CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Dans la perception occidentale, la Turquie était un pays musulman, mais un État laïque, candidat à l’adhésion à l’Union européenne, membre de l’Otan depuis 1952, alliée loyale dans le contexte de la guerre froide. En se contentant de cette réalité partielle, on n’était guère troublé par les coups d’État, le recours fréquent à la violence en politique. Le malaise actuel vient de ce que la politique menée depuis quelques années par Ankara tourne le dos à ce qui a été édifié, depuis l’abolition du Califat en avril 1924 et l’instauration de la République.

2 La situation est devenue encore plus complexe depuis 2011, c’est-à-dire le « Printemps arabe », et l’implication de la Turquie dans les affaires du Moyen-Orient arabe, en particulier dans la guerre civile syrienne. La mise à mal du partenariat stratégique avec Israël a contrarié Tel-Aviv et Washington… Quant aux Kurdes, ils ont repris les armes et ils n’hésitent pas à avoir recours au terrorisme.

3 D’aucuns affirment que Recep Tayyip Erdogan redéploie sa politique sur l’espace ottoman. Il y a deux aspects à comprendre dans cette confusion : la première est que la Turquie est à la recherche de son identité. La seconde est que la culture démocratique n’a pas réussi à s’enraciner.

La Turquie à la recherche de son identité

Atatürk ou les limites du volontarisme

4 Cette question vitale de l’identité est abordée par R. T. Erdogan à de nombreuses reprises, notamment lorsqu’il déclare, commémorant en décembre 2014 la prise de Constantinople par Mehmet II Fatih (1453) : « Nous avons subi un enseignement de l’Histoire qui nous a menti… Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’un complexe d’infériorité à l’égard de l’Occident, mais d’une confiance en nous, que nous pouvons tirer de notre histoire et de nos ancêtres » [3]. Pour lui, il s’agit d’un salutaire retour à la « vérité » des origines.

5 Atatürk avait agi autrement : il avait usé de la coercition pour imposer un bouleversement de l’identité de son peuple.

6 L’abolition du Califat qui était entre les mains des Ottomans depuis le XVIe siècle est une rupture radicale avec le « Monde musulman ». La référence à l’Islam comme « religion d’État » disparaît dans la constitution de 1928. Celle-ci est fondée sur la volonté d’édifier un État-nation centralisé. Plus encore, il impose le changement de l’alphabet arabe, de la langue, du calendrier musulman au profit du calendrier grégorien. Il change la manière de s’habiller, en particulier dans la fonction publique, et dicte aussi les noms que les Turcs doivent porter, ainsi qu’un bouleversement des modes de vie… Tout cela est accompli dans le cadre de la « modernisation » du pays s’inspirant, pour une large part, des réalités de l’Europe occidentale y compris quant au statut des femmes qui obtiennent le droit de vote en 1934.

7 Afin de construire, en l’imposant, une identité « authentique », il entreprend d’écrire une histoire de la Turquie axée sur la valorisation du passé préislamique en mettant en exergue la civilisation huttite tout en cherchant à disqualifier la longue séquence musulmane de son peuple. Il présente négativement cette période en rendant l’Islam responsable du déclin tout en affirmant le lien existant entre la « vraie identité » turque et le monde occidental.

8 Mustapha Kemal croit tirer les leçons de l’expérience historique ainsi que de la défaite de son pays à l’issue de la Première Guerre mondiale menée en alliance avec l’Allemagne. Cependant, il est une dimension qui n’est jamais évoquée et qui constitue une cause fondamentale de la révolution culturelle et politique voulue par le chef de l’État : le ressentiment à l’égard des Arabes…

9 En effet, durant la Première Guerre mondiale et alors que l’Empire ottoman englobait la quasi-totalité du Moyen-Orient, les Arabes de cette région, sollicités par la France et la Grande-Bretagne, se sont révoltés contre la « Sublime Porte » en contrepartie de la promesse faite par Paris et Londres de la création d’un « Royaume arabe » au profit du chérif Hussein de La Mecque. Ce choix, de nature stratégique, effectué par les Arabes, a été perçu par les Ottomans, et par Atatürk, comme une trahison.

10 Animé, pour une large part, par le ressentiment, Atatürk a voulu, sous couvert de « modernisation », éradiquer tout ce qui, de près ou de loin, venait des Arabes, à commencer par l’Islam.

11 Les Arabes du Moyen-Orient se sont alliés aux Occidentaux après avoir fait le constat du déclin de l’Empire ottoman qui s’était révélé incapable de les protéger : l’Égypte avait été conquise en 1517 par Selim Ier, mais cela n’a pas empêché l’expédition de Napoléon en 1798, pas plus que le débarquement de l’armée anglaise à Alexandrie le 2 août 1882, ni le traité formel de « protection anglaise » à Aden en 1886 et le débarquement des Royal Marines également à Aden le 19 janvier 1839, ou la conquête de l’Algérie par la France à partir de 1830. Cet affaiblissement de l’Empire ottoman avait commencé dans les Balkans lorsque Soliman II a signé l’Accord de Karlowitz le 26 janvier 1699 par lequel l’Empire romain germanique s’attribuait la Hongrie, la Croatie, la Slovénie, sans oublier les défaites des Ottomans face aux Russes.

12 Toujours est-il qu’Atatürk s’est donné – pensait-il – les moyens de réaliser, par la violence, le bouleversement de l’identité du peuple turc. Ce que l’on pensait être des « acquis » de cette politique est en train d’être remis en question, car, dans ses profondeurs, le peuple de ce pays est resté musulman. Cette réalité permet au pouvoir islamiste, incarné par Erdogan, de triompher depuis quelques années avec l’appui de la majorité du peuple turc. Cette situation que beaucoup, à l’étranger et en partie en Turquie, déplorent, est aussi l’une des conséquences des politiques menées ces trente dernières années.

L’Islam instrumentalisé

13 En effet, la montée de l’islamisme en Turquie a été facilitée par au moins deux facteurs. Le premier est d’ordre économique et social, car, en ce domaine, les inégalités sociales et la misère ont affecté de larges couches de la population d’Anatolie et les quartiers populaires des grandes agglomérations. Istanbul est passé en trois décennies de 2 à 14 millions d’habitants. Dans ces villes gonflées artificiellement par les émigrés anatoliens, surnommés les « Turcs noirs » par leurs compatriotes occidentalisés, les islamistes ont mis en place des organisations, une société parallèle, comblant le vide laissé par l’État et la défaillance des partis de gauche.

14 Ce mouvement dit « islamiste » a aussi recruté chez une partie des émigrés d’Anatolie enrichis sous la présidence de Turgut Özal, Premier ministre en 1983 et président de la République en 1991 (décédé en 1993). Par sa politique, il a favorisé le développement de l’intégrisme en recrutant dans son propre parti, l’ANAP (Anavatane Partisi), des islamistes et en leur confiant des postes de responsabilité dans les ministères de l’Éducation et de l’Intérieur. Il a même fait une déclaration publique reconnaissant que la religion était une composante essentielle de l’identité nationale [4]. Sa politique libérale a permis aux islamistes de pénétrer dans des secteurs vitaux de la vie économique, sociale et culturelle. La déréglementation des télécommunications leur a facilité la création de chaînes de télévision, et le contrôle de groupes de presse comme Sabah. Leur influence est devenue si grande que leur syndicat Hak-Is a supplanté celui de gauche Disk.

15 Les femmes ont constitué une « cible » pour ce courant politico-religieux qui a largement recruté chez elles : dans les années 1990 à Istanbul, 52 % des membres du parti intégriste Refah (le « Bien Public »), sont des femmes…

16 Dans ce contexte particulièrement ambigu, la confrérie Gülen a pu prospérer en infiltrant la société civile, l’État, l’armée. Il s’agit en fait d’un réseau de congrégations et d’écoles implantées non seulement en Turquie, mais également à l’étranger. Gülen affirme que la valeur principale de son action est la « tolérance » et il prône la « vie exemplaire ». Il a créé, partout où il s’est implanté, des « Maisons de la lumière », qui sont des « écoles » où il diffuse son idéologie. Son terrain de parcours prioritaire a toujours été l’école, lieu privilégié de l’éducation et de l’endoctrinement des enfants. Sa stratégie étant globale, il s’est investi en même temps dans l’aide apportée aux étudiants qui préparent les concours administratifs, en particulier l’éducation nationale, la justice, l’armée où il a commencé à s’infiltrer il y a au moins une trentaine d’années.

17 Selon un document confidentiel du Centre de renseignement et d’analyse de l’Union européenne (INTECEN) publié en août 2016 : « Bien que prônant la tolérance en surface, les écrits du prédicateur Gülen sont expressément antisémites et antichrétiens. » [5] Mais si l’on s’en tient aux apparences, Gülen est engagé dans le dialogue interreligieux et il a même été reçu par le pape Jean-Paul II à Rome en 1998. Ce mouvement est si puissant que R. T. Erdogan et son parti islamiste se sont alliés à lui et en ont fait un partenaire stratégique sans l’appui duquel l’accès au pouvoir eut été impossible. Cette alliance a été effective de 2003 à 2010. Gülen est exilé aux États-Unis depuis 1999, ce qui lui vaut, aujourd’hui, d’être accusé de se faire manipuler par les Américains. La rupture entre les deux alliés est intervenue fin 2013. Elle est fondée sur un désaccord affiché concernant des questions fondamentales touchant tant à la politique intérieure qu’à la diplomatie ; Gülen a, notamment, désapprouvé la politique d’Erdogan en direction d’Israël… En fait, il s’agit d’un schéma classique de deux forces qui se sont alliées pour prendre le pouvoir et, une fois celui-ci conquis, l’une veut prendre le dessus sur l’autre, car le pouvoir ne se partage pas.

Des stratégies politiques dangereuses

Les initiatives équivoques de l’armée

18 Une autre cause de renforcement de la mouvance islamiste en Turquie est à chercher du côté des militaires eux-mêmes, pourtant garants de la laïcité de l’État.

19 Lorsqu’elle a pris le pouvoir par un coup d’État en 1980, l’armée a cru habile de s’appuyer sur les islamistes pour combattre la gauche. C’est ainsi qu’elle a soutenu le Parti du salut national, ancêtre du Refah, de Necmettin Erbakan. Ce sont les militaires qui ont rendu obligatoires les cours d’éducation religieuse. Ils ont fondé des écoles coraniques, offrant aux intégristes des moyens efficaces de diffuser leur propagande et d’exercer leur emprise sur une partie importante de la jeunesse et de la population. Ils ont essayé d’édulcorer le Kémalisme en pratiquant une politique « turco-islamiste » pour amadouer et séduire les conservateurs et contenir le nationalisme kurde. Ils ont recruté des islamistes dans tous les appareils d’État, y compris dans les forces de sécurité, à la seule condition qu’ils cessent leurs activités clandestines. Dans le même temps, ils ont procédé à des enrôlements parmi les néofascistes du Parti nationaliste du mouvement (MNP) dont on connaît la tristement célèbre milice des « Loups gris ».

20 Après avoir contribué au renforcement des intégristes au point que ces derniers sont arrivés au pouvoir en 1996 par des voies pacifiques, l’armée turque est intervenue auprès de la Cour constitutionnelle, pour contraindre le Premier ministre, Necmettin Erbakan, à démissionner le 18 juin 1997.

21 Cette réalité dans toute sa complexité fait écrire au journaliste anglo-saxon John Gray : « La Turquie n’a rien à envier à beaucoup d’autres pays marqués par le réveil islamiste. La vigoureuse renaissance politique de l’Islam apporte un démenti cinglant aux théories de la modernisation, qui ont fait les beaux jours de la diplomatie occidentale depuis la Seconde Guerre mondiale. » [6]

22 Le coup d’État dit « post-moderne » de l’armée en 1997 n’a pas réglé les problèmes de fond de la Turquie et il n’a fait que différer de quelques années le retour au pouvoir des islamistes et de leur parti, l’AKP ou Parti de la justice et du développement fondé le 14 août 2001 et au pouvoir par les urnes, depuis 2002.

23 Les premières années qui ont suivi l’arrivée au pouvoir des islamistes, leur parti AKP se présentait comme un parti populaire, démocrate, conservateur, situé au centre de l’échiquier politique turc.

24 Cette « modération » proclamée était, en partie, une habileté, car, compte tenu des rapports de force et du contexte international, il eut été imprudent d’exposer toutes ses cartes. Cela est vrai au plan intérieur, car, à l’époque où l’AKP arrive au pouvoir, l’armée est encore une force que l’on ne peut ignorer ou même sous-estimer… Quant à l’échiquier international, là encore le pouvoir islamiste avait une marge de manœuvre très étroite : la Turquie, membre de l’Otan, ne pouvait pas se permettre de se mettre en marge de cette organisation et contrarier les Américains qui soutenaient sa candidature d’adhésion à l’Union européenne. Celle-ci, dans le processus de négociation avec Ankara imposait des règles et exigeait un engagement clair à mettre en place toutes les institutions du régime démocratique… Aujourd’hui, le contexte est différent : à l’intérieur, le président Erdogan a soigné sa popularité en instrumentalisant la religion, mais aussi par une politique économique et sociale en faveur des populations les plus défavorisées qui ont vu s’accroître leur niveau de vie. Pour autant, la Turquie ne parvient toujours pas à installer durablement le régime démocratique.

Un déficit démocratique chronique

25 En moins de soixante ans, la Turquie a vécu quatre coups d’État : 1960, 1971, 1980, 1997 et une tentative en juillet 2016 imputée à la confrérie Gülen. Il faut également avoir à l’esprit les « complots », le plus important étant celui fomenté par le réseau « Ergenekon », découvert en juin 2007. C’est le nom d’une vallée mythique des montagnes de l’Altaï d’où seraient originaires les Turcs… Ce réseau est plutôt une nébuleuse dans laquelle on trouve des militants d’extrême droite, des officiers de l’armée et de la gendarmerie, des magistrats, des mafieux, des journalistes, des universitaires. De juin 2007 à novembre 2009, plus de 300 personnes ont été arrêtées. L’objectif du réseau était le renversement de l’AKP dès 2003. Leur projet consistait à organiser des « escadrons de la mort », à commettre des attentats, à faire prévaloir un climat de terreur afin de démontrer l’incapacité du pouvoir en place à protéger la population.

26 Dans le passé, des tentatives visant à ancrer la démocratie ont été faites. Par exemple, les élections de 1950 ont vu le Parti démocrate, force d’opposition, l’emporter sur le Parti kémaliste. Cependant, le 27 mai 1960, l’armée fait un coup d’état, renverse le gouvernement, arrête les dirigeants du Parti démocrate. Le Premier ministre Adnan Menderes et deux de ses ministres sont condamnés à mort et pendus. En 1971, bien qu’ayant adopté une constitution en 1961 redonnant le pouvoir aux civils, l’armée intervient, impose un nouveau gouvernement composé de techniciens, ainsi qu’une révision de la constitution.

27 Le rétablissement, en 1973, d’une démocratie parlementaire, inaugure une période d’assassinats politiques, un désordre permanent, si bien que l’armée intervient par un coup d’État en 1980. Les militaires croient habile, afin de combattre la gauche et les velléités kurdes et alévies, de réhabiliter les valeurs religieuses sunnites conservatrices et nationalistes. Ils propagent une idéologie selon laquelle il y aurait une « harmonie entre l’Islam sunnite et la turcité » et que celle-ci constitue les « fondations de la culture nationale turque »… [7]

28 La constitution adoptée par référendum en 1982 reconnaît officiellement le rôle politique de l’armée. Cela n’empêche pas le parti ANAP, parti de Turgat Özal – dit de la « mère patrie » – de remporter la majorité absolue, ce qui lui permet de renforcer la dimension religieuse en politique.

29 Le premier succès ouvertement islamiste intervient en 1994 lors des élections municipales. R. T. Erdogan devient maire d’Istanbul et aux élections législatives de 1995, le leader des islamistes Necmettin Erbakan devient le Premier ministre d’une coalition centre-droite… Il sera chassé du pouvoir par l’armée via la Cour constitutionnelle en 1997… Les islamistes reviennent au pouvoir par les urnes en novembre 2002.

30 Cette chronologie, qui met en relief les événements les plus marquants de la vie politique turque durant les soixante dernières années, révèle une instabilité politique et les difficultés rencontrées à enraciner la culture démocratique.

31 R. T. Erdogan a procédé par référendum à la révision de la constitution afin de mettre en place un régime présidentiel (16 avril 2017). Dans le cadre de ce changement, la fonction de Premier ministre disparaît, le Président nomme et révoque les ministres, il peut dissoudre le Parlement devant lequel il est responsable pénalement. Ce dernier détient le pouvoir de proposition législative. Cette nouvelle « architecture » constitutionnelle attribue des pouvoirs très étendus au Président, sous couvert de préoccupation de stabilité et de sauvegarde de l’intérêt national.

32 ***

33 Politique intérieure et politique extérieure sont liées. Les tâtonnements, les crispations, les antagonismes sont autant de symptômes d’un trouble de l’identité. Il n’y a pas une seule Turquie, mais plusieurs. De plus, le contexte international a profondément changé depuis la dislocation de l’Union soviétique en 1991. L’Occident, en particulier les États-Unis, a moins besoin de la Turquie au sein de l’Otan. Ankara, de son côté, veut retrouver une liberté d’action à l’extérieur de ses frontières. C’est ce qui explique l’achat par Ankara du système russe de défense antimissile S-400. Les dirigeants turcs ont aussi pris conscience que l’Union européenne ne veut pas de leur pays, mais l’Europe a besoin de la Turquie pour, sinon empêcher, du moins freiner les flux migratoires en provenance du Moyen-Orient. Erdogan a voulu redéployer sa politique extérieure dans l’« espace ottoman », mais celui-ci est encombré par un grand nombre d’acteurs… La doctrine de l’ancien ministre des Affaires étrangères Ahmat Davutoglu « zéro problème avec les voisins » [8] a été dévoyée et, aujourd’hui, la Turquie a des problèmes avec tous ses voisins… Après avoir soutenu les ennemis de Bachar el-Assad en Syrie et laisser transiter par son territoire des armes pour Daesh et des « djihadistes » au nom d’une solidarité religieuse sunnite, les islamistes au pouvoir à Ankara ont modifié leur politique et se sont rapprochés de la Russie et de l’Iran qui soutiennent Damas…

34 Le coup d’État manqué du 15 juillet 2016 a été l’occasion pour le pouvoir de réprimer très lourdement ceux qui étaient suspectés d’y être mêlés. Mais croyant se renforcer grâce à cette violence d’État, le pouvoir s’affaiblit lui-même en se créant trop d’ennemis. L’armée, bien que renvoyée dans ses casernes, n’a pas dit son dernier mot. Mais le vrai « talon d’Achille » reste le problème insoluble du Kurdistan… Cette question est, et restera, un point de vulnérabilité extrême, car il suffirait qu’une puissance hostile arme les Kurdes pour que la Turquie tout entière soit déstabilisée et sa politique extérieure neutralisée.

Notes

  • [1]
    Voir du même auteur : « Turquie ambiguë », Revue Défense Nationale, février 1999.
  • [2]
    Atatürk : « le père des Turcs ». On l’appelle aussi le « Gazi », victorieux.
  • [3]
    Jean Marcou : « La Turquie, de l’impossible adieu à l’Orient à un illusoire divorce avec l’Occident », Les Cahiers de l’Orient, été 2017 n° 127, p. 20.
  • [4]
    Le Monde diplomatique, juillet 1997.
  • [5]
    Marianne Meunier : « Turquie : portrait de la confrérie Gülen, ennemie du président Erdogan », La Croix, 24 janvier 2017 (www.la-croix.com).
  • [6]
    John Gray : « The Guardian », Courrier International, n° 277, 22-28 février 1996.
  • [7]
    Jean Marcou : « La Turquie, de l’impossible adieu à l’Orient à un illusoire divorce avec l’Occident », Les Cahiers de l’Orient, op. cit., p. 22 et suite.
  • [8]
    Ahmet Davutoglu est un intellectuel turc, il a publié en 2001 Profondeur stratégique qui a inspiré sa politique lorsqu’il a été nommé ministre des Affaires étrangères.
Français

La Turquie d’Erdogan a remis en cause les fondements imposés par Atatürk à partir des années 1920. Il s’agit de retrouver une identité ottomane antioccidentale et musulmane, en considérant que la culture démocratique n’a pas réussi à s’enraciner durablement dans l’opinion publique.

English

Turkey: Erdogan or Turning Against Atatürk

Erdogan’s Turkey is challenging the foundations set in place by Atatürk, which began in the nineteen-twenties. It is looking to re-establish an anti-Western, Ottoman and Muslim identity through declaring that democratic culture has not taken root over the long term in Turkish public opinion.

Mustapha Benchenane [2]
Docteur d’État en science politique. Conférencier au Collège de défense de l’Otan et à l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ).
  • [1]
    Voir du même auteur : « Turquie ambiguë », Revue Défense Nationale, février 1999.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 17/02/2020
https://doi.org/10.3917/rdna.804.0104
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