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La menace de la destruction atomique de l’espèce humaine s’est estompée dans l’imagination occidentale avec l’interruption de la guerre froide. À sa place, le spectre d’autres fins moins guerrières a ressurgi pour prolonger le schéma que l’arme nucléaire avait si bien mis en place, selon lequel la science et la technique, symboles de la puissance de l’homme moderne, échappent à la maîtrise de leur créateur et le conduisent à sa perte. Si l’eschatologie écologique maintient le principe de la destruction de l’homme à travers celle de son environnement, dans la plupart des narrations pessimistes l’espèce survit mais se transforme ou se trouve remplacée par des êtres qu’elle a elle-même fabriqués. La crainte de la destruction matérielle cède le pas à celle de la perte d’une hypothétique essence ou identité, peur d’une humanité dénaturée dans laquelle nous, créatures du début du troisième millénaire, ne pouvons plus nous reconnaître.
Avec ses paradoxes ou ses contradictions, le terme « posthumain », qui depuis quelques années connaît un succès grandissant, renvoie assez bien à cette projection d’un nous-même méconnaissable ou d’une progéniture illégitime. Comme pour le postmoderne, ou même le « posthistorique », censés définir notre temps, le préfixe « post », dramatique, choquant peut-être dans « posthumain », prétend à la lucidité plutôt qu’au pessimisme. En renonçant à être moderne, historique ou humain, on se réclame de la clairvoyance de ceux qui viennent après. Le posthumain pousse cette outrecuidance jusqu’à prétendre défini…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 25/02/2012
- https://doi.org/10.3917/criti.709.0541
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