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Le 2 décembre, nous avons commémoré le bicentenaire de la bataille d’Austerlitz ; une bataille qui, avec celle de Cannes (216 av. J.-C.), a constitué un modèle pour les stratèges du monde entier. Une victoire éclatante, légendaire, où jamais ne sont apparus, à ce point, le génie de Napoléon et le courage de nos armées. Or, les autorités de la République ont choisi de ne pas s’associer aux cérémonies de cet anniversaire, seul le ministre de la Défense se rendant brièvement sur le champ de bataille.
Le 19 octobre, le Royaume-Uni avait, de son côté, célébré le bicentenaire de la bataille de Trafalgar. Avec faste ; avec bonne conscience ; avec fierté : parade navale – c’était le moins –, office religieux, discours commémorèrent une victoire qui ne sauva pas le Royaume-Uni – Napoléon avait quitté Boulogne et était en Allemagne –, et qui ne fit que consacrer une suprématie navale qui était un fait depuis le début de la Révolution.
Cette distance entre Londres et Paris dit tout : d’un côté, un pays à l’aise avec sa propre histoire, serein et assuré de lui-même ; de l’autre, une France qui doute, qui n’ose même plus célébrer ses hauts faits. Bien mieux, le seul débat que suscita l’anniversaire d’Austerlitz fut une demande de repentance pour la conduite de Napoléon face à l’esclavage…
Nul ne s’était préoccupé, outre-Manche, de demander pardon aux habitants de Naples et de Copenhague, Nelson ayant participé, en 1798, à la répression féroce de la révolution dans la première et sauvagement bombardé la seconde, en 1801 ; les idées de l’amiral sur l’esclavage n’étaient, faut-il le préciser …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/04/2015
- https://doi.org/10.3917/comm.113.0141
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