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Ce qui change depuis un peu plus de trois années, dans ma pratique de psychologue clinicien en institution psychiatrique dans le cadre d’une équipe « Psychiatrie et précarité », est que nous sommes de plus en plus appelés par des foyers d’hébergement de personnes en migration douloureuse : « clandestins » en attente de papier d’état civil et de statut de demandeur d’asile, demandeurs d’asile en attente d’acquérir un statut de réfugié statutaire. Ces hommes âges de 21 à 45 ans ont rudement quitté leur pays que les guerres ont dévastés et dévastent toujours, cela peut être l’Érythrée, l’Afghanistan – tout particulièrement une zone frontalière entre l’Afghanistan et le Pakistan –, le Soudan et le Sud-Soudan, parfois la Libye. L’équipe en charge de ce foyer a été rencontrée par l’équipe d’un foyer d’hébergement à la demande de la mairie de N… Quelques mois plus tard, l’Agence Régionale de Santé nous a encouragés à continuer des rencontres régulières. S’il nous est demandé de rencontrer ces personnes, ce sont pour des raisons où le sanitaire et le social sont confondus. Ce centre d’hébergement fait appel à nous car les hébergés présentent des troubles du sommeil très graves, des dépressions marquées plus souvent par une sorte d’anesthésie de la vie, d’irréalité de l’existence que par de la tristesse. Si la tristesse peut à tout un chacun donner un sentiment de réalité de son existence, là se montre autre chose : la douleur morale, s’accompagnant d’une vie fantomatique. Un renfermement souvent dans le mutisme, un retrait psychique semble être l’abri mental de ces « hébergés » en souffrance psychique, abri dont ils s’extraient par de…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 28/05/2020
- https://doi.org/10.3917/chime.096.0036
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