CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1La grève des mégissiers de Graulhet qui démarre le 6 décembre 1909 et dure 147 jours s’inscrit dans un cycle contestataire puissant. Depuis 1906, le mouvement gréviste s’amplifie avec plus de 1000 grèves par an. Le conflit de Graulhet, qui fait suite à celui de Mazamet en 1909, est particulièrement spectaculaire avec ses milliers de manifestants, ses exodes d’enfants, ses vastes soupes communistes dont rend compte la presse nationale. Il conserve aussi une dimension mystérieuse. Les revendications ouvrières semblent incertaines et fluctuantes, entre exigences salariales, plaintes contre les mutations du travail et débats autour de l’hygiène. Au début de décembre 1909, ce sont les ouvrières qui votent la grève pour réclamer une augmentation de leurs salaires de 25 centimes (de 2 f à 2,25 f). Le lendemain, les hommes leur emboîtent le pas et exigent une réduction d’une demi-heure de la durée du travail (de 9 h 30 à 9 heures par jour), cette fois le patronat refuse.

2D’emblée, les origines du conflit font débat. Jaurès et L’Humanité tentent d’en fixer le sens. Le 17 janvier 1910, le député socialiste du Tarn interpelle ainsi le ministre du Travail René Viviani au Parlement sur les conditions de travail des ouvriers. L’interprétation des revendications ouvrières est un moment décisif du conflit, c’est elle qui fixe son sens, et donc sa légitimité, sa capacité à se faire entendre dans la société civile, au-delà de l’espace local. Jaurès livre une analyse extraordinaire, à la fois précise, informé et très sensible, de la situation des travailleurs [1]. Il rappelle que le conflit porte sur la durée des pauses accordées aux ouvriers. Il distingue deux raisons principales qui justifient l’augmentation de ces temps de pause :

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« La première est qu’ils sont menacés, par les conditions nouvelles de l’industrie à Graulhet, de chômage périodique, de chômages annuels toujours plus graves, et il leur parait sage, par une légère diminution de la durée de la journée de travail, de prolonger un peu la saison du travail même. La machine a été introduite depuis quelques années dans l’industrie de Graulhet ; elle n’y a pas eu l’effet que les ouvriers avaient pu redouter, de supprimer un certain nombre de travailleurs ou d’abaisser le salaire. La production, au contraire s’est accrue et les ouvriers présents dans les usines ont pu continuer à être employé. Mais tandis qu’autrefois, avec le travail à la main, le travail au chevalet qui se faisait avec une sorte de lenteur, le travail était réparti sur presque toute l’année, depuis quelques années, depuis que la machine a pénétré, depuis que les grands acheteurs, comptant sur la rapidité de production de la machine, ont exigé d’être fournis à certaines dates, l’industrie de Graulhet devient de plus en plus une industrie saisonnière […] C’est pour réagir un peu contre ce dérèglement du travail que les ouvriers demandent que, dans la saison où ils sont employés, la durée du travail quotidien ne soit pas démesurée, pour qu’un peu de ce travail ménagé soit reporté sur la période de chômage (Applaudissement à l’extrême gauche).
Et puis ils ont une autre raison pour demander que le quart d’heure du petit déjeuner et le quart d’heure du goûter soient étendus à une demi-heure, c’est qu’il s’agit d’une industrie parfois malsaine, toujours malpropre, où les ouvriers manient des substances répugnantes, des substances putrides, d’une odeur nauséabonde, intolérable ; ils manient en outre, pour le nettoyage des peaux, des substances chimiques qui, soit directement par le contact, soit indirectement par l’aspiration et l’absorption, sont nuisibles à la santé […] il y a des émanations de chlorures, de sulfures, toutes sortes de matières puantes ou nocives et quand ils arrivent à l’heure du déjeuner ils y arrivent saturés de ces exhalaisons, les mains malpropres […] Il leur arrive alors de n’avoir pas le temps, dans le quart d’heure qui leur est donné, de se laver, de se nettoyer, de prendre les précautions de propreté sans lesquelles un homme mange comme une bête, et les précautions d’hygiène sans lesquelles l’industrie devient particulièrement insalubre (Applaudissement à l’extrême gauche et à gauche) » [2].

4Dans l’interprétation jaurésienne, la réduction du temps de travail participe d’abord d’une stratégie pour maintenir le contrôle de la maind’œuvre sur le travail et son organisation, elle est nécessaire pour affronter la double menace de l’insalubrité des ateliers et de la mécanisation des tâches. Mais pour d’autres comme Léon de Seilhac, journaliste et collaborateur du Musée social, cette explication n’est qu’une invention mise en avant a posteriori pour légitimer le conflit. Selon Léon de Seilhac, la longue grève est d’abord née des excès du syndicat qui « réclame une réforme de la journée de travail, contre laquelle il sait que les patrons sont irréductibles » [3]. Dans les discours ouvriers il ne serait jamais question « du côté hygiénique de la réclamation » ; c’est « l’habile orateur » qu’est Jaurès qui aurait élaboré cet argument pour justifier une baisse du temps de travail alors même, constate Léon de Seilhac, que dans la mégisserie de Graulhet « la journée se trouve déjà plus réduite qu’ailleurs » [4]. Plutôt qu’une description de la grève, de ses modes d’action, de ses étapes et acteurs [5], l’objectif de cet article est de réfléchir aux racines du conflit en interrogeant quelques mutations expérimentées par les travailleurs du cuir à la Belle Époque. Pour comprendre cette grève, son ampleur, ses significations plurielles, il convient en effet de s’attacher aux formes concrètes du travail et de ses mutations [6].

L’organisation du travail et les racines du conflit

5Au début du XXe siècle, Graulhet – peuplé de seulement 6 000 habitants – est le premier centre de mégisserie en France. Le travail de la peau y est présent depuis l’époque moderne car la région offre tous les éléments indispensables à cette industrie : l’élevage, la forêt (pour le tanin) et l’eau (le Dadou avec une eau presque neutre, idéale pour traiter les peaux). La mégisserie s’était fortement développée dans la deuxième moitié du XIXe siècle en lien étroit avec le centre de délainage de Mazamet d’où étaient importé les cuirots, c’est-à-dire la peau brute délainée et séchée [7]. En 1909, à la veille du conflit, Graulhet possède 80 mégisseries de taille très variables : plus de deux cent ouvriers sont regroupés dans les usines les plus grosses contre seulement trois ou quatre pour les plus petites, en tout ce sont quelques 2 000 ouvriers, dont près de 500 femmes, qui sont occupés dans les ateliers de la ville. Le travail de mégisserie comprend de nombreuses étapes, depuis la réception des peaux brutes jusqu’au finissage des peaux tannées, c’est-à-dire possédant des propriétés qui assurent sa conservation. Mais on peut distinguer trois phases principales. La première est le travail dit de rivière qui vise à nettoyer les peaux, à les débarrasser des souillures et des substances solubles et à lui faire absorber le plus d’eau possible pour leur rendre leur souplesse. Pour cela on les met dans des bassins avec de la chaux pour enlever le poil (mise en pelain) puis les peaux sont dépoilées : il s’agit d’un travail fait soit à la main grâce à un couteau passé sur la peau, soit de plus en plus à la machine avec une lame hélicoïdale qui racle les peaux. Le dépoilage à la main au chevalet est une activité collective qui apparaît bien dans le cadrage horizontal et dans la composition de la photographie ci-dessous : la différence de statut attaché aux divers ouvriers apparaît dans leur position et leurs vêtements (chemises blanches contre gilet symbolisant le contremaitre). Vient enfin le nettoyage final durant lequel les mauvaises parties de la peau sont découpées (rognage).

Dépoilage « traditionnel » au chevalet[8]

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Dépoilage « traditionnel » au chevalet[8]

6La seconde étape est le tannage proprement dit : dans la salle des confits, les peaux sont mises dans de grands bacs afin de finir d’être nettoyées avant d’être tannées et séchées. Le tannage consiste à rendre la peau souple et imputrescible par l’action de substances végétales ou par le chrome. Le travail de rivière et le tannage sont principalement l’affaire des hommes. Viennent enfin, les opérations de finissage ou travail en chambre. Elles sont destinées à donner à la surface du cuir son aspect marchand définitif. Parmi ces finitions il y a d’abord l’activité réalisée par les ouvriers palissonneurs qui amincissent et assouplissent les peaux à l’aide d’un couteau tranchant. L’ouvrier palissonneur est lettré, il représente le type même de l’artisan nouvellement prolétarisé, en général mieux payé que le reste de la main-d’œuvre car sa tâche est essentielle pour donner sa qualité au produit [9]. Une dernière activité de finition était le débordage généralement réalisée par des femmes et consistant à découper le tour des peaux.

Atelier de débordage mécanique

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Atelier de débordage mécanique

7Au début de décembre 1909, les ouvrières de Graulhet votent la grève et obtiennent une augmentation de 25 centimes. Le lendemain, les hommes leur emboîtent le pas et demandent que les temps de pause du matin et de l’après-midi passent d’un quart d’heure à une demi-heure, cette fois le patronat refuse et la grève éclate. Ces deux revendications étaient fréquentes dans le monde du travail [10]. Mais la question porte sur l’interprétation et le sens de cette demande : pourquoi la main-d’œuvre masculine demande-t-elle une diminution de la durée du travail ? Pour le préfet du Tarn, comme pour Léon de Seilhac, cette demande s’inscrit d’abord dans une stratégie plus large des syndicats pour « obtenir progressivement la journée de neuf heures », la grève de Graulhet serait dèslors instrumentalisée pour faire avancer cette revendication au niveau national [11]. Pour le préfet et le patronat, la main-d’œuvre se désintéresserait de cette demande, seuls les leaders syndicaux de la CGT l’auraient mis au premier plan de leurs revendications. Lors du congrès de Fougères de 1909, quelques semaines avant le début du conflit de Graulhet, Raymond Calvignac – le secrétaire du syndicat des ouvriers moutonniers de Graulhet – promet en effet que « à Graulhet, [nous pourrons] obtenir les neuf heures et même les huit heures quand nous le voudrons. Il suffira de faire marcher notre force » [12]. Cette revendication s’inscrit alors dans une dynamique puissante : en novembre 1908 une grande grève victorieuse avait déjà éclaté à Graulhet et avait aboutit à la réduction du temps de travail à 9 heures pour les femmes et 9 heures et demie pour les hommes.

8Les premiers à suggérer que cette réduction est liée à des problèmes d’hygiène sont les frères Bonneff, ils publient dans L’Humanité du 1er janvier un article expliquant « Pourquoi la Grève se prolonge à Graulhet ». À partir de leur excellente connaissance des ateliers, les deux auteurs de la Vie tragique des travailleurs (1908) rappellent en effet que «les ouvriers et ouvrières qui exécutent les travaux de mégisserie et de tannage sont exposés aux atteintes terribles du charbon ». Par ailleurs, « les machines – très nombreuses en cette industrie – provoquent de fréquents accidents [13]». Dix jours plus tard, ils publient un nouvel article sur les mégissiers et proposent une analyse détaillée de l’insalubrité du travail [14].
Le lendemain, Jaurès arrive à Graulhet pour soutenir les travailleurs en lutte. Il rencontre successivement le maire, le préfet, le sous-préfet, le comité de grève, il se rend ensuite à la rencontre des patrons pour tenter une conciliation comme les grévistes le lui ont demandé. Mais cette démarche se solde par un échec, Jaurès promet alors d’interpeller le gouvernement afin de débloquer la situation en lui demandant d’user de ses pouvoirs pour obliger les patrons, en vertu des lois d’hygiène et de salubrité, d’accorder la demi-heure de pose réclamée pour tout compromis par les ouvriers. C’est ce qu’il fait le 17 janvier dans son interpellation à la Chambre déjà évoquée. Dans le débat qui suit, le ministre Viviani reconnaît d’ailleurs la véracité de ses analyses et s’appuie sur des rapports de l’inspecteur du travail pour montrer l’insalubrité de la profession et les nombreuses infractions à la législation, c’est le directeur du travail Arthur Fontaine qui avait lui-même préparé la réponse lue par le ministre [15]. Le député du Tarn Joseph de Belcastel, adversaire local de Jaurès, confirme également son tableau tout en le qualifiant de trop « pessimiste » et en s’efforçant de défendre le patronat.
D’emblée la lutte des travailleurs de Graulhet s’insère dans des enjeux qui les dépassent : leurs revendications sont instrumentalisées dans les congrès syndicaux ou au parlement pour défendre divers projets réformateurs. L’efficacité et l’issue du conflit dépendent de la capacité de ces différents acteurs à imposer leur interprétation et à obtenir le soutien des pouvoirs et de l’opinion publique.

La mécanisation en débat

9Pour Jaurès, la mécanisation a introduit une perturbation dans le travail en accentuant les phases de chômage saisonnier. Par la réduction de la durée travail journalier, la main-d’œuvre chercherait à restaurer l’équilibre disparu. Les liens entre machinisme et réduction de la durée du travail sont confirmés lors du congrès de la CGT organisé à Graulhet en 1911. Les délégués des mégissiers de Millau déposent une motion prévoyant « comme principe que, lorsqu’une machine quelconque sera introduite dans un atelier de mégisserie, tannerie, etc., le Syndicat, immédiatement, exigera une diminution des heures de travail correspondant aux chômages résultant du travail mécanique » [16].
À partir des années 1890-1900 on assiste en effet à un éclatement du cadre traditionnel du travail et à un processus de concentration favorable à l’introduction des nouveaux procédés. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le développement du délainage à Mazamet et la mondialisation des échanges, qui permet d’importer les peaux étrangères et de les réexporter une fois transformées, poussent à la modernisation de l’outillage. À Graulhet, quelques gros fabricants bouleversent ainsi l’ancienne structure artisanale en introduisant des procédés mécaniques pour réaliser certaines opérations comme le dépoilage.

Dépoilage mécanique

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Dépoilage mécanique

10Alors que l’atelier de dépoilage à la main révélait le caractère collectif du travail, c’est au contraire l’individualité de l’opération à la machine qui apparaît dans cette photographie : l’ouvrier travaillant sur la machine à dépoiler est présenté seul, sans contremaître, vêtu d’une chemise sombre qui caractérise les ouvriers chargés de la manutention ; il porte des vêtements très différents de ceux portés par le groupe des dépoileurs à la main ; il ne semble pas être du même monde et apparaît plus proche des ouvriers de base. Cela n’indique-t-il pas que le travail sur machine est effectué par du personnel non professionnel ?
Face à ce type de transformations, les organisations syndicales réagissent très tôt. À Graulhet le premier syndicat apparaît en 1879. La question du machinisme émerge rapidement dans les débats internes au métier. En 1889, une grève mal connue contre l’emploi des mécaniques éclate dans la ville : petits fabricants et main-d’œuvre protestent conjointement contre les gros fabricants modernisateurs, la grève dure plusieurs mois et les usines mécanisées sont mises à l’index [17]. Dans les années qui suivent, les organisations syndicales s’efforcent d’atténuer les effets de cette mécanisation (féminisation de la main-d’œuvre et hausse du chômage durant les périodes de presse) en recourant à une large panoplie de stratégies. Une fédération nationale des syndicats des ouvriers mégissiers voit ainsi le jour. Le premier congrès est réuni à l’initiative de la Chambre syndicale de Grenoble en 1893. Une presse professionnelle apparaît et les effectifs s’accroissent régulièrement, Graulhet fournit les contingents les plus importants.

Effectif de la fédération nationale des mégissiers au 31 décembre 1898[18]

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Annonay 1000 membres Carcassonne 49 Chaumont 210 Graulhet 1210 Grenoble 300 Millau 190 Paris 160 Total 3119 membres

Effectif de la fédération nationale des mégissiers au 31 décembre 1898[18]

11Dans cette presse syndicale, la question des machines revient d’une façon récurrente. En 1896, un ouvrier constate que « de toutes ces inventions, il n’en vaudrait que mieux pour l’ouvrier si elles n’avaient jamais vu le jour » :

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« Les progrès constants et le développement successif du mécanisme n’ont été jusqu’à ce jour qu’un leurre pour le salarié. L’homme aux muscles de fer supplée ou plutôt remplace l’ouvrier au moins pour une bonne moitié, car insensiblement, et sans s’en douter, il est impitoyablement jeté sur le pavé par celui-là même en qui il avait cru voir un auxiliaire inoffensif et peu redoutable. Amère et dure déception ! La machine, au lieu d’être une source de repos et de loisirs pour le travailleur, est une des causes principales qui aident à le rendre plus malheureux, parce que, en se substituant à lui, elle le contraint à chômer malgré qu’il le veuille, et de ce fait le prive de son gagne-pain. Voilà les conséquences inévitables et les résultats funestes des inventions et des perfectionnements mal compris du machinisme » [19].

13Dans un article de 1898, l’auteur constate que « le machinisme n’épargne pas plus la mégisserie de Graulhet que les autres centres de mégisserie et les autres branches de l’industrie, et cela d’autant plus facilement que les peaux de moutons que l’on façonne à Graulhet offrent plus de résistance que les peaux de chevreaux ou d’agneaux, trop délicates pour se prêter à l’action de la machine » [20]. Il rappelle aussi les luttes contre la mécanisation : le syndicat avait demandé la suppression des machines, face au refus il avait imposé des normes d’embauche, notamment un système tournant en cas de chômage massif. Les organisations syndicales s’efforcent de réguler l’utilisation des nouveaux procédés en instaurant un cadre juridique et en négociant des contreparties salariales. La mécanisation justifie la mise en place des syndicats :

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« Aux travailleurs des corps de métiers en cuirs et peaux d’être donc prévoyants en s’apprêtant à pouvoir y porter remède en formant de puissantes organisations syndicales, nationales et internationales, car il ne s’agira pas de crier gare le jour où le monstre de fer viendra prendre à l’atelier la place de l’outillage humain » [21].

15À Saint-Junien, on dénonce aussi le « péril imminent » que représente « l’introduction des machines » :

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« Leur utilisation supprime des ouvriers. Il faut que les Syndicats s’attachent à obtenir que le fonctionnement de ces machines ne soit confié qu’à des ouvriers syndiqués bien payés et non à des manœuvres. Les machines doivent fonctionner à côté des ouvriers et non contre eux. Il faut que les Syndicats manœuvrent en vue d’obtenir – dans un temps donné – la journée de dix heures, de neuf heures, de 8 heures, avec tarifs minima en rapport avec le vivre de chaque localité » [22].

17Les plaintes contre les machines se retrouvent fréquemment dans les résolutions adoptées par les syndicats. Lors du 6e congrès qui se tient à Graulhet en 1899, la question des machines occupe toujours une place importante dans les rapports des délégués. Presque tous déplorent les effets de la mécanisation, celui de Graulhet souligne que :

« Depuis 1895, la machine fait une grande concurrence et occasionne tous les ans un chômage considérable. En effet, l’année 1898 et une partie de 1899, nous avons eu 3 à 400 chômeurs. En 1879, il se faisait en moyenne 4000 douzaines de peaux par mois, à l’heure actuelle le chiffre arrive à 100 000 par an suite de l’activité de l’ouvrier et de la concurrence de la machine » [23].
Pour autant, la mécanisation n’est plus contestée en tant que telle et le délégué d’Annonay prend soin de souligner que les travailleurs ne doivent pas tourner leur colère contre les machines. Depuis les années 1860, le monde du travail ne conteste plus les nouvelles méthodes mécaniques, et la mégisserie est l’un des rares secteurs où des grèves éclatent encore pour protester contre le changement technique [24]. La mécanisation apparaît de plus en plus comme nécessaire aux syndicats mégissiers, et cela pour trois raisons principales : tout d’abord, « la loi du progrès » ellemême qui ne saurait être contestée ; en second lieu, la nécessité de la concurrence internationale qui contraint les patrons à s’aligner sur les méthodes les plus récentes ; enfin, et c’est un argument qui prend de plus en plus d’importance dans la rhétorique syndicale et professionnelle : l’argument hygiénique. « La suppression de ce travail ne doit pas être regrettée parce qu’il y a une question d’hygiène, et que ce travail était très dangereux pour la santé des ouvriers » [25]. L’amélioration de l’hygiène professionnelle devient un argument pour acclimater les nouvelles méthodes de travail, tout comme elle justifie l’extension de la pause casse-croute.

Le spectre du charbon et l’hygiène des mégisseries

18Pour Jaurès, l’insalubrité du métier est la seconde raison qui justifie l’augmentation des temps de pause d’un quart d’heure. L’hygiène et la sécurité du travail ne représentent que 1,6 % du total des revendications des grévistes dans les dernières décennies du XIXe siècle, mais ces revendications sont néanmoins sous-jacentes à de nombreuses revendications sur le temps de travail [26]. L’idée qui a longtemps dominé était que dans le domaine de l’hygiène et des maladies professionnelles les ouvriers étaient les spectateurs passifs de débats entre experts. Il est vrai que, comme l’a montré Madeleine Rebérioux, le mouvement ouvrier et syndical de la Belle Époque semblait globalement indifférent aux questions d’hygiène et de santé au travail [27]. Mais des travaux récents insistent de plus en plus sur le rôle actif des organisations syndicales et des mobilisations collectives, dans les questions d’hygiène des ateliers [28].

19À la fin du XIXe siècle, L’hygiène du travail devient un thème important du discours syndical et un enjeu majeur dans la relation triangulaire du monde ouvrier avec les industriels et les instances gouvernementales. À partir des années 1880-1890, l’ouvrier devient plus attentif à son corps. De 1904 à 1911, des fédérations de métiers adhérentes à la CGT se retrouvent régulièrement dans le cadre des congrès d’hygiène des travailleurs, et les revendications particulières des professions s’y font entendre [29]. La situation est néanmoins très variable selon les secteurs : si les chapeliers tiennent le sujet à la marge de leurs discussions, les travailleurs des manufactures de l’État (allumettes et tabacs) formulent en revanche d’importantes revendications sanitaires. Les verriers quant à eux font de l’hygiène un sujet fédérateur et un élément central de leur lutte pour la survie. Les mégissiers se rapprochent de la situation des verriers, même s’ils parviennent plus difficilement à se faire entendre.

20La mégisserie est considérée comme une industrie insalubre depuis longtemps. Ramazzini affirmait déjà la dangerosité de ce travail. Mais l’intérêt pour l’hygiène des mégisseries se développe surtout dans la deuxième moitié du XIXe siècle [30]. Sous le Second Empire, alors que l’hygiénisme industriel s’affirme comme une discipline spécifique, divers travaux prennent les mégisseries comme terrain d’enquête. Le docteur Armieux publie en 1853 un article sur les maladies des doigts propres à cette profession qu’on appelle « le choléra des mégissiers », le « pigeonneau » ou le « rossignol », car l’ouvrier atteint de ce mal crie de douleur. Pour lui, cette maladie est bénigne, il suffirait de porter des gants pour la faire disparaître, mais la main-d’œuvre s’y refuse : « Je l’ai conseillé, on m’a répondu invariablement : « Ce n’est pas l’habitude, tant il est vrai que la routine est le plus terrible et le plus incurable de tous les maux. » [31]

21Cette formule est souvent reprise par la suite comme un symbole du refus de la main-d’œuvre de prêter attention aux questions d’hygiène. Quelques années plus tard, le docteur Beaugrand, sous-bibliothécaire à la Faculté de médecine de Paris, se propose de résoudre au moyen d’outils statistiques la question de savoir si le travail de mégisserie est salubre ou insalubre. Fidèle au discours médical et industrialiste du temps, l’auteur insiste sur son innocuité, ce n’est pas le métier qui explique les maladies professionnelles mais l’inconduite et l’alcoolisme [32]. Cette position est largement reprise par la suite, notamment chez le docteur Bastié, médecin de l’hospice de Graulhet et auteur d’une monographie sur la commune. Pour expliquer les taux de mortalité élevée dans la profession, il met en avant l’alcoolisme qui se serait développé à Graulhet à la suite de la multiplication des cafés (de trois réservés à la bourgeoisie à une trentaine selon lui vers 1899) [33].

22Au début du XXe siècle, une nouvelle menace apparaît dans le monde des mégissiers : le « charbon industriel ». Cette maladie infectieuse provenait d’une exposition à des spores d’animaux infectés ou de produits animaux contaminés. Dès 1899 la presse syndicale publie et discute les rapports officiels sur le charbon des mégissiers [34]. Le charbon, bien connu à Mazamet, n’apparaît à Graulhet que dans les années qui précèdent la grève de 1910. Cette maladie touchait principalement les ouvriers de rivière qui interviennent avant le tannage, or les industriels de Graulhet achetaient les cuirots à Mazamet et la main-d’œuvre était donc préservée. Pourtant, entre février 1906 et août 1909, 11 cas de charbon sont recensés dans les mégisseries Graulhétoises et plusieurs décès ont lieu dans la ville en 1908-1909. Cette épidémie frappe les esprits et inquiète, elle s’explique logiquement par les transformations de la production bien entrevues par l’inspecteur du travail :

« Les mégissiers de Graulhet qui, désireux de se libérer des exigences des délaineurs mazamétains qui tenaient très haut le prix de leurs cuirots, essayèrent de délainer eux-mêmes les peaux qu’ils tannaient. C’est en 1908 que cette tentative se généralisa ; or, le plus grand nombre des cas de charbon que j’ai enregistrés à Graulhet, se rapporte à cette année 1908. Depuis, en raison des mécomptes auxquels il donna lieu, cet essai a été abandonné » [35].
La multiplication des cas de charbon résulte du désir d’indépendance qui s’empare des fabricants de Graulhet autour de 1906. Le charbon s’impose dès lors au premier plan de l’actualité syndicale, elle entretient l’agitation, durcit les rapports de classe et la méfiance entre maind’œuvre et patronat. Pour lutter contre ce « charbon industriel », les médecins conseillent l’adoption de mesures d’hygiène très strictes, mais les vestiaires et lavabos permettant aux ouvriers de se laver restent en nombre insuffisant [36].

Affiche type apposée dans les mégisseries[37]

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Affiche type apposée dans les mégisseries[37]

23Par ailleurs, comme l’explique Jaurès au parlement, le quart d’heure de pause ne suffit pas pour permettre aux ouvriers de se laver correctement, et donc empêcher la contagion. La revendication ouvrière sur la durée du travail s’enracine dans la controverse médicale qui fait rage. Par ailleurs, la pause casse-croûtes dans les ateliers, pourtant accusée de favoriser la maladie, est tolérée par le ministre. La direction du Travail s’était contentée d’adresser en 1908 une circulaire aux inspecteurs du travail les invitant à donner des « conseils » aux intéressés, et à diffuser des affiches dans les ateliers.

24Alors que le nombre des cas ne cesse d’augmenter, se pose la question de l’indemnisation des victimes. La France n’ayant aucune réglementation sur la maladie professionnelle, la Cour de cassation assimile le charbon à un accident du travail, seul moyen pour pallier le vide législatif créé par le libéralisme du Sénat républicain. Cela permet une prise en charge en vertu de la loi de 1898 sur les accidents du travail. Le débat fait rage pour savoir si le charbon doit être classé parmi les maladies professionnelles ou les accidents du travail [38]. En 1909, un nouveau projet est d’ailleurs à l’étude lorsqu’éclate le conflit de Graulhet. En mettant en lumière l’insalubrité de la profession, la grève devient l’occasion pour Jaurès de révéler ces enjeux et, en devenant le porte-parole des ouvriers menacés, il en profite pour faire avancer les réformes sanitaires. Le cas du charbon illustre parfaitement la lenteur du pouvoir réglementaire de l’époque à reconnaître la réalité d’une maladie professionnelle. Mais le conflit contribue à faire évoluer la législation puisque le décret du 22 août 1910 reconnaît finalement le charbon comme maladie professionnelle, sa déclaration est rendue obligatoire, les chefs d’établissements concernés devront faire examiner par un médecin désigné « tout ouvrier atteint soit d’un bouton, soit d’une coupure, écorchure ou gerçure non cicatrisée après trois jours de pansement à l’usine » [39]. Il renforce par ailleurs les réglementations hygiéniques dans les ateliers (obligation de lavabos, vêtements de protection….), ce qui entraîne d’ailleurs de nouvelles plaintes du patronat mégissiers de Graulhet soucieux de préserver la compétitivité de ses usines [40].
Au terme de ce parcours dans l’univers des mégissiers, il semble que l’on puisse conclure que Jaurès avait raison contre Léon de Seilhac. Dans son discours à la Chambre il synthétise les débats qui agitaient de façon souterraine la mégisserie depuis plusieurs décennies, qu’il s’agisse du machinisme ou de la santé au travail. Il devient le médiateur dans l’espace public des revendications de la main-d’œuvre, il est celui qui transcende les singularités de l’expérience du travail à Graulhet pour poser des questions d’ordre plus général sur les effets sociaux de la mécanisation et la législation sanitaire. Au terme de 147 jours d’un conflit très vifs, la grève se termine finalement le 2 mai avec la reprise générale. C’est apparemment un échec puisque le syndicat en sort très affaibli et les revendications sur le temps de travail ne sont pas satisfaites, mais ce fut aussi une victoire qui contribua à rendre visible la nécessité des réformes sociales.

Grève de Graulhet. Manifestation sur le Pont Neuf

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Grève de Graulhet. Manifestation sur le Pont Neuf

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Notes

  • [1]
    Rolande Trempé, « Jaurès et les grèves », in Jaurès et la classe ouvrière, Paris, Les Éditions ouvrières, 1981, pp. 101-111.
  • [2]
    Interpellation du ministre du Travail à la Chambre par Jaurès le 17 janvier 1910.
  • [3]
    Léon de Seilhac, Les grèves du Tarn. Mazamet et Graulhet (1909-1910), Paris, Arthur Rousseau, 1910, p. 82.
  • [4]
    Ibid., pp. 85-86.
  • [5]
    Il n’existe pas de travail de référence sur ce conflit, on trouve néanmoins une présentation des principales étapes de la grève dans le récit de fiction appuyé sur les archives locales de Monique Fauré, Le Journal de Jeanne. Une ouvrière pendant la grande grève de Graulhet en 1910, Graulhet, Édition Futurs antérieurs, 2009 ; M. Bermond, Syndicalisme et revendications ouvrières à Graulhet de 1880 à 1914, Mémoire de maîtrise, sous la dir. de R. Trempé, Faculté des Lettres de Toulouse, 1971.
  • [6]
    Rappelons que la mégisserie consiste à rendre la peau souple et imputrescible par l’action de substances végétales ou par le chrome. Alors que la tannerie désigne l’industrie qui traite les peaux de bovins, la mégisserie désigne quant à elle le travail sur les peaux plus petites d’ovins. L’histoire de cette activité et de ses transformations demeure assez mal connue et, comme le note justement l’ethnologue Eva Halasz Csiba, il existe un grand décalage entre le rôle majeur que le cuir a joué dans la culture matérielle des sociétés européennes et la connaissance lacunaire qu’on a de cette activité et de l’évolution de ses techniques de production : E. Halasz-Csiba, « Le Tan et le Temps. Changements techniques et dimension historique du tannage en France (XIVe-XVIIIe siècles) », Techniques & Culture, n° 38, 2002.
  • [7]
    Rémy Cazals, Les révolutions industrielles à Mazamet, 1750-1900, Paris, La Découverte/Maspero, 1983 et Avec les ouvriers de Mazamet dans la grève et l’action quotidienne, 1900-1914, 2e éd., Carcassonne, CLFE, 1995.
  • [8]
    Les photos que nous reproduisons ont été publiées dans le journal L’Illustration en 1920 et proviennent de la mégisserie Briançon d’Annonay. Cette série a été réalisée avec une finalité documentaire et pédagogique, elle présente de façon claire les principales étapes du processus de production à l’époque de la grève de Graulhet, même si les techniques varient selon les lieux, les usines, les moments selon une infinité de caractéristiques ; cf. B. Ganne, « La mégisserie Élie Briançon père et fils », in Michel Peroni, Jacques Roux (dir.), Le travail photographié, Paris, CNRS Éditions, 1996, pp. 57-81.
  • [9]
    Christian Dupuy, Saint-Junien, un bastion anarchiste en Haute-Vienne (1893-1923), Limoges, PULIM, 2003.
  • [10]
    Michelle Perrot, Les ouvriers en grève, France (1871-1890), Paris-La Haye, Mouton, 2 vol., 1974 ; François Guedj, Gérard Vindt, Le temps de travail, une histoire conflictuelle, Paris, Syros, 1997.
  • [11]
    Archives nationales (AN), F7 13867 Rapport du préfet, Albi, 15 décembre 1909.
  • [12]
    Arch. dép. Seine-Saint-Denis, 48 J 1 : Fédération nationale des cuirs et peaux (CGT), Congrès de Fougères, 20-23 septembre 1909, p. 91.
  • [13]
    L’Humanité, 1er janvier 1910
  • [14]
    Léon et Maurice Bonneff, « Le travail des cuirs et peaux », L’Humanité, 10 janvier 1910.
  • [15]
    Michel Cointepas, Arthur Fontaine (1860-1931). Un réformateur, pacifiste et mécène au sommet de la Troisième République, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008.
  • [16]
    Arch. dép. Seine-Saint-Denis, 48 J 1 : Fédération nationale des cuirs et peaux (CGT), Congrès de Graulhet, 25-28 septembre 1911, p. 45.
  • [17]
    M. Perrot, Les ouvriers en grève…, op. cit., p. 263.
  • [18]
    Office du travail, Les associations professionnelles ouvrières, Tome II : Cuirs et peaux – industries textiles – habillement, ameublement, travail du bois, Paris, Imprimerie nationale, 1899.
  • [19]
    E. Renaudot, « Le rôle de la vapeur dans l’industrie de la mégisserie », Le Mégissier, n° 14, 1er novembre 1896.
  • [20]
    P. Béraud, « À Graulhet », Le Mégissier, n° 28, 1er janvier 1898.
  • [21]
    « L’introduction de la machine dans la mégisserie et la Teinturerie des Peaux », Le Mégissier, n° 23, 1er août 1897.
  • [22]
    J. Glaneur, « Saint-Junien. Le jeu des syndicats patronaux et des syndicats ouvriers », Le Mégissier, n° 45, juin-juillet 1899.
  • [23]
    Le Mégissier, n° 47, septembre 1899.
  • [24]
    Sur les conflits qui accompagnent la mécanisation au XIXe siècle et leur délégitimassions progressive, voir François Jarrige, Au temps des tueuses de bras. Les bris de machines à l’aube de l’ère industrielle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.
  • [25]
    Le Mégissier, n° 47, septembre 1899, rapport des mégissiers d’Annonay.
  • [26]
    M. Perrot, Les ouvriers en grève, France, op. cit., pp. 270-280.
  • [27]
    Madeleine Rebérioux, « Mouvement syndical et santé en France, 1880-1914 », Prévenir, n° 18, 1er semestre 1989, pp. 15-30, repris dans Parcours engagés dans la France contemporaine, Paris, Belin, 1999, pp. 261-283.
  • [28]
    Caroline Moriceau, Les douleurs de l’industrie. L’hygiénisme industriel en France (1860-1914), Paris, Editions de l’EHESS, 2009 ; Jean-Claude Devinck affirme ainsi que l’historiographie a minimisé le rôle des mobilisations ouvrières dans l’émergence des maladies professionnelles comme enjeu politique : « Pour une histoire par en bas de la santé au travail. Entretien avec J.-C. Devinck », Mouvements, 2009/2, n° 58, pp. 68-78.
  • [29]
    Michel Bouillé, « Les congrès d’hygiène des travailleurs au début du siècle 1904-1911 », Le Mouvement social, n° 161, 1992, pp. 43-66.En ligne
  • [30]
    Gaston Bompaire (Dr), Étude sur les maladies charbonneuses observées chez les mégissiers de Millau (Aveyron), Paris, A. Coccoz, 1877 ; Carlos Mennessier, Les affections professionnelles des ouvriers mégissiers, Paris, 1892 ; Paul Lhuillier, Ulcérations professionnelles des mains chez les ouvriers qui travaillent les peaux, et principalement chez les mégissiers, les tanneurs et les teinturiers en peaux (le pigeonneau), Paris, A. Maloine, 1901.
  • [31]
    Armieux, « Du rossignol et du cholera des doigts chez les mégissiers », Gazette des hôpitaux, 3 septembre 1853.
  • [32]
    Dr Beaugrand, « Recherches historiques et statistiques sur les maladies des ouvriers qui préparent les peaux en général et sur celles des tanneurs en particulier », Annales d’hygiène publique et de médecine légale, tome XVIII, 1862, p. 241-280.
  • [33]
    Maurice Bastié, L’Hygiène et l’industrie ou Graulhet en 1899, Albi, Imprimerie Henri Amalric, 1899.
  • [34]
    « Le charbon des mégissiers (Bulletin de l’Office du Travail, décembre 1897) », Le Mégissier, n° 29, 1er février 1898.
  • [35]
    AN, F22 522 : rapport de l’inspecteur du travail Cavaillé, Castres, le 29 décembre 1910.
  • [36]
    Le médecin André Guy qualifie le charbon de « maladie des mains sales » et souligne qu’« à l’usine, la propreté individuelle, le savonnage avec brossage soigneux des mains et surtout des ongles sera le mode de prophylaxie le plus efficace », Le Charbon de l’homme considéré comme accident du travail et spécialement dans les milieux industriels du Tarn, Paris, C. Bougault, 1912, p. 87.
  • [37]
    AN, F22 521 : précautions à prendre contre la septicémie charbonneuse.
  • [38]
    Adolphe Debray, Le Charbon industriel, maladie ou accident professionnels, Paris, 1906 ; J. Cavaillé, Le Charbon professionnel, Paris, Berger-Levrault, 1911.
  • [39]
    Vincent Viet, Les voltigeurs de la république. L’inspection du travail en France jusqu’en 1914, Paris, Éditions du CNRS, 1994, 2 vol., p. 513.
  • [40]
    AN, F22 521 : Rapport de l’inspecteur du travail, 29 décembre 1910.
François Jarrige
Université de Bourgogne
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Mis en ligne sur Cairn.info le 13/04/2011
https://doi.org/10.3917/cj.199.0009
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