Je connais une école un peu spéciale, dans laquelle entrent des jeunes de seize ou dix-sept ans de toutes origines sociales, souvent en délicatesse avec le monde scolaire, voire avec la société en général. Pourtant, au bout d’un an, ils en ressortent transformés, physiquement comme moralement, maîtres de leur destin et impatients de servir leur pays.
Cette école d’exception s’appelle l’École des mousses. C’est un établissement unique en France, relevant de la Marine nationale, qui accueille des jeunes volontaires, aux parcours très divers, pour en faire des matelots, c’est-à-dire des jeunes gens « aptes à tenir leur poste sur des navires de guerre ».
Diriger cette école m’a ouvert les yeux sur la désorientation et les souffrances d’une partie de la jeunesse française, et sur les limites des structures qui sont censées s’en occuper. Mais elle m’a aussi permis de découvrir les réserves de résilience et de courage de ces jeunes adolescents. J’ai connu aussi dans les équipes qui s’occupaient d’eux des personnes à proprement parler extraordinaires, de par leur générosité, leur empathie et leur don d’eux-mêmes au service de causes qui les dépassent. Je tiens à leur rendre hommage, et à témoigner qu’il existe des moyens concrets pour redonner de l’envie, de l’espoir et des perspectives d’avenir à notre jeunesse, même si rien n’est jamais facile ni gagné d’avance.
Quelques mots d’abord sur cette École des mousses. C’est une vénérable institution créée au XVIIIe siècle dans le but « d’offrir à la Marine nationale des équipages de haute valeur maritime »…