En 1968, dans un ouvrage passé à la postérité, Antoine Prost livrait, à la fois une dense synthèse et un cadre programmatique pour écrire une nouvelle histoire de l’enseignement, qui se constitue en véritable discipline académique et s’institutionnalise dans les années 1970 (Lett, 2015) :
« Nous l’avouons sans détour, nous avons cherché dans le passé une réponse aux problèmes du présent. La démarche n’a rien d’original : c’est celle d’historiens aussi éminents que Louis Liard, Octave Gréard ou Francisque Vial. Le souci d’expliquer le présent, s’il anime la recherche, n’en règle d’ailleurs pas la méthode. Une fois commencée, l’enquête historique obéit à sa logique propre et s’efforce à l’objectivité : l’histoire de l’enseignement n’est pas une histoire sainte, et la complexité des problèmes actuels exige qu’on l’aborde sans passion. ».
Un demi-siècle plus tard, le renouvellement des problématiques, des sources et des méthodes a participé à l’essor (relatif) de ce champ disciplinaire. Bruno Poucet est de ceux qui y ont contribué à partir des années 1990. Comme il l’écrit lui-même, « ce sont d’abord des historiens qui ont rénové l’histoire de l’éducation, ensuite viendront des chercheurs en sciences de l’éducation, issus souvent d’une formation préalable en philosophie, en sociologie, en psychologie et non en histoire. » (Poucet, 2020a, p. 79). Son positionnement épistémologique se situe sans ambages dans les pas de ces premières figures et à la confluence de ce double héritage…