CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Comme le relève Mona Ozouf, sous l’Ancien Régime, le « local » pèse d’un poids déterminant dans l’affirmation de la mosaïque des identités :

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« Nord et Midi, plaine et montagne : le climat et le sol sont [...] à l’origine de ces grandes façons de répartir et de penser l’espace français. On sait l’emprise qu’a alors sur les esprits l’idée que certaines dispositions caractérologiques entretiennent des relations étroites avec l’environnement régional [...]. Le stéréotype des “personnalités” ethniques, à la veille de la Révolution, est donc une réalité très fortement en place. » (Ozouf, 2015, p. 1137-1138).

3 La ville de Briançon – dans le nord du département des Hautes-Alpes – tout en offrant à ses habitants des conditions de vie difficiles du fait d’un climat rude et d’une géographie escarpée, a la particularité d’avoir mis en place, au moins depuis la fin du xvie siècle, un modèle d’éducation original correspondant à un régime politique singulier, communément appelé la République des Escartons, dont elle était le centre. L’instruction dispensée, en prenant la forme d’une école publique, se révèle avant-gardiste en comparaison avec une grande partie de la France, dans la longue durée précédant l’installation de l’école obligatoire et gratuite. On relève par ailleurs dans cette région, des taux d’alphabétisation supérieurs à la moyenne nationale.

4 Cette structure scolaire stable au moins jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, semble préfigurer certains idéaux éducatifs portés par les Lumières. Après la période révolutionnaire qui prépare les esprits à la volonté d’une instruction centralisée, le xixe siècle, grâce à la promulgation de lois scolaires, permet une organisation plus uniforme, notamment celle de la fonction enseignante sur le territoire français. Or, les instituteurs [1] briançonnais possèdent déjà un statut. Le xixe siècle représente-t-il alors pour eux une continuité, une évolution positive ou une régression par rapport à leur condition initiale d’enseignants ? Sont-ils refaçonnés par les orientations nationales ou conservent-ils des aspects de leur organisation et de leur spécificité antérieures ? Telles sont les questions que nous nous proposons d’aborder à propos de ce corps professionnel local.

5 Afin de mener à bien cette étude consacrée aux instituteurs briançonnais sur la longue durée, nous avons utilisé différentes sources archivistiques : les archives départementales de l’Isère et des Hautes-Alpes, et les archives nationales de France. Outre ces fonds, nous nous sommes principalement intéressée aux fonds modernes des archives municipales de Briançon. Les sous-séries utilisées pour nos travaux sont des fonds originels, qui ont reçu un classement de notre part (n’ayant jamais été traités auparavant). Pour parfaire notre réflexion, divers ouvrages spécialisés sur les institutions scolaires, sur le contexte socio-politico-économique de la région briançonnaise et de la France ont été questionnés à la lumière des investigations entreprises.

6 Nous aborderons d’abord la spécificité et l’originalité du statut des instituteurs briançonnais sous leur aspect initial, au sein de la République des Escartons, née au xive siècle. Le second point les décrira à travers leurs modalités de recrutement, leurs caractéristiques et leur revenus financiers au regard d’autres établissements scolaires français, dans le nouveau modèle post-révolutionnaire.

Aux origines d’un statut précurseur

7 L’année 1343 correspond à la transaction effectuée entre Humbert II dauphin de Viennois, prince du Briançonnais et marquis de Cesanne, criblé de dettes par une cour fastueuse et dépensière d’une part, et 51 communautés réparties entre le Briançonnais, le Queyras ainsi que trois vallées, aujourd’hui italiennes – Oulx, Pragelas et Château-Dauphin d’autre part. Même si la contrepartie à cette transaction inclut 11000 florins payables en six annuités et une rente annuelle et perpétuelle de 4000 ducats briançonnais à verser, il n’empêche que la Charte des Libertés briançonnaises, tout au long des 38 articles qu’elle comporte, entérine les droits et avantages de ces communautés. L’article premier aborde les droits de succession tant pour les hommes que pour les femmes (Froment, 1788, p. 4). Les articles suivants développent entre autres le droit de réunion (article 2), l’élection des consuls et des officiers par les Briançonnais eux-mêmes (article 12) ou encore l’obtention du statut d’hommes libres francs et bourgeois (article 35). Ainsi commence cette République dont Briançon est la capitale, reflet d’indépendance, de désir d’égalité et de solidarité dans une France encore monarchique et catholique, soumise à une féodalité et à ses résidus. Elle durera plus de quatre siècles (de 1343 à 1789).

8 Cette situation particulière induit dès la fin du xive siècle un souhait d’indépendance au niveau de l’instruction. Quelques archives très anciennes y font référence. La ville de Briançon fait professer le savoir des sept arts libéraux [2], qui sera ultérieurement organisé sur le modèle d’un studium[3]. Du fait de sa nature, celui-ci s’adresse certainement à des élèves déjà instruits. Cette remarque nous permet d’envisager qu’un enseignement préalable plus classique, de type « petite école », est promulgué, afin de diffuser par la suite les différents arts dans la cité. Nous supposons donc qu’un enseignement structuré pré-existe.

9 Ce goût pour l’étude est favorisé, comme à Neuchâtel – ville frontière suisse – par plusieurs facteurs endogènes parmi lesquels la rudesse du climat, la pauvreté des sols, mais surtout « la liberté […] ». Cette dernière dimension est « mise en avant par plusieurs, tel Sébastien Mercier, Neuchâtelois d’occasion : les libertés politiques, civiques, fiscales, professionnelles, encouragent à étudier, donc à s’enrichir, car on peut jouir sans contraintes du produit de son travail » (Caspard, 1996, p. 97). Ces motifs expliquent sans doute pourquoi, dès la fin du xvie siècle – période où les archives sont à nouveau présentes après une éclipse concernant le xve siècle – Briançon possède une école développée, de type régence latine, régie par des notions d’équité et de laïcité, en lien étroit avec les fondements même de sa Charte. L’école de Briançon, inscrite dans les archives municipales sous le terme d’école publique, est gérée en totalité par le conseil de la ville. Celui-ci prend en charge financièrement l’implantation d’un local de qualité, de grande superficie (près de 136 mètres carrés répartis en deux salles [4]), avec un mobilier propre et entretenu régulièrement. L’école a un mode de fonctionnement qui s’apparente plus au modèle des collèges que des petites écoles : le volume horaire moyen annuel y est de huit heures [5] et les enseignements dispensés intègrent le latin. Notons que les archives disponibles sont muettes quant au type d’enseignement destiné aux filles.

10 Les enseignants d’alors s’inscrivent dans ce schéma positif : à hauteur des 4/5e de leur effectif total, ils sont en majorité des laïcs recrutés dans les limites géographiques de leur République locale. En effet, sur les 90 instituteurs ayant enseigné à Briançon entre 1592 et 1789, seulement 18 sont des religieux (20 %). Ils sont principalement recrutés pour des raisons circonstancielles tels que les incendies de la ville en 1624 et 1692. L’établissement scolaire ayant été détruit, la municipalité réquisitionne une partie de leur couvent et le transforme en salles de classe. À titre comparatif, dans cinq communes provençales, les ecclésiastiques représentent 35 % entre 1600 et 1650 (Quéniart et al., 2003, p. 278). Ultérieurement, ces religieux dispensent leurs connaissances en latin aux élèves de l’école publique (dès 1729). Sur la base de ces données, nous pouvons affirmer que la Contre-Réforme catholique n’a pas eu l’impact souhaité par le gouvernement sur les populations briançonnaises, et sur leurs enseignants. Ce phénomène perdure bien après l’article 27 du règlement de police de 1624 [6], qui excluait les ecclésiastiques dans le recrutement des instituteurs, et donc, leur nomination. Parmi les instituteurs laïques présents à Briançon, tous ne mentionnent pas leur origine géographique ; pour ceux où elle est indiquée – même si ce nombre est restreint (30,5 %) – nous remarquons que tous proviennent d’Escartons français ou italien. Le recrutement s’effectue, présumons-nous, toujours dans les limites de leur République.

11 Par le biais d’un processus de recrutement bien établi et encadré par un règlement de police d’une part, et d’un contrat d’engagement d’autre part, nous savons assez précisément quels étaient leur niveau de connaissances, leurs obligations, ou encore leurs traitements.

12 Les instituteurs dont fait choix la ville de Briançon possèdent une certaine instruction : en 1621, le régent Antoine Ferrus a fait ses études jusqu’à la rhétorique inclusivement. Cela diffère quelque peu de nombreux lieux de France où le niveau des enseignants est assez, voire très sommaire, mais suffit car

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« les exigences des communautés dans le domaine proprement intellectuel [sont] généralement fort modestes […]. Il [est] assez rare qu’un contrat ne soit pas renouvelé pour des raisons d’incompétences pédagogiques. » (Grosperrin, 1984, p. 46).

14 Quelques années plus tard, en 1636, se présentent deux candidats, Jean et Antoine Gauthier, de Vallouise, qui, l’un et l’autre, ont fait leur rhétorique et philosophie (Chabrand, 1880, p. 264). C’est Jean Gauthier qui est retenu, jugé plus capable par le conseil. Nous recensons également un maître-écrivain [7] au rang des enseignants. La syntaxe qu’emploient les instituteurs dans leurs correspondances permet également de connaître leur niveau d’instruction. Certains intègrent des locutions latines, des comparaisons ou des métaphores. Ces exemples suggèrent des consuls avertis et investis dans la sphère éducative, mais aussi dans leurs exigences en matière de niveau scolaire et leurs capacités à choisir le candidat adéquat.

15 Parallèlement aux connaissances requises, les consuls de la ville sollicitent de la part de l’instituteur certaines obligations, celle entre autres de ne pas s’absenter. En effet, plusieurs baux stipulent qu’en cas « de maladie plus longue de quinze jours, il en sera retenu d’autres en leur bien et place » [8]. Cette indication vient renforcer l’importance de la fonction de l’instituteur, d’autant plus que les contrats ne précisent que très rarement son service auprès de la sphère religieuse. Lorsque c’est le cas, il doit simplement amener les élèves à la messe ou aux bénédictions ; en aucun cas, il ne sert de chantre ou sonne les messes. La principale attribution du maître n’est donc pas ici, à l’inverse de nombreuses autres communes françaises, celle d’être l’assistant du curé mais d’être un enseignant à part entière. Outre leurs obligations, certaines mises en garde peuvent apparaître dans la rédaction du bail. L’une d’elles est particulièrement intéressante car elle décrit l’état d’esprit égalitaire qui règne au sein de la ville. La délibération indique en effet :

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« Sur quoi l’assemblée a délibéré qu’elle donnait pouvoirs aux sieurs consuls de passer la convention aux sieurs Melquiond et Giraud. Attendu que la majeure partie des pères de famille en est très content, aux conditions pourtant qu’ils ne regarderont pas les plus riches que les pauvres, mais tous également » [9].

17 Ces différentes données, tant sur leur degré de connaissances que sur leurs obligations, ont un retentissement sur les traitements que perçoivent les instituteurs. En analysant les sources archivistiques en notre possession, nous pouvons constater que les salaires augmentent par paliers entre 1592 et 1789. En mettant en parallèle le traitement d’enseignants de Briançon avec ceux exerçant dans d’autres régions de France – tout en gardant à l’esprit que ce salaire regroupe généralement plusieurs revenus : le traitement fixe, le casuel et l’écolage – nous observons les écarts suivants : durant le xviie siècle, le salaire proposé à Briançon est en moyenne de 120 livres (l’enseignant, pendant la première moitié de ce siècle est en plus nourri par la ville). À Vaison (Vaucluse), entre 1590 et 1608 il est de 20 écus (Quéniart et al., 2003, p. 282), ce qui équivaut à 60 livres. À nouveau à Briançon, le traitement oscille entre 180 livres et 220 livres selon les attributions pédagogiques de l’instituteur sur l’ensemble du xviiie siècle contre 150 à 160 livres à Montesquieu-Lauragais (Haute-Garonne) pour la période 1701/1706 (Netter, 1990) et 150 livres dans le diocèse de Meaux (Seine-et-Marne) à la veille de la Révolution (Giolitto, 2003, p. 117). Le salaire perçu par les enseignants Briançonnais est donc nettement supérieur à celui proposé par différentes autres communautés. Pour trouver un salaire qui s’en rapproche, il faut aller dans de gros bourgs – en Haute-Garonne (Netter, 1990) entre autres – où le salaire atteint 200 livres à la veille de la Révolution. Il est à noter qu’on « ne trouve que très rarement des écoles gratuites où le maître se contente des gages que lui verse la communauté » (Furet, Ozouf, 1977, p. 28). Les écoles de Briançon font pourtant partie de celles-ci.

18 Bien qu’étant un territoire très enclavé (zone de montagne frontalière avec l’Italie, altitude de 1326 mètres, accès difficiles), la ville de Briançon a su mettre à profit ses échanges avec le Piémont et la Provence afin de développer la vie intellectuelle et culturelle de ses habitants. Par ailleurs, la signature de la Charte de 1343 a amené les consuls et la population briançonnaise à s’assembler, discuter et s’organiser pour gérer en commun les affaires de la cité tout en protégeant ses prérogatives, à l’instar de « la société neuchâteloise [qui] peut se caractériser par ce qui constituait, aux yeux de Tocqueville, l’essence de la démocratie américaine : le pouvoir local et l’égalité des conditions » (Caspard, 1996, p. 101). Ces pratiques ont conduit à une organisation politique incluant une école efficace – plus proche d’un collège que d’une petite école – où se sont développés d’une part, un niveau d’instruction élevé et d’autre part, une gestion et une structuration solides encadrées par des règles propres à la communauté et acceptées par tous, ou du moins le plus grand nombre. Ces facteurs, associés à une politique où tous les enfants francs-bourgeois de la ville accèdent gratuitement à l’école, ont fortement contribué à une croissance de l’instruction, à une reconnaissance de ses représentants, et par là même, à un développement économique et social en relation étroite avec le régime politique particulier de la ville.

19 Cette école et son personnel, présentés au travers des archives comme précurseurs à plus d’un titre, doivent faire face à la Révolution, à ses conséquences et à des modifications inévitables. En effet, Briançon voit sa République ancienne et particulière dissoute, au profit d’un statut républicain qui s’installe à l’échelle de la France.

La transmission d’une spécificité

20 Antoine Prost présente les maîtres d’école de la façon suivante :

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« humbles clients au début du [xixe] siècle, leur situation se caractérise alors par trois traits : une faible compétence, une rémunération dérisoire qui les contraint à des travaux accessoires, une dépendance statutaire enfin, qui place ces subalternes sous la double autorité, parfois contradictoire, du maire et du curé. Puis, avec la mise en place progressive des écoles normales, le recrutement devient plus régulier, la compétence s’améliore. Cette évolution entraîne inéluctablement une hausse des traitements. Conscient de sa valeur pédagogique, l’instituteur peut alors rejeter ses occupations accessoires et la dépendance qu’elles entraînaient. » (Prost, 1986, p. 132)

22 Quel retentissement cette évolution professionnelle constatée au plan national a-t-elle sur les instituteurs briançonnais, au statut antérieur particulier, inscrit dans la longue tradition d’instruction et de prise en charge financière des dépenses de l’école publique par la commune ?

Nouvelles modalités de recrutement

23 « L’uniformisation du système [scolaire] ne s’est pas effectuée au même rythme ni avec la même intensité sur le territoire national » (Rouet, 1993, p. 16). Des écoles sont présentes sur l’ensemble du territoire mais des disparités existent tant dans leur fonctionnement que dans leurs finalités. Cette réalité, également applicable aux instituteurs, nous amène à analyser dans ce nouveau paysage français l’évolution des conditions de recrutement des enseignants qui tend vers un modèle national et où l’examen des compétences, appelé communément aujourd’hui « le concours » s’est progressivement mis en place. Il a donc fallu plusieurs étapes avant d’arriver à un ensemble homogène de connaissances et de degrés d’instruction reconnus non plus au plan local mais national.

24 Une première étape est franchie vers l’étatisation avec les décrets du 27 brumaire an III et Daunou qui créent et finalisent les jurys d’instruction, la décision finale sur le choix de l’instituteur revenant désormais à l’administration. Pour Briançon (et son département), ce décret est mis en place près d’un an plus tard comme en témoigne cette délibération :

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« L’administration centrale du département des Hautes Alpes, considérant que l’organisation des jurys d’instruction publique est aussi urgente qu’essentielle à l’établissement desdites écoles […]. Considérant que l’étendue et la population de ce département, nécessitent l’établissement de quatre jurys d’instruction […] » [10].

26 Un notaire et un commissaire du directoire exécutif sont nommés pour siéger au jury d’instruction de l’arrondissement de Briançon.

27 Une seconde modification conduisant à un corps d’enseignement plus encadré et spécifique passe par la création de l’Université Impériale. Le décret impérial du 17 mars 1808 – précisant qu’aucune école et établissement d’instruction ne pouvant être formés hors de l’Université impériale et sans l’autorité de son chef – contraint les instituteurs à arrêter leurs fonctions ou à se déclarer, ainsi que le font ceux de Briançon [11].

28 Un dernier élément finit de constituer cette première esquisse commune de la profession enseignante, celui du passage d’un examen – le brevet de capacité – créé par l’ordonnance du 29 février 1816. L’État, avec la mise en place de ce brevet comprenant trois degrés,

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« impose aux futurs maîtres ainsi qu’aux municipalités, le type d’instituteurs dont il a besoin, en fixant le niveau et le contenu des épreuves de recrutement, ainsi que l’âge auquel on peut être candidat. On trouve là un point de fixation important du débat entre national et local, entre savoir et formation professionnelle » (Gavoille, 2010, p. 103).

30 Briançon n’est pas désorienté par le cadre de cet examen, celui-ci rejoignant les exigences d’alors de la communauté. Sans doute est-ce pour cette raison que l’instituteur en poste durant le second quart du xixe siècle possède un brevet de capacité de second ordre, au contraire de ceux relevant des écoles particulières qui sont majoritairement pourvus d’un brevet de troisième degré.

31 Les diplômés ont en outre besoin d’une autorisation d’enseigner : document certifiant les bonnes vies et mœurs du candidat. Ces deux documents acquis, le futur instituteur peut être recruté. Comme le mentionne la délibération en date du 3 novembre 1850, la nomination de l’instituteur à Briançon se fait à cette époque en conseil, sur liste pré-établie :

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« Vue la liste d’admissibilité dressée par le conseil académique des Hautes-Alpes insérée au recueil administratif n° 31 sur laquelle figure à la première ligne le sieur Ollagnier Jacques Antoine et attendu qu’il est personnellement connu des membres du conseil et qu’il réunit les conditions de moralité et de capacité propres aux fonctions qu’il sollicite. Nommé à l’unanimité le dit sieur […] instituteur communal élémentaire de cette commune. » [12]

33 L’instituteur est alors installé dans ses fonctions. Le maire accompagné de ses conseillers se déplace dans la classe où se déroule le cérémonial suivant : « nous avons donné immédiatement connaissance au sieur Ollagnier Jacques Antoine de l’objet de notre visite, nous avons ensuite donné lecture de l’arrêté d’institution du sieur Ollagnier de la lettre de monsieur le Recteur et l’avons déclaré à l’instant, installé dans ses fonctions » [13].

34 Par conséquent, entre les prémices de la Révolution et le milieu du xixe siècle, le cadre du choix de l’instituteur et de sa nomination évolue. Même si la décision finale quant au choix du candidat revient au conseil municipal, la ville de Briançon passe toutefois d’un modèle de recrutement purement local où les pères de famille sont consultés, où le recrutement s’effectue toujours selon les modalités de son règlement de police de 1624 resté en vigueur jusqu’à la Révolution, à un modèle de recrutement à orientation plus étatique. C’est le cas au milieu du xixe siècle, dans la mesure où le conseil académique des Hautes-Alpes pré-établit une liste de candidats. Ce dernier fait partie intégrante du maillage relevant de la logique administrative de l’État car il s’attache à une mission générale de surveillance des établissements scolaires dans chaque Académie.

35 Cette évolution dans le recrutement des instituteurs entraîne un nouveau rapport à la sphère éducative. Jusqu’alors, les connaissances des instituteurs français étaient étroitement dépendantes de l’intérêt que portait la municipalité aux questions d’instruction et d’éducation. La ville de Briançon, depuis longtemps attachée à l’importance de celles-ci, voit dans les exigences d’un brevet à caractère national, la reconnaissance des compétences de ses instituteurs locaux. Mus par cette nouvelle dynamique, certains instituteurs, à partir de leurs connaissances premières, vont en mobiliser de nouvelles. Nous pouvons citer à ce sujet Jean-Claude Pellorce, instituteur à Briançon, qui part se former avec un de ses collègues au Bourg d’Oisans (38) en 1818 afin « d’aller s’instruire pendant quelques mois du mode d’enseignement mutuel dans les écoles déjà établies. » [14]. Cette initiative d’État trouve un écho favorable à Briançon car l’on constate, par le biais de cette délibération, que la ville souhaite mettre en place cette méthode mutuelle de façon cohérente, avec des enseignants aptes et préalablement formés. Une nouvelle école de ce type ouvre ses portes à l’automne de la même année et perdure pendant plus de vingt ans sous la direction de cet instituteur. L’enquête Guizot dont, selon Lelièvre (1990, p. 68), « les deux principales préoccupations […] sont […], d’une part, la qualité des enseignants (qui dépend de leur statut, leur rémunération, leur formation…) et, d’autre part, la qualité des moyens nécessaires à l’enseignement (méthodes, livres, objets…) » relève de façon positive son enseignement, sa tenue de classe et son caractère [15].

36 Parallèlement à ces initiatives conjointes entre l’instituteur et ici, la municipalité, l’enseignement a de plus en plus un caractère professionnel au sens où « les professions se distinguent des métiers par le fait qu’elles sont professées, c’est-à-dire apprises à partir de déclarations publiques et non par un simple apprentissage imitatif » (Bourdoncle, 1991, p. 78). En effet, les instituteurs briançonnais, au préalable uniquement formés par leurs pairs, ont désormais la possibilité d’être formés au sein de l’École Normale de Gap dès 1834. Les multiples déménagements que subit cette école avant de posséder ses propres locaux (1875-1876) ou encore l’hostilité de la ville de Grenoble à son égard, ne constituent pas un frein au recrutement de l’École Normale de Gap. « En 1844, l’école [a] déjà donné au département 61 instituteurs et 120 en 1848 » (Thivot, 1970, p. 274). Son fonctionnement et ses résultats satisfaisants – soulignés entre autres dans les rapports du Conseil Général des Hautes-Alpes – permettent d’y apprendre dans des conditions favorables un savoir et une méthode pédagogique se référant à un modèle se voulant commun. Cette évolution et cette reconnaissance des diplômes et des formations sont dans l’ensemble accueillies favorablement par les instituteurs haut-alpins. L’ensemble des instituteurs ayant été en poste à Briançon (entre 1820 et 1886) et pour lesquels nous possédons des données (dix instituteurs sur quinze précisent leurs parcours) confirme cet état de fait. Cinq d’entre eux sont passés par l’École Normale et tous sont brevetés [16]. Toutes ces modifications vont avoir un impact sur les caractéristiques des enseignants formés.

Leurs caractéristiques

37 « Jusqu’à la fin de la IIIe République – et même bien au-delà –, l’opinion dominante restera que le recrutement local devait être tenu pour préférable, et que la mutation hors du département ne s’imposait que dans les circonstances familiales particulières, ou dans les conjonctures nationales exceptionnelles » (Chanet, 1996, p. 74). Les instituteurs briançonnais de cette première moitié du xixe siècle s’inscrivent dans ce schéma car ils sont majoritairement originaires de la vallée et viennent de la commune ou de l’arrondissement de Briançon. Toutefois, dès 1870, un glissement s’effectue dans le recrutement qui devient réellement départemental, les enseignants étant maintenant principalement recrutés dans les cantons du sud du département. Faut-il y voir l’affirmation de la nation via son école, avec comme moyen, un premier gommage des spécificités par le biais du recrutement du personnel enseignant en dehors des limites de son territoire géographique ?

38 Le métier d’instituteur est souvent synonyme de double emploi. Nombre d’instituteurs, principalement ruraux, sont régulièrement obligés de mettre à profit leurs compétences professionnelles pour assurer d’autres tâches faute de ressources financières suffisantes. Cette situation est toujours présente et mentionnée dans divers mémoires issus du « concours entre les instituteurs » institué par Rouland (14 décembre 1860). L’un d’entre eux, rédigé par Jean Guchet [17], instituteur de Loire-inférieure, explique qu’avec l’amélioration de sa situation financière, l’instituteur pourra « se livrer entièrement à ses fonctions, au lieu de partager son temps entre elles et des occupations étrangères, qui, comme celles de chantre, de sacristain, de secrétaire de mairie, d’agents d’affaires, etc., sont plus ou moins compromettantes pour sa dignité ou incompatibles avec ses devoirs » (Nicolas, 2012, p. 157). Néanmoins, cette situation n’est pas générale. Le Morbihan par exemple « appartient à ces départements où les fonctions annexes de l’instituteur sont peu répandues (Nicolas, 2004, p. 165). Il en est de même à Briançon où le métier d’instituteur demeure, comme sous l’Ancien Régime, un emploi à temps complet. Le maître d’école continue de vivre exclusivement de son métier et n’éprouve donc pas la nécessité d’avoir diverses activités annexes.

39 Cette situation positive est induite à Briançon, d’une part, comme nous l’avons explicité ci-avant, par l’ouverture annuelle de l’école, et d’autre part, par le statut que les instituteurs possèdent et les valeurs qu’ils véhiculent. Même si leur instruction plus poussée commence à leur conférer une place à part, ils s’intègrent bien à la communauté en ces deux premiers tiers du xixe siècle. Ces instituteurs sont aussi bien considérés par la population que par les autorités locales et supérieures. Citons le maire de Briançon, qui en 1834 évoque avec fierté la façon dont le sieur Pellorce tient sa classe et enseigne [18]. Ou encore, en 1868, l’inspecteur primaire note que l’instituteur, M. Faure-Vincent Clément, exerce une bonne direction de l’école et « qu’il est très bien pour tout » [19]. Sans qu’on puisse généraliser ni idéaliser la situation briançonnaise selon une coupure chronologique stricte, ces compliments diffèrent des courriers et plaintes où l’on peut relever le manque d’instruction, une conduite ou une moralité inappropriée chez de nombreux instituteurs en poste ailleurs en France dans la première moitié du xixe siècle (Rouet, 1993, p. 185 et suiv.).

40 Les remarques favorables aux instituteurs briançonnais se retrouvent dans diverses correspondances et résultent d’une longue tradition de respect et d’honneur vis-à-vis du métier d’enseignant. Pour la plus grande partie de la France, c’est principalement la loi Guizot qui confère une légitimité et un statut aux instituteurs. « En moins de six mois, [Guizot] a bousculé le monde de l’instruction primaire : par une loi, une inspection générale extraordinaire, une lettre aux instituteurs, la mise en place des nouveaux comités, et le règlement déterminant leur action » (Nique, 1990, p. 147) ; il les fait accéder à un salaire minimal fixe, à un logement et à des responsabilités en matière d’éducation. Or, au cours de la décennie 1870, un basculement intervient dans les rapports entre les instituteurs et la localité de Briançon. Les instituteurs zélés et pleins de bonne volonté de la période antérieure font place à des instituteurs ayant une tenue plus médiocre de l’école ou une moralité peu compatible avec l’enseignement ainsi que l’ont souligné plusieurs inspecteurs primaires. L’instituteur se doit d’être exemplaire dans la commune, tant dans son comportement que dans son enseignement, et ne peut souffrir de plaintes émises à son encontre. Relevons le cas de Gustave Poyet, qui au cours d’une soirée donnée par des sous-officiers, « était non pas précisément en état d’ivresse mais dans cet état qui la précède, il se livrait à de bruyantes manifestations » [20] en plaisantant sur le maréchal des logis. Cet exemple – quoique en partie anecdotique [21] – doit être rapporté au fait que l’instituteur depuis le Second Empire est, en raison de sa position,

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« poussé à l’isolement, replié sur sa classe et sa famille, condamné à voir toujours les mêmes personnes et les mêmes objets », promis à devenir un « “homme maussade, insociable’’ » (Nicolas, 2004, p. 167),

42 Cela a sans doute pu générer, à force de restrictions régulières, des comportements en inadéquation avec la fonction d’instituteur et dès lors expliquer les mentions négatives relevées à l’encontre de certains membres de cette catégorie professionnelle. Ces conduites peuvent également trouver écho dans un moindre attachement à la vallée et à sa population, les instituteurs étant maintenant recrutés en dehors des limites de la vallée briançonnaise. Il est vrai que, principalement originaires du bas du département, ils ne sont pas habitués au même climat, ni aux mêmes us et coutumes, car plus proches de la Provence [22] que de la haute montagne. Toutefois, dès 1886, une nouvelle stabilité réapparaît en faveur des instituteurs en poste à Briançon et de leur enseignement, cette fois-ci en lien avec le cadre plus étatique impulsé par les lois Ferry et Goblet.

43 Cette évolution du rapport entre la municipalité et les enseignants a des répercussions sur leur mobilité géographique. Lors des deux premiers tiers du xixe siècle, les instituteurs restent longtemps en poste. Puis interviennent des changements fréquents, voire intempestifs, comme l’année scolaire 1881/1882 où deux instituteurs (et deux adjoints) se succèdent. Cette évolution, que nous avons analysée sur la base des différents fonds d’archives consultés et étudiés, a permis de mettre à nouveau en exergue un basculement dès 1870. En effet, sur les quinze instituteurs ayant enseigné à Briançon entre 1820 et 1886, quatre l’on fait entre 1820 et 1870 et onze entre 1870 et 1886. De fait, pendant les deux premiers tiers du siècle, ces enseignants ont des postes stables et durables (seize et trente-trois ans recensés) a contrario des deux dernières décennies étudiées (1870-1880) où des mouvements de postes plus importants et un nombre d’années en poste plus réduit (deux ans ou moins) sont relevés. Ces multiples changements, qui ne sont à ce jour pas justifiés dans les archives, peuvent avoir des origines diverses : du côté des instituteurs [23], la mobilité peut s’expliquer par la recherche d’un rapprochement avec les attaches familiales, les communications avec le bas du département étant malaisées et le climat à Briançon très rude, par l’espoir d’une rémunération plus importante (d’autant que les loyers sont élevés), ou bien, par de nouvelles exigences incluant une évolution de leurs repères professionnels et personnels. Du côté de la municipalité, le renouvellement quasi constant du personnel enseignant peut faire suite au niveau faible des candidats qui ne convient pas à ses exigences, motif régulièrement mentionné au début des années 1880 (Chanet, 1996, p. 75). Ce peut être aussi une réaction envers le Conseil départemental de l’instruction publique qui rejette à plusieurs reprises la demande réitérée d’annexion de l’école primaire communale au collège [24] entre 1864 et 1869. Cette annexion permettrait en effet de revaloriser le traitement des instituteurs, d’avoir des classes moins nombreuses avec un passage facilité vers l’enseignement spécial et une meilleure coordination entre les professeurs concernés.

Éléments de revenus financiers

44 Dès 1833, le revenu de l’instituteur se compose d’un traitement fixe annuel institué par Guizot à hauteur de 200 francs et de la rétribution scolaire. Or, dans de nombreuses régions françaises, et avant que la loi Guizot ne soit instaurée, les instituteurs doivent se contenter de la rétribution scolaire qu’acquittent les parents (Prost, 1986). À Briançon, la situation financière des instituteurs est quelque peu différente, car sous la République des Escartons, il existe déjà une tradition d’instruction où le traitement de l’instituteur est pris en charge par la municipalité.

45 La première partie du salaire de l’instituteur est donc le traitement fixe. Celui-ci est variable d’un lieu à un autre ; il dépend des finances de la municipalité et de l’intérêt porté par cette dernière à l’instruction. Dans la localité de Mons (département du Nord) au début des années 1830, le conseil municipal estime « qu’il n’est pas nécessaire de payer l’instituteur dans la mesure où celui-ci est propriétaire au village et qu’il est déjà rétribué pour les leçons qu’il donne aux enfants, ce qui lui procure des revenus suffisants. » (Froeschlé, 2007, p. 55). Il faut notamment attendre les lois Guizot, Falloux ou le décret de 1862 pour que la situation financière des instituteurs français s’améliore. En trente ans, leur traitement est passé de 200 francs à 700 francs minimum [25]. Cette revalorisation des traitements n’est pas sans conséquence sur la reconnaissance sociale positive qu’acquièrent les instituteurs en leur procurant une autorité et un pouvoir statutaire. L’utilisation de critères tels que « l’autonomie, les salaires, la réglementation et la régulation émanant de la profession elle-même à travers une espèce de conseil de l’ordre » (Bourdoncle, 1991, p. 86) nous permet dès lors de parler de progrès de la professionnalisation au sens sociologique.

46 Les rétributions scolaires, qui complètent le traitement fixe, sont une nouveauté à Briançon. En effet, avant la Révolution, les élèves n’ont aucune rétribution à payer, hormis l’apport de bûches de bois pour chauffer la classe, pratique toujours en vigueur pendant les trois premiers quarts du xixe siècle, qui est ensuite remplacée par une indemnité [26] versée par la municipalité. Cette rétribution – présente tant dans l’enseignement primaire que secondaire – est source de tensions envers les autorités supérieures, dont le Recteur d’académie. Le conseil municipal considère que c’est « une erreur grave que de croire qu’il n’y a que ceux qui ont de l’argent qui doivent recevoir de l’instruction et les autres se livrer aux arts mécaniques ; mais les habitants de cette contrée doivent faire exception […] puisque c’est sur l’instruction que se fondent ses principales ressources pour se procurer les moyens de subvenir à l’existence de leurs familles » [27].

47 À l’aide des sources archivistiques disponibles, le salaire total perçu par les enseignants briançonnais entre 1790 et 1886 a pu être reconstitué. Celui-ci augmente par paliers : il passe de 200 francs au lendemain de la Révolution à 800 francs en 1852/53, pour atteindre 1150 francs dès 1873/74. À titre comparatif, et selon Maurice Gontard (1976), en 1837, le taux moyen du traitement fixe est de 256 francs, somme largement dépassée à Briançon. Toujours selon cet auteur, « en 1842, le taux moyen du traitement fixe était supérieur à 300 francs dans 12 départements seulement. » (Gontard, 1976, p. 28). Les instituteurs de Briançon font partie de ces privilégiés qui sont considérés par la localité comme des personnes importantes. Viennent le confirmer des salaires d’employés municipaux relevés dans les registres de délibération [28]. Si nous prenons par exemple l’année scolaire 1851/52, nous observons que le traitement fixe est de 450 francs (à cela s’ajoutent en moyenne 281 francs [29] de rétribution scolaire perçue par l’enseignant, ce qui donne un salaire total annuel de 731 francs). La même année, le registre mentionne que le vicaire perçoit un salaire moyen de 207 francs et le secrétaire de mairie 550 francs. La fonction d’instituteur est plus considérée que celle de vicaire et elle est presque égale à celle de secrétaire. Cette dernière fonction – importante présumons-nous, au vu de la qualité graphique des registres, du traitement perçu et « du goût [pour] la culture écrite » [30] (Granet-Abisset, 1996, p. 116 & suiv.) – est exercée par une personne recrutée exclusivement pour cet emploi : ce n’est donc pas l’enseignant qui fait office de secrétaire de mairie. Dès l’année scolaire 1869/70, l’instituteur en poste perçoit un traitement annuel fixe plutôt qu’un salaire de base et une rétribution scolaire fluctuante selon les années. De fait, pour l’année scolaire 1877/1878, le revenu annuel de l’instituteur briançonnais s’élève à 1150 francs, et celui de son adjoint à 760 francs. Si nous les comparons aux traitements inscrits dans les registres, nous apprenons qu’en 1877, le professeur de la classe élémentaire du collège de Briançon touche 1500 francs et qu’en 1878, un employé d’abattoir gagne 400 francs et un garde champêtre 600 francs. Là aussi, le salaire de l’instituteur tend à se rapprocher du traitement du professeur des classes élémentaires, ces derniers « incarnent en effet une tension paradoxale entre culture primaire et culture secondaire, en un temps où celles-ci apparaissent pourtant structurellement très cloisonnées » (Robert, 2005, p. 319), statut induisant une position plus importante sur l’échelle sociale. Ces salaires correspondent aux vœux recueillis en 1869-1870 par le Manuel général de l’instruction primaire, lequel précise que « les instituteurs fix[ent] à 1000 francs le minimum nécessaire pour vivre de façon décente » (Gontard, 1976, p. 206). En fin de compte, les salaires attribués aux instituteurs briançonnais sont toujours supérieurs à ceux exigés par les divers décrets et lois d’autant plus que « l’évolution du pouvoir d’achat du franc, est pratiquement, en 1906, au même niveau qu’en 1820. On peut donc affirmer que ce pouvoir d’achat est demeuré constant. » (Plessis, 2005, p. 55).

48 Les instituteurs peuvent alors profiter pleinement de leur revenu annuel sans subir de variation trop importante du cours du franc.

49 La municipalité qui finance le traitement des instituteurs, leur verse leur salaire par quart entre janvier et octobre et le surplus en décembre. Ces traitements sont prélevés sur les dépenses ordinaires jusqu’en 1853. Dès l’année suivante, les budgets de la ville n’étant pas florissants, le conseil municipal explique que « pour assurer le service de l’instruction primaire élémentaire et supérieur, service qui est digne de toute la sollicitude du conseil et d’une bonne administration », il lui faut voter le prélèvement des trois centimes additionnels au principal de quatre contributions directes [31] ; ce financement des salaires reste identique jusqu’en 1875 où est voté un quatrième centime additionnel [32]. Même en ayant des finances au plus bas, la municipalité préfère voter ces centimes additionnels plutôt que d’abaisser le salaire des instituteurs ou d’augmenter la rétribution mensuelle scolaire. La « tradition » des Escartons de valorisation de la fonction d’instituteur semble se maintenir.

50 Par ailleurs, des indemnités de logement sont prévues par la municipalité. Les instituteurs étant initialement originaires de Briançon, ils possèdent dans la grande majorité des cas un logement personnel. Même si cette indemnité passe de 50 francs (en 1824/1825) à 150 francs (en 1881), celle-ci reste insuffisante pour les personnes en poste dans la ville mais qui ne sont pas issues de la vallée. Les loyers étant plus élevés que les indemnités attribuées, c’est en partie pour ce motif que les instituteurs demandent régulièrement des subventions supplémentaires.

51 Tant le traitement des instituteurs briançonnais que leurs caractéristiques analysées ci-avant, laissent à penser que les enseignants en poste à l’école primaire supérieure et au collège de la ville bénéficient de ce même statut très favorable à leur condition sociale.

Conclusion

52 Indéniablement, la Révolution puis les lois scolaires de l’ensemble du XIXe ont contribué à gommer la spécificité briançonnaise en matière d’école, bien marquée depuis la fin du Moyen-Âge. Pour autant, les analyses de Jean-François Chanet (1996) sur les accommodements entre l’État et les petites patries, le central et le local, sont sans doute transposables à la situation du personnel enseignant primaire de Briançon, forcément rattrapée par les standards nationaux mais porteuse d’un héritage communal spécifique. Mona Ozouf, à laquelle nous nous référons à nouveau, cette fois pour conclure, parle, dans la préface qu’elle consacre à l’ouvrage de cet auteur, de l’équilibre entre « l’universalité et la particularité, la grande et la petite patrie. » (Chanet, 1996, préface). Ces éléments ont de facto influencé les orientations municipales tout en contribuant à une modification des liens et des rapports qu’elles ont eus avec le personnel de l’école, d’autant que

53

« pendant plusieurs décades, les mesures prises par l’État [ont] consolid[é] les corps des instituteurs. Le cadre administratif est confirmé : centralisation, organisation départementale, autorité hiérarchique, simplicités des divisions catégorielles. […]. La spécificité du corps dans la société [s’est] affirm[ée] grâce à une formation initiale et permanente plus solide, à une condition matérielle et morale améliorée, à une autonomie renforcée face aux autorités locales, au rôle unificateur et valorisant de l’inspecteur » (Gavoille, 2010, p. 155).

54 Du point de vue de la situation matérielle, les instituteurs briançonnais se situent dans le tiers supérieur des conditions générales françaises des enseignants si nous nous reportons aux nombreuses sources historiques étudiées (Antoine Prost, Jean Quéniart, Pierre Giolitto, Jean Gavoille ou Gilbert Nicolas). Cependant, il faut reconnaître que leur situation s’est dégradée quand nous la comparons à la période de la République des Escartons. Les instituteurs demandent régulièrement des subventions supplémentaires en raison de la cherté de la vie ou suite à des listes rallongées par l’inscription d’indigents, auxquels ils ne refusent jamais d’enseigner. Ils perçoivent néanmoins un salaire qui est confortable au regard d’autres emplois existant à Briançon. Ils sont également rétribués régulièrement par les élèves (la ville prend en charge les cotes irrécouvrables afin de ne pas pénaliser les revenus des enseignants). Cette situation, bien enviable à plus d’un titre pour de nombreux instituteurs français du xviiie ou xixe siècle, donne le sentiment qu’une spécificité briançonnaise perdure bien après la fin de sa république locale.

55 S’agissant des valeurs que véhiculent les instituteurs et de l’évolution de sa fonction, on constate des transformations. À la fin de l’Ancien Régime, la fonction enseignante à Briançon peut s’apparenter à un modèle corporatif, transmettant l’importance de l’instruction, son besoin quotidien pour la population et sa nécessité pour maintenir ses acquis mais sans professionnalisation au sens sociologique aujourd’hui utilisé. Le xixe siècle, au contraire, favorise peu à peu ce dernier modèle, avec notamment la mise en place de l’École Normale et des instituteurs aspirant à de nouvelles exigences, bien différentes des anciennes générations d’enseignants. À Briançon, le basculement entre ces deux modèles s’effectue au tournant de la décennie 1870. L’instituteur passe donc d’une référence où l’intérêt local est au centre, avec les valeurs que cela implique (entre autres, diffusion d’une instruction en lien avec l’industrie et le commerce local) à un cadre de référence national, avec des valeurs désormais plus relatives à sa fonction et moins à celle de la communauté qui l’accueille.

56 L’héritage des siècles précédents laisse donc une tradition de culture et de liberté qui marque encore les esprits et les pratiques jusqu’aux deux tiers du xixe siècle, même si la société évolue, n’a plus de fait les mêmes besoins en matière d’enseignement. Par ailleurs, les générations se succédant et la mémoire se diluant, la condition d’instituteur tend à se conformer au modèle national et y perd forcément de son originalité.

Notes

  • [1]
    L’ensemble des données archivistiques ne nous permet pas d’étendre notre étude aux institutrices. Bien que des sources existent, elles ne sont pas en nombre suffisant pour présenter leurs caractéristiques. Nous pouvons néanmoins préciser que l’enseignement féminin était géré par le couvent des Ursulines de la ville (entre 1632 et la Révolution) ainsi que par la ville, au moins depuis 1728. Cette date correspond à la première mention d’un enseignement public féminin dans les archives scolaires de la ville (AM Briançon, GG 110/24). La maîtresse est rétribuée tant par la ville que par les pères de familles. En outre, elle possède une salle de classe avec du mobilier fabriqué aux frais de la ville. Suite à la Révolution et à la fermeture du couvent des Ursulines, cette école publique féminine s’enrichit de plusieurs écoles particulières.
  • [2]
    « La population de Briançon » explique « qu’il [lui] est utile et nécessaire […] d’avoir en ladite ville de Briançon un recteur et maître des écoles des sept arts pour l’enseignement de [ses] enfants et qu’aux temps anciens ils avaient coutume d’en avoir ». In Archives Municipales de Briançon, GG 105/50, requête de Briançon à l’attention du gouverneur du Dauphiné, circa 1390.
  • [3]
    Selon Émile Durkheim, « le mot studium était, en effet, le plus employé pour indiquer la vie pédagogique qui se développait au sein de la corporation » (Durkheim, 1990 [1938], p. 106).
  • [4]
    Le bâtiment de l’école publique de la ville est de trois étages et de dix-huit toises au sol (soit environ 68 mètres carrés par étage). In AM Briançon, DD 97/1 p. 61, rapport effectué par les experts de la ville de Briançon entre le 08 et le 18 février 1692.
  • [5]
    L’enseignement journalier proposé à Briançon est de sept heures en hiver et de neuf heures en été. In AM Briançon, GG 112/7, bail d’engagement du 4 octobre 1739. À titre comparatif, au collège Louis le Grand, l’enseignement est de huit heures et quarante-cinq minutes par jour en 1769 (Franklin, 1998, p. 137 et 138).
  • [6]
    L’article 27 indique que « Nul ne sera reçu en cette ville pour maître d’école qu’il n’ait été examiné par deux avocats et un bourgeois commis par lequel conseil comme aussi seront ses gages résolus en lequel conseil ». In AM Briançon, BB 21/1, règlement de police de la ville, 1624.
  • [7]
    Les maîtres écrivains sont institués en 1570 en corporation comme « experts en écritures, calligraphes et aussi pour enseigner l’écriture et le calcul » (Fourrier, 1964, p. 143).
  • [8]
    AM Briançon, GG 110/22, bail d’engagement, 2 septembre 1728.
  • [9]
    AM Briançon, BB 29, pièce 1, bail d’engagement, 25 septembre 1718.
  • [10]
    Archives départementales des Hautes-Alpes, L51 p. 57, rapport de l’administration centrale, 25 frimaire an V (15 décembre 1795).
  • [11]
    Cette déclaration concerne deux instituteurs primaires et quatre professeurs du collège de Briançon. On trouve de nombreuses pièces relatives à ces déclarations aux AD Hautes-Alpes, 1T42/1, école secondaire de Briançon : correspondance, 1805-1808.
  • [12]
    AM Briançon, 1D9 p. 98-98 bis, délibération du conseil municipal, 3 novembre 1850.
  • [13]
    AM Briançon, 1R265 p. 8, registre du comité local d’instruction publique, 23 avril 1851.
  • [14]
    AM Briançon, 1D5 p. 191 bis, délibération concernant la formation pédagogique des instituteurs, 19 juillet 1818.
  • [15]
    Archives nationales, F/17*/82, inspection des écoles primaires, 1833.
  • [16]
    Les dix brevets se répartissent comme suit : deux brevets simple/élémentaire, deux brevets facultatifs, trois brevets complets/supérieur, deux brevets (niveau non précisé) et un brevet de capacité du second degré.
  • [17]
    Jean Guchet, un des instituteurs les plus distingués de son département, enseigne à Clisson. « Il rédige un mémoire de 144 pages, le plus long mémoire de l’Académie de Rennes et l’un des plus substantiels de toute la France » (Nicolas, 2012, p. 157). L’Inspecteur primaire, suite à sa lecture, apprécie le contenu et souhaite qu’il poursuive le concours.
  • [18]
    AM Briançon, 1R265 3/1/0/1, discours du maire, 6 septembre 1834.
  • [19]
    AD Hautes-Alpes, 1T20, État de situation des écoles de garçons et des écoles mixtes, 30 juin 1868.
  • [20]
    AM Briançon, 1R265 1/1/3/48, plainte du maréchal des logis adressée au maire, 9 mars 1877. À noter que cet instituteur cesse ces fonctions à la fin de cette année scolaire.
  • [21]
    On en trouve des traces dans d’autres départements. Cf. André D. Robert et F. Meyer-Crance « Jugements et peines à l’encontre des instituteurs et institutrices sanctionnés pour “fautes professionnelles” par le conseil départemental. L’exemple du département de l’Ain (1886-1913) », Carrefours de l’éducation, Hors-série n° 2, 135-157, novembre 2011.
  • [22]
    Sur les onze instituteurs en poste entre 1870 et 1886, les dossiers personnels mentionnent les lieux de naissance suivants : La grave et Molines (zone de Haute-Montagne), Les Crottes et Le Noyer (à proximité de Gap) Orpierre, Antanoves, Le Poët et Laragne (dans le sud du département, à la jonction avec les Alpes de Haute-Provence). À noter l’absence de deux dossiers personnels. In AD Hautes-Alpes, 1T IA 12, 1T IA 18, 1T IA 27, 1T IA 31, dossiers personnels des instituteurs.
  • [23]
    Jacques Gavoille, dans son ouvrage Du maître d’école à l’instituteur traite de cette mobilité enseignante. Il met en avant la rémunération, la taille du logement, les raisons de santé, le climat, l’isolement et le rapprochement familial. (2010, p. 165-173).
  • [24]
    La raison principale de ce refus est le mélange dans les mêmes classes des enfants pauvres ou peu aisés avec ceux de la bourgeoisie qui dérange. Par leurs mauvaises tenues vestimentaires et verbales les enfants peu aisés inciteraient les enfants de la bourgeoisie à partir vers le petit séminaire d’Embrun où seule l’élite est présente. In AM Briançon, 1R265 3/3/0/8, courrier du Conseil départemental de l’instruction publique, 7 janvier 1869.
  • [25]
    L’article 12 de la loi Guizot préconise que le traitement fixe ne peut être inférieur à 200 francs pour une école primaire. Vient ensuite la loi Falloux, qui elle, stipule à l’article 38 que le traitement des instituteurs communaux se composera : d’un traitement fixe minimum de 200 francs et du produit de la rétribution scolaire ; un supplément est accordé à tous ceux dont le traitement global n’atteint pas les 600 francs. Enfin, le décret du 19 avril 1862 mentionne que le traitement minimum des instituteurs devra être de 700 francs après cinq ans de service, de 800 francs après dix ans et de 900 francs au bout de quinze ans de service.
  • [26]
    Le 26 novembre 1882, le conseil municipal « vote une indemnité de 25 francs par classe pour le chauffage des classes. […]. En contrepartie de cette subvention, le conseil souhaite supprimer la répartition des frais de chauffage entre les familles et le recouvrement de ces frais, soit en argent, soit en nature ». In AM Briançon, 1R265 2/7/0/3, délibération du conseil municipal, 29 novembre 1882.
  • [27]
    AM Briançon, 1D6, p. 37, budget prévisionnel pour 1828, 16 janvier 1828.
  • [28]
    AM Briançon, 1D6-1D13, registre de délibérations, 1824 – 1893.
  • [29]
    Chiffre moyen relevé sur différentes années comprises entre 1839 et 1867. In AM Briançon, 1D9- 1D10, registre de délibérations 1847-1869 et AD Hautes-Alpes, 1T18, 1T19, 1T20, État de situation des écoles de garçons et des écoles mixtes, 1835-1867.
  • [30]
    « Les familles [briançonnaises et queyrassines] conservent précieusement les actes notariés, écrits en français. Ces fonds contiennent assez souvent des brouillons de testaments, mais aussi des engagements ou des contrats, rédigés sans l’aide du notaire, selon des modèles parfaitement intégrés, traduisant à coup sûr une pratique à la fois de la lecture et de l’écriture » (Granet-Abisset, 1996, p. 122).
  • [31]
    AM Briançon, 1D9 p. 193-193 bis, vote des trois centimes extraordinaires, 6 novembre 1853. La délibération mentionne : « Considérant qu’en présence de l’état financier actuel de la commune, il est à craindre qu’elle ne possède pas en 1854, des revenus ordinaires suffisants […]. En conséquence, après délibération, le conseil vote pour 1854 seulement, 3 centimes extraordinaires pour les dépenses de l’instruction primaire élémentaire et supérieure. »
  • [32]
    AM Briançon, 1D12 p. 30, vote des quatre centimes additionnels, délibération du 5 septembre 1875.
Français

Le xixe siècle, grâce à la promulgation de lois scolaires, permet une organisation de la fonction enseignante sur le territoire français. Cette fonction était préalablement représentée par une diversité de situations locales, majoritairement peu favorables à la condition enseignante. Or, à Briançon, cette situation apparaît plus enviable : en effet, les instituteurs possèdent déjà un statut suite à l’instauration dans leur région en 1343 d’un régime politique particulier, la République des Escartons.
En analysant le statut des instituteurs de Briançon – notamment sur la base d’un fonds d’archives scolaires communal en partie non exploité – l’article décrit les caractéristiques et l’évolution de ces instituteurs tant sur un large empan historique qu’au regard de la situation d’autres instituteurs français. Les résultats de cette étude mettent en évidence les conditions favorables dans lesquelles évoluent les instituteurs briançonnais et montrent qu’une certaine spécificité perdure bien après la Révolution. Cette situation privilégiée est donc le fruit d’un héritage historique mais aussi d’une politique locale qui a toujours promu le savoir comme une des conditions de sa liberté.

Mots-clés

  • enseignant
  • profil professionnel
  • condition de travail
  • école publique
  • politique en matière d’éducation
  • histoire de l’éducation
English

Primary School Teachers in Briançon from the 14th to the 19th Century: The Status of Precursors?

In the 19th century, the promulgation of school laws enabled the organisation of the role of teaching and teachers on the entirety of the French territory. This role had until then been characterised by the variety of its local situations, usually not very favourable to teachers. However, in Briançon, the status of teachers did seem rather more to be envied: there, primary school teachers already had a specific status, linked to the establishment in their region in 1343 of a specific political regime, the Escartons Republic.
By analysing the status of Briançon’s primary school teachers – in particular through a public school archive which had hitherto not been totally exploited – the paper describes the characteristics and the evolution of these teachers both from a broad historical perspective and in comparison with the situation of other French primary school teachers. The results show the favourable conditions specific to the teachers of the region and their duration long after the French revolution. This privileged situation is thus the result of history but also of local politics, which have always promulgated knowledge as a condition for regional freedom.

Keywords

  • teacher
  • professional profile
  • work conditions
  • public school
  • educational policy
  • history of education
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Angélique Blanc-Serra
Laboratoire éducation, cultures, politiques (ECP – ÉA 4571)
Université Lumière Lyon 2
angelique.serra@orange.fr
Mis en ligne sur Cairn.info le 02/07/2018
https://doi.org/10.3917/cdle.045.0129
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