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Paradoxe : on avait, en France, ouvert le marché de l’électricité à la concurrence européenne pour faire baisser les prix
. Mais l’électricité française s’est avérée tellement moins chère que celle du marché occidental, chaque année davantage, que le gouvernement a dû renoncer très vite à son idée d’abandonner le contrôle des tarifs. Ainsi a-t-on annihilé les principaux avantages qu’on pouvait attendre d’un recours au marché, tout en faisant supporter coûteusement aux Français les inconvénients inhérents à une quasi-privatisation d’EDF.
Derrière cela, un débat proprement politique. En tant qu’entreprise publique et avec l’accord des autorités politiques de l’époque, EDF prétendait se soumettre par devoir à une doctrine tarifaire d’intérêt général : l’entreprise renonçait à exploiter sa position de monopole, pour pratiquer la « vente au coût marginal » que lui aurait imposée un fonctionnement parfait des marchés. Mais un nouveau paradigme est apparu dans les années 90 : ce n’est pas à vous, entreprise EDF, de prétendre mener une politique d’intérêt général. Votre rôle d’entreprise est de chercher à gagner (durablement) le maximum d’argent, et c’est à nous, l’État, détenteur délégué de l’intérêt général, de vous empêcher d’abuser. Autrement dit, vous vous faisiez un devoir d’imiter les prix qu’aurait engendrés un marché parfait. Ce n’est pas votre affaire, et c’est à nous, l’État, de vous y obliger, d’une part en vous mettant en concurrence sur le marché européen pour la production d’électricité, et d’autre part en fixant nous-mêmes les prix pour ces monopoles naturels que sont le transport et la distribution…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/12/2013
- https://doi.org/10.3917/comm.143.0662
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