CAIRN.INFO : Matières à réflexion
À Livia
Des opprimés vient la contestation radicale qu’on peut penser le monde en termes d’essences. D’eux surgit le savoir que rien ne se passe qui ne soit histoire
(Guillaumin, « Femmes et théories de la société : remarques sur les effets théoriques de la colère des opprimées », 1981)

Penser une actualité anti-minoritaire avec Colette Guillaumin [1]

1Au printemps 2019, en écho à diverses controverses qui ont traversé le champ politique français, les questions minoritaires [2] ont fait la une de plusieurs hebdomadaires. Pour n’en citer que quelques exemples, en avril, Marianne la consacre à « L’offensive des obsédés de la race, du sexe, du genre, de l’identité », en mai Le Figaro Magazine s’attaque au « Grand noyautage des universités par le décolonialisme, l’islamo-gauchisme et la théorie du genre » et Valeurs Actuelles à « La nouvelle terreur féministe : actions violentes, théorie du genre, PMA, parité, écriture inclusive. Enquête sur une inquisition » [3]. Ces couvertures reflètent des plus vastes campagnes menées au cours des années 2010 contre les savoirs minoritaires dans le champ médiatique et politique français. Elles se caractérisent par le fait de cibler l’usage de certains concepts employés dans le champ du savoir et dans le champ militant pour penser la minoration subie dont certains – racisation, blanchité, non-mixité raciale – ont été qualifiés en 2017 par Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, de « mots les plus épouvantables du vocabulaire politique » [4].

2Dès le début des années 1970, Colette Guillaumin s’est interrogée sur les conséquences de l’irruption des savoirs minoritaires dans la théorie et dans la société et a montré qu’ils sont attaqués de manière systématique et récurrente. Dans son œuvre, elle étudie ce qu’elle a appelé « les effets théoriques de la colère des opprimé·e·s » et explique que les analyses minoritaires sont porteuses d’une mise en question radicale des catégories pour penser le monde social, ses divisions et ses relations. En particulier, elles produisent une dénaturalisation des groupes qui sont pensés par le sens commun comme des « groupes naturels » – les hommes et les femmes, les personnes blanches et les personnes non blanches – et des rapports qui relient ces groupes entre eux (Guillaumin [1972] 2002 ; Guillaumin [1992] 2016). L’analyse de Guillaumin dans son article « Femmes et théories de la société : remarques sur les effets théoriques de la colère des opprimés » (publié en 1981) permet de saisir les raisons pour lesquelles les majoritaires s’opposent aux analyses minoritaires. Et Guillaumin d’ajouter, démontrer le statut historique et politique de l’ordre sexuel et racial, dévoiler la nature systémique du sexisme et du racisme, réclamer la consubstantialité entre savoir et politique, constituent les principales assises d’une révolution épistémologique menée par les opprimé·e·s à travers leurs théories (Guillaumin [1992] 2016 ; Wittig [1992] 2013). L’effet théorique de la colère des opprimé·e·s – faire voir ce que l’on ne voyait pas antérieurement – génère, en cascade, deux types d’effets politiques. Premièrement, un effet politique émancipatoire. Passer de la « nature » à la « naturalisation », des « races » comme « groupes naturels », à la « race » comme catégorie fabriquée par le racisme, de « sexes » comme données de nature, au « sexe » comme catégorie politique, au « genre » comme système de structures sociales qui produisent les hommes et les femmes comme des groupes naturels et complémentaires [5], pour le dire autrement, passer de l’une à l’autre vision du monde change le monde, puisque cela ouvre pour les minoritaires une marge de manœuvre de changement qui n’existait pas avant. En second lieu, cela induit un effet politique de réaction, de riposte majoritaire visant précisément la délégitimation de cette révolution épistémologique.

3Si les théories minoritaires suscitent nécessairement des oppositions du côté des majoritaires [6], les attaques en cours comportent en elles des aspects nouveaux. Les études consacrées aux controverses sur la race et sur le genre qui ont investi le champ intellectuel et politique français convergent pour montrer que la fin des années 1990 marque le début d’une nouvelle vague de politisation de l’ordre sexuel et racial, alimentée par les luttes des mouvements minoritaires (Fassin et Fassin 2006 ; Borrillo et Fassin 2014 ; Hajjat et Larcher 2019). Cette politisation s’est manifestée par l’émergence de débats politiques, médiatiques, parlementaires, juridiques et académiques concernant un nombre de questions qui – du fait même de la politisation – n’a cessé de s’élargir : le statut juridique du couple formé par deux personnes de même sexe, l’homoparentalité, la parité entre les sexes en politique, le harcèlement sexuel, les violences de genre et sexuelles, le viol et la culture du viol, la prostitution, la désexualisation de la langue, le racisme et le sexisme systémiques, les statistiques ethniques, le continuum colonial, le port du foulard islamique, les violences policières, l’imbrication des rapports sociaux de domination [7]. Les nombreuses réactions anti-minoritaires parues dans les médias à la fin des années 2010 sont l’une des conséquences majeures de cette progressive politisation qui s’est déployée dans le cadre de divers processus concomitants qui s’articulent : une croissante « juridification » des valeurs égalitaires avec notamment l’adoption de certaines lois visant à lutter contre les discriminations subies par les groupes minoritaires (Rennes 2007), une progressive institutionnalisation des savoirs minoritaires (Fassin 2018 ; Hajjat et Larcher 2019) et une reconfiguration du champ militant et des catégories utilisées dans leur action politique (Delage et Gallot 2019 ; Idier 2018 ; Simon 2019). Les couvertures des trois hebdomadaires cités plus haut témoignent de ce changement des rapports de force entre majoritaires et minoritaires qui résulte des luttes menées durant les deux dernières décennies : la condescendance et le mépris majoritaires se transforment en une contre-attaque, voire en une véritable colère.

4Les analyses de Colette Guillaumin sont pertinentes à plus d’un titre pour essayer de comprendre les controverses actuelles qui ciblent explicitement – et c’est ici sans doute que réside une de leurs nouveautés – les usages académiques et militants des concepts sociologiques qu’elle a grandement contribué à forger (sexe, race, racisation, minoritaire, sexisme et racisme systémiques). Dans cet article, je proposerai des pistes de réflexion pour analyser à la fois les continuités et les discontinuités de cette colère majoritaire. L’examen de différents articles, textes et interventions me permettra d’esquisser dans un premier temps une matrice discursive commune de ces offensives. Puis, dans un deuxième temps, d’en distinguer deux variantes idéologiques mobilisées par des acteurs divers et motivées par des visions différentes des rapports entre groupes.

Obsession et menace : la matrice rhétorique anti-minoritaire

5D’orientations politiques différentes, les couvertures et les enquêtes de Marianne, du Figaro Magazine et de Valeurs Actuelles présentent néanmoins une structure argumentative semblable qui désigne les minoritaires comme « obsédé·e·s » et « menaçant·e·s ». Plus précisément, les minoritaires seraient menaçant·e·s parce qu’iels sont obsédé·e·s : iels ne penseraient, et de manière obsessionnelle, qu’à une chose – la domination (raciale ou sexuelle) –, réduisant ainsi toute la complexité du réel à une guerre entre les sexes, entre les races, entre dominant·e·s et dominé·e·s. Avec son réductionnisme, ce prisme dit « marxisant » et « idéologique » porterait atteinte à la science, à la culture, à la société et aux valeurs fondamentales qui la représenteraient, à savoir, selon les différents journaux, l’Universalisme, la République, la Nation, la Tradition, l’Ordre Symbolique, l’Humanisme. Le « danger » minoritaire viendrait de partout, que cela soit de l’extérieur (invasion, remplacement, colonisation, importation, entrisme, l’Amérique avec son « politiquement correct » et son « multiculturalisme ») ou de l’intérieur (lobbies, « communautarisme » [8], ségrégation-nisme). Ces connotations permettent la mise en place d’un renversement victimaire : en tant qu’obsédé·e·s et, donc, menaçant·e·s, les minoritaires seraient violent·e·s, terroristes, tyranniques, haineux·ses, totalitaristes, et les majoritaires des victimes à plaindre et à protéger.

6Une telle structure argumentative n’est pourtant point nouvelle. De plus – comme Guillaumin l’a démontré dans L’idéologie raciste – c’est bien cette structure qui constitue le dispositif principal de fabrication des minoritaires par le système perceptif majoritaire. Aux yeux des majoritaires, les minoritaires seraient « d’incurables particularistes », « ils sont lassants, ils exagèrent, ils sont indécents, limités, ils ne se préoccupent que d’eux-mêmes, pourquoi de temps en temps ne parlent-ils de ce qui préoccupe tout le monde ? » (Guillaumin [1972] 2002, p. 128). Cette référence à « l’obsession » renvoie ainsi, davantage aux personnes qui l’emploient (les majoritaires) qu’à celles et ceux qu’elle vise (les minoritaires), et en tant que telle, elle mérite d’être interrogée et déconstruite.

7Les majoritaires sont celles et ceux qui, en fonction de la place occupée dans les rapports de pouvoir, ont le privilège d’ignorer leur spécificité (leur blanchité, leur masculinité, leur hétérosexualité, mais aussi leur position avantagée dans la hiérarchie des classes socio-économiques) et d’ignorer que leur spécificité se caractérise précisément par le fait d’être élevée à la généralité et à l’universalité. Selon l’analyse de Guillaumin, le groupe de référence des majoritaires est la généralité humaine (tandis que les minoritaires sont réduit·e·s à leur particularité) et la saisie que les majoritaires font d’iels-mêmes se fait par pure individualité (tandis que les minoritaires ne sont individuellement que l’un·e des membres d’un groupe). Guillamin explique que c’est en tant qu’« autres », en tant que « différents » et non (totalement) humain·e·s que les minoritaires sont perçu·e·s par les majoritaires comme obsessionnel·le·s et menaçant·e·s, et, par conséquent, comme méprisables, appropriables, violables.

8Dans les attaques médiatiques de la fin des années 2010, cette matrice rhétorique se ramifie. Elle s’articule selon trois argumentaires apparus ensemble dans le débat public français depuis le début des années 2000 (Fassin 2018) : l’affirmation de l’existence d’un « clash de civilisations » opposant le genre et la sexualité à la race – « nous les modernes sexuels » vs « eux les sexistes et homophobes » [9] –, la mise en opposition des questions dites sociales aux questions minoritaires, l’évincement du clivage droite/gauche à la faveur d’une opposition haut/bas, élites ou lobbies vs peuple. Dans ce contexte, les campagnes anti-minoritaires en cours visent désormais à délégitimer les concepts minoritaires de deux manières distinctes et complémentaires : par la déformation et la diabolisation (pensons à la diffusion des expressions « la théorie du genre » ou « le racialisme ») ainsi que par la création des pseudo-catégories construites en miroir par rapport aux catégories minoritaires (« sexisme anti-homme », « hétéro-phobie », « racisme antiblanc ») qui réfutent la dimension structurelle, asymétrique et, donc, non renversable, de la domination de sexe, de sexualité et de race.

9À l’intérieur du discours anti-minoritaire de ces années, on peut distinguer deux variantes idéologiques majeures, qui, tout en entretenant des relations instables et ambiguës, sont employées par des acteurs différents [10]. La première, adoptée notamment par des acteurs d’extrême droite, relève d’une vision essentialiste et différentialiste de l’ordre social qui repose sur une conception « altérophile » et foncièrement antidémo-cratique de « la différence ». Celle-ci existerait bel et bien, elle préexisterait aux rapports sociaux et elle devrait être conservée, protégée, voire revendiquée au nom de la défense de l’Humain et de ses incontournables spécificités. Les minoritaires seraient alors appréhendé·e·s comme des « lobbies » pratiquant des formes d’auto-ségrégation, agissant dans le secret. Iels partageraient un agenda politique – « la théorie du genre », le plan Soros, l’indigénisme identitariste, le grand remplacement – en vue de miner la société de l’intérieur. La deuxième variante, portée par une galaxie d’acteurs se prétendant universalistes, adopte une vision « altérophobe » de la différence qui prône un effacement des caractéristiques personnelles dans le domaine du politique au profit d’un sujet abstrait, excluant la prise en compte de toutes les caractéristiques sociales, et, de ce fait, de toutes les revendications minoritaires. Elle accuse la prise de parole minoritaire d’être une intrusion des groupes communautaristes dans le jeu politique et proscrit l’emploi de la notion de race qui produirait de la ségrégation et du racisme [11].

Se mobiliser contre « la théorie du genre »

10La vision différentialiste essentialiste trouve son marqueur lexical principal dans l’expression « la théorie du genre ». Pour saisir la logique, les connotations politiques et les effets de son emploi, force est de replacer l’expression dans le contexte de son élaboration. Ce syntagme renvoie à une nouvelle cause portée en France dès le début des années 2010 par un large front fédérant des associations anti-avortement et familialistes et des groupes du pôle identitaire du monde catholique (Béraud et Portier 2015). Les acteurs médiatiques ou politiques qui emploient l’expression relayent un dispositif discursif qui a été mis en place par le Vatican à la fin des années 1990 en réaction à l’institutionnalisation de la catégorie de genre dans le champ politique et du savoir. L’objectif principal d’une telle invention rhétorique a été de s’opposer à la prise de parole minoritaire et de répondre à la politisation produite par les mouvements féministes et lgbtqi+ afin de réaffirmer, par d’autres références, une vision essentialiste et hiérarchique de l’ordre sexuel (Garbagnoli et Prearo 2017). D’origine catholique, le discours visant « la théorie du genre » mobilise toutefois des références totalement séculières s’appuyant sur la science et en particulier sur l’anthropologie qui statueraient que « la différence sexuelle » serait au fondement de « l’Humain » [12]. Au cours des années 2010, ce discours a été progressivement adopté et adapté au niveau international, notamment en Europe et aux Amériques, par une galaxie hétéroclite d’acteurs anti-avortement et anti-lgbtqi+, réunissant principalement des groupes catholiques, évangélistes et orthodoxes. Toute revendication ou analyse dénaturalisant l’ordre sexuel est présentée par les tenants de ce discours comme un corollaire de « la théorie du genre ».

11Cette idéologie serait conçue par un lobby féministe et homosexualiste et relayée par des élites globalistes afin d’instaurer une pensée unique et totalitaire et de détruire les fondements de l’Humain, dans l’objectif de faire régner le « Transhumain ». L’étiquette parapluie « théorie du genre » couvre l’ensemble de ce qui serait censé représenter une menace anthropologique : la reconnaissance du mariage entre personnes de même sexe (comme, par exemple, en France), l’adoption de la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre les violences à l’égard des femmes (comme en Bulgarie ou en Slovaquie), l’adoption d’une législation autorisant l’IVG (comme en Argentine), le développement des études de genre et sexualité (comme au Brésil ou en Hongrie), la lutte contre l’homophobie et la transphobie (comme en Italie), la promotion d’une éducation non sexiste (comme en Pologne). Pour s’opposer à « la théorie du genre » diverses actions ont été mises en place – rassemblements, veillées dans l’espace public, pétitions, mais aussi campagnes médiatiques – mobilisant une rhétorique et une grammaire protestataire communes (Kuhar et Paternotte 2018).

12Les groupes politiques d’extrême droite et leurs relais médiatiques ont été les meilleurs récepteurs du discours « anti-genre » qui leur a offert une formidable opportunité politique pour actualiser leur argumentaire. Pour ces acteurs, sur le danger de « la théorie du genre » se greffe le péril d’un « grand remplacement des peuples européens par des peuples non européens ». Cette dernière expression, que l’on doit à l’écrivain français Renaud Camus au début des années 2010, cristallise une idée complotiste : des élites mondialistes – sans doute les mêmes qui diffusent l’idéologie du genre – organiseraient, via l’immigration, le remplacement de la population occidentale. Ainsi, la guerre contre « la théorie du genre » et le grand remplacement, menée au nom de la défense de « la famille naturelle », de « l’Humain » et des « racines chrétiennes de l’Occident » est devenu la pierre angulaire d’un agenda adopté et relayé de manière transnationale par des acteur·e·s mobilisé·e·s contre les droits des femmes, les mouvements féministes et lgbtqi+, notamment, le World Congress of Families (Datta 2018) [13]. Dans ses deux facettes, sexuelle et raciale, cette croisade, dite « révolution du bon sens » par ses défenseur·se·s, se réfère à un ordre fantasmé peuplé, d’un côté, de « natifs » qui ne doivent pas se mélanger du fait de leur « culture » différente [14] et, de l’autre, de sexes « ontologiquement » différents et complémentaires. Les interventions médiatiques utilisant l’expression « la théorie du genre » s’inscrivent, donc, dans le sillage de cette contre-révolution qui vise à reprendre le contrôle sur les corps et les consciences des femmes, à inférioriser les personnes lgbtqi+ et à affronter leurs luttes, leurs revendications et leurs analyses anti-essentialistes.

Proscrire la catégorie de race

13La parution à quelques jours de distances de quatre articles dans différents journaux (Le Point, L’Obs, Libération et Le Monde) illustre de manière significative l’étendue d’un consensus qui, à l’exception de l’extrême droite, réunit les acteurs du spectre politique et les principales organisations antiracistes autour de la manière de définir le racisme : à savoir en proscrivant la notion de race se réclamant d’une tradition universaliste. Le 28 novembre 2018 Le Point diffuse un « Appel au ressaisissement » adressé aux « autorités publiques, aux responsables d’institutions culturelles, universitaires, scientifiques et de recherche, mais aussi à la magistrature » signé par « 80 intellectuels », parmi lesquel·le·s Marcel Gauchet, Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Pierre-André Taguieff, Mona Ozouf, Jean-Claude Michéa et Pierre Nora. Le texte dénonce « des mouvances qui, sous couvert de lutte pour l’émancipation, réactivent l’idée de ‟raceˮ ». [15] Deux jours plus tard, L’Obs dresse le portrait du courant décolonial, en l’accusant de museler les débats et faire régner la terreur dans les universités, les rédactions des journaux, dans les associations et les syndicats [16]. Le 4 décembre de la même année, Laurent Joffrin, le directeur de Libération, s’attaque à la « gauche racialiste » qui constituerait « un danger pour l’universalisme des droits de l’homme » [17]. Enfin, le 11 janvier 2019 Michel Guerrin, rédacteur en chef au Monde, questionne l’apparition d’une « lutte des races » dans les universités. Ces articles, comme tant d’autres des mêmes années, dévoilent la même structure argumentative qui cherche à rendre homogène le champ des études critiques de la race, les analyses intersectionnelles et les théories décoloniales et à les réduire à une « entreprise idéologique » ou à des « thèses importées », racialistes, différentialistes, ségrégationnistes, qui verrouilleraient le débat.

14Rien d’entièrement nouveau car on retrouve ici la même logique de délégitimation qui a été mise en œuvre face aux théories féministes et aux études de genre et de sexualité : importation, non-scientificité, dangerosité, totalitarisme, censure… De plus, tous ces articles renvoient à une manière de penser le racisme comme système de domination qui a caractérisé l’approche théorique de Colette Guillaumin. Dans le milieu académique, ils ciblent la publication de travaux ainsi que l’organisation de séminaires et de colloques consacrés aux discriminations racistes et à l’articulation des rapports sociaux de domination. Dans le milieu politique, ils visent la création de collectifs qui se réclament d’un « antiracisme politique » par opposition à un « antiracisme moral », qui serait, lui, le propre d’organisations antiracistes aveugles à la couleur (Simon 2019) et d’un féminisme intersectionnel (Hajjat et Larcher 2019). Pour ces chercheur·se·s et ces militant·e·s, la race est une catégorie sociologique à utiliser parce qu’elle permet de voir l’étendue des discriminations racistes et raciales envers les personnes non blanches. De même, iels voient dans l’intersectionnalité une catégorie analytique et politique incontournable pour appréhender le caractère multiple de la domination.

15Ce paradigme interprétatif, davantage visible car utilisé à la fois dans des recherches et des actions militantes, a également suscité des vigoureuses résistances dans le champ politique. En mai 2016 à l’Assemblée nationale, Najat Vallaud-Belkacem, membre du Parti socialiste et, à l’époque, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault (PS), a condamné la tenue de deux initiatives en non-mixité raciale (un séminaire dans le cadre de l’occupation de l’université de Paris 8 et l’organisation d’un « camp d’été décolonial ») : « initiatives inacceptables, en ce qu’elles confortent une vision racisée et raciste de la société » [18]. En novembre 2017, Jean-Michel Blanquer (LREM), ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse dans le gouvernement d’Édouard Philippe (ancien membre de l’UMP), annonce, toujours à l’Assemblée nationale, qu’il allait attaquer pour diffamation le syndicat enseignant Sud Education 93. L’objet de la plainte est l’usage des notions de « racisme d’État », de « racisés » et de « blanchité » et la programmation d’ateliers sur le racisme en non-mixité raciale.

16En juillet 2018, les député·e·s français·e·s adoptent à l’unanimité un amendement visant à supprimer le mot « race » du premier article de la Constitution. Éric Fassin a interrogé cette indicibilité de la race (Fassin 2019a ; 2019b). Le sociologue souligne la double dimension, raciale et sexuelle, de la décision adoptée et la double logique l’accompagnant. En effet l’amendement voté prévoyait en même temps la suppression du mot race de la Constitution (il y figurait dans l’expression « sans distinction de race ») et l’ajout du mot sexe (dans l’expression « sans distinction de sexe »). De ce fait, conclut Éric Fassin, parler de race pour les députés·e·s français·e·s, serait raciste car cela validerait la fausse existence des races. On bannit, donc, le mot pour des raisons antiracistes, et bannir le mot effacerait la chose. De même, il faudrait dire le sexe pour des raisons antisexistes, car s’appuyer sur la bicatégorisation sexuelle (présumée vraie) permettrait de lutter contre les discriminations envers les femmes. Faut-il donc, si l’on veut être antiraciste et antisexiste, dire le « faux » de la race et le « vrai » du sexe ?

Questions minoritaires, questions d’État ?

17En définissant le sexe et la race comme des « formations imaginaires » socialement pertinentes et matériellement et symboliquement efficaces, Colette Guillaumin a proposé une définition sociologique des catégories de race et de sexe qui s’oppose aux deux variantes de la pensée antiminoritaire dont j’ai esquissé le profil dans cet article : d’un côté l’essentialisme différentialiste de l’extrême droite, de l’autre une conception aveugle à la couleur (mais pas à « la différence sexuelle ») adoptée par un large front qui se dit universaliste et républicain. Penser la race et le sexe comme des rapports sociaux naturalisés revient à penser le racisme et le sexisme comme des rapports systémiques de pouvoir entre groupes qui occupent des places asymétriques et antagonistes dans la structure sociale. Cela veut dire penser ensemble la vérité et le mensonge de ces deux catégories, dire que la vérité (l’existence d’un groupe) nourrit le mensonge (le fait que le groupe soit naturel) et comprendre que la couleur de peau et la forme du sexe anatomique renseignent très bien encore aujourd’hui sur les places occupées par les différents sujets dans les rapports de pouvoir.

18Sur le plan analytique, théoriser que racisme et sexisme sont des systèmes d’oppression d’un groupe privilégié sur un groupe infériorisé s’inscrivant dans une histoire séculaire de domination – voire millénaire, dans le cas du sexisme – a une triple conséquence. Premièrement, employer des notions telles que « racisme/sexisme structurel » ou « racisme/sexisme institutionnel » ou, encore, celle de « sexisme/racisme d’État » dans le cas où ce sont des pouvoir publics (par exemple, la justice, la police) qui produisent des discriminations à travers leurs pratiques [19]. Deuxièmement, rendre visible le fait que les groupes dominants, selon différents axes de catégorisation (race, sexe, sexualité), bien qu’hétérogènes, bénéficient d’un système de privilèges qui correspond au système d’assujettissement des groupes opprimés. Troisièmement, permettre de nommer les majoritaires (les hommes, les blanc·he·s, les hétérosexuel·le·s) c’est-à-dire précisément celles et ceux qui, en état de pouvoir supérieur par leur position structurelle dans le système social, sont le référent caché de toute différence [20]. Dans cette perspective, racisme et sexisme sont, donc, des systèmes qui s’inscrivent non seulement dans les idées et dans les manifestations d’agressivité et de violence, mais aussi dans le sens commun, dans les structures sociales, dans les catégories mentales, dans les automatismes corporels et langagiers. D’où l’entreprise titanesque de les éradiquer.

19

20Toutes ces questions se retrouvent au cœur des controverses anti-minoritaires analysées ici. Elles témoignent de l’impact de la prise de parole minoritaire : la domination, certes, perdure, mais elle ne va plus tout à fait de soi. D’où la colère des majoritaires. Cette actualité montre également que les questions minoritaires, loin de demeurer secondaires ou mineures, intéressent désormais les plus hautes institutions de l’État : elles deviennent même des questions d’État. Dans ce moment historique, nous, les minoritaires, avons tout intérêt à faire vivre la radicalité antinaturaliste de la théorie de Colette Guillaumin pour penser que l’ordre du monde n’a rien de transcendent et qu’il est d’un bout à l’autre historique. Une telle historicité est la condition de sa politisation, c’est-à-dire de sa remise en cause et de sa possible transformation émancipatrice.

Notes

  • [1]
    Remerciements : je remercie Brigitte Lhomond et Livia Parnes pour leur lecture attentive de cet article et pour leur soutien.
  • [2]
    J’utilise le terme « minoritaire » dans le sens théorisé par Colette Guillaumin qui renvoie à des groupes qui sont en état de moindre pouvoir et altérisés. La notion se réfère à des groupes minorés selon de nombreux axes de catégorisation (âge, validité, « santé » mentale, classe socio-économique), il s’agit ici des groupes infériorisés et naturalisés par les catégories politiques de sexe, de sexualité et de race (les femmes, les personnes non hétérosexuelles et les personnes non blanches) car ils constituent la cible des attaques anti-minoritaires en cours.
  • [3]
  • [4]
  • [5]
    Du concept de genre il existe de nombreuses définitions qui incorporent diverses théories de l’ordre sexuel (ainsi que de significations variées des notions telles que « femmes », « hommes », « homosexualité », « hétérosexualité »), qui sont en tension entre elles, voire antagonistes (Mathieu [1971 ; 1989] 2013 ; Mathieu [1994 ; 2000] 2014). Certaines théories dénaturalisent radicalement l’ordre sexuel pensant les hommes et les femmes comme des groupes constitués par un rapport social et naturalisé – c’est le cas de la théorie du genre élaborée dans un cadre féministe matérialiste par Christine Delphy (Delphy [2001] 2013) –, d’autres moins. Or, l’emploi du concept n’a pas soulevé que des résistances conservatrices : pour les féministes antinaturalistes, qui ont choisi de ne pas l’employer, comme, par exemple, Guillaumin, le genre serait une notion qui n’est pas suffisamment critique (Guillaumin [1998] 2017). D’un côté, il diluerait les rapports matériels de domination des hommes sur les femmes dans des relations relevant de l’ordre symbolique et linguistique ; de l’autre, la division entre genre et sexe aurait pour funeste conséquence d’ « ontologiser », en retour, la notion de sexe, qui, a été précisément théorisée par les féministes matérialistes comme étant en lui-même une catégorie politique. Pour une reconstitution des débats et des différents positionnements dans le champ féministe sur ces questions, on se référera à Hurtig, Kail et Rouch (1991) ; Butler, Fassin et Scott (2007) ; Clair (2012) ; Delphy, Molinier, Clair et Rui (2012).
  • [6]
    Dans L’idéologie raciste, Colette Guillaumin insiste à plusieurs reprises sur le caractère variable du groupe majoritaire – « la majorité n’est pas ‟uneˮ » (Guillaumin [1972] 2002, p. 89) : elle se constitue de manière différente selon les axes de catégorisation, les époques, les contextes et se distribue sur une échelle très complexe. De même, ses analyses signifient que, depuis les débuts de son expression, la parole minoritaire, elle non plus, n’est pas univoque. Elle peut être divergente, voire antagoniste, selon les groupes, voire à l’intérieur d’un même groupe. De plus, elle n’est pas nécessairement anti-essentialiste, ni automatiquement émancipatrice. Mais ces questions, qui mériteraient d’être étudiées davantage dans le cadre des attaques anti-minoritaires en cours, dépassent le cadre de cet article.
  • [7]
    La question de l’articulation des rapports sociaux de domination a été soulevée au début des années 1970 dans le cadre du mouvement féministe par des femmes racisées, parfois lesbiennes, appartenant aux classes sociales les plus démunies, pour parler des discriminations subies et pour critiquer les impensés de classe, de race et de sexualité du sujet politique « nous, les femmes ». Elle ne cesse d’alimenter encore aujourd’hui des débats théoriques et des affrontements politiques très vifs au sein des mouvements féministes de différents pays. Depuis les années 2000, elle s’est cristallisée notamment autour des questions liées à l’islam (Lépinard 2020). Différentes notions ont été forgées et employées par des féministes pour appréhender dans divers cadres analytiques (marxiste, matérialiste, structuraliste, décolonial) : la pluri-dimensionnalité de la domination subie par les femmes : intersectionnalité, consubstantialité, imbrication, ou encore, organicité des rapports sociaux. Pour une histoire intellectuelle et sociale des différentes théories et usages de ces notions et, en particulier, de l’intersectionnalité, on consultera Bilge et Collins (2016). Pour sa part, Colette Guillaumin a développé une analyse en termes matérialistes qui permette de penser à la fois l’homogénéité et l’hétérogénéité de la classe de femmes (Guillaumin [1978] 2016 ; Guillaumin [1998] 2017 ; Juteau 2010 ; Juteau 2016).
  • [8]
    Pour une histoire critique de la notion de « communautarisme » et son ancrage dans le débat public français voir Dhume-Sonzogni (2016) et Mangeot in Tin (2003). Alors que dans les années 1990 cette catégorie polémique a été majoritairement mobilisée contre le mouvement lgbtqi+ et ses revendications (Tin 2003), au cours de la décennie 2010, elle a été brandie contre les personnes d’origine musulmane et leur prise de parole politique.
  • [9]
    Sur les divisions et les antagonismes dans les mouvements féministes au sujet des articulations entre luttes féministes et luttes antiracistes, voir Farris (2017) et Lépinard (2020).
  • [10]
    Ces deux variantes se retrouvent également à l’œuvre dans d’autres controverses anti-minoritaires voir Mangeot in Tin (2003).
  • [11]
    Pour une critique féministe matérialise de la notion d’« universel » telle qu’elle est utilisée dans les discours anti-« communautarisme » voir Delphy (2010).
  • [12]
    Sur les mésusages des connaissances scientifiques par le Vatican, voir Fillod (2014). Daniel Borrillo a souligné les continuités argumentatives entre le discours contre « la théorie du genre » et les références à « l’anthropo-logie » et à un prétendu « ordre symbolique » mobilisées par une large partie de la gauche à la fin des années 1990 pour s’opposer à l’ouverture des droits familiaux aux couples formés par deux personnes du même sexe (Borrillo 2017).
  • [13]
    Il est intéressant de noter que cette bataille conjointe contre les femmes, les minorités sexuelles et les personnes non blanches n’empêche pas les représentant·e·s de partis d’extrême droite de mobiliser aussi une rhétorique fémo-nationaliste ou homo-nationaliste, instrumentalisant les arguments de l’égalité entre les sexes et les sexualités à des fins xénophobes. Au moment de prendre la tête du Front national en 2010, Marine Le Pen a ainsi déclaré que « dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, juif, gay ou blanc ». Cette rhétorique opposant la race au sexe et à la sexualité n’est, par ailleurs, pas une exclusivité de l’extrême droite, comme le montrent les travaux de la sociologue Sara R. Farris (2017).
  • [14]
    Ces acteurs utilisent la notion de « culture » comme équivalent de la « race biologique » qui n’ose plus dire son nom. Dans L’idéologie raciste et, ensuite, dans plusieurs articles, Colette Guillaumin a étudié la logique de cette variante culturaliste du racisme (Guillaumin 1993a ; Guillaumin 1993b ; Guillaumin 1994a ; Guillaumin 1994b).
  • [15]
  • [16]
  • [17]
  • [18]
  • [19]
    Pour une reconstitution des polémiques autour de la notion de « racisme d’État » voir Dhume, Dunezat, Gourdeau et Rabaud (2020).
  • [20]
    Dans L’idéologie raciste, Colette Guillaumin, en pionnière, souligne l’un des privilèges les plus avantageux, car l’un des moins visibles, détenus par les majoritaires : « dans la société blanche, le blanc ne sait pas qu’il est blanc, il est ». Autrement dit, le privilège d’incarner la norme (de race, de sexe, de sexualité) et d’être ainsi perçu·e·s (et de se percevoir) comme non désigné·e·s, non déterminé·e·s, absolu·e·s, universel·le·s (Guillaumin [1972] 2002 p. 127).
Français

En écho à diverses controverses sur le genre et sur la race qui ont traversé le champ politique français au cours des dernières années, les savoirs minoritaires se sont heurtés à une nouvelle vague de fortes résistances. En analysant les permanences rhétoriques du discours anti-minoritaire ainsi que ses spécificités actuelles (opposition à ladite « théorie du genre », rejet de la catégorie de race), l’article démontre que la pensée de Colette Guillaumin demeure pertinente pour analyser la logique et les enjeux de cette offensive. Dans tout son œuvre, Guillaumin a réfléchi aux oppositions que soulève la prise de parole minoritaire et a contribué à forger les concepts ciblés par les attaques en cours (minoritaire, race, racisation).

Mots-clés

  • féminisme
  • genre
  • racisme
  • racisation
  • anti-genre
  • études minoritaires
  • antiracisme
Español

Preguntas minoritarias, respuestas mayores: comentarios sobre la ira de lxs mayoritarixs

Paralelamente a las diversas controversias sobre género y raza que han atravesado la arena política francesa en los últimos años, el conocimiento minoritario se ha encontrado con una nueva ola de fuerte resistencia. Analizando la persistencia retórica del discurso anti-minorítarixs así como sus especificidades actuales (oposición a la llamada "teoría del género", rechazo de la categoría de la raza), el artículo muestra que el pensamiento de Colette Guillaumin sigue siendo relevante para analizar la lógica y lo que esta en juego en esta ofensiva. A lo largo de su trabajo, Guillaumin ha reflexionado sobre las oposiciones que surgen frente a los discursos minoritarios y ha contribuido a forjar los conceptos que son objeto de los ataques actuales (minorítarixs, raza, racialización).

Palabras claves

  • feminismo
  • género
  • racismo
  • racialización
  • antigénero
  • estudios de minorías
  • antirracismo

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Sara Garbagnoli
Sociologue et féministe, Sara Garbagnoli est chercheuse associée au LEGS (C.N.R.S., Université Paris 8, Université Paris Nanterre). Ses recherches portent sur la théorie féministe, l’analyse du discours et la sociologie des mouvements sociaux. Avec Massimo Prearo elle est l’auteure de La croisade « anti-gender ». Du Vatican aux manifs pour tous (Textuel 2017). Elle a participé à l’ouvrage Antiféminismes et masculinismes d’hier et d'aujourd'hui dirigé par C. Bard, M. Blais et F. Dupuis-Déri (PUF, 2019). Avec V. Ribeiro Corossacz et V. Perilli, elle a traduit et préfacé Sexe, race et pratique du pouvoir de Colette Guillaumin (Sesso, razza e pratica del potere, Ombre Corte, 2020).
Camille Noûs
Camille Noûs est un consortium scientifique créé pour affirmer le caractère collaboratif et ouvert de la création et de la diffusion des savoirs, sous le contrôle de la communauté académique. Ce collectif scientifique, comme Bourbaki, Henri Paul de Saint Gervais ou Arthur Besse en mathématiques, ou Isadore Nabi en biologie, prend l’identité d’une personnalité scientifique qui incarne la contribution collective de la communauté académique. Plus précisément, Camille Noûs est un individu collectif qui symbolise notre attachement profond aux valeurs d’éthique et de probation que porte le débat contradictoire, elle est insensible aux indicateurs élaborés par le management institutionnel de la recherche, elle sait ce que nos résultats doivent à la construction collective. C’est le sens du « Noûs», porteur d’un Nous collégial mais faisant surtout référence au concept de “raison” (ou “esprit” ou “intellect”) hérité de la philosophie grecque.
http://www.cogitamus.fr/
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 29/10/2020
https://doi.org/10.3917/cdge.068.0055
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