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Parmi les épisodes historiques majeurs vécus et analysés par Stanley Hoffmann, la crise irakienne de 2003 aura été de ceux qui ont le mieux révélé à la fois l’homme et l’intellectuel. Comme naguère avec la guerre et Vichy – évidemment dans un tout autre registre historique –, Stanley aura été, face à l’aventure puis au fiasco des États-Unis en Irak, ce spectateur engagé dont l’extraordinaire pertinence et la formidable acuité d’analyse étaient indissociables de la position humaine qui était la sienne. Une position – caractérisée d’abord, bien sûr, par sa double appartenance franco-américaine – qu’il aura mise à profit intellectuellement dans l’affaire irakienne, mais qui l’aura aussi mis à l’épreuve individuellement dans cette crise.
Parce qu’elle réunissait tout ce qui l’intéressait, le préoccupait et avait fait depuis toujours le cœur de son enseignement et de sa réflexion – la guerre, la morale dans les relations internationales, le sort du Moyen-Orient, celui de l’Europe, l’Amérique, la France et, bien sûr, les relations entre les deux pays – et parce qu’elle rejouait et condensait les nombreux épisodes dont il avait été le témoin et qu’il avait disséqués tout au long des décennies – Suez, le Vietnam, les défis gaulliens… –, la crise irakienne ne pouvait que le mobiliser. Déjà, le 11-Septembre et ses suites immédiates l’avaient mis en alerte, comme dans le sentiment prémonitoire de la suite : dans un article courageux (et mal accueilli par certains du simple fait qu’il cherchait avant tout à comprendre et à expliquer), article qu’il avait publié quelques semaines après les attentats et dans lequel il appelait à une réorientation radicale de la politique internationale des États-Unis, il conjurait les Américains de « ne pas répondre au manichéisme de nos ennemis par un manichéisme de la bonne conscienc…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/09/2017
- https://doi.org/10.3917/comm.159.0005
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