Comprise comme la capacité de l’État à définir d’une manière indépendante sa politique intérieure et étrangère, sans aucune ingérence ou influence extérieures, la notion de souveraineté a acquis une valeur toute particulière au fil des présidences successives de Vladimir Poutine. La souveraineté est mentionnée dans de multiples documents et discours officiels comme le bien le plus précieux que possède un pays quels que soient son régime et ses orientations politiques, car « seuls les États souverains peuvent répondre efficacement aux défis du temps et aux attentes des citoyens ». Dans la vision de dirigeants russes, la souveraineté dans un monde globalisé est un bien rare (voire « un luxe » pour reprendre la formule de D. Peskov, porte-parole de V. Poutine), dont ne disposent que quelques États, au premier rang desquels figurent les États-Unis, la Chine et la Russie elle-même. En revanche, les écrits et discours les plus officiels évoquent avec mépris la « vassalisation » des pays de l’Union européenne à l’égard de Washington ou décrivent l’Ukraine comme un « protectorat » américain.
Quant à la Russie postsoviétique, son évolution depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir est présentée comme un processus de recouvrement de la souveraineté nationale, affaiblie par la chute de l’URSS et le déclassement économique et stratégique des années 1990. Dépendant des aides financières occidentales, Boris Eltsine aurait laissé l’Occident (et les institutions sous son emprise comme le FMI) dicter au Kremlin le choix des politiques économique, sociale et étrangère…