CAIRN.INFO : Matières à réflexion
« Inévitablement, l’étude des constructions institutionnelles, à l’abri desquelles se reproduit l’humanité, rencontre la question du gouffre : j’entends par là la tragédie où s’engloutissent les humains quand est franchie la frontière interdite »
Pierre Legendre [2]

1Le travail de civilisation rencontre en son cœur la déferlante de la terreur et de la barbarie. Dans l’entre-deux guerres [3], Freud pressentait la fragilité de la Kulturarbeit cette « totalité des œuvres et organisations dont l’institution nous éloigne de l’état animal » [4], et il poursuivait sans illusions, « par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine »[5]. Le malaise dans la civilisation est inhérent à la civilisation elle-même, et le fanatisme est un des noms de ce ratage, un ratage qui est là de structure. Freud s’interroge sur ce malaise, sans même imaginer qu’il devra s’exiler quelques années plus tard rattrapé par le fantasme de l’ennemi intérieur à expulser, cristallisé dans le signifiant « Juif ». Au nom de la pureté de l’origine, il fallait venir à bout du mauvais objet, l’éradiquer, l’exterminer et effacer l’extermination. Les adorateurs de l’Origine inaltérée et endogame auront tenté d’effacer de la planète d’autres humains qui le seraient moins, des humains à exclure de l’espèce humaine.

2La Démocratie, écrit Freud, répond au « processus de civilisation…sous l’influence d’une tâche imposée par Eros », mais elle relève d’un équilibre précaire entre des forces contradictoires constitutives de l’Homme : Thanatos au cœur même d’Eros. Le processus de civilisation va s’édifier sur des fondations pulsionnelles tempêtueuses, comme autant de conquêtes « sur cette organisation passionnelle », cette « passion narcissique » née de « cette première captation par l’image » [6], qui a pour corrélat l’agressivité. Sous l’effet de la sublimation, le destin pulsionnel sadique va se renverser en respect de l’autre et tolérance, et donner naissance aux conquêtes fondatrices de la civilisation. Mais si les valeurs éthiques supposent un renoncement pulsionnel, les mécanismes de régulation ne suffisent plus, en certaines circonstances, à endiguer la poussée « primitive et autonome » [7] de la pulsion de mort. La sublimation ne fait plus contrepoids à l’emprise de la Chose – « ce qui dans la vie peut préférer la mort »[8]. Penser la fragilité de ce corps vivant qu’est la démocratie, c’est analyser les rejetons symptomatiques qu’elle engendre de façon endémique. Qu’en est-il donc de l’émergence répétitive de cette violence fratricide qui revient « toujours à la même place » [9], selon les modalités du Réel ? Peut-on penser l’Histoire comme soumise à ces résurgences d’un refoulé constitutif du Sujet, retour dans le réel des fantômes qui le hantent. Qu’en est-il de ces passions narcissiques, de ces idéologies identitaires qui ouvrent sur le gouffre de la décharge mortifère ?

Un enjeu d’existence

3L’ étymologie de fanatisme nous met sur la piste du Temple, fanum. À l’origine, un désir de transcendance, celui de la condition humaine aux prises avec la douleur d’exister et l’angoisse de mort. Dans une quête de sens, l’arrimage à une croyance va faire barrage au doute et à l’angoisse. Pour ne pas sombrer au creux de l’abîme, le fanatique colmate ses failles. Il se fige en certitudes et s’aveugle de convictions qui écrasent la pensée. Jusqu’à ce que la croyance se crispe en passion totalitaire. Prisonnier d’un enjeu d’existence, le fanatique cherche à s’arrimer à une Verité-Toute, il détient la Vérité, il s’en soutient, il la devient, il l’incarne, pour faire suppléance à la fragilité de ses assises narcissiques et symboliques. L’amour pour l’objet de son culte se fera passion aveuglante, sans l’ombre d’un doute, Dans une forme de pathologie narcissique et de crispation identitaire qui exclut l’altérité et éradique l’hétérogène, le fanatique broie sur son passage tout ce qui n’est pas du même et pourrait le faire chuter, aussi l’exercice de la Terreur sera-t-il le plus sûr chemin vers la Vérité. Sur le chemin de la perversion, c’est au nom du sacré que se justifie la bestialité.

4Si le fanatisme aujourd’hui prend la couleur de l’islamisme, il relance en miroir l’extrêmisme identitaire, celui du « chacun pour soi » sur le versant du repli protectionniste ou de l’expansionnisme. La société, écrit Roland Gori, s’exprime « dans ces formes morbides, où elle refuse de se reconnaître »[10].

5Pour mieux lutter contre le danger de désintégration, le fanatique s’évanouit en tant que Sujet pour se soutenir d’un moi collectif, cimenté par un Père tout-puissant. Le fanatisme est le produit d’un agrégat de fragilités psychiques, des fragilités qui coagulent en un moi hypertrophié. Cette masse fait caillot à l’angoisse, un caillot qui sauve du malêtre et qui prendra vite la couleur de la haine contre tout ce qui n’est pas lui. La haine de l’autre est l’affect qui tient le fanatique, qui soutient son désir radical, jusqu’à la radicalisation mortifère. Dans un lien hypnotique, le fanatique se remplira des paroles de l’Autre, tandis que ses pas le conduiront dans ceux du gourou de la Pensée Unique, une pensée qui se figera, se gèlera, se congèlera pour évacuer le risque de l’inconnu. De sa toute-puissance, le Père délivrera les anathèmes de sa vérité manichéenne : le Bien et le Mal, le gentil et le méchant, l’intérieur et l’extérieur, le chez soi et l’étranger, la masse et l’autre. S’agripper à cette forme primaire de lien social permettra à certains de tenir debout, « à la condition qu’il en reste d’autres en dehors (d’elle) pour recevoir les coups » [11]. La foule captivée et captive fera écho d’une seule voix à la voix son Maître, l’au-moins-un qui échappe à la castration : « la loi du dictateur, c’est la loi de la fourmilière où il n’y a plus de sujet, mais des individus tous égaux, et tous remplaçables les uns par les autres, interchangeables…Mais malheur à celui qui est autre, car l’autre de la fourmilière est voué à la destruction, à la solution finale »[12].

6Dans un montage pervers, où se rencontrent la figure vampirique du Prophète providentiel et son partenaire obligé – « l’Hydre aux abois » [13] la pulsion de mort va œuvrer dans la pensée et dans les corps, déferler dans le réel, au risque de la barbarie. « Chez les individus réunis en foule, toutes les inhibitions individuelles ont disparu, alors que les instincts cruels, brutaux, destructeurs, survivances des époques primitives, qui dorment au fond de chacun, sont éveillées et cherchent à se satisfaire »[14].

Au bout du chemin, la terreur

7Le fanatisme est le produit d’un nouage du collectif et du singulier qui parfois se fait nœud coulant. Ce qui a été forclos du discours dominant produit ses résurgences symptomatiques dans la Cité. Les constructions de la civilisation sont fragilisées par le retour d’un impensé, avec ses implications déstructurantes sur le Sujet, un ébranlement qui favorise l’émergence de la pulsion de mort : « L’homme porte en soi le sceau de l’inhumain… son esprit contient en son centre la blessure du non-esprit, du chaos non-humain, atrocement livré à son être capable de tout »[15].

8Depuis la chute des fictions qui habillent le réel (religieuses, politiques), le superflu est devenu l’essentiel de l’économie libidinale, dans un monde sans transcendance. Les subjectivités se sont laissées kidnapper par le discours dominant. Le citoyen, ravalé au consommateur désubjectivé, est appelé à incorporer le système marchand et à se compléter de l’objet-culte qui écrase la pensée. L’énonciation disparaît sous le poids des énoncés prescrits par le social, des messages qui promettent et promeuvent bien-être et bonheur de papier glacé, mais accouchent de leurs exclus qui nous entraînent dans leur chute. Devant « l’extension infinie du règne de la marchandise » [16], croissance et opulence découvrent leur revers de dénuement. Les opérateurs symboliques s’effacent au profit du pragmatisme, de l’efficacité utilitariste, quand seule compte la valeur marchande qui balaye les frontières entre les hommes et les choses [17], puis inexorablement entre la vie et la mort.

9L’emprise djihadiste sur nos adolescents surfe sur cette pente qui produit ses exclus, ses laissés-pour-compte, pour solde de tout compte. La radicalité du désir a versé du côté de la radicalisation d’une violence erratique, face émergée d’un iceberg, dont la zone immergée nous échappe. Aussi la désorganisation des liens livre-t-elle les exclus de la croyance et de la croissance à l’emprise des identifications de masse.

10Dans le paysage d’échec existentiel où l’offre d’idéal se fait rare, la propagande islamiste prospère sur un terreau d’inespoir. Misère économique, sociale, culturelle, politique – une politique aveugle et sourde aux impasses de la vie – participent de la passion terroriste. À coups de libéralisation de l’économie, de dérégulation du marché, d’institutionnalisation de la précarité, la radicalisation d’un système sans foi ni loi est venu engendrer une radicalisation de l’inespoir qui mène des enfants, au seuil de leur vie d’adulte, à se laisser happer par une idéologie sanguinaire. Des jeunes, tout feu tout flammes, exclus d’une logique marchande venue articuler le monde, produisent leurs ex-croissances face à la croissance, un marché parallèle au sein de la logique du marché. À la dérive, ils s’accrochent à une offre de transcendance jusqu’à ce que mourir pour une cause devienne leur unique raison de vivre. À vouloir se sauver d’une mort psychique annoncée, ils vont se naufrager dans une mort physique programmée.

11Au creux de ce nouage du politique et du psychique, gronde la folie destructrice et auto-destructrice. Sous l’homme adapté et façonné, nous interrogerons ici cette passion meurtrière et suicidaire, née des lignes de faille d’un ordre social d’où surgissent les monstres : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres »[18], monstres de l’islamisme, mais aussi de tous ces fascismes, tous ces totalitarismes, qui se nourrissent et se confortent d’une idéologie clivante de haine et d’exclusion. Quand les « lendemains qui chantent » déchantent et se cognent au mur de la désillusion, religion du marché, religion de la croissance, religion de la jouissance rencontrent au bout du chemin la religion de la terreur.

Dérives adolescentes

12Nous mettrons ici la loupe sur la clinique de ces adolescents déstructurés et violents que nous avons rencontrés au sein d’un service éducatif dans le cadre judiciaire. À partir de la réalité des faits, nous essaierons de faire émerger une autre réalité, la réalité psychique à construire. Par quel processus des jeunes en dérive en sont-ils arrivés à perdre tout horizon de vie pour être ainsi fascinés par la mort, pourquoi renoncent-ils à gagner leur vie ici-bas, pour gagner leur mort au-delà, pourquoi consentent-ils à s’en remettre à leurs bourreaux qui s’approprient leur vie – corps et âmes – jusqu’à ce que mort s’ensuive ?

13Donner à ces enfants les moyens de résister à l’endoctrinement et à l’embrigadement qui les guette, enrayer l’auto-destruction avant qu’elle ne se transforme en meurtre de masse, leur permettre de « prendre pied » en s’enracinant dans un monde habité de liens, de mémoire, de projets, et de s’inscrire dans une réalité psychique et sociale vivante et vivable, tel est l’enjeu politique et psychique à soutenir afin d’endiguer le naufrage de nos enfants les plus déstructurés, aussi déstructurés que le monde qui les porte.

14Nous tenterons de déplier ici tant les causes que les effets psychiques du désarroi qui précipite ces jeunes sur le chemin de la radicalisation islamiste, un enjeu de vie qui conduit à la mort mais les sauve d’un devenir sans avenir, celui des SDF des temps modernes qu’évoquait déjà Rilke comme « pelures d’hommes que le destin a recrachés » [19]. Menacés du pire, ils provoquent le pire dans l’espoir de se sauver.

15Leur parcours, d’institutions en institutions jusqu’à la case prison, est le symptôme d’un échec sociétal qui nous confronte à leur misère psychique. « Têtes brûlées » à la dérive de leurs pulsions, ils pratiquent la politique de la terre brûlée. Ils trimballent leur mal-être de petits délinquants, s’arrachent de la grisaille du quotidien de dégradations en agressions, jusqu’à ce qu’une rencontre fatale les mène aux portes du non-retour.

16Qui sont-ils ces adolescents de la marge, de la marge extrême, ces enfants qui s’échappent, qui nous échappent, qui décrochent, ces enfants déboussolés qui nous déboussolent ? Ils se sont étayés sur un terrain miné fait de trous et de bosses comme autant de taches aveugles. Ils héritent d’une histoire en lambeaux trouée de silences, de deuils, de ruptures et d’abandons. Quand les liens précoces n’apportent pas à l’enfant une sécurité de base, l’enfant se construit – la peur au ventre – une peur archaïque sans bord, sans objet, sans Sujet. Leur détresse d’enfant (Hilflosigkeit) a débordé leurs capacités d’élaboration, et l’angoisse enkystée dans l’impensé des traumas les étreint, jusqu’à ce qu’ils en déchargent le trop-plein dans des passages à l’acte. Après avoir résisté à la lame de fond des traumas archaïques, survécu aux effractions anéantissantes, ils ont enterré cette zone d’effroi selon un processus « d’auto-clivage narcissique » [20] pour échapper à la mort psychique. De l’impuissance à la toute-puissance, de la mélancolie à la mégalomanie, la déferlante sous pression fera reculer le temps de la dépression. Leur violence destructrice et suicidaire n’est que le versant visible d’une dépression clivée. Naufragés du lien social, naufragés psychiques, ils nous tiennent à distance et se protègent d’un lien qui les menace. La haine est l’affect qui les tient, qui témoigne de ce qui en eux veut vivre et les soutient contre l’effondrement. De n’avoir pu faire l’expérience du prochain, l’Autre fiable, secourable, ils se sont édifiés sur un noyau de détresse auquel ils n’ont plus accès. Ils sont devenus phobiques de l’autre, l’étranger qui les met en danger, parce que demander, c’est prendre le risque d’un non, un non qui ne fait pas limite mais qui les efface, qui les anéantit. Prisonniers d’un ghetto psychique vide de représentations, vide d’images et de mots, vide d’affects, ils trouveront à se radicaliser dans la solitude de leur écran, captivés par l’image jusqu’à en être captifs.

17La rencontre djihadiste –qu’elle soit réelle avec les « grands frères » du quartier ou de la prison, ou virtuelle avec des « frères » désincarnés –va les ancrer dans leur repli et renforcer le processus d’éradication de l’autre menaçant. Le miroir de la toile, en déversant ses images barbares au prisme de l’humanitaire, fera appel aux fantasmes héroïques de la toute-puissance infantile. Les jeunes se radicaliseront seuls devant la violence brute de l’image qui court-circuite la pensée, la paralyse, et les pénètre plein les yeux, plein les oreilles, sans écart, sans métaphore. Les images et la propagande de terreur vont saturer l’imaginaire, les fasciner et faire écho à leurs terreurs enfouies.

18Le semblable devenu le rival, l’ennemi, l’hostile, est réduit à son image, une enveloppe sans consistance, vidée de sa psyche, dont on peut jouir jusqu’à l’écraser. Anonyme, seul dans son antre, à l’abri des regards et des jugements, l’apprenti djihadiste dans l’anonymat de son pseudo fera disparaître sa filiation, son sexe, son âge, et renaîtra dans une nouvelle identité rêvée et un patronyme d’emprunt. Invité à plonger dans la foule imaginaire des frères, à l’abri d’une Oumma protectrice, il pourra se diluer dans un moi collectif identitaire et totalitaire. La violence pulsionnelle canalisée et formatée par un projet sanguinaire sera justifiée d’ensanglanter la scène collective. Au nom de la pureté de l’Origine, viols, meurtres, profanations seront sacralisés. Protégés d’une loi religieuse qui donnera ses lettres de noblesse aux pulsions de mort, les petits délinquants de droit commun pourront devenir, en tout bien tout honneur, criminels adoubés, en toute bonne conscience, en toute impunité.

De la loi sociale à la Loi symbolique

19Lorsque ces adolescents franchissent les limites, peut-être est-ce pour mieux chercher la limite, dévoiler l’interdit, s’y heurter, en chercher la butée. Nous ferons l’hypothèse que s’affronter à la loi, la contourner, la détourner, c’est aussi la convoquer pour qu’elle advienne, pour s’y mesurer, la faire exister pour exister, exister soi dans le lien à l’autre, d’un lien qui ne ligote pas, qui ne soit pas aliénant, mais qui libère, un lien pacifié par la Loi. C’est du lieu de cette articulation défaillante entre l’interdit social et l’interdit symbolique, autour du signifiant de la Loi, que s’inaugure l’acte clinique à la justice, en cette place de mise en résonance, de mise en étincelle de la loi juridique et de la loi symbolique. L’enjeu est alors de s’appuyer sur la dimension de la Loi dans sa résonance à l’intime de chacun, pour faire rempart à leur dérive, avant que des recruteurs djihadistes ne s’emparent de leur violence, et n’instrumentent leur narcissisme sinistré.

20« La visée des lois est de prendre en charge le matériau humain, de l’humaniser »[21], écrit Pierre Legendre. Le droit, est ce montage fictionnel qui permet d’imaginariser, de mettre en forme l’abîme de l’existence humaine, l’abîme du réel. La loi sociale vient actualiser l’Interdit fondamental du meurtre et de l’inceste, sur lequel se fonde le Sujet de l’inconscient. Transgresser la loi, la défier, la dénier ou l’incarner, n’est-ce pas transposer sur la scène publique un drame privé dans sa version œdipienne, une façon d’en appeler à la première des lois pour qu’elle advienne, car « Seule la fonction de la Loi trace le chemin du désir » [22]. Le clinicien prend le relais d’une mise en cause sociale et fait de cette cause, une cause psychique, celle d’un Sujet singulier. Il va s’appuyer sur cette dimension de l’interdit énoncée par le magistrat, pour que s’inaugure son acte et que s’engage un déplacement vers une autre parole. Traiter l’événement délinquant, c’est donner lieu à l’avènement d’une parole qui ne peut se risquer que dans le cadre d’un projet construit à l’ombre d’une Loi plus symbolique que répressive.

21Articuler la violence en signifiants, mettre des représentations et des affects sur une histoire effacée, travailler avec les parents une mémoire à reconstruire, suppose que ces enfants déstructurés rencontrent un passeur quand ils sont dans l’impasse. Un passeur qui fera brèche dans leur réalité psychique compacte pour que les traces se désenclavent du corps et se transcrivent [23], que de « la prise de tête », ces adolescents, qui n’ont pas les mots pour le dire, en arrivent à la prise de parole. Plein de cris, mais sans mots pour articuler ces cris, ils vibrent de tout leur corps dans un présent à fleur de peau, coupé de leur passé. Leur histoire gît dans l’impensé des traumas jusqu’à ce qu’une parole fasse coupure dans le magma bouillonnant du réel, une parole qui arrime leur violence erratique à des représentations : « La tache de l’analyste, écrit Freud, est de reconstituer ce qui a été oublié à partir de traces qui sont restées, ou plus exactement de le construire ». [24] Ce qui implique de se démarquer d’une logique judiciaire pour mieux prendre appui sur la dimension de subjectivation de la loi.

22La loi sociale n’a pas en soi de caractère symbolique, sauf à faire résonner psychiquement l’énonciation de la première des Lois, une Loi de vie qui en bordant la jouissance, introduit l’enfant à la dimension de l’autre, à l’altérité. Comment la greffe pourrait-elle prendre si la Loi, en sa racine, n’est plus vivace, si elle ne se noue au sillon tracé par l’appel premier de l’interdit du meurtre et de l’inceste ? Toute construction psychique se fonde sur un tel nouage, où la subjectivation de l’Interdit, fera socle des lois à venir. Le travail clinique dans le contexte judiciaire va permettre de relancer la première des lois, autour de celui qui est censé en être son représentant, le Père dans sa dimension symbolique. Nom-du-Père, métaphore paternelle, la fonction et instance tierce permet à l’enfant de passer du corps à corps avec la mère au langage, puis aux apprentissages comme sublimation des pulsions, avec toutes les conséquences sur les premières acquisitions symboliques (lecture, écriture, calcul). À la curiosité sexuelle va succéder la curiosité intellectuelle, la pulsion épistémophilique. Mais l’échec des acquisitions symboliques va orienter ces enfants sur des voies de garage, et préparer le lit de l’exclusion sociale.

Dans l’entre-deux

23Qu’en est-il du Père pour ces enfants qui n’ont pu s’inscrire dans un lien social et qui dérivent entre échec, violences en toxicomanie. Ceux que nous rencontrons dans le cadre judiciaire ont échoué à trouver leur place dans une société de compétition. Souvent, leurs parents ont traversé les frontières dans la quête d’un monde meilleur, ils ont rêvé d’inscrire la vie de leurs enfants dans un monde qu’ils pensaient multi-ethnique, et plein de promesses. Mais l’espoir des parents en des lendemains qui chantent a cédé la place au « no futur » des enfants. L’école devait être le curseur de leur réussite, mais fascinés par la vie facile et la société de consommation, leurs enfants sont devenus anorexiques scolaires autant que consommateurs boulimiques. Les objets de consommation auront pris la place de l’objet perdu, l’objet (a), pour échapper au vide d’une dépression archaïque.

24Ce sont plus spécialement de ces enfants dont il sera question ici. Des enfants dont les parents ont eu le courage de tout quitter pays, famille, langue pour faire le grand saut. Des blessures muettes qui se vivent entre dépressions et somatisations. Mais les adolescents sont ceux par qui le scandale arrive. Ils agissent le refoulé parental en faisant effraction là où les parents se laissèrent effacer, en se montrant insoumis là où leurs parents furent soumis, révoltés là où leurs parents furent résignés, bruyants là où leurs parents furent discrets, impatients quand leurs parents avaient tout le temps. Ils peinent à s’identifier à leur père malade, handicapé, invalidé par le social, et ne voient en lui que l’immigré infantilisé d’être assisté. Envers ce père, ils vivent un conflit de loyauté : s’écarter du père socialement invalidé où le venger aveuglément. Ils ignorent qu’il fut ce héros venu en éclaireur, défricheur de terrain qui osa se risquer, seul et sans filet, vers la terre promise, avant d’accueillir femme et enfants restés au pays. Comment ce père absent dans le désir de la mère, absent dans la vie des enfants, serait-il en position de pouvoir soutenir cette fonction symbolique qui introduit à l’altérité ?

25Des enfants seront livrés aux mères, des mères seront à la merci de leurs enfants, sans écart. Entre amour et haine, des adolescents parasitent les mères, exigent, battent, luttent contre la trop grande proximité maternelle et l’intrusion. La violence devient nécessaire pour faire coupure, se séparer se réparer. Dévorer ou se faire dévorer, c’est bien souvent sur ce mode vampirique que ces enfants vivent l’autre, échouant à vivre l’altérité sur un mode pacifié.

26À ne pouvoir se reconnaître en leurs parents charriés par le système, ils s’arrachent d’une identification douloureuse et se noient dans leur toute-puissance, sans Lieu et sans liens symboliques à quoi se rattacher, sans rien pour lester leur errance. Perdus en chemin, entre échec, honte et peur, ils errent dans la confusion de leurs repères. Ils flambent leur vie, comme s’ils devaient payer de leur chair ce qu’ils ne veulent pas devoir aux générations passées, et réclament leur dû dans l’effacement de leur dette. Mais à ne pouvoir s’inscrire ni ici, ni là-bas, à flotter entre un passé évanescent et un futur sans relief, ils cherchent racine dans une origine fictive.

27Lutter contre le risque d’embrigadement fanatique qui les enracine dans la fiction d’une Origine pure et pleine, exclusive et excluante, c’est relier ces enfants au fil des générations, pour qu’ils s’arriment à leur histoire, qu’ils s’en emparent, qu’ils l’habitent au lieu d’en être habités. Être passeur, c’est reconnaître les trajets psychiques de ces familles, réhabiliter les pères et leur parcours éprouvant, soutenir leur narcissisme chancelant au travers de notre regard tiers, pour réintroduire du lien. Retraverser une histoire vécue, une histoire qui va faire socle psychique, une histoire qui va s’écrire, se transcrire, se subjectiver, et se refouler est peut-être ce qui va leur permettre de se projeter dans un avenir tissé de références plurielles, un avenir à inventer.

Une adolescence à risque

28À vouloir décrocher de ceux qui les ont élevés, sans autre à qui se raccrocher, à échouer à prendre pied dans une société qui ne les attend pas, les adolescents vont être une proie de choix pour la rencontre fatale. D’autant plus fatale que le fanatisme est un des noms de la révolte adolescente.

29Temps de flambée pubertaire et de remaniement des identifications, la crise adolescente est cette étape nécessaire de la vie, chronologique autant que logique, qui va permettre à l’enfant de chercher le souffle de son propre désir, de se dé-caler pour se dé-coller du bain familial, et décoller dans la vie. C’est le temps des tempêtes infantiles qui se réactivent entre complétude incestueuse et haine parricide, entre refuge narcissique et confrontation œdipienne, le temps de déboulonner et piétiner les parents de leur enfance, de brûler les idoles qu’ils ont adorées, et sur les cendres de leur enfance, de s’identifier aux supermen de leurs fantasmes pour soutenir un moi idéal en ébullition. L’adolescence est ce temps de tous les dangers où la pulsion de mort, en faisant table rase du passé, est le passage obligé qui soutient les pulsions de vie. Temps aveugle et sourd où l’explosion pulsionnelle rencontre l’angoisse de castration en confrontant l’adolescent à l’inconnu de l’autre, celui de l’autre sexe, à son étrangeté, au risque du repli défensif ou de la violence projective.

30Quand l’explosion adolescente survient, de surcroît, sur fond de désintégration du lien familial et social, sur fond de failles narcissiques et d’effondrements symboliques, quand la crise adolescente n’est lestée d’aucune identification structurante, d’aucun repère sublimatoire qui soutienne l’idéal, des adolescents coincés entre un passé brumeux et un horizon bouché, cherchent leur chemin. Là où la confiance fut trahie, là où le don de vie fut émaillé d’abandon, le passage adolescent est d’autant plus terrifiant qu’il est le rappel d’un enjeu de vie, voire d’existence avec son revers d’inexistence.

31Travaillés au corps, ils sont sous l’emprise d’un réel qui pèse sans parexcitation. Faute de trouver une issue à leur dérive, la révolte adolescente peut s’installer, se crisper sans savoir que faire de ce tumulte qui les déborde, de cette partition inconnue du sexuel qui les submerge… et marquer de son sceau toute une vie. Entre grisaille du quotidien et frénésie de l’instant, ils s’accrochent aux vibrations du corps dans leur immédiateté et leur intensité pour s’éprouver vivant. L’agir adolescent est une conduite conjuratoire où la mort est omniprésente, appelée pour mieux être maîtrisée, convoquée pour mieux être éloignée, jusqu’à ce qu’au bout du chemin, les plus fragiles se détruisent dans un ultime plongeon, dont ils ne reviennent pas.

32« Rendre aux pulsions de mort leur forme de vie psychique » [25], propose Nathalie Zaltzman. Là où leur univers psychique n’était pas loin de se désagréger, « s’appuyer sur les pulsions de mort pour se faire passeur d’une économie du vivant » [26], suppose de nommer ces zones obscures qui font loi, une loi tyrannique qui mène le Sujet à la mort.

33C’est le temps de tous les dangers, celui de la rencontre avec les « grands frères » de réassurance narcissique. En se saisissant de la réalité psychique délabrée de ces enfants, ils vont s’emparer de leur désillusion, pour y sceller les ressorts d’une mécanique victimaire dans un appel à venger le préjudice subi. Ils n’auront qu’à puiser dans ce réservoir de pulsions brutes de décoffrage pour arrimer leur désir de vengeance et instrumentaliser leur violence. Puis ils radicaliseront leurs injonctions surmoïques jusqu’à la déshumanisation. Tel « Le joueur de flûte » du conte allemand, ils conduiront les adolescents, dans le sillage du Prophète, sur les rails de l’ultime sacrifice et les promettront aux jouissances de l’éternité. En consentant à cette nouvelle forme d’esclavagisme qui consiste à se laisser asservir par les nouveaux exploiteurs de la détresse, des adolescents paieront leur dette, livrés à leur Surmoi tyrannique, « cette pure culture de la pulsion de mort qui réussit à pousser le moi à la mort », quand elle n’est pas tempérée par la Loi symbolique « cette pure culture de la pulsion de mort qui réussit à pousser le Moi à la mort » [27].

34Ainsi pris en mots, en mains par des « grands frères » de galère, pris en reconnaissance filiale par un Prophète fait Père qui leur promettra de devenir Tout, là où il n’étaient Rien, élus là où ils étaient exclus, ils se feront proies faciles, prêts à s’écraser dans le miroir aux alouettes, prêts à voler en éclats, pour l’Amour d’un Père. Là où leur violence débridée s’exerçait, erratique, hors mémoire, hors croyances, hors de toute foi et de toute loi, ils vont se ligoter d’une foi qui fera loi, la loi de la charia, surmoïque et tyrannique. Une fiction religieuse totalitaire va corseter leur inconsistance et les mener à une folie meurtrière et suicidaire.

Prothèses, béquilles et suppléances

35C’est autour des avatars de la fonction du Père, puis de son inscription symbolique en tant que Nom-du-Père que l’enfant risque l’engloutissement du retour à l’Un au travers de retrouvailles déréalisantes : ventre maternel, Oumma communautaire, Paradis perdu. Des adolescents sont happés par le retour de l’archaïque : la loi archaïque, au-delà de toute loi, la Pulsion de Mort – non tempérées par la métaphore paternelle – leur fera loi à la place de la Loi. Faute d’un Père ordinaire qui met une limite à la jouissance et introduit à ce processus exogamique qui fait lien social, l’appel au Père en passera par un appel à un Père hord-inaire, ce Père mythique de la Horde, hors-la-loi, « l’au-moins-un qui échappe à la castration ». Repliés au sein de la foule anonyme, autour du Trait qui les unit, ils incorporeront les vociférations, les imprécations, les injonctions du père primitif : le père « incastrable » fascinant et fascisant, celui qui banalise la férocité, la « frérocité », au cœur de l’Être. Cet appel au Père pervers est bien ce qui guette, lorsque le Tiers ne fait plus référence.

36Lorsque le Nom-du-Père n’a pu faire écriture dans la réalité psychique, ni pour la mère, ni pour l’enfant, l’enfant va se soutenir de substituts, de cache-misères – tel le discours fanatique, dans son inflation délirante – pour recouvrir le risque d’anéantissement subjectif. Après avoir encrypté leurs traumas précoces pour survivre à la catastrophe, recouvert leurs failles narcissiques, lutté contre leur dépression et leur sentiment d’impuissance en se perdant dans la mégalomanie et la toute-puissance, ils chercheront des suppléances à leur faille identitaire pour se tenir debout.

37À la place de cette fonction symbolique qui échoua à s’inscrire, ils vont incorporer un fétiche. En portant de la marque – Nike, Adidas – ils pourront s’affilier à la multinationale triomphante, valeur sûre, emblématique et sans faille, garante de leur identité. En endossant ces phallus de pacotille, ils voileront leur noyau blessé, et ainsi cuirassés, la marque prête-à-porter sera la référence qui leur tiendra lieu d’identité, la marque prête à les porter. Jusqu’à ce que leur boulimie de marques ne les entraîne inexorablement à se confronter à la barrière de la justice et à la prison.

38En ce lieu de la rencontre fatale, le « grand frère » endoctrineur prendra place en eux pour attiser leur haine, faire flamber les préjudices subis et les engager sur le chemin tout tracé de la mort. Sur fond de repentance et de projet humanitaire, ils se feront justiciers pour venger les pères humiliés et se rachèteront une conduite, rachèteront leur faute, celle de leurs parents afin de gagner leur place au Paradis. Jusque-là guerriers d’une cause inconnue, ils vont s’accrocher aux nouvelles idoles qui donneront sens à leur colère, instrumenteront leur violence en leur donnant une raison de vivre sur fond de mort, la mort héroïque du martyr. Enfin élus dans le droit fil du prophète, là où ils étaient exclus, leurs pulsions seront canalisées et façonnées pour rejoindre le prophète.

39Du Nom-de-la-Marque aux uniformes salafistes de leur nouvelle filiation, le Nom-de-Daesch, fera fonction de nouvelle suppléance pour les tenir debout. Affiliés au prophète, ils se guériront en s’appuyant sur la loi coranique et ses rituels obsessionnels envahissants, en remplacement de la dimension symbolique qui échoua à les soutenir.

40Jusqu’à ce qu’ils se disloquent et volent en éclats. dans l’impasse terroriste aveugle. L’issue meurtrière et suicidaire viendra témoigner de l’échec des suppléances à les sauver. Réactivés par des images, des injonctions, des imprécations qui font appel à la barbarie, ces noyaux de terreur, ces zones d’effroi enterrés autrefois dans une fosse, resurgiront dans le réel, aspireront, submergeront les parties restées vivantes de la psyché jusqu’à la désintégration, selon ce que Sandor Ferenczi reconnaissait comme auto-clivage narcissique. En actionnant leur ceinture pour franchir le mur du non-retour, ils paieront de leur chair la question inarticulée qu’ils portent à l’état de traces. Là où il n’y a plus de bord, plus de limites, plus de vie et de mort, ils deviendront enfin immortels, éternels, universels. La Haine au nom de l’Amour, la Barbarie au nom du Sacré, la Mort ici-bas au nom de la Vie au-delà…

41Mai 2017

Notes

  • [1]
    Danièle Epstein : « Dérives adolescentes, de la délinquance au djihadisme », ed érès, 2016.
  • [2]
    Pierre Legendre : « le crime du caporal Lortie, Leçon VIII, ed Fayard, 1989.
  • [3]
    Sigmund Freud : « Malaise dans la Civilisation ».
  • [4]
    Freud : Ibid.
  • [5]
    Sigmund Freud : ibid.
  • [6]
    Lacan : « L’agressivité en psychanalyse », in « Les Ecrits », Ed. Le Seuil.
  • [7]
    Freud : « Malaise dans la civilisation » Ed. PUF.
  • [8]
    Lacan : « L’Ethique », séminaire 59/60, séance VIII, Ed. Le Seuil.
  • [9]
    Lacan : Séminaire XI, « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse » 1964, Ed. Le Seuil.
  • [10]
    Roland Gori : « Malaise dans la psychiatrie », in Cliniques Méditerranéennes « Du malaise dans la culture à la violence dans la civilisation », ed érès.
  • [11]
    Lucien Israël : « Boîter n’est pas péche r », chap. 21 : « L’inconscient et le dictateur », Ed. Denoël.
  • [12]
    Lucien Israël : Ibid.
  • [13]
    Gérard Larguier, « Le prophète en la matière », inédit.
  • [14]
    Sigmund Freud : « Psychologie collective et analyse du moi », in Essais de Psychanalyse, p. 94. ed Payot, trad S. Jankelevitch.
  • [15]
    Agamben Giorgio, « Ce qui reste d’Auschwitz », ed Rivages.
  • [16]
    Dany-Robert Dufour, « De la réduction des têtes au changement des corps », le Monde diplomatique, Avril 2005.
  • [17]
    Danièle Epstein « Economie marchande/Economie libidinale », in La clinique lacanienne, n° 22 ed érès.
  • [18]
    Gramsci Antonio, « Cahiers de prison, Passé et présent », ed Gallimard, traduction par Venturini Serge, « Eclats d’une poétique de l’inaccompli », p. 12, ed L’Harmattan.
  • [19]
    Rainer Maria ilke, « Les carnets de Malte Laurids Brigge », Flammarion, 1997.
  • [20]
    Sandor Ferenczi, Journal clinique, Ed. Payot, 1990.
  • [21]
    Pierre Legendre : « La fabrique de l’homme occidental », Ed Arte, Mille et une nuits, 1996.
  • [22]
    Jacques Lacan : Le Séminaire, livre X, « L’angoisse », séance du 16 Janvier 1963, Paris, Le Seuil, 2004.
  • [23]
    Freud : Lettre 52, in Naissance de la psychanalyse, ed puf, 1991.
  • [24]
    Sigmund Freud : « Constructions en analyse », in « Essais de psychanalyse », ed Payot, 1963.
  • [25]
    Nathalie Zaltzman : « De la guérison psychanalytique », ed Puf, 1999.
  • [26]
    Danièle Epstein : « Guérir au-delà du semblant », in « Qu’est ce que la guérison pour la psychanalyse ? » sous la direction de Houchang Guilyardi, ed EDP Sciences, 2016.
  • [27]
    Sigmund Freud : « Le moi et le ça », in Essais de psychanalyse, Paris, ed Payot 1963.
Français

La dérive fanatique qui mène des jeunes au jihad est un des signes de la crise adolescente et un symptôme du malaise contemporain. Sur un terreau d’inespoir, ils rencontrent une fiction religieuse, qui fait barrage à leurs doutes et à leur angoisse et leur promet de devenir Tout, là où ils n’étaient Rien, élus là où ils étaient exclus. Entre mélancolie et mégalomanie, les causes psychologiques, sociologiques et politiques peuvent les mener au terrorisme comme un enjeu de vie qui les mène à la mort.

Mots-clés

  • adolescent
  • djihadisme
  • violence
  • haine
  • détresse

Bibliographie

  • Agamben Giorgio : Ce qui reste d’Auschwitz, ed Rivage, 2003.
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  • Gori Roland : De quoi la psychanalyse est-elle le nom ? ed Denoël, 2010.
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  • En ligneHassoun Jacques : Actualités d’un malaise, ed érès, 1999.
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  • Lacan Jacques : Les Ecrits, ed Le seuil, 1966.
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  • Legendre : Le crime du caporal Lortie, ed Fayard, 1989.
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  • Lyotard Jean François : La condition post-moderne, ed de Minuit, 1979.
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  • En ligneZaltzman Nathalie : « De la guerison psychanalytique, ed Puf 1999.
Danièle Epstein
Mis en ligne sur Cairn.info le 14/12/2017
https://doi.org/10.3917/cpc.049.0193
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