CAIRN.INFO : Matières à réflexion
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David, Groupe de Martin Dauch extrait des Quatorze études pour Le Serment du jeu de paume, 1790-1791, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

1Nous nous proposons de nous interroger sur les liens entre individus et communauté dans deux des plus importantes communautés artistiques du siècle des Lumières : la Royal Academy of Arts de Londres et l’Académie royale d’architecture de Paris. Ce choix s’explique par le fait que toutes deux, contrairement à l’Académie royale de peinture et de sculpture par exemple, constituent des communautés closes. En effet, l’Académie d’architecture fondée en 1671, tout comme la Royal Academy née en 1768, suivait le modèle de l’Académie française en n’acceptant qu’un nombre retreint de membres, quarante pour la seconde, de vingt-six à trente- trois pour la première. On ne pouvait entrer au sein de l’institution qu’à la mort, la démission ou l’exclusion d’un académicien. Il s’agit donc dans les deux cas d’une communauté d’artistes particulièrement restreinte. De notables différences existaient cependant entre les deux institutions. L’Académie royale d’architecture était issue d’un conseil architectural mis en place par Louis XIV et Jean-Baptiste Colbert pour pallier l’absence de premier architecte. Sa principale vocation était de servir le souverain. La Royal Academy of Arts n’était qu’un avatar des multiples sociétés d’artistes qui fleurirent dans la Londres du premier 18e siècle afin de renforcer le prestige et la position sociale de ses promoteurs au sein de la société des Lumières. Cependant, chacune des deux institutions – Académie royale d’architecture et Royal Academy – se définissait à la fois comme une école et comme une communauté d’artistes distingués de leurs confrères par un titre faisant référence au patronage royal. Les analyses détaillées de ces deux institutions tendront à démontrer dans la différence entre deux modes d’inviduation, deux conceptions des institutions, deux modes de fonctionnement des corps collectifs tels qu’ils se définissent dans l’Europe des Lumières.

2Chacune des deux institutions tâcha de multiplier les liens qui permettaient de souder ses membres en une communauté visible par le pouvoir politique et le public naissant. Le premier de ces signes réside dans la terminologie employée par les institutions. Le choix du mot « académie » relève d’un parti pris idéologique et intellectuel puisqu’il faisait référence à une somme d’expériences développées dans toute l’Europe à partir de l’Italie de la Renaissance. Comme cela a été récemment bien montré, la création de la Royal Academy résultait d’un long processus d’acclimatation du modèle institutionnel continental aux spécificités anglaises [1]. La différence essentielle avec l’Académie royale d’architecture de Paris résidait dans la situation politique dans laquelle évoluait l’institution londonienne. La monarchie parlementaire anglaise ne prévoyait pas de contrôle de la production artistique du pays alors que la direction générale des Bâtiments du roi de France héritait d’un système organisé des arts en place dès la seconde moitié du 17e siècle qui visait à glorifier la politique royale : les académiciens parisiens se trouvaient insérés dans une administration qui les rétribuait, contrôlait les conditions de leurs réunions et tendait à leur réserver les postes les plus prestigieux dans l’administration des Bâtiments du roi [2].

3Les deux académies instituèrent progressivement un certain nombre de manifestations extérieures d’unité qui permettaient de souder la communauté à l’intérieur et d’en faire la publicité à l’extérieur. Cette publicité devait pallier l’incapacité marquée par ces deux institutions au 18e siècle à publier les résultats de leurs travaux, à l’inverse des académies scientifiques ou historiques. Par ce fait, le corps constitué n’obtenait aucune visibilité dans le domaine littéraire ou scientifique. De même, l’Académie royale d’architecture n’utilisa pas la presse pour assurer la publicité de ses travaux, contrairement à sa consœur, l’Académie de peinture et de sculpture. En effet, si les architectes utilisaient souvent les journaux comme le Mercure de France pour faire part de leurs réalisations au public ou exposer des controverses, l’Académie en tant que corps ne tenta pas de construire son image par ce biais. De 1672 à 1791, seuls treize articles concernaient l’Académie royale d’architecture contre cent trois pour l’Académie royale de peinture et de sculpture [3]. Quatre de ces articles relataient la distribution des médailles aux concurrents vainqueurs des grands prix, ceux de 1765, 1771, 1772 et 1776 [4] et la forme en était toujours particulièrement concise. En deux occasions – décembre 1772 et décembre 1777 – l’Académie fit paraître l’annonce de ses cours dans le Mercure[5]. L’institution faisait imprimer des placards publicitaires, comme le signale le procès?verbal de la séance de rentrée de novembre 1744 : « Messieurs les professeurs ont présenté à l’Académie les affiches pour les leçons qu’ils doivent donner aux élèves pendant le cours de cette année [6] ». Chaque année, en novembre, le secrétaire envoyait au directeur général des Bâtiments le programme des cours afin de le faire imprimer et afficher une semaine avant la rentrée [7]. Cette publicité s’explique par le fait que, contrairement aux séances de distribution des prix, les cours d’architecture et de mathématiques étaient ouverts au public. Autre moyen publicitaire, l’Almanach royal annuel fournissait à ses lecteurs la liste des membres de l’Académie royale d’architecture comme celle de toutes les sociétés savantes de la capitale. La notice, rédigée par le secrétaire académique, faisait l’objet d’une attention scrupuleuse de la part des membres de la compagnie. En novembre 1767 par exemple, Charles de Wailly se plaignit en vain au marquis de Marigny que son nom n’apparaissait qu’à la fin de la liste des académiciens de première classe [8]. À la suite des nombreuses erreurs qui se glissèrent dans la liste de 1777, les académiciens rappelèrent en janvier au secrétaire qu’il devait leur soumettre son projet avant de l’envoyer à l’éditeur [9] ; en août, il fut décidé que le secrétaire mettrait « sous les yeux de l’Académie la liste future de l’Almanach afin que chacun vît et composât son article d’après son rang, ses qualités et sa demeure [10] ». On le voit, la liste publiée par l’Almanach royal constituait un enjeu non négligeable pour les membres de la communauté.

4Cette faible présence dans la presse n’était pas compensée par une présence physique de la communauté dans la ville. Les cérémonies publiques étaient particulièrement rares. Les seules occasions où la compagnie française apparaissait en corps constitué dans l’espace public survenaient lors des célébrations d’événements royaux. L’Académie royale d’architecture accomplissait dans son église des pères de l’Oratoire les rites de fidélité monarchique, comme lors de la guérison de Louis XV en septembre 1744 :

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L’Académie étant assemblée, on a délibéré pour faire chanter un Te Deum en action de grâce pour la convalescence du roy, et l’on est convenu unanimement que tous les académiciens seraient avertis par une lettre circulaire d’envoyer chacun trente livres au secrétaire pour faire les frais de l’église et de la musique. L’Académie ayant toujours éprouvé les bontés du roi, qui l’a toujours honorée de sa protection, ne peut pas mieux lui marquer sa reconnaissance qu’en se portant avec ardeur pour n’être pas la dernière à remercier Dieu de l’heureuse convalescence de Sa Majesté par un Te Deum qu’elle est convenue de faire chanter le plus tôt qu’il sera possible dans l’église des révérends pères de l’Oratoire, rue Saint?Honoré [11].

6L’Académie royale d’architecture communiait ici dans ce grand moment de ferveur monarchique en faisant preuve d’un esprit d’émulation avec les autres corps constitués. La compagnie tenait à organiser la cérémonie à ses frais en exigeant de ses membres une participation financière de trente livres. Ce type de célébrations ne rassemblait pas seulement les membres de la compagnie, mais également des personnes extérieures, comme le précise le procès?verbal d’août 1752 à l’occasion de la célébration de la convalescence du dauphin : « On fera imprimer des billets d’invitation pour avertir Messieurs les académiciens et leurs amis [12] ». Il ne s’agissait cependant pas d’en faire un événement mondain à l’image des banquets annuels de la Royal Academy que nous verrons plus bas ou des cérémonies de remise des prix au Capitole organisées par l’Académie romaine de Saint?Luc. Aucun personnage important n’était invité, il s’agissait juste d’« amis ». Si l’Académie célébrait les événements heureux par des Te Deum – le dernier étant celui de la naissance du dauphin en novembre 1781 –, elle prenait part aux deuils monarchiques en organisant des messes solennelles, comme à l’occasion du décès du dauphin Louis en janvier 1766, de la reine Marie Leszczinska en août 1768 ou de Louis XV en juin 1774 [13].

7La communauté agissait également en corps lorsqu’elle adressait les traditionnels vœux à son supérieur hiérarchique au commencement de l’année civile, ainsi que les événements heureux ou malheureux qui survenaient dans la vie de ce dernier, en lui députant plusieurs de ses membres désignés par un vote en séance. Dans ces cas, la communauté ne se déplaçait jamais en corps, mais se faisait représenter. Ainsi, le 30 avril 1764, huit académiciens, quatre de première classe – Pierre Contant d’Ivry, Michel Chevotet, Jacques?Germain Soufflot et Claude Guillot Aubry – et quatre de seconde classe – Barthélémy?Michel Hazon, François Franque, Maximilien Brébion et Jean?Rodolphe Perronet – allèrent présenter leurs condoléances au marquis de Marigny pour la perte de sa sœur, la marquise de Pompadour [14]. La position de cette dernière explique le nombre important des membres de la délégation car, habituellement, la compagnie ne dépêchait que quatre des siens. En février 1767, pour le mariage du marquis de Marigny, furent désignés un académicien de première classe, Pierre Contant d’Ivry, et trois de seconde classe [15]. La composition de ces délégations ne répondait pas à des règles fixes puisqu’on ne retrouve pas un nombre constant de membres de chaque classe, ni les doyens de chacune d’elles. Le directeur de l’Académie n’y participait jamais, pas plus que les membres honoraires associés libres. Ces députations contribuaient à perpétuer un usage de politesse et de sociabilité propre à toutes les sociétés savantes d’Ancien Régime.

8La rareté des cérémonies publiques et des déplacements en corps constitué à Paris n’était pas compensée par une ouverture des lieux au public. L’absence de locaux adéquats rendait difficile la réception du public, et les académiciens architectes n’organisaient pas d’exposition annuelle de leurs œuvres contrairement à leurs collègues peintres, sculpteurs et graveurs et aux Londoniens. Le roi de France ne vint qu’une seule fois, en 1719, et l’Académie ne reçut qu’un seul visiteur important durant la seconde moitié du siècle, l’empereur Joseph II le 7 mai 1777 : « Le mercredi 7 mai entre midi et une heure, Joseph II, empereur, est venu à l’Académie, accompagné de M. le comte d’Angivillers : il a vu les salles, les modèles et l’école, dont les élèves étaient alors en concours du prix d’émulation du mois, et il a paru satisfait [16] ». La rapidité et la concision avec lesquelles cette visite fut consignée dans les procès?verbaux permettent de mesurer le faible intérêt des académiciens pour ce type de manifestation. En effet, les séances académiques étaient réservées aux membres de la compagnie qui n’admettaient qu’avec beaucoup de difficulté des personnes extérieures au sein des salles de réunion. À l’inverse de leurs confrères de l’Académie de peinture et de sculpture, les membres de l’Académie royale d’architecture n’admirent des non-professionnels dans leurs rangs qu’à partir de 1775, lorsque furent créées des chaires d’amateurs honoraires.

9Si la Royal Academy of Arts se caractérisait également par une faible ouverture de ses locaux au public, elle avait institué deux évènements qui lui donnaient une visibilité que ne possédait pas l’académie parisienne. D’un côté, le banquet annuel permettait aux académiciens de tisser des liens avec le monde des élites politiques, de l’autre, l’exposition annuelle des œuvres des membres de la compagnie assurait à l’institution un succès public et financier incomparable. L’histoire des expositions annuelles de la Royal Academy est bien connue [17], celle de ces agapes annuelles l’est moins. L’institution londonienne prit l’habitude d’organiser un banquet la veille de l’ouverture de son exposition annuelle à partir du 23 avril 1770, jour de la Saint-George [18]. L’abandon de la date de la fête de Saint-Luc choisie dans un premier temps révèle une volonté de se placer dans un cadre patriotique, plus proche du pouvoir politique : George était à la fois le saint patron de l’Angleterre et le prénom du souverain régnant. La Royal Academy of Arts suivait le modèle parisien du Salon qui ouvrait ses portes le 25 août, jour de la Saint-Louis et fête de la dynastie.

10L’organisation de banquets, pratique courante du monde des corporations et des sociétés artistiques européennes, n’était pas de mise à Paris. L’institution des banquets fut spécifiquement condamnée lors de la création des académies parisiennes dans le but avoué de se détacher des pratiques en cours dans les corporations en général et dans la Maîtrise des peintres en particulier. Les académies ne revinrent jamais sur cette interdiction prononcée au nom de la décence et de la dignité du nom d’artiste [19]. À Londres, le banquet servait à la fois à resserrer les liens entre les différents individus formant la communauté académique et à promouvoir la compagnie auprès des cercles du pouvoir.

11L’étude des listes d’invités au banquet annuel révèle les stratégies de communication de la Royal Academy. En 1778, il y avait soixante-quatre couverts [20] ; on comptait soixante-quatorze invités en 1782 en sus des académiciens [21]. Les invités étaient répartis en deux listes : la première – la plus importante en nombre – présentait les personnes invitées d’office, la deuxième présentait une liste de noms élus par les académiciens. En 1782, sur soixante-quatorze noms, quarante et un avaient été choisis à l’issue d’un vote [22]. Cette année-là, outre la famille royale et tout particulièrement le prince de Galles, futur George IV, ainsi que dix membres de sa cour, furent conviés d’office les titulaires des deux sièges archiépiscopaux les plus importants du pays, Canterbury et York, les membres du gouvernement (le lord chancelier, le lord président du conseil, le chancelier de l’échiquier, le speaker de la Chambre et les deux secrétaires d’État), mais également le lord maire de Londres et son prédécesseur, le lord maire honoraire ainsi que l’alderman John Boydell, futur maire de Londres. Dix ambassadeurs des cours étrangères étaient conviés au banquet. L’académie invita également les représentants des corps constitués les plus prestigieux : le président de la Royal Society, celui de l’Antiquarian Society et le président du Collège royal des médecins. En 1788, les académiciens ajoutèrent à cette liste les noms du chambellan de la reine, du premier lord de l’Amirauté, du secrétaire à la Guerre ainsi que du vice-lord grand chambellan, responsable de la police intérieure du royaume [23]. La pratique institutionnalisée des toasts permettait d’intéresser à la survie de l’institution les figures les plus puissantes du pays. À la suite du toast porté en l’honneur de l’Angleterre, du roi, de la famille royale, les convives buvaient à la santé de la Royal Academy of Arts. De plus, les artistes se posaient en commensaux de la famille royale et du gouvernement, rehaussant le statut social de leur profession.

12La manière dont chacune des deux institutions décida de célébrer l’anniversaire de sa fondation permet de saisir la différence fondamentale de positionnement de la communauté face au pouvoir politique. En 1771, l’Académie royale d’architecture fêtait un siècle d’existence. Les académiciens décidèrent d’instituer un concours extraordinaire, en plus du concours annuel du Grand Prix, afin de commémorer l’évènement. En cela, l’académie faisait de l’organisation de son enseignement le signe le plus visible de son action au service du pouvoir. Le sujet proposé aux élèves marquait également les liens forts unissant l’institution au pouvoir politique dont elle dépendait directement : « Un plan et une seule élévation d’un monument d’architecture orné de statues et de bas reliefs qui désignent d’une manière historique et allégorique les différens règnes de Henri IV, de Louis XIII, de Louis XIV et de Louis XV [24] ». L’Académie ne célébrait pas le temps de son existence, mais celle de la dynastie de son actuel protecteur.

13Toute différente fut la réaction de la Royal Academy of Arts. En 1793, l’institution londonienne s’apprêtait à célébrer ses vingt-cinq années d’existence. Un large débat prit place au sein de la compagnie. En décembre 1793, un comité composé de six personnes fut chargé de soumettre un certain nombre de propositions au roi [25]. Le journal que tenait le secrétaire de l’institution, le peintre paysagiste Joseph Farington, nous renseigne sur les propositions évoquées par le président de l’académie, Benjamin West, et sur les discussions qui s’ensuivirent [26]. Le comité proposait d’organiser un dîner de tous les académiciens dans les salles de Somerset House, de rédiger une lettre signée par tous les académiciens rappelant leur loyauté et affection pour le roi et la famille royale, leur gratitude pour sa protection et son patronage, leur zèle pour l’honneur et l’intérêt de l’institution. Parallèlement la Royal Academy ferait frapper une matrice pour l’occasion, dont on tirerait quatre médailles d’or, une pour le roi, une pour la reine, une pour le prince de Galles et la dernière pour la princesse royale ; des médailles d’argent seraient distribuées à tous les membres de la Royal Academy. Les discussions achoppèrent sur l’utilisation des salles de Somerset House dans un but non prévu par les constitutions accordées par le roi. Les dépenses prévues effrayaient le secrétaire de l’académie et bon nombre de membres de la compagnie. Richard Boswell, secrétaire pour la correspondance extérieure, indiqua qu’il fallait à tout prix que la célébration portât la marque de l’académie, aussi bien dans l’utilisation des locaux que dans celle des fonds débloqués, sinon on donnerait au public l’image d’un club célébrant son anniversaire [27].

14La volonté manifeste de se détacher de ce modèle de sociabilité ancré dans la société britannique poussait certains des académiciens à vouloir inventer de nouvelles formes de célébrations. Benjamin West proposa alors d’organiser une exposition publique des œuvres des académiciens décédés et vivants, d’organiser une soirée dans Somerset House au cours de laquelle une ode serait déclamée et un discours prononcé par le président de l’Académie [28]. Le second point d’achoppement concernant cet anniversaire survint lorsque fut abordée la question des rapports de l’institution avec le roi, point central de la vie académique [29]. Benjamin West, ami personnel de George III et défenseur du rôle du souverain au sein de l’institution, rapporta le 10 décembre 1793 à ses collègues qu’il avait obtenu lors d’une audience la permission royale de célébrer cet évènement, ce à quoi réagit vivement le peintre James Barry. Joseph Farington rapporte ses propos : « Barry s’éleva avec véhémence contre la référence malavisée au roi, faisant observer qu’un tel précédent forcerait la société dans le futur à ne proposer aucun vote avant que ne soit connue la volonté de Sa Majesté et par conséquent cela mettrait un terme à l’indépendance du corps [30] ».

15James Barry occupait une position assez marginale au sein de l’Académie, malgré son titre de professeur de peinture ; sa voix reflétait cependant le principal point de tension existant au sein de la communauté sur les liens exacts que devait avoir le corps avec le roi. Finalement, la majorité des membres de la communauté académique préféra commémorer cet évènement par la frappe de médailles, une adresse au roi et un simple dîner au Bedford Coffeehouse [31]. Le nombre de toasts fut même voté en assemblée générale : trois toasts seraient portés en l’honneur du roi puis un à la reine, au prince de Galles, à la princesse royale et au reste de la famille royale, un au duc d’York et à l’armée, un au duc de Clarence et à la marine, trois à la prospérité de la Royal Academy, un à Sir William Chambers pour son rôle dans la création de la Royal Academy, un au succès de la prochaine exposition et enfin un au président de l’académie [32]. L’Académie recevait ainsi autant de toasts que le roi, ce qui contentait en partie les adversaires du parti royal. Le dîner eut lieu le dernier jour de l’année 1793, sans la présence des deux académiciennes, Angelica Kauffmann et Mary Loyd Moser [33]. Le président avait convié des musiciens pour un concert, ce qui déplut à la plupart des convives, car, comme l’écrivit Joseph Farington, « il s’agissait plus d’un concert avec des intervalles qu’une réunion au cours de laquelle la conversation pouvait prendre place [34] ».

16Certains des membres de la compagnie ressentaient le besoin d’une plus grande visibilité sociale. En 1793, le secrétaire académique Joseph Farington proposa à ses collègues d’adopter un vêtement uniforme lors de leurs réunions. Ceci aurait eu un double avantage : « leur donner une respectabilité impressionnante et d’une manière agréable les distinguer comme un corps [35] ». La proposition fut sèchement rejetée, mais cette tentative d’uniformisation des membres du corps révèle une certaine frustration devant le manque de reconnaissance de l’institution.

17Ainsi, chacune des deux institutions tenta de développer au cours de son histoire des façons propres de « faire corps ». Il fallut attendre le début du 19e siècle et la militarisation de la société pour voir les académies adopter l’uniforme pour leurs membres, que ce soit à Paris, à Londres ou bien à Rome. Le titre d’académicien du roi demeurait cependant au 18e siècle le signe de l’appartenance au corps, de même que la célébration du pouvoir souverain. La participation à des évènements conviviaux, marque de la sociabilité des métiers, ne caractérisait que l’institution britannique fondée à une époque où les artistes ne ressentaient pas le besoin de se démarquer du monde artisanal de manière aussi vive qu’au siècle précédent.

18Si certains académiciens semblent souffrir du manque de visibilité de la communauté en tant que corps constitué, il est évident que la difficulté d’accès à la communauté et le faible nombre de ses membres représentaient une source de fierté qui contribuait à l’attachement de chacun des individus à la compagnie. Ni à Londres, ni à Paris le titre d’académicien ne donnait droit à des avantages matériels conséquents. Pour une institution de droit privé comme la Royal Academy, seul comptait le prestige intellectuel et social que représentaient le titre d’académicien et l’honneur de la référence au souverain. Pour leurs confrères parisiens, il en allait tout autrement puisqu’ils dépendaient directement du pouvoir royal. Il fallut pourtant attendre cinq ans après la fondation de l’Académie royale d’architecture et l’édit du 7 mars 1676 pour que le pouvoir royal réservât le titre d’architecte du roi aux académiciens [36]. Les peintres et les sculpteurs avaient fondé leur académie pour obtenir ce titre,

19les architectes se voyaient récompensés de leur dévouement par une grâce tardive. Or, ce titre n’était pas le monopole des académiciens puisque le portaient également les détenteurs des vingt?six offices d’architectes experts bourgeois qui limitaient leur pratique au toisé et aux us et coutumes du bâtiment depuis leur création en 1690 [37]. Les académiciens considéraient cependant que le titre d’architecte leur était réservé, car il leur fut progressivement interdit de diriger les entreprises en bâtiment ; la conception devait être rigoureusement séparée de la mise en œuvre [38]. L’architecte du roi se définissait donc par son activité, ou plutôt par la distance prise avec les aspects considérés comme les plus éloignés de l’idéal académique historique. La question de sa compétence professionnelle ne se posait pas en termes objectifs ; seule la reconnaissance, à la fois de ses pairs et du pouvoir, garantissait son statut. Pourtant, l’idée de validation de savoir et de compétence, incluse dans l’organisation de concours au sein de l’école académique, aurait pu également s’appliquer aux futurs architectes du roi. Les membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture devaient fournir des preuves de leur qualification, par la réalisation de morceaux d’agrément, puis de réception, ce à quoi ne furent jamais astreints les architectes. Le port du titre d’architecte du roi se révéla avant tout honorifique, comme celui de « royal academician ». La perception par le public de la dignité de ceux qui le portaient est difficile à mesurer, d’autant plus que les académiciens ne firent rien pour mettre en avant le souvenir de leurs confrères qui les avaient précédés.

20La pratique de l’éloge apparut en effet de manière tardive et demeura marginale à l’Académie royale d’architecture, contrairement à ce qui se pratiquait à l’Académie française dès le troisième quart du 17e siècle, à l’Académie des sciences dès la première décennie du 18e siècle ainsi qu’à l’Académie des inscriptions et dans la majorité des académies provinciales [39]. L’Académie de peinture et de sculpture multipliait, dans la tradition vasarienne, les Vies d’artistes et rappelait dans ses procès?verbaux l’ensemble des titres du défunt. La distance entre les deux pratiques peut se mesurer en comparant la manière dont le décès de Jacques?Germain Soufflot fut notifié dans chacune des assemblées. Voici ce que rapporte le procès?verbal de la séance du 2 septembre 1780 de l’Académie de peinture et de sculpture :

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En ouvrant la séance, le secrétaire a notifié la mort de Messire Jacques?Germain Soufflot, chevalier de l’Ordre du roy, architecte de Sa Majesté et intendant général de ses Bâtimens, contrôleur général des Bâtiments de la ville de Lion, membre de son académie et de celles de Rome, Marseille et autres, honoraire amateur de cette académie, décédé en cette ville, cour de l’Orangerie des Tuilleries, le 29 août dernier, dans la 68e année de son âge. Son corps, au moment d’être inhumé à St Germain?l’Auxerrois, sa paroisse, a été, par reconnoissance, demandé, au nom de MM. de Sainte?Geneviève, pour être transporté et déposé dans leur église et inhumé ensuite dans leur nouvelle basilique, dont il est l’auteur. Cette demande de la part du chapitre de Ste Geneviève étant honorable aux arts, l’Académie a ordonné que cet hommage rendu aux talents fût inscrit dans ses registres [40].

22Les procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, dont il a été un des animateurs les plus actifs et un des donateurs les plus généreux, contiennent cette simple mention : « M. Sedaine a notifié la mort de M. Soufflot, et l’Académie a dit que le jour désigné pour les élections des places vacantes serait indiqué à la rentrée [41] ». Il fallut attendre 1773 pour que l’Académie royale d’architecture s’essayât à l’éloge. Le 11 janvier 1773, Michel?Jean Sedaine fit lecture « de mémoires sur la vie et les travaux de feux MM. Guillot Aubry et Chevotet qu’il avait dressés, chargé par l’Académie [42] ». Le terme « éloge » apparut quelques mois plus tard lorsque Julien?David Leroy prononça celui de Le Carpentier le 15 novembre 1773, puis celui d’Augustin de Luzy quinze jours plus tard [43]. Le 19 décembre 1774, il rendait hommage à son prédécesseur à la chaire d’architecture, Jacques-François Blondel [44]. En 1780, Julien?David Leroy lut en séances, entre le 20 novembre 1780 et le 8 janvier 1781, les éloges de Jean?Charles L’Écuyer, décédé en 1776, de Trudaine de Montigny, honoraire associé libre, mort en août 1777, de Soufflot et de Pierre Contant d’Ivry [45]. Jamais publiés, ces éloges cessèrent par la suite.

23La Royal Academy ne sacrifia pas davantage à la pratique de l’éloge, cependant elle manifesta de sa cohésion et du respect dû à son membre le plus illustre lors du décès de son président, Sir Joshua Reynolds, en 1792. Il fut décidé que les académiciens porteraient le deuil pendant un mois [46] et suivraient le convoi funéraire en procession comme les plus proches parents du défunt, juste à la suite de la famille, des porteurs des cordons et des exécuteurs testamentaires [47]. Le roi accorda à l’Académie le droit d’enterrer son président dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul, ainsi que ses successeurs, Benjamin West et Sir Thomas Lawrence. Le pouvoir reconnaissait à la fois la dignité de l’artiste, mais également celle du corps tout entier puisque c’est en tant que président de la Royal Academy of Arts que le défunt recevait ces honneurs insignes.

24Les deux institutions se distinguent ainsi de la plupart de leurs consœurs du siècle des Lumières par un usage restreint de la célébration de leurs membres. Lorsque la compagnie honorait le souvenir d’un académicien, ce n’était pas ses qualités d’individu et d’artiste qui étaient mises en avant, mais son appartenance à la communauté qui se célébrait elle-même à travers l’hommage rendu à la mémoire du défunt.

25La belle unité marquée en 1792 par les membres de la Royal Academy n’était que de façade. Les discussions montrent des dissensions fortes entre les membres de la communauté dans laquelle les individualités s’exprimaient souvent de manière violente aussi bien à Londres qu’à Paris. La nécessaire bonne entente des membres de l’institution avait été rappelée dans les statuts de l’Académie royale d’architecture. L’article XVII des statuts de 1717, repris tel quel en 1776 dans l’article XXXIV, précise que « l’Académie veillera exactement à ce que dans les occasions où les académiciens seront d’opinions différentes, ils n’emploient aucun terme de mépris ni d’aigreur l’un contre l’autre, soit dans leurs discours ou dans leurs écrits ». La politesse et l’urbanité distinguaient le corps savant du monde de l’artisanat et du chantier, et l’unité de la compagnie ne se comprenait que dans une paisible conversation entre membres d’une élite sociale et intellectuelle. Les étudiants devaient être préparés à ces usages s’ils voulaient intégrer la compagnie. Le marquis de Marigny écrivait à Charles?Joseph Natoire, directeur de l’Académie de France à Rome, qu’il désirait « un air d’éducation dans les élèves qu’ils prendront nécessairement avec vous et avec mademoiselle votre sœur [48] ».

26Le monde académique se caractérisait pourtant par sa férocité, notamment à l’Académie française. Jean Le Rond d’Alembert rapporte dans ses Éloges historiques la cruauté du milieu littéraire [49]. L’Académie royale d’architecture ne fut pas exempte de ces querelles et de ces haines qui menaçaient souvent la cohésion de la compagnie. Cependant, chaque conflit d’importance fournissait un argument au directeur général des Bâtiments pour intervenir davantage dans les affaires internes de l’institution. Le comte d’Angiviller, soucieux d’assurer sa maîtrise sur les académiciens, prévoyait dans les statuts de 1776 que le directeur de l’Académie devait signaler tout manquement aux règles dont un de ses collègues se serait porté coupable [50]. Les académiciens demandèrent que cet appel fût précédé d’une délibération collégiale, ce que le directeur général des Bâtiments refusa au titre que le contrevenant pouvait être soutenu par une majorité de ses collègues contre leur directeur [51].

27Le rapport de soumission hiérarchique dans lequel se trouvait l’académie parisienne explique en grande partie la différence notable entre l’abondance des témoignages de conflits qui émaillent les procès-verbaux des séances de la Royal Academy of Arts et la discrétion des sources officielles parisiennes. Les comptes-rendus de séance rédigés par le secrétaire parisien étaient destinés en premier lieu au directeur des Bâtiments. La compagnie avait tout intérêt à ne pas donner à son supérieur une raison de plus d’intervenir dans la gestion de ses affaires. Cette préoccupation était absente à Londres. Ainsi, la différence de perception entre les deux sources, si flagrante pour l’historien, doit être remise dans le contexte institutionnel contemporain. Les académiciens français n’étaient sans doute pas moins acariâtres, jaloux, partisans et individualistes que leurs confrères d’Outre-Manche ; leur insertion dans le tissu administratif royal les empêchait d’étaler leurs dissensions dans les textes et comme nous ne disposons malheureusement pas de source équivalente au journal que tint Joseph Farington, secrétaire de l’institution, nous ne pouvons rester qu’au stade des conjectures. L’étude de deux crises majeures qui secouèrent l’histoire de chacune des institutions permet cependant de mettre à jour les effets que l’intervention du pouvoir royal put avoir sur les liens entre communauté et individus.

28En 1767, le marquis de Marigny, directeur des Bâtiments de Louis XV, souhaita confier à l’architecte Charles de Wailly le chantier d’une nouvelle salle de spectacle à construire à Paris pour la Comédie française [52]. Pour donner à son favori un statut incontestable, le directeur le fit nommer par le roi directement dans la première classe de l’Académie royale d’architecture, en dépit de tous les usages. Les académiciens s’insurgèrent et un long bras de fer de plusieurs mois s’engagea pour aboutir à la suppression temporaire de l’institution en novembre 1767. Tous les académiciens firent corps derrière leur directeur, Ange-Jacques Gabriel, y compris l’architecte le plus proche du directeur des Bâtiments,

29Jacques-Germain Soufflot. Ce dernier risqua sa carrière, qui reposait en grande partie sur la faveur qu’il recevait du marquis de Marigny, pour défendre la communauté à laquelle il appartenait. Les lettres postérieures à la crise de 1767 marquèrent une attitude plus distante entre le directeur des Bâtiments et Soufflot. Désormais, le marquis de Marigny ne s’adressait plus à son architecte qu’en l’appelant « Monsieur » et ne le protégeait plus systématiquement des attaques suscitées par ses détracteurs, comme Pierre Patte, sur le projet de l’église Sainte-Geneviève, qu’il lui avait donné dix ans auparavant. L’attaque menée par le pouvoir ministériel contre les privilèges de l’institution française avait eu comme effet de souder la communauté contre sa hiérarchie.

30L’intervention du roi dans la vie de la Royal Academy de Londres eut le résultat opposé. En 1805 en effet, deux clans s’opposèrent au sein de l’institution. D’un côté, le président Benjamin West, ami personnel de George III, était paradoxalement soutenu par les partisans d’une autonomie renforcée de l’institution vis-à-vis du souverain. Contre lui se dressait le parti de l’architecte James Wyatt. Joseph Farington rapporte que ce dernier proposait un renforcement considérable des prérogatives royales sur l’académie : « J’allai voir Thomson. Il me dit qu’Opie [53] lui avait décrit la situation à l’académie et était d’avis que l’objectif du parti de Wyatt était de jeter tout le pouvoir possible dans les mains de la Couronne afin de bénéficier durant le règne du présent roi du pouvoir sur toutes choses, c’est?à?dire la nomination du président, des officiers, etc. […]. Il était indigné de leur conduite [54] ». Cette querelle ne peut se comprendre sans rappeler qu’en 1806 le roi George III ne conservait que peu de moments de lucidité et que, quatre ans plus tard, il était officiellement déclaré inapte à remplir ses fonctions. John Opie semble suggérer que James Wyatt et ses partisans cherchaient avant tout à avoir les mains libres contre leurs adversaires en bénéficiant d’une caution royale facile à obtenir au vu de l’état du souverain. Le roi n’intervenait dans la vie de la Royal Academy qu’en tant que personne privée, il n’existait depuis la création de l’institution en 1768 aucun intermédiaire entre la personne du souverain et le président de l’académie, ce qui explique la peur des adversaires de James Wyatt. Ce dernier réussit à se faire élire président en novembre 1806, mais sa gestion catastrophique de la société fit qu’il fut renversé à son tour l’année suivante et les pouvoirs du roi ne furent pas renforcés [55].

31Ainsi, dans le cas français la volonté d’autonomie poussait la communauté à gérer ses dissensions et ses conflits en interne et à renforcer sa cohésion, particulièrement dans la défense des intérêts du corps. Le pouvoir politique était le seul garant de l’existence de l’institution, mais c’est indirectement qu’il contribuait à sa cohésion. Du côté anglais, les conflits personnels entre les académiciens londoniens n’étaient pas bornés par la peur d’une perte d’autonomie de leur communauté. Le rôle du roi constituait un facteur de dissensions qui menaçaient la vie de l’institution. C’est pourquoi la Royal Academy dut multiplier les signes extérieurs d’unité de la communauté, car l’accord passé entre ses membres constituait le seul ciment de son existence en tant qu’institution. Plus que des notions d’individualisme ou d’esprit de corps, ce que l’étude de ces institutions révèle, c’est la différence entre un mode de fonctionnement démocratique et un système administratif fortement hiérarchisé – différence que manifeste bien le fait que le chef de la communauté soit un artiste élu par ses pairs à Londres, quand il était le premier architecte du roi à Paris.

32En effet, la Royal Academy, marquée par le libéralisme et l’individualisme poussé de la société britannique, ne bénéficiait pas de la sécurité offerte par une tutelle politique qui pouvait jouer le rôled’arbitre. La survie de l’institution en tant que corps ne pouvait se faire qu’à travers une ouverture sur le public que l’on ne retrouve pas à l’Académie royale d’architecture de Paris. La publicité donnée aux travaux des académiciens exposés au Salon, aux évènements conviviaux comme les banquets, aux funérailles des présidents permettait d’insuffler un sens de la communauté que le fonctionnement démocratique et l’individualisme des artistes britanniques mettaient à mal. Ainsi, c’est le regard du public et non la menace de l’autorité politique qui permettaient à la communauté de survivre en tant que telle. À l’Académie royale d’architecture, le renforcement de l’esprit de corps se vit aux dépens de l’individu, puisque le garant de la cohésion se trouve être l’autorité hiérarchique politique. À Londres, la communauté se consolide grâce au processus d’individuation qui touche ses membres puisque chaque académicien appartient au corps et contribue à le maintenir en vie de sa propre et libre volonté, aussi fragile fût-elle. L’étude des académies artistiques constitue ainsi pour l’historien un riche terrain d’étude des pratiques politiques des sociétés européennes du siècle des Lumières.

33Voyez Communion (républicaine), Fraternité, Inoculation, Public, Université.

David, Groupe de personnages extrait des Quatorze études pour Le Serment du jeu de paume, 1790-1791, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Notes

  • [1]
    Ilaria Bignamini, The Accompaniment to Patronage. A Study of the Origins, Rise and Development of an Institutional System for the Arts in Britain, 1692-1768, PhD, University of London, 1988 ; « Art Institutions in London, 1689-1768. A Study of Clubs and Academies », Walpole Society, Londres, 1988, t. LV, p. 1-148 ; Isabelle Baudino, « La Royal Academy of Arts n’est pas née en 1768 », Études anglaises, Paris, t. LVI, n° 3, 2003, p. 412-425 ; Isabelle Baudino, Jacques Carré, Frédéric Ogée, Art et nation. La fondation de la Royal Academy of Arts 1768-1836, Paris, Armand Colin, 2004, 153 p.
  • [2]
    Pour cette question, voir Basile Baudez, Pouvoir et architecture dans l’Académie des Lumières : Paris au regard de Rome et Madrid, 1750-1800, thèse de doctorat s. dir. Jean-Michel Leniaud, Paris, École pratique des hautes études, 2006, 3 vol.
  • [3]
    Étienne Deville, Index du Mercure de France 1672?1832 donnant l’indication par ordre alphabétique de toutes les notices concernant les beaux?arts et l’archéologie [Paris, 1910], Genève, Slatkine Reprint, 1973, 268 p.
  • [4]
    Février 1766, p. 159-160 ; octobre 1771, p. 201 ; décembre 1772, p. 157 ; octobre 1776, p. 204.
  • [5]
    Mercure de France, décembre 1772, p. 157 ; décembre 1777, p. 162?163.
  • [6]
    Séance du 16 novembre 1744. P. V., t. VI, p. 18. Certaines de ces affiches sont conservées aux Archives de l’Institut de France, Académie royale d’architecture, B 27.
  • [7]
    Lettre de Charles?Louis?Étienne Camus au marquis de Marigny, 7 novembre 1753. Arch. nat., O1 1930/1.
  • [8]
    Lettre de Charles de Wailly du 8 novembre 1767 et réponse du marquis de Marigny du 13 novembre. Arch. nat., O1 1931, pièces 14 et 15.
  • [9]
    Séance du 7 janvier 1777. Henry Lemonnier éd., Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture 1671-1793, Paris, Jean Schemit, Armand Colin, 1911-1926, t. VIII, p. 286 et rapport de janvier 1778 sur Richard Mique, Archives de l’Institut de France, Académie royale d’architecture, B 4.
  • [10]
    Séance du 18 août 1777. Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, op. cit., t. VIII, p. 312.
  • [11]
    Séance du 7 septembre 1744. Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, op. cit., t. VI, p. 17.
  • [12]
    Séance du 21 août 1752. Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, op. cit., t. VI, p. 184.
  • [13]
    Séances des 20 janvier 1766, du 30 août 1768 et du 20 juin 1774. Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, ouvr. cité, t. VII, p. 237 ; t. VIII, p. 28 et 196?197.
  • [14]
    Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, ouvr. cité, t. VII, p. 171.
  • [15]
    Les trois académiciens de seconde classe étaient François Franque,Barthélémy?Michel Hazon et Louis de Règemortes. Séance du 3 février 1767. Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, op. cit., t. VII, p. 268.
  • [16]
    Séance du 12 mai 1777. Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, ouvr. cité, t. VIII, p. 303.
  • [17]
    Brandon Taylor, Art for the Nation. Exhibitions and the London public, 1747-2001, Manchester, Manchester University Press, 1999. David Solkin (dir.), Art on the Line. The Royal Academy Exhibitions at Somerset House, 1780-1836, New Haven/Londres, Yale University Press, 2001.
  • [18]
    Sidney Hutchinson, History of the Royal Academy, ouvr. cité, p. 39.
  • [19]
    Voir Nathalie Heinich, Du peintre à l’artiste, artisans et académiciens à l’âge classique, Paris, Éditions de Minuit, 1993 ; Antoine Schnapper, Le Métier de peintre au Grand siècle, Paris, Gallimard, 2004.
  • [20]
    Sidney Hutchinson, History of the Royal Academy, ouvr. cité, p. 39.
  • [21]
    Conseil du 30 mars 1782. Royal Academy Archives, Council’s Minutes, II, p. 22.
  • [22]
    Conseil du 30 mars 1782. Royal Academy Archives, Council’s Minutes, II, p. 22.
  • [23]
    Conseils des 27 mars et 7 avril 1788. Royal Academy Archives, Council’s Minutes, II, p. 54 et 56.
  • [24]
    Jean?Marie Pérouse de Montclos, « Les Prix de Rome », concours de l’Académie royale d’architecture au 18e siècle, Paris, Berger?Levrault, ENSBA, 1984, p. 111.
  • [25]
    Ce comité était formé de Benjamin West, président de la Royal Academy, William Tyler, John Singleton Copley, Joseph Farington, William Hodges et John Richards. Royal Academy Archives, General Assemblies, I, p. 314-316.
  • [26]
    Kenneth Garlick & Angus MacIntyre (dir.), The Diary of Joseph Farington, New Haven, Yale University Press, 1978, t. I, p. 105-107.
  • [27]
    « As to the mode of commemoration Mr. Boswell made a very good speech on the necessity of doing it in a becoming manner, and he thought unless it was altogether an academical act to be recorded, to be celebrated in the Rooms of the Academy and the expence borne by the fund, it would be little better than a Club commemoration. » Ibid., p. 106.
  • [28]
    Réunion du 17 décembre 1793. Ibid., p. 116.
  • [29]
    Holger Hoock, The King’s Artists. The Royal Academy of Arts and the Politics of British Culture, 1760-1840, Oxford, Oxford University Press, 2003 ; Basile Baudez, « La Royal Academy of Arts au 18e siècle : une académie royale ? », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 10, second semestre 2005, p. 123?136.
  • [30]
    « Barry spoke vehemently against the injudicious reference to the king, observing that such a precedent w[oul]d tie up the society in future from passing any vote till His Majesty’s will sh[oul]d be known and consequently the independence of the body would be at an end », The Diary of Joseph Farington, op. cit., t. I, p. 112.
  • [31]
    Le Bedford Coffee-House était un des cafés littéraires les plus célèbres de Londres au 18e siècle. J. et L. Pelzer, « Coffee Houses of Augustan London », History Today, octobre 1982, p. 40-47.
  • [32]
    The diary of Joseph Farington, ouvr. cité, p. 127.
  • [33]
    Il s’agissait en effet d’une sociabilité toute masculine, celle des académies, bien éloignée de celle des salons qui, eux, se déroulaient dans des lieux privés et clos, et non dans des espaces publics comme des tavernes ou des auberges.
  • [34]
    The diary of Joseph Farington, op. cit., p. 129.
  • [35]
    « An uniform dress […] would give an impressive respectability to them and in a becoming way distinguish them as a body ». The diary of Joseph Farington, ouvr. cité, p. 120.
  • [36]
    Lors de la séance du 10 février 1676, les académiciens discutèrent du projet soumis par Colbert. Henry Lemonnier le publie partiellement en notes dans les Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, ouvr. cité, t. I, p. 109.
  • [37]
    Nicolas Lemas, La Marche oblique. Essai sur les experts?jurés parisiens au 18e siècle (1690?1791), op. cit., p. 146.
  • [38]
    Par l’édit de 1717, les membres de la première classe de l’Académie royale d’architecture se virent interdit de tenir le rôle d’entrepreneurs en bâtiments, interdiction étendue à l’ensemble des académiciens par l’article VIII de l’édit du 26 janvier 1776.
  • [39]
    Daniel Roche, Le Siècle des lumières en province : académies et académiciens provinciaux 1689?1789, Paris, École des hautes études en sciences sociales, 1978, p. 166-181.
  • [40]
    Anatole de Montaiglon éd., Procès?verbaux de l’Académie royale de peinture et de sculpture, op. cit., t. IX, p. 34.
  • [41]
    Séance du 4 septembre 1780. Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, ouvr. cité, t. IX, p. 27.
  • [42]
    Séance du 11 janvier 1773. Ibid., t. VIII, p. 142.
  • [43]
    Séance du 6 décembre 1773. Ibid., p. 175.
  • [44]
    Ibid., p. 207.
  • [45]
    Séances des 20, 27 novembre, 11 décembre 1780 et 8 janvier 1781. Ibid., t. IX, p. 28?30 ; 33.
  • [46]
    Assemblée du 3 mars 1792. Royal Academy Archives, General Assemblies, I, p. 283-285.
  • [47]
    Motion de William Chambers secondée par James Barry, séance du 29 février 1792. Royal Academy Archives, General Assemblies, I, p. 282.
  • [48]
    Correspondance des directeurs, t. X, p. 364. Cité par Janine Barrier, Les Architectes européens à Rome. 1740-1765. La naissance du goût à la grecque, Paris, Monum, 2005, p. 53.
  • [49]
    Voir notamment ses éloges d’Olivet, de Fénelon et de l’abbé de Saint?Pierre. Martine Groult, « L’architecture dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert et la Méthodique de Quatremère de Quincy », Dix?Huitième Siècle, no 31, 1999, p. 531, n. 8.
  • [50]
    Article LX des statuts de 1776.
  • [51]
    Lettre du comte d’Angiviller datée du 10 mars 1776 enregistrée lors de la séance du 11 mars 1776. P. V., t. VIII, p. 258?259.
  • [52]
    Voir Daniel Rabreau, Le théâtre de l’Odéon, du monument de la Nation au théâtre de l’Europe, Paris, Belin, 2007.
  • [53]
    Henry Thomson (1773?1843), peintre d’histoire, académicien en février 1804. John Opie (1761?1807), peintre d’histoire, académicien en 1788, puis professeur de peinture.
  • [54]
    À la date du 4 septembre 1804, il écrit : « Thomson I called on. He told me that Opie had spoken to him of the situation of the Academy and was of the opinionthat the object of Wyatt’s party is to throw all possible power into the hands of the Crown thereby to have during the present king’s life the command of everything viz : the appointment of president, officers, etc […]. He was very indignant at their conduct », The diary of Joseph Farington, ouvr. cité, t. II, p. 282.
  • [55]
    Joseph Mordaunt Crook, « The Surveyorship of James Wyatt, 1796?1813 », The History of the King’s Works, IV, 1782?1851, Londres, Her Majesty’s Stationery Office, 1973, p. 52.
Basile Baudez
Université Paris-Sorbonne, Paris IV
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/09/2009
https://doi.org/10.3917/dhs.041.0078
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle © Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
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