CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 On avait déjà relevé un article de Newsweek sur le thème « Vive la France ! ». The French are a decisive, manly superpower. Unlike America ; on a apprécié le rapport mis en ligne à l’automne 2014 par la RAND, France’s war in Mali: Lessons for an expeditionnary army. Dix ans après les tombereaux d’injures déversés sur les cheese-eating surrounding monkeys et les galéjades récurrentes du French Bashing sur la débâcle de 1940, on ne peut que s’en réjouir.

2 Pas trop vite, toutefois. Relevons que la Quadrennial Defense Review 2014 nous ignore, ne nous citant qu’une fois en légende de photo comme complément de la composante africaine en RCA, ce qui nous ramène à 1991 où, dans l’ordre de bataille du Pentagone, la division Daguet n’était que la force d’appoint du 30e Corps d’armée égyptien. Ensuite, il ne faudrait pas trouver dans des compliments venus de l’autre côté de l’océan une légitimité que l’adultération du nouvel article 35 de la Constitution ne donne plus à nos interventions extérieures, puisqu’il aura suffi de supprimer le mot « guerre » pour se dispenser d’un vote devant le Parlement, ce qui était pourtant la règle depuis 1815. Enfin, l’utilisation du terme expéditionnaire devrait nous inciter à une certaine réserve et à la prudence.

America First

3 La première des règles lorsqu’on lit un rapport de la RAND est de ne pas perdre de vue ce qui est depuis 1947 la raison sociale du think tank, appliquer les règles du management à l’ensemble des activités humaines de la société y compris la guerre. L’Amérique n’a de cesse de chercher le rapport de causalité entre les moyens mis en œuvre et le résultat final. Serval intervenant au moment où le Pentagone annonce la redéfinition de ses interventions militaires, que peut-on tirer de la guerre au Sahel ? Louable préoccupation si l’on veut bien oublier que les Américains nous ont déjà fait le coup, il y a dix ans, en découvrant Lyautey et sa pacification du Maroc – sans y mettre ces italiques dont nos écoliers comprennent vite le sens – pour finir par dupliquer la guerre du Rif et vilipender une COIN (Counter Insurgency) dont l’acronyme était pourtant devenu la formule magique pour les sortir du bourbier oriental.

4 L’objectif reste toujours d’économiser la guerre, de trouver cette martingale qui fera qu’un jour le calcul vaincra le jeu, pour citer Napoléon qui se plaignait des amiraux qui « ont trouvé, je ne sais où, qu’on peut faire la guerre sans courir aucune chance ». J’avais suggéré dans notre Revue, dès avril 2002, que la défaite en Afghanistan était prévisible pour cette seule raison (cf. J.-Ph. Immarigeon). En Irak, le Pentagone avait rédigé en 2007 une liste de dix-huit requis (benchmarks) dont la réalisation signifierait que la paix était faite, et cochait régulièrement ceux qui se trouvaient atteints, jusqu’à ce que l’Armée du Mahdi ne tue davantage de soldats américains que le ridicule de cette méthode.

5 La RAND a donc une vision très idéalisée de l’armée française qui pourra flatter mais surprendre plus d’un, puisque le réel n’est pris en compte qu’à l’aune d’un modèle théorique que l’on croit y déceler et que l’on entend promouvoir. On pourra aussi lire entre les lignes l’idée déjà ancienne qu’une guerre se fait avec des Français salissant leurs bottes on the ground et les archanges américains jouant à Top Gun à 10 000 pieds, et pas seulement parce que le Pentagone cherche une solution à ses propres réductions budgétaires. Un article par ci, un strapontin par là, ce rapport s’inscrit dans un programme de flatteries qui ne doit rien à la spontanéité. Timeo Danaos et dona ferentes, ou pour citer l’ultime recommandation donnée à Victor Kravchenko par son officier traitant du NKVD (Narodnii Komissariat Vnoutrennikh Diél) juste avant son départ pour les États-Unis : « Méfiez-vous des jambes des belles Américaines ! ».

The French

6 Il faut ajouter que, analyse critique ou louanges encomiastiques, nous restons la figure totémique de l’ennemi depuis que le colonel George Washington fit assassiner le comte de Jumonville le 28 mai 1754, coup d’envoi de cette guerre identitaire de trente ans qui se conclut par l’indépendance américaine. L’emploi surabondant dans le rapport d’un adjectif qui apparaît plusieurs centaines de fois (french doctrine, french army, french diplomacy, french government) et surtout du substantif The French (84 fois en 45 pages) trahit non une empathie nouvelle mais une curiosité ambivalente.

7 Cela étant posé, il me vient à l’esprit cette scène du Waterloo de Bondartchouk (1970) où, à un jeune lord prétentieux qui se propose de ramener à sa promise un casque français, le général Picton réplique que, face à une charge de cuirassiers, il pourra déjà s’estimer heureux de sauver sa peau, ajoutant : « You will learn the art of fighting from the French ». Et c’est ce que célèbre la RAND, qui aurait pu titrer comme un récent prix Goncourt : l’art français de la guerre.

8 Il n’est pas de mon propos de faire un résumé de ce texte dont je conseille vivement la lecture. L’opération Serval y est relatée dans ses menus détails, avec cette précision tout anglo-saxonne dans l’examen de chacune de nos unités. Ce sont les chapitres premier, trois et quatre qui relèvent de l’examen critique, avec l’écueil de la reformulation d’une même idée sous plusieurs rédactions, et surtout cette très schizophrénique aporie liminaire : il est clair que le Pentagone doit s’inspirer de la Guerre des Français, mais il est tout aussi clair qu’il ne pourra jamais faire la même chose.

L’inconcevable légèreté de la guerre française

9 Qu’est-ce qui impressionne la RAND dans notre intervention ? Trois choses : tout d’abord l’appétence des forces françaises à user du format réduit, et leur non moins grande agilité à fusionner, disjoindre puis réagréger leurs unités en fonction des besoins, Kampfgruppen non pas d’arlequins d’unités étrillées mais soigneusement entraînés en tant que telles. Le chapitre trois est prolixe sur les GTIA (Groupement tactique interarmes) et surtout les SGTIA (Sous-groupement tactique interarmes) – ce format à 200 Rambos, tout juste un piquet de caserne dans l’US Army, relevant outre-Atlantique du miraculeux – et leur matériel, avec ce savoir-faire exotique qui consiste à mettre du gros calibre sur du roulant léger, ce qui leur donne une puissance de feu que les brigades Striker à 3 500 hommes n’ont pas. Vive la France !

10 Ensuite, le rapport souligne que The French réussissent ce jeu de Meccano sans perte en terme d’approvisionnement, de puissance de feu et surtout de maîtrise du commandement ce qui, vu d’une Amérique où le mot bureaucratie garde tout son sens, est inconcevable.

11 Enfin il y a l’acceptation du risque, entendons physique, par The French. C’est sans doute là que le terme revêt toute son étrangeté pour un Américain, dans cette sorte de naturalité innée, historique et culturelle, sans forfanterie ni gloriole, à la guerre de Français qui ne l’aiment pas pour l’avoir trop faite mais qui y vont sans réticence.

12 La RAND insiste sur le fait que nos unités sont juste au-dessus du seuil de suffisance et n’en vont pas moins au contact de l’adversaire sans recourir à un appui-feu préalable de compensation, s’étant sur ce point désaméricanisées (sic) en privilégiant la manœuvre. Mais The French manient-ils ces structures par principe ou par nécessité ? Relevons que, outre les colonies qui imposaient ce format, nous avons toujours équipé des unités légères. Ainsi, sous l’empire du programme de 1936, nous constituâmes, à côté des grandes divisions, des Groupes de reconnaissance de division d’infanterie (GRDI) motorisés, voire pour certains blindés  [1]. « On doit entendre par unité légère une unité qui peut passer sans délai, ou dans un faible délai, d’une formation d’approche au combat », écrivait le général Flavigny à propos de ces unités de cavalerie. Laminées par la charge allemande, leur structure et leur doctrine d’emploi n’en étaient pas moins en avance.

Armes d’avant-hier pour guerres d’après-demain

13 Lorsque la RAND se penche sur notre matériel, elle lui trouve trois qualités : rusticité, faible consommation et informatique réduite. On sait que le débat a été ouvert en France sur ce que nous avons pris plutôt pour des défauts, et le rapport s’en fait l’écho, citant des noms qui nous sont familiers dans une bibliographie presque exclusivement de sources françaises. Il a été sassé et ressassé que nous faisons la guerre avec du matériel conçu avant-hier : oui, et alors ?, s’interroge la RAND. Elle relève que l’intégration des moyens de transmission est restée locale, au niveau du combattant, et le rapport comprend que The French ont arbitré en ce sens sur la chaîne de commandement au-dessus des GTIA, et que ce schéma – qui correspond à l’Auftragstaktik – s’est révélé efficace. Il est vrai que l’organigramme en poupées russes avec la centralisation qu’il induit structurellement correspond à la pensée du management américain et ne fait que renforcer la lourdeur procédurale. On a aussi dénoncé la vétusté du matériel – en la prenant pour de l’obsolescence – se plaignant de l’absence de climatisation dans les VAB (Véhicule de l’avant blindé). Mais moins de dépense d’énergie veut dire moins de logistique, et l’approvisionnement en carburant a été réalisé par un service essence d’une centaine de personnes, ce qui au regard du standard américain ressort là encore du miracle. Et la RAND de se demander si le matériel qui arrive au titre du programme Scorpion permettra de rééditer Serval. La réponse lui semble négative.

14 La cause en est simple : surcharge pondérale. Une climatisation, indispensable pour l’électronique embarquée, dépense non seulement de l’énergie, elle doit être portée par un engin plus lourd et plus gourmand. Par ailleurs l’armement s’empèse, et le projet de tourelle de 120 sur EBRC (Engin blindé de reconnaissance et de combat), alors que les calibres 90 et 105 des EBR et AMX sont suffisants face à des pick-up, n’arrange rien. La RAND souligne que le poids du nouveau matériel rejoint celui du standard Striker et est curieux de connaître, puisque des VBCI (Véhicule blindé de combat d’infanterie) ont été engagés, quelle est leur empreinte (acheminement, consommation, maintenance) par rapport aux VAB. La RAND souligne enfin que cet alourdissement va avoir comme conséquence que si notre présence nécessite un soutien logistique de la part de nos alliés, il sera demain hors de question de se passer d’eux, même pour une opération coup de poing limitée.

Armée Cac 40

15 Pourquoi ce hiatus ? Il s’est écoulé plus d’une décennie entre le début de la guerre d’Afghanistan et celle du Mali : au-delà des discours ronflants sur la guerre asymétrique, pourquoi sommes-nous en train de réceptionner un matériel capable d’arrêter l’ennemi aux portes de Paris, là où ne se jouera plus le destin de la France ? On a pu lire que l’armée en Irak cherche un emploi au NH-90, mais combien de Caracal pour le coût d’un NH-90 dont on ne cesse de répéter que, contrairement au Tigre par rapport à la Gazelle, il ne constitue pas un saut substantiel ? Soit dit en passant, les états-majors feraient bien de ne pas crier trop fort qu’ils ne savent pas quoi faire de certains des nouveaux matériels, tout le monde n’est pas sourd à Bercy. Si nos armées se trouvent piégées par l’effet ciseau du coût technologique et de la diminution des budgets, ce n’est pas la seule augmentation des crédits d’équipement qui résoudra ce problème de son inadéquation.

16 Aux États-Unis comme en France, les armées paient les choix d’un complexe militaro-industriel dont l’horizon reste le compte en banque de ses actionnaires. Le résultat est qu’on remet en ligne du vieux matériel, comme le Fairchild A-10 qui aurait été aperçu dans le ciel irakien, et dont le Congrès vient d’interdire qu’il soit mis sous cocon. En ces temps où tous se plaignent que l’économisme soit devenu la religion civile, comment ne pas relever que l’armée aura sacrifié son intérêt à la satisfaction d’intérêts mercantiles, en faisant monter les soutiers sur la passerelle de commandement. Sous couvert de bâtir une armée 3.0, les Livres blancs ont conçu une armée Cac 40.

Drones absents et Touaregs ignorés

17 À quoi bon d’ailleurs, puisque les drones sont les grands absents du rapport. On dira qu’ils n’étaient pas encore présents sur le terrain, sauf que la RAND n’en fait pas un problème, nous avions des moyens aériens, y compris ceux de la Marine, pour faire le même travail. Les drones déployés dans le cadre de Barkhane apportent-ils un avantage réel, voilà encore une question qu’on aimerait ne pas voir évacuer d’un haussement d’épaules, d’autant plus que leur doctrine d’emploi n’est pas claire, sauf à réintroduire dans la pensée stratégique le virus de la bataille conduite à la Pétain-Gamelin, toujours enseignée à West Point comme modèle indépassable, mais dont la France croyait s’être désintoxiquée depuis 1940. La numérisation à outrance et l’utilisation du cyber comme très hypothétique réducteur d’incertitude, ajoutées aux procédures Otan qui émasculent toute idée de manœuvre, nous y ramènent tant elles sont en elles-mêmes structurantes. Grande est la tentation de réticuler le désert, et nos alliés vont chercher à étalonner leurs drones dans ce milieu a priori facile. Le Sahara, quoique de deux dimensions, ne se prête guère à ce genre d’expérimentation. On nous dit que les Reaper achetés à prix d’or, ces chevaux de bois que les contribuables troyens avaient eu pour rien et qui semblent faire autant plaisir à certains que le clairon de Gunga Din, sont vaccinés contre les mirages : avec deux unités pour surveiller un territoire vaste comme dix fois la France, rien n’est moins sûr.

18 Si les drones sont négligés par la RAND, nos adversaires le sont tout autant, expédiés en deux paragraphes, figures interchangeables dans un contexte de supposée guerre globale au terrorisme qui nous fait engerber – et c’est l’erreur stratégique commise depuis 2001 – les dunes sahariennes et les salles de rédaction parisiennes. La faiblesse du texte tient à ce défaut de contextualisation qui doit être en l’espèce une localisation, l’Amérique restant incapable d’appréhender la réalité de la menace qui relève toujours du même fantasme global d’un ennemi ectoplasmique sans visages ni identités, la RAND concédant simplement quelques renvois à notre passé colonial.

« Et l’on massacre les beaux lieutenants endormis »

19 Or le Sahara est cette zone aux confins de deux mondes qui, de toutes les terres d’empire, n’a jamais été pacifiée malgré une présence que l’on qualifiait encore à la veille de la décolonisation, avec un sens certain de la litote, de mission de « pacification parmi des populations longtemps agitées et parfois encore remuantes » (cf. SCFH). C’était le temps de Fort Saganne, des mythiques pelotons méharistes peu nombreux mais manœuvrant et à la puissance de feu conséquente  [2] dont s’inspira une abondante littérature qui rendit célèbres Faidherbe ou Laperrine. Qu’il suffise de feuilleter Le Crabe aux pinces d’or dessiné par Hergé durant la Seconde Guerre (1943). C’est un mythe auquel Hollywood sacrifia également dans ses films sur ces hommes oubliés partant se racheter sous le képi blanc, cinéma d’une rédemption qui n’est pas sans résonance dans les motivations de nos djihadistes de banlieue.

20 On dira : il y a l’Islam en plus ! Mais il y avait déjà l’Islam, Al-Qaïda ne se greffant que sur un contentieux analysé dès Terre des hommes par Saint-Exupéry (1939). Dans cette immensité où un verre d’eau reste plus précieux que les mille tonnes d’or planquées à Kayes par Vichy, on n’y connaît les fontaines et les roses que par le Coran, ça s’appelle le Paradis et « on le gagne par la mort amère sur le sable, d’un coup de fusil d’infidèle, après trente années de misère ». Pourtant, ce paradis existe sur Terre, en France. Il faut alors se venger du « Dieu des Français plus généreux que le Dieu des Maures (qui) les trompe, puisqu’il n’exige des Français, auxquels sont accordés tous ces trésors, ni la rançon de la soif, ni celle de la mort ». Nous voilà encore punis en 2015 de ce que Dieu refuse aux gens du désert, ce Dieu qui laisse les mécréants occuper Al-Qods et mégote chaque outre aux Touaregs tandis que les trottoirs parisiens sont lavés à l’eau de source.

21 Otages contre rançon, c’était déjà la règle des chefs de tribu : « Avec l’argent tu achèteras des chameaux, des fusils et des balles. Tu pourras partir en rezzou et faire la guerre aux Français ». Ils égorgeaient dans son sommeil l’officier venu donner des nouvelles de leur fils aîné retenu à l’École des otages de Kayes, selon une pratique que la France avait reprise de Rome. Et les troupes d’AQMI sont les épigones de ceux qui montraient à Saint-Exupéry leur fantasia de trois cents cavaliers en maugréant : « Vous avez de la chance, en France, d’être à plus de cent jours de marche ». C’est un problème auquel nous ferons face tant que nous serons présents dans ces confins qui se veulent ceux d’Un homme sans l’Occident, pour reprendre le titre du beau roman du général Diego Brosset.

Sortir des mirages

22 Le danger du rapport de la RAND est bien de n’aborder la guerre que sous le seul angle opérationnel, sans envisager ne serait-ce que le bonheur d’une paix sans victoire (Verlaine), et de ne voir dans Serval et Barkhane que les grandes manœuvres d’une longue marche vers la victoire finale, EuroSatory in vivo et in situ, tant il serait vrai qu’une guerre se gagne par capitulation sinon elle n’est que le brouillon de la suivante : Vietnam, Irak, Afghanistan, etc. Mais on ne saurait se couler dans cette perspective d’une guerre sans fin et se laisser emporter dans la fabrique permanente de l’ennemi qui reste la marque de l’Amérique.

23 Certes, on pourrait constituer un dispositif Maginot numérisé, mais contrôler un si vaste territoire est plus compliqué que d’enclocher la bande de Gaza. La guerre dans le désert s’apparente à la guerre sur mer, et il nous faut choisir entre le desert denial et le desert control, et nous confondons militaire et panoptique. On pourra toujours s’installer (les BAT, le sel de l’acronyme étant dans le Temporaire), reconstituer les compagnies méharistes (le Mali l’avait fait jusqu’en 2012), être la tempête qui pèse sur le flanc des insoumis, paralysant l’adversaire davantage que par une bataille rangée improbable : « Un rezzou en marche quelque part, et qui n’aboutira jamais, fait sa divinité ». Sauf que nous devons gagner, dans la rocaille malienne comme dans les collèges et les quartiers métropolitains, là où le sacré tient la première place (« Tu manges du porc comme des porcs, tes femmes sans pudeur montrent leur visage, tu ne pries jamais, tu as des avions et la TSF, mais tu n’as pas la vérité »), et que nous n’avons pas vocation à servir de victime expiatoire dans un litige que la France a pour sa part réglé depuis la Contre-Réforme. La seule chose à faire sera d’installer l’eau courante, faute de quoi on continuera à massacrer nos beaux lieutenants endormis. D’ici là, il y aura peut-être un nouveau Saint-Exupéry pour nous parler de ces guerres introuvables.

Notes

  • [1]
    Un millier d’hommes, 35 véhicules de liaison et 25 postes radio, 80 camions et camionnettes, 10 voitures et 4 tracteurs tout terrain, 250 motos single et side-car, 4 canons AC de 25 mm, 2 mortiers, 8 mitrailleuses et 32 fusils-mitrailleurs, 580 mines antichars, 40 aides de franchissement de coupures d’eau, et pour les 2e et 5e GRDI, 16 roues-canon Panhard 178 à canon AC de 25 mm (150 obus) et 24 chars Hotchkiss 35 ou 39 à canon de 37 mm long (100 obus).
  • [2]
    Une centaine d’hommes et de supplétifs pour environ 250 dromadaires, parfois équipés de mortiers et de mitrailleuses, auxquels furent adjoints progressivement des compagnies de transport et de génie, et un réseau de transmission. À signaler également dans les années trente la présence de trois escadrilles équipées chacune de neuf Potez 25TOE, répartis sur des aérodromes comme Thiès, Bamako, Gao ou Atar, chargés de la surveillance et du soutien tactique contre les rezzous.
Français

Quand la RAND raconte Serval… Un récent rapport du think tank américain ne tarit pas d'éloges sur l'efficience de nos armées qualifiées d'expéditionnaires. Au-delà de la présentation d'un art français de la guerre et de compliments, en rien désintéressés, se lit pourtant l'annonce d'un futur incertain, par inadéquation du nouveau matériel à ces guerres de demain qui resteront à l'ancienne.

English

The War of the French

When RAND reports on Serval… A recent report from an American think tank was full of praise on the efficiency of our qualified, expeditionary armies. Beyond the presentation of the French art of war and compliments, not altruistic, one can interpret the announcement of an uncertain future, with the incompatibility of new material in the wars of tomorrow that will remain traditional.

Éléments de bibliographie

  • Philip Delves Broughton : « France: Leader of the Free World », Newsweek, 18 février 2013 (www.newsweek.com/).
  • Michael Shurkin : « France’s War in Mali: Lessons for an Expeditionnary Army », RAND Corporation (www.rand.org/).
  • Jean-Philippe Immarigeon, « La guerre introuvable », RDN avril 2002, in « Souvenirs d’un monde qui chavirait. Articles et recensions, 2001-2012 », Cahiers de la Revue Défense Nationale(www.defnat.com/).
  • Bulletins n° 5 & 6 (1955) de la Société des collectionneurs de figurines historiques (SCFH).
  • Chef de bataillon Rémi Scarpa, sous la direction du général Bernard Barrera : Offensive éclair au Mali - Ceux de la brigade Serval racontent ; Éditions Pierre de Taillac, 2015.
Jean-Philippe Immarigeon
Avocat, essayiste et historien, il collabore à la RDN depuis 2001 et a publié notamment La diagonale de la défaite (Bourin, 2010) et Pour en finir avec la Françamérique (Ellipses, 2012).
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 17/02/2020
https://doi.org/10.3917/rdna.777.0114
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Comité d’études de Défense Nationale © Comité d’études de Défense Nationale. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
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