Au-delà des vicissitudes de la situation, au niveau politique, économique ou tactique, voire stratégique, il y a lieu de poser sa réflexion dans le temps long pour déterminer quelle peut être l’action de la France et de l’Europe dans cette situation inédite du retour de la guerre totale aux portes même de l’Union européenne, à l’Est de notre continent.
En fait, la crise actuelle pourrait constituer une opportunité pour que la vieille Europe retrouve toute sa place et son rôle dans le monde, en refermant la parenthèse ouverte lors de la crise diplomatique de juillet 1914, laquelle avait précipité l’Europe dans la Grande Guerre, ce qui s’est révélé pour elle un véritable suicide. À l’annonce de la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France le 3 août 1914, Lyautey, alors en poste à Rabat, s’est écrié : « Sont-ils devenus fous à Paris ? Cette guerre est une guerre civile européenne ! » En fait, outre que tous les pays européens sont sortis de la guerre ruinés, même les vainqueurs, cette guerre a provoqué la révolution russe et a amené l’Oncle Sam à prendre pied en Europe.
Pour bien saisir que cette parenthèse peut se refermer, il convient de considérer que la question relève avant tout du domaine de la culture. Seule la culture constitue une fin en soi pour une civilisation, tandis que l’économie comme la puissance militaire ne représentent que des moyens pour l’asseoir ou la défendre.
Sur quel constat doit reposer la réflexion ?
En premier lieu, il n’existe, en ce bas monde, que trois civilisations, correspondant à trois cultures spécifiques : le confucianisme, l’islam et la nôtre…