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L’œuvre historique d’Edward Palmer Thompson (1924-1993), le grand historien marxiste britannique, est désormais bien connue en France, ses principaux travaux sont disponibles et considérés comme des classiques de l’historiographie des XVIIIe et XIXe siècles. Quoique traduits tardivement, ses écrits – qu’il s’agisse de sa réflexion sur les classes, sur l’expérience des acteurs, sur le rôle du droit dans les cultures populaires – sont aujourd’hui l’objet de nombreuses discussions et appropriations, notamment dans l’historiographie du XIXe siècle. Mais cette œuvre brillante reste souvent pensée à l’écart des engagements et prises de positions politiques de son auteur, et une sorte de voile pudique continue de planer sur ses nombreux écrits non historiques, qu’il s’agisse des poèmes, de la science-fiction ou, surtout, des très nombreux textes d’interventions politiques qui ont émaillé son parcours. Car Thompson ne fut jamais un historien comme les autres, un érudit prudent sagement cantonné dans son champ de spécialité. Son travail fut nourrit par ses combats radicaux. De son entrée au parti communiste en 1942 à ses engagements anti-nucléaires des années 1980, il chercha en permanence à comprendre le monde dans lequel il vivait, mais aussi à le transformer en s’appuyant sur l’histoire des luttes passées pour mieux résister aux illusions du présent.
Parmi ses nombreux écrits théoriques ou politiques, dont beaucoup ont été publiés outre-Manche sous forme de recueils, celui rédigé contre Althusser et le marxisme structuraliste français des années 1960-1970 mérite une place à part…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/11/2015
- https://doi.org/10.4000/rh19.4903