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Fondateur du positivisme, Comte fit à l’Italie une place croissante dans son système à mesure que la philosophie des sciences y cédait en importance à l’instauration d’une nouvelle religion. Certes l’idée religieuse, seule capable de discipliner le progrès par l’ordre, ne fut jamais absente de son projet. Il avait d’abord conçu d’organiser son Église en donnant la prééminence, après la France, aux nations germaniques où le protestantisme et l’esprit de libre examen avaient favorisé l’essor de la pensée rationnelle. Le Grand Prêtre de l’Humanité siégerait à Paris, assisté par un collège composé de huit Français, sept Anglais, six Allemands, cinq Italiens, quatre Espagnols. Les Italiens représenteraient respectivement le Piémont, la Lombardie, la Toscane, l’État romain, le pays napolitain.
Il rappelle ce plan dans le premier tome du Système de politique positive paru en 1851, écrit dans les mois qui précèdent (car, chez Comte, la publication suivait immédiatement la rédaction : il méditait longtemps, puis il écrivait d’un seul jet et ne se relisait pas) ; à la veille, donc, de l’arrivée au pouvoir de Cavour. Mais, dès ce moment, il annonçait un autre plan. Dans le quatrième et dernier tome, paru en 1854, il explique que, si le protestantisme a servi la naissance de la philosophie des Lumières, il a figé celle-ci au stade de la pensée métaphysique. En outre, dans l’ordre politique, le protestantisme, incapable par essence d’engendrer un pouvoir spirituel, a mis la religion sous la coupe du pouvoir temporel, comme on l’a vu en Angleterre avec l’Église anglicane et, en Allemagne, dans les États protestants…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/12/2013
- https://doi.org/10.3917/comm.143.0597
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