ littéraire, ou si l’autonomie de ce dernier était déjà assez affirmée pour que l’écho de la fin du règne n’ait pas été déterminant au point de modifier l’activité des écrivains et la production littéraire de l’époque. Il s’agit donc de poser une nouvelle fois la question de la synchronie entre l’histoire politique (et sociale) et l’histoire propre de la littérature. Pour Emmanuel Bury, il faut apprécier avec nuance cette interaction éventuelle : s’il est évident que la vie littéraire n’est pas séparable du contexte historique général, il n’en est pas moins vrai que quelques débats majeurs du temps (comme la Seconde Querelle des Anciens et des Modernes) semblent reprendre le fil d’une tradition critique apparemment imperméable à l’actualité historique.

5 Trois contributions nous ramènent à la mort de Louis XIV comme à un moment de l’actualité vécue de ses contemporains, qu’ils aient été hostiles au roi et soulagés par sa mort, comme les auteurs des pamphlets qui inondèrent la France à la fin de l’été 1715, traumatisés par la disparition d’un souverain qui représentait le centre de leur propre existence, comme le marquis de Dangeau, ou tout simplement amenés par leur fonction à rendre hommage (de manière plus ou moins sincère selon les cas) au monarque défunt dans le cadre de l’éloquence officielle. Pierre Bonnet, spécialiste de l’écriture pamphlétaire et satirique sous Louis XIV, analyse dans la diversité de leurs formes et des sensibilités qu’ils représentent les poèmes satiriques qui donnèrent la parole à une extraordinaire polyphonie de l’amertume, du ressentiment et de la haine. S’inspirant des célèbres travaux d’André Jolles sur ce que ce dernier appelait des Formes simples, périphériques à la littérature et comme logiquement antérieures à celle-ci, et travaillant sur la base de l’entreprise de recensement de ces textes par Henri Duranton, il montre que le célèbre jugement de Saint-Simon proclamant dans ses Mémoires qu’à sa mort le roi ne fut regretté « que de ses valets intérieurs, de peu d’autres gens et des chefs de l’affaire de la Constitution [6] » n’est pas une vue de l’esprit rageur de ce dernier mais une réalité que plus personne d’ailleurs ne songe à contester aujourd’hui, et qui est attestée par Voltaire lui-même. Objet de « Ci-gît » à l’humour dévastateur, déconstruit et ridiculisé par un humour carnavalesque, dénoncé pour sa politique familiale, fiscale, religieuse, ou encore pour son ardeur guerrière, Louis XIV est bien maltraité, et ces pamphlets semblent vouloir défigurer comme un acide sa statue au point de la faire ressembler à la statue de Glaucus du second discours de Rousseau. Michèle Bokobza-Kahan, spécialiste du siècle des Lumières qui a consacré une importante partie de son travail à l’image de l’auteur dans les littératures marginales et dissidentes, examine l’effet produit par l’événement de la mort de Louis XIV sur la « mécanique » du Journal de Dangeau, cette espèce de miroir verbal de la mécanique de la cour du grand roi. Étrangère au mépris un peu hypocrite avec lequel Saint-Simon et Voltaire, qui l’ont pourtant constamment utilisé et parfois pillé, accablent la prétendue fadeur de Dangeau et sa légendaire myopie historiographique, Michèle Bokobza-Kahan prend la mesure de ce qui lui apparaît comme une forme d’héroïsme de la consignation obstinée des faits. Confronté à l’événement insupportable pour lui de l’agonie du roi, le Journal résiste d’abord de toutes ses forces à l’intolérable en maintenant ses formes ordinaires, en niant purement et simplement l’imminence de la mort du souverain et, lorsqu’il est acculé à le faire, en s’indignant des pronostics sombres qui se multiplient sur son état de santé. Puis l’information que le Journal ne voulait pas dire finit par s’imposer à lui, d’abord par petites touches disséminées, puis de manière plus lancinante et laconiquement douloureuse. Enfin, bouleversé par la mort d’un roi qui représente pour lui la mort de son monde, le diariste est obligé de changer de forme textuelle et de rendre compte de l’agonie du roi dans un mémoire rédigé à la première personne et tout palpitant d’émotion et d’admiration. Bousculé dans ses formes qui avaient résisté à tout depuis des dizaines d’années, le Journal de Dangeau se fait ainsi le microcosme d’un monde affecté par un véritable séisme historique. Stéphane Macé quant à lui s’intéresse à un lieu obligé de la parole officielle en étudiant la fameuse oraison funèbre prononcée par Massillon à l’occasion de la disparition du souverain. Il examine notamment le procédé de l’amplification, ressource habituelle de la rhétorique d’apparat, mais qui prend ici tout son sens au moment de faire le point sur la véritable grandeur du roi disparu : grandeur paradoxale, si l’on considère que « Dieu seul est grand », que les lauriers acquis à la guerre n’ont qu’une valeur bien dérisoire et que les ors de Versailles ne sont que vanité ; mais grandeur tout de même inscrite par avance dans le surnom de Louis le Grand comme une caractéristique inaliénable de sa personne, et que l’ensemble du discours s’attache à redéfinir par des voies détournées. Le jeu de bascule traditionnel entre amplification et atténuation gagne ici un intérêt supplémentaire, et Massillon en utilise le dynamisme pour dépeindre le roi défunt en nouveau Salomon plutôt qu’en Alexandre des temps modernes. En ce moment crucial où Louis XIV bascule dans l’Histoire, la leçon doit l’emporter sur l’éloge.

6 Dans les cas de Saint-Simon, de Montesquieu et de Voltaire, même si tous trois étaient adultes au moment de la mort de Louis XIV, le curseur temporel se déplace car les textes les plus importants qu’ils ont écrits sur la mort du roi l’ont été plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années, après l’événement. Claire Quaglia, spécialiste des mémorialistes de la période, observe la magnifique ambivalence des pages consacrées par Saint-Simon à Louis XIV à l’occasion de sa mort. Si la postérité a surtout retenu le vaste et acide Tableau du règne qui fonctionne comme une enclave dans la chronique de 1715 et constitue presque un ouvrage en soi, incrusté dans le continuum des Mémoires, Claire Quaglia rappelle qu’il est précédé par un récit beaucoup plus tourmenté de l’agonie et de la mort du roi, où Saint-Simon met bien souvent de côté ses griefs purement politiques pour faire éclater ses émotions, et notamment son admiration pour Louis XIV qu’ailleurs il tente d’écraser du talon, et qui se manifeste ici de manière d’autant plus saisissante qu’elle est parfois comme involontaire. La mort de Louis XIV est peut-être une belle mort chrétienne, mais Claire Quaglia montre qu’elle est admirée par Saint-Simon moins pour sa piété que pour la manière dont le roi a su conserver la dignité de son rang jusqu’à son dernier soupir, ses dernières paroles en particulier gardant ce laconisme majestueux qui a caractérisé son langage toute sa vie. Et, autre forme d’hommage, Saint-Simon, racontant les préparatifs de la Régence, et qui sait a posteriori à quel point l’image offerte par son ami de la vie du gouvernant fut bien différente, confesse qu’il harcela le duc d’Orléans pour le pousser – en vain, comme d’habitude – à imiter Louis XIV en tout dans sa vie officielle. Loin du Saint-Simon si souvent caricaturé en opposant à Louis XIV par la routine critique, c’est la réalité infiniment plus humaine et troublante de celui qui fut aussi et surtout son sujet qui se révèle ici. Myrtille Méricam-Bourdet, qui a consacré un ouvrage de référence à Voltaire historien, et qui travaille actuellement sur Montesquieu, propose un regard croisé des deux écrivains sur Louis XIV, avec comme point d’observation privilégié le moment de la mort du roi. Si Voltaire a été effectivement historien de Louis XIV, Montesquieu semble avoir eu la même ambition, qui ne s’est pas concrétisée par un ouvrage monumental, mais dont témoignent plusieurs passages des Lettres persanes et de L’Esprit des lois, et surtout de nombreuses notations des Pensées où le projet de faire l’histoire de ce grand règne est évoqué. Ni Montesquieu ni Voltaire ne sont complètement dupes du mythe de la fermeté magnifique de Louis XIV face à la mort, le premier la mettant en partie sur le compte de la nature de sa maladie et le second sur sa dimension de spectacle officiel, mais Voltaire monumentalise plus nettement l’agonie et la mort de Louis XIV en mettant notamment l’accent sur ses dernières paroles. Sur la question du caractère du roi et de sa manière de gouverner, c’est en revanche le grand écart entre un Montesquieu sur ce point très proche de Saint-Simon – qui est d’ailleurs une de ses sources directes d’information – qui croit le roi d’une intelligence médiocre, facile à manipuler, et par cela même proche de la figure du despote, et un Voltaire qui fait de lui une des causes principales de la grandeur de son règne, notamment sur le plan des arts et des lettres. La majesté personnelle du roi est réduite à une pure extériorité voire à un spectacle manipulateur par Montesquieu alors qu’elle porte pour Voltaire la monarchie française à son plus haut point de dignité et de rayonnement symbolique.

7 Deux articles figurant en annexe de ce dossier l’ouvrent sur des perspectives un peu différentes. Lucien Bély nous a fait l’amitié de nous transmettre le texte de la conférence magistrale qu’il a prononcée lors de la dernière assemblée annuelle de la Société d’étude du xviiesiècle (7 février 2015) : il y montre l’importance accordée par Louis XIV à son système d’information, que celle-ci émane de ses proches de manière plus ou moins informelle, de hauts dignitaires comme le duc de Chevreuse, ministre officieux, avec qui il avait de longs entretiens privés, ou d’un véritable système d’espionnage au cœur duquel se trouvaient ses valets de chambre, ou, pour tout ce qui concerne la vie parisienne, le lieutenant général de la police et ses agents. Tous les rouages de ce pouvoir basé sur l’information sont passés en revue, mais les limites du système, liées en particulier à un autoritarisme pesant et à un système lourdement hiérarchisé, apparaissent comme évidentes. Frédéric Rimoux propose une étude approfondie de la réflexion de Fénelon, mort comme on sait quelques mois seulement avant Louis XIV, et dont la pensée politique est étroitement liée aux données de son règne, sur les questions de politique internationale et sur la question de la guerre. Soucieux de l’équilibre des puissances et de la paix européenne, Fénelon a eu une influence réelle sur les conceptions historiques des relations internationales, et sur la réflexion ultérieure sur les moyens d’une paix durable. S’il condamne la guerre comme un scandale moral, sa pensée reste cependant pragmatique et envisage les conditions d’une guerre acceptable.

8 Par la diversité qu’il fait entendre des voix des contemporains, majeurs ou mineurs, de l’événement de la mort de Louis XIV, ce dossier offre cette forme de vérité de l’histoire à laquelle seule la polyphonie de points de vue opposés ou contradictoires donne accès.

Notes

  • [1]
    Saint-Simon, Mémoires, éd. Yves Coirault, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1983-1988, vol. I, p. 6.
  • [2]
    Même si Saint-Simon parle de manière cassante de Voltaire, même si Voltaire a peut-être lu sur le tard Saint-Simon et projeté d’écrire sa réfutation
  • [3]
    Mémoires, éd. citée, III, p. 114.
  • [4]
    Idem.
  • [5]
    Marc Hersant, Le Discours de vérité dans les Mémoires du duc de Saint-Simon, Paris, Honoré Champion, 2009, p. 726.
  • [6]
    Mémoires, éd. citée, V, p. 617.
Mis en ligne sur Cairn.info le 19/11/2015
https://doi.org/10.3917/dss.154.0583
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