Les années récentes ont vu l’activité spatiale s’accroître d’une manière inédite. Entre 2015 et 2021, le nombre des lancements spatiaux a connu une augmentation de plus de 60 % (de 87 lancements par an à un total de 146 en 2021) tandis que le nombre d’objets mis sur orbite a, lui, été multiplié par 9 (de 236 satellites en 2015 à 1 827 en 2021). Pendant cette période, l’intensité de l’activité spatiale a même littéralement crû d’un ordre de grandeur, avec plus de satellites lancés pendant le seul mois de mai 2021 que pendant toute l’année 2016 par exemple.
L’espace ne fait l’objet de cette activité soutenue, industrielle et militaire, que depuis très peu de temps. Pendant longtemps, la difficulté à accéder aux orbites a empêché le développement d’une véritable utilisation de l’espace à grande échelle. Encore aujourd’hui, l’environnement spatial demeure éminemment hostile et contraignant, loin d’autoriser cette utilisation intensive que connaissent les milieux terrestre, aérien ou maritime. Pour autant, les transformations récentes des technologies et des usages qui leur sont associés font entrevoir des évolutions profondes. Plusieurs agences spatiales envisagent désormais « d’habiter » l’espace de façon plus durable pour y déployer une activité humaine à plus long terme. Ces perspectives modifient la façon dont les États se projettent eux-mêmes dans ce milieu en tentant de mieux se « l’approprier », au moins au plan politique. Car si l’émergence de nouveaux acteurs privés est l’une des caractéristiques premières de ces transformations, elle n’a pas fait disparaître le rôle moteur des États dans cette approche nouvelle du milieu spatial…