CAIRN.INFO : Matières à réflexion

La sociologie de Georg Simmel a été minorée, pour ne pas dire ignorée en France pendant presque un siècle. L’effort de scientificité dans l’étude de la société, encouragé par Émile Durkheim à la fin du xixe siècle, a malheureusement conduit les sociologues français à négliger une autre façon de faire de la sociologie, moins tournée vers la mesure des « faits » sociaux que vers l’interprétation du sens complexe des relations sociales, à la marge de la pensée spéculative. Cette tendance à la stérilisation positiviste fut une grave erreur, car l’œuvre de Simmel se révèle être une source extraordinaire de schèmes d’interprétation de la vie sociale, souvent d’une très grande finesse, dont nous pouvons aujourd’hui encore nous inspirer. Il est donc temps de redécouvrir Simmel, et de montrer aussi que la sociologie française naissante n’a pas toujours été étrangère à la « sociologie des formes », comme une lecture attentive du travail de Marcel Mauss en témoigne. Pour comprendre Simmel, saisir son originalité et sa pertinence, nous allons donc montrer l’écart qu’il entretient avec Durkheim, mais aussi son affinité avec Mauss.
Paradoxalement, Georg Simmel a été traduit et commenté de façon précoce en France, contrairement à Max Weber. Il publie d’abord en français un texte programmatique intitulé « Le problème de la sociologie » dans la célèbre Revue de métaphysique et de morale en 1894. Son prestige est tel à la fin du xixe siècle que Durkheim publie son article « Comment les formes sociales se maintiennent …

Erwan Dianteill
Erwan Dianteill est professeur d’anthropologie culturelle et sociale à l’université de Paris, membre senior émérite de l’Institut universitaire de France et Non-Resident Fellow du Hutchins Center de l’université Harvard. Il est l’auteur ou le co-auteur de huit livres et d’une soixantaine d’articles scientifiques. Son œuvre porte principalement sur les cultures et religions africaines, en Afrique de l’Ouest et dans le Nouveau Monde. Par ailleurs, il est aussi l’auteur avec Michael Löwy d’une trilogie proposant une relecture de l’histoire de la sociologie et de l’anthropologie des religions, dans ses aspects les plus méconnus. Dernier ouvrage publié : (avec Michaël Löwy) Le Sacré fictif. Sociologies et religion, approches littéraires, Paris, L’Éclat, 2017.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 30/12/2019
https://doi.org/10.3917/cite.080.0153
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