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La crainte qu’un enfant puisse subir une agression sexuelle est devenue une peur parfois obsessionnelle pour les parents tandis que pour la justice, la délinquance sexuelle quand elle affecte les mineurs est au sommet de la hiérarchie du mal… et des sanctions.
Au xxie siècle, la société ne supporte plus de voir ce qu’elle avait sous les yeux : des enfants et des adolescents peuvent être victimes d’inceste. C’est le grand-père, le père, le beau-père, l’oncle, le frère, le cousin, la mère, la grand-mère ou la belle-mère. Ce sont des personnes qu’en principe l’enfant aime ou avec qui il a, toujours en principe, des relations de confiance. Eva Thomas, Niki de Saint Phalle, Barbara, Christiane Rochefort, Christine Angot, Camille Kouchner au nom de son frère et tant d’autres ont été victimes d’inceste et l’ont révélé publiquement et tardivement. Si ces cas ont fait grand bruit et ont fait prendre conscience qu’aucun milieu n’était épargné, en réalité, bien peu vont en justice. Car l’inceste ne touche pas seulement l’enfant ou l’adolescent qui en est la victime mais toute la famille, voire la société entière. L’inceste est la situation où l’enfant est le moins protégé quand la famille se ligue pour étouffer l’affaire au risque de l’explosion. Dans la hiérarchie des valeurs jusqu’à très récemment, la protection de l’honneur de la famille et de la société passait avant celle de la protection de l’enfant. Ce bouleversement, car c’en est un, est un aboutissement de l’évolution du statut de l’enfant devenu une « personne » ; et de la prise en compte de la souffrance des victimes en général et de l’enfant en particulier…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/06/2021
- https://doi.org/10.3917/cite.086.0175
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