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Héritier des importants débats sur l’éducation qui ont animé tout le XVIII e siècle et se sont intensifiés pendant la période révolutionnaire, le XIX e siècle peut être aisément qualifié de siècle pédagogique. Ses contemporains ont fait de la question éducative, et plus particulièrement de celle de la scolarisation du peuple, un enjeu social et politique majeur, d’autant qu’on accorde alors à l’éducation le pouvoir de transformer radicalement la société. Nombre d’ouvrages mais aussi de publications périodiques, comme le Journal d’éducation publié par la Société formée à Paris en 1815 pour l’amélioration de l’enseignement élémentaire et qui s’intitule à partir de 1842 Journal d’éducation populaire , ou encore la Revue de l’éducation nouvelle publiée par les fouriéristes de 1848 à 1854, attestent l’importance des réflexions et débats sur cette question, avant même que ne soit créée en 1881-1882 l’école publique pour les deux sexes par l’État républicain. Réformateurs, philanthropes, savants, gens d’Église et hommes politiques issus de différents courants, expérimentent des méthodes d’enseignement et des dispositifs scolaires propres à servir leurs projets de société. S’élabore au cours du siècle une forme d’étatisation du monde de l’éducation présupposant la constitution d’un monde social de la pédagogie dans lequel les autorités étatiques puisent à la fois des « experts » et des réflexions à visée réformatrice. L’éducation est autant conçue comme un levier de la politisation et de l’émancipation du peuple que comme un instrument pour acculturer, encadrer les « classes dangereuses » et « gouverner les esprits », selon la célèbre expression de François Guizot…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/05/2018
- https://doi.org/10.4000/rh19.5321