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Alors qu’année après année, chiffres et tableaux enregistrent le creusement des inégalités en France – les riches s’enrichissent pendant que les pauvres s’appauvrissent –, alors que trente samedis consécutifs, une partie de la population a endossé le gilet de la révolte, d’aucuns concluraient hâtivement que les inégalités mesurées par les uns sont les mêmes que celles dénoncées par les autres. Rien n’est moins sûr. Si, de Pierre Bourdieu à Thomas Piketty, la tradition est longue des sociologues et économistes qui font porter sur le riche, réel ou fantasmé, la responsabilité des inégalités, qu’advient-il de cette représentation des choses lorsque les qualificatifs de « pauvres » et « riches » s’appliquent aux territoires, avant que de définir la situation des individus ? Comme on peut le lire dans un ouvrage récent intitulé Théorie de la justice spatiale, « … l’espace est une entrée privilégiée pour saisir les dimensions problématiques de la justice. À la différence de la monnaie, qui a été conçue pour sa neutralité et sa fluidité, l’espace ne peut pas se distribuer également… » Ainsi, toutes les injustices ne seraient pas mesurables à l’aune du seul critère monétaire. Les inégalités géographiques seraient largement sous-estimées au profit des inégalités économiques dans notre calcul social. Mais quelles sont-elles ? Il nous faut prendre en compte le fait que par-delà leurs situations individuelles, les habitants des grandes villes sont collectivement des privilégiés en termes l’accès à un bassin d’emploi, à des services publics de proximité ou à la culture…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/12/2019
- https://doi.org/10.3917/cite.080.0109
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