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Ma pratique de pianiste accompagnateur s’enracine bien sûr dans ma passion personnelle – et ancienne – pour le cinéma, mais aussi et surtout dans une certitude : celle que l’improvisation est une école de rigueur et de fantaisie, c’est-à-dire l’une des meilleures propédeutiques à la composition. Je ne crois pas au mythe du compositeur dans sa tour d’ivoire, même si, depuis quelques décennies, les compositeurs interprètes sont devenus l’exception : par une certaine ironie de l’Histoire, le xxe siècle a donné un tour bien singulier à l’idéal romantique du créateur solitaire et torturé. C’est de tout un substrat d’esquisses, de tentatives, de tentations, de rencontres avec le public, que le compositeur contemporain s’est ainsi abstrait – à mon avis, au détriment de l’art.
Question de passion personnelle mais aussi question de pratique, en matière de musique à l’image je défends pour ma part une position très pragmatique et l’absence de règle intangible me paraît être la meilleure règle… Cela permet d’éviter de donner dans deux types de facilités symétriques. D’un côté, ce que l’on pourrait appeler le mickey-mousing, réduire le rôle du compositeur à celui d’un commentateur de l’intrigue, d’un exégète s’en tenant à une paraphrase, une illustration qui, au lieu de souligner ou d’approfondir l’action, l’aplanit au contraire en chargeant à l’excès sa signification. Ce procédé peut avoir un intérêt dans l’accompagnement de films burlesques, pourvu qu’on ne soit pas en retard par rapport à l’image …
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/09/2017
- https://doi.org/10.3917/comm.159.0702
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