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De qui sommes-nous le « Nous » ? Il est des évidences indiscutées, des formules récurrentes qui viennent sous la plume ou dans les discours et qui font surgir un « Nous » dont nous ne savons plus très bien au fond quelle est la teneur. De quelle consistance est donc ce « Nous » ? À l’épreuve de l’étranger, ou de la venue des migrants dans nos sociétés, une réponse survient et s’affirme de plus en plus retentissante : ce sont « Eux », qui ne sont pas d’ici, et qui n’ont aucune vocation à devenir « d’ici », car ils ne sont pas « Nous ». Au nom d’une essence, ou d’une substance qui échappe au temps et à l’histoire, ce « Nous » qui pourrait pourtant fonder un « propre » de la Nation, ou du patriotisme comme forme possible d’un monde commun, se transforme en un « pur » du national-populisme ascendant qui cherche à se protéger de l’invasion, à combattre le « grand remplacement » et à échapper au « suicide français ».
Michel Agier prend l’exact contre-pied de ce langage de la peur, du rétrécissement et de l’anéantissement d’une France et d’une Europe à la dérive où, contrairement à ce qui semble être une vague qui pourrait nous engloutir, rien n’est vraiment perdu. Michel Agier est anthropologue de la frontière et des camps ; son travail sur les relations entre ce qu’il appelle la « mondialisation humaine », les conditions et lieux de l’exil, et la formation de nouvelles logiques urbaines et de nouveaux contextes nationaux, ainsi que ses réflexions sur l’« encampement du monde », ont donné lieu à des publications de grande ampleur …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/06/2017
- https://doi.org/10.3917/criti.841.0525
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