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Dans cette Histoire des États-Unis contemporains, Pierre Melandri déploie deux talents distincts : celui de conteur du passé, qui fait revivre l’ère progressiste ou les années folles, et celui d’historien du temps présent, le premier à se lancer dans la conquête d’un matériau anarchique et foisonnant, caractérisé davantage par la profusion voire la prolifération des sources que par leur rareté. Avec lui, la chouette de Minerve est un oiseau impatient, qui laisse à peine le temps au jour de faire place au crépuscule pour prendre son envol. Ainsi, les deux cents pages consacrées à l’après-guerre froide dissèquent les mandats de Bill Clinton puis ceux de George W. Bush, proposant une lecture riche et cohérente, offrant une seconde écriture de l’histoire (si la première a été, comme le veut la formule, celle des journalistes) qui se déploie jusqu’à la crise financière de l’automne 2008, c’est-à-dire le moment où le livre est sorti.
Cet exercice double, d’historien traditionnel et d’historien du temps présent, est l’un des intérêts que présente cette somme considérable. Car, avec près de mille pages, le livre impressionne et, de prime abord, pourrait presque décourager le lecteur. Mais la lecture linéaire et exhaustive de ce grand « roman américain » n’est pas la seule utilisation qu’on puisse faire de cet ouvrage, et je vois au moins trois autres types de lecture à en recommander.
Un premier type de lecture se concentrerait justement sur le temps présent. Il y a ici, en quelque sorte, un livre dans le livre, qui s’offre à quiconque s’intéresse à l’Amérique des vingt dernières années et ne souhaite pas forcément remonter plus avant…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/04/2015
- https://doi.org/10.3917/comm.125.0232
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