A partir de l’étude d’un corpus de travaux de géographes en français et en anglais depuis les années 1990, l’article est consacré à la manière dont les études géographiques portant sur les espaces dits des Suds, entendus comme faisant partie des pays dominés à l’échelle mondiale, intègrent la notion de mondialisation. Le constat de la faible prise en compte des pays des Suds dans les études portant sur la mondialisation est d’abord établi. En réaction, nombre de géographes concernés ont intégré cette dimension dans leurs travaux pour montrer ce qu’était la mondialisation depuis les Suds et qu’il s’agissait d’un phénomène bien réel dont ils n’étaient pas exclus. Les travaux sont souvent orientés idéologiquement, les uns développant des approches critiques de la mondialisation, dans la filiation d’études marxistes et tiers-mondistes, les autres insistant au contraire sur les conséquences bénéfiques de la mondialisation pour les pays des Suds. La plupart convergent cependant pour considérer que la mondialisation accentue les inégalités sociales et spatiales, assertion qui est ici à la fois considérée puis soumise à discussion.
Article
À partir des années 1990, période à partir de laquelle le terme « mondialisation » se diffuse dans les études géographiques, la manière de traiter des espaces dominés économiquement, socialement et politiquement dans le monde évolue. Un vaste corpus de textes scientifiques est désormais disponible, en français et en anglais notamment. On s’intéressera dans cet article à ceux qui sont en lien avec les espaces dits « des Suds » (Gervais-Lambony et Landy 2007), c’est-à-dire qui ne font pas partie des pays riches et anciennement industrialisés. Cela comprend l’Amérique centrale et du Sud, l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est, à quelques exceptions près, tels les Émirats du Golfe ou Singapour. Cette dichotomie entre Nord et Sud a donné lieu à d’intenses débats et critiques en géographie (Capdepuy 2007), souvent légitimes, sans que toutefois aucun dépassement satisfaisant n’ait pu être proposé par quiconque. Par défaut, les géographes travaillant sur la question emploient donc le terme de « pays dits du Sud », ou « pays des Suds » pour insister sur la diversité interne croissante, tandis qu’en anglais scientifique, la dénomination de Global South s’est imposée depuis les années 2000. En dépit des limites fortes de la dichotomie Nord-Sud, on choisit donc d’y avoir recours afin de pouvoir insister sur ce qui différencie les deux groupes d’États, à savoir un niveau de vie nettement plus faible pour la majorité des habitants et une présence plus ou moins massive de la pauvreté dans les Suds, ainsi que le fait qu’à l’échelle mondiale, dans les rapports de force politiques et économiques, ces États soient le plus souvent en position de dominés, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas en mesure d’infléchir les décisions prises par les plus puissants d’entre eux et par les instances internationales…
Résumé
Plan
- La mondialisation, le « Nord » et le reste du monde : histoire d’un déséquilibre
- Des grilles de lecture tiers-mondistes à celles dites postcoloniales
- Les effets bénéfiques de la mondialisation pour les pays des Suds : points de vue de géographes
- Les géographes, les conséquences spatiales de la mondialisation et le creusement des inégalités : éléments de réflexion et de discussion
- Conclusion
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/12/2021
- https://doi.org/10.3917/dio.271.0090
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