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Ce livre de plus de 1 000 pages, dont 750 de texte, est une contribution à l’histoire intellectuelle du socialisme français de la première moitié du XIXe siècle. Issu d’une thèse, son projet est fort ambitieux. Il s’agit de retrouver l’épistémologie qui sous-tendait la pensée des socialistes – ce que l’auteur appelle le « socialisme scientifique ». La réflexion s’organise en trois ensembles.
Dans la première partie, sur « l’ordre du temps », le socialisme est décrit comme une doctrine eschatologique et comme un millénarisme : c’est parce qu’ils se situent dans une temporalité religieuse – celle de la fin des temps et de la venue prochaine d’un règne de félicité – que les socialistes récusent le temps de la politique parlementaire qui promet des améliorations prochaines, ainsi que celui de l’économie politique qui annonce un enrichissement en échange de réformes fiscales, juridiques et morales. La deuxième partie propose une « archéologie de la science sociale » des saint-simoniens et des fouriéristes. Celle-ci, selon Rignol, doit être vue comme un bio-socialisme, au sens où elle part de considérations soit cosmologiques, soit biologiques, pour en déduire un ordre social. La troisième partie, enfin, s’efforce de situer les socialistes dans la science de l’homme de leur époque, en particulier l’anthropologie, la phrénologie et la science de l’histoire, des sujets sur lesquels l’auteur a déjà publié des articles importants dans les Cahiers Charles Fourier et dans la Revue d’histoire du dix-neuvième siècl…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/01/2016
- https://doi.org/10.4000/rh19.4954