CAIRN.INFO : Matières à réflexion
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Dire la sécurité, n'est-ce pas partir d'une image et d'une connaissance particulière et parfois arbitraire de la différence entre la violence et ce qu'elle ne serait pas ? De même, dire l'insécurité par opposition à la sécurité suppose de croire à une théorie des vases communicants où l'insécurité diminue quand la sécurité augmente. Mais est-ce le cas ? La sphère virtuelle de l'insécurité n'est-elle pas l'enveloppe des processus de sécurisation et n'augmente-t-elle pas au fur et à mesure que l'on cherche à sécuriser ? Quel rapport entretenons-nous à l'inconnu, à l'incertain, au futur ? L'(in)sécurisation comme processus d'extrapolation du danger menaçant, de la peur, de ce qui pourrait être mais n'est pas encore devient central dans nos sociétés contemporaines. Elle induit souvent une perte de perspective, et la "réassurance" autour de mythes simplificateurs, construits autour de connaissances partielles et d'anticipations institutionnelles ou collectives d'une violence exceptionnelle oubliant activement la violence ordinaire qui ne se lit plus comme telle. Les articles de ce numéro de Cultures & Conflits s'entrechoquent et néanmoins entrent en résonance. Ils se réfèrent, de différentes façons et selon les objets d'études qui les génèrent, à une théorisation de l'(in)sécurisation comme processus social et politique dont, parfois, ils donnent à l'avance une piste de recherche qui va au-delà de la frontière qu'ils avaient pensé pour leur objet mais qui n'offre aussi qu' un fragment, qu'une facette. Does "saying" security proceed from a partial and sometimes arbitrary image and knowledge of the difference between what is and is not violence ? In very much the same way, to say insecurity as opposed to security, presupposes a theory of proportionality in which insecurity diminishes as security increases. But is this really this case ? Isn't the virtual sphere of insecurity a mere wrapper for processes of securitization and doesn't it expand when securitization is attempted ? What is our relation to the unknown, to the uncertain and to the future ? (In)securitization, as a process of extrapolating dangers and fears of what could be and is not, becomes a central feature of contemporary societies. It often leads to a loss of perspective and to attempts to achieve "re-assurance" through simplifying myths constructed from partial knowledge and institutional or collective anticipations of an exceptional violence. These anticipations neglect ordinary forms of violence that are no longer considered as such. The articles in this issue of Cultures & Conflitsclash but nevertheless respond to each other. They refer, although in different ways and by focusing on different empirical sites, to a theorisation of (in)securitisation as a social and political process. Thus they suggest avenues for further investigation that go beyond the limits and fragments that the authors have inscribed.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/02/2010
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