Soixante ans après la démonstration classique d’Ernest Labrousse - comment naissent les révolutions –, les avancées de l’historiographie permettent de resserrer l’analyse sur le phénomène rébellionnaire dans la France du premier XIXe siècle. À condition de rendre sa place au gendarme et de ne plus se focaliser sur les seuls rebelles, il devient possible d’identifier des constantes significatives à partir d’un corpus de 3 725 rébellions collectives et violentes, établi au terme d’une enquête systématique portant sur l’ensemble du pays. À défaut, peut-être, de restituer toute la diversité des situations, cette étude suggère d’une part la responsabilité des systèmes d’interprétation privilégiés par les contemporains dans la récurrence des heurts en certains milieux et, d’autre part, revisite quelques unes des grandes tendances de l’historiographie des campagnes, de la justice et de la violence.
Sixty years after the classical study by Ernest Labrousse – how revolutions were born –, the developments of historiography now allow to focus more specifically on the rebellious habit in France during the first half of the nineteenth century. Provided that the gendarmes are being investigated as much as the rebels, it is possible to identify significant recursive processes from a corpus of 3 725 collective and violent rebellions all accross France. If it cannot account for the whole diversity of the various situations, this research suggests that the interpretations of the contemporaries may bear responsability for repetition of incidents within confined social spheres or geographical areas. Besides, it aims at reconsidering some of the main tendencies in the historiography of the countryside as well as of justice and violence.