Cet article dresse le profil des entreprises de la transition socioécologique et s’interroge sur le potentiel des entreprises québécoises qui se réclament de « l’économie verte » à contribuer à cette transition. À partir d’une revue de littérature alliant les théories de la transition, l’entrepreneuriat soutenable et l’économie verte, nous proposons un cadre pour définir l’entreprise de la transition socioécologique (ETSÉ). À partir de ce cadre, une enquête par questionnaire effectuée auprès de 38 PME québécoises identifiées à l’économie verte nous a permis d’élaborer une typologie constituée de 2 groupes d’entreprises selon l’approche de l’analyse des données. Le premier groupe inclut des entreprises qui s’inscrivent dans la reproduction des régimes sociotechniques actuels et qui favorisent des changements davantage incrémentaux. Le deuxième groupe regroupe des entreprises qui poursuivent une stratégie de transition socioécologique visant la transformation des régimes sociotechniques dans le but de répondre aux crises écologiques et climatiques auxquelles l’humanité est aujourd’hui confrontée. Ces analyses nous amènent à conclure que différentes trajectoires de transition se cachent derrière le discours de l’économie verte.
Article
Les études scientifiques se multiplient et sont sans équivoques : il y a urgence d’agir, dès maintenant et de manière audacieuse, pour faire face aux changements climatiques et à la crise écologique. Les activités humaines exercent aujourd’hui une telle pression sur les écosystèmes que ce sont désormais plusieurs « limites planétaires » qui sont sur le point d’être franchies, ou qui le sont déjà – notamment les changements climatiques, la perte de la biodiversité et le cycle de l’azote (Steffen et al., 2015). Face à cette urgence, les gouvernements du monde adoptaient en décembre 2015 l’Accord de Paris afin de limiter le réchauffement climatique « bien en deçà » du 2 degrés Celsius (CCNUCC, 2015). Pour atteindre une telle cible, pour ramener les activités humaines à l’intérieur des limites planétaires et pour éviter d’en franchir de nouvelles, une transition socioécologique de grande ampleur devra se réaliser dans un court laps de temps et cela ne saurait se faire sans une contribution importante du monde de l’entreprise. Or, cette transition socioécologique fait aujourd’hui l’objet de discours variés qui circulent dans l’espace public et émettent des propositions sur le rôle des entreprises dans des trajectoires de transition (Audet, 2016). La transition « vers l’économie verte » est l’une de ces propositions qui occupe un espace central dans le discours et qu’il convient de mettre à l’épreuve de la crise écologique.
Selon le PNUE, l’économie verte se définit comme : « une économie qui entraine une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources » (PNUE, 2011 : 1)…
Résumé
Plan
- Introduction
- Une nouvelle génération d’entreprises
- La place de l’entreprise dans les transitions vers la durabilité
- L’entreprise de la transition socioécologique : une définition
- Critère 1 – Percevoir et comprendre la gravité des crises environnementales
- Critère 2 – Contribuer à ramener les activités humaines à l’intérieur des limites planétaires
- Critère 3 – Viser une amélioration de l’équité et de la justice sociale
- Critère 4 – Adhérer à une redéfinition de la croissance
- Critère 5 - Initier une transformation de configuration sociotechnique
- Méthodologie de collecte et d’analyse des données
- Typologie des entreprises de l’économie verte au Québec
- Discussion
- Conclusion
Auteurs
Université du Québec à Montréal
Case postale 8888, succursale Centre-ville
Montréal (Québec) H3C 3P8
Titulaire de la Chaire de recherche UQAM sur la transition écologique
Université du Québec à Montréal
Case postale 8888, succursale Centre-ville
Montréal (Québec) H3C 3P8
- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/06/2020
- https://doi.org/10.3917/ror.151.0031
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