CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1depuis quelques années, la République populaire de Chine, quatrième puissance mondiale, s’intéresse au potentiel économique du continent africain. En 2007, elle est d’ailleurs devenue le deuxième partenaire commercial de l'Afrique après les États-Unis et devant la France. Selon le ministère chinois du Commerce, le volume des échanges sino-africains est passé, entre 2000 et 2007, de 10 à 70 milliards de dollars américains  [1]. Ce résultat demeure néanmoins modeste dans la mesure où, en 2007, le continent africain ne représentait que 3,8 % des importations totales de la Chine (36,3 milliards de dollars) et 3,1 % de ses exportations (37,3 milliards de dollars). En outre, le commerce avec l’Afrique est géographiquement restreint. En 2007 également, cinq États seulement fournissaient 77 % des importations chinoises (l’Angola participant à hauteur du tiers)  [2]. La Chine achète à l’Afrique 25 % de ses hydrocarbures  [3], 20 % de ses minerais  [4] et plus de 80 % de son bois  [5]. Plus récemment encore, dans le cadre de la réorganisation de ses exportations, elle a implanté directement des centaines d’entreprises dans des zones franches ou zones de libre-échange aussi bien en Afrique subsaharienne (Lagos, Dakar) que dans le monde arabe, notamment dans les zones industrielles et commerciales de Dubaï, d’Égypte et de Jordanie.

2La Chine ne se contente pas de fabriquer en Afrique dans la perspective d’une diffusion internationale, elle commercialise également sur ce continent  [6] tous les produits plastiques et textiles, les motos et les voitures conçus à profusion dans ses « usines monde ». Assurément, les 900 millions de consommateurs africains  [7] constituent un marché attractif pour les dizaines de milliers de commerçants chinois qui affluent dans les villes du continent où ils ne sont pas confrontés à des réglementations sur la qualité des produits aussi drastiques qu’en Europe. Cette arrivée contribue à la reconfiguration des filières d’importation dans la mesure où elle s’accompagne d’une redéfinition de la place des commerçants arabes et d'Afrique subsaharienne dans le dispositif marchand transnational. Selon de nombreux observateurs, ces derniers se seraient adaptés à la nouvelle donne économique et commenceraient depuis moins d’une dizaine d’années à se déplacer en Chine pour s’approvisionner directement. Il semble cependant, à la lumière de nos enquêtes  [8], que des dynamiques plus anciennes et plus discrètes se soient dessinées dès le milieu des années 1980, démontrant la capacité des commerçants arabes et d'Afrique subsaharienne à anticiper les évolutions en étendant leurs réseaux jusqu’en Asie. Or la présence de ces derniers en Chine mais aussi à Hong Kong, en Thaïlande, en Indonésie, en Inde et en Malaisie ne peut être considérée comme un épiphénomène dès lors qu’elle oblige les concurrents chinois à réviser à la baisse leurs ambitions et à repenser leurs créneaux d’importation.

3Notre réflexion a pour objet d’éclairer l’émergence de ce dispositif économique qui contribue, même à la marge, à la recomposition des rapports entre la Chine et l’Afrique et dont les formes s’apparentent à celles de l’emporium, ce comptoir commercial et portuaire de l’Antiquité fondé par des étrangers, en articulation ou non avec l’arrière-pays  [9]. Nous reconstituerons tout d’abord les différentes étapes de la progression vers l’Est des marchands ressortissants des pays arabes et de l'Afrique subsaharienne, bien que ces deux groupes d’entrepreneurs, n’ayant ni le même poids démographique ni la même surface financière, approvisionnent des marchés d’ampleurs incomparables. Nous déclinerons ensuite les figures plurielles de ces marchands, et pointerons, pour finir, les mutations que leur présence génère dans les quartiers qu’ils fréquentent à Hong Kong, Guangzhou (transcription pinyin de Canton), la capitale du Guangdong, et Yiwu, dans la province côtière et industrielle du Zhejiang.

De Dubaï à Yiwu, en passant par Hong Kong et Guangzhou

4Quelques dates permettent de saisir la progression vers l’Est des commerçants transnationaux arabes et de l'Afrique subsaharienne. À partir du milieu des années 1980, les Émirats du Golfe arabo-persique ont joué un rôle pionnier de comptoir entre l’Afrique, le monde arabe et l’Asie  [10]. Ils répondaient en cela « au besoin des pays environnants de disposer d’un sas de communication avec le monde extérieur »  [11], à l’échelle régionale (Golfe, Iran, Iraq notamment) puis continentale (monde arabe et Afrique subsaharienne). Dubaï, en particulier, dont le nom a désormais valeur de marque dans de nombreuses régions du monde, a été la première à se spécialiser dans l’importation et la réexportation. Véritable plaque tournante de ce commerce transnational, elle a été la destination privilégiée de tous ceux qui voulaient acheter des produits chinois, jusqu’à ce que les opérateurs de la RPC invitent les marchands du monde arabe et de l’Afrique subsaharienne, à la fin des années 1980, à venir négocier directement dans leurs propres zones industrielles. Parmi ces derniers, l’un des cas les plus représentatifs est celui de Monsieur M., grossiste cairote implanté à Dubaï dans les années 1980, qui intègre la délégation d’importateurs égyptiens mise en place par la Chambre de commerce chinoise du Caire pour aller visiter des usines de la rivière des Perles à Guangzhou. Convaincu de l’intérêt d’un investissement en Chine, il multiplie les allers et retours entre l’Égypte et la RPC avant d’installer à Guangzhou un de ses proches qu’il charge de passer commande aux industriels chinois pour la fabrication d’articles de bazar (touristiques notamment) qui seront ensuite exportés vers l’Égypte. Son fils, avocat d’affaires, effectue aujourd’hui la navette à sa place. La société familiale s’est agrandie, le petit entrepôt de la Harat el Yehoud, dans le centre du Caire, s’est doublé d’une vaste aire de stockage située à la périphérie de la ville, et Monsieur M. est devenu l’un des entrepreneurs les plus en vue du quartier où opèrent les principaux grossistes de la métropole égyptienne.

5Les commerçants arabes ont été les pionniers des échanges avec la Chine  [12]. Leurs confrères de l'Afrique subsaharienne, quant à eux, n’ont intégré les villes chinoises dans leur propre espace commercial que progressivement, après avoir exploré d’autres places en Afrique et en Asie. Pour ces derniers, ressortissants du Mali et de la Guinée principalement, le voyage jusqu’en Asie est à mettre en lien avec la commercialisation des pierres précieuses et semi-précieuses. Dans les années 1970, ces hommes ont eu la possibilité, à un moment ou à un autre de leur vie professionnelle, d’acheminer jusqu’en Thaïlande des rubis essentiellement, mais aussi des émeraudes, des saphirs et des tanzanites, toutes ces pierres étant destinées à être transformées dans des centres de taille avant d’être commercialisées sur place ou en Europe. Ces trafics les ont conduits à rechercher dans la région des marchés plus sûrs qui leur permettraient de conforter leurs compétences acquises en matière d’import-export. À Bangkok tout d’abord, où l’industrie était en plein essor à la fin des années 1980  [13], ils ont démarché les usines locales pour y faire fabriquer des tee-shirts, des pagnes et des produits cosmétiques destinés aux marchés africains. À Jakarta ensuite, considéré comme un marché secondaire, ils se sont approvisionnés en tissus synthétiques et en chaussures. La crise économique et monétaire survenue en Asie du Sud-Est en 1997 a remis en question la présence des ressortissants africains dans ces territoires. En mai 2008, certains d’entre eux ont même été victimes d’actes de violence  [14]. Ils se sont alors tournés vers Hong Kong, qui venait tout juste d’intégrer la Chine populaire. Cette métropole de plus de 10 millions d’habitants, qui est l’une des principales places financières de l’Asie, est équipée d’infrastructures de transport très modernes. Elle a très rapidement joué le rôle de porte d’entrée vers la RPC pour les entrepreneurs étrangers, qui, de surcroît, n’avaient pas d’obligation de visa pour s’y installer ou y circuler. Depuis Hong Kong, ils ont exploré les possibilités d’achat dans les usines de Shenzhen, l’une des quatre zones économiques spéciales (ZES), avec Zhu Hai, Shantou et Xiamen, qui ont été ouvertes dans le Sud de la Chine en 1980, bien avant l’entrée de la RPC dans l’Organisation mondiale du commerce (décembre 2001)  [15].

6Dans ces périmètres spéciaux, des conditions avantageuses étaient proposées aux firmes multinationales (abaissement des droits de douane et autorisation des premiers Investissements directs étrangers, IDE). Cependant, le repli sur Hong Kong des commerçants africains a conduit à une forte concentration d’activités qui, elle-même, a débouché sur une saturation du marché. Ces entrepreneurs ont été alors obligés de poursuivre leur route vers la Chine continentale. Via le chemin de fer, ils ont rejoint Guangzhou (10,5 millions d’habitants en 2003), située sur la rivière des Perles, mais qui ne dispose pas de débouchés portuaires aussi performants que la mégapole hongkongaise  [16]. De qualité médiocre, les produits proposés dans les 900 marchés de gros de la région comme dans les deux grandes foires annuelles de la capitale du Guangdong sont meilleur marché qu’à Hong Kong ou à Dubaï  [17]. Cependant, la législation commerciale chinoise n’est guère propice à l’installation d’entreprises étrangères. Pour créer une société régie par le droit chinois, il faut disposer d’un capital d’au moins 150 000 dollars sans que cet apport donne accès pour autant à des crédits bancaires. Ceux qui s’autodésignent par le terme de traders[18] optent donc pour une seconde voie moins onéreuse : ils transfèrent en Chine le bureau qu’ils ont ouvert dans leur pays d’origine ou dans un pays tiers, à condition bien sûr que ledit bureau ait été légalisé par le droit chinois. Le durcissement des politiques migratoires contribue lui aussi à entraver les projets des commerçants africains. Les résidents doivent renouveler leur visa chaque année tandis que les visiteurs doivent rentrer dans leur pays d’origine pour demander un nouveau visa de tourisme qu’ils pouvaient, au printemps 2008 encore, obtenir à Hong Kong.

7C’est pour contourner ces obstacles que les traders s’installent depuis le début des années 2000 dans le comptoir de Yiwu, au Sud de Shanghai. Dans cette localité qui compterait 1,6 million d’habitants  [19], la création, en 1982, dans le sillage de l’ouverture économique, d’un marché spécialisé dans la vente de textiles et de produits de consommation courante (ustensiles ménagers, décoration, bijoux, jouets, articles religieux…) a permis aux fabricants locaux d’entrer en contact avec les grossistes de la province du Zhejiang puis de toute la Chine. La localité a également bénéficié, dès 1984, de la politique nationale de développement par le commerce. À partir de 1991, elle est devenue le plus important des marchés de gros spécialisés de toute la RPC.

8Sous l’impulsion et l’autorité de l’administration locale de l’industrie et du commerce  [20], un agrégat de PME, le China Small Commodities City, a été créé selon une stratégie délibérément orientée vers la concurrence par les prix. Yiwu rend accessible aux acheteurs de tous horizons la formule du supermarché, où l’ensemble des produits sont regroupés sur une même surface. Grâce à ce dispositif, il n’est plus indispensable pour les acheteurs individuels, traités ici comme des grossistes, de visiter chacune des usines disséminées dans les immenses ZES du Sud. La concurrence avec Hong Kong ou Guangzhou porte évidemment sur les marges prometteuses procurées par la revente des produits achetés à Yiwu. La ville propose en outre des avantages non négligeables en matière de coût de la vie sur place et de conditions d’accueil.

9L’internationalisation du marché spécialisé de Yiwu et son succès ont contribué à la densification du tissu industriel orienté vers la production des biens de consommation courante et à son extension à l’ensemble du Zhejiang à mesure que la demande augmentait. Il en a résulté une explosion du nombre de boutiques d’usines dans les marchés de la ville (705 en 1982,16 000 en 1992 et 58 000 en 2006) et une croissance continue du volume des transactions qui avoisine aujourd’hui les 4 milliards d’euros  [21].

10Dans un contexte où la concurrence est de plus en plus forte, la réussite d’un comptoir passe par une politique locale visant à attirer et à fixer les acheteurs internationaux. Or cette politique ne se traduit pas par une succession de places marchandes qui remplaceraient celles de la génération précédente, mais par la mise en place d’un dispositif réticulaire où chaque comptoir fait valoir ses avantages comparatifs sur les autres, en termes de prix, d’accessibilité et de conditions d’accueil.

11Quels sont donc les acteurs de ces recompositions en cours entre les différentes places marchandes ? Au-delà des structures institutionnelles et des opérateurs privés actifs au niveau des districts industriels chinois, qui sont les animateurs de ces réseaux commerciaux ? Plus précisément, quels rôles jouent les entrepreneurs transnationaux et autres transitaires, ressortissants du continent africain, qui évoluent aujourd’hui dans les métropoles chinoises et entre ces divers comptoirs ?

Plusieurs générations de négociants

12Qu’ils soient analphabètes ou instruits, trafiquants de pierres précieuses ou techniciens supérieurs, les négociants d'Afrique subsaharienne, parmi lesquels se trouvent également des femmes, présentent des itinéraires migratoires, professionnels et familiaux très variés. Les premiers entrepreneurs migrants ouest-africains qui se sont installés à Hong Kong puis à Guangzhou se targuent d’avoir créé, avant les autres communautés de l’Afrique centrale et orientale, les comptoirs qui permettent aujourd’hui à l’ensemble de la diaspora africaine de circuler entre les différentes places marchandes. Ces entrepreneurs sont en quelque sorte les têtes de pont d'un nouveau dispositif commercial. Ils assurent l’interface entre, d’une part, les usines et les différentes administrations chinoises ayant en charge le transport et le dédouanement des marchandises, d’autre part, leurs frères africains de passage. Revisitant la tradition et la figure du diatigui, cet intermédiaire des sociétés sahéliennes, ils négocient également les conditions d’hébergement de leur clientèle auprès des instances politiques locales. Les uns, en majorité nigérians, ont choisi de saisir ces opportunités commerciales plutôt que de rentrer dans leur pays après un cursus universitaire suivi en RPC. Les autres, principalement maliens et appartenant au groupe soninké, caractérisé par sa forte mobilité et ses compétences marchandes séculaires, ont élargi leur espace de transaction, incluant de nouveaux produits, de nouvelles destinations  [22]. Leurs négoces transnationaux remettent en question l’idée trop répandue selon laquelle les commerçants chinois n’auraient trouvé aucune concurrence solide sur le continent africain. À l’exemple de Monsieur L., qui s’est installé à Hong Kong dès 1979, après avoir exploité la filière de l’or et des pierres précieuses entre la République centrafricaine, la Thaïlande et la Belgique, les ressortissants de l'Afrique subsaharienne n’ont pas attendu l’arrivée des Chinois en Afrique pour monter leurs propres affaires et promouvoir de nouveaux canaux de distribution sur le continent.

13Monsieur L. commence par exporter des marchandises made in Asia (vêtements, chaussures, équipements pour la maison, produits électroniques) vers l’Afrique (Mali, Sénégal, Togo, Kenya, Angola…), pour ensuite importer en Chine des matières premières africaines (bois, fruits et oléagineux). Au fil des ans, il élargit ses activités en devenant actionnaire d’une usine implantée à Shenzhen (pagnes africains), en faisant l’acquisition d’un hôtel et en installant un restaurant ethnique dans la péninsule de Kowloon à Hong Kong. Il construit également des villas et des immeubles à Lomé, à Abidjan et à Dakar ainsi qu’un centre commercial à Bamako. Rebaptisé le « maire de Hong Kong » par ses compatriotes, il est l’archétype du négociant international qui réinvestit aussi bien en Chine qu’en Afrique  [23].

14Son compatriote, Monsieur D., bien que plus jeune, suit un parcours comparable : commerce de marchandises diverses à l’échelle africaine (prêt-à-porter au Cameroun et au Gabon) et négoce de pierres précieuses entre l’Afrique et l’Asie. En 1998, il se rend à Guangzhou pour la foire commerciale. Deux ans plus tard, il décide de s’installer dans la capitale du Guangdong et y développe un commerce d’export en produits divers (matières plastiques, produits électroménagers, produits alimentaires). Afin de limiter les risques, en raison notamment de la crise financière qui sévit alors en Asie, il préfère fermer ses bureaux de Jakarta et de Bangkok et maintenir ceux de Lomé (Togo) et de Dar-es-Salaam (Tanzanie). Monsieur D. emploie aujourd’hui une cinquantaine de Chinois pour le stockage, le transport et la négociation des produits dans les multiples sociétés créées dans la région de la rivière des Perles. À l’instar de son confrère, et bien que la RPC ait récemment durci sa politique d’accueil à l’égard des étrangers, Monsieur D. a réussi à renforcer ses positions dans son pays d’origine, en investissant autant sur le plan politique et économique qu’immobilier  [24].

15La majorité des Africains sont toutefois des commerçants itinérants, qui assurent régulièrement la navette, depuis les années 1990, entre les comptoirs installés par leurs compatriotes en Asie et les marchés du continent africain. Ils approvisionnent des marchés de gros d’ampleur nationale qui sont en pleine expansion à un moment où les commerçants chinois n’ont pas encore exploré les rives africaines. En 1983, Monsieur S., un Algérien de Sétif s’inscrit à la Sorbonne. Très vite, il interrompt ses études et retourne dans son pays pour travailler dans un journal d’opposition. Il n’y reste pas cependant, rejoint la Finlande, la Suède, puis de nouveau la France, passe « dix années à visiter l’Europe » et à exercer divers métiers. En 1992, le commerce privé commence à se développer en Algérie. Monsieur S. se lance alors dans l’import-export de divers types de produits (gadgets, décoration, outillage), depuis la France tout d’abord, depuis la Turquie, l’Ukraine et le Golfe ensuite, afin d’alimenter le marché algérien d’El Eulma, que l’on appelle alors le « marché Dubaï ». Au début des années 2000, au moment de la montée en puissance des importations chinoises, il se laisse convaincre par un ami : « La Chine, c’est la source de tous les produits. On quitte le Golfe pour partir plus à l’Est, à la source ». Monsieur S. suit le mouvement, découvre Yiwu et finit par s’y rendre tous les deux mois à partir de l’Algérie, pour le suivi de ses commandes. Loin d’être un cas isolé, l’exemple de Monsieur S. illustre bien les redéploiements en cours. Selon un rapport produit par le Border Administration Office de Guangzhou, il y avait environ 500 000 visiteurs étrangers en transit dans la capitale du Guangdong en 2007 pour 15 000 étrangers résidant dans la ville. Selon d’autres sources  [25], on compterait un peu plus de 1 000 traders africains installés à Guangzhou pour près de 32 000 visiteurs africains recensés dans les hôtels et les restaurants.

16La cohabitation de plusieurs générations de commerçants itinérants permet de saisir la grande hétérogénéité des profils migratoires. Certains s’inscrivent dans une logique de « coups » : dépourvus de bagage scolaire ou n’ayant qu’un capital social très limité, ils s’aventurent, à la recherche de gains faciles, au-delà des périmètres commerciaux qu’ils couvrent habituellement en Afrique. D’autres, plus nombreux, mais aussi plus diplômés et mieux introduits dans le monde des affaires, essaient de faire carrière en se déplaçant régulièrement pour connecter entre elles les places marchandes. Dans ce second créneau, les femmes d'Afrique subsaharienne ont désormais leur place. En témoigne cette jeune Kenyane, diplômée en gestion commerciale, que nous avons rencontrée à Guangzhou où elle négociait des conteneurs de petit matériel informatique à destination de Nairobi.

17Ce dispositif marchand qui combine ancrage et mobilités se recompose sans cesse, au gré des conjonctures : la multiplication du nombre de commerçants africains sur les marchés de gros chinois, l’évolution de la demande en Afrique  [26], le maintien des limitations relatives à la participation étrangère au capital des entreprises dans certaines régions industrielles de la RPC ou la promotion par les autorités locales des politiques incitatives d’accueil dans d’autres. De nombreux voyageurs et traders africains rencontrés à Guangzhou en 2006 sont ainsi partis pour Yiwu en 2008, à la veille des Jeux olympiques, en faisant l’hypothèse que les autorités du Zhejiang seraient moins regardantes que celles du Guangdong quant à l’obligation du permis de résidence.

Installation africaine et transformation des quartiers chinois

18Si les travaux relatifs à la formation des quartiers chinois (Chinatowns) en Europe et aux États-Unis sont nombreux, les recherches apportant un éclairage sur l’implantation des négociants africains dans les grandes villes se limitent bien souvent à la sphère africaine bien qu’elles renseignent utilement sur les conditions d’accueil mises en place par la société locale ou par les primo-migrants  [27]. L’arrivée par vagues successives de traders, ressortissants du monde arabe et de l'Afrique subsaharienne dans les places chinoises permet de réinterroger quelques-unes des dynamiques décrites par les sociologues de l’École de Chicago sur la cohabitation pluriethnique en ville  [28]. Il semble en particulier, à la lumière de nos premières recherches dans la région, qu’il n’y ait pas, pour l’instant, de conflits pour l’appropriation de l’espace entre les ressortissants des deux rives du Sahara. Dans la suite des travaux conduits par Daouda Koné à Marseille  [29], on pourrait davantage parler d’un passage de relais entre migrants arabes et subsahariens ; les seconds, nettement moins nombreux, accédant, avec quelques années de décalage, aux zones commerciales et aux quartiers résidentiels investis par les premiers. Enfin, la forte visibilité des marchands noirs africains dans certains quartiers des villes chinoises ne traduit pas nécessairement un fonctionnement en enclave ethnique.

Les Chungking Mansions : un îlot africain à Hong Kong ?

19À Hong Kong, les ressortissants d’Afrique subsaharienne se concentrent dans la péninsule de Kowloon dans deux immeubles du quartier de Tsim Sha Tsui. Construits au début des années 1960 sur 17 étages, les Chungking Mansions accueillaient principalement des Chinois de Guangzhou dans une zone où se succédaient jusqu’à l’embarcadère pour l’Île de Hong Kong des hôtels et des commerces de luxe. Aujourd’hui très dégradés, ces immeubles sont considérés comme des lieux de perdition rassemblant des immigrés illégaux, des prostituées et des trafiquants de tout genre. Aux étages inférieurs sont regroupées plus d’une centaine de boutiques proposant des produits électroniques, des téléphones portables, de l’habillement et des bijoux sans compter les bureaux de change et les agences de voyage dont les services ont été spécialement conçus pour les commerçants de passage. Si la clientèle est en majorité africaine, les vendeurs, eux, sont subsahariens, arabes, bengalis, indo-pakistanais et chinois  [30]. Les étages supérieurs sont principalement occupés par des guesthouses très bon marché attirant aussi bien les commerçants itinérants en provenance d’Afrique que les routards. Quelques restaurants ethniques, quelques tailleries d’ivoire et de pierres précieuses et semi-précieuses complètent le dispositif. Mais l’avenir de cet îlot inséré dans le quartier des affaires est incertain. En effet, la pression foncière est particulièrement forte à Hong Kong et les bâtiments voisins ont déjà fait l’objet de grands travaux de réhabilitation et de rénovation. La destruction des Chungking Mansions semble donc être un scénario inéluctable. Hong Kong restera-t-elle une étape sur la route des marchands africains à l’heure où les comptoirs de la Chine continentale se multiplient et où les Chinois se déplacent directement à Dubaï pour vendre leurs marchandises ?

Xiao Beilu  [31], le quartier africain de Guangzhou

20Depuis un peu plus de dix ans, les commerçants arabes se sont installés le long d’une grande artère (Huanshi Middle Road), dans le Xiao Beilu, situé au Nord-Ouest de la ville, à proximité de la gare ferroviaire centrale et de Liuhua Fair Centre, l’une des deux foires de Canton. Là, ils ont créé des sociétés d’export dans les tours nouvellement construites et encore peu occupées. Des opérateurs chinois ont profité de cette arrivée pour ouvrir des restaurants (Sindbad restaurant, Amir restaurant…) à l’intention d’une clientèle de passage arabe à laquelle ils offrent ainsi la possibilité de se retrouver en terrain familier. En 2003, le Tianxiu Building, lieu de concentration des premiers showrooms, a même été rebaptisé Yemen Building par ses habitués  [32]. La toponymie urbaine nous renseigne à la fois sur la façon dont les commerçants étrangers participent à la construction d’une mémoire collective en migration mais aussi sur la manière dont les autochtones tirent parti de ces mouvements migratoires. Le Moka Coffee, au rez-de-chaussée du Tianxiu Building, l’African Mamaya restaurant, sur la terrasse d’une tour voisine, l’Africa Trading Center, aux étages inférieurs du Taoci Building, tous ces lieux tantôt renommés par des Chinois, tantôt créés par des Africains subsahariens signalent l’arrivée dans cette « rue globale marchande » d’une nouvelle clientèle, subsaharienne, qui vient remplacer celle des marchands arabes, aujourd’hui dispersés dans d’autres quartiers de la ville (Ersha Island, Tianhebei…) ou partis pour Yiwu.

21À l’aube des années 2000, des marchands d’Afrique subsaharienne, jusqu’alors installés dans les comptoirs de Hong Kong, Bangkok, Jakarta ou Kuala Lumpur, ont en effet ouvert des bureaux dans les étages supérieurs du Tianxiu Building, immeuble de 35 étages. Selon nos enquêtes, le premier commerçant à s’y implanter en 2000 serait un Malien. Actuellement, cet immeuble regroupe près de 600 bureaux dont 70 % seraient loués à des ressortissants africains et du Moyen-Orient  [33]. C’est à partir de cet immeuble, qui fait office de centre commercial africain, que d’autres malls (Tao Ci Mansion, JinShan Elephant Trade Mall, Oversea Trading Mall) se sont développés par capillarité dans les tours voisines (Xiushan, Guolong, Yisheng Buildings…). Empruntant les passerelles suspendues qui parcourent cet îlot, des marchands arabes et d'Afrique subsaharienne, le téléphone portable vissé à l’oreille, se déplacent d’un bâtiment à l’autre à la recherche des meilleures affaires, après avoir visité les marchés de gros de Zhanxi, Liuha ou Baima. Pendant ce temps, des femmes en boubou discutent à l’entrée d’une tour avant d’aller préparer les repas dans les petites gargotes qu’elles tiennent plus ou moins clandestinement aux étages supérieurs. Cependant, les règles d’hospitalité des étrangers s’étant récemment durcies (augmentation du coût des visas, diminution de leur durée de validité, multiplication des contrôles policiers), les populations africaines installées à Guangzhou optent désormais pour plus de discrétion dans l’espace public. Des mesures ont par ailleurs été prises localement par les promoteurs immobiliers pour éviter de nouvelles concentrations des commerçants africains dans une même tour. Conséquence directe, en juillet 2008, des locaux commerciaux occupés les années précédentes par des traders africains ont été repris par des concurrents chinois de plus en plus offensifs. Certains marchands africains ont été amenés à transférer leurs bureaux dans les quartiers voisins, plus au Nord, tandis que d’autres ont poursuivi leur route vers Yiwu ou rebroussé chemin vers Bangkok ou encore sont rentrés au pays, contribuant à relativiser le caractère polarisant de Xiao Beilu dans les trajectoires africaines.

Yiwu : une rue de restaurants arabes

22Le quartier de Meidah  [34] ou San mao chu (district économique n?3) est le domaine privilégié des commerçants musulmans de Yiwu, qu’ils soient arabes, iraniens, pakistanais, afghans ou africains subsahariens. Ils ont été précédés dans la place, dès l’essor du marché dans les années 1980, par les Ouïghours et les Hui, Chinois de confession musulmane, qui effectuaient la navette entre la Chine côtière et la Chine de l’intérieur  [35], afin de vendre des vêtements et divers types de produits manufacturés chinois dans des marchés frontaliers. Aujourd’hui, de nombreux Ouïghours travaillent dans les restaurants, tandis que les diplômés hui de la province du Ningxia ont trouvé une nouvelle activité plus rémunératrice en proposant leurs services en tant que traducteurs. D’ascendance arabe, ils sont en effet familiers de cette langue qu’ils étudient, dans le cadre de leur éducation religieuse, par la lecture du Coran, en Chine ou dans les universités d’autres États musulmans arabes et asiatiques  [36].

23Véritable niche migratoire pour les Chinois musulmans, Meidah est progressivement devenu l’espace de rencontre et d’interaction entre ces derniers et les traders de confession musulmane. L’alignement dans l’une des rues centrales de restaurants égyptiens, algériens, irakiens et libanais, où l’on trouve de la nourriture hallal conforme aux préceptes religieux de l’islam, atteste la présence importante des musulmans dans ce comptoir. Leur nombre, en tant que résidents étrangers, est estimé à 3 500 sur un total de 8 000 installés dans la ville  [37]. Aux alentours de cette rue centrale, de nombreuses autres activités permettent de satisfaire les demandes des résidents et de ceux qui ne font que passer : hôtels, salons de massage et bien sûr bureaux de dédouanement dont les enseignes sont en arabe, en chinois et en anglais  [38].

24Les traders se rendent d’abord à l’International Trade Center (ITC), créé entre 2002 et 2004, véritable coeur de Yiwu avec ses 17 000 boutiques d’usines où se concentrent les trois quarts des transactions effectuées dans la ville et dans d’autres vastes marchés disséminés dans le tissu urbain. À 17 heures, lorsque l’ITC ferme ses portes, ils se rendent à Meidah où ils dorment, se détendent, négocient et se nourrissent, le quartier étant entièrement organisé en fonction de leur accueil.

25Les migrants africains marquent de leur empreinte les villes dans lesquelles ils s’installent, même temporairement. Ils contribuent à l’ébauche d’Africa-towns, à l’essor ou à la consolidation de centralités commerciales. Toutefois, dès l’instant où ils sont rejoints par des compatriotes aux activités considérées comme déviantes et où les interactions que ces derniers développent avec les membres de la société locale sont susceptibles de remettre en question les normes sociales en vigueur ou de menacer la sécurité des communautés en présence, les autorités publiques s’emploient à requalifier  [39] les lieux pour modifier radicalement la composition de la population résidente.

26Le développement d’une économie concurrentielle de comptoir en Chine et en Asie du Sud-Est participe, bien que discrètement, des échanges économiques entre l’Afrique et l’Asie. Elle se situe à la conjonction de trois logiques d’acteurs : les acteurs institutionnels et privés des districts industriels chinois, les commerçants transnationaux, les acteurs locaux et internationaux implantés sur les marchés de première génération, dont Dubaï constitue le modèle. Les premiers partent du principe que la quantité de produits vendus compense la faiblesse des bénéfices. Cette concurrence, qui se joue sur la modicité des prix, opère au niveau des industries représentées au sein d’un même marché spécialisé comme à Guangzhou ou à Yiwu, mais aussi entre les marchés eux-mêmes. Elle pousse les opérateurs à chercher de nouveaux débouchés au niveau international, afin d’atténuer les effets de la concurrence qui se joue sur le marché national chinois aux échelles régionale et nationale. C’est ainsi que les opérateurs chinois ont profité ces cinq dernières années de l’augmentation de la demande en produits de consommation des pays du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord pour implanter directement leurs firmes à Dubaï et notamment dans la zone franche de Jebel Ali  [40]. Depuis, les projets se sont multipliés : en 2004 a été inauguré le Dragon Mart, zone industrielle et commerciale destinée à regrouper le millier de firmes chinoises déjà basées dans les Émirats et présentée comme le principal hub commercial de produits chinois hors du territoire de la RPC.

27Les seconds – importateurs, acheteurs, transitaires – circulent d’une place marchande à l’autre pour comparer les prix et la qualité des produits proposés. Parmi eux, les traders arabes et d'Afrique subsaharienne doivent tenir compte de la concurrence exercée par les commerçants chinois qui non seulement investissent aujourd’hui directement les marchés arabes et africains mais aussi tentent d’écarter les traders des circuits afin de pouvoir assurer l’interface entre les clients africains et les producteurs chinois. Quant aux marchés asiatiques, ils deviennent des maillons qui sont liés entre eux au prix d’un renouvellement constant des efforts pour maintenir à la fois des prix bas dans les lieux de production et des conditions d’accueil suffisamment attractives pour les étrangers qui les fréquentent.

28Les troisièmes acteurs redéfinissent leurs stratégies en fonction des contraintes imposées par les barrières protectionnistes, les frontières ou les législations nationales et internationales, et les logiques industrielles que redessinent les exigences du transport et de l’entreposage des marchandises.

figure im1

Notes

  • [1]
    « Market Forces », South China Morning Post, 20 avril 2008.
  • [2]
    Wayne M. Morrison, China's Economic Conditions, Congressional Research Service, CRS Report for Congress, 2008 (http : /// www. fas. org/ sgp/ crs/ row/ RL33534. pdf)(consulté le 26 mai 2008).
  • [3]
    François Lafargue, « La Chine, une puissance africaine », Perspectives chinoises, 90, juillet-août 2005, p. 2-10.En ligne
  • [4]
    Pierre-Antoine Braud, « La Chine en Afrique : anatomie d’une nouvelle stratégie chinoise », Analysis, octobre 2005 ((www. iss-europa. eu/ index. php)(consulté le 19 juin 2009).
  • [5]
    Valérie Niquet, « La stratégie africaine de la Chine », Politique étrangère, 2e trimestre, 2006, p. 361-374.
  • [6]
    Notamment en Afrique du Sud, en Égypte, au Nigeria, en Algérie et au Maroc, ces pays représentant 55 % du total de ces commercialisations.
  • [7]
    L’Afrique de l’Ouest comptait 300 millions d’habitants en 2006, soit un tiers de la population du continent. Le Nigeria, à lui seul, représente 45 % de la population régionale et reçoit 42 % des exportations chinoises en Afrique de l’Ouest.
  • [8]
    Cet article se fonde pour l’essentiel sur des travaux de terrain (observations et entretiens non directifs auprès de ressortissants arabes et d'Afrique subsaharienne (installés et de passage) et d’intermédiaires chinois) réalisés par les auteurs à Hong Kong et Guangzhou en juillet 2006 et 2008 et à Yiwu en octobre 2006.
  • [9]
    Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1990 (réédition en trois tomes) ; Alain Tarrius, « Naissance d’une colonie : un comptoir commercial à Marseille », Revue européenne des migrations internationales, 11 (1), 1995, p. 21-52.En ligne
  • [10]
    Roland Marchal (dir.), Dubaï, cité globale, Paris, CNRS Éditions, 2001.
  • [11]
    Marc Lavergne, « Dubaï ou la métropolisation incomplète d’un pôle en relais de l’économie monde », Cahiers de la Méditerranée, 64,2002, Les enjeux de la métropolisation en Méditerranée, p. 257-296.
  • [12]
    L’histoire de Guangzhou fait état d’une présence musulmane ancienne. Sous la dynastie des Tang (618-907), la ville était déjà le centre d’un commerce actif avec l’Inde et les mondes musulmans. Les étrangers reçurent le droit de s’y installer en 714. Plus tard, au XIVe siècle, des commerçants arabes s’établirent dans un quartier réservé où ils développèrent à la fois des lieux de prière et des bazars, exerçant un négoce essentiellement maritime avec les ports du golfe Persique, de la mer Rouge et de l’océan Indien.
  • [13]
    Groupement d'intérêt scientifique pour l'étude de la mondialisation et du développement (GEMDEV), États, politiques publiques et développement en Asie de l’Est, Paris, Karthala, 1998.
  • [14]
    Voir Erik Izraelewicz, Quand la Chine change le monde, Paris, Grasset et Fasquelle, 2005.
  • [15]
    Thierry Sanjuan (dir.), Dictionnaire de la Chine contemporaine, Paris, Armand Colin, 2006.En ligne
  • [16]
    François Gipouloux, « Attractivité, concurrence et complémentarités : la place ambiguë des villes côtières chinoises dans la dynamique économique du corridor maritime de l’Asie de l’Est », Outre-Terre, 15,2006, p. 149-160.
  • [17]
    Églantine Jastrabsky, « Le poids de Canton », Outre-Terre, 15,2006, p. 161-177.
  • [18]
    Le terme anglais trader désigne habituellement un opérateur de marché qui spécule en Bourse sur une grande échelle et suit en temps réel l’évolution des marchés internationaux, en saisissant les opportunités et en anticipant les tendances. Le trader exerce son activité dans les salles de marchés des institutions bancaires ou boursières. Ici, le terme est pris au sens plus large de commerce (trade). Il désigne un opérateur qui, par le biais de son bureau ou société de trading, vend en gros à l’échelle internationale des marchandises fabriquées en Chine, en s’adaptant constamment à la demande du consommateur.
  • [19]
    Le conditionnel s’impose tant la migration intérieure vers le district et vers la ville est importante.
  • [20]
    Daniel C. K. Chow, « Organized Crime, Local Protectionism, and the Trade in Counterfeit Goods in China », China Economic Review, 14 (4), 2003, p. 473-484.En ligne
  • [21]
    Ding Ke, Distribution System of China's Industrial Clusters : Case Study of Yiwu China Commodity City, Discussion Papers n?075, IDE-JETRO, Tokyo, 2006 ((www. ide. go. jp/ English/ Publish/ Download/ Dp/ 075. html)(consulté le 19 juin 2009).
  • [22]
    François Manchuelle, Les diasporas des travailleurs soninké (1848-1960). Migrants volontaires, Paris, Karthala, 2004.
  • [23]
    Entretiens réalisés à Hong Kong dans le restaurant et le bureau de Monsieur L., en juillet 2006 puis 2008.
  • [24]
    Entretiens réalisés à Guangzhou dans le bureau de Monsieur D., en juillet 2006, puis en juillet 2008 à Hong Kong et à Guangzhou. Des entretiens complémentaires ont été conduits auprès de ses collaborateurs à Bamako, en septembre 2007.
  • [25]
    Zhigang Li, Desheng Xue, Michael Lyons, Alison Brown, « Ethnic Enclave of Transnational Migrants in Guangzhou : A Case Study of Xiaobei », International Conference on China’s Urban Land and Housing in the 21st Century », Hong Kong, 13-15 décembre 2007.
  • [26]
    Entre 2006 et 2008, nous avons observé au cours de nos entretiens une recomposition notable des marchés : les produits concernant la personne (vêtements, cosmétiques…) ont été délaissés au profit des matériaux pour la construction et des produits alimentaires vivriers.
  • [27]
    Sylvie Bredeloup, La Diams’pora du fleuve Sénégal. Sociologie des migrations africaines, Toulouse, Presses universitaires du Mirail/IRD Éditions, 2007.
  • [28]
    Sur la manière dont les groupes sociaux nouvellement arrivés dans une ville s’approprient des territoires où ils s’efforcent de préserver des formes culturelles spécifiques, voir, entre autres, les travaux de William Burgess, de Robert Park et de Louis Wirth. Voir également Yves Grafmeyer, Isaac Joseph, L’École de Chicago. Naissance de l’écologie urbaine (1979), Paris, Aubier, 1990.
  • [29]
    Daouda Koné, « Passage de relais à Marseille : Noirs africains et Maghrébins ensemble dans la ville », Mondes en développement, 23 (91), 1995, p. 45-53.
  • [30]
    Ces marchands, qui proviennent d’un grand nombre de pays africains mais qui semblent tous être en mesure de communiquer les uns avec les autres, ont conduit Adams B. Bodomo à qualifier les Chungking Mansions de tours de Babel. Adams B. Bodomo, « The Emergence of African Communities in Hong Kong and Mainland China », Stanford University African Studies Centre, Africa Table, 23 mai 2007.
  • [31]
    Lu sigifiant Nord et Bei, quartier.
  • [32]
    Marie Gaborit, « Les stratégies d’acteurs chinois et leur rôle dans le développement de la coopération sino-africaine. Les cas du Sénégal et de la Mauritanie », mémoire de master 2, Institut français de géopolitique, Université Paris VIII, 2007.
  • [33]
    A. B. Bodomo, « The Emergence of African Communities in Hong Kong and Mainland China », cité.
  • [34]
    Meidah est le nom sinisé du premier restaurant arabe implanté dans la ville. Voir M. Gaborit, « Les stratégies d’acteurs chinois et leur rôle dans le développement de la coopération sino-africaine. Les cas du Sénégal et de la Mauritanie », cité.
  • [35]
    Notamment dans le Xinjiang frontalier du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Afghanistan et du Pakistan.
  • [36]
    Élisabeth Allès, « L’enseignement confessionnel musulman en Chine », Perspectives chinoises, 74, novembre-décembre 2002, p. 21.En ligne
  • [37]
    as-sin al yowm (La Chine aujourd’hui), magazine mensuel chinois en langue arabe, décembre 2006.
  • [38]
    É. Allès, « L’enseignement confessionnel musulman en Chine », art. cité, p. 21.
  • [39]
    En changeant les usages ou la valeur des lieux par de nouvelles constructions notamment.
  • [40]
    Elle a accueilli dès 1991 près de 4 000 entreprises dont 39 % provenaient du Moyen-Orient et 29 % d’Asie. Cf. Wouter Jacobs, Peter V. Hall, « What Conditions Supply Chain Strategies of Ports ? The Case of Dubaï », Geo-Journal, 68 (4), avril 2007, p. 327-342.
Brigitte Bertoncello
Brigitte Bertoncello est géographe, professeur en urbanisme et aménagement à l’Université de Provence et membre du Laboratoire population environnement développement (LPED), à Marseille. Ses recherches portent sur les relations entre urbanisation et migration. Elle a publié notamment (avec la collaboration de Thomas Samba Sarr), Du Sénégal à Marseille : migration réussie d’un gentleman rasta (Paris, L’Harmattan, 2009) et « Chine-Afrique ou la valse des entrepreneurs-migrants » (avec Sylvie Bredeloup), Revue européenne des migrations internationales (25 (1), 2009, à paraître en juillet.
bg.bertoncello@wanadoo.fr
Sylvie Bredeloup
Sylvie Bredeloup est socio-anthropologue et directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD, UMR LPED), à Marseille. Elle travaille sur les articulations entre mobilités spatiales, identités sociales et territoires urbains. Elle a publié, entre autres, « L’aventurier, une figure de la migration africaine », Revue internationale de sociologie (CXXV (2), juillet-décembre 2008, p. 281-306) ; « Les entrepreneurs migrants chinois au Sénégal : la métaphore du jeu de go ? », dans Momar-Coumba Diop (dir.), Le Sénégal des migrations. Mobilités, identités et sociétés (Paris,Karthala, 2008) ; « De Hong Kong à Guangzhou, de nouveaux “comptoirs” africainss’organisent » (avec Brigitte Bertoncello), Perspectives chinoises (1, 2007, p. 98-110) ;La Diams’pora du fleuve Sénégal. Sociologie des migrations africaines (Toulouse,Presses universitaires du Mirail/IRD Éditions, 2007), et « La migration chinoise enAfrique : accélérateur du développement ou “sanglot de l’homme noir” ? » (avecBrigitte Bertoncello), Afrique contemporaine (218, 2006, p. 199-224).
sylvie.bredeloup@univ-provence.fr
Olivier Pliez
géographe et chargé de recherche au CNRS (Laboratoire interdisciplinaire,solidarités, sociétés, territoires, UMR LISST) à Toulouse. Ses travaux portent sur lesroutes migratoires et marchandes entre l’Égypte, le monde arabe et la Chine. Il apublié, entre autres, « Salloum (Égypte), une bourgade bédouine sur les routes dela mondialisation », Espace géographique (38 (1), 2009, p. 31-42) ; « Des jeans chinoisdans les rues du Caire, ou les espaces discrets de la mondialisation », Mappemonde(88 (4), 2007) (http://mappemonde.mgm.fr/num16/articles/res07404.html) ;« Tripoli, vers l’effacement de l’africanité de la capitale libyenne ? », Migrationssociété (18 (107), 2006, p. 199-210).
olivier.pliez@univ-tlse2.fr
Mis en ligne sur Cairn.info le 28/09/2009
https://doi.org/10.3917/crii.044.0105
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po © Presses de Sciences Po. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...