CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Le changement climatique constitue une thématique politique relativement récente dans les agendas politiques et électoraux. Souvent, au sein du grand public, la question climatique est perçue à travers la médiatisation des grands sommets des Nations unies consacrés à cette problématique (Rio de Janeiro en 1992, Kyoto en 1997, Copenhague en 2009, Paris en 2015, etc.). Mais les positions que défendent les différents pays lors de ces réunions ont bien entendu été préalablement construites, entre autres, sur les scènes nationales.

2Les partis politiques sont à la fois les reflets des opinions publiques et les initiateurs des régulières redéfinitions des orientations politiques qui entourent la thématique du changement climatique. Notamment, ils filtrent les demandes politiques émanant de la société civile qui paraissent compatibles avec leur programme et semblent pouvoir être rencontrées, et les transforment. Aux États-Unis, la polarisation politique autour de la question du changement climatique est aisément détectable  [1]. D’un côté, le Republican Party se montre fortement critique, non seulement à l’égard des politiques climatiques discutées dans les cénacles de l’ONU, mais aussi, pour une part de ce courant, quant à l’existence du phénomène du changement climatique d’origine humaine. Ce type de position est particulièrement présent au sein du Tea Party. De l’autre côté, le Democratic Party se montre à l’inverse nettement plus favorable à des objectifs climatiques. De même, à l’instar du président Barack Obama ou du vice-président Al Gore précédemment, il reconnaît sans ambiguïté la réalité de ce phénomène physique, l’estime inquiétant et considère qu’il doit motiver une action.

3En Europe, l’opinion publique se déclare majoritairement convaincue de la réalité de changements climatiques d’origine anthropique et la trouve préoccupante, même s’il existe une part significative de la population qui en doute. Ce scepticisme se traduit-il dans les programmes électoraux de certains partis politiques, à l’instar de ce que l’on constate aux États-Unis ? Telle a été la question à la base du présent Courrier hebdomadaire [2]. Précisons d’emblée que ce que nous désignerons ici par « climato-scepticisme », au sens strict de mise en doute du changement climatique d’origine humaine, n’est qu’un aspect assez partiel de cette étude. Nos résultats révèlent en effet que cette position climato-sceptique est extrêmement minoritaire parmi les formations politiques d’Europe.

4Il est avéré que, s’il existe de nombreuses questions d’ordre scientifique à l’égard du phénomène relativement nouveau et marqué par de nombreuses incertitudes qu’est le changement climatique, il existe aussi un scepticisme volontairement entretenu dans le but de freiner les politiques climatiques, ressenties parfois comme dommageables à l’économie par certains acteurs  [3]. Dans cette perspective, la mise en cause du phénomène lui-même constitue l’une des multiples positions de réserve ou d’opposition qui existent par rapport aux politiques climatiques en cours ou en projet. Dans le spectre des partis européens, comme le montre la présente étude, les réticences et les résistances aux politiques climatiques se révèlent plus présentes que le climato-scepticisme, défini ici comme des doutes explicites sur l’existence et la portée du réchauffement climatique en s’écartant du consensus scientifique. Notre recherche se focalise particulièrement sur ce type de positions de résistance par rapport à l’importance du phénomène climatique et aux politiques menées pour le contrer, que ce soit en incluant ou non des doutes quant au phénomène lui-même. Elle cherche également à établir dans quelle mesure ces discours se retrouvent plus particulièrement dans certaines familles politiques de la scène européenne.

5 Ce faisant, la présente étude se focalise volontairement sur une différenciation particulière des discours des partis politiques sur les questions climatiques. Comme déjà indiqué, la question de départ a été inspirée par la situation qui prévaut aux États-Unis, où le climato-scepticisme est répandu sous différentes formes dans des formations politiques. Comme il n’existe pas d’étude systématique sur ce point appliquée au cas des partis européens, nous avons souhaité contribuer à combler cette lacune. En revanche, il est évident que de nombreuses différences de positionnement existent au sein de la grande majorité des partis qui acceptent le consensus scientifique sur le climat et promeuvent peu ou prou des politiques climatiques (le plus souvent inspirées par l’Union européenne). Malgré le grand intérêt de ces questions, elles ne sont pas abordées ici, car elles dépasseraient de loin le cadre d’un Courrier hebdomadaire.

6Pour mener notre recherche, nous avons analysé les programmes électoraux élaborés par 47 partis politiques en vue du scrutin européen de mai 2014. Quatre catégories en relation avec le changement climatique et avec les politiques menées à son encontre ont été établies. La première catégorie (A) regroupe les partis climato-sceptiques au sens défini ci-dessus. Dans la deuxième (B), sont rangés les partis qui estiment que le problème est très exagéré, mais qui peuvent à l’occasion prôner certaines mesures partielles qui seraient conformes à des politiques favorables à cet égard, via par exemple la promotion d’énergies renouvelables. Dans la troisième (C), se trouvent les partis qui ne se réfèrent pas au changement climatique ou qui n’adhèrent pas explicitement aux objectifs climatiques, mais qui développent un discours et proposent des mesures relativement compatibles avec la prévention du changement climatique. Enfin, la quatrième catégorie (D), de loin la plus large et fournie, regroupe les très nombreux partis en phase avec les grandes lignes de la politique européenne sur le climat.

7 Après avoir posé le cadre de la problématique et avoir présenté la méthodologie mise en œuvre, l’exposé se structurera en trois parties. La première sera consacrée à la Belgique : elle proposera une vue d’ensemble des positions des principaux partis politiques belges (à savoir ceux ayant obtenu au moins un élu à la Chambre des représentants suite aux élections fédérales du 25 mai 2014) vis-à-vis du changement climatique. La deuxième concernera les partis politiques des quatre pays qui comptent le plus grand nombre de députés au Parlement européen : l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni. Enfin, la troisième partie aura trait aux partis membres de trois groupes politiques du Parlement européen : le groupe des Conservateurs et réformistes européens (groupe CRE), le groupe Europe libertés démocratie (groupe ELD) et le groupe de l’Alliance européenne pour la liberté (groupe AEL)  [4].

1. Contexte et méthodologie

8Avant toute chose, il convient de présenter brièvement le contexte de la problématique étudiée et de préciser succinctement la méthodologie mise en œuvre.

1.1. Le contexte

9 Au cours des vingt-cinq dernières années, le problème climatique s’est progressivement installé dans les agendas mondiaux, européens, nationaux, régionaux, voire locaux. La complexité de ce problème renvoie à la nature de son objet, qui croise à la fois des considérations scientifiques, politiques et sociétales. La politisation du changement climatique a été intégrée de manière relativement rapide à l’agenda mondial. Elle a donné lieu à la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en 1988. Toutefois, si les connaissances sur le changement climatique se sont largement précisées et approfondies et si l’alerte scientifique sur cet objet fait consensus, la difficulté de cette problématique réside dans l’importance des changements à apporter aux modes de production, en particulier quant à la réduction drastique d’utilisation d’énergie fossile (pétrole, gaz, charbon) pour respecter les équilibres climatiques  [5]. D’aucuns voient même dans le changement climatique un facteur qui contraint à repenser l’ensemble de nos modes de consommation, ou de vie, ou encore notre relation à la nature.

10 À ce titre, le changement climatique se trouve au centre d’un débat de société qui peut entrer directement en collision avec d’autres enjeux politiques, d’autres problèmes publics, d’autres représentations des alternatives futures et d’autres priorités pour les partis politiques. L’enjeu climatique a déjà commencé à polariser toute une série de partis politiques autour d’un clivage productivisme/anti-productivisme ou d’une opposition qualité/quantité  [6]. La politisation du changement climatique est ainsi devenue en partie un enjeu idéologique, pour lequel les partis politiques entrent en compétition afin de promouvoir leur propre définition de la problématique et leur propre projet politique. Les familles politiques sont également concernées par ce débat et rencontrent certaines difficultés à fixer une ligne partisane claire sur le changement climatique et sur l’attention politique à accorder à ce nouvel enjeu de politique publique  [7]. C’est dans cette perspective de recherche sur les familles politiques et les partis que nous inscrivons le présent Courrier hebdomadaire et la politisation du changement climatique.

1.1.1. Le climato-scepticisme

11 Le changement climatique est-il avéré ? Telle est la question première que posent les débats médiatiques relatifs au climato-scepticisme. C’est là une interrogation fondamentale, le changement climatique n’étant pas un phénomène de dégradation environnementale comme un autre. Il est susceptible de modifier fortement les conditions météorologiques que connaissent nos sociétés et dont elles dépendent à un point souvent insoupçonné. À long terme, d’ici 50 ou 70 ans, un changement rapide de ces conditions pourrait avoir des conséquences fortement néfastes dans une série de régions du monde. Même en Europe, qui ne serait pourtant pas le continent le plus touché, il est possible que, dès avant la fin du XXIe siècle, des parties de certaines côtes faiblement élevées et parfois fortement peuplées soient menacées au point de devoir être évacuées. Les impacts sur l’agriculture (certains pouvant être également positifs), sur le tourisme, sur le secteur de l’eau et, bien sûr, sur les espèces naturelles seront potentiellement très importants. À long terme (plus de cent ans), si les émissions de gaz à effet de serre continuent à croître comme elles le font globalement, le monde se dirige vers une montée des océans de plusieurs mètres et vers un bouleversement du climat et des écosystèmes. Le point le plus préoccupant est sans doute le fait que, au-delà d’une certaine limite de réchauffement global, des phénomènes d’emballement sont possibles, avec des émissions issues des systèmes naturels qui renforceraient les déséquilibres. Actuellement, il reste beaucoup d’incertitudes sur les impacts du changement climatique et sur le calendrier des évolutions à venir.

12 La conviction de la réalité d’un changement climatique en cours et de l’influence humaine à son égard ne fait que se renforcer, sur la base des observations et des travaux scientifiques. Le changement climatique est en effet reconnu sans équivoque par le GIEC  [8], organisation internationale dont la mission est d’analyser la production scientifique validée et d’en réaliser des synthèses, entre autres dans le but d’orienter les décisions politiques. Par ailleurs, le GIEC estime avec une probabilité de 95 % que les humains sont la cause dominante de ce phénomène.

13 Certes, il est malaisé de comptabiliser de telles probabilités, mais au moins deux observations peuvent être posées à ce sujet. D’une part, c’est avec des probabilités infiniment moindres de réalisation d’un risque que nombre de décisions de prévention sont prises. Or, dans le cas présent, la prévention est d’autant plus importante que le risque est particulièrement majeur. D’autre part, l’écrasante majorité des auteurs qui publient dans des revues scientifiques reconnues s’accordent à déceler un changement climatique d’origine anthropique. Si, le degré d’accord est impossible à quantifier avec précision, il est toutefois particulièrement difficile de trouver des travaux allant en sens inverse dans les publications scientifiques internationales de renom. Les prises de position et les avis contraires sont le plus souvent publiés dans des livres, dans des tribunes, dans les médias et, bien sûr, sur Internet. Si les auteurs de ces discours dissonants arguent parfois d’un ostracisme des revues scientifiques reconnues à leur encontre, rien n’a permis, pour l’heure, de le prouver. En revanche, le fait qu’un certain nombre de textes soient volontairement erronés ou réalisés avec l’intention de jeter des doutes de façon subtile et élaborée à l’égard de la science est aujourd’hui bien documenté  [9]. Ces publications sont largement financées par des acteurs dont l’intention n’est nullement scientifique  [10], mais qui estiment que saper les bases scientifiques de la connaissance d’un phénomène constitue un atout important pour se prémunir contre des politiques climatiques pouvant nuire à leurs intérêts (en particulier, les politiques climatiques visant à diminuer la consommation d’énergies fossiles). À l’inverse, on peine à percevoir pour quels motifs des scientifiques reconnus, issus d’ailleurs de diverses branches de la science, persévéreraient dans des erreurs, alors même que leur crédibilité et leur statut sont en jeu.

14 Nous définissons donc ici le climato-scepticisme au sens strict comme la mise en doute du changement climatique d’origine humaine  [11]. Cependant, différents arguments se retrouvent souvent mêlés dans des positions climato-sceptiques au sens large  [12]. Ceux-ci sont généralement de trois types : (1) oui le phénomène existe, mais ce n’est pas l’homme qui en est la cause ; (2) oui le changement climatique anthropique existe, mais ses conséquences seront moins graves que ce que prédisent les scientifiques ; (3) oui le changement climatique anthropique existe, mais les politiques menées à cet égard sont contestables et leurs effets pourraient être plus négatifs que les effets du changement climatique lui-même. L’attrait de ces positions n’est pas sans faire écho à de réelles difficultés de fond dans la politique climatique actuelle et projetée.

1.1.2. La politique climatique européenne

15 La politique climatique européenne constitue très logiquement le point-clé du positionne-ment des partis étudiés sur la question climatique. Il importe donc de donner ici quelques points de référence quant à cette politique. Le but n’est pas ici d’être exhaustif, mais de fournir les explications nécessaires pour la compréhension des divers éléments mentionnés dans les programmes électoraux analysés.

16 Adopté en 2008 par l’Union européenne  [13], le paquet Climat-Énergie (dit aussi « 3 x 20 ») comporte trois objectifs : primo, réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 par rapport à 1990 ; secundo, atteindre 20 % d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale de l’Union européenne d’ici 2020 ; tertio, restreindre de 20 % la consommation énergétique de l’Union européenne par rapport aux projections établies pour 2020 dans le Livre vert de la Commission européenne sur l’efficacité énergétique  [14]. Ces trois objectifs européens ont été transposés en objectifs nationaux pour chaque État membre  [15]. Ils jouent donc un rôle essentiel dans la position des partis vis-à-vis de la politique climatique européenne.

17 Les trois objectifs du paquet Climat-Énergie sont en constante évolution, en particulier dans le cadre des négociations internationales. Celles-ci se placent sous l’égide de la Convention-cadre des Nations unies sur les changement climatiques (CCNUCC), adoptée au cours du Sommet de la Terre qui s’est tenu à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992, entrée en vigueur le 11 mars 1994 et actuellement ratifiée par 196 États (dont les États-Unis). Des réunions de suivi de cette convention, dites conférences des parties (COP), ont lieu annuellement. Les dernières en date sont celles de Bali en 2007 (COP13), de Poznań en 2008 (COP14) de Copenhague en 2009 (COP15), de Cancún en 2010 (COP16), de Durban en 2011 (COP17), de Doha en 2012 (COP18), de Varsovie en 2013 (COP19) et de Lima en 2014 (COP20), et la prochaine sera celle de Paris du 30 novembre au 15 décembre 2015 (COP21)  [16]. Lors de ces grandes négociations onusiennes, l’Union européenne représente ses États membres. Préalablement, de nombreuses concertations ont lieu entre les pays pour établir les positions communes, même si les États s’expriment également à titre personnel.

18 Le marché d’émission au niveau européen (EU Emissions Trading System, EU ETS) constitue une autre politique climatique européenne majeure. Son principe de marché du carbone est analogue à l’une des composantes du protocole de Kyoto au niveau des pays. Cependant, le système européen ETS porte sur des secteurs ou des entreprises pouvant échanger leurs permis d’émission de gaz à effet de serre sur un marché réglementé au niveau européen. Durant les années 2000, le système européen ETS a fait l’objet de nombreux espoirs. Depuis lors, il a engendré une importante déception du fait de la baisse du prix de la tonne de carbone à des niveaux non prévus, sous l’effet cumulé de la crise économique déclenchée en 2008, de la distribution initiale trop généreuse des autorisations d’émission aux entreprises et d’un certain piétinement de la dynamique climatique à l’échelle internationale.

19 La politique européenne repose sur plusieurs éléments. Le premier d’entre eux est la fixation d’objectifs à moyen et à long terme. Ainsi, en 2011, la Commission européenne a défini, via une communication (non contraignante), des objectifs pour une Europe « à faible intensité de carbone » pour 2050  [17]. En parallèle, des objectifs intermédiaires sont renégociés au gré des évolutions économiques et technologiques et des visées d’engagements internationaux. Ainsi, en préparation de la conférence de Paris de 2015, c’est un objectif de 40 % de réduction par rapport à 1990 (seul objectif contraignant, pour l’ensemble de l’Union européenne) et des objectifs de 27 % d’énergie renouvelable et d’au moins 27 % d’efficacité énergétique qui ont été annoncés. Cette décision, qui date de 2014, s’avère donc sensiblement plus ambitieuse que celle de 2008. Il est vrai que la crise économique et financière mondiale est passée par là et que les émissions de gaz à effet de serre ont de fait largement chuté, tandis que les énergies renouvelables se sont développées plus vite que prévu dans certains pays.

20 Le développement technologique via les énergies renouvelables constitue un autre élément fondamental de la politique européenne, qui vient s’ajouter à un objectif plus ancien d’efficacité énergétique (depuis les crises pétrolières). Le fait est que l’Europe est un importateur massif d’énergies fossiles (de l’ordre de 400 milliards d’euros par an). La piste des énergies renouvelable, outre sont intérêt pour le climat, s’avère donc très favorable à la balance des paiements. Une série d’instruments politiques tels que des normes, des primes et subsides ou le marché du carbone sont prônés pour avancer vers ces objectifs.

21 Néanmoins, cet affichage assez volontariste que fait l’Union européenne sur la scène internationale du climat et à l’intention de ses citoyens ne peut masquer une série de difficultés en rapport avec ces politiques. En effet, si des objectifs finaux relativement ambitieux sont annoncés, le partage de ceux-ci entre les pays n’est pas encore acquis et il existe de fortes inégalités dans la situation énergétique à l’intérieur de l’Union (dépendance aux fossiles, filière nucléaire, potentiel de renouvelable, tissu économique, etc.). Par ailleurs, les systèmes de subsides pour les énergies renouvelables ont été contestés ces dernières années, sous la pression des contraintes budgétaires sévères des pouvoirs publics et, plus subtilement, via des acteurs énergétiques qui n’ont pas particulièrement investi dans ce secteur. Au niveau mondial, il est en tout cas établi que les énergies fossiles sont largement plus subsidiées que les énergies renouvelables. Pour sa part, l’importation apparemment peu anticipée d’équipements en provenance de Chine a montré que la promotion des énergies renouvelables en Europe ne signifie pas pour autant un développement de nouvelles filières « vertes » endogènes, contrairement à ce qui avait été un temps imaginé. Le développement massif d’énergies renouvelables au niveau requis pour atteindre de très importantes diminutions d’émission de CO2 implique aussi des progrès techniques et des investissements considérables dans le réseau électrique, tandis que, au niveau local, l’impact paysager de l’installation d’infrastructures (en particulier d’éoliennes) se heurte à des résistances.

22 De nombreux acteurs considèrent actuellement que le marché du carbone doit être réformé pour atteindre l’objectif qui lui est fixé, à savoir rendre clairement plus coûteuses les émissions de carbone. Tel est en effet peu le cas aujourd’hui. En outre, diverses voix préconisent de mettre en place des mesures aptes à éviter des délocalisations d’entreprises hors de l’Union européennes dans des régions non soumises à des ambitions climatiques comparables (phénomène parfois appelé « fuites de carbone »).

1.1.3. Les opinions publiques

23 Livrons ici quelques éléments très partiels sur la perception du changement climatique dans l’opinion publique européenne. Pour en tirer des relations avec les positionnements des partis, cette perception devrait être étudiée beaucoup plus finement, tant les réponses aux sondages varient en fonction des questions posées et évoluent sous l’influence de nombreux facteurs (économiques, politiques, médiatiques, etc.).

24 En 2012, une étude a examiné sur le long terme l’évolution de l’opinion publique vis-à-vis des problématiques climatiques dans les pays européens. Elle a notamment identifié un « contre-récit » climatique, qui s’apparente à diverses formes de scepticisme à l’égard du changement climatique. Elle a montré certaines relations entre la réception à ce contre-récit et la position socio-économique de ce qu’elle appelle les « perdants de la mondialisation »  [18].

25 Plus généralement en Europe, il règne un consensus important sur la question du changement climatique. Les eurobaromètres, commandités par la Commission européenne et le Parlement européen, ainsi que plusieurs sondages nationaux, s’intéressent à l’opinion publique sur cette problématique. De 2008 à 2013, le changement climatique a fait systématiquement partie du trio de tête des problèmes considérés comme étant les plus sérieux sur la planète. On observe toutefois des différences, bien que mineures, entre États membres. Ainsi, les pays dont la population se dit la plus préoccupée par le changement climatique sont les pays scandinaves (Danemark, Finlande, Suède), l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, Malte, les Pays-Bas et la Slovénie, tandis que ceux où la préoccupation s’avère moindre sont Chypre, l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni et les pays de l’ancien bloc de l’Est (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie). Dans certains pays, on remarque une différence entre les répondants qui se situent à gauche de l’échiquier politique et ceux qui se situent à droite, bien que celle-ci soit minime et fort nuancée dans les sondages nationaux – à la différence des eurobaromètres, qui montrent une différence un peu plus nette entre la gauche et la droite.

26 Selon l’eurobaromètre spécial de 2011, 58 % des Européens rejettent la théorie selon laquelle les émissions de CO2 n’auraient qu’un impact marginal sur le changement climatique. Comme déjà indiqué, les différences en matière de mesure d’opinion doivent être maniées avec précaution, tant elles dépendent des questions posées. Cependant, notons ici un point de comparaison avec les États-Unis  [19]. Un sondage de l’automne 2012 indique que, à la question « Les scientifiques croient-ils que la Terre se réchauffe en raison de l’activité humaine ? », 43 % des États-Uniens interrogés ont répondu que non et 27 % qu’ils ne savaient pas. Seulement 45 % des sondés ont fait part de la quasi-unanimité de la communauté scientifique quant au changement climatique anthropique.

27 Il est à noter que l’effet sur l’opinion publique du positionnement des formations politiques quant à la problématique climatique n’est pas à négliger. Ainsi, aux États-Unis, lorsque le Republican Party a largement fait part de ses positions climato-sceptiques, le pourcentage de personnes convaincues de la réalité du changement climatique au sein de son électorat a nettement décru  [20]. Si des partis européens devaient adopter la même stratégie de communication que le Republican Party, cela aurait sans nul doute des conséquences sur l’opinion publique et, par ricochet, sur les politiques menées en la matière.

1.2. La méthodologie de l’étude

28 Notre étude procède par la définition de quatre catégories de partis politiques sur la question du changement climatique et par un regroupement en familles politiques. L’analyse porte sur les programmes électoraux élaborés en vue des élections européennes de mai 2014.

1.2.1. La définition de quatre catégories

29 Nous avons classé les divers partis politiques étudiés selon quatre catégories.

30 La catégorie A correspond aux partis dont le discours peut être qualifié de climato-sceptique au sens défini ci-dessus. Cela inclut deux positions : nier l’existence du changement climatique, ou reconnaître la réalité du changement climatique mais nier la part de l’activité humaine dans ce phénomène  [21].

31 La catégorie B rassemble les partis dont le discours, sans remettre en cause la réalité du phénomène, rejette soit les aspects majeurs des politiques de lutte contre le changement climatique (en particulier européennes), soit les scénarios-catastrophes qui seraient entraînés par un changement climatique. Ces partis mobilisent divers arguments ou justifications. Ils minimisent les conséquences du changement climatique, estiment que le coût des politiques de lutte est inutilement élevé, affichent un euroscepticisme par rapport à la politique climatique européenne et/ou invoquent d’autres priorités.

32 La troisième catégorie (C) est celle des partis qui acceptent potentiellement d’apporter leur soutien à certaines politiques favorables à la lutte contre le changement climatique, mais qui ne font pas pour autant référence à l’enjeu climatique pour justifier les actions de ces politiques. Il s’agit, par exemple, des partis qui prônent le développement d’énergies renouvelables pour assurer la sécurité énergétique de leur pays, mais qui n’appuient pas leur position par une référence à la nécessité d’une lutte contre le changement climatique. Souvent, les positions des partis de cette catégorie sont compatibles avec la politique européenne menée en matière climatique, mais sans le mentionner. Des arguments divers sont également invoqués ici, notamment l’euroscepticisme appliqué à la politique climatique européenne.

33 La quatrième catégorie (D) regroupe les partis favorables à l’enjeu climatique. Ils forment la grande majorité des partis européens. Toute une diversité d’accents et de priorités est mise en avant pour soutenir cette position générale.

34 Il aurait certainement été intéressant de distinguer, à l’intérieur de la dernière catégorie, une série de positions, allant de la mise en évidence du changement climatique comme un point crucial du programme du parti et la visée d’objectifs très ambitieux, à la défense d’une stricte conformité aux objectifs européens en vigueur en excluant des avancées supplémentaires. Mais une telle analyse aurait excédé les limites de notre étude et son objectif principal  [22].

1.2.2. Le regroupement en familles politiques

35 Un regroupement des partis considérés en un certain nombre de familles politiques a également été opéré dans cette étude.

36 Si la classification en familles politiques représente une lecture particulière du phénomène partisan, elle a toutefois le mérite de proposer une approche comparée entre partis politiques de même dénomination (socialiste, communiste, libérale, etc.)  [23]. Quatre approches des familles politiques peuvent être distinguées : l’approche sociologique et génétique (par les origines et les clivages) ; l’approche par les idéologies (axe gauche-droite, etc.), les systèmes partisans et les problèmes publics (programmes électoraux, etc.) ; l’approche par les fédérations transnationales et les groupes de partis au sein des instances européennes ou internationales ; l’approche par le nom et le label des partis.

37 En tenant compte de l’ensemble de ces approches, nous avons opté en faveur d’une classification sur un axe gauche-droite pour la présentation de nos résultats sur le positionnement des partis face à l’enjeu climatique  [24].

38 À gauche, se trouve la famille sociale-démocrate (ou socialiste), la famille communiste, la famille de la nouvelle gauche et la famille écologiste. La famille sociale-démocrate (ou socialiste) englobe les partis politiques ayant pour points de convergence l’État-providence, les politiques d’égalité et la nécessité de réguler la vie économique, et se situant principalement entre le socialisme et le néo-libéralisme ; les postes ministériels qui leur sont le plus souvent associés lors de coalitions gouvernementales sont ceux des Affaires sociales et de l’Emploi  [25]. Les partis politiques regroupés dans la famille communiste partagent tous la même volonté d’un interventionnisme d’État dans l’économie et le plus haut scepticisme quant au libre marché. La famille de la nouvelle gauche reflète une orientation politique proche de la famille communiste au niveau de son opposition au marché et à un contrôle de l’économie, mais elle s’en distingue par un message plus ouvert à l’ensemble de la classe ouvrière traditionnelle, aux professions tertiaires, à l’État-providence, à la justice sociale, à la protection environnementale ainsi qu’à la promotion des libertés et de la démocratie. La famille écologiste englobe les partis verts qui défendent la protection de l’environnement, la démocratie participative, la régulation des activités économiques ainsi que la croissance verte ; lorsque ces partis politiques intègrent une coalition gouvernementale, ils sont généralement en charge des portefeuilles de l’Environnement et de l’Énergie  [26].

39 Au centre et à droite, se situent la famille chrétienne-démocrate, la famille conservatrice, la famille libérale, la famille agraire (ou centriste) et la famille d’extrême droite. La famille chrétienne-démocrate, partiellement constitutive d’un clivage Église-État, se définit autour de préoccupations sociales et d’une volonté politique visant à éviter tout conflit social ; sous certains aspects, elle rejoint la famille sociale-démocrate, notamment sur la distance par rapport au néo-libéralisme et aux politiques individualistes, et partage des préoccupa-tions environnementales communes avec la famille écologiste  [27]. La famille conservatrice se caractérise principalement par une défense des intérêts nationaux, et a comme priorités politiques les entreprises privées, une certaine austérité fiscale, une volonté d’efficience gouvernementale et une attention politique élevée sur les questions liées aux droits, au conservatisme des mœurs, à la sécurité et à la justice. La famille libérale est plus largement associée aux enjeux liés à la liberté (liberté d’entreprendre, etc.), à la démocratie, à la décentralisation, à la critique des taxes ; lorsque les partis libéraux participent à une coalition gouvernementale, les postes ministériels qui leur sont le plus souvent associés sont les Finances, l’Économie et la Justice  [28]. En Europe, la famille agraire (ou centriste) regroupe des partis présents principalement dans les pays scandinaves et qui se caractérisent par une forte volonté de protection de l’environnement et de l’agriculture, portent une attention politique particulière à la protection sociale et à la justice sociale, et qui défendent une économie contrôlée et le maintien de valeurs morales traditionnelles ; lorsqu’ils participent à une coalition gouvernementale, les partis agraires sont souvent associés au portefeuille de l’Agriculture. La famille d’extrême droite regroupe des partis politiques présentant des orientations politiques xénophobes voire racistes, antisystèmes et eurosceptiques, privilégiant les thèmes politiques comme l’insécurité, le nationalisme, etc.

40 Cette classification sur un axe gauche-droite n’est que partiellement satisfaisante, puisqu’elle ne permet pas de prendre en compte les partis régionalistes et les nouveaux mouvements politiques qui ne sont ni de gauche ni de droite mais populistes. Nous distinguons donc également, d’une part, une famille régionaliste, composée des partis qui défendent une entité en particulier, et, d’autre part, une famille populiste, rassemblant des partis dont certains ne se présentent pas sur un axe gauche-droite, mais font davantage référence au peuple, se présentant comme anti-élites, etc.  [29]

1.2.3. L’analyse des programmes électoraux

41 L’analyse se centre sur la situation, telle qu’elle se présentait à l’heure des élections européennes de mai 2014. Dans la majorité des cas, nous avons travaillé sur les programmes électoraux élaborés spécifiquement en vue de ce scrutin. Dans certains cas toutefois, ces programmes particuliers sont restés introuvables ; nous y avons donc suppléé en prenant en compte les programmes élaborés en vue d’un précédent scrutin ou les programmes généraux des partis concernés.

42La méthode d’analyse du contenu des programmes électoraux s’est déclinée en trois étapes. Tout d’abord, identifier un chapitre « Environnement » et/ou « Énergie » au sein de chaque programme électoral, afin de voir si cette thématique est suffisamment importante aux yeux du parti considéré pour donner lieu à un chapitre complet. Ensuite, par le biais de mots-clés, repérer si l’enjeu climatique est inclus dans ce chapitre particulier (quand il existe) ou se trouve disséminé dans d’autres parties du programme. Le répertoire de mots-clés utilisé est directement lié au changement climatique : « climat », « climatique », « CO2 », « gaz à effet de serre », « ozone », nom des sommets internationaux majeurs sur l’environnement et le climat (Rio et Kyoto), etc. Enfin, dans le cas d’une absence de références à cet ensemble de mots-clés, nous avons tenté d’identifier des enjeux pouvant s’apparenter à une lutte contre le changement climatique, comme les enjeux énergétiques (énergies renouvelables : solaire, éolien, etc.) ou les enjeux environnementaux (« green economy », « taxshifting », etc.), au sein des politiques publiques prônées par le parti.

1.2.4. Les limites de la méthodologie

43Les limites de notre méthodologie sont de plusieurs ordres.

44Primo, le fait même de définir des catégories et d’y rapporter tel ou tel parti sur la base d’un texte de programme peut être discuté, en particulier pour les catégories A, B et C. Les limites entre celles-ci ne sont en effet pas particulièrement étanches, surtout entre B et C, si on prend pour acquis qu’un point net de différenciation de la catégorie A est un climato-scepticisme strict et affirmé. Cependant, ce point lui-même pourrait être modifié si l’on considérait d’autres sources que les programmes électoraux élaborés en vue du scrutin européen (ou en faisant office). En effet, il s’avère que des leaders de partis classés en B ou C font à l’occasion des déclarations susceptibles de se rattacher à la catégorie A  [30]. Ceci amène trois réflexions. La première, méthodologique, est qu’il est nécessaire de bien repréciser les sources sur lesquelles notre analyse est effectuée, à savoir des programmes électoraux publiés. La deuxième est que, dans des déclarations politiques, il est possible de tenter de toucher une frange de l’opinion plus nettement sensible à un « contre-récit » climatique et qui serait à chercher davantage chez des « perdants de la mondialisation »  [31], tandis que les programmes écrits font sans doute preuve de plus de prudence ou de réalisme dans la mesure où le parti peut être amené, au niveau national et/ou régional, à rejoindre une coalition gouvernementale et à participer à la mise en place de politiques climatiques. La troisième réflexion est qu’il est également important de noter à quel moment les positions et déclarations sont formulées, dans la mesure où le relatif hiatus entre programmes électoraux et déclarations politiques suggère une possibilité que se laisse le parti d’évoluer vers des positions différentes dans les années à venir, ou encore le fait que le parti n’a pas clairement élaboré de positions sur ce thème particulier au moment de l’analyse  [32].

45 Secundo, le choix des partis politiques considérés dans le chapitre 3 (cf. infra) ignore les petits partis. Or, peut-être cela a-t-il amené à biaiser les conclusions que nous pourrons tirer de ce chapitre, à savoir que les partis ressortissant des trois catégories A, B, C font partie de certaines familles politiques en particulier. Potentiellement, cette méthodologie nous a conduits à ignorer le fait que certains petits partis sont également à situer dans les catégories A, B ou C. Une recherche plus systématique que celle que nous avons menée permettrait d’infirmer ou confirmer cette hypothèse.

46 Tertio, la délimitation des familles politiques où se retrouve une proportion significative de partis catégorisés A, B ou C peut également refléter tant un manque d’attention politique sur l’enjeu climatique qu’une absence de consensus partisan sur cette problématique. Ces familles politiques sont en effet considérées comme telles par rapport aux préférences politiques générales des partis qui les composent et à leur aspect sociologique. Leur position spécifique à l’égard du climat peut quant à elle être marginale et ne pas refléter un caractère identitaire d’une famille politique.

47 On peut donc discuter des qualifications établies et de l’appartenance de tel ou tel parti à telle ou telle famille dans des cas précis. Néanmoins, nous avons tenté de recouper un certain nombre d’éléments pour établir notre classement, à la fois à travers la présentation que donnent les partis eux-mêmes de leur positionnement général, à travers la façon dont sont répertoriés les groupes européens auxquels appartiennent ces partis et à travers certaines positions présentes dans le discours de ces partis.

2. Formations politiques de Belgique

48 L’analyse des formations politiques belges se concentre sur les treize partis qui, suite aux élections fédérales du 25 mai 2014, ont au moins un député à la Chambre des représentants  [33]. Ensemble, ces partis totalisent 20 des 21 sièges dévolus à la Belgique au sein du Parlement européen  [34].

49 Il est à noter que, lorsque, en vue du scrutin multiple du 25 mai 2014, un parti a élaboré plusieurs programmes en fonction des niveaux de pouvoir concernés (européen, fédéral, régional ou communautaire), nous avons utilisé prioritairement celui ayant trait aux élections européennes.

2.1. Les formations politiques francophones

50 Sept partis francophones sont actuellement représentés à la Chambre : le Parti socialiste (PS), le Mouvement réformateur (MR), le Centre démocrate humaniste (CDH), Écolo, les Fédéralistes démocrates francophones (FDF), le Parti du travail de Belgique (PTB) et le Parti populaire (PP). Ils y totalisent 63 sièges sur 150. Au Parlement européen, ils occupent par ailleurs 8 des 21 sièges dévolus à la Belgique.

Tableau 1. Formations politiques belges francophones considérées

Tableau 1. Formations politiques belges francophones considérées

Parti socialiste (PS)

51 Le PS  [35] reconnaît le changement climatique et son importance, pour les générations tant actuelles que futures (catégorie D). Le parti propose de mettre en place une série d’objectifs, allant de la contribution à la « conclusion d’un accord climatique mondial contraignant » à la préparation de mesures d’adaptation aux changements climatiques, en passant par la définition d’une stratégie climatique « ambitieuse et réaliste » visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Europe de 80 à 95 % en 2050 par rapport à 1990. Au niveau européen, le PS souhaite réformer le système d’échange de quotas de gaz à effet de serre « afin de lutter efficacement contre le réchauffement climatique ». Il soutient le développement des énergies renouvelables afin de réduire la pollution et l’émission de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique, de réaliser les objectifs définis dans les accords internationaux et de renforcer l’indépendance énergétique de la Belgique et de l’Union européenne. Sur le plan de la fiscalité, le PS entend en outre « encourager les comportements respectueux de l’environnement en tenant compte des bas revenus ».

Mouvement réformateur (MR)

52 La position du MR  [36] vis-à-vis de l’enjeu climatique se traduit clairement par un soutien aux politiques y afférentes (catégorie D). Le parti reconnaît le changement climatique et la nécessité d’objectifs contraignants, en exprimant toutefois une volonté de ne pas aller plus loin que les objectifs formulés par l’Union européenne : il s’agit de « satisfaire aux objectifs européens en matière de réduction des émissions, mais pas plus ». Le MR affirme en effet qu’un excès de zèle en la matière serait préjudiciable à « l’économie, à la population et aux générations futures ». Le parti défend les objectifs « 3 x 20 » de l’Union européenne, ainsi que ceux imposés à la Belgique dans ces matières. Il est favorable au développement des énergies renouvelables comme la biomasse ou le photovoltaïque, mais émet des réserves quant aux objectifs wallon et fédéral en matière d’éolien. En matière de sécurité de l’approvisionnement énergétique, le MR affirme que, « actuellement, la priorité est la lutte contre le réchauffement climatique d’origine anthropique », ainsi que la sortie complète du nucléaire d’ici 2025.

Centre démocrate humaniste (CDH)

53 Le CDH  [37] souhaite que des objectifs ambitieux soient fixés en matière climatique (catégorie D). Le parti considère que la lutte contre le changement climatique ouvre la porte à de nouvelles possibilités, en termes tant de production que de consommation. Il voit les secteurs de l’efficience énergétique et des énergies renouvelables comme des sources d’emplois et de prospérité. Le CDH formule une série de propositions, visant au développement et à la mise en œuvre d’une politique climatique performante par le biais d’une stratégie de développement « bas carbone » belge, d’une réduction de 30 % des émissions de CO2 à l’horizon 2020 à l’échelle européenne, d’une adaptation aux effets du réchauffement climatique, etc.

Écolo

54 Le changement climatique est très présent dans les préoccupations d’Écolo  [38]. Le parti reconnaît l’existence du problème et propose toute une série de mesures visant à le combattre (catégorie D). Il prône une utilisation rationnelle de l’énergie, via notamment l’amélioration de l’efficacité énergétique, et veut tendre vers « un système énergétique 100 % renouvelable d’ici 2050 ». En matière de climat et d’énergie, l’une des priorités d’Écolo est d’« opérer une véritable transition énergétique ». Le parti veut renforcer les objectifs du paquet Climat-Énergie européen et développer une gouvernance climatique mondiale.

Fédéralistes démocrates francophones (FDF)

55 Les FDF  [39] reconnaissent la réalité du changement climatique et prônent des mesures visant à lutter contre ce phénomène (catégorie D). Ils défendent par exemple une Europe où les ressources naturelles sont utilisées de manière efficace et où est privilégiée une économie répondant aux défis environnementaux tels que le changement climatique. Les FDF soutiennent le développement des énergies renouvelables afin que soit assurée la sécurité énergétique du pays, tout en respectant les obligations de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Parti du travail de Belgique (PTB)

56 Le PTB (qui s’est présenté le 25 mai 2014 au sein de la liste PTB-GO!)  [40] reconnaît le changement climatique, son origine anthropique et la nécessité de mettre en place des mesures visant à lutter contre ce phénomène (catégorie D). Le parti soutient les efforts recommandés par le GIEC, notamment sur la réduction des émissions de CO2, mais rejette l’utilisation des mécanismes de marché pour atteindre ces objectifs, plaidant en faveur d’une abolition du système européen ETS. Le PTB critique la fiscalité verte, qu’il considère inefficace, mais soutient le développement des énergies renouvelables via la création d’entreprises publiques de l’énergie. Il juge que la stratégie 2020 de l’Union européenne est insuffisante.

Parti populaire (PP)

57 Le PP  [41] nie l’existence du changement climatique et rejette toute action visant à lutter contre le réchauffement de la planète (catégorie A). S’il reconnaît la nécessité de préserver la planète et ses ressources naturelles, le parti dit ne pas vouloir céder au « catastrophisme entretenu par certains groupes de pression ». Selon lui, le débat sur le réchauffement climatique est la « dernière marotte en date », comme l’était auparavant le trou dans la couche d’ozone, et est, par ailleurs, « largement battu en brèche par diverses études récentes ». Le PP envisage une « suppression graduelle des subventions au renouvelable ». D’après lui, les mesures environnementales coûtent cher à l’économie sans pour autant bénéficier à la planète. Ainsi, le parti qualifie les certificats verts de « pratique économiquement suicidaire ».

2.2. Les formations politiques flamandes

58 Six partis flamands sont actuellement représentés à la Chambre : la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), le Christen-Democratisch & Vlaams (CD&V), l’Open Vlaamse Liberalen en Democraten (Open VLD), le Socialistische Partij Anders (SP.A), Groen et le Vlaams Belang (VB). Ils y totalisent 87 sièges sur 150. Au Parlement européen, ils occupent par ailleurs 12 des 21 sièges dévolus à la Belgique.

Tableau 2. Formations politiques flamandes considérées

Tableau 2. Formations politiques flamandes considérées

Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA)

59 La N-VA  [42] reconnaît le changement climatique (catégorie D). Le parti est favorable à la recherche d’alternatives durables aux combustibles fossiles et met l’accent sur l’efficience énergétique et sur l’adaptation au changement climatique. Il soutient le renforcement des objectifs européens en matière de réduction des émissions de CO2 de 20 % à 30 %, dans le cadre d’un accord international dans lequel tous les pays devraient assumer leur part de responsabilité. Il défend une réforme fiscale verte, sur le modèle allemand ou danois, en déplaçant la charge fiscale du travail vers la pollution et l’impact environnemental.

Christen-Democratisch & Vlaams (CD&V)

60 Le CD&V  [43] reconnaît clairement la réalité du changement climatique et la nécessité de combattre celui-ci (catégorie D). Le parti défend les objectifs de l’Union européenne en matière de réduction des émissions de CO2 ; il affirme d’ailleurs que ces objectifs doivent être suffisamment ambitieux pour répondre au défi climatique. Le CD&V soutient les politiques liées aux énergies renouvelables, ainsi que l’amélioration de l’efficience énergétique.

Open Vlaamse Liberalen en Democraten (Open VLD)

61 L’Open VLD  [44] reconnaît explicitement le changement climatique, qu’il qualifie de « réalité mondiale » et de « défi » (catégorie D). Le parti met l’accent sur les énergies renouvelables. Il soutient des objectifs européens ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi qu’en matière d’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.

Socialistische Partij Anders (SP.A)

62 Le SP.A  [45] reconnaît l’enjeu climatique (catégorie D). Le parti veut que l’on se concentre sur de nouveaux secteurs afin de pouvoir, entre autres, faire face au changement climatique et stimuler les investissements dans les industries et secteurs durables via des mesures fiscales. Le SP.A soutient le développement des énergies renouvelables « parce que le changement climatique nous y oblige ». Il veut renforcer les objectifs de l’Union européenne, en passant de 20 à 30 % d’énergies renouvelables en 2020, pour arriver à 100 % en 2050.

Groen

63 Groen  [46] estime que tous les niveaux de pouvoir (de l’échelle locale à l’échelle internationale) doivent défendre des objectifs climatiques ambitieux et contraignants en matière d’enjeu climatique (catégorie D). Dans cette perspective, le parti considère que la Belgique doit se montrer proactive et s’engager avec l’Union européenne dans une nouvelle « diplomatie climatique ». Au niveau belge, Groen préconise une meilleure coordination des politiques climatiques entre les entités fédérale et fédérées, ainsi que de nouveaux objectifs visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60 % d’ici 2030. Enfin, au niveau européen et international, le parti souligne l’urgence d’agir en faveur des réfugiés climatiques et d’aider les pays les plus pauvres à lutter contre le changement climatique, voire à s’y adapter, eu égard au fait qu’ils en sont ou en seront les premières victimes alors qu’ils en sont les moins responsables.

Vlaams Belang (VB)

64 Le VB  [47] est à classer dans la catégorie B  [48]. Le parti mentionne le changement climatique dans son programme électoral, mais il se montre très critique à cet égard. Il déplore le fait que, depuis les années 1990, l’énergie et l’environnement soient liés au changement climatique ; selon lui, en effet, la question de l’énergie ne doit pas être subordonnée à d’hypothétiques menaces induites par un changement climatique. Le VB se veut également critique vis-à-vis des scénarios catastrophes annoncés et se dit agacé par les « petits jeux de stratégie internationaux autour des accords sur le climat et l’achat d’un air sain » (« internationale strategische spelletjes met klimaatakkorden en het “kopen” van schone lucht »). Le parti ne rejette pas les énergies renouvelables, mais il ne les promeut pas. Certes, à ses yeux, les énergies vertes ont leur place dans un mix énergétique sain et équilibré ; mais il considère qu’elles doivent être pensées de manière critique et sur le long terme. D’après le VB, l’éolien n’a pas d’avenir s’il continue à se développer uniquement sur la base d’un système de subventions publiques.

2.3. Conclusion

65 Onze des treize partis belges analysés reconnaissent le changement climatique ainsi que l’importance de lutter contre ce phénomène (catégorie D). Seuls le PP, côté francophone, et le VB, côté flamand, font figure d’exception. Le PP est le plus radical sur ce sujet : il met en doute l’existence du changement climatique et son origine anthropique, et se prononce en conséquence contre des mesures visant à le combattre, comme le développement des énergies renouvelables (catégorie A). Le VB rejette les politiques climatiques et exprime son agacement vis-à-vis des scénarios-catastrophes liés à cet enjeu (catégorie B), mais ne se positionne pas explicitement sur la réalité du phénomène du changement climatique. Ces deux partis siègent sur les bancs de l’opposition à la Chambre des représentants, où ils sont très minoritaires avec respectivement 1 et 3 députés (soit moins de 3 % de l’assemblée à eux deux). De même, au Parlement européen, ils ne comptent respectivement que 0 et 1 eurodéputé au sein de la représentation belge (soit moins de 5 % de celle-ci).

66 L’enjeu climatique est donc très majoritairement défendu par les partis politiques belges, et notamment par l’ensemble des partis formant les actuelles coalitions gouvernementales  [49] : non seulement le gouvernement fédéral Michel (N-VA/MR/CD&V/Open VLD), mais aussi le gouvernement wallon Magnette (PS/CDH), le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale Vervoort II (PS/Open VLD/FDF/SP.A/CDH/CD&V), le gouvernement de la Communauté française Demotte III (PS/CDH) et le gouvernement flamand Bourgeois (N-VA/CD&V/Open VLD).

67 Notre approche limitée du débat climatique occulte cependant largement un ensemble de positions politiques divergentes au sein même de la catégorie D. Ainsi, le discours climatique du MR n’est évidemment pas le même que celui d’Écolo ou de Groen, et il existe aussi des dissensions à l’intérieur d’un même parti sur le sujet. Cependant, cela n’empêche en rien que des discours climato-sceptiques soient désormais identifiables en Belgique et qu’ils s’étendent à des partis récemment apparus comme le PP. Cela constitue un fait nouveau puisque, depuis le milieu des années 1980, la position des partis politiques belges était relativement consensuelle sur cet enjeu de politique publique  [50].

3. Formations politiques d’Allemagne, de France, d’Italie et du Royaume-Uni

68 L’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni sont les quatre États membres de l’Union européenne qui envoient le plus grand nombre de représentants au Parlement européen, à savoir respectivement 96, 74, 73 et 73 députés. À eux quatre, ils totalisent 42,1 % des sièges de l’assemblée.

69 Seules sont prises ici en considération les formations politiques qui ont remporté au moins trois sièges au Parlement européen lors des élections de mai 2014  [51].

3.1. Les formations politiques d’Allemagne

70 L’Allemagne compte 96 députés européens, issus de quatorze partis politiques différents. Sept d’entre eux ont au moins trois eurodéputés : la Christlich Demokratische Union (CDU), le Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD), Die Linke (DL), Bündnis 90 - Die Grünen (B90), la Christlich-Soziale Union in Bayern (CSU), l’Alternative für Deutschland (AfD) et le Freie Demokratische Partei (FDP). Ces sept partis totalisent 89 des 96 sièges dévolus à leur pays dans cette assemblée (soit 92,7 %). Par ailleurs, ils comptent ensemble la totalité des 631 membres du Deutscher Bundestag, tel qu’issu des élections fédérales allemandes du 22 septembre 2013.

Tableau 3. Formations politiques allemandes considérées

Tableau 3. Formations politiques allemandes considérées

Christlich Demokratische Union (CDU)

71 La CDU  [52] reconnaît clairement l’importance de lutter contre le changement climatique (catégorie D). Le parti énonce des objectifs climatiques dans pratiquement tous les secteurs : mobilité, énergie, agriculture, etc. La CDU se prononce pour un objectif de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et adhère à l’objectif de 2°C au niveau mondial. Le parti se prononce pour la conclusion d’un accord climatique mondial contraignant, dans la continuation de Kyoto, avec des engagements concrets de la part des pays développés mais également de la part des grands pays émergents.

Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD)

72 Le SPD  [53] reconnaît l’importance de la lutte contre le changement climatique (catégorie D). Le parti promeut des objectifs contraignants de 40 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 au niveau européen.

Die Linke (DL)

73 DL  [54] compte le changement climatique au nombre de ses préoccupations (catégorie D). Le parti établit trois objectifs contraignants en matière de politique énergétique et climatique sur le plan européen : la diminution des émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2020, de 60 % d’ici 2030 et de 95 % d’ici 2050 ; l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie à 25 % d’ici 2020, à 45 % d’ici 2030 et à 100 % d’ici 2050 ; la réduction de la consommation d’énergie primaire de 20 % d’ici 2020 par rapport à l’année 2000, de 40 % d’ici 2030 et de 60 % d’ici 2050.

Bündnis 90 - Die Grünen (B90)

74 B90  [55] fait figurer la lutte contre le changement climatique parmi ses principaux thèmes (catégorie D). Le parti fixe les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à au moins 30 % d’ici 2020, tandis que, pour 2030, il envisage trois objectifs plus contraignants : au moins 40 % d’économies d’énergie, au moins 45 % d’énergies renouvelables et au moins 55 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Christlich-Soziale Union in Bayern (CSU)

75 Dans son programme pour les élections européennes de mai 2014  [56], la CSU ne fait pas clairement mention du changement climatique. Elle n’y mentionne les émissions de CO2 que concernant l’industrie allemande : le parti s’oppose aux mesures de l’Union européenne qui ont un impact négatif sur la compétitivité des entreprises allemandes. Ainsi, il dénonce le fait que les exigences en matière de CO2 pour l’industrie automobile allemande se sont traduites par la perte de plusieurs milliers d’emplois dans le pays. Cependant, dans son programme complet élaboré en 2007  [57], la CSU reconnaît la réalité du changement climatique et son origine anthropique, et soutient les mesures visant à lutter contre ce changement (catégorie D).

Alternative für Deutschland (AfD)

76 L’AfD  [58] remet en question le réchauffement climatique et son origine anthropique (catégorie A). Le parti souligne les incertitudes qui pèsent sur les études à ce propos, et récuse les actions nationales et européennes isolées dans ces domaines. Il accepte tout de même une réduction graduelle des émissions de CO2, afin de « respecter le principe de précaution », mais dans le cadre d’accords internationaux. Selon lui, cette réduction doit s’effectuer exclusivement via des instruments de marché technologiquement neutres, comme les permis de CO2. L’AfD précise que, les effets des émissions de CO2 anthropiques étant encore incertains, le système de permis doit se concentrer sur ce qui est abordable financièrement. Le parti veut abolir la loi de 2001 sur les énergies renouvelables (Erneuerbare-Energien-Gesetz, EEG) et rejette la mise en place de nouveaux objectifs pour le développement de ces énergies et l’efficience énergétique après 2020, tant que les autres pays hautement industrialisés ne prendront pas des mesures similaires.

Freie Demokratische Partei (FDP)

77 Le FDP  [59] se positionne en faveur d’une politique climatique (catégorie D), en mettant l’accent sur l’innovation et sur les nouvelles technologies. Le parti se prononce en faveur d’une agriculture forte qui réponde notamment aux défis du changement climatique et veut renforcer le rôle du marché au niveau du marché intérieur européen de l’énergie. Il promeut le développement des énergies renouvelables, mais via une réforme du droit européen dans ce domaine. Selon le FDP, le marché des émissions est l’instrument central pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Il rejette toutefois toute ingérence à caractère politique dans le système d’échange de droits d’émission, ainsi que la mise en place d’une taxe CO2. Le parti soutient les objectifs climatiques de l’Union européenne pour 2020, mais rejette un engagement supplémentaire unilatéral de réduction des émissions de CO2.

Conclusion

78 Six des sept partis allemands analysés sont favorables à la lutte contre le changement climatique et à la fixation d’objectifs ambitieux (catégorie D). Seul l’AfD met en doute l’origine anthropique du changement climatique (catégorie A) ; ce parti compte 7 membres au sein de la représentation allemande au Parlement européen (soit 7,9 % des eurodéputés issus des partis allemands considérés). Au niveau allemand, son poids politique est actuellement nul, puisqu’il ne compte aucun représentant au Bundestag.

3.2. Les formations politiques de France

79 La France compte 74 députés européens, issus de sept formations politiques différentes. Six d’entre elles ont au moins trois eurodéputés : le Parti socialiste (PS), l’Union pour un mouvement populaire (UMP), le cartel formé par l’Union des démocrates et indépendants (UDI) et le Mouvement démocrate (MoDem), Europe Écologie - Les Verts (EELV), le Front de gauche (FG) et le Front national (FN). Ces six formations totalisent 73 des 74 sièges dévolus à leur pays dans cette assemblée (soit 98,7 %). Par ailleurs, au sein de l’Assemblée nationale, telle qu’issue des élections législatives françaises des 10 et 17 juin 2012, elles comptent ensemble 523 représentants sur 577 (soit 90,6 %).

Tableau 4. Formations politiques françaises considérées

Tableau 4. Formations politiques françaises considérées

Remarques :
  • Pour la composition de l’Assemblée nationale, sont considérés comme députés du PS les membres du groupe socialiste, républicain et citoyen (groupe SRC), comme députés de l’UMP les membres du groupe Union pour un mouvement populaire (groupe UMP), comme députés de l’UDI et du MoDem les membres du groupe Union des démocrates et indépendants (groupe UDI), comme députés d’EELV les membres du groupe écologiste, comme députés du FG les membres du groupe Gauche démocrate et républicaine (groupe GDR). Les députés du FN ne sont inscrits à aucun groupe.
  • Pour l’élection européenne de mai 2014, le PS s’était allié au Parti radical de gauche (PRG).

Parti socialiste (PS)

80 Le PS  [60] mentionne clairement la lutte contre le changement climatique parmi ses objectifs (catégorie D). L’un d’entre eux est en effet de « porter la France et l’Europe en tête de l’économie verte et de la lutte contre le changement climatique ». Le parti soutient le développement des énergies renouvelables et la sortie progressive de la dépendance au pétrole. Il veut rendre la TVA « éco-modulable, c’est-à-dire réduite sur les produits non polluants et plus élevée sur les autres ».

Union pour un mouvement populaire (UMP)

81 L’UMP  [61] reconnaît le changement climatique parmi une série de défis pour l’agriculture européenne et soutient que chaque État membre doit pouvoir choisir son mix énergétique afin de répondre aux engagements contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre (catégorie D).

Union des démocrates et indépendants (UDI) – Mouvement démocrate (MoDem)

82 Le changement climatique n’est pas mentionné comme tel dans le programme du cartel UDI–MoDem pour les élections européennes de 2014  [62]. Le cartel y exprime toutefois un soutien à la réduction des gaz à effet de serre, notamment avec l’ambition de « fixer l’objectif européen de réduction des émissions de CO2 à 50 % d’ici 2030 » (catégorie D).

Europe Écologie - Les Verts (EELV)

83 EELV  [63] fait du changement climatique l’une de ses grandes priorités (catégorie D). Le parti a ainsi pour ambition de « donn[er] vie à l’Europe zéro carbone et zéro nucléaire ». Il désire que l’Europe joue un rôle de leader en matière climatique et instaure une taxe carbone aux frontières. Pour 2030, EELV soutient des objectifs de 60 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de 45 % d’énergies renouvelables dans la production d’énergie et d’amélioration de l’efficacité énergétique à hauteur de 40 %.

Front de gauche (FG)

84 Le FG  [64] reconnaît la menace que représente le changement climatique et énonce l’origine anthropique de ce phénomène (catégorie D). Le parti veut que soit mis en œuvre un plan de transition écologique afin de répondre notamment aux défis du changement climatique. Il recommande une meilleure efficience énergétique, ainsi qu’une diversification des sources d’énergie afin de promouvoir les énergies renouvelables.

Front national (FN)

85 Le FN est à classer dans la catégorie C  [65]. Dans son programme pour les élections européennes de 2014  [66], le parti – bien que favorable à la protection de l’environnement – ne fait aucune mention directe du changement climatique. Le FN y parle de « prise de conscience écologique » et de « maîtrise de l’empreinte écologique » comme objectifs fondamentaux. Il dit accepter les mesures écologiques, à la condition qu’elles soient favorables à l’économie nationale. Le parti souhaite que 10 à 15 % des besoins énergétiques soient couverts à terme par des énergies renouvelables et veut « maintenir l’indépendance énergétique de la France et ses bonnes performances en matière d’émission de CO2 ». Selon le FN, un modèle économique davantage basé sur la nation pourrait contribuer à la réduction de ces mêmes émissions, mais le parti n’énonce pas d’objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Le positionnement du FN à l’égard du changement climatique est parfois ambigu : il y a des différences entre ses positionnements européens et ceux qu’il exprime sur la scène nationale, où la distance avec les politiques climatiques et environnementales dominantes paraît plus explicite  [67].

Conclusion

86 Cinq des six formations politiques françaises analysées sont engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique (catégorie D) – en ce compris le cartel UDI–MoDem qui, s’il ne mentionne pas le changement climatique, se prononce explicitement pour un objectif ambitieux de réduction des émissions de CO2. Le FN constitue la seule exception (catégorie C, à la frontière toutefois avec la catégorie D) ; sans se prononcer sur la réalité du changement climatique et sans vraiment rejeter toute politique visant à le combattre, ce parti ne fait mention que d’une réduction indirecte des émissions de gaz à effet de serre. Le FN est numériquement le plus important parti de la représentation française au Parlement européen ; ses 24 membres constituent 32,9 % des eurodéputés issus des formations politiques françaises considérées. Au niveau français, son poids politique est cependant bien plus faible, ses représentants ne constituant que 0,4 % des membres de l’Assemblée nationale.

3.3. Les formations politiques d’Italie

87 L’Italie compte 73 députés européens, issus de sept formations politiques différentes. Six d’entre elles ont au moins trois eurodéputés : le Partito Democratico (PD), le Movimento Cinque Stelle (M5S), Forza Italia (FI), le cartel formé par le Nuovo Centrodestra (NCD), l’Unione di Centro (UDC) et les Popolari per l’Italia (PPI), la Lega Nord per l’Indipendenza della Padania (LN) et la liste L’Altra Europa con Tsipras (Lista Tsipras). Ces six formations totalisent 72 des 73 sièges dévolus à leur pays dans cette assemblée (soit 98,6 %). Par ailleurs, au sein de la Camera dei Deputati, telle qu’issue des élections législatives italiennes des 24 et 25 février 2013, elles comptent ensemble 520 représentants sur 630 (soit 82,5 %).

Tableau 5. Formations politiques italiennes considérées

Tableau 5. Formations politiques italiennes considérées

Remarque : Lors des élections législatives italiennes de février 2013, FI s’appelait encore Il Popolo della Libertà (PdL).

Partito Democratico (PD)

88 Le PD  [68] est conscient des dangers du changement climatique et se dit prêt à agir (catégorie D). Le parti soutient les engagements européens en matière climatique et propose même la définition d’objectifs plus contraignants en matière de réduction des émissions de CO2, de développement des énergies renouvelables et d’amélioration de l’efficacité énergétique.

Movimento Cinque Stelle (M5S)

89 Le M5S  [69] se dit favorable à une politique énergétique visant la réduction des émissions CO2. On peut en conclure que cette position vise à lutter contre le réchauffement climatique, que le parti reconnaît dès lors implicitement (catégorie D). En matière de politique énergétique, le M5S met l’accent sur une amélioration de l’efficience de la production énergétique et de son utilisation, notamment dans les bâtiments, les appareils domestiques et les machines l’industrielles. Pour diminuer les émissions de CO2, le parti propose entre autres de réduire l’impact environnemental des centrales électriques existantes, d’utiliser les énergies renouvelables sur une base décentralisée, de développer les biocarburants à des fins énergétiques et de produire du biogaz par la fermentation des déchets organiques.

Forza Italia (FI)

90 Si FI ne se prononce pas sur le changement climatique dans son programme élaboré en vue des élections européennes de 2014  [70], le parti a cependant accordé son soutien à la politique de l’Union européenne sur le changement climatique du temps où Silvio Berlusconi était président du Conseil des ministres italiens. En toute hypothèse, en l’absence de positionnement vis-à-vis des problématiques climatiques et au regard de la trajectoire de ce parti sur l’enjeu climatique, FI se classe dans la catégorie D  [71].

Nuovo Centrodestra (NCD), Unione di Centro (UDC) et Popolari per l’Italia (PPI)

91 Le cartel NCD–UDC–PPI ne traite pas du changement climatique dans son programme élaboré en vue des élections européennes de 2014  [72], mais il s’y prononce en faveur de la « green economy », qui inclut le développement des énergies renouvelables, l’innovation écologique et une mobilité durable (catégorie C).

Lega Nord per l’Indipendenza della Padania (LN)

92 La LG est à classer dans la catégorie B  [73]. Dans son programme élaboré pour les élections européennes de mai 2014  [74], le parti ne se prononce pas sur la réalité du changement climatique, ni sur son origine anthropique. En cette période de crise économique, il s’oppose à tout effort de réduction des émissions de CO2 – efforts qu’il qualifie de coûteux et inutiles. Selon la LN, le projet de l’Union européenne d’atteindre une société pauvre en carbone d’ici 2050 aurait pour conséquence une désindustrialisation forcée de l’Europe. D’après le parti, la solution consiste à « se libérer de l’autarcie éco-fasciste imposée par l’UE en Europe ». Pour ce faire, il propose de suspendre le paquet Climat-Énergie et tout autre règlement relatif au changement climatique tant que les plus grands émetteurs (comme la Chine, les États-Unis et l’Inde) ne prendront pas des mesures similaires. Dans la même optique, la LN veut supprimer toute subvention au développement des énergies renouvelables, notamment le photovoltaïque et l’éolien, au motif qu’elles entraînent une augmentation des prix de l’énergie. Dans le même temps, le parti déplore la dépendance de l’Italie et de l’Europe aux importations d’énergie. Par ailleurs, la LG estime que la protection de l’environnement doit viser la réduction de la pollution et se voir accorder des crédits de recherche importants.

L’Altra Europa con Tsipras (Lista Tsipras)

93 La Lista Tsipras  [75] demande une réforme de la politique agricole commune (PAC) afin d’y intégrer les exigences environnementales et soutient que l’Union européenne doit renforcer ses objectifs climatiques pour atteindre une réduction globale des émissions planétaires de 80 % en 2050 (catégorie D). La liste fixe ainsi les objectifs européens suivants pour 2025 : 60 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre, 45 % d’énergies renouvelables et une réduction de 40 % de la consommation d’énergie.

Conclusion

94 Quatre des six formations politiques italiennes analysées sont favorables à la lutte contre le changement climatique (catégorie D) – le classement de FI dans ce groupe étant toutefois sujet à caution. Les deux autres formations sont le cartel NCD–UDC–PPI (catégorie C) et la LG (catégorie B) ; elles comptent respectivement 3 et 5 membres au sein de la représentation italienne au Parlement européen (soit respectivement 4,2 % et 6,9 % des eurodéputés issus des formations politiques italiennes considérées). Au niveau italien, leur poids politique est encore un peu plus faible, leurs représentants à la Camera dei Deputati constituant respectivement 5,4 % et 2,9 % des membres de cette assemblée.

3.4. Les formations politiques du Royaume-Uni

95Le Royaume-Uni compte 73 députés européens, issus de dix partis politiques différents. Quatre d’entre eux ont au moins trois eurodéputés : le Conservative and Unionist Party (Cons), le Labour Party (Lab), le Green Party of England and Wales (Greens) et l’United Kingdom Independence Party (UKIP). Ces quatre partis totalisent 66 des 73 sièges dévolus à leur pays dans cette assemblée (soit 90,4 %). Par ailleurs, au sein de la House of Commons, telle qu’issue des élections législatives britanniques du 6 mai 2010, ils comptent ensemble 566 représentants sur 650 (soit 87,1 %).

Tableau 6. Formations politiques britanniques considérées

Tableau 6. Formations politiques britanniques considérées

Conservative and Unionist Party (Cons)

96 Le Cons  [76] reconnaît la réalité du changement climatique et les défis qui l’accompagnent, et est favorable à des politiques visant à lutter contre ce phénomène (catégorie D). Le parti souhaite sécuriser l’énergie à un prix abordable, diminuer les émissions de CO2 et réduire la dépendance vis-à-vis d’une source unique d’approvisionnement en énergie. Il compte sur le système européen ETS pour conduire ces réductions au prix le plus bas. Le Cons soutient les États membres de l’Union européenne qui s’accordent pour atteindre un objectif global en matière de changement climatique. Le parti se prononce en faveur d’un accord international ambitieux et équitable sur le changement climatique. Il souhaite une réduction des émissions d’au moins 40 % d’ici 2030 pour les pays de l’Union européenne, mais veut que l’objectif d’énergies renouvelables pour 2030 soit global et non contraignant pour les États membres individuellement. Selon ce parti, si l’on veut réduire les émissions de la manière la plus économiquement efficiente possible, il faut que le nucléaire, la capture du carbone et les technologies renouvelables soient intégrés sur un pied d’égalité.

Labour Party (Lab)

97 Le Lab  [77] reconnaît explicitement le changement climatique (catégorie D). Le parti veut réformer le marché unique européen en matière d’énergie, afin de s’attaquer au changement climatique et aux factures d’énergie qui ne cessent d’augmenter. Il soutient l’Union européenne et son marché unique, qui permet selon lui de mieux faire face aux problèmes globaux tels que le changement climatique. Le Lab souhaite que l’Union européenne et le Royaume-Uni continuent à jouer le rôle de leaders dans la lutte contre le changement climatique, via la construction d’une économie bas carbone et la création d’emplois verts. Le parti s’inscrit en faveur d’une réforme du marché du carbone, et en particulier du système européen ETS.

Green Party of England and Wales (Greens)

98 Les Greens  [78] font de la lutte contre le changement climatique un objectif majeur (catégorie D). Ils se prononcent pour des objectifs européens de réduction des émissions très ambitieux, d’au moins 90 % en 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Le parti insiste sur la nécessité d’une révolution énergétique vers un modèle bas carbone dans l’Union européenne.

United Kingdom Independence Party (UKIP)

99 Si l’UKIP  [79] n’est pas clairement climato-sceptique, il rejette systématiquement toute mesure visant à lutter contre le changement climatique (catégorie B)  [80]. Le parti déclare vouloir supprimer le Climate Change Act de 2008 (qui fixe les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre au Royaume-Uni d’ici 2050), en raison de son coût trop élevé. Il dénonce un risque de pénurie d’électricité (black-out) suite à la fermeture de nombreuses centrales au mazout et au charbon prévue pour 2015. Il qualifie d’inefficaces les éoliennes et les panneaux solaires privilégiés par l’Union européenne, estimant qu’ils engloutissent l’argent public et contribuent au maintien de factures énergétiques élevées  [81].

Conclusion

100 Trois des quatre partis britanniques analysés reconnaissent la réalité du changement climatique et sont favorables aux mesures de lutte contre ce phénomène (catégorie D). L’UKIP constitue la seule exception, avec une position radicale : sans nier explicitement la réalité du changement climatique – quoique certaines déclarations de son chef de file aillent de ce sens –, ce parti rejette catégoriquement toute politique visant à le combattre (catégorie B). L’UKIP est numériquement le plus important parti de la représentation britannique au Parlement européen : ses 24 membres constituent 36,4 % des eurodéputés issus des partis britanniques considérés. Au niveau britannique en revanche, son poids politique est actuellement nul, puisqu’il ne compte aucun représentant à la House of Common.

3.5. Conclusion

101 L’analyse des formations politiques des cinq États passés en revue à ce stade (Belgique, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni) donne un aperçu de la force du consensus climatique en Europe : la grande majorité des formations politiques, et notamment tous les grands partis traditionnels, reconnaissent le changement climatique et la nécessité de le combattre.

102 Sur les 36 formations politiques considérées jusqu’ici (13 belges, 7 allemandes, 6 françaises, 6 italiennes et 4 britanniques), 7 n’appartiennent pas à la catégorie D, soit 19,4 %. Plus précisément, 2 sont classées dans la catégorie A (PP en Belgique et AfD en Allemagne), 3 dans la catégorie B (VB en Belgique, LN en Italie et UKIP au Royaume-Uni) et 2 dans la catégorie C (FN en France et NCD–UDC–PPI en Italie).

103 Au Parlement européen, 33 des formations politiques considérées sont représentées  [82], dont 6 n’appartenant pas à la catégorie D, soit 18,2 %. Au sein de l’assemblée européenne, le poids relatif de ces 6 formations politiques est légèrement supérieur à leur poids absolu, puisqu’elles représentent 64 des 320 députés européens issus des formations politiques considérées, soit 20,0 %. La ventilation est la suivante : 7 dans la catégorie A (soit 2,2 %), 30 dans la catégorie B (soit 9,4 %) et 27 dans la catégorie C (soit 8,4 %).

Tableau 7. Synthèse des positionnements sur l’enjeu climatique des 36 formations politiques belges, allemandes, françaises, italiennes et britanniques considérées, par famille politique

Tableau 7. Synthèse des positionnements sur l’enjeu climatique des 36 formations politiques belges, allemandes, françaises, italiennes et britanniques considérées, par famille politique

104 Les 7 formations politiques classées hors de la catégorie D appartiennent toutes à la famille d’extrême droite (VB, FN et LN), à la famille populiste (PP et UKIP), à la famille conservatrice (AfD) ou à la famille chrétienne-démocrate (NCD–UDC–PPI). Autrement dit, 3 des 3 formations d’extrême droite considérées (soit 100 %), 2 des 3 formations populistes considérées (soit 66,6 %), 1 des 3 formations conservatrices considérées (soit 33,3 %) et 1 des 5 formations chrétiennes-démocrates considérées (soit 20,0 %) sont classées hors de la catégorie D.

105 À ce stade de la recherche, nous pouvons donc conclure que les partis climato-sceptiques ou minimisant l’enjeu climatique appartiennent majoritairement à trois familles politiques : la famille d’extrême droite, la famille populiste et la famille conservatrice. Hormis l’exception du cartel NCD–UDC–PPI en Italie, aucune formation politique issue des familles sociale-démocrate, chrétienne-démocrate, libérale, écologiste, nouvelle gauche et régionaliste ne ressortit de nos catégories A, B ou C.

4. Formations politiques membres des groupes CRE, ELD et AEL au Parlement européen

106 En analysant un échantillon de 36 partis politiques, les chapitres 2 et 3 nous ont permis d’établir que les partis ressortissant des catégories A, B et C appartiennent à certaines familles politiques particulières. En l’occurrence, les familles d’extrême droite, populiste et conservatrice semblent être les plus sujettes à la minimisation de l’enjeu climatique et des politiques menées à cet égard.

107Dans ce dernier chapitre, la recherche est donc concentrée sur les trois groupes politiques au Parlement européen  [83] qui sont assimilables à ces familles politiques : le groupe des Conservateurs et réformistes européens (groupe CRE), le groupe Europe libertés démocratie (groupe ELD) et le groupe de l’Alliance européenne pour la liberté (groupe AEL)  [84]. Ce chapitre examine ainsi la position de formations politiques représentant 144 eurodéputés sur un total de 751 (soit 19,2 %).

4.1. Le groupe des Conservateurs et réformistes européens (groupe CRE)

108 Le groupe CRE est composé de 70 eurodéputés (9,3 %) issus de quinze pays. Ces représentants provenant de dix-sept formations politiques, notre analyse sera limitée à celles d’entre elles qui comptent au moins deux eurodéputés. Celles-ci sont au nombre de huit : le Conservative party (Cons, cf. supra), Prawo i Sprawiedliwość (PiS), l’Alternative für Deutschland (AfD, cf. supra), la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA, cf. supra), le Dansk Folkeparti (DF), le cartel formé par la Christen Unie (CU) et le Staatkundig Gereformeerde Partij (SGP), le Perussuomalaiset (PS) et l’Občanská demokratická strana (ODS). Les huit formations politiques considérées totalisent 59 des 70 députés européens du groupe CRE (soit 84,3 %).

Tableau 8. Formations politiques du groupe CRE considérées

Tableau 8. Formations politiques du groupe CRE considérées

Hors parenthèses, nombre de partis ; entre parenthèses, nombre de députés au Parlement européen. Remarque : Le cartel UDI–MoDem est ici classé dans la famille libérale.

Prawo i Sprawiedliwość (PiS)

109 Le parti polonais PiS  [85] considère que la politique climatique européenne est néfaste et rejette les objectifs de réduction des émissions fixés par l’Union européenne pour la Pologne (catégorie B). Il estime que « le plus grand obstacle à la production d’électricité est la politique climatique de l’Union européenne, qui impose des obligations de réduction des émissions de CO2 ». Le parti ne nie pas explicitement le besoin de réduire les émissions de CO2, mais il considère que cette réduction ne doit pas restreindre l’utilisation du charbon comme énergie primaire en Pologne. Le charbon couvre en effet 90 % des besoins énergétiques du pays et est essentiel pour assurer sa compétitivité. Par conséquent, le parti veut négocier une exemption des règles européennes sur la réduction des émissions de CO2, justifiant une telle exemption par le fait que les forêts polonaises assurent un stockage de CO2 dont profite toute l’Europe. Il soutient également le développement des énergies renouvelables telles que les éoliennes, le photovoltaïque, la biomasse et la géothermie, mais il considère que les énergies conventionnelles (gaz et si possible gaz de schiste inclus) doivent continuer à jouer un rôle principal.

Dansk Folkeparti (DF)

110 Dans son programme de travail, élaboré en 2009, le parti danois DF  [86] reconnaît qu’il existe des preuves solides quant à la responsabilité des activités humaines sur le changement climatique (catégorie D). Il précise toutefois que la responsabilité de la lutte contre ce phénomène incombe à toutes les nations et qu’il voudrait voir des pays comme la Chine et l’Inde pleinement impliqués dans une « politique climatique mondiale ». Le parti dit vouloir assurer l’autosuffisance du Danemark en énergie verte renouvelable, tant pour des motifs environnementaux (impact négatif de l’utilisation de combustibles fossiles) que pour des motifs politiques (sont là visés les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient).

Christen Unie (CU) et Staatkundig Gereformeerde Partij (SGP)

111 Réunis en cartel pour les élections européennes de mai 2014, les partis néerlandais CU et SGP  [87] reconnaissent que l’influence humaine sur le changement climatique est scientifiquement prouvée et incontestable (catégorie D). Ils soutiennent les objectifs de la stratégie Europe 2020 et se prononcent en faveur de nouveaux accords internationaux impliquant l’ensemble des membres des Nations unies, sans toutefois subordonner la conclusion de ces accords à une participation de tous les pays. La CU et le SGP soutiennent le marché des émissions comme outil pour réduire les émissions de CO2, mais préféreraient que ce système soit placé sous les auspices de la CCNUCC plutôt que de l’Union européenne, afin de lutter contre le phénomène de « fuite de carbone ». Ils encouragent la production d’énergies renouvelables, via les nouvelles sources d’énergie.

Perussuomalaiset (PS)

112 Le parti finlandais PS  [88] affirme que la réduction des émissions nocives est de la plus haute importance et se montre favorable à des mesures allant dans ce sens (catégorie D). Il critique cependant l’actuelle politique climatique et énergétique européenne, qui n’a eu selon lui pour effet jusqu’à présent que de ralentir l’industrie et d’augmenter le chômage. Le parti considère que le système européen ETS et la définition d’objectifs quantitatifs ne sont pas significativement efficaces. Il est favorable à un système de paiement dans lequel ceux qui dépassent les niveaux convenus d’émission paieraient un montant déterminé à un fonds national ou international. Selon lui, ces fonds pourraient être utilisés entre autres pour le développement de moyens technologiques et de production visant à réduire les émissions.

Občanská demokratická strana (ODS)

113 Le parti tchèque ODS  [89] ne se prononce pas sur la réalité du changement climatique  [90]. Il rejette toute politique climatique qui serait défavorable à l’économie et à la compétitivité de la République tchèque (catégorie B). Le parti estime que les engagements climatiques européens unilatéraux causent du tort aux entreprises et augmentent le prix de l’électricité. S’il ne prône pas une réduction des émissions directes, il la mentionne comme « effet secondaire » d’autres mesures jugées plus impératives et auxquelles il se dit favorable : l’augmentation de l’efficacité énergétique, l’innovation et le développement de nouvelles technologies. Le parti s’oppose aux quotas obligatoires et au renforcement des engagements climatiques de l’Union européenne, car il considère que, la part des émissions mondiales de l’Europe n’étant que d’environ 10 %, la réduction des émissions européennes n’aurait qu’un effet mineur. En outre, il pense qu’une telle politique risquerait de désavantager l’industrie européenne et donc tchèque, notamment en augmentant le prix de l’électricité. De même, le parti soutient l’amélioration de l’efficacité énergétique, pour autant qu’elle ne grève pas l’économie des pays européens, ne nuise pas à leur compétitivité dans le monde et surtout n’entraîne pas d’augmentation des coûts de l’énergie pour les citoyens et les entreprises tchèques.

Conclusion

114 Les formations politiques appartenant au groupe CRE ne sont pas unanimes sur la question du changement climatique. Parmi les huit formations considérées, cinq sont classées dans la catégorie D, deux dans la catégorie B et une dans la catégorie A. En termes de poids au sein du groupe, cela revient à 31 eurodéputés sur 59 dans la catégorie D (soit 52,5 % des membres des formations considérées), 21 eurodéputés dans la catégorie B (soit 35,6 %) et 7 eurodéputés dans la catégorie A (11,9 %). On relèvera notamment que les deux principaux partis du groupe CRE – à savoir le Cons (19 députés) et le PiS (19 députés) – ont une position distincte sur la question climatique : le premier est favorable à des mesures de lutte contre ce changement, tandis que le second s’y oppose.

115 Le groupe CRE étant le troisième groupe politique au Parlement européen en nombre de députés avec 9,3 % des sièges, il aura un certain poids lors des débats européens sur le changement climatique. Son importance numérique est toutefois bien plus faible que celle des deux premiers groupes, à savoir le groupe du Parti populaire européen (groupe PPE) et le groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (groupe S&D), qui totalisent respectivement 29,4 % et 25,4 % des sièges.

4.2. Le groupe Europe libertés démocratie (groupe ELD)

116 Le groupe ELD est composé de 48 eurodéputés (6,4 %) issus de sept pays. Ce groupe rassemble les membres de six partis : l’United Kingdom Independence Party (UKIP, cf. supra), le Movimento Cinque Stelle (M5S, cf. supra), les Sverigedemokraterna (SD), Tvarka ir teisingumas (TT), le Zaļo un zemnieku savienība (ZZS) et le Strana svobodných občanů (Svobodni). Il compte aussi une Française, Joëlle Bergeron, qui s’était présentée sur les listes du FN ; ce parti n’étant pas inscrit dans ce groupe, les positions de la candidate J. Bergeron ne seront pas prises en compte ici. Les six partis considérés totalisent donc 47 des 48 députés européens du groupe ELD (soit 97,9 %).

Tableau 9. Formations politiques du groupe ELD considérées

Tableau 9. Formations politiques du groupe ELD considérées

Sverigedemokraterna (SD)

117Le parti suédois SD  [91] ne place pas le changement climatique au cœur de ses préoccupations, mais il entend tout de même réduire les émissions de gaz à effet de serre (catégorie D). Il soutient que la Suède doit contribuer à résoudre les problèmes environnementaux mondiaux. Le parti plaide pour une « politique environnementale et énergétique réaliste et durable », sans en préciser les termes. Il propose d’accroître les investissements dans l’efficacité énergétique et d’apporter un « appui plus marqué aux efforts des pays en développement les plus pauvres à réduire leurs émissions de polluants et de gaz à effet de serre ». Cependant, le parti s’oppose au déploiement d’éoliennes à grande échelle, jugeant qu’elles sont « inefficaces » et qu’elles ont un impact négatif sur la nature et les paysages.

Tvarka ir teisingumas (TT)

118Le parti lituanien TT  [92] compte la lutte contre le changement climatique parmi ses objectifs (catégorie D). Il affirme que la PAC doit contribuer entre autres à l’atténuation des effets néfastes du changement climatique. Par ailleurs, il propose que la Lituanie accorde davantage d’attention à la conservation de l’énergie et aux sources d’énergies renouvelables.

Zaļo un Zemnieku savienība (ZZS)

119Le parti letton ZZS ne fait pas mention du changement climatique dans son programme pour les élections européennes de mai 2014  [93]. Certes, il souhaite assurer l’indépendance énergétique du pays et améliorer l’efficacité énergétique de son économie, mais il n’établit pas de lien entre cette problématique et les émissions de gaz à effet de serre (catégorie B). Le parti veut « assurer la durabilité des ressources de la pêche et de l’aquaculture » et promouvoir la préservation environnementale d’eaux importantes pour la pêche. Il vise à faire de la Lettonie un pays avec un niveau élevé de sensibilisation du public vis-à-vis de l’environnement. Le parti veut négocier les objectifs de réduction des émissions imposés par l’Union européenne afin que ceux-ci ne nuisent pas à l’économie du pays.

Strana svobodných občanů (Svobodni)

120Lutter contre le changement climatique n’apparaît pas comme un objectif du programme du parti tchèque Svobodni pour les élections européennes de mai 2014  [94]. Le parti met en doute l’origine anthropique des émissions de gaz à effet de serre et rejette les politiques de lutte coordonnée contre le changement climatique (catégorie A). Il se prononce en faveur d’une « réelle protection de l’environnement » et de l’établissement de règles claires pour le fonctionnement des établissements qui émettent des polluants. Il n’est pas opposé à ce que des limites d’émission de polluants renforcées soient imposées aux économies plus riches. Mais il refuse que l’on se focalise sur ces émissions qui sont, d’après lui, principalement d’origine naturelle. Le parti affirme que « les politiques environnementales mises en œuvre au nom de l’idéologie écologiste sont mauvaises car elles sont un produit de l’idéologie ». Il critique le Protocole de Kyoto et la politique européenne de négociation des émissions de CO2, qu’il accuse de conduire à un déplacement de la production vers la Chine ou l’Inde. Le parti souhaite qu’il soit tenu compte des impacts environnementaux pour la construction de nouveaux bâtiments, mais sans entrave de la part des associations écologistes et en évaluant également l’impact qu’aurait une absence de construction. Il admet des accords internationaux dans le cas d’influences transfrontalières de polluants sur l’environnement, mais plaide pour davantage d’indépendance pour chaque État au niveau de la politique environnementale. Il est à noter que le parti milite en faveur d’une sortie de la République tchèque de l’Union européenne, avec toutefois le maintien dans l’Association européenne de libre-échange (AELE).

Conclusion

121 Les six partis membres du groupe ELD ne sont pas tous sur la même longueur d’onde concernant l’enjeu climatique : trois sont classées dans la catégorie D, deux dans la catégorie B et un dans la catégorie A. En termes de poids au sein du groupe, cela revient à 21 eurodéputés sur 47 dans la catégorie D (soit 44,7 %), 25 eurodéputés dans la catégorie B (soit 53,2 %) et 1 eurodéputé dans la catégorie A (2,1 %). Comme dans le cas du groupe CRE, il est à noter, que les deux principaux partis du groupe ELD – à savoir l’UKIP (24 députés) et le M5S (17 députés) – ont une position différente sur la question climatique.

4.3. Le groupe de l’Alliance européenne pour la liberté (groupe AEL)

122 Le groupe AEL est composé 37 eurodéputés (4,9 %), issus de cinq pays. Il rassemble cinq partis politiques : le Front national (FN, cf. supra), la Lega Nord (LN, cf. supra), le Partij voor de Vrijheid (PVV), le Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ) et le Vlaams Belang (VB, cf. supra). À eux cinq, ces partis totalisent 38 députés.

Tableau 10. Formations politiques du groupe AEL considérées

Tableau 10. Formations politiques du groupe AEL considérées

Remarque : L’eurodéputée Joëlle Bergeron s’étant présentée sur les listes du FN, elle est ici comptée parmi les eurodéputés de ce parti, bien qu’elle fasse partie du groupe ELD (cf. supra).

Partij voor de Vrijheid (PVV)

123 Le programme du parti néerlandais PVV pour les élections européennes de mai 2014 – qui ne fait qu’une page – ne s’intéresse ni à l’environnement ni au changement climatique  [95]. Dès lors, il convient de s’intéresser ici au programme électoral législatif du parti couvrant la période 2012-2017  [96]. Ce document, qui ne fait pas mention du changement climatique à proprement parler, permet de classer le PVV dans la catégorie A  [97]. Le parti réprouve les décisions de l’Union européenne en matière climatique et qualifie les mesures de réduction de CO2 d’hallucinantes et de désastre pour l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol et la compagnie aérienne nationale néerlandaise KLM. Le PVV déclare vouloir réduire la taxe sur l’énergie, mais sans établir de lien avec les énergies renouvelables ou le changement climatique, et « arrêter la propagande du gouvernement contre le tabagisme et l’hystérie autour du climat » (« stop de overheidspropaganda tegen het roken, tegen de klimaathysterie »). Le PVV se dit « pour la nature », mais il critique les subsides et les emplois « verts » prônés par d’autres partis. Selon lui, durable rime avec onéreux ; il se prononce donc contre les éoliennes, en soulignant qu’elles ruinent le paysage, tuent des oiseaux et coûtent cher. Ses énoncés politiques sont très clairs sur son positionnement idéologique : « bye, bye éoliennes », « arrêter l’approvisionnement durable », « arrêter les réglementations Stimulering Duurzame Energie productie », « arrêter les subventions de développement durable », « abolir les subventions de réduction de CO2 » et « arrêter l’écologisation fiscale ».

Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ)

124 Publié en 2013, le manifeste du parti autrichien FPÖ  [98] montre que ce parti n’endosse pas réellement d’objectifs climatiques et critique vertement la politique européenne menée en la matière (catégorie B). Le FPÖ préconise l’utilisation d’énergies renouvelables pour aider à sortir du nucléaire et assurer la sécurité énergétique de son pays. Cependant, il s’oppose à toute mesure visant à prendre de l’argent aux citoyens sous le couvert du changement climatique. Le parti rejette les échanges de droits d’émission globaux ainsi que le financement de la « promotion de l’environnement à l’étranger », qui implique des investissements conséquents et constitue selon lui une aide à l’étranger déguisée sans possibilité de contrôle. Il s’oppose à la signature d’un accord sur le changement climatique, qui conduirait à des sanctions jugées injustifiées pour l’Autriche et se ferait sans la participation de pays comme la Chine ou les États-Unis. Le FPÖ s’oppose au système d’échange des droits d’émission, qu’il qualifie d’arnaque, car il n’y voit pas l’avenir d’une politique climatique. Il associe la protection de l’environnement à l’énergie et considère l’utilisation d’énergies renouvelables domestiques comme le moyen le plus sûr d’atteindre les objectifs de protection de l’environnement. Il souhaite réduire la TVA sur les énergies renouvelables, et n’imposer les énergies hydraulique, éolienne, solaire et géothermique qu’à hauteur de 10 %. D’après le parti, il convient de concentrer les investissements sur le développement des ressources renouvelables locales qui, seules, permettront à l’Autriche de rompre sa dépendance aux combustibles fossiles tout en créant des emplois et en réduisant les coûts de l’énergie sur le marché intérieur.

Conclusion

125 Aucun parti du groupe AEL ne se classe dans la catégorie D, ce qui contraste fortement avec la majorité des formations politiques analysées dans la présente étude. Trois des cinq partis du groupe sont classés dans la catégorie C, un dans la catégorie B et un dans la catégorie A. En termes de poids au sein du groupe, cela revient à 24 eurodéputés sur 38 dans la catégorie C (soit 63,2 %), 10 eurodéputés dans la catégorie B (soit 26,3 %) et 4 eurodéputés dans la catégorie A (10,5 %). Remarquons aussi que si ces cinq partis mentionnent dans leur programme les énergies renouvelables, qui sont de nature locale, leur position à ce sujet diffère sensiblement. Le FN considère que les énergies renouvelables ne sont pas réalistes et fixe des objectifs peu ambitieux. La LN s’oppose aux subventions aux énergies renouvelables. Le PVV rejette complètement le développement des énergies renouvelables et semble s’opposer au développement durable. Le FPÖ promeut les énergies renouvelables pour sortir du nucléaire et assurer la sécurité énergétique de l’Autriche. Le VB a une position moins claire : il considère que les énergies vertes ont leur place dans un mix énergétique sain et équilibré mais qu’elles ne peuvent à elles seules répondre à la demande d’électricité.

4.4. Conclusion

126Le positionnement vis-à-vis de l’enjeu climatique ne constitue pas une base idéologique commune à l’ensemble des formations politiques conservatrices, populistes et d’extrême droite. On y décèle toutefois nettement plus de positionnement relevant des catégories A, B et C que dans les autres familles politiques (cf. supra).

127 Une tendance se dégage clairement au sein de la famille politique d’extrême droite. La plupart des partis de cette tendance, à savoir cinq sur six, ne soutiennent pas l’enjeu climatique, voire sont climato-sceptiques (le PVV dans la catégorie A, la LN, le FPÖ et le VB dans la catégorie B, et le FN dans la catégorie C ; la seule exception est le SD). Ce degré d’unanimité ne se retrouve ni parmi les six formations de la famille conservatrice ni parmi les quatre de la famille populiste. Parmi les premières, la proportion de formations classées en D est de la moitié (à savoir le Cons, le cartel CU–SGP et le TT ; contre l’AfD dans la catégorie A et le PiS et l’ODS dans la catégorie B) ; parmi les secondes, elle est des trois quarts (à savoir le DF, le PS et le M5S ; contre l’UKIP dans la catégorie B).

128 En termes de poids au sein des groupes CRE, ELD et AEL, cela revient, pour l’ensemble des formations politiques considérées, à 52 eurodéputés sur 144 dans la catégorie D (soit 36,1 %), 24 eurodéputés dans la catégorie C (soit 16,7 %), 56 eurodéputés dans la catégorie B (soit 38,9 %) et 12 eurodéputés dans la catégorie A (soit 8,3 %).

Tableau 11. Synthèse des positionnements sur l’enjeu climatique des formations politiques des groupes CRE, ELD et AEL considérées

Tableau 11. Synthèse des positionnements sur l’enjeu climatique des formations politiques des groupes CRE, ELD et AEL considérées

Hors parenthèses, nombre de partis ; entre parenthèses, nombre de députés au Parlement européen.

129Si les formations politiques composant les groupes CRE, ELD et AEL au Parlement européen ne sont pas unanimes sur la question des politiques climatiques, cela tient peut-être à leur difficulté de se coordonner, sur ce sujet comme sur tant d’autres. Il est également possible que cette situation soit due au fait que, dans le cadre des élections européennes de mai 2014, cette thématique n’a pas constitué pour elles un sujet de positionnement de premier plan. Il sera intéressant d’observer les évolutions qui se produiront dans le futur à cet égard, notamment si les politiques climatiques deviennent de plus en plus prégnantes dans le débat politique.

5. Synthèse

130La présente étude a porté sur 47 formations politiques, dont 44 représentées au Parlement européen (totalisant 363 eurodéputés, soit 48,3 % de cette assemblée). Le tableau récapitulatif ci-dessous montre que les familles politiques présentant les proportions les plus élevées de formations classées dans la catégorie D sont les familles sociale-démocrate et écologiste (suivies de près par les familles libérale et chrétienne-démocrate), tandis que celles présentant les plus faibles pourcentages sont les familles populiste (qui ne précède cependant que d’assez peu la famille conservatrice) et, surtout, d’extrême droite  [99].

Tableau 12. Synthèse des formations politiques considérées, par famille politique : proportion de députés européens classés dans la catégorie D

Tableau 12. Synthèse des formations politiques considérées, par famille politique : proportion de députés européens classés dans la catégorie D

131Il est à noter, par ailleurs, que nos résultats permettent également de relever un lien étroit entre, d’une part, l’euroscepticisme dur  [100] et, d’autre part, une forte critique formulée à l’encontre des politiques climatiques (voire le climato-scepticisme). En effet, parmi les diverses formations politiques considérées dans cette étude, 13 peuvent être qualifiées d’eurosceptiques dures ; or, l’on constate que 9 d’entre elles sont critiques vis-à-vis de l’enjeu climatique (parmi lesquelles l’ensemble des partis du groupe AEL au Parlement européen). A contrario, il n’existe qu’un lien fort ténu entre l’euroscepticisme modéré  [101] et le climato-scepticisme puisque, sur les 6 formations politiques de notre corpus identifiées comme modérément eurosceptiques, 5 défendent l’enjeu climatique.

Tableau 13. Euroscepticisme et climato-scepticisme

Tableau 13. Euroscepticisme et climato-scepticisme

Conclusion

132Ce sont donc les familles politiques d’extrême droite, populiste et, dans une moindre mesure, conservatrice qui s’avèrent le plus en porte-à-faux par rapport à la position européenne – largement consensuelle – en matière de lutte contre le changement climatique. Les formations politiques qui se distancient de cette position le font selon différents degrés de radicalité. Dans certains cas minoritaires – mais majoritaires dans la famille d’extrême droite –, cette distanciation va jusqu’au fait de nier le changement climatique, qui constitue pourtant un phénomène établi scientifiquement et largement reconnu par tous les gouvernements de la planète.

133 Ces positions de résistance et d’opposition gagneraient à être analysées en profondeur, afin de saisir leurs liens avec les programmes électoraux des formations politiques concernées et avec les électorats que visent celles-ci. Ainsi, le discours de certains partis des familles d’extrême droite et populiste relève de l’« antisystème », ce qui n’est pas sans effet sur leur perception de l’enjeu climatique. Celui-ci fait en effet l’objet d’un important consensus et prend parfois les aspects d’une cause « sacrée », ce qui peut agacer certains électeurs qui n’en saisissent pas bien la portée pratique pour leur propre vie. Il est donc cohérent que le fait de s’opposer au « système » amène parfois à critiquer l’enjeu climatique, en tant qu’élément faisant l’unanimité auprès d’un monde politique dont on entend se distancier. Cependant, cette explication est insuffisante. En effet, les programmes électoraux de presque toutes les formations d’extrême droite, populistes et conservatrices que nous avons étudiés dans le présent Courrier hebdomadaire accordent une réelle attention à la protection de l’environnement. Ils ne dénotent donc pas une volonté politique de s’opposer à tous les enjeux environnementaux. Par ailleurs, il n’est pas impossible que, dans le cas où le changement climatique affecterait des éléments visibles et reconnaissables de l’environnement proche dans le futur, cette cause gagnera en importance auprès de certains de ces partis.

134 Dans la plupart des cas, lorsque s’y fait jour une volonté de distanciation vis-à-vis du consensus climatique, les programmes électoraux analysés pointent certes divers éléments considérés comme problématiques dans la politique européenne actuelle, mais ils ne témoignent pas d’un autisme face aux problèmes engendrés par le changement climatique. D’ailleurs, certains contiennent des propositions favorables à la diminution des émissions, en particulier en matière d’énergies renouvelables, ou à la relocalisation de l’économie. Il s’agit en réalité de formations politiques ayant choisi de forcer le trait sur ce qu’elles estiment poser problème dans la politique climatique européenne – un domaine dans lequel la grande majorité des autres formations politiques, si elles critiquent parfois ces mesures politiques, se rallient largement à une action commune qu’elles jugent indispensable.

135 Par ailleurs, notre focalisation sur un aspect bien précis de la problématique, si elle n’a nullement empêché l’obtention de résultats intéressants, implique d’importantes limites. La majorité des partis analysés se situent en effet dans la catégorie D. Or, celle-ci est très large et nécessiterait donc d’être elle-même subdivisée, afin que soient distinguées les positions sur l’atténuation au changement climatique, sur l’adaptation, sur les limites des politiques climatiques par rapport à d’autres enjeux de politiques publiques, etc. La présente étude est évidemment incomplète sur ces points. Nous avons toutefois pu montrer, d’une part, que le débat sur le climat n’est pas consensuel et, d’autre part, que la grande majorité des partis politiques cherchent à y trouver une place et à y définir une position (tantôt ouverte, tantôt fermée) à l’attention d’un électorat potentiel.

136 Pour atteindre les objectifs de décarbonisation prônés par les scientifiques, l’Union européenne devrait bientôt réduire ses émissions de CO2 de plusieurs pourcents par an. Il conviendra donc que la politique climatique concerne au premier chef le changement du système énergétique (consommation et production) ; ce n’est que par ce moyen qu’elle pourra être pleinement effective. Ces perspectives futures sont cependant susceptibles d’augmenter l’écoute dont bénéficient les partis climato-sceptiques, qui défendent la limitation des entraves mises à l’économie et au prix de l’énergie. À l’heure actuelle, il est impossible de prédire si, des preuves scientifiques toujours plus nombreuses s’accumulant au sujet du changement climatique en cours, des noyaux durs de climato-scepticisme continueront encore à propager des doutes parfois crus, parfois subtils sur les phénomènes de base, comme on le constate aux États-Unis ou en Australie notamment, mais aussi en Russie, par exemple. Une voie également très présente aujourd’hui dans ces courants évite la mise en doute frontale de la réalité du changement climatique anthropique, en se concentrant sur les incertitudes inhérentes aux effets de ce phénomène et en mettant en exergue l’impact mineur de politiques, éventuellement coûteuses, menées pour le contrer. En politique, le climato-scepticisme dur, ou la dénégation du phénomène qu’il y aurait à combattre, apparaît parfois comme une ligne avancée, que certains acteurs peuvent investir, puis abandonner à certains moments, se réservant le droit d’y revenir si cette stratégie est jugée meilleure.

Notes

  • [1]
    La situation aux États-Unis, qui fait l’objet de beaucoup de travaux, ne sera pas développée ici. À ce sujet, on consultera notamment les publications de Naomi Oreskes, de Robert J. Brulle ou de Riley E. Dunlap, ou les contributions parues sur le site Internet www.skepticalscience.com.
  • [2]
    Cette question a tout d’abord été explorée dans K. MÖHLER, Analyse de la polarisation politique autour de la question climatique dans l’Union européenne, mémoire de master en Sciences et gestion de l’environnement, Université libre de Bruxelles, 2014.
  • [3]
    E. ZACCAI, F. GEMENNE, J.-M. DECROLY (dir.), Controverses climatiques, sciences et politique, Paris, Presses de Sciences Po, 2012.
  • [4]
    Le groupe AEL n’est pas un groupe politique reconnu au Parlement européen, car il ne réunit pas des eurodéputés provenant d’au moins sept États membres, comme le veulent les règles européennes en la matière. Ses partis membres se retrouvent donc parmi les non-inscrits. Néanmoins, en tant qu’il rassemble des formations politiques d’extrême droite, il nous a paru important d’inclure ce groupe dans notre analyse.
  • [5]
    S. C. AYKUT, A. DAHAN, Gouverner le climat ? Vingt ans de négociations internationales, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 2014.
  • [6]
    Cf. par exemple V. DE COOREBYTER, « Clivages et partis en Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2000, 2008, p. 66.
  • [7]
    Cf., par exemple, G. PIET, Does Ideology Matter in Elections? Estimer la position des « partis frères » belges sur l’enjeu climatique (1981-2014), thèse de doctorat en Sciences politiques et sociales, Université de Liège, 2015.
  • [8]
    Cf. « 5e rapport du GIEC : le réchauffement climatique est “sans équivoque” », 1er octobre 2013 et 30 janvier 2014, www.notre-planete.info.
  • [9]
    Cf., par exemple, N. ORESKES, E. M. CONWAY, Les marchands de doute, ou Comment une poignée de scientifiques ont masqué la vérité sur des enjeux de société tels que le tabagisme et le réchauffement climatique, Paris, Le Pommier, 2012 ; J. HOGGAN, R. LITTLEMORE, Climate Cover-Up: The Crusade to Deny Global Warming, Vancouver, Greystone Books, 2009.
  • [10]
    Le sociologue Robert J. Brulle (Drexel University) a établi que, entre 2003 et 2010, 558 millions de dollars, provenant de plus d’une centaine d’organisations états-uniennes sceptiques envers le changement climatique, ont été versés afin de financer des études (R. J. BRULLE, « Institutionalizing Delay: Foundation Funding and the Creation of U.S. Climate Change Counter-Movement Organizations », Climatic Change, tome 122, n° 4, 2014, p. 681-694).
  • [11]
    Le climato-scepticisme doit être distingué des questions légitimes qui se posent, relativement à ce phénomène, au sein du grand public. Il existe également une série de controverses en termes de cadrages scientifiques (cf., par exemple, H. GUILLEMOT, « Les désaccords sur le changement climatique en France : au-delà d’un climat bipolaire », Natures, Sciences, Sociétés, volume 22, n° 4, 2014, p. 340-350).
  • [12]
    Le site Internet www.skepticalscience.com (dont la devise est « Getting skeptical about global warming skepticism ») recense près de 200 affirmations trompeuses ou inexactes, avec à chaque fois des commentaires et réponses issus d’études scientifiques.
  • [13]
    Directive 2009/28/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables et modifiant puis abrogeant les directives 2001/77/CE et 2003/30/CE, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 5 juin 2009 ; Directive 2009/29/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009 modifiant la directive 2003/87/CE afin d’améliorer et d’étendre le système communautaire d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 5 juin 2009 ; Décision n° 406/2009/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009 relative à l’effort à fournir par les États membres pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin de respecter les engagements de la Communauté en matière de réduction de ces émissions jusqu’en 2020, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 5 juin 2009 ; Directive 2009/31/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009 relative au stockage géologique du dioxyde de carbone et modifiant la directive 85/337/CEE du Conseil, les directives 2000/60/CE, 2001/80/CE, 2004/35/CE, 2006/12/CE et 2008/1/CE et le règlement (CE) n° 1013/2006 du Parlement européen et du Conseil, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 5 juin 2009. Le paquet Climat-Énergie a été révisé en 2014 (cf. Conseil européen, « Note. Conseil européen (23 et 24 octobre 2014). Conclusions sur le cadre d’action en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030 », SN 79/14, 23 octobre 2014, www.consilium.europa.eu).
  • [14]
    Commission des Communautés européennes, Livre vert sur l’efficacité énergétique ou Comment consommer mieux avec moins, COM(2005) 265 final, 22 juin 2005, http://europa.eu.
  • [15]
    Commission européenne, « Objectifs Europe 2020 [tels que définis par les États membres dans leurs programmes nationaux de réforme en avril 2011] », s.d., http://ec.europa.eu.
  • [16]
    Lors de la COP de 1997, un protocole à la CNUCC a été établi : le célèbre Protocole de Kyoto. Celui-ci engage une série d’États industrialisés à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre de quelques pourcents à l’horizon 2010. Il inclut des marchés d’échange d’émissions, permettant à un État de ne pas réduire ses propres émissions s’il finance des réductions correspondantes dans un autre pays. Ce protocole a été signé par 184 des 193 États membres de l’ONU ; parmi les absents, figurent les États-Unis. La COP de 2009 a tenté, avec peu de succès, d’aboutir à des engagements de réduction d’émissions hors du cercle initial des pays industrialisés, afin de garantir que jamais ne soit dépassée une augmentation de maximum de 2° C par rapport à la température moyenne du globe avant l’époque industrielle (actuellement, l’augmentation est déjà de plus de 0,8° C). La COP de Paris sera une nouvelle tentative dans le même sens, dans un contexte où, depuis le lancement de la CNUCC en 1992, la répartition des émissions nationales a beaucoup évolué. Ainsi, la Chine émet aujourd’hui plus que les États-Unis et l’Union européenne réunis (même si, en comptabilisant les émissions cumulées historiquement, les pays de l’OCDE continuent largement à dominer en termes de pollutions émises). Par ailleurs, l’enjeu de l’adaptation à un changement climatique déjà en cours prend de l’importance dans l’agenda de ces négociations, à côté des objectifs de réduction des émissions (que l’on appelle « mitigation » ou « atténuation »).
  • [17]
    Communication de la Commission européenne au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions, Feuille de route vers une économie compétitive à faible intensité de carbone à l’horizon 2050, COM(2011) 112 final, 8 mars 2011.
  • [18]
    J.-P. BOZONNET, « Le contre-récit climatique dans l’opinion européenne. Émergence et signification sociale », in E. ZACCAI, F. GEMENNE, J.-M. DECROLY (dir.), Controverses climatiques, sciences et politique, op. cit., p. 195-220.
  • [19]
    R. J. BRULLE, « Institutionalizing Delay: Foundation Funding and the Creation of U.S. Climate Change Counter-Movement Organizations », op. cit.
  • [20]
    Notamment entre 2008 et 2010 par rapport aux années précédentes (A. M. MCCRIGHT, R. E. DUNLAP, « Déni organisé et polarisation politique autour des changements climatiques aux États-Unis », in E. ZACCAI, F. GEMENNE, J.-M. DECROLY (dir.), Controverses climatiques, sciences et politique, op. cit., p. 183).
  • [21]
    Initialement, nous avions envisagé de distinguer ces deux positions en deux catégories distinctes. Cependant, au cours de la recherche, il s’est avéré que ces deux positions se confondent largement dans les (rares) programmes des partis qui satisfont aux critères de cette catégorie A.
  • [22]
    Pour une étude de ce type sur le cas belge, cf. G. PIET, Does Ideology Matter in Elections? Estimer la position des « partis frères » belges sur l’enjeu climatique (1981-2014), op. cit.
  • [23]
    P. MAIR, C. MUDDE, « The Party Family and its Study », Annual Review of Political Science, volume 1, 1998, p. 211-229.
  • [24]
    M. GALLAGHER, M. LAVER, P. MAIR, Representative Government in Western Europe, 5e édition, New York, McGraw-Hill, 2011.
  • [25]
    Cf. I. BUDGE, H. KEMAN, Parties and Democracy. Coalition Formation and Government Functioning in Twenty States, nouvelle édition, Oxford, Oxford University Press, 2001 ; H. BÄCK, M. DEBUS, P. DUMONT, « Who Gets What in Coalition Governments? Predictors of Portfolio Allocation in Parliamentary Democracies », European Journal of Political Research, volume 50, n° 4, 2011, p. 441-478.
  • [26]
    Cf. ibidem ; G. PIET, Does Ideology Matter in Elections? Estimer la position des « partis frères » belges sur l’enjeu climatique (1981-2014), op. cit.
  • [27]
    M. GALLAGHER, M. LAVER, P. MAIR, Representative Government in Western Europe, op. cit. ; G. PIET, Does Ideology Matter in Elections? Estimer la position des « partis frères » belges sur l’enjeu climatique (1981-2014), op. cit. ; H. BÄCK, M. DEBUS, P. DUMONT, « Who Gets What in Coalition Governments? Predictors of Portfolio Allocation in Parliamentary Democracies », op. cit.
  • [28]
    Ibidem ; I. BUDGE, H. KEMAN, Parties and Democracy. Coalition Formation and Government Functioning in Twenty States, op. cit.
  • [29]
    M. GALLAGHER, M. LAVER, P. MAIR, Representative Government in Western Europe, op. cit., p. 268-270.
  • [30]
    Par exemple, tel est le cas de Nigel Farage au Royaume-Uni (cf. infra).
  • [31]
    Cf. J.-P. BOZONNET, « Le contre-récit climatique dans l’opinion européenne. Émergence et signification sociale », op. cit.
  • [32]
    Ainsi, aux États-Unis, après 2008, des élus républicains ont évolué vers des positions de plus en plus sceptiques alors que, initialement, le phénomène du changement climatique était plus clairement admis dans ce parti. Ceci, d’ailleurs, alors même que les preuves s’accumulent dans le sens inverse, mais il est vrai que le développement des connaissances scientifiques n’a souvent qu’une influence indirecte sur les intentions politiques.
  • [33]
    Cf. P. BLAISE, V. DEMERTZIS, J. FANIEL, C. ISTASSE, J. PITSEYS, « Les résultats des élections fédérales et européennes du 25 mai 2014 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2242-2243, 2014, p. 78-82.
  • [34]
    À savoir les 8 sièges dévolus au collège électoral français et les 10 sièges dévolus au collège électoral néerlandais. Le dernier siège est celui qui est dévolu au collège électoral germanophone ; il est actuellement détenu par le Christlich Soziale Partei (CSP), aile germanophone du CDH.
  • [35]
    Plus forts, ensemble, pour un avenir plus juste. Programme 2014 : élections européennes, fédérales et régionales, www.ps.be.
  • [36]
    Programme général : élections régionales, fédérales et européennes du 25 mai 2014, www.mr.be.
  • [37]
    Programme pour les élections européennes, législatives et régionales 2014, www.les-100-propositions-du-cdh.be.
  • [38]
    Votez avec votre temps. Programme 2014, www.ecolo.be.
  • [39]
    FDF élections européennes 2014, http://fdf.be.
  • [40]
    Notre avenir est social. Scénario pour une société plus sociale, http://ptb.be.
  • [41]
    100 propositions pour redresser la Wallonie et Bruxelles. Programme pour les élections du 25 mai 2014, www.partipopulaire.be.
  • [42]
    Verandering voor vooruitgang. Verkiezingsprogramma Vlaamse, federale en Europese verkiezingen 25 mei 2014, www.n-va.be.
  • [43]
    Het 3D Plan. Economische groei met sociale vooruitgang, www.cdenv.be.
  • [44]
    Programmacongres. Vlaanderen vleugels geven, www.openvld.be.
  • [45]
    Sociale welvaart. Verkiezingen 2014: programma, www.s-p-a.be.
  • [46]
    Samen beter doen, www.groen.be.
  • [47]
    Verkiezingsprogramma. Uw stok achter de deur, www.vlaamsbelang.org. Cf. notamment le chapitre 10, consacré aux problématiques environnementales sous le titre « Leefmilieu: terugkeer naar het gezond verstand » (« Environnement : retour à la raison »).
  • [48]
    Au vu de certains choix de termes dans son programme, comme par exemple le fait de qualifier d’hypothétiques les menaces induites par le changement climatique, le VB se situe à la frontière entre nos catégories A et B.
  • [49]
    Nous ne prenons pas ici en considération le gouvernement de la Communauté germanophone Paasch (ProDG/SP/PFF).
  • [50]
    Cf. G. PIET, Does Ideology Matter in Elections? Estimer la position des « partis frères » belges sur l’enjeu climatique (1981-2014), op. cit.
  • [51]
    Cf. T. COOSEMANS, « Les résultats des élections européennes de mai 2014 dans les États membres », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2221-2222, 2014, p. 12-14, 29-31, 36-38 et 52-54.
  • [52]
    “Gemeinsam erfolgreich in Europa”. Europapolitischer Beschluss des 26. Parteitags, www.cdu.de.
  • [53]
    Europa eine neue Richtung geben. Wahlprogramm für die Europawahl am 25. Mai 2014, www.spd.de.
  • [54]
    Europa geht anders: sozial, friedlich, demokratisch, www.die-linke.de.
  • [55]
    Europa: mitentscheiden, erneuern, zusammenhalten, www.gruene.de.
  • [56]
    Europaplan Bayern 2014-2019, www.csu.de.
  • [57]
    Chancen für alle! In Freiheit und Verantwortung gemeinsam Zukunft gestalten, 2007, www.csu.de.
  • [58]
    Mut zu Deutschland. Für ein Europa der Vielfalt, www.alternativefuer.de.
  • [59]
    Programm für die Wahl zum VIII. Europäischen Parlament 2014, www.fdp.de.
  • [60]
    Projet socialiste 2012 : le changement, www.parti-socialiste.fret.
  • [61]
    Le projet de l’UMP. Pour la France, agir en Europe, www.u-m-p.org.
  • [62]
    Les Européens. Notre programme. L’Europe, notre force, www.leseuropeens.eu.
  • [63]
    Programme des Écologistes pour l’Europe. Élections européennes 25 mai 2014, http://europe-ecologie.eu.
  • [64]
    Le programme du FG et de son candidat commun Jean-Luc Mélenchon, l’humain d’abord, www.jean-luc-melenchon.fr.
  • [65]
    À certains égards, le FN se situe à la frontière entre nos catégories C et D.
  • [66]
    Notre projet : programme politique du FN, www.frontnational.com.
  • [67]
    Ainsi dans une interview de 2012, la présidente du FN, Marine Le Pen, s’est montrée sceptique par rapport aux conclusions des membres du GIEC, qu’elle a qualifiés de « prêtres et évêques du changement climatique » ; à cette occasion, elle a également qualifié les éoliennes d’« immondes » et le bio de « dictature » (D. SOLON, F. MEURICE, « Marine Le Pen : “Je suis plus cohérente que les Verts” », 21 février 2012, www.terraeco.net).
  • [68]
    Europa cambia verso. 25 maggio/Europee, https://s3.amazonaws.com.
  • [69]
    Programma. Stato e cittadini, energia, informazione, economia, trasporti, salute, tstruzione, www.beppegrillo.it.
  • [70]
    En l’absence de programme formalisé pour les élections européennes de mai 2014, nous nous sommes basés sur les prises de position énoncées sur le site web officiel de FI pour évaluer le positionnement de ce parti sur l’enjeu climatique : http://forzaitalia.pdl.it.
  • [71]
    De plus amples informations seraient toutefois susceptibles de faire verser FI dans la catégorie C.
  • [72]
    Programma 2014, www.nuovocentrodestra.it.
  • [73]
    Au vu de certains choix de termes, la LN se situe à la frontière entre nos catégories A et B.
  • [74]
    Elezioni Europee 25 Maggio 2014. Programma elettorale, www.leganord.org.
  • [75]
    Le proposte della lista “L’Altra Europa per Tsipras”, www.listatsipras.eu. Cette liste a été créée pour les élections européennes de mai 2014 en soutien à la candidature d’Alexis Tsipras à la présidence de la Commission européenne.
  • [76]
    European Election Manifesto 2014, www.conservatives.com.
  • [77]
    European Manifesto, www.yourbritain.org.uk.
  • [78]
    Manifesto for the European Parliament Elections 2014. Real change, http://greenparty.org.uk.
  • [79]
    Create an Earthquake. Manifesto 2014, http://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net.
  • [80]
    Certaines déclarations de la principale figure de l’UKIP, Nigel Farage, ressortissent de notre catégorie A. Ainsi, lors d’une conférence au Parlement européen en septembre 2013, traitant du Pôle Nord, qui se refroidit selon lui, il a déclaré : « Il se peut que ce soit là l’une des plus grandes et des plus stupides erreurs collectives que nous ayons faites dans l’histoire » (UKIP MEPs, Nigel Farage Offers Barroso Some Cooling News (European Parliament, Strasbourg, 11 September 2013, debate “State of the Union”), www.youtube.com).
  • [81]
    Dans un autre document élaboré en vue des élections européennes de mai 2014 – au sein duquel il n’est absolument pas question du changement climatique –, l’UKIP énonce sa volonté d’arrêter les subsides de l’Union européenne et du Royaume-Uni pour les « arnaques d’énergie renouvelable » (Manifesto 2014: Open-Door Immigration is Crippling Local Services in the UK, http://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net).
  • [82]
    Pour rappel, les FDF, le PTB et le PP n’ont pas de député européen.
  • [83]
    Sur cette notion – qui ne doit pas être confondue avec celle de partis politiques européens –, cf. V. DEMERTZIS, « Élire le Parlement européen », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2211-2212, 2014, p. 87-91.
  • [84]
    Comme indiqué supra, le groupe AEL n’est pas un groupe politique reconnu au Parlement européen, car il ne réunit pas des eurodéputés provenant d’au moins sept États membres, comme le veulent les règles européennes en la matière. Ses partis membres se retrouvent donc parmi les non-inscrits. Néanmoins, en tant qu’il rassemble des formations politiques d’extrême droite, il nous a paru important d’inclure ce groupe dans notre analyse.
  • [85]
    Program Prawai i Sprawiedliwości, www.pis.org.pl.
  • [86]
    Arbejdsprogram. Dit land, dit valg, 2009, www.danskfolkeparti.dk.
  • [87]
    Samenwerkin ja, Superstaat nee. Verkiezingsprogramma 2014-2019, www.christenunie.nl.
  • [88]
    The EU Parliament Election Program 2014, www.perussuomalaiset.fi.
  • [89]
    Otáčíme EU správnýmsměrem. Volby do Evropskéhoparlamentu 2014, www.ods.cz.
  • [90]
    Son fondateur, Václav Klaus, ancien président de la République tchèque, a des positions climato-sceptiques avérées. Il a ainsi publié un livre intitulé Planète bleue en péril vert : qu’est-ce qui est en danger aujourd’hui, le climat ou la liberté ? en 2007. Cf. K. DE PRYCK, Évaluer l’influence du scepticisme climatique du président tchèque Václav Klaus sur l’opinion publique tchèque, mémoire de fin d’études, Université libre de Bruxelles, p. 28 et 62.
  • [91]
    Vi väljervälfärd! Valmanifes, valet 2014, http://sverigedemokraterna.se.
  • [92]
    Rinkimų į Europos Parlamentapolitinėprograma, www.tvarka.lt.
  • [93]
    Saimniekisavāazemē, www.zzs.lv.
  • [94]
    Politický program Stranysvobodnýchobčanů: Svoboda, odpovědnost a spravedlnost, www.svobodni.cz.
  • [95]
    Verkiezingsprogramma Europees Parlement 2014, www.pvv.nl.
  • [96]
    Hún Brussel, óns Nederland. Verkiezingsprogramma 2012-2017, 2012, www.pvv.nl.
  • [97]
    Le parti est sur la même ligne que son président, Geert Wilders, lequel a par exemple tweeté en février 2010 que, étant un « club douteux qui fraude et manipule », le GIEC devrait rendre son prix Nobel de la paix reçu en 2007.
  • [98]
    Handbuch freiheitlicher Politik, 2013, www.fpoe.at.
  • [99]
    Au regard de notre échantillon de formations politiques, les familles de la nouvelle gauche, régionaliste et agraire manquent toutes trois d’un nombre d’eurodéputés suffisant pour que l’on puisse tirer une quelconque conclusion.
  • [100]
    A. SZCZERBIAK, P. TAGGART, « Theorising Party-Based Euroscepticism: Problems of Definition, Measurement and Causality », in A. SZCZERBIAK, P. TAGGART (dir.), Opposing Europe? The Comparative Party Politics of Euroscepticism, volume 2 : Comparative and Theoretical Perspectives, Oxford, Oxford University Press, 2008, p. 238-262.
  • [101]
    G. IVALDI, « Euroscepticisme, populisme, droites radicales : état des forces et enjeux européens », L’Europe en formation, n° 373, 2014, p. 7-28.
  1. Introduction
  2. 1. Contexte et méthodologie
    1. 1.1. Le contexte
      1. 1.1.1. Le climato-scepticisme
      2. 1.1.2. La politique climatique européenne
      3. 1.1.3. Les opinions publiques
    2. 1.2. La méthodologie de l’étude
      1. 1.2.1. La définition de quatre catégories
      2. 1.2.2. Le regroupement en familles politiques
      3. 1.2.3. L’analyse des programmes électoraux
      4. 1.2.4. Les limites de la méthodologie
  3. 2. Formations politiques de Belgique
    1. 2.1. Les formations politiques francophones
      1. Parti socialiste (PS)
      2. Mouvement réformateur (MR)
      3. Centre démocrate humaniste (CDH)
      4. Écolo
      5. Fédéralistes démocrates francophones (FDF)
      6. Parti du travail de Belgique (PTB)
      7. Parti populaire (PP)
    2. 2.2. Les formations politiques flamandes
      1. Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA)
      2. Christen-Democratisch & Vlaams (CD&V)
      3. Open Vlaamse Liberalen en Democraten (Open VLD)
      4. Socialistische Partij Anders (SP.A)
      5. Groen
      6. Vlaams Belang (VB)
    3. 2.3. Conclusion
  4. 3. Formations politiques d’Allemagne, de France, d’Italie et du Royaume-Uni
    1. 3.1. Les formations politiques d’Allemagne
      1. Christlich Demokratische Union (CDU)
      2. Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD)
      3. Die Linke (DL)
      4. Bündnis 90 - Die Grünen (B90)
      5. Christlich-Soziale Union in Bayern (CSU)
      6. Alternative für Deutschland (AfD)
      7. Freie Demokratische Partei (FDP)
      8. Conclusion
    2. 3.2. Les formations politiques de France
      1. Parti socialiste (PS)
      2. Union pour un mouvement populaire (UMP)
      3. Union des démocrates et indépendants (UDI) – Mouvement démocrate (MoDem)
      4. Europe Écologie - Les Verts (EELV)
      5. Front de gauche (FG)
      6. Front national (FN)
      7. Conclusion
    3. 3.3. Les formations politiques d’Italie
      1. Partito Democratico (PD)
      2. Movimento Cinque Stelle (M5S)
      3. Forza Italia (FI)
      4. Nuovo Centrodestra (NCD), Unione di Centro (UDC) et Popolari per l’Italia (PPI)
      5. Lega Nord per l’Indipendenza della Padania (LN)
      6. L’Altra Europa con Tsipras (Lista Tsipras)
      7. Conclusion
    4. 3.4. Les formations politiques du Royaume-Uni
      1. Conservative and Unionist Party (Cons)
      2. Labour Party (Lab)
      3. Green Party of England and Wales (Greens)
      4. United Kingdom Independence Party (UKIP)
      5. Conclusion
    5. 3.5. Conclusion
  5. 4. Formations politiques membres des groupes CRE, ELD et AEL au Parlement européen
    1. 4.1. Le groupe des Conservateurs et réformistes européens (groupe CRE)
      1. Prawo i Sprawiedliwość (PiS)
      2. Dansk Folkeparti (DF)
      3. Christen Unie (CU) et Staatkundig Gereformeerde Partij (SGP)
      4. Perussuomalaiset (PS)
      5. Občanská demokratická strana (ODS)
      6. Conclusion
    2. 4.2. Le groupe Europe libertés démocratie (groupe ELD)
      1. Sverigedemokraterna (SD)
      2. Tvarka ir teisingumas (TT)
      3. Zaļo un Zemnieku savienība (ZZS)
      4. Strana svobodných občanů (Svobodni)
      5. Conclusion
    3. 4.3. Le groupe de l’Alliance européenne pour la liberté (groupe AEL)
      1. Partij voor de Vrijheid (PVV)
      2. Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ)
      3. Conclusion
    4. 4.4. Conclusion
  6. 5. Synthèse
  7. Conclusion
Mis en ligne sur Cairn.info le 29/06/2015
https://doi.org/10.3917/cris.2257.0005
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