L’implant cochléaire est un objet implanté chirurgicalement dans la cochlée et relié à un processeur externe qui, généralement, permet à des sujets dont l’audition est inférieure à 50 % d’une audition normale (il s’agit surtout de comprendre moins de 50 % des mots d’une phrase énoncée dans un contexte peu bruyant) d’entendre, et ceci pour la première fois, à nouveau ou mieux (en fonction du statut pré-implantation du sujet : sourd de naissance, devenu-sourd, malentendant). L’implantation cochléaire est une technique chirurgicale qui intruse le corps, certes, mais qui vient aussi modifier la manière d’être au monde des sujets. Au-delà de l’opération en elle-même, de l’arrêt maladie qui la suit, des rendez-vous récurrents – souvent pendant tout le long de la première année suite à l’implantation – avec des régleur-e-s et des orthophonistes, c’est aussi le rapport du sujet à son environnement qui évolue. Si l’implant fonctionne bien, le sujet a la possibilité de s’appuyer davantage sur son audition dans sa vie de tous les jours. Le rapport aux autres se trouve alors modifié. Avant l’implantation, même si le sujet ne pratique pas la langue des signes, ce rapport est majoritairement en appui sur le visuel, et il peut se trouver gouverné par la plainte et le renfermement. En effet, la surdité, lorsqu’elle est acquise, peut entraîner un repli sur soi (Renard & Carillo, 2013). Suite à l’implantation et en cas de succès, les échanges avec les autres peuvent dorénavant s’instaurer plus aisément sur un rapport oral-auditif qui s’avère plus fluide pour beaucoup de sujets, principalement ceux devenus-sourds…