CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Si les systèmes d’information géographique (SIG) sont relativement anciens, ce n’est que tardivement que la communauté historienne s’en est emparée. Depuis la fin des années 1990, plusieurs rencontres, dans le cadre des conférences internationales organisées par la Social Science History Association[1], ont débattu des atouts qu’ils pouvaient présenter pour la recherche historique. En Europe, le mouvement a été relayé au sein de l’European Social Science History Association Conference et, en particulier, au sein du réseau History and Computing[2].

2 La carte n’est pas une fin en soi, elle doit être comprise comme une démarche initiale qui permet à l’historienne et à l’historien de se poser des questions neuves.

3 Dans la présentation qui suit, certains principes de base des SIG seront rappelés et, à partir d’exemples principalement tirés de l’histoire urbaine, j’essaierai de montrer en quoi ces outils permettent de transformer les manières de faire de l’histoire. Seront examinées les ressources les plus facilement disponibles aujourd’hui, les obstacles qui persistent encore et les types de traitement qui peuvent être mis en œuvre [3].

CARACTÉRISTIQUES DES SYSTÈMES D’INFORMATION GÉOGRAPHIQUE ET CONSTRUCTION DES FONDS DE CARTE

4 Avant d’avoir recours au SIG, les historiens ont utilisé la carte. Une fois que les cartes graphiques sont arrivées sur les micro-ordinateurs, les logiciels de dessin ont pu être mobilisés à cet effet, ce qui a permis d’abandonner calques, trames autocollantes, rotrings et cutters… Par exemple, l’Atlas historique des villes de France, paru à une époque où les systèmes d’information géographiques n’étaient pas encore très utilisés, a été construit par les cartographes du Centre de culture contemporaine de Barcelone avec des outils de dessin assisté par ordinateur. Cela permettait de réutiliser des fonds de cartes, de tester différentes techniques de réalisation, de choisir celle qui rendait l’information la plus lisible et de produire facilement des fichiers utilisables pour l’impression en quadrichromie. En aucun cas il n’était possible d’utiliser de manière systématique les capacités d’une base de données pour répondre à des questions scientifiques. Un premier logiciel expérimental avait cependant été utilisé pour la réalisation des cartes sur l’évolution du réseau urbain français au cours des siècles, mais il n’intégrait pas les coordonnées géographiques des objets traités [4].

5 Un logiciel comme Carto 2D, développé au début des années 1990, facilitait la réalisation de cartes en utilisant la base de données qui y était liée. Aucune coordonnée géographique n’était prise en compte et donc la superposition de données produites dans un autre système ne pouvait pas être réalisée simplement, elle nécessitait une nouvelle saisie. De plus, Carto 2D ne permettait pas de gérer plusieurs « couches ». Ces logiciels ignorent ainsi les problèmes, mais aussi les atouts, liés aux différents systèmes de projection, indispensables au fonctionnement des SIG, mais dont la technicité peut effrayer les disciples de Clio.

Les principes de fonctionnement

6 Un SIG associe une base de données et une carte, cette dernière renvoyant à la latitude et à la longitude des objets vectorisés (points, polygones et lignes) dans un système de projection. Les systèmes de projection retenus ne sont pas les mêmes selon les objectifs du traitement. Tout système de projection est une déformation puisqu’il s’agit de projeter le globe terrestre sur un plan. La tolérance à la déformation n’est pas la même selon les échelles et les objectifs du travail. Une différence de quelques mètres peut être considérée comme acceptable pour une recherche à petite échelle mais elle pose problème à un gestionnaire de cadastre qui veut avoir un document ayant force de loi. La plupart des logiciels permettent en théorie de traduire des données organisées dans un système de projection, dans un autre système. Mais dans la pratique, ces opérations sont parfois complexes et mieux vaut essayer de travailler toujours dans le même système de projection [5].

7 Les requêtes – les questions posées à la base de données en combinant plusieurs informations – se traduiront par des cartes ; réciproquement, les transformations opérées sur la carte – simples comptages, regroupement ou sélection d’objets – pourront être intégrées à la base de données, appelée souvent table attributaire dans un SIG. Dans cette table, chaque ligne correspond à un objet graphique de la carte et chaque colonne représente une information ou attribut. Par exemple si les objets graphiques d’une carte sont les îlots d’une ville, un des attributs peut être le nombre d’immeubles dans l’îlot, un autre la population résidente totale…

8 Les SIG sont aujourd’hui, comme nombre d’autres logiciels graphiques, des logiciels qui permettent de superposer plusieurs couches. Si ces couches ont été bien construites, leur superposition permet de rajouter des hypothèses qui permettent d’être testées visuellement avant même d’être vérifiées par une série de requêtes. Prenons un exemple : on a parfois mis les courants migratoires dans les zones de montagne en rapport avec les différents niveaux d’altitude, ces derniers conditionnant les modes d’exploitation agricole. Superposer des éléments de relief à la distribution des lieux de naissance de migrants peut contribuer à éclairer le phénomène migratoire. Pour cela, il faut disposer de couches donnant les différentes altitudes (voir document 5).

Les cartes vectorisées

9 L’une des grandes difficultés pour l’utilisation historique des SIG est le manque de fonds de carte historiques en format vectorisé. Construire de tels fonds de carte est très chronophage et nécessite le plus souvent un travail d’équipe. Une autre méthode consiste à utiliser des fonds actuels que l’on adapte de manière régressive.

– Les services publics et les SIG

10 La plupart des grandes villes ont recours à des SIG pour gérer diverses interventions techniques sur leur territoire. Ceux-ci gèrent des fichiers de lignes (routes, passages, voies ferrées), de polygones (bâtiments, parcelles, îlots) et de points correspondant chacun à une adresse différente. L’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) dispose ainsi d’une base de 148000 points géoréférencés qui représentent l’ensemble toutes les entrées d’immeubles de la capitale [6]. Le document 2 montre, à partir de données fournies par l’Agence d’urbanisme lyonnais, comment derrière chaque point adresse, la base de donnée gère des chaînes de caractères alphanumériques (Adolphe Max Avenue 4, 2, 1 ou 3). Comme les numéros pairs et impairs se situent des deux côtés de la rue, il est possible de travailler en même temps sur les îlots et sur les adresses.

11 Depuis peu, l’IGN permet de collecter, dans un but de recherche, toute une série de fonds de carte au niveau départemental. Ces fonds correspondent à des polygones (parcellaire, bâti) ou à des points. Ces derniers correspondent aux adresses actuelles dans les villes mais l’IGN les fournit gratuitement sous certaines conditions. Au lieu de localiser les numéros impairs d’un côté de la rue et les numéros pairs de l’autre, les deux séries sont disposées au milieu de la rue… Cela présente de nombreux inconvénients [7]. On voit bien la différence en comparant le document 1 présentant les adresses de Cannes et, sur le document 2, celles de Lyon. L’IGN fournit toutes ces données dans le cadre départemental et il faut donc procéder à des extractions pour travailler sur une ville particulière. Néanmoins, ces décisions changent complètement la donne car il est aujourd’hui possible de travailler sur n’importe quelle commune de France d’autant plus que de nombreux départements rendent accessibles en ligne les listes nominatives des recensements, le plus souvent jusqu’en 1936. À partir des points adresses d’aujourd’hui, on peut facilement caler des cartes anciennes numérisées et commencer à construire des bibliothèques de fonds de cartes.

– Des fonds de cartes commercialisés

12 La société Euratlas vend une série de cartes de l’Europe politique, constituées à partir d’Atlas historiques [8]. Cette société commercialise des fonds de cartes qui débutent au Haut Moyen Âge et qui sont calés sur les fins de siècles (1600, 1700, 1800, 1900…). Ces fonds vectorisés ne sont pas parfaits et les systèmes de projection sont parfois peu explicites. Pour autant, et à certaines échelles, ils peuvent se révéler des outils très utiles, comme on peut le voir dans le document 5 (p. 122) qui utilise les informations de 1900 concernant le réseau hydrographique, le relief et les frontières nationales.

CONSTRUIRE DES FONDS DE CARTES

13 Utiliser des cartes actuelles n’est pas envisageable dans de nombreux cas. Il serait très utile de disposer de bibliothèque de fonds de cartes offrant aux chercheurs des fonds vectorisés des circonscriptions financières, fiscales, judiciaires, militaires et religieuses, etc. Cela permettrait de résoudre les problèmes que posent la discontinuité et les variations territoriales. Pour construire ses propres fonds de carte, l’historien doit souvent avoir recours à des cartes anciennes.

14 Utiliser les SIG pour la recherche historique implique, le plus souvent, de partir de cartes dressées à l’époque étudiée et de les caler. Les cartes numérisées ou rasters sont constituées de pixels. Après avoir choisi un système de projection, on affecte à de nombreux points du raster des coordonnées géographiques [9]. On peut ainsi projeter sur cette carte composée de pixels des cartes vectorisées… Cela augmente fortement l’information que peut en tirer l’historienne ou l’historien. La combinaison de rasters calés (plans ou cartes anciennes) avec des cartes vectorisées est un moyen d’enrichir les bibliothèques historiques de fonds de cartes.

15 Les SIG fournissent des outils plus ou moins faciles à utiliser pour caler une carte. Cette opération assez technique demande de la précision et du temps. Il est préférable qu’elle soit réalisée par un professionnel au début de la recherche [10].

DOCUMENT 1

Extrait d’un plan (calé) de Cannes en 1912 et points adresses

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Extrait d’un plan (calé) de Cannes en 1912 et points adresses

16 Une fois le calage réalisé, il est possible de projeter sur la carte raster, des informations vectorisées sur le même espace. C’est ce que présente la carte où les points noirs correspondent aux adresses actuelles de la ville fournies par l’IGN. Les numéros pairs et impairs sont alignés et sont projetés sur un extrait d’un plan de 1912. Comme le calage n’est pas impeccable, on constate certaines distorsions, mais toutes ne sont pas dues aux imperfections. Elles renvoient aussi au développement du réseau viaire et à sa densification (donc à celle des points adresses).

17 La carte raster peut aussi fournir des informations que l’on peut transforme en informations vectorielles : on pourrait, par exemple, élaborer à partir de la carte raster – et d’autres cartes similaires – une carte vectorisée des grands hôtels à la veille du premier conflit mondial. En suivant ce procédé, calage d’une carte raster puis vectorisation d’informations ont été construite la carte des îlots de Lyon à différentes dates afin de tenir compte du percement de nouvelles rues ou de la transformation de certains quartiers. On peut alors éventuellement masquer la carte raster et ne garder que la carte vectorisée. C’est ce que présente le document 2 où sont superposées les adresses actuelles de Lyon sur les îlots du quartier Saint-Jean d’après un plan de 1947.

DOCUMENT 2

Les îlots de Lyon (quartier Saint-Jean) et points adresses

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Les îlots de Lyon (quartier Saint-Jean) et points adresses

La production d’informations par les SIG

18 À partir du moment où une carte raster est transformée en carte vectorisée, les SIG fournissent toute une série d’informations sur les objets. Concernant les polygones, le SIG indique aussi bien le périmètre que la surface, informations que ne fournissent pas toujours les archives. Ainsi, si sur un plan ancien, sont indiqués bâtiments, cours et jardins, on peut aisément après calage et vectorisation, calculer la superficie de chaque entité, connaître la part de l’espace occupé par les jardins et si cette opération est renouvelée à plusieurs dates, on voit bien comment l’historien peut en tirer profit.

19 De même il devient possible de mesurer les itinéraires, en tenant compte des impossibilités physiques (franchissement d’un cours d’eau, absence de pont…) et d’observer les trajets dans l’espace urbain ou rural, en tenant même compte de l’impact du relief sur les déplacements si l’on dispose d’informations sur l’altitude…

20 Il n’est pas rare que l’on connaisse l’intensité d’un phénomène dans un espace donné – un ressort administratif par exemple – sans que les sources écrites fournissent la surface de ce ressort. Partant, la comparaison de la densité du phénomène dans les différents ressorts du même type n’est pas possible. Elle le devient si les ressorts ont été vectorisés dans un SIG, puisque les surfaces sont calculées par le logiciel.

21 Cette possibilité a été utilisée par Michel Nassiet pour analyser l’évolution de la densité de la noblesse par recette des finances dans la France d’Ancien Régime ; la densité a été calculée pendant les premières décennies du XVIIIe siècle et en 1770 [11]. De même, pour mener a bien sa thèse, « Patriciat et propriétés urbaines à Milan (XVIIe-XVIIIe siècle) », soutenue en 2007, Albane Cogné a numérisé puis vectorisé le cadastre milanais. Elle a pu ainsi étudier finement l’évolution de la propriété et les usages du sol par les différents acteurs urbains. L’utilisation d’un SIG lui a permis de souligner la diversité de la composition patrimoniale des différentes élites et de mieux comprendre les logiques des investissements immobiliers des élites marchandes, juridiques ou féodales [12].

FAIRE DE L’HISTOIRE AVEC DES SIG

22 Une fois que l’on dispose d’une bibliothèque de fonds de carte, plusieurs types de traitement sont possibles. Ne seront ici présentées que des méthodes assez simples qui se fondent soit sur des traitements mis en œuvre dans l’Atlas des Parisiens de la Révolution à nos jours soit sur des traitements mis en œuvre dans deux mémoires de Master 1 soutenus en juin 2011, l’un sur les garnis de Lyon [13] et l’autre sur les Italiens de Cannes avant le premier conflit mondial [14].

23 Certains sont simples, d’autres plus sophistiqués. On doit le plus souvent commencer par un simple repérage topographique. Ce procédé est particulièrement efficace lorsque l’on dispose d’un fichier de référence avec les points adresses. Toute liste peut alors être représentée sur la carte avec une grande rapidité.

Repérage topographique simple et géocodage

24 Disposer d’une liste d’adresses, saisie selon une syntaxe précise, dans un simple tableur, permet de géocoder, c’est-à-dire d’affecter à chaque adresse une latitude et une longitude, par appariement automatique avec le fichier de l’APUR. Concrètement cela revient à localiser un millier de points en moins d’une minute. Cette méthode autorise des traitements jusque-là quasiment impossibles à réaliser qui ont permis la publication de l’Atlas des Parisiens de la Révolution à nos jours[15]. À partir de listes d’adresses collectées en respectant la syntaxe de la base de données attributaires pour la dénomination de l’adresse [16], il a ainsi été possible de construire des cartes de travail sur sujets aussi différents que les chefs de ménages recensés comme juifs en 1872, les boucheries hippophagiques ou les cinémas de Paris à différentes époques. Une fois la carte obtenue, elle suscite beaucoup de questions que le travail d’interprétation historique doit s’efforcer de résoudre avec des informations provenant de toute la gamme de sources que savent mobiliser les historiennes et les historiens. La carte de travail est ensuite exportée vers un logiciel de dessin pour en terminer la présentation.

25 Pour son mémoire de Master, Anne Granier a suivi la même méthode de géocodage à propos des garnis de l’agglomération lyonnaise. À partir d’une liste dressée en 1925 par les commissariats de Lyon, plus de 10000 garnis de la ville ont été cartographiés. Voici la localisation des garnis sur une carte de travail qui porte sur le Vieux-Lyon (Saint-Georges, Saint-Jean et Saint-Paul) sur la rive droite de la Saône.

26 Près de 500 garnis sont répertoriés dans cette zone qui permet aujourd’hui à Lyon d’être classée au patrimoine mondial de l’humanité avec ses hôtels du XVIe et du XVIIe siècle qui ont longtemps abrité des logements garnis assez peu accueillants. Il est clair que la production d’une telle carte est impossible si l’on ne dispose de la puissance des SIG. Et cela est encore plus vrai lorsque l’on s’intéresse à l’ensemble de l’agglomération. Il est évident que la visualisation de l’espace des garnis oblige à se poser de nouvelles questions. La lecture des interprétations des observateurs sociaux renseigne sur les garnis mais elle ne remplace pas l’analyse de la distribution du phénomène. Et en tout état de cause, les deux éléments se doivent d’être confrontés. Depuis Parent-Duchatelet, les garnis sont souvent assimilés à des lieux de prostitution, au moins pour une grande partie d’entre eux. Une fois que l’on dispose de la carte des garnis, la superposition de la carte des maisons closes fournit quelques éléments de réponses. Si beaucoup de garnis sont dans le même espace que les maisons, voire dans la même rue ou à la même adresse, d’autres sont très éloignés. Quelle est alors la différence entre les premiers et les seconds ?

DOCUMENT 3

Les garnis de Lyon dans le Vieux Lyon en 1925

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Les garnis de Lyon dans le Vieux Lyon en 1925

27 La simple localisation d’un phénomène est la première étape, indispensable, du traitement cartographique. En fonction de la richesse des informations disponibles, le questionnement peut se développer en mesurant l’intensité du phénomène.

Mesurer l’intensité d’un phénomène

28 À partir de l’enquête de 1880 sur les établissements religieux à Paris, leurs adresses ont fourni une première carte de localisation qui montre bien leur importance sur la rive gauche [17]. Dans un deuxième temps, la superficie de chaque établissement a été mise en évidence et l’on aurait pu distinguer, les établissements féminins des établissements masculins…

29 Sur les mêmes principes, après avoir localisé les adresses où vivaient des Italiens à Cannes en 1926, il est possible d’extraire les adresses où vivent des domestiques italiens et ensuite d’indiquer l’intensité du phénomène (selon les adresses, il y a de un à six domestiques italiens). Le document 4 présente le résultat :

DOCUMENT 4

Les domestiques italiens de Cannes en 1906

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Les domestiques italiens de Cannes en 1906

30 Près de 600 des 8000 Italiens, qui vivent à Cannes en 1906, sont des domestiques. Parmi eux se trouve une nette majorité de femmes (491 femmes et 91 hommes). Parmi les patrons, la profession la plus représentée renvoie aux personnes sans profession (aucun n’est officiellement appelé rentier) qui regroupe près du tiers des personnes employant des domestiques italiens, viennent ensuite quelques professions libérales (médecins, avocats…) et surtout un grand nombre de commerçants ou d’artisans. Il y a bien sûr des domestiques italiens dans l’hôtellerie, mais d’autres nationalités semblent plus prisées. Des Italiens ont aussi des domestiques italiens, c’est en particulier le cas des nombreux laitiers originaires de Limone [18], une commune d’altitude, dont les originaires viennent parfois directement avec leur bétail. Limone n’est distant que d’une centaine de kilomètres de Cannes.

31 Globalement, la carte souligne que les domestiques italiens sont concentrés rue d’Antibes (15 % des effectifs de domestiques italiens y sont recensés), c’est-à-dire plus au service des classes moyennes que des catégories supérieures qui résident dans les villas à distance de la zone la plus urbanisée. Tel est par exemple le cas du ménage du maire de Nice, André Capron [19], qui réside Villa Madrid, sur la route d’Antibes, à l’est de la rue du même nom [20]. Dans ce ménage [21] qui compte un grand nombre de domestiques, les valets de chambres sont suisses, cocher et jardinier sont français. La seule fille de chambre est une italienne originaire de Busca. Dans la société cannoise de l’époque, les aristocrates ou les hommes d’affaires britanniques, russes, allemands, semblent privilégier pour leur service les Suisses et les Provençaux, les Italiens n’occupant dans les grandes maisons que les niveaux inférieurs de la hiérarchie des domestiques.

32 La localisation des points peut se faire autrement que par le géocodage. Il est aujourd’hui possible de trouver facilement les coordonnées géographiques d’une ville ou d’un village. L’un des sites qui fournit ces indications est le site geonames[22]. On peut ainsi collecter les coordonnées des communes de naissance des Italiens de Cannes. Pour chaque lieu, une fois éliminés les dénominations incertaines (les San Giovanni, San Marin ou autre San Pietro… sans autres spécifications, celles aussi qui sont illisibles), Laurie Strobant a constitué un fichier de plus de 1300 lieux différents correspondant à près de 6000 individus, avec la latitude et la longitude en degrés décimaux. Un tel fichier est transformé en carte en moins d’une minute grâce à une fonction permettant de créer des points grâce à leurs coordonnées.

33 Une fois la localisation opérée, la carte n’a pas de fonds permettant de se repérer. Sur le document 5 ont été superposés plusieurs fichiers commercialisés par la société Euratlas pour l’année 1900, d’une part les frontières des états, le réseau hydrographique principal et les zones dont l’altitude est supérieure à 1000 m. Les carrés sont proportionnels à l’intensité du phénomène : la principale pourvoyeuse de migrants à destination de Cannes est la ville de Cuneo avec plus de 300 originaires. Près de 250 viennent de Limone soit beaucoup plus que de Turin. Si l’on disposait de la population des différentes communes, on pourrait mesurer le pouvoir d’attraction de la ville de Cannes sur ces différentes communes.

DOCUMENT 5

Les lieux de naissance des Italiens à Cannes en 1906

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Les lieux de naissance des Italiens à Cannes en 1906

Mesurer le rapport entre deux valeurs

34 Il est fréquent qu’une carte d’effectifs simples soit peu parlante. Prenons un exemple de l’Atlas des Parisiens sur le recensement des chiens de première et seconde classe tel qu’il figure dans le Livre foncier de Paris en 1901 [23]. Les chiens de garde (seconde classe) et les chiens de chasse et d’agrément (première classe) n’étaient pas taxés de manière identique. La répartition des 38000 chiens de première classe dans les 80 quartiers de Paris n’incite à aucune interprétation : on compte 1300 de ces chiens dans le quartier de Clignancourt et plus d’un millier dans les quartiers de Chaillot ou des Ternes. En revanche, si l’on dresse la carte du nombre de chiens de chasse ou d’agrément pour mille habitants, la logique qui préside à leur distribution spatiale est sociale : on retrouve la carte des Beaux quartiers de Paris. Si l’on procédait de même pour les chiens de garde, la logique serait plus topographique opposant au vieux centre, les quartiers de la petite banlieue annexée en 1860…

Les relations spatiales entre unités de période différentes

35 Dans un SIG, il est possible d’analyser si des objets sont indépendants, sécants, voire inclus, totalement ou partiellement grâce aux caractéristiques topologiques des informations vectorisées. Pour expliciter la démarche, les quelque 5000 îlots du recensement de 1954 ont été mis en relation avec les près de 1000 IRIS (îlots regroupés pour l’information statistique) du recensement de 1999, comme le montre le document 6.

DOCUMENT 6

Îlots de 1954 (en gris) et IRIS de 1999 (trait noir) autour de la place de la Bastille

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Îlots de 1954 (en gris) et IRIS de 1999 (trait noir) autour de la place de la Bastille

36 Cela a permis d’enrichir les tables attributaires d’un nouveau paramètre correspondant au nombre de logements d’une pièce en 1954 dans les espaces correspondant aux IRIS de 1999. A ensuite été calculée la différence entre le nombre de ces logements entre 1954 et 1999. Pour la capitale, leur nombre est passé de 389000 à 341000 mais le phénomène est plus complexe que les chiffres globaux ne le laissent supposer. Si les îlots insalubres du Vieux Paris ont vu ce type de logement fortement régresser, de nombreux studios, disposant de normes de confort bien supérieures, ont été construits dans les arrondissements de la périphérie de la capitale [24].

Construire des typologies

37 Les traitements évoqués jusqu’ici sont exécutables dans pratiquement tous les logiciels de SIG. On peut aussi procéder à des traitements plus sophistiqués qui ne sont pas disponibles dans tous les SIG ou qui imposent d’importer et d’exporter des bases de données depuis le SIG utilisé. Le passage d’un logiciel à l’autre s’opère par le biais des identifiants des différents objets vectorisés. Lorsque l’on dispose de très nombreuses informations sur des objets, il est souvent pertinent de mettre en œuvre des typologies effectuées après avoir procédés à une analyse factorielle portant sur une série importante de variable. Cette méthode a été utilisée pour des cartes sur l’ancienneté du logement et les éléments de confort dans le cadre du recensement de 1954 pour la capitale [25]. Elle a permis de construire une typologie en sept types dont les éléments les plus discriminants sont l’accès à l’eau et plus encore la disponibilité de WC intérieurs et de salles d’eau. Le fait d’élaborer cette typologie à partir des îlots souligne la complexité du parc immobilier parisien. Sont bien mises en évidence les caractéristiques des immeubles construits pendant l’entre-deux-guerres et, en particulier, de ceux construits à l’emplacement des anciennes fortifications.

38 Cette présentation rapide des traitements possibles est, bien sûr, loin d’être exhaustive. Toutes les dimensions de l’analyse spatiale n’ont pas été évoquées. Son objectif était de montrer comment des méthodes simples permettent de tester un certain nombre d’hypothèses qui irriguent le travail historique. Évoquons pour finir quelques perspectives ouvertes par des recherches qui mobilisent les SIG dans le domaine historique.

PERSPECTIVES

39 L’un des domaines qu’ouvre l’utilisation en histoire des SIG est le travail collaboratif et la dimension cumulative que les bases de données spatiales peuvent encourager. Pour illustrer ces dimensions, seront évoqués, d’une part un projet ANR portant sur la longue durée de l’histoire parisienne et, d’autre part, des bases de données relationnelles utilisant la dimension spatiale.

Alpage

40 Dans le cadre d’un projet ANR intitulé Alpage (Analyse diachronique de l’espace urbain parisien : approche géomatique), une équipe a reconstitué le plan parcellaire de Paris à partir du cadastre par îlots de Philibert Vasserot (1773- 1840). Il s’agit d’une collection de 912 plans d’îlots indépendants, contenus dans 24 atlas reliés et conservés aux Archives nationales. Le calage que nous avons évoqué plus haut a été ici d’une grande importance car il déterminait la réussite du projet. Etablir une mosaïque cohérente de 912 plans d’îlots est d’une extrême complexité. Hélène Noizet en a expliqué les enjeux [26]. Dans la version qui est aujourd’hui disponible sur Internet, il est possible de constater combien ce travail collaboratif débouche sur des résultats qui concernent aussi bien l’histoire médiévale que les débuts de la période contemporaine. Les outils de webmapping disponibles permettent des superpositions instructives, par exemple, avec les plans de Delagrive (1744-1756). On peut procéder à l’analyse fine, au niveau de l’îlot, des inondations de 1740 ou de 1910.

Exportations des données dans le Géoportail de l’IGN et Google Earth

41 Les SIG permettent aujourd’hui d’exporter des fichiers qui peuvent s’ouvrir dans des systèmes cartographiques sur Internet et qui peuvent donner au travail historique une dimension « grand public » qui non seulement est spectaculaire mais qui apporte beaucoup à la connaissance. Que l’on observe par exemple dans le géoportail de l’IGN [27] comment la lecture des cartes d’état major du XIXe siècle permet d’expliquer certaines contraintes de l’urbanisme de l’après Seconde Guerre mondiale.

42 Google est, plus encore, un outil qui a transformé le rapport à l’espace même si parfois, les informations ne sont pas d’une précision absolue. Les jeux d’échelles n’abdiquent pas facilement. Lorsque l’on repère des fortifications sur des cartes au 100000e qui, une fois calées, servent à la vectorisation et que l’on exporte le résultat sous forme de fichier KML sur Google Earth. Si l’on zoome en dessous du 10000e, il est fréquent que l’on repère des distorsions de plusieurs mètres [28]. Mais en même temps cette méthode permet des repérages intéressants qui seraient impossibles sans ces outils.

43 Surtout, Google Maps a développé une interface de programmation (API ou Application Programming Interface) qui permet de localiser et d’interroger des événements en fonction de leur localisation. Cela est d’une grande utilité pour construire des bases de données relationnelles. Dans la manière de faire de l’histoire, les bases de données relationnelles intégrant l’espace et le temps permettent de favoriser le travail collaboratif. L’un d’entre elles a été dévelopée à l’université de Richmond en Virginie [29]. Elle est principalement consacrée à l’histoire des États-Unis au XIXe siècle et est utilisée par une douzaine d’universités qui ont des enseignements sur cette thématique. La recherche par localisation, qui utilise l’API de Google Maps, permet de localiser les informations recueillies [30].

44 L’utilisation des SIG pour la recherche historique implique aujourd’hui plusieurs caractéristiques bien mises en avant par Anne Kelly Knowles [31] :

45

  • de nombreuses questions de l’enquête historique peuvent être traduites spatialement ;
  • de nombreuses informations géographiques alimentent l’information historique ;
  • une grande partie de l’information historique peut être intégrée dans des bases de données associant temps et espace ;
  • l’interprétation historique et l’administration de la preuve peuvent se faire aussi bien par des cartes que par des discours.

Notes

  • [1]
    Deux revues ont publié des articles liés à ces rencontres : Anne Kelley KNOWLES, « Historical GIS : The spatial turn in social science history », Social Science History, 24-3, 2000, p. 451-470, et A. KNOWLES, « Emerging trends in historical GIS », Historical Geography, 33, 2005, p. 7-13. Pour une synthèse, voir Ian N. GREGORY, Paul S. ELL, Historical GIS : Technologies, Methodologies and Scholarship, Cambridge, Cambridge University Press, 2007.
  • [2]
    David J. BODENHAMER, John CORRIGAN, Trevor M. HARRISON, Spatial Humanities, GIS and the Future of Humanities Scolarship, Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 2010, offre un bilan de toutes ces recherches.
  • [3]
    Cet article reprend et actualise des réflexions déjà présentées ailleurs. Voir Jean-Luc PINOL, « Les atouts des systèmes d’information géographique (SIG) pour faire de l’histoire (urbaine) », Histoire urbaine, 26, décembre 2009, p. 139-158, et ID. « Cartographier les pratiques et les usages des Parisiens », Bulletin du Comité français de la cartographie, 204, juin 2010, p. 9-16.
  • [4]
    Jean-Luc PINOL (éd.), Atlas historique des villes de France, Centre de culture contemporaine de Barcelone, Paris, Hachette, 1996. Le principal logiciel utilisé alors, Aldus FreeHand, appartient à la même famille de logiciels qu’Illustrator, c’est-à-dire des logiciels de dessins vectorisés superposant plusieurs couches (layers). Aujourd’hui, il est souvent possible de produire une carte de travail dans un SIG puis de l’exporter dans ce type de logiciel pour produire un document mieux fini et destiné à la publication.
  • [5]
    Deux cartes projetées dans des systèmes différents ne peuvent pas se superposer. Toutefois, dans le logiciel Mapinfo, il est parfois possible de forcer la superposition. Cependant les objets vectoriels gardent leurs attributs d’origine et même si l’on voit des objets qui apparaissent comme superposés, en cas de requête spatiale, qui fonctionne non pas sur les superposition d’images mais sur les données attributaires qui figurent dans la table, les résultats obtenus seront conformes aux données attributaires et non à la superposition forcée que voit l’utilisateur.
  • [6]
    L’APUR a signé une convention avec le Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes pour l’échange de données géo-référencées entre le fichier des adresses et la saisie informatisée du recensement de 1954 par îlot.
  • [7]
    Il n’est pas possible de reconstituer dans le SIG une population par îlot si l’on connaît la population par adresse alors que cela est possible lorsque les points adresses sont situés dans les îlots de part et d’autre de la rue.
  • [8]
    http://www.euratlas.net/
  • [9]
    Sur les difficultés du processus voir Jean-Luc PINOL avec la collaboration de Charlotte BUTEZ et d’Emmanuelle REGAGNON, « Edification et destruction des enceintes militaires au XIXe siècle : le cas de Lyon », colloque pour les 150 ans de l’annexion à Paris, 2010, à paraître. Dans cet article, Emmanuelle Regagnon a rédigé une note technique sur les méthodes utilisées pour caler les cartes d’état-major des différentes époques : « Géoréférencement et vectorisation du système défensif de Lyon 1832-1939 »
  • [10]
    Dans l’exemple présenté, le calage a été réalisé rapidement par l’auteur de ces lignes dans le cadre de la préparation d’un Master sur les Italiens de Cannes : Laurie STROBANT, « Les Italiens dans la ville de Cannes entre 1880 et 1914 : réseaux migratoires, installation et insertion socioprofessionnelle », Master 1, ENS Lyon, 2011.
  • [11]
    Michel NASSIET, « Les effectifs de la noblesse en France sous l’Ancien Régime », in Michel FIGEAC et Jaroslaw DUMANOWSKI (éd.), Noblesse française et noblesse polonaise. Mémoire, identité, culture, XVIe-XXe siècles, colloque de Torun, Talence, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2006, p. 19-43.
  • [12]
    Albane COGNÉ « Le patriciat milanais et ses propriétés urbaines au XVIIIe siècle », Rives méditerranéennes, 32-33, 2009, p. 191-213.
  • [13]
    Anne GRANIER, « Vivre dans un garni à Lyon pendant l’entre-deux-guerres », Master 1, ENS Lyon, 2011.
  • [14]
    Laurie STROBANT, « Les Italiens dans la ville de Cannes entre 1880 et 1914 : réseaux migratoires, installation et insertion socioprofessionnelle », Master 1, ENS Lyon, 2011.
  • [15]
    Maurice GARDEN et Jean-Luc PINOL, Atlas des Parisiens de la Révolution à nos jours, Paris, Parigramme, 2009. Voir pour plus d’explications : « Les atouts de la révolution digitale : atouts et méthodes », p. 280.
  • [16]
    Il est souvent utile de présenter la graphie de l’adresse à l’inverse de ce que l’on utilise dans la vie de tous les jours. Au lieu de coder 25 rue Montmartre, il vaut mieux utiliser la forme Montmartre rue 25. Sur les aspects techniques du géocodage et la manière de présenter les noms de rue, voir J.-L. PINOL, « Les atouts… », art. cit., 2009, p. 147-148.
  • [17]
    Voir Atlas des Parisiens, op. cit., p. 213 ; la source est le rapport de Jules Roche au conseil municipal sur les propriétés des congrégations religieuses en 1880. Il est publié dans les Rapports du conseil municipal de Paris.
  • [18]
    Cette commune est repérée sur le document 5.
  • [19]
    Sur André Capron, qui fut maire, conseiller général et député, on peut consulter le site de l’Assemblée nationale, http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp ?num_dept=1427
  • [20]
    La villa Madrid ne figure pas sur la carte de la domesticité, elle est située à l’est de la carte présentée, dans la zone qui correspond à la carte n° 1, à environ 500 à 600 mètres du bout de la rue d’Antibes.
  • [21]
    Voir la liste nominative de Cannes, page numérisée n° 42 du recensement de 1906. http://www.basesdocumentaires-cg06.fr/archives/ImageZoomViewerRP.php?cote=06M%200065&date=1906&c=Cannes
  • [22]
    http://www.geonames.org/ Geonames est l’un des référentiels utilisés dans la plate forme de recherche ISIDORE. Pour l’Italie, plus de 40000 lieux sont indiquées avec leurs références. Sont également indiquées les régions et les provinces des différents lieux.
  • [23]
    Maurice GARDEN et Jean-Luc PINOL Atlas des Parisiens…, op. cit., p. 145.
  • [24]
    Ibid., p. 108.
  • [25]
    Ibid., p. 106
  • [26]
    Hélène NOIZET, « Les plans d’îlots Vasserot, support d’un système de l’information géographique historique de Paris », EAV, La revue de l’école nationale supérieure d’architecture de Versailles, 14, 2008-2009, p. 86-95. Voir aussi le site : http://alpage.tge-adonis.fr/index.php/fr/
  • [27]
    http://www.geoportail.fr/
  • [28]
    Jean-Luc PINOL avec la collaboration de Charlotte BUTEZ et d’Emmanuelle REGAGNON, « Édification et destruction des enceintes militaires au XIXe siècle : le cas de Lyon », colloque pour les 150 ans de l’annexion à Paris, 2010, à paraître.
  • [29]
    Voir http://historyengine.richmond.edu/. La recherche peut se faire par mots-clefs et par localisation, elle se fait également par une recherche plein texte dans les notices rédigées.
  • [30]
    Cette base de données a été adaptée sous le nom de « Fabrique numérique de l’Histoire » pour les établissements lyonnais d’enseignement supérieur et sera opérationnelle à la rentrée 2011 : voir http://atelier-histoire.ens-lyon.fr. Cette plate-forme pourrait être étendue à d’autres espaces géographiques mais dans un souci de créer assez vite une masse de notices permettant les croisements d’informations, elle porte pour l’instant sur l’espace lyonnais. Cette plate-forme répond aux principes d’interopérabilité et de respect des standards internationaux et, de ce fait, la base de données est intégrée dans la plate-forme de recherche Isidore du TGE Adonis qui est présentée dans ce même numéro.
  • [31]
    Anne Kelly KNOWLES, Amy HILLIER, Placing History : How Maps, Spatial Data, And GIS Are Changing Historical Scolarship, Redlands (Calif.), ESRI Press, 2008.
Jean-Luc Pinol
École Normale Supérieure de Lyon et TGE Adonis-CNRS ENS de Lyon 15, parvis René Descartes BP 7000 Lyon Cedex 07 France
jean-luc.pinol@ens-lyon.fr
Mis en ligne sur Cairn.info le 29/02/2012
https://doi.org/10.3917/rhmc.585.0111
Pour citer cet article
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