CAIRN.INFO : Matières à réflexion

- 1- Introduction

1 Traditionnellement, la politique économique régionale a été orientée vers le secteur industriel. Dans la plupart des pays européens, et au moins jusqu’aux années 80, les services et principalement les services aux entreprises (SRE) ont été largement ignorés des politiques régionales, axées prioritairement sur les modèles de développement de (et par) la grande entreprise industrielle. Ce n’est finalement qu’à partir des années 80, que les services, dont le rôle économique commence à être reconnu, sont graduellement pris en compte par les acteurs économiques régionaux et nationaux. Les programmes de soutien aux activités de services, sous quelle que forme que ce soit, se multiplient ainsi dans les années 90, à l’initiative de divers acteurs (Etat, Régions, Départements, Communes, CCI, etc.). Néanmoins, cet intérêt accru pour le soutien aux services, de même que le nombre d’acteurs concernés ne sont pas sans poser des questions quant à d’éventuels effets contradictoires sur les économies locales.

2 Cet article se décompose en trois sections. Nous cherchons à resituer les politiques des services aux entreprises dans le contexte historique de l’aménagement du territoire en France (section 2). Nous proposons, à partir de là, une synthèse et une grille de lecture des différentes politiques et incitations menées en faveur des services (section 3). Enfin nous consacrons une quatrième section à des réflexions et interrogations sur les effets contradictoires ou éventuellement cumulatifs des politiques considérées.

- 2- Les politiques locales (et régionales) des services : une perspective historique

3 Que ce soit en France ou dans la plupart des pays de l’OCDE (MARSHALL et BACHTLER, 1987), les services (et en particulier les services aux entreprises) ont longtemps été largement absents de l’agenda des politiques d’aménagement régional et urbain (GALLOUJ et al., 2006). Ces politiques se sont avant tout focalisées sur les secteurs industriels, et dans une certaine mesure, elles le demeurent encore (LEVET, 2006 ; PORTNOFF, 2010). Dans le cas français, on distingue classiquement trois grandes périodes ou temps de l’aménagement régional (LACOUR et al., 2005) : le temps de la modernisation nationale (années 50 au début des années 70), le temps du développement local et territorial (début des années 70 - fin des années 80), et enfin, le temps du renouvellement et du recadrage (1990 à aujourd’hui). Dans ce qui suit, nous présentons ces différents temps en prenant soin d’y repérer un degré éventuel d’ouverture aux activités de services (aux entreprises).

2.1. Le temps de la modernisation nationale : des années 50 au début des années 70

4 Durant cette période qui correspond au contexte spécifique de ce que certains ont appelé les « Trente Glorieuses », l’objectif des politiques d’aménagement est de canaliser la croissance. Il s’agit d’accélérer le développement économique français en privilégiant d’abord et avant tout l’expansion industrielle. Les mesures phares qui sont prises durant cette période sont, selon les termes de NOIN (2009), des mesures « de décentralisation industrielle qui visent à obtenir un meilleur équilibre spatial en agissant sur la localisation des activités industrielles ». Ces décentralisations industrielles sont suscitées à la fois par la contrainte (réglementation des implantations et extensions industrielles en Ile-de-France) et par l’incitation (aides financières à l’installation en province).

5 Les premières politiques initiées durant cette période sont d’abord des actions de faible ampleur à caractère fortement sectoriel : l’industrie avant tout. Si les services aux entreprises ne sont pas encore à l’ordre du jour, il n’en demeure pas moins que presque simultanément aux actions visant l’industrie, sont développées des actions orientées directement vers certains services spécifiques comme par exemple le tourisme [1]. Par ailleurs, les différentes actions centrées sur l’industrie vont graduellement se globaliser et dépasser leur « industrialisme » originel. Plus généralement, on constate que certaines des politiques visant à l’époque l’environnement des entreprises, peuvent être considérées comme favorables aux services et en particulier aux services aux entreprises. Ainsi en est-il par exemple de la décentralisation tertiaire ou encore des actions visant l’infrastructure de transport et de télécommunications (schéma autoroutier, transport aérien interne...).

6 Le processus de décentralisation tertiaire, entamé relativement tardivement s’inspire du modèle de la décentralisation industrielle. Il s’appuie ainsi sur la réglementation appliquée au développement des bureaux en région parisienne (hors la Défense) et sur l’octroi de Primes de Localisation d’Activités Tertiaire (PLAT) dans les zones aidées.

7 D’autres actions développées durant cette période peuvent être considérées comme des soutiens indirects aux services aux entreprises et ce, même si ce n’est pas leur objectif déclaré. Il s’agit en particulier de l’ensemble des politiques touchant au réseau urbain : métropoles d’équilibre, villes nouvelles et, dans une moindre mesure, villes moyennes. En effet, pour reprendre les termes de MONOD et CASTELBAJAC (2010), les métropoles d’équilibre devaient « fournir aux entreprises et à la population de leur région les services qu’elles allaient jusqu’alors chercher dans la capitale ». Ce constat est particulièrement vrai en ce qui concerne les services aux entreprises, ne serait-ce qu’au travers du phénomène bien connu du « court-circuit » (GALLOUJ et al., 2006). On notera cependant que les tentatives de lancement et de valorisation de centres directionnels dans ces métropoles, qui sont porteurs de développement de services aux entreprises, ont connu des succès variables selon les cas (DEVISME, 2000). Les villes nouvelles ont comme objectif prioritaire la restructuration de l’agglomération parisienne et la création de centralités nouvelles (Cergy, Evry...) avec là encore d’importantes fonctions tertiaires.

2.2. Le temps du développement local et territorial : début des années 70 - fin des années 80

8 Cette deuxième période est souvent considérée par certains auteurs comme une période de retrait de l’aménagement du territoire (MADIOT et LE MESTTRE, 2001). Pourtant, elle correspond également à l’émergence et à la reconnaissance de l’institution régionale, à l’avancée de la décentralisation et à la prise en considération de nouvelles préoccupations de l’aménagement du territoire (LACOUR et al., 2005). C’est également durant cette période que l’on assiste à l’irruption de l’Europe et à un accroissement de son rôle dans les politiques d’aménagement régional. Les politiques mises en œuvre conservent encore une fois une forte empreinte industrialiste. Ainsi en est-il par exemple des pôles de conversion industrielle (1984) ou encore des zones industrielles (1986). En effet, même si, en théorie, les activités de service ne sont pas exclues, dans la pratique, la plupart des pôles et zones concernés sont largement inadaptés aux spécificités et aux besoins des services aux entreprises (surtout lorsqu’on vise des hauts niveaux de qualification) et en particulier à leurs modalités de fonctionnement.

9 Les nouvelles préoccupations de l’aménagement du territoire portent essentiellement sur les nouvelles technologies, les PME-PMI, le développement local et territorial. En ce sens et dans une certaine mesure, elles peuvent relever d’un soutien indirect aux services aux entreprises. En effet, les politiques concernées, même si elles ne visent encore une fois pas directement les activités de service, leur sont cependant nettement plus favorables. La redécouverte des avantages des PME-PMI, alliée au renouvellement des réflexions en termes de développement local mettent les services et en particulier les services aux entreprises au premier plan. Dans la première moitié des années 80 seront par ailleurs mis en place un certain nombre de dispositifs visant spécifiquement les services aux entreprises : incitations au développement du besoin des firmes en SRE (Fonds Régional d’Aide au Conseil) ou encore renforcement des services fonctionnels internes (Aide au Recrutement des Cadres)...

2.3. Le temps du renouvellement et du recadrage : 1990 à aujourd’hui

10 Dans les années 90, on assiste selon les termes de LACOUR et al. (2005, p. 92) à une « production législative sans précédent dans l’histoire de l’aménagement français ». Là encore, si les SRE ne font pas l’objet d’une attention spécifique, les multiples programmes, actions et initiatives qui marquent cette période (relance des SPL ou clusters, aménagement numérique, plan Université 2000, pôles de compétitivité, revalorisation du rôle des grandes villes...) peuvent dans une certaine mesure être analysés comme des formes de soutien indirect aux SRE. Ces années sont également marquées par de fortes tensions entre local et mondial. On peut à la suite de VELTZ (2002) considérer que « la mondialisation coexiste avec la renaissance d’économies locales dont le compétitivité repose encore largement sur des formes de coopération enracinées localement ». Autrement dit, logique de cluster et logique de globalisation ne sont pas antinomiques. Comme le précisent KEEBLE et NACHUM (2001) : « for clustered SME international linkages should not be viewed as replacing the need for local networking and embededness, but rather as an essential and complementary source of new knowlege, information and expertise in an increasingly globalised economy ». Cependant, on notera que le modèle dominant des clusters en France reste encore focalisé sur les activités industrielles (textile, sous-traitance mécanique, agroalimentaire...). Il en va de même pour les pôles de compétitivité qui, à quelques exceptions près, visent avant tout le développement industriel. En effet, ces pôles « doivent permettre de renforcer le potentiel industriel français, de créer les conditions favorables à l’émergence de nouvelles activités à forte visibilité internationale et par là, d’améliorer l’attractivité des territoires ». Néanmoins, on perçoit en France (mais également dans nombre de pays européens) un intérêt renouvelé des acteurs institutionnels pour la place et le rôle des SRE dans le développement régional. Cet intérêt serait selon certains auteurs largement lié à la reconnaissance du fait que les SRE contribueraient à la compétitivité et à la capacité d’innovation de leurs clients et plus largement à la performance de l’économie locale (VILJAMAA et al., 2010). Dès lors, deux grandes trajectoires nouvelles semblent orienter l’intérêt pour les SRE : une trajectoire « innovation » et une trajectoire « développement durable ». L’intégration des services et en particulier des SRE dans les enquêtes nationales et européennes sur l’innovation (CIS, Community Innovation Survey), ainsi que la prise en compte des innovation servicielles dans le cadre des financements de l’OSEO-ANVAR (DARNIGE, 2010) contribuent en effet à une meilleure reconnaissance du rôle des SRE dans le cadre des systèmes locaux ou régionaux d’innovation (MULLER et ZENKER, 2001).

11 Au delà de la stricte question de l’innovation, la période du renouvellement et du recadrage est également celle d’un discours repensé sur le thème de l’écologie et du développement durable [2]. Sur cette base, on peut imaginer que s’ouvrent des perspectives nouvelles en termes de promotion et de développement des services et des SRE, ne serait-ce que dans la mesure où ces derniers sont supposés avoir une empreinte écologique moins marquée que la plupart des secteurs industriels [3].

12 Au terme de ce rapide survey historique, on peut conclure que, sans être totalement exclus, les SRE n’ont pas fait l’objet d’attention particulière de la part des acteurs traditionnels des politiques régionales d’aménagement et de développement. Néanmoins, cela ne signifie pas que ces activités soient totalement absentes des débats et des pratiques. Ainsi, en dehors des soutiens financiers classiques fortement réglementés, on peut observer de multiples opérations, actions et expérimentations, à l’initiative d’acteurs très divers (y compris parfois les grandes entreprises) visant à dynamiser le tissu local de SRE. C’est à ces expérimentations et à ces pratiques que nous consacrons la section suivante.

- 3- Une catégorisation des politiques régionales des services

13 Ces dernières années ont vu la multiplication de travaux théoriques et surtout empiriques portant sur les services et les politiques en faveur des services (VILJAMAA et al. 2010 ; MAS VERDU et al., 2010). Ces travaux sont pour l’essentiel le reflet de pratiques dont on peut dire qu’elles s’enrichissent très nettement depuis les années 90. Les acteurs du développement économique disposent maintenant d’une palette de possibilités de soutiens large qui peuvent être regroupées en quatre grandes catégories : des soutiens principalement tournés vers « l’offre » (3.1) ; des soutiens principalement orientés vers « la demande » (3.2) ; des soutiens visant spécifiquement « la mise en relation » de l’offre et de la demande (3.3) ; des actions infrastructurelles et d’aménagement régional et urbain (3.4).

3.1. Les incitations et politiques de soutien à l’offre

14 Les incitations et politiques de soutien à l’offre, c’est-à-dire aux prestataires, peuvent concerner d’un côté les firmes et prestataires exogènes (extérieurs à la région) et de l’autre, les firmes en place (il s’agira alors de favoriser la création locale et le développement des prestataires locaux). Dans le premier cas, on note que les politiques d’incitation à l’implantation des services dans certaines régions, sont apparues relativement tôt : dès les années 70. Elles cherchaient à lutter contre le développement inégal en facilitant l’émergence d’un tissu de services, principalement dans les régions en retard. Dans le second cas, les possibilités offertes aux acteurs de l’aménagement local et régional sont nettement plus larges. Plus spécifiquement, les actions mises en œuvre, prennent généralement trois orientations principales :

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  • l’amélioration et la consolidation de l’offre par l’encouragement à la création de nouvelles firmes de service, l’incitation à la diversification et à la spécialisation, l’accroissement du niveau de compétence et d’expertise des prestataires, les démarches qualité, les actions de qualification et de certification [4] ou encore les incitations à l’innovation et à l’introduction des nouvelles technologies... ;
  • l’incitation au développement externe (exportation) des services. On reconnaît de cette manière la participation réelle des services ou de certains d’entre eux à la base économique régionale ;
  • l’organisation de l’offre, l’initialisation des interactions et des regroupements entre offreurs de manière à favoriser les échanges, à atteindre une taille critique et réaliser des économies d’échelle....

Tableau 1

Les actions menées par les institutions et collectivités locales en faveur des services : soutiens principalement orientés vers la demande

Principales
caractéristiques
Exemple de pratiques
Aide à
l’émergence de
réseaux et de
collectifs de
prestataires et de
professions
Aide à l’action
menée par ces
réseaux et
collectifs
(consolidation,
suivi)
Contribution à
l’apport de
moyens et de
connaissances
d’intérêt
commun
On pourrait
distinguer deux
sous-catégories :
- 1 : actions et
soutiens par
secteur ou
professions
- 2 : actions et
soutiens à
caractère
transversal
- Rôle actif dans la mise en place d’aménagements, d’infrastructures,
de bureaux, de pépinières de firmes tertiaires, centres d’affaires
adaptés aux besoins des SRE
- Faciliter les connexions personnelles produisant des réseaux et des
collectifs de prestataires (clubs par profession, associations
interdisciplinaires, « communautés », etc.)
- Soutien à des projets d’intérêt commun, de valorisation commune,
d’investissement communs
- Etudes de secteurs, de leurs marchés, de leurs problèmes, de la
perception qu’en ont les utilisateurs actuels ou potentiels
- Information spécifique en direction de certains prestataires (ou de
l’ensemble des secteurs).
Observatoires des services, baromètres
- Formation continue spécifique à certains prestataires
- Action pour que la formation initiale (ex : écoles de commerce)
intègre certaines réalités des services
- Action avec les prestataires en faveur de la qualité, réflexions
communes sur ce thème, sur les normes ISO et la certification
- Aide à la création d’entreprises de services
- Idée de CRITS (transferts de technologie orientés vers les services)
- Inciter les entreprises de service à s’implanter localement
- Organiser l’offre directement (centres de services)
- Favoriser l’exploitation de niches et l’exportation des services
- Encourager la diversification et la création de nouvelles firmes de
services
- Favoriser l’innovation et le développement de solutions sur mesure
et innovantes
figure im1

Les actions menées par les institutions et collectivités locales en faveur des services : soutiens principalement orientés vers la demande

Divers documents internes (institutions et collectivités, organismes consulaires...)

16 L’ensemble de ces orientations vise à faciliter l’émergence de réseaux et de collectifs de prestataires et de professions [5], à soutenir les actions menées par ces réseaux et ces collectifs ou encore à contribuer à l’apport de moyens et de connaissances d’intérêt commun. On retrouve de multiples expérimentations qui vont dans ce sens dans la plupart des pays européens. Ainsi, dans le cas de la Finlande, TOIVONEN (2007) présente une expérience particulièrement réussie de soutien à l’offre de service menée dans la région de Tempere. En effet au début de l’année 2000, un partenariat public privé (agglomération urbaine de Tempere, université et entreprises privées) a débouché sur le lancement d’une structure dédiée au développement des SRE (Professia Ltd). Cette structure qui joue un rôle immédiat d’incubateur, se caractérise par quatre missions principales : la promotion et l’incitation à la création de firmes de SRE (en particulier dans les secteurs des TIC), l’amélioration de la qualité au sein des SRE existants, la production et la diffusion d’informations et de recherches sur les SRE, l’offre de services aux entreprises (avec pour objectif « d’ouvrir de nouveaux marchés »).

3.2. Les mesures d’incitation ou de soutien à la demande

17 Les politiques de soutien à la demande visent à générer et à « assurer » des débouchés suffisants aux firmes de services. Il s’agit donc de promouvoir la demande de services ou encore d’encourager l’utilisation de ressources et expertises extérieures par les firmes, .autrement dit de construire une culture et des routines de recours raisonné aux services, y compris le cas échéant au travers d’incitations financières. Ces politiques de soutien à la demande peuvent en retour susciter une progression de l’offre et un renforcement de la qualité des services offerts.

Tableau 2

Les actions menées par les institutions et collectivités locales en faveur des services : Soutiens principalement orientés vers « la demande » (les utilisateurs)

Principales caractéristiques Exemple de pratiques
Incitations financières diverses
Passer d’une information
défaillante ou imparfaite à une
information satisfaisante.
Construire une culture et des
« routines » de recours raisonné
aux services.
- Initialisation de l’habitude du recours par une offre
directe de certains services, gratuits ou payants, ou à
tarif réduit, ou par des aides publiques incitatives (ex :
Frac)
- Conseil en matière de recours aux services, conseil en
conseil, information et conseils concernant les
dispositifs publics
- Promotion du recours aux services par le secteur
tertiaire (y c. collectivités locales et territoriales, secteur
public et para-public)
- Accroissement des capacités managériales des firmes
(en particulier PME-PMI) par la formation, le
recrutement externe
- Développement d’ une politique d’attraction des
investissements exogènes et promotion du recours à
des services (locaux) par ces mêmes firmes
figure im2

Les actions menées par les institutions et collectivités locales en faveur des services : Soutiens principalement orientés vers « la demande » (les utilisateurs)

Divers documents internes (institutions et collectivités, organismes consulaires...)

18 Ces politiques de soutien direct à la demande peuvent prendre trois formes principales :

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  • La première consiste en un subventionnement direct de la demande, c’est-à-dire des entreprises ayant recours aux services. Il s’agit ici d’une des mesures les plus connues et les plus utilisées dans la plupart des pays d’Europe et plus généralement de l’OCDE [6]. Les actions concernées visent prioritairement le tissu local et régional de PME-PMI.
  • La deuxième vise au développement de compétences internes aux entreprises. Les politiques dont il est ici question cherchent à améliorer les compétences managériales internes (des PME-PMI en particulier), de manière à accroître leur capacité à s’adapter et à innover. Dans ce cadre, le soutien le plus connu consiste à encourager le recrutement de personnel qualifié, à aider (sous forme de subventions) les PME-PMI pour qu’elles recrutent des cadres fonctionnels hautement qualifiés, ce qui peut par exemple garantir une interaction efficace avec le prestataire de services. Bien entendu, ce type de soutien est beaucoup plus large et peut passer par la formation des cadres en poste, voire même, par la constitution de services ou de départements internes dédiés à la formation [7].
  • La troisième et dernière forme porte sur le soutien à formulation et à l’émergence de nouvelles demandes, qu’elles émanent des collectivités et des institutions locales elles-mêmes ou encore de firmes exogènes. En effet, le secteur industriel a souvent à été au coeur des études relatives aux services aux entreprises. Le rôle qu’a joué le secteur tertiaire dans l’émergence et le développement d’une offre locale de services aux entreprises a souvent été négligé à la fois du point de vue des chercheurs et de celui des praticiens du développement local et régional. Or, ce secteur apparaît de plus en plus comme un important consommateur de services et plus généralement, la part de ces activités dans le chiffre d’affaires des services est en forte croissance ces dernières années (GALLOUJ et VIDAL, 2010).

20 Ainsi, au-delà des politiques de subventions analysées dans les sections précédentes, une mesure peut consister à développer l’achat de services par les collectivités et institutions locales au sens large et plus généralement les organismes intermédiaires. Ces administrations sont en mesure d’alimenter la demande locale et régionale en privilégiant le recours à des prestataires locaux. Les achats émanant de ce type d’organisations peuvent en effet permettre le développement des qualifications et de l’expertise des services locaux. Dans certains cas, la présence et la demande de ces institutions peut constituer une condition "sine qua none" du maintien sur le marché d’un certain nombre de prestataires locaux : on comprend mieux ici l’intérêt des politiques de décentralisation et des délocalisations d’administrations publiques.

21 Les actions en faveur des firmes exogènes, de manière à les inciter à accroître leurs inputs en services offerts localement, sont souvent citées dans la plupart des études à la fois empiriques et théoriques. Elles font référence à la notion anglo-saxonne de "Branch Plant Economy". En effet, concernant le secteur industriel, de nombreux travaux ont montré le rôle « néfaste » des grandes firmes nationales ou internationales sur le développement régional et sur l’émergence et la stabilisation d’un marché local de services aux entreprises. La plupart de ces travaux ont donc analysé les incidences sur les économies locales des établissements secondaires, unités décentralisées ou « branch plants ». Ils ont montré que ces unités n’ont en fait que peu d’autonomie décisionnelle, qu’elles concernent des activités à faible valeur ajoutée et qu’elles sont relativement peu innovantes. Plus encore, dans la mesure où elles sont insérées dans un réseau et un système de relations extra-régionales, elles n’établissent généralement que peu de rapports avec l’économie locale et se caractérisent par conséquent par un effet multiplicateur relativement faible. Il s’agit donc dans un tel cadre et pour ce type de firmes, d’envisager des incitations permettant de développer une approche de type import-substitution, c’est-à-dire de réduire l’importation de services externes et d’accroître la part des services produits localement.

3.3. La « mise en relation » de l’offre et de la demande

22 Le développement des marchés des services est souvent limité du fait du manque d’information et de transparence caractéristique de ce type de marché (DJELLAL et GALLOUJ, 2007). Nombre de politiques locales et régionales comprennent ainsi un volet visant à améliorer le fonctionnement du marché. Il s’agit à la fois de produire de la confiance où, ce qui revient parfois au même, d’activer des réseaux personnels de proximité, de manière à faciliter les relations contractuelles et les échanges entre les prestataires et les clients. Dans ce cadre, il apparaît souvent nécessaire de créer les conditions préalables au développement des services et de multiplier les possibilités et occasions de contact et d’interaction entre l’offre et la demande. Ainsi, les autorités locales peuvent produire des informations, créer des banques de données sur l’offre de services, créer des structures locales (où encourager les initiateurs de tels projets) et surtout créer et développer des fonctions d’intermédiation, des relais locaux d’information dans les zones considérées. L’objectif étant ici de favoriser l’échange d’idées et d’expériences, de favoriser les synergies. Les gestionnaires de projets dans les institutions et collectivités locales et territoriales sont avant tout des intermédiaires dont le rôle est de produire de la confiance, d’orienter les chefs d’entreprise et de favoriser la constitution d’une mémoire des expertises et des compétences locales. Cette fonction intermédiaire de mise en relation est par exemple assurée en Belgique par le réseau WaBAN regroupant les Business Angels de la Région Wallonne. L’objectif est de faciliter la mise en relation de la demande (porteurs de projets) et de l’offre (apports financiers) en vue d’accélérer le processus de lancement de nouvelles activités en région Wallonne (MOYART, 2003).

23 On constate que, de plus en plus, les actions de mise en relation de l’offre et de la demande s’accompagnent de programmes d’information, de publicité et de promotion des procédures de soutien ainsi que d’une information générale sur l’offre régionale de services aux entreprises : on évolue ainsi vers une véritable offre de « conseil en conseil ». C’est d’ailleurs une pratique que l’on retrouve dans un certain nombre de pays : « l’aide à la formulation de la demande par information et conseil aux entreprises dans le choix, comme le pratiquent de plus en plus de pays est un corollaire important d’une politique de subvention de la demande ». La publication dès le milieu des années 90 par le Ministère français de l’industrie d’un premier « guide pratique du conseil à l’intention des PMI » relevait de ce type de politique. Il s’agissait bien en effet de favoriser la connaissance et l’adaptation réciproque, de produire des réseaux d’échange avec un langage commun.

Tableau 3

Les actions menées par les institutions et collectivités locales en faveur des services : Mise en relation de l’offre et de la demande

Principales caractéristiques Exemple de pratiques
Connaissance réciproque,
adaptation réciproque.
Production de réseaux
d’échange avec un langage
commun
- Salons, forums et autres initiatives rassemblant
prestataires et utilisateurs
- Clubs incluant des utilisateurs
- Annuaires et autres bases de données utiles aux clients
- Développement de fonctions d’intermédiation
figure im3

Les actions menées par les institutions et collectivités locales en faveur des services : Mise en relation de l’offre et de la demande

Divers documents internes (institutions et collectivités, organismes consulaires...)

24 Dans de nombreuses régions, on observe par ailleurs des tentatives d’assainissement et de "labellisation" des professions de services aux entreprises qui passent par des actions collectives de certification ou encore par la publication de chartes sectorielles régionales qui redéfinissent les tâches et activités de chacun des intervenants régionaux afin d’éviter les recoupements de compétences et d’accroître la visibilité de chacun des intervenants et acteurs.

3.4. Les incitations et politiques infrastructurelles et d’aménagement

25 On fait ici référence à un ensemble d’ actions - on peut parler de mesures d’accompagnement -, qui profitent indirectement à la fois à l’offre et à la demande, en améliorant l’environnement global du "marché des services". Il s’agit alors d’une part d’accroître l’attractivité des régions et des milieux locaux par des politiques d’infrastructure et d’aménagement urbain (réseaux de télécommunication, offre immobilière, services culturels, activités de loisirs, services personnels et domestiques...), mais également d’autre part, de développer la culture du service ou des services au sein du tissu économique local et plus largement.

26 Les politiques d’infrastructure et les aménagements (inter et intra) urbains sont à mettre en relation avec les travaux sur les facteurs de localisation des services (MERENNE-SCHOUMAKER, 2002 ; AGUILERA, 2003 ; LASCH, 2005 ; MOUHOUD, 2010). Aussi, la mise en oeuvre ce type de politique nécessite au préalable de bien connaître les facteurs de localisation des services à la fois au niveau intra et interurbain, de cerner leurs schémas de mobilité à ces mêmes niveaux, de mieux connaître leurs "aires de marché" (POUYANNE et al., 2008). Néanmoins, dans les conditions des années 2000, l’essentiel des actions existantes portent sur les trois éléments suivants :

27 (a) sur le développement et l’amélioration des réseaux de télécommunication (traditionnels, avancés, mobiles...) et des systèmes de transports. Ces équipements jouent en effet un rôle important en matière de développement des services dans la mesure où ils améliorent les possibilités de contacts personnels, d’échange d’informations entre agents économiques (prestataires, clients, administrations...). Ils augmentent ainsi l’accessibilité aux services aux entreprises. Par ailleurs, ils permettent d’accroître la zone d’opération de ces mêmes services, en particulier quand ils sont fortement exportateurs [8].

28 (b) sur l’aménagement inter et intra-urbain, qui constitue un élément essentiel de localisation et de croissance des services et en particulier des SRE. En effet, l’aménagement urbain a une véritable fonction opérationnelle et stratégique en ce sens que ces activités ont des contraintes de production que le site doit satisfaire. L’offre immobilière et la diversité de cette offre, à la fois en termes de sites et de fonctionnalité (adaptabilité, modularité), joue un rôle important dans le développement et la compétitivité des services [9]. Notons cependant que les logiques de localisation et de développent des services ne sont pas uniformes et que chaque type de service nécessite des aménagements distincts [10].

29 (c) sur l’amélioration de l’espace physique urbain (rénovation et réhabilitation urbaine, rénovation des centres urbains traditionnels, amélioration de l’accessibilité, développement de l’offre de services dits de support, création de centres tertiaires de haut niveau), de l’environnement socioculturel et plus généralement des équipements de qualité de vie (santé, culture, éducation, loisir...). Ces aménagements visent principalement à rendre la localité considérée (ville, département, région, etc.) plus attractive pour les personnels qualifiés. Ils permettent d’une part d’attirer de la main d’œuvre (qualifiée) externe et d’autre part de stabiliser la main d’œuvre (qualifiée) locale.

Tableau 4

Les actions menées par les institutions et collectivités locales en faveur des services : Actions sur l’environnement des marchés de services

Principales caractéristiques Exemple de pratiques
Politiques infrastructurelles - Aménagement d’ordre général (non spécifiques
aux SRE), amélioration des réseaux de
communication, réhabilitation urbaine, qualité de
vie...
Politique et actions relationnelles
Principales caractéristiques :
Extension des réseaux precedents
(cf tableau 1,2 et 3) à d’autres
acteurs privés et publics.
Culture générale du service dans la
société, production et diffusion
générale de savoirs sur les services
- Elargissement des relations à d’autres acteurs
publics (enseignement supérieur, recherche,
collectivités locales, DRIRE) ou privés (banques,
assurance, prescripteurs divers...)
- Communication « externe » en direction du grand
public (image des services) et des pouvoirs publics,
actions d’information et de sensibilisation
- Interventions argumentées auprès des pouvoirs
publics pour que les services ne soient pas victimes
de discriminations par rapport à l’industrie
figure im4

Les actions menées par les institutions et collectivités locales en faveur des services : Actions sur l’environnement des marchés de services

Divers documents internes (institutions et collectivités, organismes consulaires...)

30 Les politiques d’infrastructure et d’aménagement, dont il est ici question, peuvent s’envisager pour les services, mais également pour les firmes dans leur ensemble. Il reste clair cependant que ces politiques ne peuvent pas être considérées de manière isolée. Elles constituent les conditions nécessaires, mais non suffisantes au développement des services. Et de ce fait, elles doivent être couplées à d’autres formes d’incitation telles que celles que nous avons vu plus haut.

31 Au-delà des infrastructures, il semble nécessaire de produire des réseaux d’échange avec un langage commun entre les acteurs publics et privés. Il s’agit cette fois de favoriser la production et la diffusion générale de savoirs sur les services, de développer une culture générale sur les services dans la société. En effet, la plupart des structures et institutions économiques locales restent encore marquées par de très forts préjugés industrialistes : l’industrie est le secteur moteur au cœur de la base économique des régions et les services se contenteraient de suivre (et de profiter) de manière passive du développement et de la croissance ainsi générée.

32 Les politiques visant à réduire le « biais industrialiste » peuvent prendre trois formes principales (cf tableau 4), qui pour l’essentiel, ont souvent été mises en avant en particulier par les chambres consulaires :

33

  • Elargissement des stratégies relationnelles (évoquées dans le 3.3) à d’autres acteurs publics (enseignement supérieur, recherche, collectivités locales, DRIRE, etc.) ou privés (banques, assurances et prescripteurs divers, etc.) ;
  • Communication « externe » en direction du grand public de manière à améliorer l’image des services et des pouvoirs publics ;
  • Interventions argumentées auprès des pouvoirs publics pour que les services ne soient pas victimes de discriminations par rapport à l’industrie. C’est le cas aujourd’hui en particulier en termes de soutien à l’innovation et à la R&D, par exemple.

34 L’ensemble de ces actions vise à étendre les réseaux présentés dans les sections précédentes (réseaux de l’offre, réseaux de la demande, etc.) à d’autres acteurs publics et privés. Il s’agit cette fois de favoriser la production et la diffusion de savoirs sur les services, de développer une culture générale du service dans la société.

- 4- Les politiques publiques d’incitation au développement des SRE : questions préalables et effets contradictoires

35 Les politiques de soutien aux services, que nous avons présentées plus haut se caractérisent par de nombreux effets positifs sur les économies locales et régionales. Cependant, leur mise en oeuvre soulève de nombreuses questions. En tout état de cause, elles nécessitent certaines "précautions" dans la mesure où elles peuvent également avoir des effets contradictoires importants. Parmi les principales questions que l’on peut se poser, il nous semble que les quatre suivantes sont celles qui sont le plus souvent mises en avant par les acteurs concernés : quelles activités de services faut-il soutenir (4.1) ? Quelle légitimité pour quels acteurs (4.2) ? Quel type de soutien : direct ou indirect (4.3), matériel ou immatériel (4.4) faut-il privilégier ?

4.1. Quelles activités de service soutenir ?

36 La question de la catégorie de services à soutenir est souvent centrale dans les préoccupations des décideurs politiques qu’ils soient nationaux ou régionaux. Dans la pratique, on constate que bien souvent, les politiques de soutien aux services ont été centrées sur des services dits mobiles (qui peuvent choisir leur localisation ou encore qui ne sont pas -ou peu- soumis à des contraintes de localisation) ou des services « exportateurs ». Cette dernière catégorie n’est d’ailleurs pas sans poser problème dans la mesure où, d’une part, il n’y a pas forcément de consensus quant à une définition des services qui seraient exportateurs et d’autre part, parce que cette catégorie ne prend pas en compte les services qui contribuent de manière indirecte à l’exportation en soutenant les activités exportatrices. Plus récemment, avec la reconnaissance du lien étroit entre SRE à forte intensité de savoir et innovation, ce sont des actions orientées vers ces mêmes services qui sont privilégiées (OCDE, 2006)

37 Cependant, ce type de politique comporte des risques importants. Il peut en effet déboucher à terme sur l’écrémage des prestataires régionaux les plus dynamiques au profit de la région capitale. En effet, une part croissante du marché parisien dans leur chiffre d’affaires, peut inciter les prestataires régionaux à ouvrir des antennes parisiennes dans un premier temps et se délocaliser dans un second [11].

38 Par ailleurs, et dans le même cadre, on constate que la politique publique présente deux aspects apparemment contradictoires. Dans le cadre du paradigme du développement local, elle vise à promouvoir le tissu régional de PME-PMI et, en matière de services aux entreprises, à développer la demande de ce type de firmes et par voie de conséquence, l’offre locale. A l’inverse, dans le cadre de ce qu’on pourrait appeler le paradigme de la concurrence interurbaine ou interrégionale, elle vise également à améliorer l’attractivité du milieu local pour favoriser l’implantation d’entreprises extérieures en particulier de services. Se posent alors des questions d’autonomie locale ou de maîtrise locale des processus de développement.

4.2. Quels acteurs ? Quelles légitimités ?

39 Nous avons évoqué précédemment la multiplicité des acteurs (Etat, régions, départements, CCI...) qui interviennent ou peuvent intervenir à différents niveaux de la politique de soutien aux SRE et plus généralement (KNOEPFEL et al., 2006). Malgré un certain nombre d’évolutions récentes, il est clair que l’Etat, du fait du pouvoir de son administration centrale et de ses administrations territoriales, et également du fait des ressources financières et cognitives (savoirs, expertises...) qu’il contrôle, reste l’acteur principal de l’aménagement et du développement régional. Depuis les années 90, l’Etat a cependant réduit en partie ses marges de manœuvre au profit des acteurs européens et régionaux. En effet, les lois de décentralisation ont fait de l’aménagement du territoire une responsabilité partagée entre l’état et les régions. Le rôle des régions en matière d’aménagement est d’ailleurs inscrit expressément dans la loi du 5 mars 1982 et c’est un des éléments de différenciation des fonctions et des responsabilités entre la région et les deux autres collectivités locales que sont les départements et les communes. Notons que ces dernières ne sont pas inactives pour autant en matière d’aménagement du territoire. Tant les départements que les communes, à la fois du fait des lois de décentralisation mais également du fait de certaines responsabilités, d’initiative et d’actions propres sont devenus des acteurs importants de l’aménagement du territoire. Au-delà, on peut repérer de multiples acteurs ou parties prenantes : les acteurs dits « inter » (acteurs intercommunaux, interdépartementaux, interrégionaux, acteurs mixtes...) qui résultent de la volonté d’acteurs autonomes initialement, de mener des actions communes, de conduire en concertation des réflexions sur la politique de développement territorial. Enfin, en dehors des collectivités locales et des groupements de collectivités locales, on peut également tenir compte d’organisations ayant des compétences ou des missions d’aménagement ou procédant à des réflexions en la matière comme par exemple, les CCI, les CRCI... dont on a vu par ailleurs (cf. GALLOUJ, 2006) le rôle important qu’elles exerçaient en matière d’aménagement des économies locales et régionales.

40 La multiplicité des acteurs est certes une bonne chose pour la question régionale et urbaine. Elle met en avant l’étendue de l’intérêt et de l’implication collectifs par rapport à cette question. Néanmoins, cette multiplicité pose également problème. En effet, les acteurs concernés, au-delà des moyens variables dont ils disposent et des responsabilités qui leur sont confiés par la réglementation, se caractérisent également par des stratégies, des objectifs et des moyens humains et cognitifs très divers. Ils diffèrent également par le champ géographique de leur activité. Au total, on observe tout à la fois un éclatement des lieux de décision (dû en partie aux nombreux transferts de compétence), mais aussi une tendance généralisée à vouloir sortir des domaines d’interventions d’origine... Ainsi, l’action économique locale des acteurs donne l’image d’opérations décousues, faiblement coordonnées qui débouchent par exemple sur la multiplication d’équipements faiblement adaptés à la demande et souvent redondant ; autrement dit sur une concurrence interrégionale ou interurbaine contre-productive (DEMAZIERE, 2003 : JAYET et PATY, 2000 ; MADIES, 2000).

41 Le niveau d’intérêt pour les services est très variable à la fois entre les divers acteurs et au sein d’une même catégorie d’acteurs. On ajoutera même que pour un acteur donné cet intérêt peut être très variable dans le temps. DEMAZIERE (2004) constate ainsi la forte divergence des pratiques locales entre les agglomérations de Tours et de Lille. DEMAZIÈRE note en effet que les acteurs publics de l’agglomération tourangelle se caractérisent par un très grand déficit d’informations et de connaissances sur le secteur des services aux entreprises. Ces derniers ne disposeraient par exemple d’aucune donnée recensant le nombre exact d’entreprises ou encore d’emplois dans les SRE sur l’échelle de leur agglomération. L’auteur note par ailleurs la très faible volonté des acteurs concernés (communauté d’agglomération, CCI ou Agence de développement) d’améliorer leur niveau de connaissance sur la question. A l’inverse, l’agglomération lilloise disposerait, selon lui, (en particulier au travers des travaux de la CCI) d’informations et de données particulièrement fines (secteur par secteur) intégrant y compris des éléments très précis sur la demande réelle et potentielle... On peut penser que cela est lié à des contacts et des relations professionnelles et personnelles importantes nouées de longue date entre la CCI et l’Université au travers de l’existence, depuis le milieu des années 80, d’un pôle de recherche spécialisé en économie des services.

4.3. Quel type de soutien : soutien direct vs soutien indirect ?

42 La question de l’arbitrage entre aide directe ou indirecte est une question importante (MADIES, 2000). Alors que la première renvoie à des transferts financiers de la collectivité vers les entreprises, la seconde vise plutôt l’amélioration de l’environnement des mêmes entreprises

4.3.1. Les aides directes

43 Les aides directes peuvent concerner tout à la fois l’offre et la demande. Lorsque l’on s’intéresse à la politique régionale des services, on est spontanément amené à envisager une aide directe au développement des services. Cependant, ce type de politique est relativement rare dans les pays de l’OCDE. En effet, une telle politique tournée exclusivement vers l’offre se trouve confrontée à un certain nombre de problèmes. Elle pose d’abord, le problème de la réaction du tissu existant de services face à une politique visant à développer l’offre régionale, donc la concurrence (même s’il s’agit d’une concurrence que l’on peut qualifier de « loyale »). Elle pose ensuite -lorsque cette offre est organisée par les acteurs publics et "intermédiaires"- la question d’une éventuelle réduction de l’offre privée existante par "concurrence déloyale" (ou jugée telle). En effet, la fourniture gratuite ou à un prix inférieur au prix de marché de certains services peut contribuer à diminuer le prix global sur le marché, donc à réduire l’offre ("ajustement par les quantités") [12]. Dans les faits, cette intervention publique est bénéfique pour le marché des SRE. Comme nous avons pu le montrer dans le cas des prestataires privés de l’emploi (GALLOUJ, 2008), il n’y a pas de concurrence directe entre offre publique ou parapublique et offre privée, mais bien plutôt complémentarité. Les premiers se concentrent généralement sur des prestations basiques à faible valeur ajoutée et les seconds pouvant, dès lors, se consacrer à des prestations haut de gamme (et donc plus lucratives).

44 Enfin, ce type de politique se heurte au problème de la demande solvable des PME-PMI qui considèrent encore souvent les services aux entreprises comme des coûts plutôt que comme des investissements (EUROQUALITY, 2009). A défaut de s’attaquer également à la demande, le coût d’une politique centrée sur l’offre peut paraître élevé.

45 En fait, il est clair que l’interaction entre l’offre et la demande en matière de services aux entreprises est trop forte pour que l’on se contente d’une analyse dichotomique. Cela dit, l’action sur la demande demeure d’une extrême importance, et son éventuel impact inflationniste sur le prix des services ne paraît pas démontré. En effet, s’il est vrai que ce type d’aide (lorsqu’il prend la forme d’une subvention au recours aux services) est susceptible d’augmenter le prix du service [13], cette augmentation de prix va attirer de nouveaux offreurs sur le marché ; ce qui, par le jeu de la concurrence contribuera à moyen terme à un retour à un prix plus « normal ».

46 Globalement, il semble que l’action sur la demande soit la plus adaptée dans le cadre d’une politique régionale en faveur des services. Elle est plus souple et permet une meilleure adéquation aux besoins des firmes, ne serait ce que parce que ces dernières supportent malgré tout, une partie des coûts du recours aux services.

47 Les politiques de soutien à la demande ont cependant fait l’objet de critiques importantes. L’aide au conseil (du type FRAC), par exemple est souvent perçue comme une aide "aux consultants" dans la mesure où elle développerait l’offre sans pour autant en garantir la compétence ou la qualité. Dans le même sens, ce type de soutien peut contribuer à "dévaloriser" la prestation de conseil (l’entreprise étant susceptible de s’impliquer moins que si elle avait à supporter l’intégralité des coûts). Par ailleurs, on peut penser qu’il peut engendrer des effets négatifs sur le développement éventuel de départements internes de services au sein des firmes clientes. Enfin, et c’est sans doute le plus important, on constate que le soutien à la demande, souvent plus appuyé dans les régions en retard, est susceptible de bénéficier indirectement aux régions riches qui disposent d’un tissu de services aux entreprises dense, diversifié, et de qualité. Néanmoins, les promoteurs de ce type de politique insistent largement sur le fait que quelle que soit l’origine de l’offre, ce qui est visé avant tout, c’est bien une mutation structurelle des zones en retard ou en reconversion.

48 Notons enfin que les politiques en question ici, et en particulier le FRAC, peuvent contribuer par ailleurs au développement de l’offre polyrégionale extérieure. Concernant le Nord-Pas-de-Calais et selon la DRIRE, le FRAC aurait contribué à la création ou à l’implantation régionale de plusieurs dizaines de cabinets dans divers domaines (stratégie, qualité, design...). En effet, « des cabinets basés dans d’autres régions ont pris conscience que le style de relation à adopter vis-à-vis de la PME impliquait de leur part une présence locale permanente. Ils ont créé ou étoffé leurs relais régionaux ».

4.3.2. Les aides indirectes

49 Les aides indirectes recouvrent en partie ce que nous avons appelé « les actions de mise en relation (3.3) et les actions infrastructurelles et d’aménagement (3.4). Ces aides ont connu un développement remarquable dans la seconde moitié des années 80, avec une accélération dans les années 90. Leur succès s’explique en large partie par leur relative facilité de mise en œuvre. Elles permettent en effet, du point de vue des collectivités, d’échapper au cadre réglementaire strict imposé dans le cas des aides directes. Cependant, on peut également expliquer ce succès de manière plus positive en considérant à la suite de GERBAUX et MULLER (1992) que la prévalence nouvelle des aides indirectes sur les aides directes peut être interprétée comme « un passage d’actions d’urgences, centrées sur l’entreprise elle-même à des stratégies dont l’horizon temporel est plus long et qui portent sur l’environnement des firmes » (DEMAZIERE, 2002).

50 On peut dès lors penser que les aides indirectes sont susceptibles d’être moins discriminantes vis-à-vis des services aux entreprises que les aides directes (dont on a pu voir qu’elles se caractérisaient par un biais marqué envers les secteurs industriels).

4.4. Soutien matériel ou immatériel ?

51 L’opposition entre soutien matériel et soutien immatériel renvoie pour une large part aux deux thèses principales qui s’affrontent lorsqu’il s’agit d’expliquer la localisation des SRE et leur nette préférence métropolitaine (PHILIPPE, 2008). Selon la première thèse, les SRE seraient à la recherche de lieux proposant un certain nombre d’avantages géo-économiques (tissu industriel, accès à un large marché du travail) mais également structurels ainsi qu’un certain nombre d’avantages sur lesquels la puissance publique a une large prise (réseau de communication, offre immobilière de qualité, infrastructure de transport...). La seconde thèse considère que les SRE valorisent avant tout l’attractivité des milieux économiques locaux qui doivent être des lieux d’apprentissage et d’innovation. Ce qui est privilégié alors c’est bien l’existence de lieux de rencontre, la mise en commun d’expérience, la production d’un langage commun (GALLOUJ, 2008).

52 L’aide des collectivités locales traditionnelles qu’elle soit directe ou indirecte s’attache généralement peu aux aspects immatériels de l’aménagement et du développement. Ce qui est privilégié, c’est bien l’aménagement de zones d’activité ou encore l’immobilier d’entreprise. Par ailleurs ce type d’action se trouve généralement dans la continuité de l’interventionnisme économique local tel qu’il est pratiqué depuis les lois de décentralisation. Cette orientation s’explique principalement par la visibilité immédiate de ce type d’action, ce qui présente un intérêt direct pour les acteurs concernés (en particulier s’ils disposent d’un mandat électoral). Comme le précise MADIES (2000, p. 179), « l’aide affectée aux terrains et aux bâtiments constitue souvent aux yeux des élus un engagement crédible et visible en faveur des entreprises. Il s’agit d’une forme d’aide que les collectivités locales ont le sentiment de maîtriser par rapport à des aides immatérielles soulevant plus de problèmes d’expertise économique ». A contrario, on peut penser également qu’un certain nombre de structures (par exemples les communes ou les structures intercommunales) manquent de compétences et de ressources dans l’animation économique (DEMAZIERE, 2002). Pourtant, il semble bien que pour les SRE, qui sont des activités relationnelles, ce qui est en jeu c’est bien la dimension immatérielle du soutien public (qu’il soit national, régional ou local). Comme nous l’avons montré par ailleurs (GALLOUJ, 2008), l’activation de réseaux de relations personnelles, de collectifs d’individus qui se connaissent ou apprennent à se connaître et à travailler ensemble constitue un avantage compétitif de premier plan pour les SRE.

- 5- Conclusion

53 Les possibilités d’action offertes aux responsables de l’aménagement et du développement local pour favoriser l’émergence et stimuler la croissance locale ou régionale des services apparaissent nombreuses et variées. Elles recouvrent différentes dimensions tenant à la fois de l’offre, de la demande, mais également (de manière plus transversale) de l’environnement général de cette offre et de cette demande.

54 Cependant, la plupart de ces politiques ne peuvent se comprendre en dehors de la prise en compte des caractéristiques des marchés régionaux de services. Ces marchés sont pour la plupart d’entre eux caractérisés par de fortes asymétries informationnelles. L’offre est encore généraliste, sélective et peu évolutive ; la demande est elle-même atomisée, fluctuante, peu diversifiée et (souvent) tournée vers l’extérieur en ce qui concerne ses besoins en services.

55 Dans ces conditions, le choix même des politiques à mettre en œuvre pose problème. Faut-il soutenir l’offre dans l’optique d’une dynamique de l’offre ? Faut-il à l’inverse soutenir la demande dans l’optique d’une dynamique de la demande ? Ces questions sont importantes dans la mesure où les logiques de croissance des services et les politiques qui sont susceptibles d’en découler peuvent parfois conduire à des effets contradictoires (GALLOUJ et al., 2006).

56 Les tendances les plus récentes laissent penser que les perspectives les plus prometteuses résident dans toutes les actions qui cherchent à faciliter la mise en relation de l’offre et de la demande de service et de manière plus générale dans toutes les actions qui visent à réduire les asymétries d’informations sur les marchés régionaux de service (et de ce fait à accroître la transparence et la lisibilité de ces mêmes marchés). Un certain nombre d’acteurs économiques et en particulier les CCI (GALLOUJ, 2006) ont engagé des actions volontaristes en ce sens, et l’on peut montrer, à la suite de JOUVE (2002), qu’elles ont contribué à accélérer la tertiarisation des économies métropolitaines et régionales.

Notes

  • [*]
    Première version reçue, juin 2010 ; version finale, janvier 2011
  • [1]
    - L’Etat s’implique en effet très fortement dans la mise en valeur du potentiel touristique à la fois directement (équipement des littoraux : Languedoc-Roussillon en 1963 puis Aquitaine en 1966) et indirectement (aménagement des montagnes...).
  • [2]
    - Notons que ces deux questions sont par ailleurs souvent liées (DJELLAL et GALLOUJ, 2009)
  • [3]
    - Cette idée est cependant discutée et nuancée par GADREY (2010)
  • [4]
    - Ces actions peuvent également, pour une part, relever d’opérations de mise en relation de l’offre et de la demande (3.3).
  • [5]
    - La plupart de ces politiques de soutien à l’offre peuvent concerner des secteurs ou des professions, ou à l’inverse prendre un caractère plus transversal
  • [6]
    - En France, le principal outil répondant à ce type de politique est le Fond Régional d’Aide au Conseil (FRAC)
  • [7]
    - En France, le principal dispositif de ce type est l’Aide au Recrutement de Cadres hautement spécialisés (ARC),
  • [8]
    - Ainsi, concernant la région Rhône-Alpes, les travaux du Laboratoire d’Economie des Transports (LET) ont montré très tôt que le TGV, en réduisant le temps et les coûts de transport a créé pour les entrepreneurs dynamiques de la région de nouvelles opportunités d’accéder au marché parisien. De ce fait, les déplacements liés à des opérations de service ont connu une croissance importante qui correspondait selon les auteurs à « une attaque du marché parisien par les provinciaux ».
  • [9]
    - Dans le cadre de ce qu’on pourrait appeler le paradigme de la concurrence interurbaine ou interrégionale, elle vise également à améliorer l’attractivité du milieu local pour favoriser l’implantation d’entreprises extérieures en particulier de services.
  • [10]
    - Les agences de publicité ou le conseil en management nécessitent une localisation centrale, les cabinets d’études de marché, les services informatiques (qui consomment plus d’espace avec parfois une dimension de stockage) se localisent plus volontiers dans les parcs d’affaires ou parcs tertiaires périphériques. Certains services ont une préférence pour une localisation à proximité des centres universitaires et de recherche, d’autres (comme les avocats et les huissiers) pour les localisations à proximité des tribunaux. Des services comme les conseils en recrutement privilégient quant à eux une localisation à proximité des réseaux de transports (lignes de métro, etc.) en particulier pour être accessibles aux candidats potentiels...
  • [11]
    - Les politiques qui visent au développement de la spécialisation des services régionaux vont dans le même sens, puisque la spécialisation "oblige" à attaquer des marchés plus étendus.
  • [12]
    - Dans ce cas, tout se passe comme si l’offre publique se substituait à l’offre privée par un « effet d’éviction ».
  • [13]
    - A un prix donné la demande est supérieure à ce qu’elle serait sans la subvention
Français

Cet article propose une présentation et une analyse des incitations et politiques locales et régionales de soutien aux activités de service. Après une mise en perspective historique, nous adoptons une démarche typologique qui permet de repérer quatre grandes orientations des politiques en question : soutiens à l’offre, à la demande, à la mise en relation offre-demande et plus généralement à l’environnement. A partir de là, nous nous interrogeons sur les choix offerts aux l’aménageurs et sur les incidences parfois contradictoires inhérentes à ces différents choix.

Mots clés

  • services aux entreprises
  • développement régional
  • incitations publiques
English

Business services in planning and regional development policies : typologies, questionings and inconsistencies

In this paper, we put forward an analysis of local and regional incentives and policies toward service activities. After a first historical perspective, we adopt a typological approach which allows us to distinguish between four main policy orientations : policy toward the service providers, the service users, policy focused on the provider-user interaction and more generally “environmental policies”. On the basis of this typology, we raise some questions about the choices offered to local and regional practionners and about the consequences of these choices and especially some of their contradictory effects.

Keywords

  • business services
  • regional development
  • public incentives

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Camal Gallouj
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Souheila Kaabachi
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Mis en ligne sur Cairn.info le 15/07/2011
https://doi.org/10.3917/reru.112.0389
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