CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Alors que la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS devaient marquer la fin de l’Histoire et permettre aux nations occidentales de toucher les dividendes de la paix, force est de constater que jamais le contexte géostratégique n’a été aussi incertain ni les tensions aussi vives que ces dernières années. Déstabilisation chronique de la bande sahélo-saharienne, guerres civiles en Irak et en Syrie avec une mobilisation internationale pour lutter contre l’État islamique, multiplication en retour d’attaques terroristes sur les sols européen et américain, réapparition d’États-puissances menaçants en Europe et en Asie, augmentation des dépenses militaires mondiales, danger cyber : la situation géopolitique est devenue tragique, multipolaire et imprévisible. Notre pays est directement concerné par la violence terroriste à laquelle il a déjà payé un lourd tribut, tant sur son territoire que sur différents théâtres extérieurs. Il fait face avec un outil militaire valeureux mais lacunaire. Dans ce contexte, la défense, sujet régalien par excellence, sera nécessairement une des priorités immédiates du nouveau président de la République et de son gouvernement. Le présent article voudrait livrer un regard d’industriel sur les enjeux stratégiques et économiques liés à la défense en se concentrant sur l’aviation de combat en France.

L’exception française

2 Depuis les débuts de la Ve République, notre défense est fondée sur des forces armées maîtrisant peu ou prou l’ensemble des capacités militaires, qu’elles soient conventionnelles ou nucléaires. Ces forces s’appuient sur une industrie nationale performante et compétitive qui doit leur garantir, par la maîtrise des technologies stratégiques, l’autonomie des moyens sans laquelle il n’y a pas de liberté d’action et donc pas de véritable souveraineté. Il s’agit là d’une réelle exception française en Europe, œuvre du général de Gaulle, poursuivie par ses successeurs avec la volonté de conjurer la double humiliation que représentaient la défaite de 1940 et notre mise sous tutelle par les grandes puissances nucléaires lors de la crise de Suez en 1956.

3 La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : ce modèle est-il pérenne sans une volonté forte d’investissement, afin que la France puisse continuer à faire face dans un contexte international dégradé ?

Investir dans la défense

4 La loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 a été présentée comme une transition qui devait préfigurer une nécessaire remontée de la trajectoire budgétaire. La multiplication des crises et des engagements de nos forces a conduit à un dépassement de tous les contrats opérationnels prévus par le Livre blanc de 2013. L’actualisation de la LPM a permis de préserver la cohérence globale sans empêcher pour autant une suractivité des forces et une consommation accélérée des rechanges dimensionnées au plus juste. Face à cette situation qui fragilise nos armées, il est urgent de réactiver notre effort de défense.

5 De fait, selon le Conseil des industries de défense françaises (Cidef), cet effort est passé en vingt-cinq ans de 2,86 % du PIB à 1,43 %, hors pensions, et les budgets de R&T, nécessaires pour préparer l’avenir, ont été divisés par deux. C’est un niveau à la fois très insuffisant par rapport aux menaces d’aujourd’hui et sans précédent dans notre histoire récente. Or, non seulement il est vital de combler les trous capacitaires, de poursuivre la montée en puissance des grands systèmes d’armes qui furent si longtemps attendus par les forces (Rafale, Barracuda, etc.), mais il faudra aussi, dans les prochaines années, assurer le lancement du renouvellement des composantes nucléaires et préparer les évolutions futures de ces grands systèmes d’armes qui font l’ossature actuelle de nos armées.

6 C’est pourquoi, il paraît crucial de porter au plus vite l’effort de défense à 2 % du PIB hors pensions. À défaut, la France risque d’être déclassée stratégiquement mais également économiquement et industriellement.

7 En effet, si les dépenses militaires sont une assurance-vie pour la nation, elles sont aussi un investissement pour son économie. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la France s’est efforcée de constituer un écosystème d’excellence qui a fait émerger des champions industriels comme Airbus, Dassault Aviation, DCNS, MBDA ou Thales. Ces groupes, aux activités duales civiles et militaires pour la plupart, sont forts de compétences technologiques qui leur permettent de rivaliser avec leurs concurrents d’outre-Atlantique. Cette filière, fédérée notamment par le Cidef et le Gifas, représente environ 200 000 emplois à haute valeur ajoutée (non délocalisables) et plus de 60 Md€ de chiffre d’affaires. Pour sa part, l’aéronautique civile et militaire est un puissant moteur en matière d’emploi. Entre 2012 et 2016, les sociétés du Gifas ont recruté 60 000 personnes et elles se partagent dans toutes les enquêtes les premières places en termes d’attractivité auprès des salariés et des jeunes diplômés. Elles sont également le premier contributeur excédentaire au solde du commerce extérieur depuis de nombreuses années (18,6 Md€ en 2016). À titre d’exemple, depuis 1960, 73 % des avions produits par Dassault ont été exportés.

8 Cet écosystème français, sans équivalent en Europe, est le seul à posséder l’ensemble des savoir-faire pour concevoir avions, hélicoptères, sous-marins, lanceurs, satellites, missiles, sans parler du nucléaire. Nos armées peuvent ainsi compter sur une industrie compétente, apte à comprendre leurs besoins et à fournir, sans risque d’interdiction de vente ou d’emploi, les équipements nécessaires à leurs missions. Parallèlement, les technologies développées pour la défense irriguent très concrètement le secteur civil, dont elles soutiennent la compétitivité. Mais la pérennité de ce modèle ne sera assurée que si l’investissement dans les technologies du futur est activement soutenu par l’État, à l’instar de ce qui prévaut aux États-Unis, en Russie ou en Chine.

9 Les Américains pratiquent depuis longtemps cette synergie civile-militaire et considèrent les budgets de défense, non seulement comme la garantie de leur imperium politique, mais aussi comme un levier majeur de développement économique. Chez la plupart de nos voisins européens, c’est souvent le contraire : le peu qu’ils dépensent pour leurs armées alimente principalement l’industrie d’outre-Atlantique dans le cadre de l’Otan et d’une « préférence américaine » qui ne dit pas son nom.

10 Enfin, respecter les 2 % de PIB, c’est accéder au niveau minimum requis par l’Otan. Et c’est se garder d’un décrochage par rapport à nos partenaires britannique et allemand qui consentent un effort croissant pour leur défense.

L’aviation de combat aujourd’hui et demain

11 La France appartient au club très restreint des pays qui disposent d’une industrie aéronautique de combat. Cela lui confère une pleine souveraineté dans l’usage de l’arme aérienne, tant au plan conventionnel qu’en matière de dissuasion nucléaire. Or, l’aviation apparaît, plus que jamais, comme essentielle dans la conduite de la guerre moderne, y compris asymétrique. Elle est un véritable démultiplicateur de force, indispensable pour la réussite de nos opérations militaires.

12 Le Rafale est aujourd’hui le cheval de bataille de nos forces aériennes. Entré en service dans la Marine en 2004 et dans l’Armée de l’air en 2006, il est le résultat d’un programme d’uniformisation des flottes de combat qui visait à remplacer sept types d’appareils alors en service (Mirage 2000C, Mirage 2000N, Mirage IV, Jaguar, Mirage F1, Super-Étendard et Crusader). Le Rafale est en première ligne pour défendre notre pays. Il a fait la démonstration de sa polyvalence à l’occasion de ses engagements en Afghanistan, en Libye, au Mali et, actuellement, au Levant. Avec cet avion, l’exécutif dispose d’un outil de puissance et de supériorité aérienne qui, grâce à ses capacités nucléaires, se situe au cœur de la protection des intérêts vitaux du pays. La dissuasion tire les armées et l’industrie de défense vers le haut. De toutes les missions que le Rafale sait assumer, elle n’est pas la moins exigeante. Pour une bonne part, elle a dimensionné l’autonomie de l’appareil, son système de navigation et d’attaque, sa capacité d’emport et ses contre-mesures. Pour reprendre les mots du chef d’état-major des Armées, le général Pierre de Villiers, le Rafale constitue « la colonne vertébrale capacitaire des armées pour aujourd’hui et demain ». Cette colonne vertébrale repose sur un socle industriel d’excellence qui réunit, autour de Dassault Aviation et de ses partenaires Thales et Safran, 500 PME-PMI disposant d’un savoir-faire unique, fruit de plus de soixante-dix ans d’investissement continu dans l’aéronautique de combat.

13 Cette crédibilité opérationnelle et cette excellence industrielle ont été consacrées à l’export par les succès du Rafale qui s’est inscrit ainsi dans la lignée de l’Ouragan, des Mystère et de la famille des Mirage (Mirage III/5, F1, 2000). Voulue par le ministère de la Défense dans le cadre de la LPM, cette réussite commerciale est indispensable par sa contribution à l’allongement des séries en production et par ses retombées économiques.

14 À court terme, les enjeux pour la France autour du Rafale portent sur la poursuite de ses développements et la reprise de ses livraisons. Si l’efficacité de l’appareil est due à sa conception d’origine, elle tient aussi au travail qui est fait en permanence, par les industriels et la DGA, pour l’adapter, par standards successifs, aux progrès de la technologie et aux retours d’expérience des opérationnels. Nous finalisons actuellement le standard F3R. Celui-ci, lancé en 2014, doit être qualifié en 2018. Il permettra d’intégrer à l’avion de nouveaux équipements et armements comme le missile Meteor de MBDA, le pod de désignation laser de nouvelle génération Talios de Thales et la version à guidage laser de l’armement air-sol modulaire (AASM) de Sagem.

15 Au-delà de F3R, l’architecture système ouverte du Rafale offre d’autres possibilités d’évolution pour maintenir l’appareil au meilleur niveau. Le 20 mars 2017, le ministre de la Défense a autorisé le lancement du développement du futur standard F4. Les travaux commenceront en 2018, à la suite de F3R, et s’achèveront en 2023 pour une première version et en 2025 pour la version complète. F4 renforcera les capacités du Rafale à opérer seul ou en coalition. Les améliorations vont porter notamment sur les capteurs, sur la prise en compte des progrès attendus des missiles et sur l’intégration de capacités étendues de travail en réseau.

16 Pour garantir « les formats prévus aujourd’hui par la LPM, il nous faut absolument la livraison des 28 Rafale de la quatrième tranche suivie d’une nouvelle commande pour compenser le retrait des Mirage 2000D » rappelle le chef d’état-major de l’Armée de l’air, le général André Lanata. Pour répondre à ce besoin impérieux de poursuivre la montée en puissance Rafale et l’homogénéisation de la flotte, il faudra reprendre les livraisons interrompues par l’actuelle LPM, en soldant la 4e tranche de production, et lancer au plus vite une 5e tranche. Cela vient d’ailleurs d’être récemment indiqué par le ministre de la Défense. Il importe que ces décisions soient rapidement matérialisées.

17 Après 2030, et dans la perspective du renouvellement de la composante nucléaire aéroportée, il nous faudra poursuivre le développement continu de nos compétences pour répondre aux évolutions des menaces. Il en va de la souveraineté du pays quant à la protection de ses intérêts vitaux. C’est dans cette même logique que la question du renouvellement du porte-avions et des appareils de patrouille et de surveillance maritime va également se poser.

18 Enfin, pour conserver notre capacité d’entrer en premier sur un théâtre, la complémentarité avion de combat-drone doit être développée. Pour ce faire, nous avons engagé des travaux, avec le ministère de la Défense, afin de ne pas laisser aux États-Unis le monopole technologique et militaire dans ce domaine clé.

19 Ainsi, en novembre 2014, Dassault Aviation, BAE Systems et leurs partenaires industriels (Thales et Safran, Selex et Rolls Royce) ont reçu un contrat de la part des gouvernements français et britannique pour réaliser, sur deux ans, une étude conjointe de faisabilité dans le cadre du FCAS (Future Combat Air System). Cette étude prépare les concepts et les principales technologies nécessaires à un futur système aérien de combat sans pilote à bord (UCAS). Ces travaux préliminaires ont été prolongés jusqu’à fin 2017. À cette date doit être lancée la première phase de développement d’un démonstrateur opérationnel d’UCAS franco-britannique, comme annoncé au Sommet d’Amiens en mars 2016. Il faut noter que ce projet s’inscrit dans la continuité des Accords de Lancaster House. Malgré le Brexit, les récentes déclarations des autorités britanniques et françaises incitent à penser que ces accords seront durables. Ils constituent, pour la préparation du futur dans le domaine des avions de combat, une avancée marquante en réunissant les principaux industriels des deux pays.

20 Dans le cadre de ce FCAS, il est également important de combler notre retard à propos des drones MALE (moyenne altitude et longue endurance). Des progrès significatifs ont été accomplis pour que les Européens recouvrent des moyens propres. Depuis le début du mois de septembre 2016, la phase de faisabilité d’un drone européen MALE RPAS (Remotely Piloted Aircraft System) a commencé. Le lancement du programme a été officialisé à l’occasion d’une réunion présidée par l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (Occar), en présence des représentants des États partenaires du programme (Allemagne, Espagne, France et Italie). Cette étude de définition de deux ans est menée conjointement par Dassault Aviation, Airbus Defence and Space et Leonardo, à raison d’une répartition égale des tâches.

21 Le MALE RPAS sera un drone de nouvelle génération dédié aux missions armées de renseignement, surveillance, ciblage et reconnaissance (ISTAR). Les exigences opérationnelles sont définies en étroite coopération avec les états-majors des nations partenaires. La conclusion de l’étude marquera le coup d’envoi de la phase de développement prévue en 2018, en vue du vol inaugural d’un prototype en 2023 et de la livraison du premier système à l’horizon 2025. L’Europe aura ainsi rattrapé dix années d’atermoiements pendant lesquelles aucune décision n’a été prise malgré les propositions des industriels, ce qui a ouvert la porte à des achats sur étagères auprès de la concurrence américaine et israélienne. Le MALE RPAS est, lui aussi, une question d’autonomie stratégique et technologique pour notre continent.

Une coopération en Europe à définir

22 Les programmes multinationaux ci-dessus, et ceux qui leur succéderont, sont condamnés à réussir : les budgets de défense européens sont tellement faibles que le moindre euro doit être optimisé. Il est fini le temps des projets « politiques » où l’efficience le cédait à l’affichage, et la compétence à l’utopie d’un « juste retour ».

23 Par opposition aux fusions, les coopérations entre industriels offrent l’avantage de la flexibilité, c’est-à-dire la possibilité d’alliances pragmatiques en fonction des programmes, des savoir-faire et des besoins nationaux. Cependant, une coopération ne fonctionne vraiment bien que si sont observées les règles suivantes : une définition commune du produit, pour éviter d’avoir autant de versions que de pays participants, placée sous l’autorité d’un seul maître d’ouvrage étatique ; un maître d’œuvre industriel clairement identifié ; une répartition du travail en fonction des compétences démontrées par les entreprises partenaires… et non en fonction des compétences que chacune souhaite acquérir grâce à la coopération.

24 Un programme a appliqué strictement ces règles : le démonstrateur de drone de combat nEUROn. Cet UCAV (Unmanned Combat Air Vehicle) furtif est le deuxième au monde à avoir volé après les UCAV américains (et pour un coût très inférieur). Il est le résultat d’une coopération à six pays européens, lancée en 2006, sous maîtrise d’ouvrage de la DGA mandatée par les six gouvernements. Pilotée par Dassault Aviation, l’équipe industrielle multinationale mise en place a respecté ses engagements budgétaires et conçu un aéronef dont les performances sont allées au-delà des prévisions. À tel point que la DGA souhaite prolonger le programme pour trois ans afin de contribuer à la préparation du futur. Dassault Aviation n’a jamais caché que le nEUROn avait un double objectif : développer des compétences et des technologies, et démontrer qu’il est possible de coopérer efficacement en Europe.

25 Enfin, dans toute coopération se pose la question du partage des connaissances. Que met-on sur la table, que garde-t-on pour soi ? Nous avons prouvé, chez Dassault Aviation, que nous savions partager : le nEUROn a été développé avec différents pays européens en prenant en considération la souveraineté de chacun. Il faudra donc coopérer de manière équilibrée, dans le respect des spécificités et des compétences industrielles uniques qui sont les nôtres. C’est ce qui s’amorce dans le cadre du MALE RPAS et du FCAS, et que nous espérons voir aboutir lors de la prochaine décennie.

26 * * *

27 « Un chef, une mission, des moyens » ont coutume de dire les militaires. Pour le chef des armées, l’élection présidentielle y pourvoit. Pour la mission, le consensus dans le pays est maximum : il s’agit de défendre nos intérêts vitaux face à un niveau de menace que chacun perçoit comme très élevé. Les moyens, en revanche, ne sont pas encore au rendez-vous. Ce n’est pas un problème de stratégie ou de savoir-faire : le tissu industriel, les compétences et l’expérience de la France en la matière sont inégalés en Europe ; le succès de nos matériels à l’export en témoigne. Dans ce monde incertain, il faut vouloir refaire de la défense une priorité. Il en va de notre sécurité et, pour partie, de notre prospérité économique future. Surtout, il ne faut pas perdre de vue que les dividendes de la paix sont une illusion ; c’est la paix qui est un dividende de l’effort de défense.

Français

Une politique de défense crédible nécessite une industrie de défense forte. La France dispose de cette capacité qui doit bénéficier d’un réel effort budgétaire. Dans le domaine aéronautique, Dassault Aviation est un acteur majeur et contribue à préparer l’avenir autour de programmes emblématiques comme le Rafale.

English

Defence Policy—an Industrial Point of View

Credible defence policy requires strong defence industry. France has this capability yet it requires continued budgetary effort. In the field of aeronautics, Dassault is a major player, contributing to preparation for the future through its flagship programmes such as Rafale.

Éric Trappier
Président-directeur général du Groupe Dassault Aviation, premier vice-président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), vice-président de l’AeroSpace and Defence Industries Association of Europe (ASD).
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 17/02/2020
https://doi.org/10.3917/rdna.800.0044
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