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La nécessité de légitimer idéologiquement le pouvoir autoritaire mis en place par Poutine a fait percoler dans les cercles dirigeants russes certaines des élucubrations idéologiques qui, au début de la période Eltsine, émanaient de groupuscules « brun-rouge » marginalisés. Aujourd’hui, des personnages comme Alexandre Douguine, théoricien de l’eurasisme, ont pignon sur rue. D’anciens libéraux réformateurs comme Mikhaïl Leontiev, devenu un des principaux idéologues du poutinisme, se sont ralliés à la mouvance néo-impériale et en sont aujourd’hui les porte-parole les plus virulents. Toutefois, nous ne sommes pas en présence d’une idéologie élaborée et construite comme l’était le marxisme-léninisme. Il s’agit plutôt de l’ensemble des conceptions implicites qui forment la Weltanschauung des « siloviki », ces anciens du KGB auxquels Poutine a donné une position dominante dans l’appareil d’État. Ces hommes ont transformé le climat intellectuel régnant en Russie. Et l’apparent succès de la politique poutinienne a longtemps empêché la réalité de faire valoir ses droits dans l’atmosphère confinée du Kremlin, dans ce petit monde de courtisans, de prébendiers et de favoris peu enclins à faire part au souverain des évolutions et des événements n’allant pas dans le sens des projets officiels. D’où le caractère délirant pour un Occidental des conceptions que nous allons exposer.
C’est dans l’historiographie actuelle de la Russie et de l’URSS qu’on repère le mieux l’évolution parcourue depuis les années Eltsine…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/04/2015
- https://doi.org/10.3917/comm.125.0075
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