CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1 À l’instar de nombreux pays, la Belgique est confrontée au développement rapide des biotechnologies et aux flots de questions qu’elles soulèvent. Plus particulièrement, les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont au centre de nombreux débats, fruits notamment de grands espoirs et de vives préoccupations, portant sur les multiples aspects que comporte la modification par l’homme du patrimoine génétique d’organismes vivants : éthiques (brevetabilité du vivant, droits exclusifs de groupes industriels sur une partie du patrimoine génétique, etc.), scientifiques (recherche et développement technologique, modification du vivant, etc.), sociaux (risques sanitaires et environnementaux, réactions du public, etc.), médicaux (« pollution génétique », thérapie génique, production de médicaments, etc.), économiques (croissance économique, prospérité, etc.), agro-alimentaires (amélioration des rendements, adaptation aux conditions de culture difficiles, protection de la santé humaine, etc.) et politiques (réglementation, encadrement démocratique, mécanismes de suivi, accès à l’information, etc.).

2 On trouve nombre de définitions des OGM dans les diverses législations nationales et internationales. Dans le cadre de cette étude, nous prendrons celle de la directive 2001/18/CE, qui constitue la référence la plus récente pour les États membres de l’Union européenne : « Organisme, à l’exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle » [1]. Dans son annexe 1A, la directive inclut également une liste des techniques de transformation reconnues comme artificielles : celles-ci consistent en une modification des caractéristiques essentielles d’un organisme par la recombinaison de ses molécules d’ADN et/ou l’addition d’autres agents créés ou rassemblés en dehors de cet organisme. Dans le domaine des OGM destinés au secteur agro-alimentaire, ces manipulations sont regroupées sous le terme de « transgénèse » et sont généralement pratiquées sur des plants. L’objectif est souvent de donner à l’organisme de nouvelles caractéristiques, d’effacer des propriétés indésirables ou de remplacer un gène déficient. La découverte de ce processus est généralement attribuée au professeur Marc Van Montagu (UGent), au début des années 1980 [2]. La première transgénèse réussie a donné naissance à un tabac résistant à un antibiotique, la kanamycine [3], étape qui a par ailleurs été décisive dans l’introduction des OGM en Flandre (cf. infra).

3 À l’occasion d’un précédent Courrier hebdomadaire, Nathalie Schiffino et Frédéric Varone ont dressé un état des lieux de la problématique des OGM en Belgique au milieu des années 2000 [4]. Ils ont notamment montré que les Belges figurent parmi les Européens les plus optimistes et confiants à l’égard des OGM, sans pour autant verser dans une euphorie irréfléchie. Cela est particulièrement vrai pour les OGM agro-alimentaires, en dépit des crises alimentaires des années 1990 (vache folle, dioxine, etc.). Surtout, c’est à une analyse du processus décisionnel depuis 1983 et des diverses interactions entre opinion publique, partis politiques, mouvements sociaux et médias que se sont livrés N. Schiffino et F. Varone. Leur analyse se refermait sur l’arrêté royal du 21 février 2005, qui a mis en place un nouvel arrangement institutionnel, impliquant de manière plus active les acteurs régionaux et le public dans les processus de prise de décision relatifs à la dissémination des OGM sur le territoire national [5].

4 Pour sa part, la présente étude s’intéresse au niveau régional. En effet, si la plupart des compétences politiques en matière d’OGM appartiennent certes à l’État fédéral, les régions n’en possèdent pas moins un pouvoir de décision bien réel. La Région wallonne et la Région flamande ont ainsi adopté des mesures régulant la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures traditionnelles et biologiques, respectivement en juin 2008 et en avril 2009.

5 Dans leur contribution, N. Schiffino et F. Varone avaient évoqué très brièvement l’existence de divergences de prises de position entre le Sud et le Nord du pays, l’opinion publique wallonne étant globalement, selon une recherche menée en 2004, moins favorable aux OGM agro-alimentaires que l’opinion publique flamande [6]. Dans la lignée de cette première esquisse, il nous a semblé intéressant d’approfondir la recherche sur les différences et les similitudes entre les deux principales régions concernées par les OGM, et de voir en particulier comment ces éléments se sont incarnés dans les réglementations régionales respectives.

6 Le présent Courrier hebdomadaire se concentre sur ce qu’on appelle communément les « OGM verts ». Cette notion recouvre essentiellement les OGM utilisés dans des domaines liés à l’agriculture pour la transformation d’aliments, de cultures, de graines, d’énergies, etc. On parle également, pour désigner ces processus de modification génétique à finalité agro-alimentaire, de « biotechnologies vertes ». Notre champ d’étude ne comprendra donc pas les « OMG rouges », c’est-à-dire tout ce qui touche à la manipulation génétique d’organismes vivants (animaux, êtres humains ou autre) pour obtenir de nouveaux médicaments et traitements médicaux. La distinction entre OGM verts et OGM rouges n’est pas seulement conceptuelle.

7 Elle s’incarne aussi dans les pratiques. Les programmes de recherche sont ainsi organisés partiellement en fonction de cette différenciation. De plus, selon les sondages d’opinion, le public opère également cette distinction : il considère largement les OGM rouges comme moraux et utiles, tandis qu’il est plus sceptique concernant les OGM verts [7].

8 Trois parties structurent l’exposé. Tout d’abord, nous procéderons à quelques brefs rappels concernant les OGM, leurs enjeux et leur régulation aux niveaux européen et belge. Nous en profiterons pour situer clairement les compétences régionales en la matière. Ensuite, nous retracerons l’évolution des débats sur les OGM en Wallonie et en Flandre. Dans un premier temps, en considérant que les mesures prises sont le reflet d’une certaine représentation des OGM, nous montrerons dans quelle mesure les débats se sont appuyés sur des points de départ différents de part et d’autre de la frontière linguistique. Dans un second temps, nous nous pencherons sur le processus d’adoption des mesures législatives elles-mêmes : comment la question des OGM a-t-elle été mise en avant et discutée au niveau politique, quels ont été les arguments des différents partis, quels étaient les objectifs poursuivis ? Enfin, nous nous livrerons à une comparaison du décret wallon de juin 2008 et de son équivalent flamand d’avril 2009.

1. LES OGM EN BELGIQUE ET EN EUROPE : QUELQUES RAPPELS

9 Dans cette première partie, nous commencerons par rappeler les lignes de faîte du débat entourant des biotechnologies comme enjeu international. Ensuite, nous nous intéresserons aux règles européennes qui régulent les trois grandes étapes du processus de production des OGM. Enfin, nous nous évoquerons la transposition de ces règles européennes en droit belge et situerons les compétences des régions en matière de régulation des OGM.

1.1. LES OGM EN TANT QU’ENJEU INTERNATIONAL

10 Au cours de ces dernières décennies, les OGM sont devenus une préoccupation internationale et ont fait l’objet d’un nombre grandissant de craintes quant à notre vie quotidienne. Présentant un potentiel économique indéniable, ils sont au centre d’une vive concurrence entre de nombreux pays, qui ont mis en place des programmes de recherche et développement à la pointe. Néanmoins, les risques encourus par l’utilisation des OGM, notamment les conséquences pour la population, n’ont pas encore été évalués d’une manière exhaustive et pleinement assurée.

11 Le processus de production des OGM est divisé en trois grandes étapes : les essais en laboratoire ou « usage confiné » ; les essais en champ, induisant « la dissémination volontaire » dans l’environnement ; et la « commercialisation » ou l’utilisation des OGM dans des productions destinées à être vendues. C’est au cours de chacune de ces trois étapes que des risques peuvent survenir.

12 Deux principaux types de risque sont distingués. Le premier se rapporte à la technique de transgénèse elle-même : « Dans la plupart des cas, les gènes étrangers sont insérés au hasard dans une portion du génome de l’organisme hôte. Il n’est donc pas toujours possible de savoir à l’avance quelles séquences du génome seront modifiées par l’insertion et quelles en seront les conséquences et ce d’autant plus qu’il existe des phénomènes d’interaction entre les différents gènes d’un génome. Plusieurs situations sont alors envisageables. Il se peut, en premier lieu, que les fragments d’ADN insérés se recombinent accidentellement avec l’ADN de l’organisme hôte formant un recombinant capable de synthétiser des substances nouvelles pouvant s’avérer nocives ou permettant l’expression des virus jusque là désactivés. En second lieu, les mécanismes de contrôle protecteurs du gène inséré peuvent être déstabilisés par le transfert et devenir par là même inefficaces. » [8] La transgénèse est donc un processus incertain, dont les résultats ne sont pas toujours ceux escomptés.

13 La recherche sur les OGM implique également la conduite d’essais en champ qui entraînent un autre type de risque, lié à la dissémination : « De manière générale, deux problèmes peuvent se poser. Tout d’abord, celui généré par les nouvelles propriétés biologiques conférées à un organisme par l’insertion d’un transgène. Ainsi, si ces nouvelles propriétés confèrent à l’OGM un avantage sélectif, celui-ci peut envahir des écosystèmes où il s’avérerait nuisible, se développant au détriment d’autres organismes. Un transgène pourrait par exemple transformer en mauvaise herbe une plante qui n’en était pas une. Par ailleurs, on pourrait aussi voir apparaître de nouvelles populations sous l’effet de la forte pression de sélection accompagnant les OGM, comme par exemple le développement de populations d’insectes résistant à la toxine produite par une plante transgénique, rendant celle-ci inefficace. Le second problème concerne la question des flux de gènes, c’est-à-dire le passage du gène inséré à des espèces apparentées ou non à l’organisme modifié. Ainsi, un gène de résistance à un herbicide pourrait être transféré à des plantes sauvages apparentées à la culture transgénique, ce qui conduirait à la création de mauvaises herbes résistantes. » [9] Des plantes génétiquement modifiées peuvent ainsi contaminer, par exemple, des espèces semblables non modifiées par la pollinisation. Le fait qu’elles puissent avoir un impact sur d’autres espèces est l’un des arguments principaux des détracteurs des OGM.

14 L’impact des OGM sur l’environnement est l’une des grandes interrogations des gouvernements car, à l’instar de n’importe quel autre événement susceptible de détériorer l’environnement, il ne peut être mesuré avec un niveau élevé de probabilité qu’après plusieurs années de recherche et d’expérimentation. Par ailleurs, les OGM soulèvent également des interrogations au niveau agricole et économique.

15 Les variétés OGM sont présentes dans des cultures agricoles très communes, telles que le soja, le maïs et le colza. En 2001, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) identifiait plus de 40 millions d’hectares de culture OGM dans le monde [10] ; dix ans plus tard, en 2011, le Service international pour l’acquisition d’applications agricoles biotechnologiques (ISAAA) en recense 160 millions (dont plus de 120 millions sur le continent américain : 69 aux États-Unis, 30,3 au Brésil et 23,7 en Argentine) [11]. Le problème, qu’identifiait déjà Caroline Sägesser en 2001 et qui est toujours d’actualité, est que la production de semences OGM est entre les mains d’une poignée de grands groupes pharmaceutiques, chimiques ou semenciers. « Dans l’immédiat, le développement des OGM profite essentiellement à ces derniers, qui jouissent d’une position oligopolistique. Ces groupes sont américains et européens » pour la très grande majorité d’entre eux [12].

16 Les intérêts économiques de ces groupes sont en jeu et s’opposent souvent avec les intérêts et la liberté des agriculteurs. Certes, l’oligopole des producteurs de semences est un problème remontant à une époque antérieure à la création des OGM, mais ces derniers ajoutent une difficulté car ils sont souvent protégés par des brevets. Dans le système conventionnel, l’agriculteur achète ses semences auprès d’un semencier, souvent organisé selon un mode de production industriel. Le bénéfice du semencier se calcule sur la base du prix de vente des semences. Les conflits entre semenciers et agriculteurs viennent d’un principe appelé « privilège de l’agriculteur », qui permet à celui-ci de réutiliser les semences obtenues à partir de sa récolte [13] et ainsi de ne pas être complètement dépendant des semenciers, qui voient dès lors leurs bénéfices réduits. Cependant, le système des brevets, qui couvre la plupart des plantes transgéniques, ne permet pas un tel privilège, causant chez certains agriculteurs la crainte d’une perte de liberté par l’acceptation des OGM. En outre, certains producteurs de semences se tournent parfois vers des pratiques radicales pour la protection de leurs intérêts. Par exemple, en 1998, la société états-unienne Monsanto a envoyé des détectives au Saskatchewan (Canada) pour vérifier que les agriculteurs ne cultivaient pas illégalement des semences de colza transgéniques. Après constat d’infraction, des hélicoptères envoyés par la société ont répandu des herbicides sur les champs [14]. Par ailleurs, certains producteurs de semences contrecarrent anticipativement toute tentative de fraude en rendant leurs graines incapables de générer une nouvelle génération [15].

17 À côté de ces problématiques, il n’en reste pas moins que les cultures génétiquement modifiées peuvent offrir des avantages économiques à certains agriculteurs et permettent de lutter contre certaines maladies végétales ou de réduire l’utilisation de pesticides. Par ailleurs, les biotechnologies constituent une source d’emploi non négligeable et représentent un investissement prometteur. La Belgique – en particulier, la Flandre – est un bon exemple de cette réalité : depuis la découverte de M. Van Montagu, de nombreux laboratoires et spin-off ont vu le jour et diverses universités ont lancé des programmes axés sur la recherche fondamentale [16].

18 Les OGM sont également un enjeu de santé publique. Des cas d’allergie ont déjà été détectés ; certaines plantes ont été contaminées par l’injection de gènes provenant de plantes allergéniques lors d’une transgénèse [17]. Les dangers pour la santé – bien qu’ils n’aient pas encore été incontestablement démontrés – sont souvent mis en évidence par les détracteurs des OGM, qui plaident pour une application stricte du principe de précaution. Mais comme l’écrit C. Sägesser, leurs opposants « rétorquent que cette crainte se fonde sur le postulat, erroné, selon lequel les productions naturelles seraient sans danger – alors qu’il existe de très nombreux aliments naturels très toxiques pour l’homme –, tandis que toute modification apportée à la “Nature” serait dangereuse – alors que la production alimentaire comporte déjà, depuis longtemps, de nombreux produits “artificiels” issus de processus de sélection, de croisement et de préparation » [18]. Notons à ce propos que la procédure d’autorisation de mise sur le marché d’OGM, telle qu’établie par la directive européenne 2001/18/CE, empêche – en principe – la commercialisation d’OGM ayant des propriétés allergènes pouvant mettre en danger la santé des animaux ou des êtres humains [19].

19 Les OGM sont évidemment un enjeu politique de premier ordre, dans la mesure où ils exigent l’adoption de mesures pour réglementer la recherche, la culture et la commercialisation. L’implication d’associations telles que Greenpeace, Oxfam ou Inf’OGM montre à quel point la société civile se sent également concernée par tous les aspects de la question. La couverture médiatique dont les OGM font régulièrement l’objet montre aussi leur potentiel élevé de dramatisation [20], qui requiert une grande prudence dans la manière d’informer le public. Les OGM appellent donc à une redéfinition des relations entre le politique et le public, ou à tout le moins, entre le politique et la société civile. Est également questionné le régime de responsabilité : celui-ci doit-il être entièrement endossé par les producteurs ou par les gouvernements, ou convient-il de le partager entre ces deux acteurs ? [21] On relève aussi que les pays en développement manquent de moyens pour négocier ou empêcher le développement des OGM qui peuvent être préjudiciables pour leurs agricultures et leur biodiversité déjà fragiles.

20 En dépit de toutes ces interrogations économiques, sociales, éthiques et politiques, force est de constater que les OGM sont bel et bien présents dans notre environnement et qu’ils se développent un peu plus chaque jour. Le rôle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans ce développement des OGM est indéniable [22]. Par ailleurs, la procédure par laquelle l’OMS a fait face aux cas critiques liés aux OGM auxquels elle a déjà été confrontée, comme le boeuf traité aux hormones, a été critiquée car elle est fondée uniquement sur la protection des intérêts économiques des États [23].

21 Le fait qu’elle ait déjà adopté un large éventail de règlements n’empêche pas l’Union européenne d’être favorable au développement des OGM sur le territoire européen, ou du moins de se diriger vers une plus grande acceptation de ce phénomène. En février 2011, les États membres ont donné leur accord à l’importation de produits contenant jusqu’à 0,1% d’OGM non autorisés en Europe [24]. La législation européenne, plus ou moins restrictive, qui a été adoptée depuis 1980, a été élaborée dans le cadre de la mise sur pied du Marché commun, à travers lequel l’Europe a toujours essayé de concilier des considérations souvent contradictoires. À terme, l’Union européenne veut harmoniser le marché de la biotechnologie. Cependant, elle ne borne pas ses choix aux seules promesses économiques des OGM. Entre 1998 et 2004, l’Europe n’a accordé aucune nouvelle autorisation de commercialisation d’OGM, établissant de facto un moratoire. Les études entreprises entre 1998-1999 et les critiques des ONG l’ont certainement influencée dans cette direction. De plus, dans ses directives les plus récentes, l’Union ne se limite pas aux considérations scientifiques et laisse une place aux avis et inquiétudes de la société civile [25].

22 Depuis l’adoption des directives et règlements de 1990-2003 (cf. infra), l’Europe a laissé une certaine liberté aux États et n’est plus intervenue de manière significative. Une des plus grandes controverses des dernières années remonte à 2007, lorsque l’Union européenne a adopté le règlement 834/2007 relatif à l’agriculture biologique [26]. En principe, les OGM sont formellement interdits dans le bio, mais ce règlement prévoit qu’un produit peut recevoir son label « bio » même s’il est contaminé par des OGM, à condition qu’il s’agisse d’une contamination fortuite et techniquement inévitable, et qu’elle ne dépasse pas les 0,9 % (comme pour l’agriculture traditionnelle, cf. infra). Certains environnementalistes, comme Greenpeace, y voient un pas de plus de la part de l’Union européenne dans l’acceptation générale des OGM [27].

1.2. RÉGLEMENTATION DES OGM EN EUROPE

23 Les deux principales directives qui régulent les trois étapes du processus de production des OGM sont les suivantes : la directive 98/81/CE du 26 octobre 1998 [28], qui régule la recherche en laboratoire, et la directive 2001/18/CE du 12 mars 2001 [29], qui couvre les deux autres étapes du processus (incluant donc des activités telles que le stockage, la culture, le transport, la destruction ou l’élimination des OGM). Ces directives régulent un large éventail de pratiques autorisées et mettent en place le contrôle des risques associés suivant un schéma défini : évaluation des risques scientifiques, gestion des risques, communication des risques [30]. Elles ont été transposées dans la législation belge, mais pas toujours en temps et en heure, les conflits politiques et l’architecture institutionnelle particulière de la Belgique ayant souvent ralenti le processus [31].

24 En 1990, la directive 90/219/CEE [32], modifiée en 1998 par la directive 98/81/CE, régule l’utilisation des micro-organismes génétiquement modifiés comme les bactéries ou les microbes, en espace confiné. La directive propose une classification de chaque micro-organisme sur base du risque qu’il représente, et chaque « classe » de risque est associée à un traitement scientifique spécifique. Cette directive était prévue pour couvrir les applications pharmacologiques des OGM, mais plusieurs États membres ont élargi sa portée au secteur vert de la biotechnologie en la transposant dans leurs législations. Ainsi, c’est à partir de cette législation que des animaux et plantes transgéniques ont été développés et parfois même commercialisés [33].

25 Également édictée en 1990, la directive 90/220/CEE [34], remplacée plus tard par la directive 2001/18/CE, concerne la dissémination volontaire dans l’environnement. Elle met en place un processus d’autorisation comprenant, notamment, une notification à l’autorité responsable du territoire sur lequel on voudrait introduire des OGM [35] – qu’il s’agisse d’essais en champ ou de cultures proprement dites –, ainsi que la consultation et l’information obligatoires du public [36]. Dernier point important, l’article 22 de la directive qui dispose que les États membres ne peuvent interdire, restreindre ou empêcher la mise sur le marché d’OGM, en tant que produits ou éléments de produits, s’ils sont conformes à ladite directive, au nom du principe de libre circulation. En d’autres termes, cette législation fournit un cadre juridique pour la mise en place des cultures OGM en Europe.

26 Ce dispositif législatif européen est complété par deux règlements du 22 septembre 2003. D’une part, le règlement 1829/2003 [37], dont l’article 43 ajoute un article 26bis à la directive 2001/18/CE : « Les États membres peuvent prendre les mesures nécessaires pour éviter la présence accidentelle d’OGM dans d’autres produits. » C’est de cet article que découle la possibilité pour les États d’adopter des mesures relatives à la coexistence de cultures génétiquement modifiées avec d’autres formes de culture. D’autre part, le règlement 1830/2003 [38] sur la traçabilité et l’étiquetage des OGM, qui fixe une autre norme, toujours très débattue à l’heure actuelle : le seuil de tolérance. Il stipule que l’étiquette d’un produit ne doit pas mentionner la teneur en OGM dudit produit si celle-ci est inférieure à 0,9 %. Sous ce seuil, la présence fortuite d’OGM dans un produit non génétiquement modifié est considérée comme acceptable, voire sans risques ; au-delà de ce seuil par contre, le produit doit être étiqueté comme produit génétiquement modifié et vendu au prix d’un OGM. Le problème posé par ce règlement est double. D’une part, la fixation du seuil à 0,9 % est contestée par d’aucuns, notamment les partisans de l’agriculture biologique, qui estiment qu’il s’agit là d’un pourcentage trop élevé. D’autre part, les produits génétiquement modifiés étant vendus en principe moins chers que les autres, il en résulte une perte financière pour l’agriculteur qui pratique une culture traditionnelle ou biologique mais dont un champ a été contaminé par des OGM provenant d’implantations voisines à hauteur de 0,9 % ou plus : cet agriculteur est contraint à vendre ses produits au prix d’OGM, or il a utilisé des méthodes plus onéreuses. C’est pour répondre à cette problématique que les réglementations en matière de coexistence de cultures prévoient des compensations économiques en faveur des agriculteurs conventionnels en cas de contamination de leurs productions par des OGM (cf. infra).

1.3. RÉGLEMENTATION DES OGM EN BELGIQUE ET COMPÉTENCES RÉGIONALES

27 La transposition en droit belge des règles européennes liées à la recherche scientifique en matière d’OGM (directive 90/219/CEE modifiée par la directive 98/81/CE) a été assez complexe car, comme en dispose la loi spéciale de réforme institutionnelle du 8 août 1980 [39], la recherche scientifique est une compétence à la fois fédérale et régionale, selon les aspects traités. La recherche en laboratoire étant régionale, la régulation des OGM a donné lieu à trois arrêtés distincts pour la Région de Bruxelles-Capitale [40], la Région wallonne [41] et la Région flamande [42], pris respectivement en 1993, 1996 et 1995.

28 Dans les années 1990 également, les niveaux fédéral et régionaux mesurent l’importance de se coordonner en matière de sécurité. En 1995, est institué le Comité de coordination de la politique internationale en matière d’environnement (CCPIE) [43], afin de jouer le rôle d’interface entre les différentes autorités belges. Deux ans plus tard, l’État fédéral et les régions concluent un accord pour se coordonner au niveau administratif et scientifique en matière de biosécurité [44]. L’année suivante, la loi du 3 mars 1998 portant assentiment de l’accord de coopération entre l’État fédéral et les régions relatif à la coordination administrative et scientifique en matière de biosécurité [45] institue le Conseil de biosécurité. Celui-ci sert également d’interface entres les autorités fédérales et régionales et organise les procédures d’autorisation relatives à la mise sur le marché et aux essais en champ.

29 La même année, la Belgique transpose l’autre mesure phare sur les OGM, la directive 90/220/CEE de 1990 (remplacée plus tard par la directive 2001/18/CE), par l’arrêté royal du 21 février 2005 [46]. L’État fédéral, en tant que responsable de la santé publique, devient l’autorité compétente pour permettre l’introduction d’OGM sur le territoire belge.

30 Entre l’adoption de la directive 2001/18/CE et celle des deux règlements de 2003, la Belgique évolue sur le plan institutionnel. En 2001, les accords du Lambermont – ou accords de la Saint-Polycarpe – débouchent entre autres sur la régionalisation totale des compétences en matière d’agriculture, permettant donc aux régions de prendre en main une partie des mesures liées aux OGM dans l’agriculture. La Région wallonne et la Région flamande adoptent ainsi chacune un « décret coexistence », respectivement en 2008 et 2009 [47].

31 Quelles sont actuellement les compétences précises des régions en matières d’OGM ? Commençons par préciser qu’elles ne sont pas compétentes en matière de commercialisation : la procédure décrite dans l’arrêté royal de 2005 associe certes les acteurs régionaux au processus d’autorisation, mais sans leurs donner de compétences réelles [48]. Ainsi, une part importante du contrôle de l’introduction et de la circulation des OGM sur leur territoire échappe complètement aux régions, même si celles-ci doivent malgré tout prendre en charge certaines conséquences, comme les contaminations fortuites. Les régions n’ont également que des compétences très limitées sur la dissémination volontaire des OGM, les décrets coexistence semblant être leur seule manière d’agir concrètement.

32 Concernant les autorisations d’essais en champ, deux cas doivent être distingués. D’une part, il y a les mises en culture et les essais en champ relatifs à des plantes déjà autorisées selon la procédure de l’Union européenne : ils tombent sous le coup des mesures de coexistence entre cultures génétiquement modifiées et d’autres formes de culture. D’autre part, il y a les essais préalables à la procédure d’autorisation de l’Union européenne : ils sont de compétence fédérale et sont régis par l’arrêté royal de 2005, ainsi que par l’accord de coopération de mars 1998. Ce dernier dispose en son article 3 que l’autorisation de mise en culture pour expérimentation requiert l’accord du ministre régional compétent, lui conférant un droit de veto. Cependant, cet accord est réputé acquis si le ministre ne fait pas connaître sa position dans un délai de dix jours et, en vertu de l’article 6 §5 du même accord, l’accord du ministre peut être remplacé par une simple information dans le cadre d’une procédure simplifiée [49]. À noter en outre que ce droit de veto régional est de facto encore affaibli lorsque le ministre régional est issu du même parti que le ministre fédéral auquel il est censé remettre son accord. In fine, la marge de manœuvre des régions est donc assez réduite.

2. LES OGM EN WALLONIE ET EN FLANDRE

33 En juin 2008 et en avril 2009 respectivement, la Région wallonne et la Région flamande adoptent chacune un « décret coexistence ». Ces deux actes sont largement commentés dans les médias – particulièrement dans la presse écrite – et par diverses associations (telles Greenpeace Belgium, Nature & Progrès ou Test-Achats). Les critiques s’accordent généralement pour décrire le décret wallon comme « anti-OGM » et le décret flamand comme « pro-OGM ».

34 Dans la troisième et dernière partie de ce Courrier hebdomadaire, nous analysons en profondeur ces deux décrets et les différences les plus importantes qu’ils présentent, fruits de débats où des sensibilités et des réalités politiques différentes se sont exprimées. Mais avant cela, il convient de retracer le cheminement des débats au sein des arènes politiques du Nord et du Sud du pays et d’analyser les contextes propres dans lesquels ces débats ont pris cours. Tel est l’objet de cette deuxième partie.

2.1. CONTEXTES ANTÉRIEURS AUX DÉCRETS

35 À travers son décret, chaque Région exprime une certaine vision des OGM, comme ensemble d’opportunités, de chances, de dangers ou de risques. Les éléments qui gravitent autour du processus politique ou qui lui sont antérieurs doivent être mis en lumière pour expliquer en grande partie la vision adoptée par chaque Région : il peut s’agir de différences entre les pratiques agricoles du Nord et du Sud, de facteurs socio-économiques et de choix politiques, ou des acteurs les plus influents en dehors du monde politique.

2.1.1. Deux réalités agricoles distinctes

36 Les agriculteurs flamands pratiquent essentiellement une agriculture intensive, basée sur l’augmentation du volume de production sur des aires relativement petites. Le mode intensif vise à accroître l’efficacité des activités d’élevage et de culture en augmentant la densité d’animaux et de cultures sur les terres exploitées. Pour leur part, les agriculteurs wallons privilégient surtout une agriculture extensive, généralement effectuée sur des terres vastes, et favorisent l’utilisation de ressources naturelles. Le rendement par hectare et les revenus sont inférieurs à ceux de l’agriculture intensive. L’utilisation de produits chimiques est possible, mais quand l’agriculteur décide de ne pas y avoir recours et de promouvoir l’utilisation de ressources naturelles, le mode extensif peut être qualifié de « biologique ».

37 Les disparités entre les réalités agricoles du Nord et du Sud du pays trouvent leurs origines dans l’Histoire, ainsi que dans la situation géographique des deux régions. La Wallonie est en effet plus large que la Flandre et possède la plupart des terres cultivables de Belgique. Du XIXe siècle à la fin des années 1960, la mentalité wallonne a été focalisée sur les avantages matériels de la production industrielle. Cela a eu pour conséquence, entre autres, un vaste mouvement de la jeunesse du monde agricole vers les villes, au profit des emplois dans l’industrie. La hausse du niveau de vie a alors entraîné une chute démographique et un vieillissement de la population qui, plus tard, a affecté le monde agricole et rural. Les années 1980 ont vu un faible repeuplement des campagnes susceptible de mettre à profit les grandes terres cultivables wallonnes. Ce processus a impliqué le développement de grandes fermes où l’exploitation extensive de terres vastes et variées et les grandes cultures prévalent sur les cultures intensives [50].

38 En Flandre, l’industrialisation moderne n’a débuté que plus tard. Ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale que la jeunesse agraire flamande, plus dense et plus nombreuse qu’en Wallonie, a commencé à être impliquée dans un tel processus. L’infrastructure commerciale et industrielle qui s’est développée en amont et en aval du secteur agricole, ainsi que la puissante influence du Boerenbond – syndicat agricole flamand –, ont joué un rôle de catalyseur dans le développement d’une agriculture hors-sol et intensive (porc, volaille, etc.) [51]. Par ailleurs, les tendances actuelles de l’agriculture flamande peuvent être expliquées par divers facteurs historiques : la tradition catholique (cf. infra), l’attachement à la terre et une tradition d’agriculture intensive développée en réponse aux besoins historiques importants des villes flamandes et au manque de terres cultivables. Quant à lui, l’excédent démographique a ancré les agriculteurs dans de petites exploitations héritées du passé, propices à l’agriculture intensive.

39 Ainsi, deux grands types d’agriculture existent en Belgique : intensif au Nord, spécialisé dans les productions hors-sol (porc, volaille et horticulture), et extensif au Sud, axé sur la compétitivité des productions de grandes cultures. Quel rapport cela a-t-il avec les OGM ?

40 L’agriculture intensive est un mode de production plus industrialisé que le mode extensif, qui est basé sur la recherche d’efficacité. C’est pourquoi l’utilisation en Flandre d’OGM ou de produits contenant des OGM peut aisément se comprendre. Par ailleurs, il faut savoir que la Flandre contrôle une très grande partie de la production de viande en Belgique : 90 % des volailles et viandes porcines et 50 % des viandes bovines [52]. En conséquence, elle importe d’importantes quantités de protéines végétales, comme le maïs ou le soja. En particulier, les élevages de porcs et de volailles sont très dépendants du soja, qui constitue la majeure partie de l’alimentation de leurs bêtes : il s’agit en effet d’un aliment bien équilibré, qui couvre presque tous les besoins alimentaires des porcs et des volailles. Or, en raison d’un avantage financier, les producteurs flamands expriment une certaine préférence pour les produits transgéniques (par exemple, un hectare de soja génétiquement modifié est en moyenne 13,5 % moins cher qu’un hectare de soja conventionnel). Nombre d’aliments pour le bétail importés par la Flandre contiennent dès lors des OGM. Un autre facteur est le fait qu’un créneau important de l’agriculture flamande est l’horticulture et la production de plants de culture. Chaque année, la Flandre exporte ainsi par millions des plants de hêtres et de chênes en Europe. Cette activité incite à recourir à un nombre non négligeable d’OGM : la manipulation génétique est une solution commode pour obtenir différentes espèces, différents aspects ou diverses couleurs de plants. Ainsi, les horticulteurs flamands trouvent-ils dans les OGM des réponses à certaines de leurs attentes. Pour l’instant toutefois, la manipulation génétique reste encore en marge de la production horticole flamande.

41 À l’inverse, les principales activités de l’agriculture wallonne ont moins nécessairement besoin des OGM. En Wallonie, l’agriculture est en effet principalement spécialisée dans la production de viande bovine, la production de lait et le maraîchage [53], activités qui n’impliquent pas le recours aux principaux produits cultivés sous forme d’OGM à travers le monde (soja, maïs, colza et coton) [54]. Par ailleurs, la situation des cultures est légèrement différente. En (re)développant l’agriculture extensive, la Wallonie a adopté des modes d’agriculture, souvent appelés « agriculture de proximité » ou « agriculture slow food » (dont fait partie l’agriculture biologique), promouvant les produits locaux et protégeant ceux-ci par le biais de certains procédés, tels les labels. Par ailleurs, l’agriculture biologique est plus répandue et plus soutenue dans le Sud – même si elle reste marginale par rapport à la production agricole wallonne totale de la Wallonie. Quelque 70 % de la production biologique belge est concentrée en Wallonie, or l’agriculture biologique fait partie des modes de production qui rejettent de manière inhérente les OGM : c’est un mode extensif qui nécessite une superficie minimale par bête supérieure à l’agriculture conventionnelle [55]. Un dernier élément à prendre en compte est la présence plus massive de forêts en Wallonie qu’en Flandre. Les liens entre agriculture et sylviculture étant plus étroits au Sud du pays, ils ont amené les acteurs wallons à envisager le problème de la contamination par les OGM à un autre niveau.

42 Pour résumer, les OGM sont bel et bien présents dans le contexte agricole flamand, même s’il n’y a pas (encore) en Flandre de cultures génétiquement modifiées – si on excepte les champs expérimentaux. En revanche, les OGM sont absents du contexte wallon. Ce premier élément met déjà en perspective les décisions adoptées par les deux régions : on conçoit qu’il soit difficile – voire impossible – pour les autorités flamandes d’adopter des mesures strictes vis-à-vis des OGM, au risque de provoquer l’incompréhension du monde agricole. Parallèlement, ce « contact » différent avec les OGM qu’ont les agriculteurs du Sud et du Nord du pays peut expliquer en partie la perception qu’ont des biotechnologies les Wallons et les Flamands dans leur ensemble.

43 Cependant, il convient de ne pas généraliser à outrance les disparités visibles entre les modes d’agriculture de part et d’autre de la frontière linguistique. Des deux côtés, en effet, il se trouve des agriculteurs qui ne sont pas fermement contre les OGM. S’ils ne voient pas à l’heure actuelle de culture OGM intéressante pour eux parmi celles autorisées par l’UE [56], ils considèrent que la recherche sur les OGM doit se poursuivre et sont favorables à toute culture OGM qui leur procurerait un avantage assuré, comme une résistance particulière à certains insectes ou à certaines maladies, ou encore un gain financier. Enfin, tous semblent partager les mêmes craintes quant à la perte de liberté de l’agriculteur dans le système économique gravitant autour des OGM.

2.1.2. Les OGM en tant que choix politico-économique

44 Même s’il ne verse pas dans un optimisme aveugle, il n’empêche donc que le contexte agricole flamand est relativement plus favorable aux OGM. Pour mieux comprendre cette différence de perception entre le Sud et le Nord, il est également nécessaire de faire appel à d’autres facteurs, liés aux choix économiques et politiques des deux régions.

45 À coté de sa production agricole fortement industrialisée, la Flandre possède à une plus grande échelle un système d’innovation économique performant, dans lequel les biotechnologies occupent une part très importante. La première étape de ce système d’innovation flamand a été franchie en 1982 avec la politique Derde Industriële Revolutie Vlaanderen (DIRV), qui a mis l’accent sur la recherche fondamentale au niveau international et sur la création de spin-offs. Le programme socio-économique DIRV a marqué le début d’une stratégie offensive dirigée vers l’innovation, qui vise à renforcer l’économie flamande et à la distinguer des politiques économiques wallonne et nationale. Il encourage une recherche fondamentale de haut niveau dans les domaines génériques de la technologie, telle que la biotechnologie ou la micro-électronique. En outre, pour favoriser la création de spin-offs universitaires, un fonds de capital à risque régional a été mis en place au début des années 1980 [57].

46 C’est dans le sillage de cette politique d’innovation que le professeur Marc Van Montagu et ses collègues de l’université de Gand ont réussi la première transgénèse sur une plante, marquant la découverte des OGM. L’université de Gand refusant de financer la recherche appliquée, M. Van Montagu et ses collaborateurs ont fondé en 1985 leur spin-off, nommée Plant Genetic Systems (PGS), grâce à laquelle de jeunes chercheurs ont pu faire breveter et commercialiser le fruit de leurs recherches [58]. Le programme DIRV a donc profité directement à PGS, qui a acquis très vite une réputation internationale.

47 La politique d’innovation flamande a pris un autre tournant en 1989, lorsque les régions se sont vu attribuer la plupart des compétences liées à la recherche et au développement des sciences et des technologies. C’est à ce moment qu’un vrai cadre juridique a commencé à se mettre en place autour des politiques de recherche et développement flamandes [59]. L’appariement des activités de recherche et développement avec des objectifs industriels a ensuite été coordonné et renforcé par la création du Vlaams Instituut voor de Bevordering van het Wetenschappelijk - Onderzoek Technologisch in de Industrie (IWT) en 1991. Dans le domaine des biotechnologies, les efforts des différents centres et instituts de recherche sont aujourd’hui coordonnés par le Vlaams Instituut voor Biotechnologie (VIB), qui a également assuré une fonction d’information du public jusqu’en 2002 (cf. infra).

48 Ainsi, dès les années 1980, la Flandre a construit un système d’innovation qui inclut les universités et centres de recherche, les industries, le monde politique et qui organise une communication avec le grand public. Ce système renforce les liens entre intérêts publics et privés, promeut l’importance de la recherche scientifique ainsi que l’excellence flamande, et est donc favorable aux innovations technologiques comme les OGM. En outre, il toucherait les mentalités à tous les niveaux politiques et administratifs flamands et serait solidement incorporé dans un mode de pensée sur la meilleure façon de faire les choses.

49 La situation est quelque peu différente en Wallonie. Pour des raisons qui sont hors du propos de ce Courrier hebdomadaire[60], la Région wallonne n’a pas saisi les mêmes opportunités que la Région flamande dans les années 1980. C’est au tournant des années 2000 que la Région wallonne a lancé ses premières politiques visant la mise sur pied d’un système d’innovation favorisant la collaboration des universités, des entreprises et des centres de recherche. Tout a commencé avec le Contrat d’avenir pour la Wallonie, à la fin des années 1990, qui visait à « rapprocher la Wallonie de la moyenne européenne, dans les domaines du PIB par habitant et du taux d’emploi » [61]. Les discussions sont alors allées bon train pour décider des secteurs économiques porteurs dans lesquels la Région devrait investir ses moyens. En 2005, un plan plus précis et faisant la part belle à l’innovation et à la simplification administrative a vu le jour : le plan Marshall [62].

50 Ce plan concentre les investissements financiers de la Région wallonne sur cinq axes prioritaires, dont les pôles de compétitivité, c’est-à-dire les secteurs économiques privilégiés par la Wallonie [63]. Parmi ces pôles, deux sont susceptibles d’être concernés par les OGM : le pôle Santé de Wallonie (BioWin), et le pôle de l’agro-industrie (WagrAlim). BioWin fédère tous les acteurs wallons qui s’investissent dans des projets innovants et dans l’enseignement dans les domaines des biotechnologies et de la santé. Le recours au génie génétique biomédical y est présent, notamment à travers des acteurs du pôle, tels que GlaxoSmithKline (GSK), firme pharmaceutique spécialisée dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ou encore le Centre de technologies moléculaires appliquées (CTMA). En revanche, aucun investissement de la Wallonie ne porte sur le développement des OGM agro-alimentaires, pas même au sein de WagrAlim. Un des acteurs du pôle a pour objectif la détection des OGM dans des matrices agro-alimentaires et dans l’environnement, par la mise au point de techniques de criblage, d’identification et de quantification : il s’agit du CRA-W-Authentification et traçabilité. En sachant qu’un des objectifs du pôle est lié à la qualité des aliments, il apparaît clairement que la Wallonie ne considère les OGM ni comme constituant un gage de qualité, ni comme représentant une potentielle innovation porteuse du secteur agro-alimentaire.

51 La croissance de la production agricole biologique, soutenue par la Région wallonne, atteste également d’un choix socio-économique globalement défavorable aux OGM. La Wallonie entend privilégier une agriculture différenciée, ce qui se concrétise par une forme de labellisation des processus ou des produits : agriculture biologique, appellation d’origine contrôlée (AOP), indication géographique protégée (IGP). Dans l’esprit général actuel du public, cette forme de production, qui privilégie aussi les produits dits du terroir ou fermiers, ainsi qu’une production de proximité, n’est guère compatible avec les OGM, plutôt associés, à tort ou à raison, à une agriculture « industrielle », mondialisée, peu respectueuse du produit, peu soucieuse du consommateur et de l’environnement, principalement axée vers un profit immédiat.

52 Plus récemment, ce choix a été réaffirmé dans la déclaration de politique régionale de 2009 : « Le gouvernement assurera la bonne mise en œuvre du décret “coexistence” et de ses mesures d’application. Il veillera à l’application stricte du principe de précaution face aux risques pour l’environnement, la biodiversité, et pour la préservation des filières de production conventionnelles et biologiques que représente la dissémination incontrôlée d’organismes génétiquement modifiés (...). Le gouvernement veillera, en concertation avec le gouvernement fédéral et les autres régions, à empêcher la contamination des filières et du territoire wallons par des pratiques non couvertes par le décret sur la coexistence entre cultures OGM et non OGM : essais en champ d’OGM, cultures commerciales et mise sur le marché de produits contenant des OGM. » [64] Ce soutien s’avère payant : une étude du Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC) réalisée en 2009 montre que l’agriculture wallonne y a gagné en termes d’image positive [65].

53 La Wallonie et la Flandre se trouvent donc dans des situations bien différentes. Le Nord du pays ayant d’énormes intérêts économiques placés dans les biotechnologies, il est important pour la Région flamande de poser le moins d’entraves possible aux intérêts privés des multinationales dont la Flandre est très dépendante. Comme l’explique l’historien Dirk Luyten, « l’économie flamande, précisément parce que son développement est largement porté par des investissements d’entreprises multinationales, se trouve étroitement imbriquée dans l’économie mondiale globalisée. On en perçoit aujourd’hui les parts d’ombre (...) puisqu’un certain nombre d’entreprises multinationales ferment leurs implantations en Flandre ou en réduisent les effectifs » [66]. Le système d’innovation en lui-même représente un choix politique tourné vers les technologies de l’avenir. Quant à elle, la Wallonie prend depuis quelque temps un tournant similaire, mais fait des choix sensiblement différents, qui sont sans doute plus en phase avec le contexte agricole et politique du Sud du pays. On notera que l’établissement des pôles de compétitivité a été décidé lorsque la Région wallonne était gouvernée par une majorité PS-CDH, hostile aux OGM dans l’agriculture (cf. infra).

2.1.3. Les acteurs hors-système

54 Les choix des autorités régionales wallonnes et flamandes sont également influencés et/ou soutenus par l’action d’acteurs qui se situent en dehors du champ politique.

55 Certains acteurs, regroupés sous l’anglicisme de stakeholders, agissent en effet parfois en marge du processus politique, tout en étant capables de l’influencer ou de soutenir et renforcer la légitimité des décisions qui en émanent. Leur action vise bien souvent les hommes et les femmes politiques eux-mêmes, et peut s’étendre au public dans un but d’information ou d’influence. Nos recherches nous ont permis d’identifier les plus importants de ces acteurs dans les deux régions. Leurs actions sont souvent antérieures aux processus d’adoption des décrets coexistence ou leur sont contemporaines.

56 On remarquera que les acteurs en question sont globalement d’une nature bien différente au Nord et au Sud : la Flandre fait la part belle aux avis scientifiques et sociétaux (Vlaams Instituut voor Biotechnologie, Instituut Samenleving en Technologie) et à l’opinion d’un puissant syndicat, tandis que la Wallonie réserve l’essentiel de son attention à des mouvements verts et à une organisation agricole à l’opinion tranchée, la Fédération unie des groupements d’éleveurs et d’agriculteurs. Comment expliquer cela ? Il est certain que, d’un côté comme de l’autre, tous les points de vue ont été entendus dans un premier temps. Mais l’avancée du processus politique a inévitablement influencé la formation de l’opinion générale, qui a elle-même conditionné quelque peu la participation de chacun aux débats (cf. infra). Par ailleurs, la fédéralisation de l’État belge a donné à chaque région l’opportunité d’adopter des modes de gouvernance propres qui, conjointement à certaines traditions politiques, facilitent ou entravent l’accès de certains acteurs à l’arène politique.

57 En Flandre, les principaux acteurs à citer sont le VIB, institut de recherche scientifique ayant un rôle proactif vis-à-vis des politiques et du grand public ; l’Instituut Samenleving en Technologie (IST), office de Technology Assessment[67] attaché au Parlement flamand ; et le Boerenbond, syndicat agricole flamand représentant près de 70 % des agriculteurs du Nord du pays et de la Communauté germanophone. Du coté wallon, ce sont Nature & Progrès, association représentant les producteurs et consommateurs de l’agriculture biologique, l’ONG environnementaliste Greenpeace, et les deux principaux représentants du monde agricole wallon : la Fédération unie des groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (FUGEA) et la Fédération wallonne des agriculteurs (FWA).

58 On remarquera plus loin que certains des arguments avancés par les partis politiques lors des débats relatifs aux deux décrets coexistence présentent des similitudes avec ceux des acteurs hors-système que nous décrivons ici. Ainsi, ceux du CDH et d’Écolo sont proches de ceux de Greenpeace, de Nature & Progrès et de la FUGEA, et ceux du CD&V et de l’Open VLD se rapprochent de ceux du Boerenbond et du VIB, tandis que ceux du MR et, dans une moindre mesure, du PS sont plus en phase avec ceux de la FWA – dont est issue Sabine Laruelle (MR).

En Flandre

59 Le Vlaams Instituut voor Biotechnologie (VIB) a été créé au milieu des années 1990, dans le cadre du programme DIRV. À l’époque, les autorités flamandes étaient satisfaites des premières avancées dans le domaine de la biotechnologie, mais celles-ci étant réalisées par divers centres de recherche éclatés, la Flandre avait l’impression que le fruit de ces recherches n’était pas poussé à son plein potentiel. C’est alors qu’a émergé l’idée d’un institut qui coordonnerait programmes et efforts.

60 Si le VIB a donc un rôle d’interface pour les autres instituts de recherche flamands, il a aussi ses propres missions et centres d’intérêt. Il étudie ainsi l’activité de recherche en elle-même et les aspects qui lui sont liés (éthique, intégrité, impacts). Jusqu’au début des années 2000, le VIB a également rempli une fonction d’informateur du public au sujet des biotechnologies. Il était alors très actif dans la communication et la vulgarisation scientifiques à travers, notamment, des projets scolaires, des expositions, des brochures, des livres, etc. Ainsi, il a disposé d’une certaine capacité d’information de l’opinion publique flamande. Cette mission était d’autant plus importante dans le cadre des essais OGM en champ. En effet, la plupart des expérimentations en plein air étaient – et sont encore – conduites ou coordonnées par le VIB dans le périmètre de la ville de Gand, où l’institut est situé. Il a donc endossé son rôle social durant ces essais, qui pouvaient donner lieu à des actions, parfois très radicales, de la part des environnementalistes [68]. Citons, à titre d’exemple, les évènements survenus à Wetteren le 29 mai 2011, lors desquels quelques centaines de militants du Mouvement de libération des champs (Field Liberation Movement), venus de Belgique, de France et des Pays-Bas, ont mené une action de destruction partielle d’un champ expérimental de pommes de terre génétiquement modifiées. Le retentissement de l’affaire a notamment tenu au fait que la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) ait licencié début juin une de ses chercheuses, qui travaillait au département Architecture, Urbanisme et Aménagement du territoire de l’université, pour avoir participé activement à cette opération de protestation [69].

61 Le VIB est également en communication régulière avec le monde politique flamand. Cette communication peut prendre deux formes : soit l’institut est consulté par des responsables politiques, soit il prend lui-même l’initiative d’informer ceux-ci sur une thématique qui lui semble importante, afin de lancer le débat. Durant le processus d’adoption du décret coexistence, le VIB a ainsi adressé ses commentaires sur diverses versions du texte et proposé ses propres modifications à plusieurs occasions ; il a également publié des brochures à l’attention du public sur la problématique de la coexistence.

62 La mission sociale du VIB s’est affaiblie depuis 2002, suite à la mise en place du Vlaamse instituut voor wetenschappelijk en technologisch aspectenonderzoeken (VIWTA), rebaptisé Instituut Samenleving en Technologie (IST) en 2008. Il s’agit d’un institut parlementaire de Technology Assessment, abrité au sein même du Parlement flamand. Il est chargé d’informer les députés sur les nouvelles technologies et leurs impacts – économiques, sociaux, environnementaux, éthiques, etc. – de manière équilibrée et non partisane. Pour cela, il recourt régulièrement à des méthodes participatives regroupant scientifiques, experts, parties prenantes et citoyens [70]. Il produit des documents destinés au soutien décisionnel, mais également, à l’instar du VIB autrefois, à l’information du public. Il a par contre eu un rôle beaucoup moins actif dans le processus d’adoption du décret coexistence, même s’il en a été un élément initiateur (cf. infra).

63 La création du VIWTA-IST a profondément changé la nature du rôle du VIB, ou du moins la perception de ce rôle. D’après certains membres de l’administration flamande, le VIB est désormais perçu bien plus comme un stakeholder que comme un conseiller scientifique. Tel est également l’avis de plusieurs environnementalistes. Toutefois, cela n’empêche pas le VIB d’être représenté par un membre suppléant au sein du Conseil de biosécurité, organe fédéral (cf. supra).

64 Outre ces deux acteurs, il faut également prendre en compte l’influence exercée par le Boerenbond sur les agriculteurs et les politiques flamands. Le Boerenbond est une organisation mise en place à la fin du XIXe siècle. Son importance se reflète dans l’influence que ce syndicat a eue – et a encore – sur les pratiques de l’agriculture flamande, notamment par son dynamisme dans le développement de l’agriculture intensive. Marie Pirenne, du laboratoire de Méthodologie des sciences géographiques de l’Université de Liège, va jusqu’à affirmer que cette influence est telle qu’elle rend presque impossible une conversion des agriculteurs flamands à des modes de production moins intensifs [71].

65 Le Boerenbond joue le rôle de relais des préoccupations des agriculteurs vers le monde politique, avec lequel il entretient une relation privilégiée. Il maintient en particulier un lien fort avec le CD&V, qui est aujourd’hui – et a presque toujours été, depuis la création de la Région – l’un des partis de la majorité en Flandre. Cette relation tient aux origines mêmes du syndicat, issu à la fois du Parti catholique et de l’Église catholique [72]. L’importance du Boerenbond dans les processus décisionnels en matière d’agriculture est réelle, d’autant que l’interroger constitue la voie généralement suivie par toute personne désireuse de connaître l’opinion du monde agricole flamand sur une thématique particulière.

66 Relativement à la question de la coexistence de cultures génétiquement modifiées avec d’autres formes de culture, le Boerenbond considère qu’aucun OGM n’est intéressant pour les agriculteurs flamands pour l’instant mais que, comme cela pourrait changer à l’avenir, il est nécessaire qu’un décret coexistence donne aux agriculteurs un choix réel de cultiver ou non des OGM. Ce point de vue est partagé par certains partis flamands, dont le CD&V (cf. infra).

En Wallonie

67 Du côté wallon, les choses sont quelque peu différentes. Pour les raisons évoquées précédemment, il n’y a pas d’équivalent du VIB en Wallonie. Quant à la représentation des agriculteurs wallons, elle n’est assurée par aucune organisation aussi influente que l’est le Boerenbond en Flandre. Pour autant, la Wallonie n’est évidemment nullement dépourvue d’avis de scientifiques ou d’agriculteurs relativement à la problématique des OGM. Mais au Sud du pays, ce sont les associations de consommateurs et les environnementalistes qui ont plus particulièrement bénéficié de l’attention des responsables politiques.

68 Tel par exemple, le cas de l’organisation non gouvernementale de protection de l’environnement Greenpeace. En principe, cette organisation tente de défendre ses idées auprès de toutes les composantes politiques de la Belgique. Mais dans les faits, elle semble éprouver certaines difficultés à se faire entendre en Flandre, notamment à cause de la rivalité historique entre les mouvements verts et les organisations ou syndicats agricoles – ce qui confirme un peu plus l’influence du Boerenbond en Flandre. En matière d’OGM, Greenpeace se défend d’avoir une position aveuglément défavorable, mais estime que les connaissances disponibles à l’heure actuelle sont insuffisantes pour jauger correctement les risques que peuvent entraîner les biotechnologies. À l’instar d’autres organisations, Greenpeace a pu prendre place de manière régulière dans des groupes de travail de l’administration wallonne. Son opinion est par ailleurs souvent reprise par les partis wallons opposés aux OGM, et est complétée par les prises de position de Nature & Progrès.

69 Fondée en 1976, Nature & Progrès (NatPro) est une association de producteurs et de consommateurs dont le but est d’informer le public sur l’agriculture, et en particulier sur l’agriculture biologique, afin qu’il soit en mesure de se positionner quant aux choix politiques. L’organisation agit donc à la fois en tant que stimulateur du débat public et comme relais politique. À l’instar de Greenpeace, elle n’est pas strictement opposée aux OGM, mais bien à leur dissémination dans l’environnement, car celle-ci risque d’endommager d’autres formes d’agriculture et d’obliger les agriculteurs à adopter l’agriculture biochimique.

70 La campagne de NatPro visant à prévenir la dissémination des OGM dans l’environnement remonte au début des années 1990. Au début des années 2000, elle a tourné son action vers les pouvoirs locaux, adressant une lettre à toutes les communes de Wallonie pour leur demander de voter une motion interdisant les cultures génétiquement modifiées sur leur territoire. Suite à sa proposition, dans le même courrier envoyé aux administrations communales wallonnes, d’organiser des débats sur le sujet, elle a pu remplir le rôle qu’elle s’était fixé d’informer le public, lors de rencontres tenues dans de nombreuses communes, aux côtés de représentants du monde de la recherche scientifique, du corps médical et de l’industrie agricole. L’opération semble avoir porté ses fruits, puisque d’après NatPro, 32% des communes se sont opposées aux OGM et ont adopté des motions en ce sens [73].

71 Au début de l’année 2004, NatPro a été invitée par le ministre wallon de l’Agriculture et de la Ruralité, José Happart (PS), à prendre part à un groupe de travail sur les conditions de mise en œuvre des cultures génétiquement modifiées en Wallonie. En 2008, à la fin du processus, NatPro a exprimé sa satisfaction par rapport au décret adopté par la Région wallonne et estimé avoir été bien entendue [74]. Ajoutons qu’en cours de processus, Benoit Lutgen (CDH), ministre de l’Agriculture, de la Ruralité et de l’Environnement à partir de juillet 2004, a apporté son soutien officiel à NatPro en signant en 2007 sa pétition pour une Wallonie sans OGM [75]. Il semble qu’une certaine relation de proximité se soit nouée entre NatPro et B. Lutgen, lorsque celui-ci était ministre wallon de l’Agriculture, de la Ruralité et de l’Environnement (2004-2009) puis de l’Agriculture, de la Ruralité, de la Nature et de la Forêt (2009-2011).

72 Enfin, il reste à évoquer l’influence concurrente des deux grands représentants du monde agricole wallon : la Fédération unie des groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (FUGEA) et la Fédération wallonne des agriculteurs (FWA), deux syndicats qui n’ont pas la même opinion vis-à-vis des OGM.

73 La FUGEA est un mouvement d’agriculteurs dont l’objectif principal est la survie de l’agriculture. Son action est fondée sur la promotion de l’agriculture durable et sur l’information des jeunes générations. Cette association est particulièrement critique à l’encontre des politiques néolibérales de l’Union européenne, y compris en matière de réglementation des OGM. La FUGEA pense que la coexistence des cultures est impossible, « pire, c’est une illusion que les ultra-libéraux européens ont essayé de nous faire avaler » [76]. Ses membres ont été et sont fréquemment invités à discuter avec les responsables politiques wallons – y compris dans le cadre du décret coexistence – et organisent parfois des débats publics [77].

74 Pour sa part, la FWA est une organisation agricole née en 2001, suite à la fusion de plusieurs petits syndicats agricoles créés aux XIXe et XXe siècles. Elle profite donc d’une longue expérience syndicale et bénéficie d’une représentation à tous les niveaux de pouvoir [78]. La FWA défend un avis plus nuancé que la FUGEA, et relativement proche de celui du Boerenbond, concernant les biotechnologies : pour l’instant, aucun OGM n’est intéressant pour les agriculteurs wallons, mais il est important de ne pas entraver la recherche, car elle peut aboutir à des avancées intéressantes d’un point de vue qualitatif. Notons que cet argument est repris par le PS et le MR, tous deux défenseurs d’une approche « progressiste » envers les OGM (cf. infra).

2.2. ÉVOLUTION DU DÉBAT EN WALLONIE

75 En Wallonie, le processus législatif visant à l’adoption de mesures de coexistence en Wallonie débute sous le gouvernement régional Van Cauwenberghe II (PS / CDH), issu des élections de juin 2004. Quatre propositions de résolution relatives aux OGM sont déposées en septembre et octobre 2005, émanant respectivement de six des trente-quatre députés PS (P. Calet, M. de Saint Moulin, F. Fassiaux-Looten, J. Gennen, R. Meureau et E. Tillieux), de trois des quatorze députés CDH (A.-M. Corbisier-Hagon, C. Di Antonio et R. Thissen), de deux des trois députés Écolo (M. Dethier-Neumann et B. Wesphael) et de quatre des vingt députés MR (C. Ancion, W. Borsus, C. Cassart-Mailleux et P.-Y. Jeholet) [79]. Seul donc le Front national ne dépose pas de résolution dans ce domaine. Ces quatre propositions sont fusionnées en un seul texte par la Commission de l’Environnement, des Ressources naturelles et de la Ruralité du Parlement wallon : Proposition de résolution sur l’organisation de la coexistence entre les cultures traditionnelles, biologiques et O.G.M.[80], qui est adopté par le Parlement wallon le 1er décembre 2005 (cf. infra). Par ailleurs, un avant-projet de décret voit le jour en février 2006 [81].

76 Les textes et leurs objectifs ne connaissent plus guère d’évolution jusqu’à l’adoption du décret final en juin 2008 : en dépit de quelques séances houleuses au Parlement wallon, le débat est rapidement cristallisé. La répartition des partis entre majorité et opposition et les diverses sensibilités politiques aux OGM n’y sont pas étrangères. Les deux partis de la majorité – PS et CDH – ainsi qu’un parti de l’opposition – Écolo – défendent des positions relativement similaires, ce qui contribue à fixer assez vite la position de la Région wallonne envers les OGM.

77 Par ailleurs, malgré des débuts relativement prompts, le processus connaît ensuite une période de fort ralentissement. Il s’écoule en effet deux ans et demi entre l’adoption de la proposition de résolution par le Parlement wallon, en décembre 2005, et le dépôt d’un projet de décret, en mai 2008 [82]. Outre le laps de temps nécessaire à la rédaction des textes, les raisons de ces délais sont multiples.

78 Premièrement, comme N. Schiffino et F. Varone le font remarquer, les OGM en Belgique font partie des dossiers « sensibles », difficiles à négocier en période électorale [83]. Ainsi, au niveau fédéral, les élections régionales de 2004 ont eu pour effet de ralentir l’adoption de l’arrêté royal du 21 février 2005. De même au niveau régional, les élections communales de novembre 2006 et les élections législatives de juin 2007 constituent sans doute des freins à l’avancement du dossier. Les responsables politiques ne restent pas muets pour autant : certains dossiers européens liés aux OGM poussent parfois certains, le ministre B. Lutgen en particulier, à quelques rares mais néanmoins radicales sorties médiatiques (cf. infra). Par ailleurs, en février 2007, deux propositions de résolution sont encore déposées en la matière, l’une par un député FN (C. Petitjean) et l’autre par les deux députés Écolo mentionnés plus haut (M. Dethier-Neumann et B. Wesphael) [84].

79 Deuxièmement, quelques éléments procéduraux retardent le processus d’adoption. Outre les concertations entre les groupes de travail institués des deux côtés de la frontière linguistique, l’avant-projet de décret est examiné par la Commission européenne, afin de s’assurer que la future législation wallonne ne constituera pas une interdiction formelle des OGM. Troisièmement, si le fait de légiférer en matière de coexistence est considéré comme une urgence en début de législature, il s’agit manifestement là d’une préoccupation qui s’estompe rapidement, lors d’une période où – contrairement à celles durant lesquelles avaient été adoptés la directive 2001/18/CE et l’arrêté royal du 21 février 2005 – se produisent peu d’évènements médiatiquement marquants relativement aux OGM et donc susceptibles de raviver l’intérêt des pouvoirs publics sur cette problématique.

80 Le point de départ du débat politique wallon peut être situé au début des années 2000. Alors que la future directive 2001/18/CE est en discussion au niveau européen, la Belgique connaît sa cinquième réforme institutionnelle, qui aboutit entre autres à la régionalisation des compétences en matière d’agriculture. Au sein de l’exécutif wallon, alors composé d’une majorité PS / Fédération PRL FDF MCC / Écolo, le portefeuille de l’Agriculture et de la Ruralité est depuis 1999 entre les mains de José Happart (PS). Ce dernier n’est pas un opposant farouche aux OGM : inquiet au sujet de ce qu’on qualifie alors de « fronde anti-OGM », il se dit favorable à un rapatriement des expériences sur les OGM dans le giron des universités afin d’assurer un meilleur contrôle des recherches [85]. En 2002, il se déclare favorable au projet de la Commission européenne de fixer des seuils de contamination accidentelle acceptables [86]. À cette époque, cette position du ministre, et de son parti dans sa globalité (le PS), va dans le sens contraire des actions menées au niveau fédéral en matière de Santé publique et d’Environnement [87].

81 À la veille des élections régionales de 2004, le débat reste encore très calme en Wallonie. Ce n’est qu’après le scrutin que les choses évoluent, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les élections amènent au pouvoir une nouvelle majorité, PS / CDH, à laquelle s’offre la possibilité de formuler des objectifs concernant les OGM pour l’ensemble de la législature à venir. Cela n’avait pas été le cas de la majorité wallonne précédente, puisque ça n’avait été qu’en 2001, soit en milieu de législature, qu’une directive européenne avait permis aux régions d’agir sur la coexistence des cultures. La déclaration de politique régionale de 2004 contient ainsi une mention précise sur la problématique de la coexistence des cultures : « Le gouvernement s’attachera à (...) poursuivre les études en cours afin d’adopter rapidement des règles de cohabitation entre d’une part les cultures OGM et d’autre part les cultures traditionnelles et bios afin de prévenir tout risque de contamination des dernières par les premières. » [88]

82 Ensuite, la fin du moratoire européen relatif à l’autorisation de nouveaux OGM en Europe pousse les régions à examiner de plus prêt l’opportunité – et non l’obligation – que leur laisse l’article 26bis de la directive 2001/18/CE de prendre les mesures nécessaires en matière de coexistence. Certes, la fin du moratoire n’intervient officiellement que le 19 mai 2004, mais l’adoption des règlements européens sur la traçabilité et l’étiquetage des OGM en juillet 2003 – établissant le seuil de tolérance à 0,9 % – est déjà annonciatrice de cette évolution. Dans la foulée, la Commission établit quelques lignes directrices devant guider les États membres dans l’adoption de mesures de coexistence [89]. Il était en effet entendu que le moratoire ne devait courir que jusqu’à l’adoption de règles en matière de traçabilité et d’étiquetage [90]. Par ailleurs, la levée du moratoire a déjà été proposée en décembre 2003, avant d’être repoussée au prochain Conseil des ministres de l’Union européenne, suite au refus des experts des quinze États membres d’autoriser la mise sur le marché du maïs BT-11 [91].

83 Enfin, la majorité PS / CDH donne à Benoît Lutgen le portefeuille de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme. Ouvertement déclaré comme opposant aux OGM, le nouveau ministre wallon a par son travail, sa position personnelle et ses déclarations médiatiques un impact non négligeable sur la position du gouvernement wallon et sur le déroulement des travaux législatifs en cours.

84 Dès le début de l’année 2004, un groupe de travail au niveau de la Direction générale de l’Agriculture (DGA) [92] réunit scientifiques, fédérations d’agriculteurs principalement la FWA et la FUGEA), représentants de l’agriculture biologique, nvironnementalistes, consommateurs, firmes de biotechnologie et filières de distribution. Il est chargé d’étudier les aspects les plus techniques de la coexistence de cultures génétiquement modifiées avec les cultures traditionnelles et biologiques : distances entre les différents types de culture, indemnisation, problèmes transfrontaliers, etc. Au niveau du Parlement wallon, les discussions sont menées au sein de la Commission de l’Environnement, des Ressources naturelles et de la Ruralité. Les positions des quatre principaux partis se présentent alors comme suit. L’opposant le plus déterminé aux OGM demeure Écolo, dont l’opinion est souvent relayée par le député Bernard Wesphael. Les verts considèrent depuis longtemps les OGM comme un danger pour l’environnement et pour l’alimentation, et contestent l’existence de bénéfices socio-économiques qui pourraient résulter de la culture d’OGM pour les agriculteurs. En octobre 2004, B. Wesphael, en plus d’insister sur la nécessité de légiférer suite à la fin du moratoire européen, propose l’adhésion de la Région wallonne à la Charte de Florence, qui réunit les régions d’Europe qui veulent obtenir de la Commission européenne des mesures de coexistence plus restrictives [93].

85 Les libéraux, à l’instar des écologistes, sont rejetés dans l’opposition au lendemain du scrutin de 2004. Ils adoptent une attitude plus positive à l’égard des OGM. Le MR soutient – et soutiendra maintes fois par la suite – qu’il est essentiel pour la Wallonie de ne pas fermer la porte définitivement aux OGM, sous peine de laisser filer une opportunité de développement économique et de causer à terme une délocalisation de la recherche. Le parti libéral réfute tous les discours dénonçant les OGM comme dangers potentiels pour la biodiversité et l’agriculture familiale. Alors que d’autres partis craignent que l’acceptation des OGM ne fasse tomber l’agriculture dans les mains des multinationales, le MR pense que favoriser la concurrence de petites et moyennes entreprises (PME) dans le secteur des OGM agro-alimentaires aurait l’effet contraire [94].

86 Du côté de la majorité, les démocrates humanistes adoptent une vision très similaire à celle d’Écolo. Le CDH, B. Lutgen en tête, pense que les OGM représentent un risque réel pour la biodiversité, pour l’agriculture et pour les consommateurs. Par ailleurs, ce parti refuse dans un premier temps d’adhérer à la Charte de Florence, au motif que celle-ci réunit des régions qui prônent l’adoption de strictes mesures de coexistence alors que le but de la Wallonie est plus radicalement de ne jamais avoir la moindre parcelle de culture OGM sur son territoire [95].

87 Quant au PS, il a une position plus ambiguë. Certes, certains députés et ministres socialistes disent partager les inquiétudes du MR quant à l’avenir de la recherche scientifique en la matière. Mais si le MR veut préserver les intérêts de la recherche privée, le PS s’inquiète davantage des entraves à la recherche publique que pourraient constituer des mesures de coexistence trop restrictives – point sur lequel il est partiellement rejoint par le CDH, qui le met moins en avant. Par ailleurs, alors que les démocrates humanistes veulent établir un cadre général très strict, les socialistes prônent une approche au cas par cas, montrant ainsi qu’ils ne rejettent pas les OGM définitivement.

88 Bref, la majorité est composée de deux visions en partie différentes, mais pas incompatibles : l’approche au cas par cas pourrait se concrétiser via les différents arrêtés d’exécution du décret, et la protection de la recherche publique est un objectif commun. Une position commune entre PS et CDH a en outre toutes ses chances d’être soutenue dans l’opposition par Écolo. Ces éléments de rapprochement expliquent en partie la relative rapidité de mise en marche du processus législatif.

89 Entre mai et juillet 2005 se tiennent des auditions d’experts au sein de la Commission de l’Environnement, des Ressources naturelles, du Tourisme, de la Ruralité et de la Politique agricole [96]. Les scientifiques – issus de l’ULg, de l’UCL et de centres de recherche – mettent en garde quant aux possibles effets négatifs en matière de perte d’opportunité économique, de fuite des chercheurs et de déficit concurrentiel pour la Wallonie. Certains vont jusqu’à affirmer que les OGM pourraient être l’avenir de l’agriculture traditionnelle et non son anti-thèse. Cependant, d’autres demeurent dans une position prospective et considèrent que les bénéfices socio-économiques liés aux OGM sont alors neutres : il n’y a pas (encore) d’avantages sérieux, et les pertes sont (encore) nulles. Pour leur part, les environnementalistes (Nature & Progrès et Greenpeace), les associations de consommateurs (CRIOC et Test-Achat), ainsi que les membres de l’administration wallonne – issus de la DGO3 et représentant la Région wallonne au Conseil de biosécurité – plaident en faveur de mesures très restrictives et dénoncent les dangers potentiels des OGM pour la santé des consommateurs et pour l’avenir de l’agriculture.

90 Le 1er décembre 2005, le Parlement wallon adopte la proposition de résolution soumise par la Commission [97]. Elle énonce les principes que la Wallonie décide de suivre en matière de coexistence des cultures : préserver le libre choix effectif des consommateurs et producteurs, tendre vers un niveau élevé de protection des agriculteurs traditionnels et biologiques, assurer une information transparente pour tous (consommateurs, agriculteurs voisins, population), créer un système de responsabilité assurant le dédommagement des agriculteurs dont les cultures seraient victimes de contamination selon le principe du « pollueur-payeur ».

91 L’avant-projet de décret est rapidement rédigé par le cabinet du ministre B. Lutgen [98] et est soumis à divers avis, dont ceux du Conseil wallon de l’environnement pour le développement durable (CWEDD) et du Conseil supérieur wallon de la conservation de la nature (CSWCN). Ces deux organismes approuvent le contenu de cet avant-projet en avril 2006, le premier allant jusqu’à le définir comme « opportunément strict » [99]. Notons particulièrement l’avis du CSWCN, qui encourage le gouvernement wallon à une plus grande sévérité : selon lui, la notion de « pollueur-payeur » doit englober plus que les seuls agriculteurs et être étendue à tous les acteurs des filières agricoles (semenciers, transporteurs, etc.), et les amendes administratives sont insuffisantes en tant que seules sanctions [100]. Ces propositions de modification se retrouveront dans la version finale du texte (cf. infra).

92 Jusque mai 2008, le texte poursuit son chemin à travers les différents filtres légaux : Commission européenne et Conseil d’État (qui rend trois avis : en août 2006 [101], novembre 2007 [102] et l’autre en février 2008 [103]). En attendant, le projet en lui-même ne fait plus débat au sein des instances régionales. Les déclarations médiatiques ne manquent par contre pas. Le ton est donné dès fin 2005, lorsque B. Lutgen déclare que la Région veut mettre en place des conditions de coexistence « telles qu’aucun agriculteur n’osera se lancer dans cette aventure » [104] – position qu’il réaffirme début 2006 [105]. En février 2007, il se déclare ouvertement opposé à la Commission européenne et aux députés européens qui s’attellent à définir un seuil de présence fortuite acceptable d’OGM dans les produits bios [106]. Parallèlement, le fossé entre majorité et opposition se creuse, et les libéraux font connaître leurs dissensions vis-à-vis de l’interdiction générale des OGM en Wallonie [107]. Dès 2005, certains députés wallons – appartenant notamment au MR– avaient par ailleurs fait part de leur mécontentement vis-à-vis des déclarations de B. Lutgen, qui avaient selon eux pour effet de bloquer le débat [108]. Il est vrai que la position affichée par le gouvernement wallon n’est pas sans influencer les travaux parlementaires qui se poursuivent, et qui privilégient davantage les opinions des opposants aux OGM. Ainsi, le représentant de Nature & Progrès a participé aux seize réunions organisées au niveau de l’administration, tandis que Belgobiotech [109] a été représenté à douze réunions, s’absentant particulièrement vers la fin du processus.

93 Au début du mois de mai 2008, un projet de décret finalisé le 30 avril précédent est déposé au Parlement wallon par le ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme, B. Lutgen [110]. Lors de son examen en commission de l’Environnement, des Ressources naturelles, du Tourisme, de la Ruralité et de la Politique agricole, les différents amendements déposés par quatre députés du MR sont rejetés [111]. Le décret est finalement adopté en séance plénière du Parlement le 11 juin 2008 par 51 voix (PS, CDH, Écolo, FN) contre 15 (MR) [112] ; il est sanctionné et promulgué par le gouvernement wallon le 19 juin [113]. Quelques mois plus tard, à l’automne 2008, la Région wallonne adhère à la Charte de Florence.

2.3. ÉVOLUTION DU DÉBAT EN FLANDRE

94 Dans quelle mesure, à la veille de l’adoption du décret de coexistence flamand, les opinions des partis politiques du Nord du pays différent-elles de celles de leurs homologues wallons ? Le CD&V et l’Open VLD défendent des positions très proches de celles du MR en Wallonie, à savoir : donner le libre choix pour l’agriculteur et le consommateur entre cultures conventionnelles, biologiques ou OGM ; envisager les cultures OGM comme solution d’avenir pour l’agriculture traditionnelle ; préserver – ou renforcer selon le cas – le potentiel concurrentiel des régions dans les biotechnologies agro-alimentaires ; soutenir la recherche aussi bien fondamentale qu’appliquée. Sous la houlette de Kris Peeters, le CD&V va jusqu’à parler d’équité entre agriculteurs OGM et non OGM, rompant toute ambiguïté autour de la notion de « libre choix » et se démarquant ainsi de son pendant wallon, le CDH [114]. Pour sa part, Groen partage entièrement la vision d’Écolo et du CDH sur les dangers sérieux que représentent les OGM pour la biodiversité, l’alimentation et l’avenir de l’agriculture. La position du SP. A est plus difficile à déterminer. Les socialistes flamands interviennent rarement dans les débats et dans la presse sur ce sujet. Il est probable que la position du SP. A dépende essentiellement de sa présence ou non au sein du gouvernement flamand. Signalons simplement que les (rares) communications personnelles émises après 2009 ne permettent pas de classer le SP. A comme un opposant aux OGM. Quant aux deux partis qui n’ont pas de correspondant au Sud du pays, à savoir la N-VA et le Vlaams Belang, ils ne s’expriment jamais sur la question durant la période concernée. La N-VA n’exprimera son point de vue sur les OGM que quelques mois après la fin du cartel formé avec le CD&V, survenue en septembre 2008. Bien que la période d’existence dudit cartel corresponde plus ou moins avec la législature d’adoption du décret, nous n’assimilons pas les points de vue de la N-VA à ceux du CD&V car, depuis 2010, la N-VA se prononce nettement contre les OGM [115] avec des arguments similaires à ceux de Groen.

95 Le débat sur les OGM démarre en Flandre à la fin de l’année 1999 lorsque, préoccupé par l’actualité et les récentes avancées en matière de biotechnologie, le Parlement flamand demande à cinq de ses organes consultatifs de lui rendre des avis sur les divers aspects économiques, sociaux, environnementaux, éthiques des OGM et sur leurs perceptions par le public. Les avis sont émis entre avril et mai 2000 par le conseil flamand de l’Environnement, le Milieu- en Natuurraad van Vlaanderen (Mina-raad), le conseil flamand de la politique scientifique, le Vlaamse Raad voor Wetenschapsbeleid (VRWB), le conseil socio-économique flamand, le Sociaal-economische Raad van Vlaanderen (SERV), le conseil flamand de la Santé, le Vlaamse Gezondheidsraad (VGR), et le conseil flamand de l’Agriculture et l’Horticulture, le Vlaamse Land- en Tuinbouwraad (VLTR) [116]. Les recommandations émises par les cinq organes présentent de nombreuses similitudes : information équilibrée et nuancée du public, structuration du débat public, orientation et stimulation de la recherche, identification des dangers potentiels liés aux OGM, prise en compte des objections éthiques et morales aux manipulations génétiques [117].

96 Le Parlement flamand met alors sur pied le Vlaamse Instituut voor Wetenschappelijk en Technologisch Aspectenonderzoeken (VIWTA), auquel il confie un projet pilote relatif aux débats sur les OGM. Entre 2000 et 2003, le VIWTA travaille à l’identification des acteurs majeurs dans le domaine des OGM agro-alimentaires et à la collecte de leurs opinions. En mai 2003, il organise un forum public où un panel de seize citoyens peuvent interroger des experts et des parties prenantes, et auquel viennent assister certaines personnalités politiques. Il remet finalement un rapport au Parlement flamand, formulant certaines recommandations concernant la stimulation du débat public sur les OGM et les mesures politiques qu’il conviendrait selon lui d’adopter en priorité [118]. Le 3 mars 2004, le Parlement flamand adopte une résolution qui reprend presque entièrement les recommandations du VIWTA, parmi lesquelles la nécessité d’adopter des mesures organisant la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures traditionnelles et biologiques [119].

97 Tout cela contribue à donner au débat sur les OGM en Flandre une nouvelle impulsion. Cependant, la majorité gouvernementale d’alors (VLD / SP / Agalev / VU) ne s’intéresse guère au dossier. En juin 2003, lors d’une interpellation parlementaire, le ministre flamand de l’Environnement et de l’Agriculture, Ludo Sannen (Agalev), avait clairement dit que les mesures de coexistence n’étaient pas une priorité pour son gouvernement [120].

98 Le 22 juillet 2004, les élections régionales conduisent à la relégation des écologistes dans l’opposition au nouveau gouvernement Leterme, composé d’une majorité CD&V / VLD / SP. A / Spirit / N-VA. Des groupes de travail se mettent en place au niveau de l’administration, tandis que les discussions politiques se tiennent dans le cadre de la sous-commission pour l’Agriculture, la Pêche et la Ruralité. Malgré la présence de deux partis favorables aux OGM dans la majorité, le CD&V et le VLD, l’élaboration des textes prend un peu plus de temps qu’en Wallonie.

99 Être favorable aux OGM ne signifie pas les accepter sans condition. La Flandre est dans une position délicate car elle ne peut pas refuser les OGM en raison des intérêts économiques majeurs qui y sont liés, mais elle ne peut pas non plus les accepter sur son territoire sans avoir préalablement évalué leurs risques et sans prendre les mesures permettant d’éviter de froisser une trop grande part de l’opinion publique. Il est dès lors plus difficile au gouvernement flamand qu’à son homologue wallon d’adopter une position claire et de donner l’impulsion nécessaire aux travaux législatifs. En outre, le gouvernement flamand ne compte dans ses rangs aucun ministre exerçant un leadership comparable à celui de B. Lutgen en Wallonie. L’absence de consensus au sein du gouvernement [121] oblige à reporter plusieurs fois le projet de décret promis par le ministre de l’Agriculture et de la Ruralité, Yves Leterme (CD&V).

100 Comme en Wallonie (cf. supra), les échéances électorales de 2006 et 2007 s’ajoutent au problème, les partis politiques étant peu enclins à traiter des sujets sensibles en période de campagne. La position d’Y. Leterme est particulièrement délicate, lui qui apparaît comme « premier ministrable » à la veille des élections fédérales de juin 2007. Par ailleurs, les OGM cessent un certain temps d’être un sujet d’actualité brûlant, ce qui les éloigne des préoccupations des mandataires politiques, des médias et de l’opinion publique. Quelques échanges ont tout de même lieu au Parlement flamand ; ils sont l’occasion pour les partis de rappeler leurs opinions et leurs exigences. Vera Dua (Groen) demande ainsi à plusieurs reprises que le futur décret inclue la possibilité pour le gouvernement flamand d’établir des zones sans OGM [122], demande à laquelle les partis de la majorité répondent par la négative.

101 Les choses prennent une autre tournure après le scrutin fédéral de juin 2007, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, devenu Premier ministre, Y. Leterme est remplacé au poste de ministre-président flamand par Kris Peeters (CD&V), qui se montre plus proactif que son prédécesseur. Dès décembre 2007, il propose un avant-projet de décret règlementant la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec d’autres cultures [123]. Ensuite, en 2008, la Wallonie ayant adopté son décret en la matière, il est important pour la Flandre de fixer son propre cadre général afin de ne pas créer un vide juridique important entre les deux régions et de permettre aux administrations du Sud et du Nord de continuer sereinement leur collaboration sur les questions techniques. Enfin, la problématique des peupliers génétiquement modifiés (cf. infra), a pour effet de raviver certaines tensions communautaires et de marquer définitivement l’écart entre Wallons et Flamands sur la question des OGM.

102 À l’instar de son parti, K. Peeters voit les OGM comme un outil économique très important pour la Flandre. Mais à l’inverse d’Y. Leterme, il s’exprime plus régulièrement et publiquement sur la question. Par exemple, il déclare que les producteurs de poulets européens ne sont pas compétitifs car il leur est interdit de nourrir leurs volailles à base de produits génétiquement modifiés, alors que dans le même temps, l’Europe importe massivement des poulets étrangers nourris de la sorte [124], ou estime que la culture d’OGM mérite une chance équitable par rapport aux autres cultures [125].

103 Entre décembre 2007 et octobre 2008, pas moins de trois versions de l’avant-projet de décret sont élaborées par le cabinet de K. Peeters, le texte évoluant au fil des avis du VLTR, du SERV [126] et du Conseil d’État. En particulier, les deux premiers avis invitent à un allègement des charges administratives pour l’agriculteur désireux de cultiver des OGM, ainsi qu’à une évaluation régulière de l’application du futur décret, impliquant une participation citoyenne. Par ailleurs, le VLTR trouve que des poursuites pénales, envisagées à coté des amendes administratives, sont une punition bien trop sévère pour l’agriculteur fautif, et recommande de se limiter à des sanctions administratives. Ces avis seront pris en compte dans la version finale du texte (cf. infra).

104 Survient alors l’épineux dossier des peupliers OGM. En mai 2008, le Vlaams Instituut voor Biotechnologie désire mener une expérience scientifique impliquant la plantation de peupliers génétiquement modifiés dans le parc industriel de Zwijnaarde, près de Gand. Il espère ainsi obtenir un bois plus productif en bioéthanol. Dans un premier temps, les experts du Conseil de biosécurité donnent leur feu vert au projet, en précisant toutefois que leur avis se limite à ce seul cas, et non à une production en masse de tels peupliers [127]. En Wallonie, le ministre B. Lutgen critique fermement cet avis. Les conflits se multiplient entre les partis francophones, qui ne partagent pas tous les même avis sur la question, entre la Région wallonne et la Région Bruxelles-Capitale (qui a approuvé le projet) [128], entre le gouvernement wallon et les partis flamands soutenant le VIB, et entre l’État fédéral et la Région flamande [129]. Quelques jours plus tard, Paul Magnette (PS) et Laurette Onkelinx (PS), respectivement ministres fédéraux du Climat et de l’Énergie et de la Santé publique, refusent la plantation des peupliers génétiquement modifiés au VIB, provoquant l’indignation de la ministre flamande de l’Innovation, Patricia Ceysens (Open VLD) [130]. Cette dernière soutient par ailleurs l’introduction du dossier par le VIB auprès du Conseil d’État [131]. En attendant un éventuel revirement du fédéral, le VIB décide de demander des autorisations pour planter les peupliers aux Pays-Bas, ce qu’il obtient fin 2008 [132]. Le 31 décembre de la même année, le Conseil d’État suspend la décision des ministres fédéraux et leur demande de réviser leur position [133]. P. Magnette et L. Onkelinx font rapidement savoir qu’aucun élément concret ne peut les amener à revenir sur leur refus [134]. Finalement, le Conseil de biosécurité émet un second avis favorable, poussant les deux ministres à accepter la plantation litigieuse [135]. Cette actualité transforme la problématique de la coexistence des cultures en conflit communautaire et révèle la profonde différence qui existe entre les visions des deux régions.

105 À la même époque, le texte quasi définitif du futur décret flamand est en discussion. En février 2009, quelques amendements sont déposés, parmi lesquels l’un de Vera Dua (Groen) [136] et l’autre d’un ensemble de députés CD&V / Open VLD / SP. A [137]. Depuis le début des débats, Groen souhaite, d’une part, que la charge de la preuve, dans les conflits entre agriculteurs, incombe à l’agriculteur d’OGM et, d’autre part, que le décret permette au gouvernement flamand d’établir des zones sans OGM. Dans un souci de faire peser le moins de charges possibles sur les épaules de l’agriculteur d’OGM, la première de ces demandes est rejetée. Quant à la seconde, elle est partiellement coulée dans le texte final, qui permet d’établir des zones sans OGM sur base unique de la volonté des agriculteurs (le gouvernement flamand ne décide donc de rien en la matière, mais doit tout de même approuver l’accord). Par contre, le deuxième amendement est quant à lui intégré au texte final, qui prévoit dès lors que la réclamation pour réparation des dommages faisant suite à une contamination d’une culture non génétiquement modifiée doit se faire auprès d’un organisme spécifique – le Fonds de compensation (cf. infra) – et non auprès de l’agriculteur présumé fautif.

106 Le décret est finalement adopté par le Parlement le 25 mars 2009 [138] par 65 voix pour, 6 contre et 21 abstentions ; il est sanctionné et promulgué par le gouvernement flamand le 3 avril de la même année [139].

3. COMPARAISON DES DÉCRETS DE COEXISTENCE WALLON ET FLAMAND

107 Chacune par décret, la Région wallonne et la Région flamande ont donc mis à profit les compétences qui leur sont dévolues pour poser des conditions à la culture d’OGM sur leur territoire respectif, la première en juin 2008 et la seconde en avril 2009. Les deux décrets posent des règles générales en matière de cultures OGM, de procédures administratives et de sanctions. Le décret wallon a été complété par l’arrêté d’exécution du 27 mars 2009 [140]. Viendront dans l’avenir s’ajouter des annexes spécifiques aux espèces autorisées à la culture [141]. En Flandre, il a été décidé que chaque type de culture serait traité dans un arrêté d’exécution spécifique. Un arrêté établissant les mesures générales à suivre a été pris le 15 octobre 2010 [142], et trois arrêtés, concernant respectivement les cultures de maïs, de pommes de terre et de betteraves sucrières, sont parus en 2010 et 2011 [143].

108 La différence entre les deux réglementations se marque dès les objectifs généraux qu’elles cherchent à atteindre. Certes, certaines ambitions sont similaires : garantir un libre choix à l’agriculteur entre les différents types de culture et prévenir, le cas échéant, les pertes économiques qui résulteraient de la présence fortuite d’OGM dans une culture conventionnelle ou biologique [144]. Néanmoins, une différence significative apparaît d’emblée : alors que le décret flamand prévoit explicitement de laisser le libre choix à l’agriculteur de cultiver ou non des OGM, son équivalent wallon a opté pour une formulation plus générale qui ne mentionne pas nommément les OGM. De plus, le décret wallon entend préserver une liberté de choix non seulement pour les agriculteurs, mais aussi pour les consommateurs, élément qui n’apparaît pas dans les objectifs du décret flamand : d’emblée, le texte wallon semble vouloir couvrir un large champ d’activités et de risques liés aux OGM. De même, le décret wallon comporte une autre finalité qui lui est propre : « Protéger au maximum les cultures conventionnelles, ainsi que les cultures biologiques en prévenant et limitant la dissémination de plantes issues de cultures génétiquement modifiées. » Dès l’abord, le décret flamand se pose donc en encadrement de la culture d’OGM, tandis que le décret wallon se présente davantage comme un obstacle à ce type de culture. Concrètement, cela se traduit notamment par une différence substantielle : le décret flamand prévoit qu’un agriculteur désireux de se lancer dans la culture d’OGM doit avoir suivi une formation spécifique à ce type de culture [145], mesure que l’on ne retrouve nulle part dans le décret wallon.

109 D’autres différences apparaissent ensuite à un niveau plus technique. Ainsi, le décret flamand ne couvre qu’une part des activités agricoles, allant de la mise en terre des semences jusqu’au premier stockage de la récolte [146], tandis que le décret wallon couvre un champ plus large, puisqu’il englobe toutes les activités pouvant entraîner une contamination d’autres cultures, comprenant donc le déstockage et le transport d’un endroit à un autre [147]. Le décret wallon concerne une plus large variété d’acteurs et d’activités économiques que son équivalent flamand.

110 Un autre domaine dans lequel se marque la différence entre Wallonie et Flandre est celui de la procédure administrative préalable indispensable à la culture d’OGM. Les deux décrets imposent en effet aux agriculteurs de notifier préalablement aux agriculteurs voisins leur intention de cultiver des OGM [148]. Ils définissent de manière précise les personnes concernées par la notification préalable obligatoire et posent ainsi des limites claires à la responsabilité des agriculteurs cultivateurs d’OGM.

111 Le décret flamand distingue « distance de séparation » (isolatieafstand) et « distance de déclaration » (meldingsafstand). La première est la distance fixée par arrêté du gouvernement flamand pour chaque espèce de culture, qui sépare une culture OGM d’une culture conventionnelle ou biologique de la même espèce ; la seconde est le périmètre fixé par arrêté du gouvernement flamand pour chaque espèce de culture, dans lequel s’appliquent les mesures du décret [149]. Un agriculteur flamand est tenu de déclarer son intention de cultiver des OGM à tout exploitant possédant des surfaces d’exploitation situées entièrement ou partiellement dans la distance de séparation ou dans celle de déclaration ; par contre, seuls les agriculteurs voisins dont des terrains sont situés en tout ou en partie dans la distance de séparation peuvent déposer une réclamation contre lui.

112 Pour sa part, le décret wallon instaure une seule notion : la « distance de séparation », définie comme la distance minimale qui doit séparer une culture OGM d’une culture conventionnelle ou biologique [150]. Le décret s’applique à tout propriétaire de la terre sur laquelle une culture a été mise en place d’OGM, ainsi qu’aux propriétaires des terres situées en deçà de la distance de séparation [151]. L’exploitant qui désire cultiver des plants génétiquement modifiés doit donc avertir de son projet tout « producteur voisin », c’est-à-dire tout agriculteur des environs qui exploite une parcelle de culture dont les limites s’étendent en deçà de cette distance [152]. La liste des producteurs voisins peut être obtenue sur demande auprès de l’administration en charge de l’agriculture [153].

113 Contrairement à la situation qui prévaut en Flandre, l’agriculteur voisin recevant une notification ne peut déposer de réclamation. Il est tenu de répondre par un engagement écrit pris vis-à-vis de l’exploitant qui souhaite cultiver des OGM [154]. Deux solutions s’offrent à l’agriculteur voisin. Soit il s’engage à ne pas cultiver d’espèce génétiquement compatible avec l’espèce OGM cultivée par le notifiant ; dans ce cas, il accepte de prendre le risque de voir ses cultures contaminées (et le notifiant celui de voir ses cultures OGM contaminer les cultures conventionnelles et biologiques voisines). Soit il s’engage à cultiver des espèces conventionnelles ou biologiques génétiquement compatibles avec l’espèce OGM cultivée par le notifiant ; dans ce cas, une éventuelle contamination ne sera pas considérée comme fortuite, et il devra étiqueter sa production comme contenant des OGM, quel que soit le pourcentage d’OGM du produit récolté. Si l’agriculteur voisin n’a pas répondu endéans les quinze jours suivant la notification, on considère par défaut qu’il a opté pour le premier engagement.

114 Outre ces dispositions préalables, on remarque aussi des différences dans les dispositions s’appliquant tout au long de l’activité des agriculteurs cultivant des OGM. Chacun des deux décrets prévoit la contribution financière de l’agriculteur à un fonds de compensation, censé intervenir en cas de dommages subis par des agriculteurs voisins suite à la contamination de leurs cultures par des OGM ; ces « frais de solidarité », calculés par hectare et par parcelle, seront repris dans les annexes des arrêtés d’exécution propres à chaque espèce. Mais si dans le cas flamand, la contribution au fonds ne couvre que les pertes économiques subies par les agriculteurs voisins [155], la contribution au Fonds wallon comprend par contre davantage : elle inclut la réparation du dommage économique causé, les frais de gestion du dossier et les frais de contrôle de la parcelle exploitée [156]. En l’occurrence, l’arrêté wallon prévoit le paiement de 80 euros par parcelle contrôlée – auquel s’ajoutent des frais variables en fonction des espèces cultivées – et 50 euros par parcelle pour les frais de dossier [157]. Il est aussi à noter que, dans l’éventualité où l’agriculteur renoncerait à cultiver des OGM, les dispositions wallonnes prévoient que la cotisation qu’il a versée dans le fonds de compensation lui sera remboursée moyennant déduction des frais de dossier (50 euros, donc) [158], tandis que l’arrêté flamand prévoit un remboursement fixe à hauteur de 80 % (la somme déduite du remboursement ne pouvant dépasser 20 euros par parcelle) [159]. Tenter d’implanter des parcelles de cultures OGM en Wallonie peut donc s’avérer plus risqué et plus coûteux qu’en Flandre.

115 Les dernières différences remarquables sont relatives à la gestion des conflits entre agriculteurs. Chaque décret met en place une commission chargée d’évaluer les dommages causés à une culture conventionnelle ou biologique voisine par la contamination d’une culture OGM [160]. Soucieux de limiter et de cadrer la responsabilité de l’exploitant d’OGM, le décret flamand prévoit que seule une culture située entièrement ou partiellement dans la distance de déclaration pourra faire l’objet d’une compensation [161]. Il ajoute que dans ce cas, le mélange dommageable entre cultures est supposé être le résultat de la mise en place de la culture génétiquement modifiée, sauf s’il peut être prouvé le contraire. La charge de la preuve semble donc incomber au producteur d’OGM fautif. Le décret wallon, quant à lui, déplace cette charge sur le producteur voisin lésé : c’est à lui de prouver qu’il a respecté les mesures légales de coexistence pour faire valoir son droit à une compensation [162]. On notera que le décret wallon envisage des cas où la compensation peut-être réduite voire annulée due, par exemple, lorsque l’agriculteur voisin lésé « a pu contribuer à la présence de plantes génétiquement modifiées dans sa culture conventionnelle ou biologique par un comportement ou des pratiques qui augmentent le risque de mélange fortuit », c’est-à-dire s’il cultive ou a cultivé lui-même des cultures génétiquement modifiées [163].

116 Les cultures voisines contaminées font également l’objet d’un traitement différent. En Flandre, l’agriculteur voulant cultiver des OGM a la possibilité de s’engager à acheter les récoltes ou parcelles voisines qui seraient contaminées par ses propres productions : cela peut se faire au moment de la notification, moyennant l’accord des agriculteurs voisins [164]. Une telle solution n’est pas envisagée en Wallonie : l’agriculteur traditionnel ou biologique dont des cultures ont été contaminées peut soit vendre sa récolte [165] (en supportant la perte économique due au fait que le marché offre un prix inférieur pour les produits contenant des OGM), soit envisager la destruction de celle-ci (les frais de cette destruction venant alors s’ajouter au manque à gagner) [166].

117 Enfin, les deux décrets se distinguent quant aux sanctions infligées en cas de manquement de l’agriculteur à ses obligations. Le décret wallon qualifie la plupart des infractions d’infractions de « troisième catégorie », au sens du Code wallon de l’environnement (livre 1er, partie VIII) [167]. Ces infractions peuvent donner lieu à des poursuites judiciaires et sont punissables d’un emprisonnement pouvant aller jusqu’à six mois et d’une amende pouvant se monter jusqu’à 100 000 euros. Pour le même type d’infraction, le décret flamand n’envisage que des amendes administratives, dont la plus haute se chiffre à 1 000 euros [168].

118 Il apparaît en définitive que les textes wallons se montrent très sévères envers les agriculteurs désireux de cultiver des OGM : procédure administrative lourde, frais de dossier et de contrôle, régime de responsabilité stricte, découragement de la vente des cultures contaminées, sévérité des sanctions. Ces divers éléments sont de nature à freiner les projets de tout agriculteur désirant se lancer dans la culture de plantes génétiquement modifiées. Si le décret flamand peut difficilement être qualifié de « pro-OGM », il est néanmoins bien moins contraignant que son pendant wallon. Il met davantage l’accent sur la responsabilité individuelle de l’agriculteur préalablement à la mise en culture, notamment à travers le principe d’une formation attestant de ses capacités et ses connaissances, et met en place un dispositif institutionnel le dégageant un peu de cette même responsabilité durant la mise en exploitation. À l’inverse, le décret wallon engage la responsabilité de l’agriculteur à presque toutes les étapes. Les caractéristiques de chacun des décrets sont donc en phase avec les objectifs exprimés lors des débats politiques et avec leurs contextes d’élaboration respectifs. Le tableau 1 reprend les principaux points de comparaison que nous avons listés.

Tableau 1

Comparaison des mesures législatives wallonnes et flamandes

Décret et arrêté wallons
– libre choix de l’agriculteur
– compensation des pertes
économiques résultant de la
présence fortuite d’OGM dans une
culture conventionnelle ou
Objectifs généraux
biologique
– lutte contre la dissémination
d’OGM
– protection du consommateur
Décret et arrêté flamands
– libre choix de l’agriculteur
– compensation des pertes
économiques résultant de la présence
fortuite d’OGM dans une culture
conventionnelle ou biologique
– OGM cultivables ou
commercialisables sur le territoire
de l’Union européenne
Champ
d’application – activité de toute personne
– toute activité de la mise en terre des
semences au transport de la récolte
– OGM cultivables sur le territoire de
l’Union européenne
– uniquement les activités de
l’agriculteur
– uniquement de la mise en terre des
semences au premier stockage de la
récolte
– notification préalable aux
agriculteurs voisins repris sur la
liste de l’administration (liste sur
demande) ;
– pas de procédure de réclamation
Procédure (engagement des agriculteurs
administrative voisins à cultiver ou à ne pas
préalable cultiver d’espèces compatibles)
– formation attestant de la capacité et
des connaissances suffisantes pour
cultiver des OGM
– notification préalable aux
agriculteurs voisins présents dans les
périmètres de la distance de
séparation et de la distance de
déclaration
– possible prévention des conflits
durant la procédure de notification
(possibilité de réclamation des
agriculteurs voisins présents dans la
distance de séparation)
– contribution à un fonds pour
compenser les pertes économiques
d’agriculteurs voisins, payer les frais
de dossier et les frais de contrôle
Frais
– en cas d’arrêt de l’activité,
contribution remboursée
moyennant déduction des frais de
dossier (50 euros par parcelle)
– contribution à un fonds pour
compenser les pertes économiques
d’agriculteurs voisins
– en cas d’arrêt de l’activité,
contribution remboursée à 80 %
(avec partie non remboursable
plafonnée à 20 euros)
– responsabilité limitée aux
dommages subis par des
Conflits entre agriculteurs voisins
agriculteurs – contamination présumée
– possible destruction des cultures
contaminées
– responsabilité limitée aux dommages
causés dans la distance de déclaration – contamination présumée jusqu’à
preuve du contraire
– possible prévention d’un conflit par
rachat des cultures contaminées
– actions en justice
Sanctions
– sanctions administratives
– amendes administratives
figure im1

Comparaison des mesures législatives wallonnes et flamandes

CONCLUSION

119 Wallonie et Flandre ont pris des chemins sensiblement différents en matière de biotechnologie en général, et de culture d’OGM en particulier. Pour l’instant, ces choix ne sont encore perceptibles que dans les textes législatifs. Ce n’est que lorsque la mise en œuvre réelle et effective des décrets aura eu lieu que l’on sera pleinement en mesure de jauger de la politique de chacune des deux régions en matière d’OGM. Toutefois, cela n’empêche nullement de s’interroger sur les différences déjà perceptibles.

120 Les OGM représentent-ils une source potentielle de tensions communautaires ? Le cas des peupliers gantois, que nous avons donné en exemple, n’est pas unique. Des essais en champs de cultures de maïs transgénique à Wetteren ont engendré une discorde Nord-Sud au printemps 2012, lorsque l’autorisation donnée par l’Autorité fédérale au VIB a été critiquée en Wallonie, notamment par le président du CDH, Benoît Lutgen, et NatPro [169].

121 Certes, les différences législatives que nous avons pointées reflètent une différence de mentalité, ou à tout le moins de culture politique, entre le Sud et le Nord du pays. Mais si celle-ci est bien réelle, il convient de ne pas exagérer son importance. En particulier, les divergences que nous avons observées relativement au domaine spécifique et étroit des OGM doivent être prises avec force précautions critiques avant d’être généralisées à l’ensemble des politiques publiques menées de part et d’autre de la frontière linguistique en matière de science, de technologie et d’innovation. Elles nécessitent en effet pour cela d’être préalablement mises en relation avec les résultats d’analyses portant sur de nombreux autres domaines connexes. En outre, comme précisé, les différences que nous avons relevées ne sont pas strictement d’origine culturelle, mais aussi historique, géographique ou conjoncturelle.

122 En dépit des quelques tensions et mésententes déjà survenues autour de la question des OGM, Flandre et Wallonie ont eu l’occasion de prouver qu’elles sont capables de parler d’une seule voix dans ce domaine. Ainsi, en mars et en juin 2012, la Belgique s’est exprimée unanimement contre le projet de l’Union européenne – alors sous présidence danoise – d’assouplir le processus d’autorisation des cultures OGM sur les territoires nationaux [170]. Mais qu’en sera-t-il à l’avenir ? Si les deux régions continuent à progresser chacune sur les chemins partiellement divergents qu’elles semblent s’être tracés, il est probable que l’écart croissant entre leurs visions sera sources de réelles discordes communautaires. Dès lors, il est permis de se demander dans quelle mesure Wallons et Flamands parviendront encore à arrêter une position commune lorsque la Belgique aura à se prononcer sur la problématique des organismes génétiquement modifiés.

123 À l’heure actuelle, il est peu vraisemblable que les deux régions changent leur fusil d’épaule. On conçoit mal que la Flandre choisisse d’abandonner un secteur aussi porteur. Quant à la Wallonie, on peut raisonnablement supposer que le contenu de son décret coexistence et son adhésion à la Charte de Florence orienteront les évolutions futures dans le sens d’une défiance croissante à l’égard des OGM. On peut d’ailleurs déjà noter que, bien qu’il soit considéré comme empêchant de facto toute culture génétiquement modifiée, le décret wallon n’a fait l’objet d’aucune véritable contestation sur ce point, certains acteurs ayant simplement pointé le risque de priver les agriculteurs d’une solution d’avenir par accès de sévérité.

124 Il n’en reste pas moins que les contextes qui sous-tendent ces différences de conception étant par nature évolutifs, nul ne peut prédire aujourd’hui si dans l’avenir, les voies suivies par la Wallonie et la Flandre iront en divergeant davantage, ou au contraire en convergeant. Par définition, aucune politique n’est jamais figée, en particulier en matière d’innovation ; sans cesse, il s’impose d’évaluer les opportunités à venir et, si besoin est, de modifier les règles en vue de saisir ces potentialités. Le cas des OGM est d’ailleurs exemplatif de la nécessité pour chaque région d’évaluer et de réévaluer de manière constante les impacts économiques et sociaux des nouvelles technologies et de jauger leur acceptabilité sociale, afin de rectifier au besoin les politiques menées. Ainsi, en Wallonie, la découverte d’OGM intéressants pourrait ainsi pousser les agriculteurs à faire entendre une autre voix que celle qui a prévalu durant l’élaboration du décret. Quant aux responsables politiques, leur mandat n’a nécessairement qu’un temps ; or, on sait l’influence que peut avoir un renouvellement des cadres au sein d’un parti, ou a fortiori un changement de majorité gouvernementale. De même, la transformation institutionnelle dans laquelle s’est engagée la Région wallonne en 2004 – parallèlement à la mise sur pied du Plan Marshall –, visant notamment à une gouvernance plus ouverte, pourrait amener de nouveaux acteurs de la société wallonne à faire entendre leur opinion.

125 Plus fondamentalement, il est une question que l’on peut légitimement se poser : eu égard au contexte européen et international, l’agriculture wallonne pourra-t-elle à jamais refuser les OGM ? L’Union européenne donnant des signaux clairs en faveur des biotechnologies vertes, il est permis de douter que la Wallonie pourra marcher indéfiniment contre le vent.

Notes

  • [1]
    Article 2.2 de la directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 relative à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement et abrogeant la directive 90/220/CEE du Conseil, Journal officiel des Communautés européennes, L 106, 17 avril 2001.
  • [2]
    Entre les années 1970 et 1980, de nombreuses recherches ont été menées sur quelques maladies végétales, comme la « galle du collet ». En 1983, M. Van Montagu et son équipe sont parvenus à isoler les gènes responsables de certaines maladies et à les remplacer par d’autres gènes sélectionnés.
  • [3]
    M. VAN MONTAGU, « Il était une fois... l’épopée belge de la transgénèse. Les Européens en plein dilemme », Biofutur, n° 172, 1997, p. 10-11. En ligne
  • [4]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, « La régulation politique des OGM », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1900, 2005.
  • [5]
    Arrêté royal du 21 février 2005 réglementant la dissémination volontaire dans l’environnement ainsi que la mise sur le marché d’organismes génétiquement modifiés ou de produits en contenant, Moniteur belge, 24 février 2005.
  • [6]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, « La régulation politique des OGM », op. cit., p. 11.
  • [7]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, La régulation publique des biotechnologies. Biomédecine et OGM agroalimentaires en Belgique et en France, Academia Press, Gand, 2005, p. 41-53.
  • [8]
    V. LE Roy, « La dissémination d’organismes génétiquement modifiés (OGM) : la prudence est-elle possible ? », Dossiers de l’environnement, n° 12, décembre 1996, www.inra.fr.
  • [9]
    Ibidem.
  • [10]
    L. O. FRESCO, « Cultures génétiquement modifiées », Magazine, FAO, 2001, www.fao.org.
  • [11]
    C. JAMES, Situation mondiale des plantes GM commercialisées : 2011, Service international pour l’acquisition d’applications agricoles biotechnologiques, Dossier 43, 2011, www.isaaa.org.
  • [12]
    C. SÄGESSER, « Le dossier des OGM dans les instances internationales », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1724, 2001, p. 25.
  • [13]
    Ceci concerne exclusivement les variétés de plante autogames, comme le soja ou le coton, dont la reproduction des graines n’altère pas la qualité. Ce n’est en effet pas possible avec les variétés hybrides, comme le blé ou le maïs.
  • [14]
    Le Monde, 26 janvier 2000.
  • [15]
    Cf. P. DU JARDIN, « OGM, bananes vaccins et graines suicides », Biotechnologie, agronomie, société et environnement, volume 3, n° 2, 1999, p. 67-68.
  • [16]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, « La régulation politique des OGM », op. cit., p. 22-31.
  • [17]
    C. NOISETTE, « OGM et allergie : questions en suspens », Dossier Inf’OMG, n° 28, février 2002, www.infogm.org.
  • [18]
    C. SÄGESSER, « Le dossier des OGM dans les instances internationales », op. cit., p. 27.
  • [19]
    Directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 relative à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement et abrogeant la directive 90/220/CEE du Conseil , Journal officiel des Communautés européennes, L 106, 17 avril 2001.
  • [20]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, La régulation publique des biotechnologies, op. cit., p. 41-53.
  • [21]
    Cf. X. VERMANDELE, « Quelle responsabilité pour les exploitants du secteur agroalimentaire ? », in P. NIHOUL, S. MATHIEU (dir.), La sécurité alimentaire et la réglementation des OGM : perspectives nationale, européenne et internationale, Larcier, Bruxelles, 2005, p. 99-136.
  • [22]
    C. SÄGESSER, « Le dossier des OGM dans les instances internationales », op. cit., p. 28.
  • [23]
    Cf. P. DEBOYSER, S. MATHIEU, « La régulation internationale des OGM : une nouvelle tour de Babel ? », in P. NIHOUL, S. MATHIEU (dir.), La sécurité alimentaire et la réglementation des OGM : perspectives nationale, européenne et internationale, op. cit., p. 241-288.
  • [24]
    A. APOTEKER, P. GRACIEN, « Vers la fin de la “tolérance zéro” pour l’importation d’OGM non autorisés », février 2011, www.euractiv.fr.
  • [25]
    S. MATHIEU, « Le contrôle des risques dans la réglementation européenne relative aux OGM : vers un système conciliateur et participatif ? », in P. NIHOUL, S. MATHIEU (dir.), La sécurité alimentaire et la réglementation des OGM : perspectives nationale, européenne et internationale, op. cit., p. 155-162.
  • [26]
    Règlement (CE) n°834/2007 du Conseil du 28 juin 2007 relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits biologiques et abrogeant le règlement (CEE) n° 2092/91, Journal officiel de l’Union européenne, L 189, 20 juillet 2007.
  • [27]
    Greenpeace, OGM dans le bio ? L’Union européenne ouvre la brèche, communiqué de presse, 11 juin 2007, www.greenpeace.org.
  • [28]
    Directive 98/81/CE du Conseil du 26 octobre 1998 modifiant la directive 90/219/CEE relative à l’utilisation confinée de micro-organismes génétiquement modifiés, Journal officiel des Communautés européennes, L 330, 5 décembre 1998.
  • [29]
    Directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 relative à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement et abrogeant la directive 90/220/CEE du Conseil , Journal officiel des Communautés européennes, L 106, 17 avril 2001.
  • [30]
    S. MATHIEU, « Le contrôle des risques dans la réglementation européenne relative aux OGM : vers un système conciliateur et participatif ? », op. cit., p. 153-240.
  • [31]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, « La régulation politique des OGM », op. cit., p. 23-24.
  • [32]
    Directive 90/219/CEE du Conseil du 23 avril 1990 relative à l’utilisation confinée de micro-organismes génétiquement modifiés, Journal officiel, L 117, 8 mai 1990.
  • [33]
    S. MATHIEU, « Le contrôle des risques dans la réglementation européenne relative aux OGM : vers un système conciliateur et participatif ? », op. cit., p. 170-171.
  • [34]
    Directive 90/220/CEE du Conseil du 23 avril 1990 relative à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement, Journal officiel, L 117, 8 mai 1990.
  • [35]
    Article 6 de la directive 2001/18/CE.
  • [36]
    Article 9 de la directive 2001/18/CE.
  • [37]
    Règlement (CE) n° 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil du 22 septembre 2003 concernant les denrées alimentaires et les aliments pour animaux génétiquement modifiés, Journal officiel de l’Union européenne, L 268, 18 octobre 2003.
  • [38]
    Règlement (CE) n° 1830/2003 du Parlement européen et du Conseil du 22 septembre 2003 concernant la traçabilité et l’étiquetage des organismes génétiquement modifiés et la traçabilité des produits destinés à l’alimentation humaine ou animale produits à partir d’organismes génétiquement modifiés, et modifiant la directive 2001/18/CE, Journal officiel de l’Union européenne, L 268, 18 octobre 2003.
  • [39]
    Article 6bis de la loi spéciale de réforme institutionnelle du 8 août 1980, Moniteur belge, 15 août 1980.
  • [40]
    Arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 9 décembre 1993 relatif aux installations effectuant des opérations mettant en œuvre des micro-organismes ou des organismes pathogènes ou génétiquement modifiés, Moniteur belge, 25 janvier 1994.
  • [41]
    Arrêté du gouvernement wallon du 13 juin 1996 modifiant le règlement général pour la protection du travail en ce qui concerne l’utilisation confinée d’organismes génétiquement modifiés ou pathogènes, Moniteur belge, 25 octobre 1996.
  • [42]
    Arrêté du gouvernement flamand du 1er juin 1995 fixant les dispositions générales et sectorielles en matière d’hygiène de l’environnement (Vlarem II), Moniteur belge, 31 juillet 1995.
  • [43]
    Accord de coopération du 5 avril 1995 entre l’État fédéral, la Région flamande, la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale relatif à la politique internationale de l’environnement, Moniteur belge, 13 décembre 1995.
  • [44]
    Accord de coopération du 25 avril 1997 entre l’État fédéral et les régions relatif à la coordination administrative et scientifique en matière de biosécurité ; décret de la Région wallonne du 5 juin 1997 portant approbation de l’accord de coopération entre l’État fédéral et les régions relatif à la coordination administrative et scientifique en matière de biosécurité ; décret de la Communauté flamande du 17 décembre 1997 portant approbation de l’accord de coopération entre l’État fédéral et les régions relatif à la coordination administrative et scientifique en matière de biosécurité ; ordonnance de la Région de Bruxelles-Capitale du 20 mai 1998 portant assentiment de l’accord de coopération entre l’État fédéral et les régions relatif à la coordination administrative et scientifique en matière de biosécurité, Moniteur belge, 14 juillet 1998.
  • [45]
    Moniteur belge, 14 juillet 1998.
  • [46]
    Arrêté royal du 21 février 2005 réglementant la dissémination volontaire dans l’environnement ainsi que la mise sur le marché d’organismes génétiquement modifiés ou de produits en contenant, Moniteur belge, 24 février 2005.
  • [47]
    Décret du gouvernement wallon du 19 juin 2008 relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, Moniteur belge, 8 août 2008 ; décret du gouvernement flamand du 3 avril 2009 portant la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, Moniteur belge, 4 mai 2009.
  • [48]
    Cf. l’analyse détaillée de N. SCHIFFINO, F. VARONE, « La régulation politique des OGM », op. cit.
  • [49]
    Décision 94/730/CE de la Commission du 4 novembre 1994 établissant des procédures simplifiées pour la dissémination volontaire dans l’environnement de plantes génétiquement modifiées conformément à l’article 6, § 5, de la directive 90/220/CEE du Conseil, Journal officiel des Communautés européennes, L 292, 12 novembre 1994. La directive 2001/18/CE se réfère explicitement à cette décision en son article 7.6.
  • [50]
    C. CHRISTIANS, « Terroirs wallons et agriculture wallonne en Belgique », Bulletin de la Société belge d’études géographiques, n° 2, 1998, p. 333-335.
  • [51]
    Ibidem.
  • [52]
    Le naissage (partie du cycle de l’élevage qui s’occupe de la production des jeunes animaux destinés ensuite à l’engraissement) et le sevrage des bêtes se fait principalement en Wallonie, et l’engraissage a lieu en Flandre.
  • [53]
    L. LAMBERT, « Slow food : où en est l’agriculture wallonne ? », Étude Etopia, n° 1, 2007, www.etopia.be.
  • [54]
    C. JAMES, État mondial des PGM cultivées : 2008, op. cit.
  • [55]
    M. PIRENNE, « L’agriculture biologique en Wallonie : état actuel et diffusion », Bulletin de la Société géographique de Liège, volume 40, n° 1, 2001, p. 81-82.
  • [56]
    Une liste des OGM autorisés en Europe est disponible sur le site internet de l’association française Inf’OGM : www.infogm.org.
  • [57]
    L. GOORDEN, Innovation policy and Technology Assessment in Flanders. Study commissioned by the Flemish Institute for Science and Technology Assessment VIWTA, Université d’Anvers, STEM, Anvers, 2004, p. 7-8.
  • [58]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, « La régulation politique des OGM », op. cit., p. 13 ; M. VAN MONTAGU, « Il était une fois... l’épopée belge de la transgénèse. Les Européens en plein dilemme », op. cit.
  • [59]
    L. GOORDEN, Innovation policy and Technology Assessment in Flanders. Study commissioned by the Flemish Institute for Science and Technology Assessment VIWTA, op. cit., p. 8.
  • [60]
    Cf. A. ACCAPUTO, B. BAYENET, G. PAGANO, « Le plan Marshall pour la Wallonie », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1919-1920, 2006.
  • [61]
    Ibidem, p. 23.
  • [62]
    Ibidem, p. 25-26.
  • [63]
    Cf. B. BAYENET, M. WUNDERLE, « Les pôles de compétitivité wallons », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2030, 2009.
  • [64]
    Région wallonne, Déclaration de politique régionale 2009-2014.
  • [65]
    M. VANDERCAMME, Image de l’agriculture wallonne, CRIOC, novembre 2008, www.crioc.be.
  • [66]
    D. LUYTEN, « L’économie et le mouvement flamand », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2076, 2010, p. 42.
  • [67]
    Cf. P. DELVENNE, S. BRUNET, « Le Technology Assessment en question : une analyse comparative », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1909-1910, 2006.
  • [68]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, La régulation publique des biotechnologies, op. cit., p. 106-112 ; N. SCHIFFINO, F. VARONE, « La régulation politique des OGM », op. cit., p. 16.
  • [69]
    « KUL : une chercheuse licenciée devant le tribunal du travail », Le Vif/L’Express, 26 septembre 2011, www.levif.be.
  • [70]
    Pour un aperçu des méthodes participatives qui peuvent être utilisées par l’IST, cf. N. SLOCUM et al., Participatory methods toolkit : a practitioner’s manual, Fondation Roi Baudouin – VIWTA, Bruxelles, 2005.
  • [71]
    M. PIRENNE, « L’agriculture biologique en Wallonie : état actuel et diffusion », op. cit., p. 83.
  • [72]
    Les liens qui unissent les organisations chrétiennes à l’actuel CD&V sont explorés dans : K. DOBBELAERE, « Religion and politics in Belgium : from an institutionalized manifest catholic to a latent christian pillar », Politics and religion, volume 4, n° 2, 2010, p. 283-295.
  • [73]
    H. DORZÉE, « Motions communales anti-OGM », Le Soir, 12 avril 2002.
  • [74]
    « L’association Nature & Progrès se félicite de l’adoption du décret wallon de coexistence des cultures », s.d., www.combat-monsanto.org.
  • [75]
    Parlement wallon, Compte rendu intégral, CRI 14, 7 mars 2007.
  • [76]
    X. DELWARTE, « “Coexistence” OGM en Wallonie. Le point de vue de la FUGEA et d’autres », mai 2008, http://grappebelgique.be.
  • [77]
    Le Soir, 13 juillet 2011.
  • [78]
    Cf. le site internet de la Fédération wallonne des agriculteurs : www.fwa.be.
  • [79]
    Parlement wallon, Proposition de résolution sur la coexistence entre les cultures traditionnelles biologiques et les cultures d’OGM, déposée par M. Meureau et consort, doc 211 n° 1, 14 septembre 2005 ; Parlement wallon, Proposition de résolution visant à assurer la qualité de l’agriculture et l’environnement wallons en matière de biodiversité génétique, déposée par C. Di Antonio et consorts, doc 242 n° 1, 6 octobre 2005 ; Parlement wallon, Proposition de résolution visant à déclarer la Région wallonne « région sans O.G.M. » et invitant le gouvernement wallon à prendre toutes les mesures nécessaires pour interdire les cultures de plantes génétiquement modifiées et à faire pression sur la Commission européenne en ce sens, déposée par M. Dethier-Neumann et consorts, doc 255 n° 1, 25 octobre 2005 ; Parlement wallon, Proposition de résolution sur les principes de coexistence entre cultures O.G.M. et cultures traditionnelles et biologiques en Région wallonne, déposée par C. Cassart-Mailleux et consorts, doc 256 n° 1, 25 octobre 2005.
  • [80]
    Parlement wallon, Commission de l’Environnement, des Ressources naturelles et de la Ruralité, Propositions de résolution (…). Rapport par P. Calet et C. Di Antonio, doc 211 n° 2 / doc 242 n° 3 / doc 255 n° 3 / doc 256 n° 31, 16 novembre 2005, p. 31-34.
  • [81]
    « Avant-projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques [16 février 2006] », in Parlement wallon, Projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, doc 784 n° 1bis, 6 mai 2008, p. 96-102.
  • [82]
    Parlement wallon, Projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, doc 784 n° 1, 7 mai 2008.
  • [83]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, « La régulation politique des OGM », op. cit., p. 24.
  • [84]
    Parlement wallon, Proposition de résolution visant à s’opposer au projet européen d’autoriser les traces d’O.G.M. et de pesticides dans le « bio », déposée par C. Petitjean, doc 555 n° 1, 19 février 2007 ; Parlement wallon, Proposition de résolution relative au soutien à une agriculture biologique exempte d’O.G.M. et de pesticides, déposée par B. Wesphael et consorts, doc 562 n° 1, 28 février 2007.
  • [85]
    Le Soir, 18 juin 2002.
  • [86]
    Le Soir, 19 septembre 2002.
  • [87]
    N. SCHIFFINO, F. VARONE, « La régulation politique des OGM », op. cit.
  • [88]
    Région wallonne, Déclaration de politique régionale 2004-2009, p. 78.
  • [89]
    Recommandation de la Commission du 23 juillet 2003 sur les lignes directrices pour l’élaboration de stratégies nationales et de meilleures pratiques visant à assurer la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et biologiques, C(2003) 2624, Journal officiel de l’Union européenne, L 189, 29 juillet 2003. Cf. aussi recommandation de la Commission du 13 juillet 2010 sur les lignes directrices pour l’élaboration de programmes nationaux en matière de coexistence des mesures pour éviter la présence accidentelle d’OGM dans les cultures conventionnelles et biologiques, Journal officiel de l’Union européenne, C 200, 22 juillet 2010.
  • [90]
    Le Soir, 14 mai 2004.
  • [91]
    La Libre Belgique, 9 décembre 2003.
  • [92]
    Actuelle Direction générale Agriculture, Ressources naturelles et Environnement (DGARNE ou DGO3), suite à la fusion de la DGA avec la Direction générale des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGRNE) en août 2008.
  • [93]
    Parlement wallon, Compte rendu intégral, CRI 3, 6 octobre 2004, p. 14-15 : Réponse du ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme à l’interpellation de B. Wesphael sur la position de la Wallonie face au taux d’OGM accidentel dans les semences et face à la gestion de la coexistence des cultures.
  • [94]
    Parlement wallon, Compte rendu intégral, CRI 3, 6 octobre 2004 ; Parlement wallon, Commission de l’Environnement, des Ressources naturelles, du Tourisme, de la Ruralité et de la Politique agricole, Compte rendu intégral, CRIC 112, 26 juin 2007.
  • [95]
    Parlement wallon, Commission de l’Environnement, des Ressources naturelles, du Tourisme, de la Ruralité et de la Politique agricole, Compte rendu intégral, CRIC 112, 26 juin 2007.
  • [96]
    Parlement wallon, Commission de l’Environnement, des Ressources naturelles, du Tourisme, de la Ruralité et de la Politique agricole, Compte rendu analytique, CRAC 43, 31 mai 2005, CRAC 51, 14 juin 200 et CRAC 67, 5 juillet 2005.
  • [97]
    Parlement wallon, Compte rendu intégral, CRI 9, 1er décembre 2005, p. 6-57.
  • [98]
    « Avant-projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques [16 février 2006] », in Parlement wallon, Projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, doc 784 n° 1bis, 6 mai 2008, p. 96-102. Ce document a connu plusieurs versions successives : 7 juillet 2006 (Ibidem, p. 33-40), 5 juillet 2007 (Ibidem, p. 12-20), 6 décembre 2007 (Parlement wallon, Projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, doc 784 n° 1, 7 mai 2008, p. 48-55).
  • [99]
    CWEDD, Avis. Objet : avant-projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, CWEDD/06/AV.359, Liège, 6 avril 2006 (disponible sur le site internet de cette institution : www.cwedd.be).
  • [100]
    CSWCN, Avis sur l’avant-projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, doc. 06/CSWCN 223 PL/LD/SL, 6 avril 2006 (disponible sur le site internet de cette institution : www.iewonline.be).
  • [101]
    « Annexe 4. Avis du Conseil d’État L.41.125/2/V [du 28 août 2006] », in Parlement wallon, Projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, doc 784 n° 1bis, 6 mai 2008, p. 21-22.
  • [102]
    Parlement wallon, Projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques. Addendum. Avis du Conseil d’État L.43.668/4 du 7 novembre 2007, doc 784 n° 1ter, 20 mai 2008.
  • [103]
    « Annexe 1. Avis du Conseil d’État L.44.022/4 [du 13 février 2008] », in Parlement wallon, Projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, doc 784 n° 1, 7 mai 2008, p. 22-37.
  • [104]
    Le Soir, 30 septembre 2005.
  • [105]
    La Libre Belgique, 17 février 2006.
  • [106]
    La Libre Belgique, 16 février 2007.
  • [107]
    Le Soir, 15 mai 2007 ; La Libre Belgique, 15 mai 2007.
  • [108]
    Parlement wallon, Commission de l’Environnement, des Ressources naturelles et de la Ruralité, Compte rendu analytique, CRAC 35, 15 novembre 2005.
  • [109]
    Belgobiotech est une section professionnelle de la Fédération des industries chimiques de Belgique (Fedichem, devenu Essenscia en 2007). Elle représente des entreprises et des professionnels impliqués dans la recherche, le développement, la production et la commercialisation d’applications biotechnologiques.
  • [110]
    Parlement wallon, Projet de décret relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, doc 784 n° 1, 7 mai 2008.
  • [111]
    Parlement wallon. Commission de l’Environnement, des Ressources naturelles, du Tourisme, de la Ruralité et de la Politique agricole, Compte rendu analytique, CRAC 135, 27 mai 2008.
  • [112]
    Parlement wallon, Compte rendu intégral, CRI 20, 11 juin 2008, p. 63.
  • [113]
    Décret du gouvernement wallon du 19 juin 2008 relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, Moniteur belge, 8 août 2008.
  • [114]
    Het Laatste Nieuws, 6 février 2008 ; Vlaams Parlement, Subcommissie voor Landbouw, Visserij en Plattelandsbeleid, Handelingen, C35 – SLAN2, 21 octobre 2008.
  • [115]
    De Standaard, 29 mai 2011. Cf. aussi le site internet de la N-VA : www.n-va.be.
  • [116]
    Vlaams Parlement, Advies van de Milieu- en Natuurraad van Vlaanderen over de problematiek van genetisch gemodificeerde organismen, stuk 50-1, 7 avril 2000 ; Vlaams Parlement, Advies van de Vlaamse Raad voor Wetenschapsbeleid over de problematiek van genetisch gemodificeerde organismen, stuk 50-2, 7 avril 2000 ; Vlaams Parlement, Advies van de Sociaal-economische Raad van Vlaanderen over de problematiek van genetisch gemodificeerde organismen, stuk 50-3, 19 avril 2000 ; Vlaams Parlement, Advies van de Vlaamse Gezondheidsraad over de problematiek van genetisch gemodificeerde organismen, stuk 50-4, 2 mai 2000 ; Vlaams Parlement, Advies van de Vlaamse Land- en Tuinbouwraad over de problematiek van genetisch gemodificeerde organismen, stuk 50-5, 2 mai 2000.
  • [117]
    Cf. aussi D. HOLEMANS, « The long awaited birth of a Flemish TA-institute », TA-Datenbank-Nachrichten, volume 10, n° 3, 2001, p. 62.
  • [118]
    VIWTA, Nieuwe impulsen voor het debat over genetische gewijzigde voeding, Globaal rapport, janvier 2004.
  • [119]
    Vlaams Parlement, Voorstel van resolutie van T. Merckx-Van Goey, R. Voorhamme, D. Holemans, C. Schepens, K. Van Dijck en G. Vanleenhove betreffende genetisch gewijzigd voedsel en het geven van nieuwe impulsen aan het debat over genetisch gewijzigd voedsel. Tekst aangenomen door de plenaire vergadering, stuk 1799-5, 3 mars 2004.
  • [120]
    Vlaams Parlement, Commissie voor Economie, Landbouw, Werkgelegenheid en Toerisme, Handelingen, C260 – WER39, 24 juin 2003.
  • [121]
    Vlaams Parlement, Ontwerp van decreet houdende de algemene uitgavenbegroting van de Vlaamse Gemeenschap voor het begrotingsjaar 2007. Beleidsbrief Landbouw, Zeevisserij en Plattelandsbeleid. Beleidsprioriteiten 2006-2007. Verslag namens de Subcommissie voor Landbouw, Visserij en Plattelandsbeleid uitgebracht door T. Rombouts, S. Sintobin aan de Commissie voor Leefmilieu en Natuur, Landbouw, Visserij en Plattelandsbeleid en Ruimtelijke Ordening en Onroerend Erfgoed, stuk 15-4F, 30 novembre 2006 ; Vlaams Parlement, Ontwerp van decreet houdende de algemene uitgavenbegroting van de Vlaamse Gemeenschap voor het begrotingsjaar 2007. (…) Beleidsbrief Landbouw, Zeevisserij en Plattelandsbeleid. Beleidsprioriteiten 2006-2007. Verslag namens de Commissie voor Leefmilieu en Natuur, Landbouw, Visserij en Plattelandsbeleid en Ruimtelijke Ordening en Onroerend Erfgoed uitgebracht door E. Matthijs, J. Schauvliege, T. Rombouts, B. Martens, S. Sintobin aan de Commissie voor Algemeen Beleid, Financiën en Begroting, stuk 15-4G, 30 novembre 2006.
  • [122]
    Vlaams Parlement, Handelingen, 5, 1er octobre 2003 ; Vlaams Parlement, Ontwerp van decreet houdende de organisatie van coëxistentie van genetisch gemodificeerde gewassen met conventionele gewassen en biologische gewassen, Amendementen, stuk 1885-2, 3 février 2009.
  • [123]
    Vlaams Parlement, Handelingen, 38, 25 mars 2009.
  • [124]
    Het Laatste Nieuws, 6 février 2008.
  • [125]
    Vlaams Parlement, Subcommissie voor Landbouw, Visserij en Plattelandsbeleid, Handelingen, C35 – SLAN2, 21 octobre 2008 : Question de V. Dua au minister-president van de Vlaamse Regering et Vlaams minister van Institutionele Hervormingen, Bestuurszaken, Buitenlands Beleid, Media, Toerisme, Havens, Landbouw, Zeevisserij en Plattelandsbeleid, sur l’organisation de la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles.
  • [126]
    Vlaams Parlement, Handelingen, 38, 25 mars 2009.
  • [127]
    La Libre Belgique, 6 mai 2008.
  • [128]
    La Libre Belgique, 15 mai 2008.
  • [129]
    Le Soir, 7 mai 2009.
  • [130]
    La Libre Belgique, 28 mai 2008.
  • [131]
    La Libre Belgique, 26 juillet 2008.
  • [132]
    La Libre Belgique, 8 décembre 2008.
  • [133]
    La Libre Belgique, 31 décembre 2008.
  • [134]
    La Libre Belgique, 28 janvier 2008.
  • [135]
    La Libre Belgique, 13 février 2009.
  • [136]
    Vlaams Parlement, Ontwerp van decreet houdende de organisatie van coëxistentie van genetisch gemodificeerde gewassen met conventionele gewassen en biologische gewassen, Amendementen, stuk 1885-2, 3 février 2009.
  • [137]
    Vlaams Parlement, Ontwerp van decreet houdende de organisatie van coëxistentie van genetisch gemodificeerde gewassen met conventionele gewassen en biologische gewassen, Amendementen, stuk 1885-3, 10 février 2009.
  • [138]
    Vlaams Parlement, Handelingen, 39, 25 mars 2009.
  • [139]
    Décret du gouvernement flamand du 3 avril 2009 portant la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, Moniteur belge, 4 mai 2009.
  • [140]
    Arrêté du gouvernement wallon du 27 mars 2009 relatif à la coexistence des cultures génétiquement modifiées avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques, Moniteur belge, 19 mai 2009.
  • [141]
    L’annexe 1 de l’arrêté wallon fixe déjà des conditions d’exploitation pour les cultures de maïs.
  • [142]
    Arrêté du gouvernement flamand du 15 octobre 2010 établissant des mesures générales pour la coexistence de cultures génétiquement modifiées et de cultures conventionnelles et biologiques, Moniteur belge, 30 novembre 2010.
  • [143]
    Arrêté du gouvernement flamand du 15 octobre 2010 établissant des mesures spécifiques pour la coexistence de cultures de maïs génétiquement modifiées et de cultures de maïs conventionnelles et de cultures de maïs biologiques, Moniteur belge, 30 novembre 2010 ; arrêté du gouvernement flamand du 10 novembre 2011 établissant des mesures spécifiques pour la coexistence de cultures de pommes de terre génétiquement modifiées et de cultures de pommes de terre conventionnelles et de cultures de pommes de terre biologiques, Moniteur belge, 23 décembre 2011 ; arrêté du gouvernement flamand du 10 novembre 2011 établissant des mesures spécifiques pour la coexistence de cultures de betteraves à sucre génétiquement modifiées et de cultures de betteraves à sucre conventionnelles et de cultures de betteraves à sucre biologiques, Moniteur belge, 23 décembre 2011.
  • [144]
    Article 1er du décret wallon ; article 2 du décret flamand.
  • [145]
    Article 5 §1 du décret flamand.
  • [146]
    Article 4 du décret flamand.
  • [147]
    Article 3 du décret wallon.
  • [148]
    Article 5 1° du décret wallon ; article 5 §2 1° du décret flamand.
  • [149]
    Article 3 7° du décret flamand.
  • [150]
    Article 2 11° du décret wallon.
  • [151]
    Article 3 alinéa 4 du décret wallon.
  • [152]
    Article 2 8° du décret wallon.
  • [153]
    Article 5 1° du décret wallon.
  • [154]
    Article 7 6° du décret wallon.
  • [155]
    Article 7 du décret flamand.
  • [156]
    Article 10 du décret wallon.
  • [157]
    Article 8 de l’arrêté wallon.
  • [158]
    Article 9 du décret wallon.
  • [159]
    Article 8 §2 de l’arrêté flamand.
  • [160]
    Article 23 du décret wallon ; article 9 du décret flamand.
  • [161]
    Article 14 §1 du décret flamand.
  • [162]
    Article 26 §1er du décret wallon.
  • [163]
    Article 26 §5 du décret wallon.
  • [164]
    Article 5 §5 du décret flamand.
  • [165]
    Article 21 du décret wallon. Il peut soit la vendre lui-même soit, afin de sauvegarder sa réputation, la faire vendre par l’intermédiaire d’une autre personne.
  • [166]
    Article 20 du décret wallon.
  • [167]
    Articles 29 et 30 du décret wallon.
  • [168]
    Article 17 du décret flamand.
  • [169]
    Le Soir, 10 et 12 avril 2012 ; « Benoît Lutgen demande une évaluation sérieuse de l’impact socioéconomique réel des OGM », communiqué du CDH, s.d., www.lecdh.be.
  • [170]
    É. MEUNIER, « UE - Interdictions nationales des OGM : échec de la subsidiarité à la danoise », Journal d’Inf’ogm, mars 2012, www.infogm.org ; Le Soir, 12 juin 2012.
Yoan Lollo
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Depuis le début des années 1980, époque des premiers développements de cette technologie, la modification du patrimoine génétique d’organismes vivants est au centre de nombreux débats. Ceux-ci portent notamment sur l’évaluation des risques environnementaux et sanitaires nés de la dissémination accidentelle de plantes transgéniques dans la nature ou les champs voisins. En vertu d’un règlement européen, les États membres de l’Union ont la possibilité d’adopter des mesures relatives à la coexistence de cultures génétiquement modifiées avec des cultures traditionnelles et biologiques. Cette compétence ayant été transférée aux régions en 2005, la Wallonie et la Flandre en ont fait usage respectivement en juin 2008 et en avril 2009.
Yoan Lollo procède à une analyse comparative des décrets wallon et flamand, en s’intéressant à leur contexte d’élaboration, leur genèse et leur contenu. L’étude pointe plusieurs différences entre les deux législations régionales : les objectifs poursuivis, les procédures administratives, la gestion des conflits entre agriculteurs en cas de contamination, le régime de sanction, etc. Ces éléments sont révélateurs de sensibilités collectives et de cultures politiques divergentes entre le Sud et le Nord du pays vis-à-vis de la culture et de l’usage d’OGM dans le domaine agro-alimentaire. Ce Courrier hebdomadaire éclaire les multiples facteurs explicatifs de ces différences d’approche de part et d’autre de la frontière linguistique : pratiques agricoles, réalités socio-économiques, acteurs politiques, appuis scientifiques et groupes d’influence.
Mis en ligne sur Cairn.info le 17/07/2012
https://doi.org/10.3917/cris.2143.0005
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