CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Burn-out est un mot, peut-être s’avérera-t-il que ce n’est que cela. Mais c’est déjà suffisant pour qu’il attire l’attention : un signifiant, dont on verra qu’il n’est pas mal choisi, mais dont il importera de déterminer ce qu’il veut dire au sens littéral, c’est-à-dire non seulement sa signification, mais quelle volonté de dire il porte à l’expression, comme produit de discours. Qu’un signifiant s’impose n’est jamais anodin. Reste qu’au-delà du mot et de sa magie, s’ouvrent les ambiguïtés et les confusions, ce qui en assure le succès, comme refrain idéologique…
Le savoir de l’inconscient et la pratique qui le porte rencontrent le symptôme social. Or c’est un fait que l’une des formes du malaise de la culture qui vient sur le devant de la scène actuellement de la façon la plus bruyante est celle qui touche à la fonction sociale du travail et de ce qui s’y joue du côté du sujet, quand il vient à l’expression comme « trouble ». Cela, l’Autre social l’enregistre, mais le répercute comme discours, l’homologuant comme problème de santé publique. Il parle immédiatement de « troubles », ainsi quadrillés, là où il y aurait lieu de mettre en question le caractère trouble du sujet dans le rapport à ses objets et à ses pratiques. Dans le contrôle social, tout finit en discours : ce discours que l’on peut appeler médico-social se nourrit de ces symptômes bien réels, pour y inscrire un projet de remédiation. Car le burn-out a un coût social, ce qui préoccupe et amène à le prendre au sérieux, comme une épidémie à partir d’un seuil statistique…

Français

La métaphore du burn-out s’est imposée dans le discours médico-social : notion produite par la psychologie sociale, avec la bénédiction d’une certaine psychanalyse (Freudenberger) dans les années 7, elle s’est popularisée jusqu’à entrer dans le vocabulaire du vécu social. Elle dit l’implosion du sujet sous l’effet du « surmenage » et du stress et dès lors fait ritournelle. Signe du malaise de la culture, la notion exige d’être déconstruite au moyen d’une explicitation métapsychologique et clinique. Originairement pathologie du bénévolat, montrant de jeunes psychothérapeutes « carbonisés » par leur désir salvateur, elle met sur la piste de l’épuisement par la demande de l’Autre. Elle atteste ensuite la version mortifère d’un surmoi mortifère sinistré par son propre pousse-à-l’idéal qui va jusqu’à la promotion pathogène, voire à l’auto-destruction professionnelle

Mots-clés

  • Psychanalyse
  • Bénévolat
  • Surmenage
  • Demande
  • Idéal
  • Surmoi
  • Suicide
  • Travail de Culture
  • Narcissisme
  • Agressivité
Paul-Laurent Assoun
Professeur émérite à l’Université de Paris, psychanalyste, Université Sigmund Freud Vienne-Paris.
paullaurent.assoun@gmail.com
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Mis en ligne sur Cairn.info le 02/09/2021
https://doi.org/10.3917/cpsy2.077.0011
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